Dans le sud de la Syrie, la ville de Madaya meurt de faim. Les 30 000 à 42 000 habitants (leur nombre n’est pas établi, d’autant qu’elle a accueilli de nombreux réfugiés) avalent des feuilles d’olivier et de mûrier et improvisent des bouillons en mélangeant des épices à l’eau chaude.
Selon une habitante, certains se sont résignés à manger chiens et chats. Un autre dit qu’il n’y a plus guère de chiens et de chats dans les rues. Un résident de Madaya indique au Monde :
« Il n’y a rien que les habitants n’aient pas essayé. A Madaya, on vit comme des animaux. »
Depuis six mois, la ville montagnarde est prise en étau par l’armée de Bachar el-Assad et celle du Hezbollah libanais. Madaya est « punie » pour son soutien à l’opposition (même s’il n’y a, officiellement, plus de combattants opposés au régime).
L’état de siège a précipité la malnutrition et la famine parmi la population. Coupée du monde, elle l’est aussi du ravitaillement. Les convois humanitaires se font rares. Le régime syrien a autorisé un premier acheminement de vivres et de médicaments en octobre 2015. Un deuxième convoi est en cours.
Mais ce n’est pas suffisant. 23 personnes seraient mortes au seul mois de décembre. Acheter un kilo de riz à Madaya coûterait entre 100 et 230 euros.
Des images de corps squelettiques
Pour alerter sur la famine en cours, la page Facebook « Madaya » (qui parle de l’actualité de la ville depuis 2013) a diffusé début janvier des photos d’enfants, aux corps rongés par la malnutrition. Le cliché de cette gamine est repris par de nombreux médias.
Les jours suivants, les signes de la famine en cours se multiplient sur Twitter (mais aussi des fakes). Un infirmier syrien envoie plusieurs preuves à une correspondante de ABC News :
The aid still hasn't reached #Madaya & the horror continues. New photos from hardworking medical team inside
« Toujours pas d’aide humanitaire à Madaya, l’horreur continue. »
Un homme, se présentant comme un aide-soignant dans un hôpital de la ville, capture ces images :
Des images de bouffe sordides
En parallèle de la diffusion de ces images, un autre hashtag est partagé sur Twitter et sur Facebook : « #متضامن_مع_حصار_مضايا » en arabe, à traduire en français par « Je soutiens le blocus contre Madaya ».
L’idée, sordide, consiste à poster une image de repas faste et copieux, accompagnée de ce hashtag. Plusieurs internautes arabophones se prêtent au jeu. Il semblerait qu’il s’agisse à chaque fois de partisans du régime de Bachar el-Assad ou du Hezbollah libanais.
Comme cet utilisateur Facebook, dont la photo de profil est à l’effigie de Bachar el-Assad et de son père, Hafez el-Assad :
« Poisson et entrées.
JeSoutiensLeBlocusContreMadaya »
تنابل آل سعود متضامنين مع حصار مضايا
و شو وقفت علينا؟
و قال حتطين الحق عالشيعة و جمهور حزب الله قال 😂😂😂😂😂😂
#متضامن_مع_حصار_مضايا
Repérés par le site Beirut Syndrome, certains internautes ont diffusé des photos de squelettes (effacés depuis, mais accessibles en cache).
« Une femme de Madaya attendant son homme »
« J’ai trouvé l’homme en question. »
Source : http://rue89.nouvelobs.com