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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 14:03

LEMONDE.FR | 31.08.11 | 11h54   •  Mis à jour le 31.08.11 | 13h04

 
 

Kiki : Pourquoi la juge Prévost-Desprez n'a-t-elle pas enquêté sur cette information ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Dans le livre que nous publions, la juge relate avoir recueilli hors procès-verbal des confidences de témoins dans l'affaire Bettencourt sur d'éventuels versements d'argent liquide à Nicolas Sarkozy. Elle n'a pas enquêté plus avant sur ces faits pour deux raisons principales : la première tient au fait que les témoins ne voulaient pas s'exprimer sur procès-verbal par peur de mesures de rétorsion. La seconde est que la magistrate n'était pas saisie d'un éventuel cas de financement politique, puisqu'elle n'enquêtait que sur un abus de faiblesse.

Simone : Comment expliquez-vous le comportement de Mme Prévost-Desprez, magistrate faut-il le rappeler, qui vous communique une telle information recueillie par sa greffière entre deux portes ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Madame Prévost-Desprez a manifestement été écœurée par les manœuvres du pouvoir via le procureur de Nanterre pour l'empêcher d'enquêter. C'est ce qui explique qu'elle ait aujourd'hui envie de vider son sac.

Noël : La magistrate ne devait-elle pas dénoncer ces faits au parquet ? N'est-ce pas une obligation déontologique ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Encore une fois, à partir du moment où ces confidences ont été recueillies hors procès-verbal, elles ne pouvaient pas être utilisées judiciairement. Par ailleurs, la juge entretient des relations tellement exécrables avec le Parquet, qu'elle soupçonne de protéger le pouvoir, que toute communication entre les deux parties était absolument impossible.

Tarentule : Relater les paroles d'une juge dessaisie qui évoque des déclarations hors-procès verbal, n'est-ce pas un peu "limite" pour des journalistes d'investigation que vous êtes ? N'êtes-vous pas en train de vous exposer à une plainte en diffamation ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Il nous a semblé que recueillir les déclarations d'une magistrate connue et respectée était au contraire une démarche journalistique incontestable. D'autre part, ces déclarations viennent conforter d'autres éléments déjà apparus publiquement. Par ailleurs, quand bien même les déclarations des témoins parlant de remise d'espèces auraient été consignées sur un procès-verbal, elles n'en constitueraient pas plus une preuve irréfutable.

Raphaël : Pourquoi avoir choisi de faire un livre, plutôt que de publier une série d'articles dans Le Monde ?

Ju : Pourquoi n'avoir pas publié cette information dans votre journal ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Les personnes que nous avons interrogées, et qui toutes décrivent un système visant à affaiblir ou attaquer des personnes coupables de menacer le président de la République, n'ont accepté de s'exprimer qu'à condition que leurs témoignages soient regroupés dans un ouvrage, afin d'éviter une personnalisation excessive et donc dangereuse pour elles.

Elisa : Ce livre va-t-il rendre plus difficile votre travail journalistique vis-à-vis de l'Elysée ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Nous n'en savons rien, mais en ce qui nous concerne, la publication de cet ouvrage ne changera absolument rien à nos méthodes de travail.

Judith : Curiosité : pourquoi avoir publié ces bonnes feuilles dans Libé et L'Express, alors que vous êtes tous deux journalistes au Monde ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : La publication de bonnes feuilles est un choix qui relève uniquement de l'éditeur. D'autre part, nous estimons qu'il est préférable que les extraits d'un livre publié par des journalistes ne paraissent pas dans la publication qui les emploie, pour des raisons déontologiques qui nous semblent évidentes.

Nicolas. F. : Votre livre fait déjà beaucoup de bruit ce matin, alors qu'il s'agit uniquement d'extraits, pourriez-vous nous en dire un peu plus concernant celui-ci ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Notre livre donne la parole à une trentaine de personnalités qui ont toutes en commun d'avoir été à un moment ou à un autre victimes de la vindicte du pouvoir. Il s'agit de magistrats, de policiers, de hauts fonctionnaires, de journalistes, etc., dont la carrière, voire la vie, a été affectée. Nous décrivons les méthodes, parfois brutales, utilisées par le pouvoir pour se débarrasser des gêneurs.

Henry : Que ferez-vous si M. Sarkozy vous attaque en diffamation ? Comment pouvez-vous apporter des preuves de vos dires ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : C'est à la justice maintenant de faire son travail et de s'emparer de ces révélations. Une nouvelle fois, ces déclarations de la juge s'inscrivent dans un contexte plus général. La juge Prévost-Desprez a relu ces déclarations, les assume et si la justice le souhaite, nous imaginons qu'elle sera disponible pour toute audition.

MrBen : Vous-mêmes ou votre éditeur avez-vous subi des pressions avant la sortie du livre ? Avez-vous contacté l'Elysée pour avoir les explications du président ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Premièrement, nous n'avons subi aucune pression de qui que ce soit. Par ailleurs, concernant Nicolas Sarkozy, il s'est toujours tenu à une règle : il ne répond jamais aux demandes d'entretien dans un livre le concernant.

