Très critique sur l’état d’urgence, le président du Club Droits, justice et sécurités (DJS), Dominique Coujard, démissionne de ses fonctions. Mediapart a eu accès au texte dans lequel il explique sa décision.
L’état d'urgence provoque remous et dissensions chez les juristes, entre tenants du tout-sécuritaire et défenseurs vigilants des libertés. Le magistrat Dominique Coujard vient ainsi d’annoncer aux adhérents du Club Droit, justice et sécurités (DJS) qu’il démissionnait de la présidence de ce think-tank proche du PS. Dominique Coujard avait proposé, lors d’une réunion du Club DJS, le 2 décembre, un texte critique sur l’état d’urgence, mais il a été mis en minorité. Prenant acte de « divergences » sur des « principes fondamentaux », il a annoncé sa démission de la présidence dans un mail sans langue de bois aux adhérents du Club, le 3 décembre, dont Mediapart a eu connaissance.
« Les questions abordées à la suite des attentats du 13 novembre ont précisément touché à des principes fondamentaux, écrit Dominique Coujard. Je demeure persuadé que tous les outils juridiques que le gouvernement vient d'imaginer, à savoir l'état d'urgence, la réforme de la Constitution et la déchéance de nationalité, notamment, sont inappropriés pour conduire une lutte efficace contre le terrorisme et qu'ils obéissent à une toute autre préoccupation, essentiellement politicienne, liée au complexe de légitimité de la gauche dans son approche de la sécurité et à son incapacité d'inventer dans ce domaine une autre politique que celle de la droite et maintenant, de l'extrême droite. Je suis très inquiet du risque délibérément pris par le président de la République de soumettre les institutions de la République et nos libertés à un état d'exception pour ces raisons purement politiciennes et de communication. Je suis tout aussi inquiet de son incapacité de mettre en place les dispositifs pratiques de sécurité minimum à proximité des rassemblements de foule. Il me semble donc de mon devoir, constatant l'irréductibilité de nos divergences, de m'effacer pour ne pas entraver les choix du club. Je renonce donc, ce jour, à effet immédiat, à mes fonctions de président du club Droit Justice et Sécurités », conclut-il.
Le Club DJS regroupe 80 juristes (professeurs de droit, avocats, magistrats, hauts fonctionnaires ou chercheurs) proches du PS, dont des « totems » comme Christine Lazerges, Simone Gaboriau, Pierre Joxe ou Jean-Pierre Mignard. Longtemps président de cour d’assises, retraité depuis peu, Dominique Coujard a également présidé le Syndicat de la magistrature (SM) au début des années 1980.
(Retrouvez les contributions du Club DJS et celles de Dominique Coujard dans le club de Mediapart.)
Source : https://www.mediapart.fr
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