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17 avril 2015 5 17 /04 /avril /2015 21:04

 

Source :http://www.mediapart.fr

 

 

Les eurodéputés gonflent l'enveloppe budgétaire pour leur personnel

|  Par Ludovic Lamant

 

 

Conservateurs et sociaux-démocrates se sont entendus jeudi pour augmenter de 7 % l'enveloppe budgétaire qui rémunère leurs assistants en 2016. La décision en agace plus d'un à Bruxelles, en période de rigueur budgétaire et alors que le FN est soupçonné de piocher dans cette enveloppe pour se financer.

 

De notre envoyé spécial à Bruxelles.- Les eurodéputés s'apprêtent à augmenter de 18 000 euros par an l'enveloppe à disposition de chaque élu pour la rémunération de ses assistants. Cela représente une hausse, pour ce poste budgétaire, d'environ 13 millions d'euros pour 2016. Cette augmentation de 7 %, réclamée à l'origine par le PPE (droite, premier groupe du parlement, dont l'UMP), est désormais aussi soutenue par les sociaux-démocrates du S&D (dont le PS). À eux deux, ces groupes sont majoritaires dans l'hémicycle.

 

Les débats sur le budget 2016 ne font que commencer au parlement européen, et vont se poursuivre jusqu'à l'automne. Mais un « vote indicatif », qui s'est tenu en commission budget jeudi à Bruxelles, a annoncé la couleur : il montre un soutien sans faille aux grandes orientations négociées ces dernières semaines – dont le principe d'une hausse de l'enveloppe budgétaire pour les assistants (24 voix pour, sept contre, deux abstentions). Une nouvelle série de votes sur le sujet aura lieu à la fin du mois.


Rapportée à l'ensemble du budget de fonctionnement du parlement (1,823 milliard prévu pour 2016), cette hausse n'est qu'une goutte d'eau. Mais cette décision pourrait faire du bruit, alors que la rigueur budgétaire reste de mise dans de nombreux États membres. Elle provoque déjà le courroux de nombreux élus joints par Mediapart. « Je suis franchement contre », juge Marielle De Sarnez, élue UDI-MoDem au parlement. « Il n'y en a pas besoin sur le fond, et ce n'est pas le moment, pour les institutions publiques en général, d'augmenter leurs dépenses de fonctionnement. »


Pour Younous Omarjee, un eurodéputé français apparenté Front de gauche, « les institutions européennes appellent les États à faire des efforts de discipline budgétaire et obligent les peuples européens à toujours plus de sacrifices. Ces gens-là doivent donc avoir un sens de la vertu budgétaire sans doute plus grand que d'autres. Je m'étonne que ce sens leur échappe totalement, pour les lignes budgétaires de 2016, qui sont en augmentation globale et en augmentation significative sur des postes budgétaires inappropriés. » Le budget du parlement pour 2016 est annoncé en hausse de 1,6 % – une progression légèrement supérieure aux projections d'inflation sur l'année.



De son côté, Karima Delli assure que « les écologistes ne voteront pas cette augmentation, en temps de crise, comme nous l'avions déjà refusée en 2011 ». « Je trouve que ce n'est pas responsable du tout », renchérit Jean Arthuis, eurodéputé UDI-MoDem qui, lui, préside la commission budget. Mais il se dit contraint de valider l'augmentation, vu les rapports de force politique et le poids de la majorité PPE-S&D : « Il y a un accord entre les principales formations, qui à elles deux sont majoritaires. » Même discours chez le libéral belge Gérard Deprez, le rapporteur du texte : « À titre personnel, je n'en vois pas l'utilité, mais je me dois, en tant que rapporteur, de créer les conditions d'une majorité sur mon texte. » D'après Deprez, beaucoup de choses pourraient être modifiées dans les mois à venir, mais le principe d'une hausse de 1 500 euros par mois pour les assistants, lui, ne bougera plus – à moins d'une « tornade parlementaire ».

 

 

L'Allemand Manfred Weber, à la tête du PPE, l'un des chauds partisans de la hausse, le 15 mars à Strasbourg.L'Allemand Manfred Weber, à la tête du PPE, l'un des chauds partisans de la hausse, le 15 mars à Strasbourg. © Flickr - parlement européen.
 
 

Cette décision s'annonce d'autant plus sensible que cette enveloppe budgétaire reversée aux assistants est au cœur de l'affaire qui secoue le Front national à Bruxelles et Strasbourg. Chaque député dispose d'une enveloppe de 21 370 euros par mois, dans laquelle il puise à sa guise pour rémunérer deux types d'assistants : des « accrédités » qui travaillent les dossiers à Bruxelles et Strasbourg, avec un statut européen, et des « locaux », qui travaillent dans la circonscription de l'élu, à distance, avec des contrats de travail de droit conforme à l’État membre. Chaque élu utilise l'enveloppe à sa guise – avec un plafond fixé à trois accrédités par élu, pour des raisons de place dans les locaux. On recense 2196 « locaux » et 1703 « accrédités » pour 751 élus, selon les calculs de Gérard Déprez.


