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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 16:41

 

Le Monde - 09 avril 2012

Alors même que ce week-end le permis de conduire est devenu un nouvel enjeu de la campagne présidentielle, il semblerait que certains candidats négligent leur code de la route. Le magazine Auto plus a en effet suivi les cortèges des prétendants à l'Elysée sur les routes de France pour établir un classement des chauffards politiques.

Au terme de cette enquête à quatre roues, c'est Nicolas Sarkozy qui se distingue par ses écarts de conduite, puisqu'en deux mois, il aurait perdu 11 points sur son permis de conduire. Les journalistes d'Auto plus ont ainsi filmé la voiture du président de la République roulant à plus de 200 km/h sur une autoroute, normalement limitée à 130km/h. "Nous roulons à 190km/h et nous nous faisons distancer", expliquent ainsi sur la vidéo les journalistes.

Son principal rival, François Hollande, est loin d'être  irréprochable. Il voit virtuellement son permis de conduire amputé de 8 points. François Bayrou finit avec 5 points sur son permis, tandis que Marine Le Pen, seule candidate à prôner la suppression du permis à points, prend la troisième place du classement avec 9 points sur son document rose.La candidate écologiste, Eva Joly, et le tribun du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, ont pour leur part une conduite exemplaire, puisqu'ils conservent leurs 12 points intacts à l'issue de cette poursuite. Le magazine Auto plus n'a cependant pas pu suivre les déplacements de Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Cheminade et Nathalie Arthaud, qui échappent donc aux radars journalistiques.

Commentant ce classement routier, Europe1.fr rappelle qu'en 2007 déjà, Nicolas Sarkozy avait été "repéré à 130 km/h au lieu de 70", alors que François Bayrou et Ségolène Royal avaient été pris en flagrant délit à "respectivement 120 km/h au lieu de 70 et 158 km/h au lieu de 110". Le magazine délivre toutefois un relatif satisfecit général aux candidats qui "se sont un peu calmés" par rapport à 2007.

 Le président sortant est donc un habitué des excès de vitesse, puisqu'en 2005 déjà, alors qu'il était ministre de l'intérieur, les journalistes d'Auto plus l'avaient suivi pendant trois semaines. "Résultat : Nicolas Sarkozy aurait perdu 40 points", rappelle Europe1.fr.

Pour justifier ces libertés prises avec le code de la route, l'entourage des personnalités épinglées par Auto plus, invoque souvent des impératifs de sécurité.

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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 21:40

 

| Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg

 

Le président de l’Assemblée nationale n’a pas trouvé trace d’un prêt immobilier de 3 millions de francs accordé à Nicolas Sarkozy en 1997 pour l’achat de son appartement sur l’île de la Jatte. Dans un courriel adressé à Mediapart, ce vendredi 6 avril, Bernard Accoyer met à bas la version présentée par Nicolas Sarkozy pour expliquer le financement de son ancien logement (revendu en 2006) : alors que l’Assemblée était censée avoir prêté 3 millions de francs, le patron du Palais-Bourbon reconnaît que les prêts immobiliers accordés aux députés ont toujours été plafonnés à un niveau beaucoup plus bas.

Quitte à jargonner un peu, Bernard Accoyer (UMP) confirme nos informations du 29 mars : « Le montant maximum de l’enveloppe, revalorisé chaque année en fonction de l’indice national du bâtiment, s’élevait en dernier lieu à 288 147 € ». Transposée en 1997, cette règle signifie, en clair, que les prêts immobiliers alloués aux députés ne pouvaient pas dépasser 1,2 million de francs. Seuls des « compléments familiaux » liés au nombre d’enfants étaient susceptibles de légèrement gonfler ce montant – un détail que nous avait caché l'Assemblée en octobre, quand nous l'avions interrogée pour la première fois. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, ces  « compléments » ont pu atteindre 500 000 francs maximum.

Comme pour remuer le couteau dans la plaie, Bernard Accoyer écrit noir sur blanc : « Le prêt accordé à M. Nicolas Sarkozy au second semestre 1997, en période de cohabitation, n’a pas dérogé aux règles alors en vigueur. »

Au passage, il précise pourquoi une telle opération ne figure pas sur l’acte de vente de 1997 (comme Mediapart l’avait relevé) : avant 2002, les prêts immobiliers de l’Assemblée n’étaient pas nécessairement assortis de « garanties réelles (hypothèque ou privilège de prêteur de deniers) », donc pas forcément inscrits sur les actes notariés.

