En toute discrétion, des milliers de déchets nucléaires supplémentaires stockés à La Hague
Areva s’apprête à presque doubler le stock de ses déchets nucléaires sur le site de La Hague, dans le Cotentin. Cela accroît le risque d’accident déjà grand et dont les conséquences seraient immenses.
La Hague n’est plus une presqu’île. Le plateau granitique de Jobourg est comme coupé du monde après un demi-siècle de nucléaire. A Beaumont-Hague, le registre d’enquête publique pour une nouvelle extension des activités est resté quasiment vide. La clôture de l’enquête était pour le soir de lundi 18 mai.
L’affaire est pourtant importante. Elle concerne aussi l’avenir de l’Europe et de l’humanité. AREVA veut augmenter la capacité d’entreposage des déchets issus du retraitement des combustibles irradiés d’EDF et des clients étrangers.
La radioactivité globale de ces déchets de haute activité à vie longue en attente d’une destination sûre dépasse aujourd’hui 200 Ebq (Exa becquerel) soit 200 milliards de milliards de becquerels.
C’est la méga bombe à retardement du tri et du tripatouillage des combustibles des centrales nucléaires pratiqués depuis 1970 par l’ex COGEMA et AREVA avec l’aval des Présidents de la République et des gouvernements français.
La capacité actuelle d’entreposage s’élève à 16 848 conteneurs. Chacun d’entre eux contient 80 kg de produits de fission nucléaire pris en masse dans 150 l de verre. La capacité supplémentaire demandée par AREVA est de 12 636 conteneurs.
/http%3A%2F%2Fwww.reporterre.net%2Flocal%2Fcache-vignettes%2FL397xH386%2Fla_hague-plan_modif_inb_116_v_1-5a500.jpg)
- Implantation de l’INB 116 et du projet d’extension, sur la partie est du site
La chaleur résiduelle dégagée par les déchets est évacuée par les cheminées des bâtiments récepteurs. D’après l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire), la perte du système de refroidissement provoquerait en 48 heures une montée en température des bétons de structure et des verres radioactifs atteignant respectivement 90 et 650°C. L’étanchéité des matrices vitreuses piégeant les déchets radioactifs serait dans le cours de cette séquence accidentelle irréversiblement dégradée. La reprise et le reconditionnement des conteneurs pourraient dès lors s’avérer impossible.
AREVA prétend avoir les moyens de mettre en œuvre les mesures correctrices dans les délais nécessaires pour enrayer les conséquences catastrophiques de ce scénario. Rien n’est moins sûr.
Les halles existantes et à venir d’entreposage des déchets vitrifiés sont intégrées à l’INB 116 (Installation Nucléaire de Base) de l’usine de La Hague. L’INB 116 concentre les piscines de refroidissement des combustibles irradiés, les unités de séparation et de purification de l’uranium et du plutonium. Tous ces ateliers connectés sont soumis à des risques internes d’incendie, d’explosion et de dispersion massive de radioactivité artificielle qui peuvent obliger à une évacuation générale du complexe nucléaire et empêcher au moins pendant quelques jours toute intervention humaine.
L’étude de maîtrise des risques jointe au dossier d’enquête publique dans les mairies voisines de l’usine et à la sous-préfecture de Cherbourg (sauf quand elle fait « le pont » de l’Ascension) est totalement muette sur ce sujet épineux des accidents en cascades à l’intérieur des plateformes industrielles...
*Suite de l'article sur reporterre
Source : http://www.reporterre.net