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25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 14:03

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Espagne: Juan Carlos Monedero plaide pour un retour aux sources de Podemos
25 novembre 2015 | Par Ludovic Lamant
 
 

Juan Carlos Monedero est le plus âgé, le plus libre et le plus controversé des cinq cofondateurs de Podemos. Ancien prof de Pablo Iglesias à la fac, passé par l’Amérique latine et le parti communiste, il est l’invité ce mercredi de « En direct de Mediapart » pour s'expliquer à l'approche des législatives du 20 décembre en Espagne.

Au moment d’annoncer sa démission de la direction de Podemos en avril 2015, Juan Carlos Monedero avait eu cette formule assassine – et un peu méprisante – à l’adresse de Pablo Iglesias : « Je préfère Galeano à Game of Thrones. » Traduction, pour les non-initiés : l’universitaire médiatique fait référence à l’Uruguayen Eduardo Galeano (1940-2015), l’auteur des Veines ouvertes de l’Amérique latine (1971), qui continue d’incarner une certaine idée de la gauche en Amérique latine.

Ce jour-là, Monedero avait pris ses distances, sacrilège pour un fondateur de Podemos, avec la série télé Game of Thrones dont Pablo Iglesias, leader du mouvement anti-austérité, est un fan de la première heure : il a coordonné un essai politique sur cette fiction, et en a offert un coffret DVD au roi d’Espagne en début d’année. En creux, la critique était lourde : il reprochait à son ami « Pablo » d’être obsédé par la stratégie politique, et d’oublier au passage ses convictions d’homme de gauche. À trop jouer la transversalité droite-gauche pour séduire le plus d'électeurs possible, Iglesias serait en train de perdre son âme, le mettait en garde son ami Monedero.

 

En Clave Tuerka, émission hommage à Eduardo Galeano animée par Juan Carlos Monedero en avril 2015.

Né en 1963, professeur de sciences politiques à l’université Complutense de Madrid (la « Fakul », berceau de la quasi-totalité des cadres de Podemos), Monedero est l’un des cinq fondateurs, en janvier 2014, du mouvement qui a redonné des couleurs à la gauche partisane en Espagne (aux côtés de Pablo Iglesias, Luis Alegre, Carolina Bescansa et Iñigo Errejon). Quelques mois plus tôt, il a publié en Espagne un essai devenu un best-seller, Curso urgente de politica para gente decente (éditions Seix Barral, 2013). Dans ce texte assez inégal, mais qui constitue une étape théorique dans la formation de Podemos, il théorise une nouvelle fois ce qu’il a diagnostiqué très tôt dans sa carrière d’universitaire : la « crise de régime » qui étouffe l’Espagne.

 

Aux crises de la monarchie et de la structure territoriale de l’État (voir les tensions en Catalogne) s’ajoute, depuis l’éclatement de la bulle immobilière à partir de 2007, un appauvrissement généralisé de la classe moyenne, qui prépare le terreau au surgissement du « 15-M ». Ce mouvement indigné déclenché le 15 mai 2011 (d’où son sigle, 15-M) ouvre, d’après Monedero, un « processus constituant », qu’il s’agit d’approfondir pour réussir la « rupture » avec les institutions nées de la transition post-franquiste (cette période qui court, en Espagne, de la mort de Franco en 1975 à la victoire du socialiste Felipe Gonzalez en 1982).

Toute la question posée dans cet essai de 2013 est de savoir quels instruments politiques peuvent parachever la dynamique ouverte par le 15-M. La réponse qu’il a apportée à cette question est aujourd’hui connue de tous : ce sera Podemos, incarné aux yeux du grand public par son ex-étudiant Pablo Iglesias. Monedero est de loin le plus âgé des cofondateurs de Podemos. Si Podemos se présente d’entrée de jeu comme un parti « neuf » contre la « caste » du PP (la droite au pouvoir) et du PSOE (la gauche socialiste), lui fut proche, pendant deux décennies environ, des communistes d’Izquierda Unida (IU). Il fut même le conseiller de Gaspar Llamazares, ex-patron d’IU (Iglesias est aussi passé un temps par les jeunesses communistes, avant de s’en écarter).

Au milieu des années 2000, il prend le large et part travailler en Amérique latine, afin de refonder, espère-t-il alors, « ce lieu que l’on appelait autrefois la gauche ». Monedero a conseillé, de 2005 à 2010, le président Chavez à Caracas. Il a également dirigé, toujours depuis le Venezuela, une école de formation des cadres latino-américains au bolivarisme, le centre international Miranda. Il revient en Espagne quelques mois avant de lancer Podemos.

