Vendredi 15 Mai 2015 à 5:00
Instaurer un code de bonne gouvernance des entreprises publiques ? Voilà une riche idée avancée par Régis Turrini, directeur de l’Agence des participations de l’Etat (APE), l'organisme qui veille sur les intérêts de l'Etat français « actionnaire », en cette période où les dérapages se succèdent au sein des directions des sociétés et instituts que possède le pays. Dernier épisode en date, les frasques de Mathieu Gallet, à la direction de Radio France, pourtant blanchies par un aimable rapport de l’Inspection générale des finances.
Sauf que, comme le précise le « patron » de l’APE, ce code devrait s’inspirer de celui mis en place par... l’Afep et le Medef pour les entreprises privées. De quoi modérer sérieusement la portée de l’annonce. Derrière l'éthique, on voit poindre le toc. Ce code est en effet largement contourné par les intéressés. Pour preuve, la récente affaire de la retraite chapeau de l’ancien patron de Peugeot. Démis de ses fonctions avant le terme nécessaire à l’octroi de ses 300 000 euros annuel (5 années de présence dans l’entreprise au moment de la liquidation de ses droits), Philippe Varin et la nouvelle direction ont trouvé un subterfuge. Il s’est vu confier une mission de quelques mois, histoire de faire la soudure et remplir du coup les conditions.
Le patron des patrons lui-même a pris quelques libertés avec ce fameux code de la route. Selon Le Parisien, citant le rapport annuel de Radial, Pierre Gattaz y cumulerait, un contrat de travail avec son mandat de dirigeant, en total infraction avec le code Afep-Medef. Simple erreur de présentation, clame l’intéressé…
Non content de finir de faire de l’APE un simple Fonds commun de placement géré par ailleurs selon les techniques financières les plus sophistiquées du milieu (on l’a vu avec l’affaire des droits de vote double chez Renault), Régis Turrini poursuit cette banalisation de l'APE en dégainant un code inspiré du secteur privé, niant ainsi l’aspect particulier d'une société détenue tout ou partie par l'Etat. Il désamorce, du même coup, d’éventuels lois ou réglements, comme le décret sur le plafond de rémunération des patrons du public (450 000 euros), qui auraient été bien plus contraignants pour les dirigeants de ces entreprises qu’il s’agit de choyer. Régis Turrini chercherait-il à ne pas trop insulter l’avenir ? Enfin, surtout le sien... A l’instar de son prédécesseur, David Azéma devenu président pour l’Europe de Bank of America, il sait qu’il y a une vie dans le business après l’APE.
Source : http://www.marianne.net