Le montant de certaines indemnités de départ faisait déjà grincer des dents, notamment au sujet de l'ex-patron d'Alcatel-Lucent. Mais toucher des indemnités de départ sans partir, la situation a de quoi interpeller.
Bruno Lafont, le PDG de l'entreprise Lafarge touchera pourtant plus de 8 millions d'euros d'indemnités tout en restant l'un des responsables les plus haut placés de l'entreprise.
Ces indemnités seraient rendues possibles par la fusion de l'entreprise Lafarge avec son concurrent suisse Holcim : l'entreprise fusionne et change de statut, le PDG change de poste et devient "Co-Président non exécutif" et le tour est joué.
La somme, qui représente l'équivalent de 472 années de Smic, est constituée d'indemnités de départ de 5,9 millions d'euros, auxquelles s'ajoutent une rémunération exceptionnelle de 2,5 millions d'euros "pour le rôle clé qu'il a joué dans le cadre de la fusion avec Holcim".
Et ce n'est pas tout : selon Les Echos, Bruno Lafont devrait également toucher des primes et des actions, ainsi qu'une retraite chapeau, d'un peu plus de 620 000 euros par an.
En 2014, Bruno Lafont a touché un salaire de 1,8 million d'euros (salaire fixe + salaire variable)
Le Medef aurait donné son accord en amont
Au sein du Medef, le Haut Comité de Gouvernement d'Entreprise (un comité chargé de veiller au respect des règles et processus en matière de gestion et de rémunération des sociétés) avait été consulté par Lafarge avant que la décision de rémunérer Bruno Lafont soit prise.
Le HCGE aurait alors émis des recommandations, prises en compte par Lafarge. Le montant des indemnités aurait été décidé en fonction de ces recommandations.
Face à l'annonce des primes de Bruno Lafont, le HCGE devra de nouveau se réunir pour décider de leur justification ou non. Il rendra son avis de manière confidentielle à Lafarge.
L'entreprise devra se conformer aux nouvelles recommandations, mais ce ne sont pas des obligations absolues. Si elle ne le fait pas, elle devra expliquer pourquoi.
Source : http://www.sudouest.fr