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22 janvier 2016 5 22 /01 /janvier /2016 22:11

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Le travail du dimanche peine à s'imposer
22 janvier 2016 | Par Mathilde Goanec
 
 
 

Le travail du dimanche est l’un des symboles de la loi Macron. Six mois après son adoption, les couacs se multiplient sur la mise en œuvre. Dernier en date, l’accord signé à la Fnac, dénoncé par les syndicats majoritaires. 

La direction de la Fnac, comme l’y autorise la loi Macron, souhaite ouvrir 52 dimanches par an ses magasins situés en zones touristiques internationales. Mais pour ça, il lui faut un accord d’entreprise. Afin de gagner l’adhésion des salariés, la direction a mis sur la table douze dimanches payés triple et quarante payés double, selon le porte-parole de l’enseigne qui s’exprimait dans L’Express, la prise en charge des frais de taxi pour qui travaillera tard le soir ainsi qu’une partie des frais de garde. Pour les ouvertures occasionnelles, dites « du maire » (soit 12 dimanches par an au lieu de 5 avant la loi Macron), la majoration s’élèverait à 100 % avec repos compensateur. La direction s'engage par ailleurs sur un volontariat « réversible » pour les salariés, conclu pour des périodes de trois mois.

 

L'accord à la Fnac sur le travail du dimanche ne passe pas. Reuters L'accord à la Fnac sur le travail du dimanche ne passe pas. Reuters

 

Amendé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, le projet a été signé par ces trois organisations syndicales le 20 janvier dernier. Mais FO, Sud et la CGT, à eux trois majoritaires, refusent le deal, et menacent de faire capoter l’accord. Ils craignent en premier lieu l’absence de repos compensateur pour les magasins situés en zone touristique internationale et le manque d’effectifs (la Fnac promet d’augmenter les effectifs de 2,6 %). Elles dénoncent également l’absence d’augmentation des salaires depuis des années dans le groupe, et donc l’inégalité qui va s’instaurer entre ceux qui pourront travailler le dimanche et les autres. Les salariés pointent enfin le possible manque de volontaires et la crainte que l’accord signé aujourd’hui ne soit renégocié rapidement à la baisse, faisant du dimanche un jour « comme un autre ». En l’absence d’accord, la Fnac ne pourrait ouvrir au-delà de douze dimanches par an (maximum permis par la loi Macron en absence d’accord spécifique) et devra reprendre la négociation à zéro.

 

L’exemple de la Fnac, emblématique vu l’aura et le poids économique de l’enseigne, est loin d’être une exception. Six mois après la mise en œuvre de la loi Macron, les accords sur le travail du dimanche et l’extension horaire jusqu’à minuit (également autorisée par le texte) se comptent sur les doigts, même si la plupart des directions avaient anticipé en lançant les hostilités à peine la loi mise sous presse.

Un accord sur le travail du dimanche et en soirée dans les zones touristiques a bien été conclu pour les enseignes du groupe Inditex qui chapeaute les boutiques Zara, Bershka, Oysho, etc. Il entrera en vigueur cette année et s’appliquera à 90 magasins du groupe. L'accord, signé par la CFDT contre l’avis de FO, prévoit notamment une majoration de 110 % les dimanches (sans repos compensateur pour les employés, avec repos compensateur pour les cadres au forfait jour) et de 100 % en soirée (à partir de 21 h 00). Le tout sur la base du volontariat. À cette occasion, la secrétaire nationale CFDT Myriam Boudouma, interrogée par France Info, a concédé que si « tous les salariés ne sont pas intéressés par le travail dominical », certains le sont, et qu’« il faut l’entendre ». 

Chez Nature & Découvertes, un accord sur le travail dominical prévoyant une majoration de 100 % a été signé en octobre dernier par la CFTC, FO et la CGT, tout comme chez Etam et au niveau de la branche joaillerie (majoration de 150 % pour les 9 000 salariés volontaires pour travailler le dimanche). 

Les négociations se poursuivent chez H&M, Celio, Sephora et Marionnaud, les deux enseignes de parfumerie ayant déjà validé l’accord sur le travail en soirée. Chez Apple, la discussion est grippée, les syndicats déplorant un accord « low cost ». Les boutiques Apple sont implantées dans des zones aux statuts divers, de la zone commerciale simple à la zone touristique internationale, et les majorations vont donc varier de 65 à 100 % (avec une aide forfaitaire de 400 euros pour la garde d’enfant). Un salarié d’Apple qui s’est engagé à travailler le dimanche ne pourrait en revanche se dédire que six mois plus tard. Chez Darty, vraisemblablement bientôt racheté par la Fnac, l’accord patine depuis le mois d’octobre.

Du côté des grands magasins parisiens, les discussions prennent carrément l’eau. Et pourtant, tous en zone touristique internationale, ils étaient spécialement soignés par la loi Macron. Aucun accord n’a été possible au niveau de la branche et chacun des grands magasins va devoir négocier individuellement. Au BHV rue de Rivoli, situé en zone touristique internationale, un référendum organisé auprès des salariés a donné le « non » gagnant, alors que deux des quatre syndicats de la maison ont assuré qu’ils ne signeraient pas le texte proposé par la direction.

