Mardi 28 Juillet 2015 à 5:00
Si certains s'inquiètent pour leur future retraite, tel n'est pas le cas de Robert Peugeot. Ce membre éminent de la célèbre dynastie, aujourd'hui aux commandes du holding familial, FFP, actionnaire du groupe automobile, s'est retiré de la direction de PSA en 2007, alors qu'il n'avait que 56 ans. Mais il n'est pas parti sans biscuits. Il a fait accepter par les cercles dirigeants le principe d'une retraite chapeau lui assurant une rente annuelle de 160 000 €, soit 13 000 € par mois, ce qui est une garantie tous risques. Pour réaliser l'opération, il a fallu réaliser un tour de passe-passe administratif.
En effet, Robert Peugeot n'était plus en poste dans l'entreprise qui va cependant l'entretenir ad vitam aeternam. Qu'à cela ne tienne. Il est des circonstances où la fin justifie les moyens. On est pourtant dans un groupe sauvé de la faillite par l'Etat, entré au capital, et à moitié vendu au chinois Dongfeng — un groupe où les salariés sont priés de se serrer la ceinture au nom des intérêts supérieurs de l'entreprise.
Il faut croire que certains sont exonérés des appels à l'éthique et peuvent s'asseoir sur les grands principes comme sur les sièges moelleux de la 508. C'est ce qu'avait déjà fait l'ex-PDG, Philippe Varin, en bénéficiant d'une retraite en or de 179 000 € par an. En s'installant à ses côtés pour une somme quasi similaire, Robert Peugeot prouve que les grandes familles ont le sens de l'égalité.
Bruno Lafont, ex-PDG de Lafarge, a fait mieux. Ayant réussi à brader son groupe au concurrent suisse Holcim, il aura le droit de cumuler une indemnité de départ (5,9 millions d'euros), une prime pour son rôle clé dans le bradage de son entreprise (2,5 millions d'euros), et une future retraite chapeau de 640 000 €. En échange, Bruno Lafont, qui est un homme détaché des contingences matérielles, a renoncé à sa rémunération de coprésident du nouveau groupe, LafargeHolcim, pour se contenter des jetons de présence versés aux administrateurs, soit environ 180 000 €. A ce niveau, c'est presque du sacerdoce.
Etrangement, personne n'a traité Robert Peugeot et Bruno Lafont d'« assistés ». L'accusation est réservée à d'autres, comme si opulence rimait avec innocence, alors qu'elle se décline avec indécence.
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Source : http://www.marianne.net