Mercredi 24 Juin 2015 à 20:00
En apparence catastrophiques, les chiffres du mois de mai (+ 69 600 demandeurs d’emplois en catégories ABC, jeunes, quadras, séniors confondus, nous dit Pôle emploi) doivent être pris avec des pincettes. Car ce service public, constatant que ses 5,64 millions d’inscrits ne s’actualisaient pas assez vite, les a relancés deux fois au lieu d’une, pour prévenir le bug qui en septembre 2013 (suite à une défaillance de l’opérateur SFR) avait amplifiée artificiellement la baisse du chômage. Mais, au final, cette décision courageuse aurait pour effet de minorer les reprises d’emplois… De sorte que la hausse réelle du chômage en mai, selon Jean Bassère, son directeur s’établirait entre 32 000 et 42 000 (+ 10 000 en catégorie A) et non pas 69 600...
Dans l’attente de chiffres validés, mieux vaut donc pour comprendre l’implacable « loi du marché », décortiquer la formidable étude du cabinet Ricol Lasteyrie qui ausculte le profil financier du CAC 40. On y découvre d’abord que l’investissement de la crème de la crème des entreprises tricolores (83 milliards d’euros) n’a pas repris en 2014* alors que leur bénéfice net bondissait en moyenne de 31 % à 62 milliards d’euros (et que leur impôt baissait de 2,2 %...). Or, comme chacun sait, les investissements d’hier auraient dû être... les emplois d’aujourd’hui.
Ce qui saute aux yeux dans cette étude, c'est que PDG et conseils d’administrations du CAC 40, notamment dans le secteur des technologies et des médias, roupillent sur 171 milliards de trésorerie nette ! En progression, comme le chômage de catégorie A en France, de 5 % sur 12 mois ! Or, 171 milliards, pour donner un ordre de grandeur aux bientôt nouveaux bacheliers, c’est plus de deux fois le budget de l’Education nationale…
Plusieurs de nos fleurons (cocorico ! ), Airbus, Cap Gemini, Gemalto, Alcatel-Lucent, Publicis, Renault, Technip et Vivendi avaient même en début d’année plus de milliards dans leurs coffres fort qu’ils n’avaient de dettes. C’est-à-dire qu’ils sont devenus… des banques ! Une reconversion qui leur a permis de verser, pour 24 d’entre eux, des dividendes en hausse… Mais où sont donc passés les vrais patrons, peuvent se demander en ce début d’été, 5,7 millions de personnes privées d’emplois à temps complet ?
Source : http://www.marianne.net