Nous avons publié ce livre lorsque nous avons terminé notre enquête tout simplement. Nous n'obéissons à aucun calendrier politique. Enfin, en France, ne sommes-nous pas en permanence en campagne électorale ? Si nous avions voulu interférer dans le cours de la prochaine présidentielle, nous aurions au contraire retardé le livre, afin qu'il paraisse dans les derniers mois ou les dernières semaines précédant l'échéance. Sur le plan politique, la seule chose que nous souhaitons, c'est qu'il y ait un débat parlementaire et, pourquoi pas, une demande de commission d'enquête sur les méthodes employées par le pouvoir et les services secrets.

Tommaso : Y a-t-il une chance pour que l'enquête reprenne et qu'il y ait un nouveau développement judiciaire ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Bien entendu, pour la bonne et simple raison qu'il y a toujours des enquêtes en cours sur les différents volets de l'affaire Bettencourt. Elles sont instruites au tribunal de Bordeaux, et les juges qui en sont chargés pourraient se saisir de nos révélations.

Paul : Pensez-vous que votre livre aura un impact sur le choix des Français en 2012 ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Ce n'est absolument pas notre propos. Nous ne sommes pas des journalistes politiques, mais des journalistes enquêteurs. Notre seul but, c'est de décrypter un système dont la violence n'est pas compatible avec un Etat démocratique.

betacam33 : Ces juges de Bordeaux n'ont-ils pas été saisis justement dans l'optique d'étouffer cette affaire ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : Non. Ceux qui ont voulu étouffer l'affaire, ce sont les membres du Parquet dépendant du pouvoir. En particulier Philippe Courroye, dont les méthodes ont été déclarées illégales par la cour d'appel de Bordeaux. Les juges de Bordeaux ont toute latitude, s'ils le souhaitent, pour pousser à fond leurs investigations.

Ryad : Est-ce que vous pensez que vos révélations démontrent clairement l'absence d'un contre-pouvoir effectif, ce que devrait être la justice et qui, le cas échéant, interviendrait contre les dérives monarchiques ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : La justice n'est pas indépendante en France, on peut le regretter. On s'aperçoit, à la lueur de cette affaire, à quel point la volonté sarkozyste de supprimer les juges d'instruction serait une erreur. Même si ceux-ci ne sont pas tous exempts de reproches, ils présentent au moins l'avantage d'être indépendants.

Dominique : La juge risque-t-elle des poursuites disciplinaires ?

Gérard Davet et Fabrice Lhomme : La juge n'est pas membre du parquet, elle dépend du siège. Il est compliqué de s'en prendre à une magistrate opiniâtre, courageuse et qui n'a connu, par ailleurs, aucune faute.

Chat modéré par Emmanuelle Chevallereau et Cécile Prieur

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 13:56

LEMONDE.FR avec AFP | 19.08.11 | 21h38   •  Mis à jour le 19.08.11 | 21h49

 
 

Le pétrolier français Total a confirmé vendredi 19 août avoir versé un "acompte" de 7 millions d'euros pour racheter des droits d'exploration en Libye à une société de l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, mais a qualifié l'opération de "courante" et transparente. Le site d'information Mediapart (article payant) avait rapporté jeudi que le géant pétrolier avait secrètement versé 9,8 millions de dollars à la société North Global Oil & Gas Company (NGOGC) en marge d'un contrat gazier conclu avec le régime libyen, "avec l'appui de l'Elysée".

Dans un droit de réponse publié à Mediapart, Total explique qu'il "était intéressé depuis plusieurs années par un nouveau projet d'exploration-production étendu à la production de gaz en Libye, sur lequel la compagnie North Global Oil & Gas Company détenait une partie des droits". Le groupe a alors préféré acheter les droits de la société plutôt que de nouer un partenariat, selon Total. "C'est dans ce cadre" que le pétrolier a négocié un accord avec NGOGC, "au titre duquel Total créditait NGOGC d'un acompte de 9,8 millions de dollars" versé en tant qu'à valoir sur le rachat éventuel de la totalité de ses droits, précise-t-il.

 PROJET GAZIER AVORTÉ DÉBUT 2010

"Cette opération, qui garantissait la possibilité pour Total de racheter la totalité des droits de NGOGC, est courante dans le domaine minier et n'a aucunement été réalisée dans le secret", assure le géant français. Selon Mediapart, Claude Guéant, alors secrétaire général de la présidence française, avait donné "un coup de pouce" à Total dans ce dossier. Mais le projet d'un accord gazier aurait définitivement avorté début 2010.

Le nom de Takieddine a été cité à plusieurs reprises par des témoins dans le cadre de l'enquête sur le volet financier de l'affaire des sous-marins de Karachi. Ce marchand d'armes, qui dément être intervenu dans le contrat pakistanais, est également présenté par Mediapart comme "l'intermédiaire du clan du président français" Nicolas Sarkozy auprès du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Selon des informations publiées le mois dernier par Mediapart, il aurait négocié plusieurs contrats d'armement avec le régime libyen.

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 13:50
Un journaliste de Mediapart dépose plainte pour menaces de mort

LEMONDE.FR | 01.09.11 | 15h29

 

Le journaliste de Mediapart, Fabrice Arfi

Le journaliste de Mediapart, Fabrice ArfiAFP/BERTRAND LANGLOIS

Un journaliste du site d'information Mediapart a déposé plainte, mercredi 31 août pour des menaces de mort qu'il dit avoir reçues au moment où il signait des articles sur l'homme d'affaires Ziad Takieddine, proche de personnalités de la majorité. Dans l'acte déposé au parquet de Paris, le reporter Fabrice Arfi vise notamment le responsable d'une société de renseignement privée.


