L’activité économique frémit tout juste (+ 0,6 % de croissance au premier trimestre, 1,1 % prévu sur l’année), cette reprise reste fragile de l’avis général, mais les profits, eux, redémarrent en fanfare. Selon un premier bilan établi il y a quelques jours par les Échos, portant sur les résultats de 28 groupes du CAC 40, ces sociétés ont réalisé un total de plus de 25 milliards d’euros de bénéfices nets au premier semestre 2015, en hausse de 8 % sur la même période de 2014. Si l’on y ajoute les résultats, publiés depuis, des groupes Axa, Société générale et BNP Paribas, la moisson atteint les 35 milliards. Parmi les plus fortes progressions, mentionnons Orange (+ 89,2 %, à 1,1 milliard d’euros), Kering (+ 129,3 %, à 423 millions), Renault (+ 86,4 %, à 1,4 milliard), Safran (+ 89 %, à 1,1 milliard), Publicis (+ 39,6 %, à 363 millions). En valeur absolue, Total garde le pompon du CAC, avec un résultat net de 5 milliards d’euros, en augmentation de 7 %, devant BNP Paribas (4,2 milliards, + 14,1 %), EDF (2,5 milliards, – 0,2 %), Sanofi (2,3 milliards, + 24,9 %). Même si les chiffres d’affaires sont en augmentation (de près de 3 %), ces profits semblent être, pour une large part, la résultante de restructurations internes, qui ont conduit les groupes à sabrer dans leurs effectifs et faire pression sur les salaires.
Ces chiffres viennent en tout cas souligner, si besoin était, l’aberration de la politique gouvernementale qui conduit à verser, sans conditions, de substantielles aides publiques à ces groupes archi- bénéficiaires et qui ne changent rien à leurs priorités : la rentabilité pour l’actionnaire, avant l’emploi, les salaires et l’investissement. Le laboratoire pharmaceutique Sanofi, par exemple, bien parti pour engranger cette année un bénéfice supérieur à celui de 2014 (4,4 milliards), perçoit ainsi 11 millions d’euros au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice) et 125 millions au titre du crédit d’impôt recherche (CIR). Cela ne l’empêche pas de supprimer des centaines d’emplois dans la recherche en France. Et d’arroser outrageusement ses actionnaires de dividendes (3,4 milliards d’euros sont allés dans leur poche au titre des résultats 2014).
Source : http://www.humanite.fr