De cet évènement, vous ne vous rappelez sûrement pas grand-chose, tant il est passé inaperçu dans le paysage médiatique, « noyé » au même moment par « la tempête du siècle » de l’hiver 1999. Et pourtant de mémoire d’agent d’EDF, à Blaye, cette nuit-là en France, on est jamais passé aussi près de la catastrophe ultime quand il s’agit de risque nucléaire : celle de la fusion d’un réacteur.
La centrale du Blayais en Gironde. © PhotoPQR/Sud Ouest - 2015
Aussi relatif soit-il : minimisé par les uns ou accentué par les autres, l’incident de la centrale de Blaye a été une confrontation directe au risque inhérent de l’utilisation du nucléaire civile. Car en effet, cette nuit-là, en Gironde, à 60km seulement de Bordeaux, malgré toutes les normes et les mesures de protection en vigueur : une centrale nucléaire française s’est retrouvée « les pieds dans l’eau ». Heureusement, malgré l’inondation de circuits vitaux, le plan d’alerte a bien fonctionné et a permis, nonobstant des dégâts considérables, d’éviter que l’incident ne se transforme en véritable désastre.
11 ans plus tard, c’est à Fukushima Daiichi, au Japon, qu’une autre catastrophe allait se produire, et révéler toute la fragilité de ces cathédrales de l’atome face aux risques climatiques dont l’on sous-estime bien trop souvent la portée…
Comment la France, est-elle devenue le plus grand parc de centrales d’Europe et le pays le plus nucléarisé par rapport à son nombre d’habitants ? Face au danger, quels sont les intérêts de poursuivre le développement nucléaire ? Que s’est-il passé à Blaye en cette nuit de décembre 1999 ? Quelles sont les responsabilités ? Est-il possible de garantir la sécurité totale de nos sites malgré des dérèglements climatiques constants ?
Pour en parler deux invités seront avec nous :
► Charlotte Mijeon, une des porte-paroles du réseau « Sortir du Nucléaire », association créée en 1997, qui fédère plusieurs centaines de collectifs locaux en France autour d'une revendication politique de sortie du nucléaire civil et militaire. Elle se mobilise très fréquemment pour dénoncer les problèmes de sûreté qui s’y multiplient.
► Thierry Charles, directeur général adjoint de l’IRSN pour les questions de sûreté nucléaire. Il a notamment participé aux actions menées dans le cadre de l’accident de Fukushima, allant des actions d’informations sur l’accident jusqu’à la définition des actions à mener sur les installations françaises pour y renforcer encore la sureté.
Avec Alain Correa, membre d'une Commission d'Information sur le Nucléaire (CLIN), Anaëlle Verzaux est allée à Nesle-Hodeng, un village voisin de Neufchâtel-en-Braye, où l'on produit un délicieux fromage. Qui dit fromage, dit lait, et qui dit lait, dit gros problème en cas d'accident nucléaire. Le lait fait partie des denrées rapidement et hautement contaminables. C'est pourquoi dans un Livre Blanc à paraître fin 2015 sur la gestion de crise post accident nucléaire, l'ANCCLI (l'association nationale des comités et commissions locales d'information) suggère que le choix des terres, pour l'épandage du lait contaminé, soit fait de façon démocratique...
Pour compléter le Livre Blanc, nous sommes allés à Nesle-Hodeng rencontrer une famille de fermiers, à qui nous avons demandé s'ils seraient d'accord pour que leurs champs soient réquisitionnés pour l'épandage du lait contaminé...
« Tcherno-Blaye » : une centrale les pieds dans l’eau