Cet homme, qui aurait travaillé pour Ziad Takieddine a, selon le site, envoyé plusieurs SMS injurieux et mençants à Fabrice Arfi en juillet, juste avant la publication d'une série d'articles sur l'homme d'affaires. Mediapart entendait montrer la proximité supposée de Ziad Takieddine avec l'Elysée, et évoquait son supposé rôle d'intermédiaire avec le régime Kadhafi avant la guerre en Libye.

Le site d'information explique avoir pris attache, le 5 juillet, avec l'homme qui a proféré les menaces, afin d'en avoir le cœur net. Mediapart rapporte qu'il a alors inondé son interlocuteur d'injures et de nouvelles menaces

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1 septembre 2011 4 01 /09 /septembre /2011 13:48

LEMONDE | 01.09.11 | 12h05   •  Mis à jour le 01.09.11 | 13h54

L'espionnage des communications de plusieurs journalistes du Monde par le pouvoir a débuté à l'été 2010, au début de l'affaire Bettencourt, après la publication de conversations captées clandestinement au domicile de la milliardaire. Les extraits des enregistrements révélés le 16 juin 2010 par le site Internet Mediapart mettaient notamment au jour des infractions fiscales, mais aussi des suspicions de financement politique occulte ainsi que les immixtions de l'Elysée dans la procédure d'abus de faiblesse conduite par le parquet de Nanterre.


Dans les semaines qui suivent, Le Monde publie plusieurs articles relatant l'évolution de la procédure judiciaire diligentée par le parquet de Nanterre suite à la révélation des enregistrements clandestins. Le procureur, Philippe Courroye, notoirement proche de Nicolas Sarkozy, a choisi d'ouvrir une simple enquête préliminaire – procédure à laquelle aucun avocat n'a accès et placée sous l'autorité du parquet – plutôt qu'une ou plusieurs informations judiciaires, conduites par des juges d'instruction indépendants.

QUAND LE CONTRE-ESPIONNAGE PLACE SOUS SURVEILLANCE UN JOURNALISTE DU MONDE

Dans son édition datée du 18-19 juillet, Le Monde, sous la signature de Gérard Davet, révèle le contenu des déclarations à la police du gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre. Ce dernier, au cours de sa garde à vue, le 15 juillet, a assuré aux enquêteurs avoir été incité à procéder au recrutement de l'épouse d'Eric Woerth, alors ministre du budget, cinq mois après avoir obtenu la légion d'honneur par son intermédiaire. Titré "Le principal collaborateur de Liliane Bettencourt met Eric Woerth en difficulté", l'article provoque la fureur de Nicolas Sarkozy, qui exige des plus hauts responsables policiers qu'ils mettent fin à ces fuites de plus en plus embarrassantes.

C'est dans ce contexte que la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), le contre-espionnage, va donc, comme nous le révélons aujourd'hui, requérir auprès de l'opérateur téléphonique Orange la saisie des relevés téléphoniques de Gérard Davet, en violation flagrante de la loi sur le secret des sources. Parmi les numéros identifiés par le contre-espionnage, celui d'un magistrat, David Sénat, conseiller technique de Michèle Alliot-Marie au ministère de la justice, dont les relevés téléphoniques vont également être obtenus par la DCRI auprès de son opérateur téléphonique. Dans la foulée, la chancellerie met brutalement fin aux fonctions de M. Sénat, accusé d'être à l'origine des fuites.

 

David Sénat, l'ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie, est soupçonné d'être à l'origine des fuites.

David Sénat, l'ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie, est soupçonné d'être à l'origine des fuites.AFP/PIG

LE PARQUET DE NANTERRE PROCÈDE À SON TOUR À LA SURVEILLANCE DE TROIS DE NOS COLLABORATEURS

Un second épisode intervient à la rentrée 2010, toujours sur fond d'espionnage des communications des journalistes. Dans la plus grande discrétion, le procureur de Nanterre Philippe Courroye ordonne, le 2 septembre 2010, une enquête préliminaire. La veille, Le Monde a révélé que la juge Prévost-Desprez, chargée d'un supplément d'enquête dans le volet "abus de faiblesse" de l'affaire Bettencourt, avait procédé à une perquisition chez la milliardaire. L'avocat de cette dernière, Me Georges Kiejman, a immédiatement déposé une plainte pour violation du secret de l'enquête. M. Courroye, en conflit ouvert avec Mme Prévost-Desprez, espère ainsi obtenir le dessaisissement de sa collègue.

Le parquet saisit l'inspection générale des services (IGS), demandant aux policiers d'identifier les numéros de téléphones portables personnels et professionnels de trois journalistes du Monde – les auteurs de l'article paru le 1er septembre, Gérard Davet et Jacques Follorou, et Raphaëlle Bacqué, journaliste politique –, puis de recenser les appels entrants et sortants, incluant les SMS échangés, dans la période allant du 23 juillet au 2 septembre 2010.

