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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 18:08

 

Volkswagen : deutsche Kapital

 
 
 
 
Volkswagen a choisi un créneau à la hauteur de sa réputation. L’arnaque à la nouvelle vertu. L’écologisme. Avec un maximum de pigeons. Les millions de clients, dans le monde entier, qui croyaient acheter les autos les moins polluantes. Et les Etats qui, comme en France, subventionnaient généreusement ces achats vertueux. Avec l’argent du contribuable. Et au détriment de leurs industries nationales. L’arnaque finit toujours par être découverte ? Non, à part celles qui le sont…
 
Volkswagen, logo géant. Wolfsburg - Michael Sohn/AP/SIPA
 

Même eux ! Les Allemands. Les meilleurs sont donc atteints. La sidération générale à l’annonce du scandale Volkswagen ne tenait pas au trucage. Il règne de plus en plus. Mais à son auteur. On admirait, redoutait, ou jalousait la fameuse « deutsche Qualität ». Elle est toujours là. Mais au service du vice. Dans l’ingéniosité technique de son logiciel permettant de frauder la loi. L’éthique protestante du capitalisme cède au capitalisme voyou. Volkswagen ravalé au rang d’une vulgaire banque américaine.

On se rappelle des scandales Enron, Tyco ou Worldcom. Le trucage délibéré des comptes pour s’enrichir sur le dos des clients ou des actionnaires. Une nouveauté. Non plus la désinvolture, la mauvaise foi ou la négligence. Mais le calcul cynique et prémédité issu du cerveau des dirigeants. L’exemple le plus grossier en fut donné par les fameuses subprimes américaines. Un cas d’école. L’arnaque conçue comme telle. Des génies de la banque avaient sciemment fourni à des ménages qu’ils savaient insolvables des prêts à taux majorés tout en pariant sur la hausse de l’immobilier pour se rembourser en saisissant leurs biens quand ils ne pourraient plus payer les traites. Et, pour renouveler leurs escroqueries, ils se débarrassaient de ces créances douteuses en les vendant mélangées à d’autres (« titrisées »), comme un trafiquant de drogue « coupe » de la « bonne » avec de l’ersatz. Sur le même modèle – « Plus rien ne nous retient » –, des traders spéculent sur les matières premières en jouant sur les famines comme activateur de rendement. D’autres trafiquent les produits alimentaires. Aujourd’hui, c’est donc le tour des produits manufacturés. Les méthodes des golden boys ont déteint sur les capitaines d’industrie. Qui transforment des ingénieurs doués en délinquants.

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Volkswagen a choisi un créneau à la hauteur de sa réputation. L’arnaque à la nouvelle vertu. L’écologisme. Avec un maximum de pigeons. Les millions de clients, dans le monde entier, qui croyaient acheter les autos les moins polluantes. Et les Etats qui, comme en France, subventionnaient généreusement ces achats vertueux. Avec l’argent du contribuable. Et au détriment de leurs industries nationales. L’arnaque finit toujours par être découverte ? Non, à part celles qui le sont… Et ses auteurs savent assurer le risque. Le patron de Volkswagen a démissionné mais son départ se récompense en millions d’euros. Aujourd’hui, Saccard, le héros faisandé de l’Argent, de Zola, ne finirait pas en prison. Et les banquiers démasqués ne se suicident plus du haut des gratte-ciel, comme dans Tintin en Amérique. Ils ont des golden parachutes. Jusqu’au bout, ils veulent « grappiller un petit sou, encore un petit sou ! » comme disait Michel Piccoli, le banquier Grézillo dans le Sucre, le génial – et prémonitoire – film de Jacques Rouffio.

Symbole historique de l’extension du domaine de la fraude et du mensonge, l’affaire Volkswagen montre que le comportement de certains entrepreneurs se rapproche de celui que prescrivait Adam Smith. Le théoricien du libéralisme estimait que les acteurs économiques devaient oublier tout sens moral. Une « main invisible » métamorphosant, selon lui, leurs « vices privés » en « vertus publiques ». On y est. Mais pour le pire. Cela confirme les intuitions de Karl Polanyi et Cornélius Castoriadis, qui pensaient au contraire que c’est parce que l’amoralité théorisée par Smith n’était pas encore réalisée que le capitalisme conservait décence et efficience. « Le capitalisme n’a pu fonctionner avec efficacité que parce qu’il a hérité d’une série de types anthropologiques qu’il n’a pas créés et qu’il n’aurait pas pu créer lui-même : des juges incorruptibles, des fonctionnaires intègres, des éducateurs qui se consacrent à leur vocation, des ouvriers qui ont un minimum de conscience professionnelle », expliquait Castoriadis. Ajoutant que ces personnages obéissaient encore à des valeurs antérieures au capitalisme : « L’honnêteté, le service de l’Etat, la transmission du savoir, la belle ouvrage. »

Un stock de valeurs et de traditions ringardes que le marché n’a eu de cesse de détruire avec l’aide de ses idiots utiles libertaires. Des naïfs croyant que le capitalisme était l’allié du conservatisme et de la réaction. C’est au contraire la force révolutionnaire la plus efficace pour mettre à bas le « vieux monde ». Y compris dans ce qu’il avait de meilleur. Parce que le capitalisme est au-delà du bien et du mal. Il devient le nouvel horizon indépassable de l’humanité au moment où ses thuriféraires s’inquiètent. Même les Echos, la bible des financiers, l’ont avoué en consacrant un dossier nostalgique à la recherche du « bon capitalisme ». C’était celui d’avant. Celui de l’Amérique rooseveltienne. Des Trente Glorieuses françaises. Du capitalisme rhénan. Quand le capital était tenu serré dans un cadre national par un Etat interventionniste et des syndicats forts. La mondialisation néolibérale l’a libéré. Lionel Jospin, qui voulait « une économie de marché, pas une société de marché », fut, à gauche, l’un des derniers à le comprendre : « Le capitalisme est une force qui va, mais qui ne sait pas où elle va. » Comme le bœuf dans son sillon, il faut le guider. Il a échoué. Ses successeurs se laissent guider. S’adaptent à la grande dérégulation. Comme partout, l’Etat se félicite de ne plus rien contrôler. Aux Etats-Unis, ce n’est pas lui, mais une ONG qui a démasqué Volkswagen.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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