Ce lundi matin, sur France inter, Sophia Aram (une fois n'est pas coutume ?) a été particulièrement perspicace face à un Emmanuel Todd venu défendre son essai Qui est Charlie ?. Le démographe qui, par le passé, a popularisé la notion de « fracture sociale » et s'est souvent montré inspiré sur les questions européennes et la volonté allemande de domination, livre en effet une charge aussi étonnante que désolante contre cette France qui, à l’occasion des manifestations du 11 janvier, aurait révélé son vraie visage. Car pour Todd, les quelque 4 millions de citoyens descendus dans la rue se seraient réunis « pour dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu » surtout « lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société ». Bref, l’accusation d’une France majoritairement islamophobe n'est pas loin... Et pour l'essayiste d’appeler par conséquent à ce « qu’on laisse tranquilles les musulmans de France. Qu’on ne leur fasse pas le coup qu’on a fait aux juifs dans les années 30 en les mettant tous dans le même sac » et qu’on « en finisse avec cette nouvelle religion démente (…) le laïcisme radical (sic), qui est pour moi la vraie menace » ! Une thèse qui, en plus de se référer de façon erronée aux années 30 (mais c'est à la mode...), atteint rapidement ses limites par une essentialisation « des musulmans de France », forcément croyants, pauvres et « dominés » pour Emmanuel Todd. Une « mise dans le même sac » qu’a donc tenu à démonter Sophia Aram.
Commençant sa chronique en prenant un accent à couper au couteau de Maghrébine venue directement du bled, le personnage joué par l’humoriste remercie chaleureusement Emmanuel Todd : « Grâce à vous et à vos chiffres, j’ai enfin compris ce que c’était cette manifestation du 11 janvier. Vous les avez démasqués, c’est une imposture. C’est juste des catholiques zombies qui défilent pour dire qu’ils ont le droit de se moquer de nous, pauvres musulmans. Les salopards ! ».