Ces milliards qu’on économise sur le dos des pauvres
l'émission du vendredi 13 mars 2015
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On estime qu'un million et demi de Français ne bénéficient d’aucune couverture médicale car les démarches sont trop compliquées. Les pouvoirs publics rechignent à simplifier les formalités car cela permet à l’État d'économiser 5 milliards d'euros.
Zara Azoum est aide à domicile. Elle habite avec ses cinq enfants dans la cité des Francs-Moisins en Seine-Saint-Denis et elle est restée plusieurs mois sans se soigner parce qu’un dossier de CMU était hors de portée pour elle.
Un dossier de CMU, c’est 16 pages à remplir avec une centaine de cases à cocher. Mais simplifier les démarches et permettre aux plus démunis de bénéficier de l’ensemble de leur droits coûterait 5 milliards d’euros, explique l’ex-syndicaliste François Chérèque.
Résultat, rien n'est fait pour changer les choses. Sénatrice écologiste de Seine-Saint-Denis, Aline Archimbaud a tenté de faire voter un amendement pour rendre automatique l’accès à la CMU pour tout bénéficiaire du RSA. Mais on lui a clairement fait comprendre que cela coûterait trop cher.
Pas question pour les pouvoirs publics de dépenser 5 milliards d'euros que l’Etat n’a pas. Toutefois,Thierry Mandon, le ministre chargé de la simplification administrative a commencé à plancher sur la question spécifique de rendre l’inscription à la CMU automatique pour les bénéficiaires du RSA.
De source officieuse, on évalue le coût de la mesure entre 100 et 200 millions d’euros. Mais in fine, c’est Manuel Valls qui décidera. Alors est-il légitime de parler de coût lorsqu'il est simplement question de permettre aux plus démunis de bénéficier de leurs droits ?
La question se pose car il est possible d' inverser le raisonnement : certes permettre aux gens d’avoir accès à une couverture sociale, coûte de l’argent, mais, dans un second temps, cela permettrait d’en économiser car plus on tarde à se soigner, plus les pathologies s’aggravent. Enrique Casalino est chef du service des urgences de l’hôpital Bichat à Paris. Il soigne des patients victimes du cancer qui auraient dû être pris en charge bien plus tôt.
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