Son expérience en Amérique latine constitue, de loin, la partie la plus sulfureuse de son CV. Non seulement parce qu’une certaine presse conservatrice, en Espagne, s’est déchaînée à partir de la fin 2014 contre Podemos, caricaturé en « parti chaviste », en raison surtout de la présence de Monedero dans la direction (même s’il n’est pas le seul, loin de là, à avoir arpenté l’Amérique latine et travaillé là-bas).

Surtout, il se trouve pris dans un scandale plus compromettant début 2015, accusé d'avoir sous-déclaré au fisc espagnol quelque 425 000 euros versés par le Venezuela, l’Équateur, la Bolivie et le Nicaragua. Monedero avait été contraint en février de verser 200 000 euros au fisc pour éviter une sanction, et de diffuser des extraits de ses comptes bancaires lors d'une conférence de presse plutôt humiliante. Iglesias et ses collègues le soutiennent et hurlent au lynchage. Peine perdue : Monedero, au printemps 2015, est politiquement carbonisé. De cette période délicate, Monedero dit aujourd’hui : « Ils ne s’attaquaient pas à moi, mais à ce que je représentais comme fondateur de Podemos. »

Tout le monde s’attendait à ce qu’il soit exfiltré discrètement de la direction après les élections régionales et municipales de mai 2015. Il choisit de partir de lui-même fin avril, avec fracas, prenant tout le monde de court. Il règle donc tout haut ses comptes avec Iglesias, en amont de la campagne électorale : « Une minute de télévision est plus importante que les circulos [pour luindlr] », lâche-t-il, en référence à ces assemblées de citoyens, les « cercles », qui ont constitué l’originalité du mouvement à son lancement en 2014, mais qui ont été progressivement marginalisés.

Dans un billet de blog « à son ami Pablo », il explique aussi avoir « mauvaise conscience » à ne plus épauler Iglesias « dans un lieu aussi ingrat que la direction d’un parti ». La réconciliation du couple Iglesias-Monedero est mise en scène début mai dans un entretien long format (ci-dessous) mené par Iglesias, sur le parcours intellectuel de Monedero (un grand moment de communication politique, pour tenter de corriger l’image d’un parti archi divisé...).

 

Entretien Iglesias- Monedero


Aujourd’hui, Monedero défend un retour aux sources du premier Podemos, celui marqué par une plus grande participation des « cercles », à la fois dans la gestion du parti, mais aussi dans l’écriture des programmes. Il critique, en creux, la stratégie du numéro deux, le très influent Iñigo Errejon, disciple du politologue argentin Ernesto Laclau, et qui se refuse à « salir la marque » Podemos avec des sigles de l’ancienne gauche (au hasard, IU).

 

Mais si la voix de Monedero continue de porter dans les médias, elle n’est plus aussi écoutée qu’avant dans l’entourage de Pablo Iglesias. Certains sceptiques ne manqueront pas de se souvenir que le professeur de sciences politiques, lors du congrès fondateur de Vistalegre, à Madrid fin octobre 2014, avait défendu la ligne d’Iglesias et participé, justement, à la banalisation d’un parti qui décidait de se couper de ses « cercles », expliquant à l’époque que les « compromis » du 15-M avaient leur limite dans la pratique…

Quoi qu’il en soit, l’universitaire libéré de ses contraintes reste un soutien vibrant de Podemos, et continue de faire entendre sa petite musique, en particulier lors de l’émission qu’il anime sur la Tuerka le jeudi soir (Otra vuelta de Tuerka). Au lendemain des régionales en Catalogne, fin septembre, il s’est moqué de l’échec de Catalunya Sí que es Pot, la plateforme soutenue par Podemos, qualifiée de « soupe de sigles ». Sur la Grèce, alors qu’Iglesias continue de soutenir la stratégie d’Alexis Tsipras, lui prend davantage ses distances : « Tsipras a fait l’erreur de partir à la chasse aux dragons avec un filet à papillons. Les dragons, c’est le système, et le filet à papillons, c’est de ne pas avoir de plan B. » (Voir la vidéo ci-dessous.)

 

Otra vuelta de Tuerka / 29 octobre 2015.

Dans un entretien à El País en mai, Monedero disait espérer que « son départ de la direction provoque une réaction ». Pendant l’été, Podemos n’est pas parvenu à s’entendre avec d’autres partis – sauf le petit parti écolo Equo – pour une candidature d’« unité populaire » autour d’Iglesias. À l’exception de quelques régions, Podemos se présente donc seul avec sa « marque » aux législatives du 20 décembre. Les sondages donnent le parti en quatrième position, derrière le PP et le PSOE, mais aussi derrière le nouveau parti de centre-droit Ciudadanos. Invité de Mediapart ce mercredi 25 novembre, Monedero aura l’occasion de dire, entre autres choses, si son départ a servi à quelque chose et fait bouger un peu la stratégie de Podemos. Il est permis d’en douter.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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