En mars, le président du parlement européen, Martin Schulz, avait saisi l'office européen anti-fraude, l'Olaf, et prévenu la ministre de la justice française d'« une possible utilisation frauduleuse de fonds européens » par le FN, et de soupçons d'emplois fictifs. Au cœur de l’affaire : les salaires versés à une vingtaine d’assistants d’eurodéputés FN, qui pourraient être des emplois fictifs. Depuis, une enquête a été ouverte à Paris. Le FN est soupçonné de piocher dans cette enveloppe pour financer son parti en France. Certains des assistants, notamment « locaux », pourraient travailler à temps plein pour le parti, tout en étant payés… par le parlement.

Le budget meubles en hausse de quatre millions d'euros

Les eurodéputés s'apprêtent, malgré ces soupçons, à augmenter un peu plus le volume de cette enveloppe budgétaire, à partir de janvier prochain. L'eurodéputé allemand Manfred Weber, à la tête du groupe PPE, milite depuis des semaines pour une hausse – à l'origine de 3 000 euros mensuels – pour pouvoir embaucher « du personnel compétent ». Les « indemnités de secrétariat », comme on les appelle dans le jargon strasbourgeois, ont déjà été augmentées en 2010 puis en 2011. L'objectif, à l'époque, était de renforcer les ressources des eurodéputés qui se sont vu confier davantage de responsabilités à travers le traité de Lisbonne.

Plusieurs personnalités allemandes de premier plan sont à la manœuvre dans ce dossier. Outre Weber, Rainer Wieland, un vice-président membre du PPE (CDU) ou encore Klaus Welle, le tout-puissant secrétaire général de l'institution (proche de la droite allemande) sont très offensifs, en lien avec des élus sociaux-démocrates du SPD. « J'ai vu dans les négociations se former une coalition allemande du PPE et du S&D sur des objectifs très précis. C'est un exemple typique de leur influence sur la vie du parlement, et l'orientation des décisions de notre assemblée européenne », confirme Younous Omarjee (élu apparenté Front de gauche). Si certains élus allemands, très présents du lundi au vendredi à Bruxelles, manquent peut-être de personnel, ce n'est pas forcément le cas de l'ensemble des 751 élus de l'institution.

Côté socialistes, le ton est plus mesuré. Les sociaux-démocrates, disent-ils, n'étaient pas très enthousiastes sur le principe d'une augmentation, mais s'y sont convertis. « Il n'y a pas d'accord PPE-S&D pour le moment. Il y a simplement la volonté de trouver une majorité sur le budget », assure Isabelle Thomas, une eurodéputée socialiste française, en commission budget. L'élue défend le principe d'une hausse, y compris, assure-t-elle, pour pouvoir augmenter les rémunérations de ses assistants et faire qu'ils n'aillent pas voir ailleurs au cours de son mandat. Mais elle précise : « Cela fait partie d'un paquet plus général. Nous voulons obtenir des contreparties à ces augmentations. »

Des contreparties ? Voici l'idée : libéraux et socialistes demandent au bureau du parlement européen de réformer le règlement sur les assistants, pour mieux encadrer l'activité des assistants « locaux ». Une manière, assurent-ils, de renforcer la transparence, d'éviter les abus et de répondre à l'affaire des assistants FN. « On pourrait par exemple décider qu'une partie de l'enveloppe budgétaire devra forcément être utilisée pour des assistants accrédités », propose le libéral belge Gérard Deprez.

Cela permettrait peut-être de mettre fin à des situations comme celle du frontiste Bruno Gollnisch, qui n'embauche aucun assistant à Bruxelles, mais trois assistants en circonscription… De manière générale, certains élus des pays d'Europe de l'Est multiplient les contrats d'assistants bon marché dans leur circonscription, et se retrouvent parfois avec une équipe d'une dizaine d'assistants locaux dont le travail est très difficile à mesurer depuis Bruxelles. « Nous voulons aussi budgéter des embauches pour contrôler les assistants locaux, à partir de l'an prochain », poursuit Isabelle Thomas. 

Tant que le bureau n'aura pas proposé une réforme du règlement, ces députés assurent qu'ils ne valideront pas la hausse. De quoi faire avaler la pilule à certains citoyens qui semblent de plus en plus fatigués par l'Europe ? Pas sûr. D'autant que les prévisions du budget 2016 contiennent d'autres points qui s'annoncent difficiles à justifier devant l'opinion publique. D'après nos informations, le budget de renouvellement des meubles des députés va passer de trois millions d'euros (2015) à sept millions (2016), selon la première mouture du texte. « C'est une demande du secrétaire général du parlement, qui n'a pas suscité beaucoup d'enthousiasme chez les députés », assure l'élu belge Gérard Deprez. « Les mêmes qui demandent à Alexis Tsipras, le premier ministre grec, de sabrer dans son programme de réforme les aides pour les plus pauvres, estiment très douloureux et impossible de ne pas augmenter massivement l'enveloppe pour l'achat de meubles pour les bureaux des députés européens », s'insurge Younous Omarjee.

« Nous sommes un parlement qui n'a pas de gouvernement en face de lui. C'est donc un gouvernement par les règles et les procédures, c'est le règne de la technocratie et de la complexité », se lamente Jean Arthuis, qui « découvre » les rouages de la machine bruxelloise depuis son élection à Strasbourg en mai 2014. Conformément à un « gentleman's agreement » entre les différentes institutions de l'UE, le parlement fixe lui-même les grandes lignes de son budget, chaque année. Le budget de fonctionnement du parlement représente environ 20 % du budget administratif de l'UE. 

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