Les policiers, sans doute pour se couvrir, vont acter, dans un procès-verbal du 30 septembre 2010, une demande plus précise du parquet de Nanterre, qui exige d'obtenir le contenu des SMS, en particulier ceux échangés entre Mme Prévost-Desprez et Jacques Follorou, coauteur d'un livre avec la juge. Les policiers disposent donc des identités des correspondants des journalistes : avocats, policiers, confrères… Le 26 octobre 2010, à la demande de M. Courroye qui avait clos son enquête, le procureur général de Versailles ouvre une information judiciaire pour "violation du secret professionnel". L'enquête sera ensuite dépaysée à Bordeaux, avec l'ensemble de la procédure Bettencourt. C'est dans ce cadre que le juge bordelais Philippe Darphin a sollicité, le 24 janvier 2011, l'avis de la cour d'appel quant à la légalité de la procédure.

 

En conflit ouvert avec Isabelle Prévost-Desprez, Philippe Courroye espérait obtenir le dessaisissement de sa collègue.

En conflit ouvert avec Isabelle Prévost-Desprez, Philippe Courroye espérait obtenir le dessaisissement de sa collègue.AFP/FRED DUFOUR

"UNE VIOLATION MANIFESTE" DE LA LOI SUR LA PRESSE, SELON LA COUR D'APPEL DE BORDEAUX

Dans son arrêt, rendu le 5 mai 2011, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux rappelle qu'à aucun moment "l'accord des intéressés, qui n'ont d'ailleurs pas été entendus au cours de l'enquête, n'a été recueilli", ce qu'exige pourtant l'article 77-1-1 du code de procédure pénale. Comme l'indique l'arrêt, la loi du 4 janvier 2010 prévoit, elle, que l'on ne peut porter atteinte au secret des sources d'un journaliste, à moins d'exciper d'un impératif prépondérant d'intérêt public, condition qui, selon eux "n'a pas été remplie".

Les magistrats de la cour d'appel notent par ailleurs que M. Courroye, hormis la saisie des fadettes, n'a procédé à aucun autre acte d'enquête, et donc que "la condition de nécessité et de proportionnalité des actes accomplis fait défaut". Il y a, selon les magistrats, une "violation manifeste" de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme et de l'article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. La procédure doit donc être annulée. A l'automne 2010, M. Courroye, dans un entretien au Figaro, avait pourtant assuré ceci : "Je suis pointilleux sur le respect du secret des sources des journalistes."

INERTIE DU PARQUET DE PARIS, SAISIE D'UNE JUGE D'INSTRUCTION

Le secret des correspondances des journalistes du Monde a donc bien été bafoué par les autorités. Deux plaintes pour "violation du secret des sources" sont déposées par le quotidien et ses collaborateurs auprès du parquet de Paris. Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, ordonne deux enquêtes préliminaires, et presse la DCRI de fournir ses arguments, mais les services secrets font la sourde oreille. Finalement, le parquet classe sans suite, début 2011.

Dans la foulée, deux plaintes avec constitution de partie civile sont déposées auprès du tribunal de Paris, dont l'instruction est confiée à la juge Sylvia Zimmermann. Celle-ci s'est déclarée compétente pour mener les investigations, en juin 2011. La section de recherches de la gendarmerie de Paris obtient auprès de l'opérateur téléphonique Orange les réquisitions de la DCRI.

Le contre-espionnage français a bien réclamé les factures téléphoniques détaillées de notre collaborateur Gérard Davet, contrairement aux affirmations officielles. La juge Zimmermann devrait maintenant tenter de remonter la chaîne hiérarchique, afin de déterminer les responsabilités dans ce qui est devenu une affaire d'Etat.

Fabrice Lhomme

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 20:36

 

 

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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 15:08

Nicolas Sarkozy au Cap d'Agde, le 26 juillet 2011 (Pascal Parrot/Reuters).

L'infirmière de Liliane Bettencourt a dit avoir vu Nicolas Sarkozy se faire remettre des espèces chez la milliardaire.

C'est le témoignage explosif publié dans le livre de deux journalistes, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, révélé ce matin par Libération et Lexpress.fr. Le livre, à paraître jeudi, est titré « Sarko m'a tuer ». Lexpress.fr en publie des extraits.

Le livre donne la parole aux protagonistes de l'affaire Woerth-Bettencourt, et notamment à la juge Prévost-Desprez, aujourd'hui dessaisie du dossier. C'est elle qui raconte que ce témoin dit avoir vu Nicolas Sarkozy se faire remettre des espèces chez la milliardaire.

Cependant, l'infirmière de Liliane Bettencourt, selon Isabelle Prévost-Desprez, n'ose pas confier cette révélation pendant son audition et c'est pourquoi elle ne figure sur aucun procès-verbal. Elle la livre à la greffière après son audition. « Je ne pouvais pas le dire sur procès-verbal », aurait confié l'infirmière à la greffière, selon la juge.

« Ce qui m'a frappée dans le supplément d'information que j'ai conduit, c'est la peur des témoins », confie la juge.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont suivi de près toute l'affaire Bettencourt, le premier au Monde et le second à Mediapart (qu'il a quitté depuis pour revenir au Monde). Gérard Davet s'était fait voler son ordinateur qui contenait des données confidentielles sur l'affaire.

La comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, avait déjà évoqué des remises d'espèces mais de façon vague.

Dans le livre, celle-ci revient sur les circonstances de son témoignage.

« La conversation est revenue sur Sarkozy. Là, dans ce commissariat sinistre, face à plusieurs policiers déterminés, je me suis rendu compte de ce qui se passait. Je mesurais les conséquences de l'interview.

Je me suis dit, s'agissant du passage sur Sarkozy : “Je ne peux pas assumer ça.” Donc, je me suis contentée de dire qu'il “pouvait avoir touché”, car, comme je l'ai toujours dit, je n'avais jamais été témoin direct d'une remise d'espèces à un politique. »

« La défiance de Nicolas Sarkozy à l'égard de la justice »

Pour Libération, « cette nouvelle affaire semble répondre à l'extrême défiance que le président de la République n'a cessé d'alimenter à l'égard de l'institution judiciaire ».

Pour Isabelle Prévost-Desprez, il s'agit sans doute aussi d'une réaction à son désaisissement. Elle raconte dans le livre (extrait cité par Libération) :

« Je me souviens de son intervention télévisée, lorsqu'il a prononcé mon nom. Ça m'a fait tout drôle. Il est président […], et je ne suis qu'une simple juge. Il doit être au-dessus de tout ça.

J'ai trouvé incongru et dérisoire qu'il me voie comme quelqu'un à éliminer. Mais la seule façon de m'éliminer, c'est de me tuer. »

L'Elysée a aussitôt opposé un démenti aux révélations : « Des allégations scandaleuses, infondées et mensongères. »

Photo : Nicolas Sarkozy au Cap d'Agde, le 26 juillet 2011 (Pascal Parrot/Reuters).

A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 16:15

Par Pascal Riché | Rue89 | 24/08/2011 | 17H54

A écouter François Fillon, mais aussi François Hollande, Martine Aubry, Jean-Louis Borloo ou Manuel Valls, la rigueur serait presque bonne pour la croissance ; elle n'est en tout cas pas incompatible avec cette dernière.

Fini les hommes politiques qui se tortillent avant de prononcer le mot tabou : ils semblent désormais heureux de promettre du sang et des larmes. Goûtez ma délicieuse huile de ricin ! Venez par ici, la mienne est plus imbuvable que la leur !

Les nouvelles mesures de Fillon

Mercredi à 18 heures, le Premier ministre s'apprête à annoncer 4 milliards d'euros de recettes et d'économies supplémentaires pour cette année et 10 milliards l'an prochain : réduction des exonérations de cotisations sur les heures supplémentaires ; création d'une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, etc.

L'objectif est de ramener le déficit public à 5,7% du PIB dès cette année.

La plupart des économistes pourtant, déconseillent ce remède de la rigueur en période de basses eaux conjoncturelles.

Le plus sage, suggèrent-ils, est d'être coulant sur les dépenses et les impôts quand la croissance est faible, quitte à être très rigoureux quand la croissance revient. C'est assez simple à comprendre :

  1. les difficultés budgétaires viennent d'une faible croissance (moins de recettes fiscales, plus de dépenses sociales) ;

  2. si vous coupez les dépenses ou si vous relevez les impôts, vous grevez le pouvoir d'achat, et donc vous contribuez à anémier cette croissance faiblarde ;

  3. du même coup, vous aggravez les déséquilibres budgétaires en voulant les combattre…

Une étude du FMI sur dix-sept pays industrialisés, portant sur la période 1978-2009, montre que lorsqu'on réduit le déficit d'un 1% du PIB, cela a l'année suivante un impact négatif de 0,62% sur la production, et de 0,32% sur le chômage. Ce sont des chiffres prudents : d'autres économistes aboutissent à des résultats parfois plus spectaculaires.

Les gouvernements semblent aujourd'hui estimer que les lois économiques ont changé. La situation serait si grave que désormais, la rigueur serait bonne pour l'économie. Elle « rassurerait les marchés », selon l'expression consacrée de ceux qui font la danse du ventre devant les agences de notation. Et ces marchés accorderaient alors des taux d'intérêt plus cléments aux Etats endettés… La rigueur serait le début d'un cercle vertueux.

Tout le monde semble croire désormais à cette théorie : de François Fillon à Barack Obama (« Nous devons couper les dépenses pour donner à notre business la confiance dont il a besoin pour croître et créer des emplois ») en passant par le super-austère David Cameron ou Angela Merkel.

Et bien sûr Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, qui professe depuis des années ce prétendu enchaînement vertueux rigueur-confiance-croissance. Dans un document de travail, la BCE explique ainsi : « Une contraction budgétaire peut s'avérer favorable à la croissance si les attentes sont suffisamment fortes. »

Que dit l'histoire ?

Cette belle théorie est intéressante, mais a-t-elle déjà fonctionné ? L'hebdomadaire The Economist, qui ne passe pas pour être très excentrique, s'est récemment penché sur la question, mais est revenu bredouille ou presque. Lorsque l'austérité coïncide avec l'expansion, c'est souvent parce que la seconde permet la première. Ou qu'une belle dévaluation a boosté les exportations…

Il y a bien un cas où un programme de rigueur a attisé la confiance, la baisse des taux et du même coup la croissance : le Danemark dans les années 1980. Faut-il prendre le risque d'une politique économique aventureuse sur la base d'un modèle danois de plus de vingt ans d'âge ?

