Le grand appauvrissement, partout
Partout en Europe,
l’Allemagne est présentée comme le modèle à suivre. Les partisans de ce « modèle » soulignent ses excédents commerciaux ou son budget équilibré. Mais
de nombreux faits contredisent cette vision superficiel de ce qui est en réalité un faux modèle. D’abord,
comme le rapporte les Echos, la pauvreté ne cesse de progresser, depuis 15 ans, puisque
la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté est passée de 14 à 15,5% depuis 2006, soit 12,5 millions de personnes. La croissance du pays laisse sur le bord de la route un nombre grandissant de citoyens. D’ailleurs,
Olivier Berruyer a montré dans son livre le caractère profondément inégalitaire du modèle allemand, avec une baisse des revenus de plus de 15% pour un tiers de la population quand le dernier décile progresse.
Des dopants à effets provisoires
Il ne faut pas oublier cette progression quasiment constante de la pauvreté dans les pays européens car nous pourrions bien rentrer dans une phase de petite reprise économique, aussi illusoire soit-elle, comme le démontrent notamment les chiffres allemands. En effet, même s’il y a une relative reprise, cette reprise pourrait bien ne se retrouver que dans les profits des grandes entreprises multinationales (et très souvent transférés dans des parasites fiscaux) et dans les revenus d’une petite minorité. Alors que la grande majorité continue à souffrir des conséquences d’une mondialisation barbare, qui les met en concurrence avec des pays où les salaires sont 10 à 20 fois plus bas, même si le taux de chômage baisse, comme on le voit en Espagne, même si un demi-million d’emplois ont été créé en 1 an.
C’est aux Etats-Unis que les chiffres sont les plus incroyables :
de 2009 à 2012, si les revenus moyens ont progressé de 6%, ils ont baissé de 1,6% pour 90% de la population, le 1% le plus riche s’accaparant 93% de la hausse globale ! Bien sûr, une relative reprise économique semble se dessiner, avec la baisse de l’euro et du prix du pétrole, deux facteurs historiques de soutien à l’activité, aidés par la politique de la BCE qui a fait baisser les taux d’intérêt à des plus bas historiques (même Rome et Madrid empruntent à 2%), allégeant les politiques d’austérité,
au risque de provoquer de nouvelles bulles financières. Mais si cela pourrait permettre une légère baisse du taux de chômage,
il y a fort à parier que la reprise sera inégale, mais aussi seulement temporaire, tant se forment les ferments de la prochaine crise.