Le traité international sur le commerce des armes tient, jusqu’à jeudi 27 août, sa première conférence au Mexique. Mais qui achète et qui vend des armes dans le monde actuel ?
Déjà signé par 130 pays et ratifié par 72 d’entre eux, ce traité est censé encadrer un marché des armes prospère : son commerce international oscille depuis 2009 entre 30 et 40 milliards de dollars par an, alors que les dépenses militaires mondiales tournent autour de 1 700 milliards de dollars annuels depuis 2009, soit 2,6% du produit mondial brut (PMB).
A cette occasion, il est intéressant de regarder, avec nos partenaires de Swissinfo.ch, qui sont les vendeurs, et qui sont les acheteurs de ce commerce pas comme les autres.
Les Etats-Unis, premier vendeur planétaire
Premier constat : sur ces statistiques fournies par l’Institut de recherche Sipri de Stockholm, la référence mondiale, on ne trouve qu’un seul pays commun au top 10 des vendeurs et des acheteurs : la Chine, qui achète, notamment à la Russie, mais qui exporte aussi des armements plus classiques.
Deuxième constat : la place prépondérante prise par les Etats-Unis dans ce commerce des armes, quasiment deux fois plus gros que le suivant, la Russie, et dont les exportations sont égales à celles de la Russie, de la France et du Royaume-Uni additionnées...
Côté importations, la première surprise est la première place, loin devant, de l’Inde, là où on attendrait les pays du Moyen-Orient. La zone Asie-Pacifique est d’ailleurs bien placée dans ce top 10, avec l’Inde en tête, mais aussi la Chine, l’Indonésie, le Vietnam, Taïwan, et l’Australie.
Les autres pays du top 10 sont, de manière prévisible, les pays du Moyen-Orient, l’Arabie saoudite qui arrive deuxième, suivie de la Turquie, des Emirats arabes unis et du Sultanat d’Oman.
L’Asie et le Moyen-Orient, les deux zones de tension de la planète :
- la première sans conflit déclaré mais avec une course aux armements perceptible depuis des années et des tensions en mer de Chine du Sud entre la Chine et ses voisins, ou le conflit latent, jamais éteint entre l’Inde et le Pakistan ;
- la seconde est aujourd’hui au cœur des principaux conflits armés de la planète, en Syrie, en Irak, au Yémen, ou encore depuis peu le conflit qui s’est réveillé en Turquie avec la minorité kurde. Pas de surprise donc à ce que les armes prennent la direction d’une zone qui a de surcroit les moyens de les payer...
L’enjeu de Cancun
La principale vertu du TCA, souligne un article de Swissinfo.ch, est de vouloir imposer une certaine transparence dans un commerce qui préfère l’ombre, voire l’opacité.
Les Etats-Unis l’ont signé et pas encore ratifié, la Russie et la Chine ne l’ont pas signé ; seuls la France et le Royaume-Uni parmi les grands exportateurs l’ont signé et ratifié.
Encore faut-il que la substance du traité ne se volatilise pas dans les négociations sur sa mise en œuvre et ses règles de fonctionnement.
C’est tout l’enjeu de la première conférence internationale des Etats parties, qui se tient depuis le 24 et jusqu’au 27 août à Cancun (Mexique).
Source : http://rue89.nouvelobs.com