VU SUR LE WEB
A l'aide de l'application AppOps, des chercheurs ont établi que la géolocalisation d'un utilisateur pouvait être partagée jusqu'à 5398 fois en quinze jours.
La plupart des utilisateurs de smartphone sont conscients que certaines de leurs informations personnelles sont partagées avec des tierces parties. Mais peu d’entre eux connaissent la fréquence de ces partages. C’est ce constat qui a poussé une équipe de chercheurs de l’université américaine de Carnegie Mellon à étudier le phénomène.
our cela, ils se sont servis d’AppOps, une application Android, capable de détecter à chaque fois qu’une application a accès à vos données personnelles comme votre géolocalisation, vos contacts, votre liste d’appels… L’équipe américaine à donc installé cette application sur les smartphones de 23 personnes et leurs ont demandées de les utiliser comme si de rien n’était pendant une semaine.
Ce suivi a permis aux scientifiques de démontrer aux participants que leurs données personnelles étaient partagées jusqu’à 385 fois par jour, soit presque une fois toutes les trois minutes. Ce test a aussi permis de constater que les applications prenaient de grandes libertés. A l’image de l’application Groupon qui n’a pas forcément besoin d’accéder à la géolocalisation de l’utilisateur et qui l’a pourtant partagée plus de mille fois. «Ça m’a donné l’impression d’être littéralement traqué par mon téléphone. C’est réellement effrayant, ces chiffres sont bien trop élevés», confie une participante.
«Le saviez-vous ? Votre géolocalisation a été partagée 5398 fois par Facebook Groupon Go Launcher et 7 autres applications durant les 14 derniers jours.» (Photo AppOps Carnegie Mellon)
Plus impressionnant que les chiffres eux-mêmes, le manque d’information. «La grande majorité des gens n’ont aucune idée de ce qui se passe, explique Norman Sadeh, professeur à l’Institute for Software Research. La plupart des utilisateurs de smartphone n’ont en fait aucun moyen pour obtenir ces informations sur le comportement de leurs applications.» En revanche, une fois alertés, l’étude démontre que les utilisateurs de smartphones font tout pour limiter ces fuites d’informations. D’où l’utilité d’une telle application.
«Les gestionnaires de permissions pour les applications sont mieux que rien, poursuit Norman Sadeh, mais ils ne sont pas suffisants.» Lors de la deuxième phase de l’étude les sujets étaient prévenus quotidiennement du partage de leurs données ce qui les a poussés à être plus vigilants et leur permettant de bloquer 272 nouvelles demandes de partage sur 76 différentes applications. «Les alertes de confidentialité peuvent jouer un rôle important dans la sensibilisation du public, et même motiver les personnes à ajuster leurs paramètres de confidentialité», estime l’universitaire. Cependant, vu le nombre croissant d’application et leurs complexifications, «même l’utilisateur le plus précautionneux risque d’être submergé par les choix de contrôle des paramètres de confidentialité».
Pour Norman Sadeh, la solution tient peut-être dans la mise en place d'«assistants personnalisés» sous la forme d’un logiciel intelligent qui apprendrait au fur et à mesure de son utilisation, mettant ainsi en place des configurations semi-automatiques. Les études de l’universitaire sur le sujet démontrent qu’il est possible, dans 90% des cas, de prédire les réponses qu’un utilisateur donnera lors d’un questionnaire de vie privée.
La solution serait donc de laisser la garde de sa vie privée à une application chargée de surveiller les autres applications. Une perspective qui laisse songeur.
Source : http://ecrans.liberation.fr
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