« Suite à un appel à la grève de plusieurs organisations syndicales, nous ne sommes pas en mesure de diffuser l'intégralité de nos programmes », annonce le poste des habitués du service public radiophonique. Depuis le 19 mars, cinq syndicats de Radio France ont lancé une grève illimitée qui continue. Les sociétés de producteurs de France Culture, France Inter et France Musique s'expliquent dans cette lettre ouverte.
Nous sommes les voix qui, chaque jour, s’adressent à vos oreilles. A travers nos émissions, nos interviews, chroniques, reportages, documentaires, nous tentons au mieux de faire vivre les missions de la radio publique : « informer, éduquer, divertir ».
Nous, équipes de production des émissions de Radio France (animateurs, reporters, collaborateurs, chroniqueurs…) partageons les inquiétudes de l’ensemble des personnels de Radio France mobilisés depuis le 19 mars.
Ce mouvement de grève a pour objet de défendre les radios de service public, et non des intérêts particuliers ou corporatistes. L’engagement budgétaire non tenu par l’Etat entraine aujourd’hui un déficit grave qui menace l’existence de la radio telle que vous l’aimez et que vous la financez à travers la redevance audiovisuelle.
Nous sommes consternés de voir les travaux de rénovation de la Maison de la Radio si mal encadrés et si mal gérés, occasionnant le surcoût exorbitant que vous connaissez. Vos impôts, vos programmes et vos oreilles, doivent-ils payer pour cette incompétence?
Le service public n’a ni la vocation, ni la possibilité d’être rentable. Or, cela semble être aujourd’hui la logique insidieuse de la Présidence de Radio France et au-delà, celle de sa tutelle, le Ministère de la culture.
Conscients du contexte de crise économique et des efforts nécessaires, nous soulignons que de lourds sacrifices ont déjà été réalisés (en témoigne la baisse de 87,5 millions d’euros du budget entre 2010 et 2014). Une idée fausse voudrait que Radio France soit un lieu de gabegie, de privilèges et d’intérêts corporatistes. Savez vous pourtant que la majorité des voix que vous entendez quotidiennement travaille dans le cadre de contrats saisonniers et précaires ?
Comment continuer à produire de la radio de qualité quand les moyens matériels (studios, salles de montage, camions-régie…) sont constamment rognés ? Comment faire entendre les réalités d’un pays quand la plupart des émissions ne peuvent plus, faute de budget, envoyer de reporters au-delà du périphérique parisien?
Comment conserver notre indépendance – celle à laquelle vous avez droit – quand se multiplient sur les antennes des partenariats ou des publicités plus ou moins déguisées ? Si l’on suit la logique actuelle, la radio de demain ce sera : moins de reportages, moins de documentaires, moins de débats vraiment critiques, moins de concerts… Bref, une radio standardisée, calquée sur l’actualité ou sur les goûts majoritaires, une radio au rabais.
Nous aimons passionnément nos métiers et, au nom de la confiance que vous nous témoignez, nous nous efforçons de travailler avec le plus de sérieux et d’esprit de responsabilité. Toutefois, dans ce climat de travail en constante détérioration, nous estimons de notre devoir de vous informer des risques qui pèsent sur la radio publique française.
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Source : http://la-bas.org/la-bas-magazine/long-courrier/radio-france-en-lutte
Radio France en grève illimitée
Le
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Mais ce n’est pas fini. Libération révèle (le 20 mars) que lors de son arrivée Monsieur Mathieu Gallet a imposé de faire embaucher celui qui était son chauffeur lorsqu’il était président de l’INA, alors que trois chauffeurs sont déjà en permanence à la disposition du Président de Radio France. De plus, il a demandé que soient refaits les fauteuils en cuir de sa voiture officielle dont la couleur beige n’était pas de son goût. Le coût étant jugé trop élevé, une nouvelle voiture de luxe lui a été fournie. Pour lui tout cela n’est que calomnie. Le gouvernement cependant réagit, une enquête est ouverte par l’Inspection générale des finances (IGF) sur les dépenses de la direction de Radio France. La mission doit rendre ses conclusions dans une quinzaine de jours. Selon Philippe Ballet (UNSA), « il y a désormais un problème de légitimité du président. »
Au terme de l’AG, la grève est reconduite. L’Intersyndicale publie le communiqué suivant :
Pendant une heure et demie, les salarié-es grévistes de Radio France réuni-es en Assemblée Générale ont posé des questions très précises à leur PDG Mathieu Gallet : sur l’emploi, les comptes de la maison, l’opportunité des travaux de son bureau en période de restrictions budgétaires, le contenu de la radio de demain.
Les salarié-es ont eu des éléments de langage, mais aucun élément de réponse !
Ils ont pu mesurer le fossé qui les sépare :
d’un côté un discours désincarné, technocratique, d’un président qui se réfugie en permanence derrière sa tutelle.
de l’autre, des salarié-es viscéralement attaché-es à leurs métiers, à leurs missions de service public, qui refusent d’être sacrifié-es pour payer des travaux monumentaux, satisfaire les envies de décoration intérieure du PDG et financer la reconversion de la Maison de la radio en galerie marchande.
Résultat de ce face-à-face : une crise de confiance vis-à-vis du PDG, et surtout vis-à-vis de ses choix stratégiques pour l’avenir.
Le 20 mars 2015
Les Tambours de la Maison Ronde par Là-bas si j'y suis