La fronde, qui a pris la forme d’une pétition en ligne exhortant le géant veveysan à stopper immédiatement ses opérations de mise en bouteilles, est survenue suite à la parution d’un article dans la presse locale. D’après le quotidien californien The Desert Sun, le permis d’exploiter l’eau dans la forêt nationale du nord du comté de San Bernardino aurait expiré en 1988.
Sécheresse record
«Alors que la Californie est confrontée à une sécheresse record (ndlr: et des incendies qui menacent actuellement des habitations aux alentours de Los Angeles), il est inadmissible que Nestlé continue à embouteiller la précieuse eau de l’Etat, à l’exporter et à la vendre pour faire du profit», peut-on lire sur la pétition. En quelques jours, cette dernière est parvenue à récolter plus de 150 000 signatures.
Si Nestlé Waters ne fournit pas de réponse claire à cette problématique de licence en règle ou non – ni ce qui pourrait advenir en cas de non-attribution d’un nouveau permis d’exploitation pour ses neuf usines et ses 7000 employés californiens – il assure «intensifier ses efforts pour utiliser l’eau aussi efficacement que possible».
La multinationale rappelle également que sur les quelque 50 milliards de mètres cubes (13 000 milliards de gallons) d’eau consommés annuellement en Californie, ses propres opérations en consomment moins de 4 millions, soit un seul milliard de gallons.
Des populations en colère
Ce n’est pas la première fois que Nestlé Waters fait face à une fronde de la population contre ses opérations aux Etats-Unis (ou dans d’autres régions du monde). La filiale du géant veveysan est effectivement perçue d’un œil noir par certaines populations locales. Toujours en Californie, il y a environ un mois, Nestlé Waters s’est par exemple vu contraint de fermer son usine d’embouteillage suite à une manifestation.
Dans le film documentaire d’Urs Schnell Bottled Life, diffusé en 2012, Maude Barlow, conseillère en chef des Nations Unies pour les questions d’eau en 2008-2009, s’insurgeait: «Nestlé est un chasseur d’eau, un rapace. Il n'est pas intéressé à une utilisation durable de la nappe phréatique, des rivières ou des sources. Tout ce qu’il veut, c’est faire de l’argent. Il débarque dans une région et considère l’eau comme une entreprise minière.»
A noter que cette mauvaise réputation, ses principaux concurrents que sont PepsiCo, Coca-Cola, Danone, Suez et consorts la traînent tout autant.
Exploitation plus judicieuse
A l’occasion de la sortie du film, Jorge Viñuales, professeur de droit international de l’environnement à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève (Iheid), rappelait dans nos pages que le problème pour l’eau n’était pas de la considérer comme une valeur marchande, mais plutôt de l’estimer à sa juste valeur.
«L’eau devrait clairement être vendue plus cher, assurait ce dernier. Et il faudrait que les grandes compagnies d’eau aient un regard à plus long terme pour exploiter les réserves de manière plus stable et satisfaisante pour tous.»
(TDG)
(Créé: 20.04.2015, 21h24)
Source : http://www.tdg.ch