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19 mars 2015 4 19 /03 /mars /2015 16:09

 

Source : http://www.marianne.ne

 

La politique de la BCE contestée par ses propres salariés !

Jeudi 19 Mars 2015 à 5:00

Propos recueillis par

Alexandre Coste

 

Journaliste à Marianne chargé de l'animation de la communauté des Mariannautes

 

 

Mardi, l'inauguration des nouveaux locaux de la Banque centrale européenne a été perturbée par de nombreux manifestants venus exprimer leur désaccord vis-à-vis de la politique économique menée par l'institution. Une semaine plus tôt, les membres du syndicat IPSO, qui représente 40% du personnel de la BCE, avaient déjà déployé une banderole hostile à l'établissement. Marianne a interrogé Emmanuel Larue, statisticien à la BCE, président du syndicat IPSO et membre du comité du personnel, qui estime que le déficit démocratique de la banque centrale se retrouve autant dans sa politique extérieure que dans celle qu'elle mène en interne.

 

Michael Probst/AP/SIPA

 

Marianne : Mardi, des manifestations ont perturbé l'inauguration des nouveaux locaux de la BCE, une action avait déjà été menée en interne la semaine dernière par les personnels de la BCE. Quels problèmes vouliez-vous soulever ?
Emmanuel Larue
: Nous avons fabriqué une banderole sur laquelle nous avons inscrit « More democracy and balance of power for Europe and ECB » (« Plus de démocratie et d’équilibre des pouvoirs pour l’Europe et la BCE »). Nous l’avons suspendue dans le hall d’entrée et l’avons montré à quelques sympathisants. Pour ma part, j’ai fait un petit discours. Ensuite, nous avons donné la banderole aux collègues de la confédération allemande des syndicats, et eux l’ont affiché sur la façade de leur immeuble. Les problèmes que nous voulions soulever, en creux, c’est que ces problèmes, que l’on met sous l’étiquette de « déficit démocratique », ce sont les deux côtés d’une même médaille : c’est à dire qu’on les retrouve à l’intérieur de la banque et, selon nous, on les retrouve également à l’extérieur. Quand la BCE sort un peu de son mandat, qui est la politique monétaire, avoir une inflation basse et pas une inflation modérée, et quand on voit que la BCE intervient en matière sociale de droit du travail en Grèce, en Espagne, en disant « On veut bien vous prêter de l’argent mais voilà, il faut démanteler le droit du travail », « Il faut baisser les salaires », et bien c’est une attitude que l’on retrouve également en interne. La BCE est assez autoritaire, ne négocie pas et n’a pas une fibre sociale évidente.

 

 

Que représentent les syndicats à l'intérieur de la BCE ?
Notre syndicat s’appelle IPSO, pour International and European Public Service Organisation. Il a fallu se battre pour le créer, la BCE ne voulait pas de syndicat dans la maison. Un jour, nous sommes devenus tellement gros qu’ils ont été obligés d’accepter. Et c’est grâce à M. Trichet, d’une certaine façon, puisqu’à l’époque il nous avait fait une réforme des pensions de retraite, ce qui a poussé les gens, en grand nombre, à nous rejoindre. Il fut difficile après ça d’ignorer le syndicat. Cependant, ce dernier n’a pas de pouvoir de négociation, en tout cas pas officiellement… Nous avons un droit de consultation uniquement. C’est le seul syndicat qui existe à la BCE. Les relations entre les employés et la banque sont placés sous le statut de la BCE., notamment son article 36.1 : « Les gouverneurs des banques centrales font les règles d’emploi ». Nous comptons à peu près 600 membres, ce qui représente à peu près 40% du personnel permanent. C’est beaucoup pour une banque centrale. Les syndicats français, par exemple, sont rarement à 10%. C’est un syndicat qui est à l’origine une petite graine plantée par la confédération syndicale allemande Ver.di (syndicat des services). Maintenant nous sommes autonomes, indépendants. Nous gardons encore un lien affectif mais il n’y a pas de lien politique ou financier. IPSO est un syndicat qui a toute les particularités du syndicat unique, c’est à dire que nous n’avons pas de couleur politique officielle. Il y a des gens qui sont religieux, non religieux… Et puis ce n’est pas un syndicat catégoriel, il y a des gens de tous niveaux de la hiérarchie, jusqu’aux directeurs.

Qu'en est il du droit du travail au sein de la BCE ?
Nous n'avons pas de séparation entre le trias politicas, les trois pouvoirs. C’est tout dans une main. Il faut bien comprendre que même si nous sommes basés en Allemagne, nous n’avons rien à voir avec l’Allemagne. Les salaires, c’est la BCE qui décide. Les promotions, c’est la BCE qui décide. La sécurité sociale, c’est la BCE. Les pensions de retraite, c’est la BCE. Les pensions d’invalidité, d’accident, encore la BCE. En fait pour nous la BCE c’est à la fois l’employeur, le législateur, l’Etat, la sécurité sociale. ET la BCE, contrairement aux autres institutions européennes, n’a pas mis en place des « checks and balances », des éléments internes d’équilibre, puisque la banque voulait toujours avoir les coudées franches.

