ATHENES, 2 avril (Reuters) - Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé jeudi la suppression du forfait hospitalier de 5 euros et l'embauche de 4.500 employés dans le secteur de la santé.
Cette mesure s'inscrit dans le cadre des efforts entrepris par son gouvernement pour lutter contre ce qu'il qualifie de crise humanitaire en Grèce provoquée par les politiques d'austérité mises en oeuvre en échange de l'aide financière internationale.
Son annonce intervient toutefois en pleine période de négociations ardues entre Athènes et ses créanciers (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), lesquels exigent des engagements clairs en faveur de la rigueur budgétaire pour poursuivre le versement de leur aide.
La suppression du forfait hospitalier ne devrait amputer les comptes publics que de moins de 20 millions d'euros tandis que les embauches ne devraient pas empêcher la Grèce de réduire comme promis les effectifs des fonctionnaires.
"Nous voulons faire passer le secteur de la santé du statut de victime des plans d'aide, de victime de l'austérité à celui de droit fondamental pour chaque habitant de ce pays et nous nous engageons à y parvenir à n'importe quel prix", a dit Alexis Tsipras, en dénonçant les "conditions barbares" dans les hôpitaux publics et la corruption dans le secteur.
Son gouvernement entend aussi uniformiser les systèmes de données afin de renforcer la transparence et d'effectuer des économies.
Dans son programme de réformes adressé mercredi à ses créanciers, la Grèce prévoit une refonte globale de son système de santé afin de garantir un droit universel à une qualité de soins. Elle évoque un impact budgétaire compris en 2,1 et 2,7 milliards d'euros, sans préciser s'il s'agit de dépenses ou de recettes liées par exemple à la lutte contre la corruption.
La Grèce consacre environ 11 milliards d'euros par an à son système public de santé, soit environ 5% de son produit intérieur brut (PIB), ce qui, selon Alexis Tsipras, est l'un des taux les plus faibles au sein de l'UE. En 2012, selon Eurostat, les dépenses publiques de santé de la Grèce représentaient 6,2% de son PIB, soit le taux le plus faible au sein de l'UE.
Plusieurs années de coupes drastiques dans les dépenses de santé ont détérioré la qualité des soins dans les hôpitaux publics grecs, fréquemment en proie à des pénuries de matériel et à des réductions de personnel.
Environ 2,5 millions de Grecs, sur une population d'un peu plus de 11 millions, ne disposent pas d'assurance santé, selon Alexis Tsipras.
"Tous les citoyens, après cette crise terrible, devraient avoir accès aux soins qu'ils soient assurés ou non", a dit le Premier ministre. "Nous n'accepterons pas l'exploitation de la douleur humaine." (Bertrand Boucey pour le service français)
Source : http://bourse.lesechos.fr