Après ses résultats calamiteux en 2015, Deutsche Bank s’effondre en Bourse
22 janvier par Jean-Louis Marchetti
CC - Flickr - Elliott Brown
Deutsche Bank s’effondrait en Bourse jeudi après la publication de résultats 2015 calamiteux, signe de l’ampleur de la tâche qui attend le nouveau patron John Cryan pour redresser le navire amiral de la finance allemande.
LR : A anti-k, nous nous préoccupons aussi des aléas boursiers, pourquoi ? Il faut bien comprendre et expliquer partout qu’une crise boursière, c’est une sorte de purge du capital, une manière de séparer le bon grain de l’ivraie, disent-ils. C’est surtout un prétexte pour détruire du capital en excès, des marchandises qui ne se vendent pas, et des moyens de production excédentaires. C’est à dire, des banques au tapis, des petits épargnants et des classes moyennes ruinées, des caisses de retraites et d’assurance vie en faillite, des fermetures d’entreprises et des millions de chômeurs en plus. Cette extrême violence économique, est le prélude à toutes sortes de violences. Les politiques dites sécuritaires et la mise en scène d’un terrorisme que les différents impérialismes actionnent partout dans le monde, en sont les prémisses. Voilà pourquoi les crises financières nous concernent aussi. Voilà pourquoi, ce nouveau Krach doit nous trouver mobiliséEs, aux côtés de celles et de ceux qui s’indignent et se révoltent.
Après Das Auto, Die Bank.
d’après les dépêches d’agence/ le 21/01/2016
A la Bourse de Francfort, le titre du groupe plongeait de 7,11%, à 16,47 euros vers 10H55 GMT, tombant ainsi à son plus bas niveau depuis la crise financière de 2008-2009. Ce nouveau recul porte à près de 30% l’effondrement du cours depuis le 1er janvier.
La première banque allemande, en restructuration de longue date, a publié mercredi soir une énorme perte nette de 6,7 miliards d’euros pour l’an passé. En cause, 12 milliards de charges et provisions, destinées pour une large part à faire face aux innombrables litiges juridiques dans lesquels l’établissement de Francfort est enlisé dans le monde. Dépréciations et coûts de restructuration ont alourdi la facture.
Pour rajouter au marasme, les chiffres du dernier trimestre montrent que les affaires de la banque ne sont guère florissantes, même indépendamment des effets exceptionnels. La faute aux taux d’intérêt extrêmement bas et à des marchés financiers en plein affolement.
PERTE « DÉSASTREUSE »
« Ces nouvelles charges ne sont guère surprenantes », réagissait Ingo Frommen, analyste chez LBBW. Selon lui, « les coûts liés à la restructuration n’avaient été que partiellement comptabilisés, et le fait que les litiges ne soient pas encore résolus devrait être clair ».
Mais « la combinaison des charges juridiques et de restructuration d’une part, et une faible évolution des revenus d’autre part a conduit à une perte record encore plus désastreuse qu’anticipé », estime pour sa part Thorsten Wenzel, de DZ Bank.
Ces chiffres vérifient les sombres prédictions du nouveau patron du groupe, le Britannique John Cryan, qui avait prophétisé fin octobre des temps difficiles pour Deutsche Bank ces prochains mois.
L’institut s’est séparé l’an dernier de sa direction bicéphale, composé de l’Indo-Britannique Anshu Jain et de l’Allemand Jürgen Fitschen, désavoués sur fond de rentabilité en berne et de scandales à répétition.
John Cryan, ancien du groupe suisse UBS, a promis un nouveau départ avec notamment un profond changement de culture. Il veut en finir avec l’image qui colle à l’établissement de banquiers aux dents longues et uniquement animés par la perspective de profits rapides.
Depuis sa nomination, nombre de protégés d’Anshu Jain ont été remerciés et du sang neuf a été injecté au sein du directoire, avec l’arrivée entre autres de deux femmes.
La structure du groupe a quant à elle été largement remaniée, tandis que le réseau de détail Postbank, racheté en 2008 par Deutsche Bank, doit prochainement être mis en Bourse. Entre suppressions d’emplois et cessions, 26.000 salariés, soit un quart des effectifs, sont appelés à quitter le giron de l’établissement.
SOLVABILITÉ PRÉSERVÉE
Malgré ces premières initiatives, les progrès se font encore attendre, en premier lieu à cause des litiges qui empoisonnent encore et toujours les efforts de restructuration de la direction.
Manipulation des taux interbancaires, magouilles sur le négoce de droits à polluer, soupçons de fraudes sur le marché des devises… Deutsche Bank est cité dans la plupart des grands scandales bancaires des dernières années. Et la liste ne cesse de s’allonger, après les révélation l’an passé de possibles opérations de blanchiment d’argent en Russie.
Parmi les rares aspects positifs, l’assise financière du groupe semble, elle, avoir résisté aux tempêtes de l’année 2015, pointent les analystes. Le ratio de fonds propres durs, un indicateur clé de mesure de la solvabilité, est ressorti à 11%, au-delà des 10% demandés par les régulateurs européens.
Après plusieurs augmentations de capital ces dernières année – synonymes de mauvaise nouvelle pour les actionnaires qui voient se diluer la valeur de leurs actions-, une nouvelle levée de fonds « ne semble pas à l’ordre du jour », juge M. Frommen.
« Cela ne signifie pas que le sujet est définitivement écarté mais il semble que M. Cryan veuille, avec raison, maintenir la solvabilité de Deutsche Bank de ses propres moyens malgré la restructuration », ajoute cet analyste.
Source : http://cadtm.org