La mairie de Marseille ne veut pas de l’édition locale d’Alternatiba qui doit se tenir du 24 au 28 juin prochain. C’est ce qu’elle a signifié mercredi 17 juin par une décision de ne pas laisser l’espace public à disposition sous le seul argument de « trouver un autre lieu ».
Marseille, correspondance
Sous le slogan « Les sardines nous remercieront ! » et sous la bannière « Alternatib’Aïoli », l’étape marseillaise d’Alternatiba entend sensibiliser au thème du réchauffement climatique et présenter des alternatives. Depuis le lancement du mouvement Alternatiba en octobre 2013 à Bayonne, la deuxième ville de France n’a pas encore organisé son village des alternatives. Ce qui devrait être fait du 24 au 28 juin prochain. Mais c’était sans compter une mairie qui met des bâtons dans les roues. Ce qui pourrait compromettre, sinon sa tenue, l’ampleur et la visibilité de l’événement.
L’organisation d’Alternatib’Aïoli est coordonnée par l’association Alternatiba Marseille, créée pour l’occasion. Les décisions sont prises de façon horizontale en assemblées générales plénières qui se tiennent régulièrement, rassemblant structures partenaires et citoyens. 250 bénévoles s’apprêtent à se mobiliser. Le tout pour une vélorution qui accompagnera l’arrivée du Tour Alternatiba de l’Estaque jusqu’au Vieux-Port le 24 juin ; le village Alternatiba le 27 juin et « la plus grande ola du monde pour le climat » sur la Corniche le 28 juin. Mais à une semaine du début de ces festivités militantes, la mairie de Marseille rend un « avis défavorable » pour l’occupation des lieux proposés par la plénière, excepté pour la ola.
Tout pour le climat - mais surtout pas avec la société civile
Le 4 juin dernier, dans son allocution à l’occasion de l’ouverture de la Med Cop 21, étape méditerranéenne à Marseille de la COP 21, Jean-Claude Gaudin sénateur-maire (LR) de la ville déclarait que « pour affronter ces défis [climatiques], ce n’est qu’ensemble, Etat, collectivités territoriales, entreprises, universités, société civile, que nous pourrons apporter des réponses durables ». Les composantes d’Alternatib’Aïoli, 146 structures associatives, culturelles ou de l’économie sociale et solidaire, ainsi que des citoyens en leur nom propre, apprécient le grand écart avec la décision qui s’abat sur leur initiative.
- Préparation du village Alternatib’aïoli sur les Hauts de La Canebière
Pour la mise à disposition de l’espace public sur les Hauts de La Canebière, point de passage névralgique du centre-ville, demandée pour le 27 juin, la réponse négative tombe le 5 juin pour cause de « trop d’enjeux de circulation ». Impossible pour la ville d’envisager de couper la circulation pour une journée en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Alors l’organisation d’Alternatib’Aïoli présente une autre copie en proposant deux solutions. La place Bargemon, attenante à l’Hôtel-de-Ville et le Parc Longchamp. La Direction de la communication et des relations publiques (DCRP) de la ville exprime un refus catégorique le mercredi 17 juin pour l’occupation de ces deux lieux. Pour la place Bargemon, qui reçoit toute sorte de manifestations, « le site ne convient pas à ce type d’événement » précise la notification, tout en demandant de « trouver un autre lieu ». La vélorution et les événements qui l’accompagnent dont un concert d’HK et les Saltimbanks sont également retoqués.
Ni le cabinet du maire, ni la DCRP n’ont répondu aux sollicitations de Reporterre. Mais nous avons eu accès à un document interne aux services de la DCRP datant du mercredi 17 juin.
Télécharger la note (voir avis défavorable page 3) : lien
Il donne d’abord, de la part du cabinet du maire, un avis favorable pour l’organisation de la journée du 27 au parc Longchamp avant qu’il ne soit rendu défavorable de façon manuscrite, accompagné de la même mention adressé officiellement à Alternatiba Marseille : « trouver un autre lieu ». Pourtant « les services techniques de la ville ont été hyper disponibles, dans l’échange et très à l’écoute », témoigne Juliette Palmade, chargée de communication pour Alternatib’aïoli. « Ils n’ont pas rendu d’avis défavorables ou quelques avis réservés sur des aspects de sécurité, sur lesquels ils nous ont accompagné ».
Un repli, sans autorisation, sur le cours Julien
En l’absence d’une justification argumentée et d’une proposition de la part de la ville, Juliette Palmade juge que la décision est politique. Elle pense que la majorité municipale « ne veut pas de mouvement écolo sur Longchamp vu la contestation du projet de parking ». Une manifestation aura effectivement lieu ce samedi 20 juin pour contester un projet de parking, déjà envisagé depuis 2010, qui amputerait le parc d’un tiers de sa superficie...
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Source : http://www.reporterre.net