C’est par un tour de passe-passe que la Grèce est parvenue à rembourser le FMI le 11 mai. Elle a pioché l’essentiel de la somme dans le compte de réserve qu’elle détient auprès du FMI.
Le soulagement a été total chez les responsables européens lundi 11 mai quand le gouvernement grec a annoncé qu’il honorerait, comme prévu, le remboursement des 750 millions d’euros dus au Fonds monétaire international. Une fois encore, ont-ils soufflé, la Grèce évitait le défaut de paiement, redouté depuis des semaines par les financiers.
Erreur ! La Grèce est plus que jamais au bord de la faillite. Car c’est grâce à un tour de passe-passe que le gouvernement grec est parvenu à honorer sa dernière échéance, comme l’a révélé le journal grec Kathimerimi de mardi. Le gouvernement grec n’a apporté que 100 millions d’euros pour rembourser en partie le prêt consenti par l’institution monétaire. Tout le reste – 650 millions d’euros – a été prélevé sur le compte de réserve que la Grèce détient – comme tous les autres pays membres – auprès du FMI. En d’autres termes, l’argent du FMI a servi à rembourser le prêt du FMI.
L’opération s’est faite avec l’assentiment de la direction de l’organisation internationale. La Grèce a un mois pour renflouer totalement son compte de réserve. Si elle est dans l’impossibilité de le faire, elle sera techniquement déclarée en défaut, de la même manière que si elle n’avait pas payé la dernière échéance.
Cette nouvelle révélation confirme l’état d’urgence financier dans lequel se trouve le pays, alors qu’il négocie toujours un nouveau plan d’aide avec l’Europe. Le ministre des finances, Yanis Varoufakis, a déclaré lundi que l’État grec n’avait plus que quinze jours de réserves financières. Selon Market News citant des sources européennes, les réserves de l’État ne s’élèveraient plus qu’à 90 millions d’euros.
Le gouvernement grec espère trouver un accord avec les ministres européens des finances d’ici à la fin du mois, ce qui lui permettrait de recevoir au moins en partie les 7,2 milliards d’euros d’aide promis. Tout retard pourrait acculer la Grèce à la banqueroute, alors qu’un nouveau remboursement de 302,5 millions d’euros au FMI est dû au 3 juin.
Un nouveau mot est apparu dans le monde financier pour résumer cette situation dangereuse qui peut échapper à tout le monde de façon imprévisible : après le Grexit (pour la sortie de la Grèce de la zone euro), il parle de Graccident.