Du coup, quand vous parlez de la BCE, je suppose que vous faites référence à un nombre limité de personnes…
Clairement. La BCE, c’est les 6 membres du conseil directoire plus les 19 gouverneurs des banques centrales qui ont l’euro pour monnaie. Les autres comme moi, les 3000 ou 4000 employés, nous ne sommes pas la BCE, nous sommes le personnel de la BCE.

Il y a une certaine corrélation entre vos demandes et celles des manifestants, même si ces dernières ne sont pas exprimées de la même manière…
Nous, on fait un peu partie du système, on se sent loyaux vis-à-vis de l’institution. Ceci dit, même si on ne les rejoints pas sur les moyens, on ne pense pas que ce soit une bonne idée de brûler des voitures, il y a de la sympathie et de la compréhension envers ces manifestants. Nous voyons bien ce qu’ils veulent dire.

Vous communiquez avec les organisations qui fédèrent ces manifestants ?
Non. Il y a certaines choses avec lesquelles nous ne voulons pas êtres associés. Notre syndicat est élu, il a un fonctionnement démocratique et nous représentons l’ensemble de nos membres, avec toutes les nuances qui sont exprimées. Certains membres plutôt conservateurs comprendraient mal qu’on s’associe publiquement à des actions violentes. Mais nous écoutons ces organisations, nous les entendons. La semaine dernière par exemple, je suis allé à un débat où se trouvait également un membre de Blockupy. Nous pouvons discuter, échanger.

Les manifestants critiquaient le coût faramineux du nouveau siège de la BCE, estimé à 1,3 milliards d'euros. Quel est votre avis personnel sur ce bâtiment ?
J’en pense qu’il est trop petit ! J’en pense que nous avons été victimes de l’avarice sordide et du manque d’anticipation politique des gouverneurs des banques centrales. Ceci étant dit, je suis tout de même admiratif, car il est vrai que le bâtiment est architecturalement assez impressionnant. On a un peu l’impression d’entrer dans une petite ville quand on pénètre à l’intérieur. Maintenant, une chose que j’entends régulièrement de mes collègues, c’est que tout ça est bel et bon, grandiloquent on va dire, mais que si on avait eu des bureaux un peu plus grands, on s’en serait mieux porté. Une chose est sûre c’est qu’on a tapé un peu à côté de la plaque, parce que l’un des objectifs du déménagement était de rassembler tous le monde sur le même site, et là, ce n’est pas le cas…

Où se trouvent les autres effectifs, ceux qui ne sont pas sur le nouveau site ?
Tous les collègues de la supervision bancaire sont dans le centre-ville de Francfort, à l’intérieur de ce que l’on appelle « La Tour Japonaise » (Japan center) et puis, à la fin de l’année, ils seront transférés à l’ancienne Eurotower, l’ancien siège de la BCE, actuellement en cours de rénovation. Les statisticiens sont également dans une autre tour, en ville. C‘est compliqué…

Pourquoi avoir choisi de changer de site pour aller dans un site plus éloigné du centre-ville ?
Le premier objectif était de devenir propriétaire. Et dans le centre de Francfort, dans le quartier des banques, il n’y avait pas de terrain assez grand à vendre, alors que celui-ci fait 12 hectares. C’était à charge de reprendre le monument, l’ancien marché de gros (Grossmarkthalle).

Et de le conserver ?
Oui, c’est un monument classé. On en pense ce qu’on en veut, certains disent que c’est laid comme les sept péchés, mais la ville y tient comme à la prunelle de ses yeux et donc ils ont dit « On vous vend le terrain (60 millions d’euros, acheté en 2001 avec les fonds propres de la BCE) mais il faut conserver le monument. »
Donc voilà, la première raison c’était la disponibilité, ce terrain avait le mérite d’exister. Est-ce qu’il y avait un élément un peu symbolique dans le fait que la BCE se mette à distance des banques commerciales ? Je ne sais pas. Il y avait aussi des raisons de sécurité, c’est à dire que l’ancienne tour était auparavant une tour de bureau normale, de banque, et il n’y avait pas tous les éléments de sécurité passive qui existent maintenant. Celle-ci a été construite en tenant compte du fait qu’il s’agisse d’une banque centrale. Mais bon, à la base, c’est une décision économique. Vous savez toutes les banques centrales d’Europe sont propriétaires de leur immeuble, et ceci depuis des années, voire des siècles. C’est un peu comme pour un ménage, quand on se dit « est-ce que j’achète mon appartement ou pas ? ». Et si on a les moyens de le faire, souvent, ce n’est pas une mauvaise opération.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

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