À quelques semaines du lancement de la COP 21, la ministre de l’Ecologie et celui de l’Economie ont autorisé de nouvelles concessions de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux en métropole.
Isabelle Levy est membre du Collectif du Pays fertois, qui s’oppose à l’exploration du pétrole de schiste (Doue, Jouarre, Signy-Signets - Seine-et-Marne / Permis de Chateau-Thierry)
Le 29 septembre 2015, le Journal officiel publiait trois arrêtés ministériels signés par Ségolène Royal octroyant trois nouveaux permis exclusifs de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux.
Il s’agit des permis de Champfolie (Seine-et-Marne), d’Esthéria (Marne) et d’Herbsheim (Bas-Rhin). Les bénéficiaires de ces permis sont respectivement les entreprises Vermilion, Lundin et Bluebach.
Le permis de Champfolie avait été demandé par Vermilion en 2009, à une époque où la fracturation hydraulique n’était pas remise en question. Il est accordé aujourd’hui. La géologie a-t-elle changé entre temps ? Quel est l’intérêt d’un permis de recherche de 120 km2 pour une entreprise qui détient déjà 13 permis ? Pourquoi Vermilion dépose-t-il régulièrement de nouvelles demandes de permis (26 à ce jour) ? Comment expliquer la nouvelle autorisation faite à Vermilion par le préfet de Seine-et-Marne de procéder à 30 nouveaux forages sur une concession (Champotran) ne faisant que 90 km2 ? Comment expliquer la demande d’autorisation faite par Vermilion de 10 nouveaux forages sur la concession de Vert-le-Grand ? Comment expliquer l’autorisation de deux nouveaux forages sur le permis de Saint-Just-en-Brie malgré les oppositions exprimées des membres du conseil municipal sur les registres de l’enquête publique au printemps dernier ?
Vermilion, premier producteur d’hydrocarbures sur le sol français, a les moyens d’attendre que « les temps changent » en produisant quelques milliers de barils par jour ! Cela lui permet surtout de dire haut et fort qu’il respecte la loi (c’est bien le minimum qu’on puisse attendre d’une entreprise) mais que si la loi change… il suivra encore et toujours la loi, quelle qu’elle soit !

Par ailleurs, à la frontière allemande, le permis d’Herbsheim vient d’être octroyé à l’entreprise Bluebach. Le décret signé par Ségolène Royal précise que l’engagement minimal de l’entreprise Bluebach devra être de 1,98 million d’euros. Comment cette entreprise va-t-elle s’y prendre alors qu’il s’agit d’une entreprise uninominale, dont le capital social est de 8 378 euros, avec zéro salarié ? Pas de problème ! Bluebach a été racheté en 2010 par Moore Energy. Sur le site cette société basée en Norvège on peut lire que [le sous-sol français regorge de ressources non conventionnelles, ce qui a poussé Moore à demander des permis de recherche. Moore convient que, pour l’instant, la fracturation hydraulique est interdite en France…
Rappelons que le Code minier actuel ne permet pas à un gouvernement de revenir sur un permis de recherche préalablement octroyé. Ce même code minier rend quasi-automatique la transformation d’un permis de recherche en une concession (exploitation). Obtenir un permis de recherche, pour une entreprise pétrolière, revient à « mettre le pied dans la porte ». Or, le Code minier ne fait pas la distinction entre hydrocarbures conventionnels (sans fracturation) et non conventionnels. Tout permis obtenu aujourd’hui sera valide encore dans quatre ou cinq ans...
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Source : http://www.reporterre.net