Source : http://www.reporterre.net
6 janvier 2016 / par
Cette privatisation massive des terres s’est accompagnée d’une dégradation de la productivité agricole et de la qualité des sols. Ce sont des études réalisées dans les années 1980 par Elinor Ostrom, économiste récompensée par le prix Nobel en 2009 pour ses travaux sur les communs, qui l’ont mis en évidence (voir ici un aperçu de ses travaux).
Depuis 2003, Terre de liens ravive l’esprit des communs dans le monde agricole. « Nous faisons des communs sans le savoir » s’amuse Philippe Cacciabue, gérant chez Terre de liens. L’association est une « machinerie », explique-t-il, qui consiste à acheter des terres pour les louer à des paysans en installation. Une foncière au fonctionnement complexe, qui doit passer par le marché (en achetant) et par l’Etat (avec des subventions) pour confier la terre à ceux qui en prendront soin.
Quelle est la place de l’Etat dans le processus de reconstitution des communs ? Laurence Comparat, adjointe au maire de Grenoble en charge de l’accès à l’information estime qu’il doit accompagner tout en restant ouvert aux initiatives citoyennes. A la mairie de Grenoble, les élus ont pris plusieurs mesures allant dans le sens d’un retour aux communs : la mise en place de jardins publics, la remunicipalisation de l’eau… La suppression de la publicité dans les rues de la ville est la mesure qui a fait le plus grand bruit, ce qui a étonné les élus. « Quand on parle de libérer l’espace public de la publicité, du monde marchand, ça n’est pas anodin », en conclut Laurence Comparat.
S’il y a un espace qui bouleverse les formes traditionnelles de propriété, c’est bien Internet. Pour Benjamin Coriat, il permet de re-créer des communautés, et présente un espoir pour l’idéologie des communs. Le savoir et la connaissance sont au centre du réseau connecté. Christophe Henner est responsable de Wikimédia France, et plaide pour un accès à tous à la culture. Une volonté qui va à l’encontre des sociétés chargées de gérer la propriété intellectuelle et les droits d’auteur. Pour Christophe Henner, il s’agit aussi de bousculer l’idée qu’un sachant donne son savoir à un apprenant, et affirmer que les apprenants échangent dans une interaction positive.
Logiciels libres, quantités d’objets de consommation en accès libre… pour Benjamin Coriat si les « communs » se sont multipliés dans le domaine de l’information et de la culture c’est en réponse à « folie d’extension de la propriété intellectuelle » opérée à partir des années 1970 : gènes humains, algorithmes mathématiques, droits d’images des monuments parisiens ont été appropriés. Cette tendance a généré une forte
contestation de la part des artistes, chercheurs et intellectuels...
*Suite de l'article sur
commenter cet article …