Cette consultation ratée a eu comme corollaire de doucher les velléités des enseignes concurrentes, mais surtout celles de la famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette. Boulevard Haussmann, la négociation officielle va s’engager, de source syndicale, le 4 février prochain, mais les syndicats majoritaires sont fermement opposés au principe du travail du dimanche, tout comme au Printemps. Le cas des grands magasins est d'autant plus complexe qu'il mêle plusieurs catégories de travailleurs, à statuts différents. Au Printemps, aux Galeries Lafayette ou au Bon Marché, le gros des vendeurs est en fait constitué par les démonstrateurs de marque, embauchés par des sociétés ayant des contrats de coopération commerciale, où ils s'engagent à couvrir l’amplitude horaire du magasin. Payés à la commission, les démonstrateurs ont peu de moyens d'afficher leurs désaccords, sous peine d'être transférés dans des centres commerciaux bien moins achalandés. Ils ne seront certainement pas couverts, en termes de contreparties, par de potentiels accords « maison ».

 

grand-magasin grand-magasin
 

Le travail du dimanche a eu enfin pour effet collatéral de signer le divorce entre un certain nombre de syndicalistes et leurs fédérations et confédérations (à la CFDT notamment). Le Scid, syndicat CFDT du Printemps et des Galeries Lafayette, vient de se désaffilier de la confédération dirigée par Laurent Berger après deux ans de querelles. Plus largement, la question de l’ouverture dominicale a permis la montée en puissance du CLIC-P (comité de liaison intersyndical du commerce de Paris), qui multiplie les interpellations politiques, notamment au niveau du conseil d’État, pour faire annuler le décret, en dehors des alliances syndicales traditionnelles.

Cette mobilisation a reçu le soutien implicite de la maire de Paris, Anne Hidalgo. La maire de Paris conteste depuis le début l’entorse au droit du travail que constitue l’ouverture le dimanche, mais également la délimitation des zones touristiques internationales (ZTI), qui l'autorisent tous les dimanches de l’année. « Ce qu’a fait la loi Macron, c’est une généralisation déguisée du travail le dimanche à Paris qui va fragiliser tout ce tissu économique local »a-t-elle déclaré en septembre, en écho à une lettre envoyée au ministre de l’économie, où la socialiste déplorait que certaines ZTI arrêtées par le ministère « réalisent moins de 1 % de leur chiffre d’affaires en détaxe. Ce qui laisse douter qu’elles puissent d’une quelconque manière contribuer au tourisme international ». 

 

Zones touristiques internationales à Paris, selon le ministère de l'économie Zones touristiques internationales à Paris, selon le ministère de l'économie

 

C’est l’autre enjeu de l’ouverture dominicale voulue par Emmanuel Macron, son réel impact économique. Le Medef, favorable à la loi, estimait en 2014 qu'une libéralisation généralisée, couplée aux ouvertures de soirée, pourrait générer jusqu'à 300 000 emplois en France, dont 50 000 à 200 000 dans le tourisme, sans réussir à préciser les chiffres en fonction de la loi Macron. Par ailleurs, l’étude d’impact présentée avant la loi ne s’est pas risquée à évaluer le déclin de l'emploi dans le petit commerce, incapable faute de salariés disponibles de s'aligner sur les grandes enseignes. 

En novembre dernier, Xavier Timbeau, économiste à l’OFCE, confiait à Paris Match qu’« ouvrir le dimanche n'aboutirait qu'à un déplacement du moment de l’achat », et que si la mesure peut accroître le « confort du consommateur », ce n’est pas une « source de croissance ». L’économiste va également dans le sens de la maire de Paris quand elle évoque le coup porté au petit commerce, mais estime néanmoins qu’il serait « presque criminel » de ne pas laisser les grands magasins situés en zone touristique internationale ouvrir leurs portes, en raison du gros potentiel d’emplois (la branche en avait promis 2 000 supplémentaires).

Toutes ces estimations devront dans tous les cas être revues à la baisse, à l’aune des attentats de 2015. En effet, la fréquentation des grandes enseignes de la capitale a chuté de 30 à 50 % depuis novembre, selon Europe 1. Surtout, les patrons eux-mêmes savent que la formule n’est pas miraculeuse. Autorisés par décret à ouvrir plus que les autres avant même la loi Macron, les magasins de bricolage avaient tiré un bilan mitigé de l’expérience : « L'analyse des chiffres montre qu'au cumul, depuis le début de l'année, nous n'avons reçu que le même nombre de clients qu'en 2013 alors que nous avons le bénéfice de l'ouverture du dimanche », écrivait le patron de Bricorama à la fin 2014. Et Mediapart rapportait à la même époque que le rêve du touriste chinois, prêt à déverser ses yuans sur le boulevard Haussmann le dimanche, s’approchait plutôt du mythe, vu l’argent dépensé par les grands magasins pour l'attirer« Le travail du dimanche est une opportunité à condition que les sociétés arrivent à la rentabiliser », confiait plus récemment Jean-Jacques Salaün, directeur général de Zara, à la signature de l’accord, rejoint par le délégué central CFDT de l’enseigne. Ce dernier avouait dans Ouest-France qu’aujourd’hui, « il n'y a pas forcément un intérêt économique » à ouvrir le dimanche.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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