Repéré par Eric Leser
mis à jour le 02.08.2015 à 17 h 47
Leonardo DiCaprio dans «Le Loup de Wall Street» (Metropolitan FilmExport).
Les grandes banques d’affaires américaines pourraient travailler une semaine par an et fermer leurs portes le reste du temps sans que cela ait un impact sur l’économie réelle.
John Bogle, le fondateur du groupe financier Vanguard, est une légende de la finance. Il a créé en 1976 le premier fonds d’investissement construit sur les indices boursiers. Et à 85 ans, il dénonce le parasitisme grandissant de l’industrie financière qu'il a contribué à créer.
Pas moins de 32 000 milliards de dollars de titres sont échangés tous les ans à Wall Street avec à peu près aucun impact positif pour les investisseurs explique-t-il. Et le financement des entreprises et de l’économie, la raison de l’existence de Wall Street, représente une fraction infime de l’activité de l’industrie financière. Les grandes banques d’affaires américaines pourraient travailler une semaine par an et fermer leurs portes le reste du temps sans que cela ait un impact sur l’économie réelle...
«Le métier de la finance est d’apporter du capital aux sociétés. Nous faisons cela avec 250 milliards de dollars par an sous forme d’introductions en Bourse de société et d’augmentations de capital» déclare John Bogle au magazine Time. «Qu’est-ce que nous faisons d’autre? Nous poussons les investisseurs à échanger environ 32 000 milliards de dollars de titres par an. Donc si je calcule bien, 99% de ce que nous faisons dans cette industrie consiste en des échanges d’une personne avec une autre dans le seul intérêt de l’intermédiaire. C’est un gâchis considérable de ressources.»
Car 32 000 mille milliards de dollars, c’est presque le double du Pib des Etats-Unis constitué pour l’essentiel d’une rente qui consiste à prendre quoi qu’il arrive un pourcentage d’une transaction, comme à un péage, qui n’apporte la plupart du temps rien à l’économie et à son initiateur. Et les traders, contrairement aux conseillers financiers, ne donnent pas d’avis à leurs clients sur les meilleurs placements au risque de se tromper.
«Les études ne cessent de le montrer, les traders ne font rien qui a une valeur. Ils ne savent pas quelles actions vont monter et pourquoi. Ils ne savent pas quels types d’actifs vont être plus performants cette année ou les suivantes. Personne ne sait. C’est cela la vérité… C’est pourquoi les traders ont besoin que vous fassiez des transactions et beaucoup. Parce que c’est comme cela qu’ils gagnent de l’argent…».