Un piège collectif

Le plus inquiétant, dans cette affaire, c'est que les Européens semblent se précipiter ensemble dans le piège. Même Christine Lagarde, nouvelle directrice générale du FMI, s'en inquiète. Elle s'est fendue d'un article dans le Financial Times pour le dire : « Ne freinez pas trop vite ! ».

On aurait pu imaginer que les pays les plus menacés par les marchés (Grèce, Italie, Portugal, Irlande…) se lancent dans des programme de rigueur budgétaire, pendant que ceux dont les « AAA » sont en béton lâchent un peu de lest…

Une telle stratégie coopérative n'a pas été retenue : tournée d'huile de ricin pour tout le monde ! Et le risque est que l'Europe s'embourbe collectivement dans la « croissance molle », celle qui ne résout aucun de nos problèmes : ni le chômage, ni la précarité, ni le logement. Ni, bien sûr, le déséquilibre des comptes publics…

Des déséquilibres financiers qui ne sont pas les problèmes les plus urgents. La dette publique est une question grave, mais c'est un problème à moyen terme, qui doit être traité par une stratégie de moyen terme.

La course européenne à l'échalote-rigueur, dans laquelle la majorité mais aussi les principaux candidats socialistes (à l'exception de Royal) se sont engouffrés, n'apportera rien de bon à l'économie. « Rétablir la confiance », ce n'est pas seulement faire baisser les taux
d'intérêt sur les marchés financiers : c'est avant tout inverser la
courbe du chômage.

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19 août 2011 5 19 /08 /août /2011 21:09

LEMONDE.FR avec AFP | 19.08.11 | 21h38   •  Mis à jour le 19.08.11 

Le pétrolier français Total a confirmé vendredi 19 août avoir versé un "acompte" de 7 millions d'euros pour racheter des droits d'exploration en Libye à une société de l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, mais a qualifié l'opération de "courante" et transparente. Le site d'information Mediapart (article payant) avait rapporté jeudi que le géant pétrolier avait secrètement versé 9,8 millions de dollars à la société North Global Oil & Gas Company (NGOGC) en marge d'un contrat gazier conclu avec le régime libyen, "avec l'appui de l'Elysée".

Dans un droit de réponse publié à Mediapart, Total explique qu'il "était intéressé depuis plusieurs années par un nouveau projet d'exploration-production étendu à la production de gaz en Libye, sur lequel la compagnie North Global Oil & Gas Company détenait une partie des droits". Le groupe a alors préféré acheter les droits de la société plutôt que de nouer un partenariat, selon Total. "C'est dans ce cadre" que le pétrolier a négocié un accord avec NGOGC, "au titre duquel Total créditait NGOGC d'un acompte de 9,8 millions de dollars" versé en tant qu'à valoir sur le rachat éventuel de la totalité de ses droits, précise-t-il.

PROJET GAZIER AVORTÉ DÉBUT 2010

"Cette opération, qui garantissait la possibilité pour Total de racheter la totalité des droits de NGOGC, est courante dans le domaine minier et n'a aucunement été réalisée dans le secret", assure le géant français. Selon Mediapart, Claude Guéant, alors secrétaire général de la présidence française, avait donné "un coup de pouce" à Total dans ce dossier. Mais le projet d'un accord gazier aurait définitivement avorté début 2010.

Le nom de Takieddine a été cité à plusieurs reprises par des témoins dans le cadre de l'enquête sur le volet financier de l'affaire des sous-marins de Karachi. Ce marchand d'armes, qui dément être intervenu dans le contrat pakistanais, est également présenté par Mediapart comme "l'intermédiaire du clan du président français" Nicolas Sarkozy auprès du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Selon des informations publiées le mois dernier par Mediapart, il aurait négocié plusieurs contrats d'armement avec le régime libyen.

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18 août 2011 4 18 /08 /août /2011 21:18

Pour réduire la dette publique, les citoyens peuvent donner de l'argent à l'Etat. Mais l'Etat ne le sait pas. Enquête en deux parties.

De l'argent parmi les débris d'une tire-lire (Images_of_Money/Flickr/CC).

La petite musique du standard téléphonique du ministère de l'Economie et des Finances s'interrompt enfin. Une voix de femme.

« Allô ?

– Bonjour ! C'est pour faire un don à l'Etat. Je voudrais savoir à qui m'adresser ?

– Quel genre de don ?

– De l'argent. J'aimerais donner de l'argent. »

La standardiste se tait, je m'y attendais. Elle chuchote quelque chose à sa collègue.

« Pourquoi vous voulez faire ça ?

– Pour réduire la dette publique.

– Mais… »

Finalement, elle ne dit rien. Après la musique d'attente, elle me demande ce que « je veux réduire ». Je redis « la dette ». Elle me demande de patienter. Une autre voix :

« Bonjour ! Vous souhaitez faire un don à l'Etat ?

– Oui.

– Dans ce cas, il faut vous adresser à votre centre d'impôts. Je vais vous donner les numéros. Vous verrez avec eux.

