Les représentants des « faucheurs de chaises » ont été reçus hier par la direction de BNP-Paribas, qui a refusé toute fermeture de ses filiales aux Îles Caïmans. Les militants pour le climat ont donc annoncé la poursuite des « réquisitions citoyennes » pour combattre l’évasion fiscale.
« Une réunion pour rien. » Thomas Coutrot, d’Attac, Pauline Boyer et Txetx Etcheverry d’Action non-violente COP 21, et Florent Compain des Amis de la Terre, ne cachent pas leur déception ni leur colère. Ils sortent d’une rencontre avec des dirigeants de la BNP-Paribas, entrevue obtenue après de longs mois de pression citoyenne à travers une opération de « fauchage de chaises ».
« Nous espérions l’annonce de la fermeture des sept filiales que le groupe possède aux Îles Caïmans, explique Txetx Etcheverry. À la place, nous avons assisté à une séance de justification. » Philippe Bordenave, Michel Konczaty et Laurence Pessez, tous membres de la Direction générale du premier établissement financer français, leur ont rappelé que les Îles Caïman ne figuraient plus sur la liste noire des paradis fiscaux de l’OCDE. En 2009, l’archipel a en effet signé des accords de coopération avec l’organisation internationale, s’engageant ainsi à plus de transparence. Mais pour de nombreux observateurs comme le Tax Justice Network, c’est loin d’être suffisant. En 2015, les Îles ont ainsi été classées au cinquième rang des pays les plus opaques.
Trophées de chasse
La BNP justifie sa présence dans les Caraïbes par l’absence de normes contraignantes. « Pour eux, il s’agit d’un paradis réglementaire et non pas fiscal », résume Thomas Coutrot. Pas de changement de politique en vue, malgré l’annonce de la fermeture de trois des sept filiales, « pour des raisons d’ordre économique et stratégique ». Les associations ont donc décidé de poursuivre leurs actions, et même de les intensifier pendant la COP 21.
- Le siège parisien de la BNP-Paribas.
Car depuis février dernier, elles réclament la fin de l"évasion fiscale, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Leur leitmotiv est « l’argent pour sauver le climat existe : il est dans les paradis fiscaux ». Leur moyen d’action : la « réquisition citoyenne de chaises ». Dans les faits, des militants non-violents se sont introduits dans 35 établissements bancaires pour y prendre des sièges. Le mobilier est ensuite entreposé chez des particuliers, dont Edgar Morin et Patrick Viveret, ou dans les locaux d’organisations. Greenpeace affiche ainsi dans sa vitrine quelques-uns de ces trophées de chasse. Le but : réunir 196 chaises – une pour chaque État représenté lors des négociations sur le climat – lors du Sommet citoyen pour le financement de la transition sociale et écologique, qui se tiendra à Montreuil le 6 décembre prochain. Ils en ont actuellement près de 200.
« Toute intrusion dans nos agences pouvant avoir des conséquences très graves »
Quid de l’état d’urgence et de la menace terroriste ?...
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Source : http://www.reporterre.net