Depuis le milieu de semaine, les drames liés à l’afflux massif de migrants à travers la Méditerranée ou par l’est de l’Europe se sont multipliés. Les détails donnent la nausée, les chiffres le tournis.
Selon un dernier décompte du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), ils ont été plus de 300 000 à atteindre l’Europe par la mer, un record absolu. Plus de 2 500 y ont trouvé la mort, un bilan bien en deçà de la réalité, tant les opérations de secours sont compliquées.
L’agence Frontex, chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen, donne d’autres chiffres : 340 000 personnes, venant d’Afrique subsaharienne, du Pakistan, de Syrie, du Maroc et du Bangladesh, ont tenté de rallier l’Europe sur les sept premiers mois de l’année, contre 123 500 en 2014. Selon les chiffres recueillis par le projet d’open data The Migrant Files, 30 816 personnes sont mortes ou disparues aux portes de l’Europe depuis 2000.
Selon la régulation européenne, seul le pays par lequel des migrants entrent illégalement dans l’UE est tenu d’examiner leur demande d’asile. Face à l’afflux dans les pays littoraux,comme la Grèce ou l’Italie, Berlin avait décidé de déroger à une règle qui ne fonctionnait plus, les administrations italienne et grecque ne pouvant plus recenser tous les arrivants. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 200 000 migrants sont arrivés en Grèce et 100 000 autres en Italie.
« A moins d’avoir une réponse européenne… »
Les dirigeants des pays de l’ouest des Balkans, Serbie, Hongrie et Macédoine en tête, ont participé jeudi en Autriche à un sommet censé aboutir à une réponse commune. La plupart des pays présents, qui doivent faire face à des situations parfois critiques à leurs frontières, ont renvoyé la balle à l’Union européenne.
« Je crois que l’UE doit proposer un plan d’action et puis nous demander de nous y joindre. Je vais être très direct, nous sommes en train de supporter le poids du problème », avait dit le ministre des affaires étrangères serbe, Ivica Dacic. « A moins d’avoir une réponse européenne à cette crise (…), personne ne doit nourrir l’illusion que cela peut être réglé », avait renchéri son homologue macédonien, Nikola Poposki.
Jusque-là, les Vingt-Huit étaient parvenus àdes accords minimaux sur la prise en charge des demandeurs d’asile et sur le nombre de places accordées dans chaque pays. Pour Angela Merkel, une réunion des chefs d’Etat de l’UE n’est pas exclue, mais elle n’aura pas lieu tant qu’une stratégie commune ne sera pas prête à être mise sur la table.
En attendant, sur la « route des Balkans de l’Ouest », empruntée par des réfugiés syriens ou irakiens fuyant la guerre mais aussi par des Albanais, des Kosovars ou des Serbes, la solution pour l’heure est bien souvent militaire. La Macédoine a déclaré l’état d’urgence à sa frontière, où trois mille nouvelles personnes arriveraient chaque jour, selon le ministère de l’intérieur.
La Hongrie, qui achève la construction d’une clôture grillagée le long de sa frontière de 175 kilomètres avec la Serbie, a prévenu qu’elle n’hésiterait pas à y envoyer son armée. Même si elle est pour l’heure épargnée par la crise, la Roumanie a annoncé qu’elle allait renforcer « préventivement » la sécurité à sa frontière avec la Serbie, craignant que les migrants ne cherchent un passage par son territoire pour contourner la frontière serbo-hongroise fermée.