– Très bien, merci.

– Si vous souhaitez avoir plus de renseignements, les inspecteurs d'impôts de Bercy peuvent vous expliquer au 08 10 46 76 87. »

« Vous souhaitez donner beaucoup ? »

Les deux premiers numéros sont ceux de messageries indiquant les dates limites de déclarations d'impôts. Au centre de renseignements, « Impôts Service », on me répond.

« Bonjour ! Je souhaite faire un don à l'Etat. »

Nouveau silence. Assez long.

« Allô ?

– L'Etat n'est pas habilité à recevoir des dons. Vous pouvez faire des dons à des organismes d'utilité publique. Ou pas d'ailleurs, mais les dons ne sont déductibles que pour les organismes d'utilité publique. »

Je sens bien que de l'autre côté, il est agacé. J'explique :

« Je voudrais donner de l'argent à l'Etat…

– Je vous dis que ce n'est pas possible. »

Silence.

« Vous souhaitez donner beaucoup ?

– Je ne sais pas.

– De toute façon, ce n'est pas possible. »

Il n'a pas l'air de vouloir poursuivre la conversation mais j'insiste.

« J'ai lu que ça l'était.

– Non ! »

Aux Etats-Unis, ça existe

Il a raccroché. Je rappelle. C'est la même voix. Je dis qu'on a été coupés et que je le soupçonne de m'avoir raccroché au nez. Ça l'énerve.

« Ce n'est pas mon genre. Vous pensez vraiment que c'est mon genre ?

– Je ne sais pas.

– Ce n'est pas mon genre.

– Bon. Et pour les dons ?

– Mais je vous dis que ce n'est pas possible…

– Je suis certaine que oui. J'aimerais juste savoir quelles démarches entreprendre. J'ai lu qu'on appelait ça le “don en remboursement de la dette”, c'est l'article… »

Il soupire vraiment fort puis il me met en attente. L'article existe bien. On le trouve dans le code général de la propriété des personnes publiques.

Il n'y a nulle trace de cet article ailleurs que dans Le Figaro daté du 28 mai 2010 et sur une dizaine de personnes contactées pour ce sujet (haut fonctionnaires, historiens, notaires…), pas une n'en avait connaissance.

L'idée n'est pas extravagante pourtant : aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, les citoyens ont la possibilité de verser de l'argent à l'Etat pour éponger la dette. De façon évidemment plus symbolique qu'utile.

« Ce n'est pas du tout diffusé parce que c'est très compliqué »

« Oui ? »

Je me dis que cette fois-ci, mon interlocuteur sera au courant. Je pense alors encore qu'à Bercy, cet article est connu. J'explique à nouveau :

« Je veux faire un don à l'Etat.

– Un don à l'Etat ? Et pour quel motif ?

– Pour réduire la dette.

– Ce n'est pas possible en France.

– Si. Comme aux Etats-Unis…

– On n'est pas aux Etats-Unis.

– Ecoutez, je pense que oui. Il y a cet article sur le “don en remboursement de la dette publique”. »

Il a l'air surpris. Il répond qu'il va vérifier. Quelques minutes plus tard :

« Madame ?

– Ah ! Vous avez trouvé ?

– Oui. C'est pas du tout diffusé parce que c'est très compliqué. Les personnes qui veulent donner doivent aller chez le notaire et établir un acte avec mentions légales. Ledit acte est ensuite envoyé au ministère compétent, à savoir celui du Budget. Après l'acceptation expresse des services administratifs compétents, sera publié un arrêté ministériel signifiant que le don est accepté. »

Extrait du code

Sous-section 1 : dons et legs faits à l'Etat.

Art. L1121-1. Sous réserve des dispositions de l'article L. 1121-3, les dons et legs faits à l'Etat sont acceptés, en son nom, par l'autorité compétente, dans les formes et conditions fixées par décret en Conseil d'Etat.

Sous-section 2 : dons et legs faits aux établissements publics de l'Etat.

Art. L1121-2. Les établissements publics de l'Etat acceptent et refusent librement les dons et legs qui leur sont faits sans charges, conditions ni affectation immobilière.

Lorsque ces dons ou legs sont grevés de charges, de conditions ou d'affectation immobilière, l'acceptation ou le refus est autorisé par arrêté du ou des ministres de tutelle de l'établissement public.

Sous-section 3 : dispositions communes à l'Etat et à ses établissements publics.

Art. L1121-3. Dans tous les cas où les dons et legs donnent lieu à des réclamations des héritiers légaux, l'autorisation de les accepter est donnée par décret en Conseil d'Etat.

Il lit exactement les mêmes phrases que celles de l'article du Figaro.

« Mais pourquoi c'est si compliqué ?

– Ce n'est pas dans les caractéristiques classiques du don. Là, il n'y a pas d'exonération d'impôt. L'Etat n'est pas un organisme d'utilité publique. Donc, la première étape, c'est le notaire.

– Il y a un minimum ?

– Non, ce n'est pas précisé. Et c'est le ministère qui publie l'arrêté qui donnera foi à l'acte de donation. Voilà. Au revoir. »

Alors qu'aux Etats-Unis, les citoyens peuvent réduire la dette publique sur le site PayPal du gouvernement, en France, non seulement il faut attendre la publication d'un arrêté ministériel, mais personne ne sait que ça existe.

