Mardi 12 Mai 2015 à 5:00
Qui peut affirmer que Sanofi va mal ? Depuis cinq ans, c’est pourtant ce qu’on nous répète. Depuis cinq ans, au prétexte des économies que le groupe doit réaliser, près de 5 000 emplois ont été détruits. De nombreux sites de recherche et de production du groupe ont été fermés ou vendus. Mais, depuis dix ans, les dividendes versés aux actionnaires ont, eux, flambé de 137%. Plus de 50% des profits de l’entreprise leur sont désormais redistribués ! Tandis que l’enveloppe d’augmentation collective des salariés plafonne cette année à 0%...
Aujourd’hui, alors que notre nouveau patron, Olivier Brandicourt a été accueilli avec un « golden hello » de 4 millions d’euros et que l’ancien, Chris Viehbacher, est parti avec son « golden parachute », la colère gronde et grandit parmi les employés de Sanofi. Le discours financier du groupe pharmaceutique ne passe plus. Nous sommes contre ce « Sanofric ». Le médicament n’est pas une marchandise, la santé n’est pas un produit financier et les salariés ne sont pas une variable d’ajustement.
La recherche est sacrifiée, parce que trop longue, trop coûteuse. Aujourd’hui, nos dirigeants ne veulent plus prendre le risque de la recherche en interne. A Montpellier par exemple, tout l’axe thérapeutique oncologie a ainsi été stoppé, alors que le cancer est une priorité nationale ! Comment développer des médicaments s’il n’y a plus de recherche ? Quand on sait qu’il faut sept à dix ans pour mettre au point un médicament, comment voulez-vous apporter les réponses thérapeutiques nécessaires aux besoins des patients en attente de solutions à leurs pathologies quand vous subissez un plan de restructuration tous les trois ans (le premier en 2009, le deuxième en 2012) ?
"Une entreprise qui a touché presque 180 millions d’euros l’année dernière au titre de divers crédits d’impôt ne doit pas agir ainsi"Les produits historiques de Sanofi, ses plus gros blockbusters (1 milliard de chiffre d’affaires minimum), sont sortis de nos laboratoires de recherche. Désormais, la direction préfère acheter des produits tout prêts à l’extérieur. Comme cette molécule, acquise auprès de la société Bipar pour 500 millions de dollars. Les chercheurs de Toulouse avaient alors alerté : eux-mêmes avaient déjà travaillé sur des molécules analogues, sans que cela ne donne rien. Et ce qui devait arriver arriva : la molécule s’est arrêtée très vite et près de 800 millions sont partis en fumée. Et que penser de Beautific, cette « boisson beauté », commercialisée en 2012, par Sanofi et Coca-Cola ? Ce n’était que de l’eau, du sucre et de la com.
Depuis plusieurs années, depuis que notre entreprise a été placée entre les mains de financiers, nous assistons à un gâchis monstrueux. Un gâchis humain et sanitaire. Une entreprise qui fait 6 à 9 milliards de bénéfices chaque année ne doit pas se comporter ainsi. Une entreprise qui a touché presque 180 millions d’euros l’année dernière au titre de divers crédits d’impôt (dont le CICE et le CIR), ne doit pas agir ainsi. Et l’Etat ne doit pas être complice de ces agissements. Pourtant, c’est bien le ministère du Travail au côté de notre employeur Sanofi R&D qui a déposé une requête auprès du Conseil d’Etat suite à l’annulation du deuxième plan social que nous, salariés, avons réussi à faire annuler.
Nous demandons aujourd’hui que soit votée une loi qui interdise aux entreprises qui font des bénéfices et qui reversent des dividendes aux actionnaires de supprimer des emplois et de vendre ses sites. Nous réclamons que Sanofi soit intégré dans un pôle public de recherche. La santé ne doit pas être laissée aux financiers. La santé de millions de personnes sur la planète en dépend ainsi que l’indépendance thérapeutique de la France.
Source : http://www.marianne.net