Un ancien ministre du Budget, qui juge l'outil intéressant, ignorait lui aussi son existence. Mais qui donne de l'argent à l'Etat ? Pourquoi cet article existe-t-il ? Si tous les Français versaient de l'argent, pourrait-on réduire efficacement la dette publique ? Les Américains sont-ils moins radins que les Français ?

Les réponses de haut fonctionnaires et de chercheurs à ces questions seront publiées jeudi sur Rue89.

Photo : de l'argent parmi les débris d'une tire-lire (Images_of_Money/Flickr/CC

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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 00:29

Par Pierre Haski | Rue89 | 16/08/2011 | 17H18

Le signal est venu d'Amérique, avec la tribune du financier milliardaire Warren Buffett appelant l'administration Obama à taxer plus les « super-riches » trop longtemps « cajolés » par le Congrès. Il a très vite traversé l'Atlantique et trouvé des émules en France, prêts à montrer que dans les temps difficiles qui s'annoncent, des riches Français sont, eux aussi, solidaires.

Coup sur coup, deux personnalités très différentes, Pierre Bergé, millionnaire étiqueté à gauche, et Maurice Lévy, le patron de Publicis, s'exprimant en tant que président de l'Association française des entreprises privées (Afep), se sont prononcées en faveur d'une contribution accrue des plus riches à l'effort national.

Pierre Bergé, qui « pèse » 120 millions d'euros selon le magazine Challenge, s'est dit prêt à soutenir une demande visant à accroître les impôts des plus grandes fortunes de France. Tout en restant sceptique sur la solidarité des riches, comme il l'a déclaré sur RTL :

« Je suis prêt sinon à prendre la tête, du moins bien entendu à me ranger au côté de ceux qui voudraient [faire augmenter les impôts des grosses fortunes, ndlr].

Mais vous savez, je n'y crois pas beaucoup. Je ne crois pas beaucoup que dans le système qui est le nôtre aujourd'hui – je rappelle pour ceux qui l'ignoreraient que je suis un homme de gauche et que je souhaite la victoire de la gauche en 2012 – et je ne crois pas qu'aujourd'hui on puisse arriver à faire changer cela. » (écoutez le son)

 

« Une contribution exceptionnelle des plus riches »

Dans une tribune publiée par Le Monde, mardi après-midi, Maurice Lévy, 238e fortune française avec un patrimoine de 176 millions d'euros selon Challenge, apporte le soutien d'un pan du patronat à une variante de cette idée.

Parmi une série de propositions « pour en finir avec le déficit des finances publiques », le patron de Publicis suggère « une contribution exceptionnelle des plus riches, des plus favorisés, des nantis ». Il ajoute :

« Il semblera peut-être curieux à certains de voir que le président de l'Association française des entreprises privées (Afep) préconise une telle mesure, mais il me semble indispensable que l'effort de solidarité passe d'abord par ceux que le sort a préservés.

J'ai toujours considéré que la grande majorité des dirigeants méritaient leur rémunération, et pour certains plus encore. Mais je considère avec la même force qu'il est normal que nous, qui avons eu la chance de pouvoir réussir, de gagner de l'argent, jouions pleinement notre rôle de citoyens en participant à l'effort national.

Oui, une contribution des plus riches s'impose à mes yeux. Et pas seulement les dirigeants. Tous ceux qui peuvent, par leurs moyens, participer à ce nécessaire effort national. »

10 milliards d'économies à trouver

Ces prises de position, en réaction au débat américain, interviennent à un moment crucial : le gouvernement est le dos au mur, contraint de faire jusqu'à 10 milliards d'euros d'économies sur le prochain budget pour tenir ses engagements européens et justifier le maintien de la note triple A du crédit français, et calmer la spéculation contre l'euro visant singulièrement la France depuis une semaine.

Les mesures qui s'annoncent seront nécessairement impopulaires, et une partie de la frange la plus riche de la population n'est pas insensible au fait que le mécontentement ne visera sans doute pas seulement le gouvernement, mais l'élite française dans son ensemble, et les plus favorisés en particulier.

Le souvenir des révélations choquantes de l'an dernier sur la fortune de Liliane Bettencourt, sur son île paradisiaque aux Seychelles non déclarée, de ses comptes en Suisse pour une évasion fiscale bien organisée, reste vif.

Une partie des riches Français veut montrer qu'on peut être « riche et citoyen », même si des différences d'approches apparaissent entre ceux qui acceptent d'augmenter les impôts et ceux qui, comme Maurice Lévy, parlent de contribution « exceptionnelle ».

Mais à la différence des Etats-Unis où c'est un des hommes les plus riches du pays, avec une fortune de plus de 50 milliards de dollars déjà promise à hauteur de 80% à des œuvres humanitaires, qui a pris l'initiative, en France, les plus riches parmi les riches se taisent.

On attend désormais de savoir de quel côté ils penchent : se rallieront-ils à cette initiative naissante visant à associer les plus riches à un sacrifice tout à fait relatif, ou continueront-ils à voter avec leurs pieds, c'est-à-dire à menacer de quitter leur pays si l'imposition devenait plus lourde ?

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