Mais peu importe : le montage financier, tel qu’initialement présenté par Nicolas Sarkozy à L’Express en 2007, a du plomb dans l’aile. À l’époque, interrogé par nos confrères sur l’acquisition de son logement de 216 m2 pour 5,4 millions de francs, le candidat UMP avait “détaillé” : 270 000 francs en dépôt de garantie, 1,6 million de francs empruntés à la Société générale, et plus de 3 millions auprès de l’Assemblée nationale. Ce scénario est aujourd’hui écarté par le patron du Palais-Bourbon en personne !

Ci-dessous, la réponse de Bernard Accoyer à Mediapart :

 

Un "trou" de presque 2 millions de francs

Jeudi 5 avril, une semaine après notre premier article, Nicolas Sarkozy avait tenté de noyer le poisson lors de sa conférence de presse. Interpellé par Mediapart sur le plafonnement des prêts immobiliers de l’Assemblée, il a publiquement déclaré : « Les prêts dont j’ai bénéficié par l’Assemblée nationale, c’était entre 1995 et 1997. À l’époque, voyez-vous, c’était une majorité de gauche (en réalité de droite –ndlr) qui se trouvait à la tête de l’Assemblée nationale. (…) Adressez-vous à l’Assemblée ! »

 


 

En utilisant un pluriel (« les prêts »), et en étirant la période à examiner (de 1995 à 1997), Nicolas Sarkozy a sans doute voulu suggérer qu’il avait pu atteindre 3 millions de francs en cumulant plusieurs prêts. Une porte de sortie bien pratique que Bernard Accoyer n’avait plus qu’à entrouvrir. Interrogé quelques heures plus tard par Mediapart, le patron du Palais-Bourbon l’a, au contraire, refermée.

Jeudi soir, nous lui avons demandé s’il était possible que Nicolas Sarkozy ait bénéficié, entre 1995 et 1997, de multiples prêts. Et si oui, à quelles conditions ? Sa réponse, rédigée vendredi, mentionne un prêt immobilier unique, accordé au second semestre 1997, et forcément plafonné. Et des sources à la questure (l'instance qui dispose des pouvoirs financiers à l'Assemblée) ont confirmé dans la foulée à Mediapart qu'aucun autre prêt immobilier n'a été octroyé à Nicolas Sarkozy entre 1995 et 1997.

Alors, Nicolas Sarkozy a-t-il pu cumuler son prêt immobilier avec d’autres avantages ? « Il y avait d'autres genres de prêts, mais qui ne pouvaient pas financer l'achat d'un appartement, explique Bernard Derosier (PS), l’un des trois députés questeurs à l'époque. Il y avait des prêts personnels, pour l'achat d'une voiture par exemple. Mais c'était d'une ampleur bien moindre, peut-être 50 000 ou 60 000 francs, je ne me souviens plus très bien. » 

Une somme dérisoire, de toutes façons. Si on additionne le dépôt de garantie de 270 000 francs, le prêt de la Société générale et le prêt immobilier de l'Assemblée nationale plafonné à 1,2 million de francs (plus « compléments familiaux »), c’est un “trou” de quasiment 2 millions de francs qu’il reste à combler pour atteindre la valeur de l’appartement indiquée sur l’acte de vente (5,4 millions de francs).

Faut-il en conclure que Nicolas Sarkozy a menti sur l’ampleur du prêt consenti à l’époque par le Palais-Bourbon pour mieux dissimuler l’indicible : une énorme ristourne du promoteur immobilier ? Un paiement en liquide d’origine illicite ?

Jeudi soir, à l’issue de la conférence de presse du candidat UMP, Mediapart a proposé pour la troisième fois à l’Elysée de communiquer une copie des documents susceptibles de prouver l’origine des 3 millions de francs en question. Aucune réponse.  

 

 

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 21:26

 

Marianne - Rédigé par Coralie Delaume le Vendredi 6 Avril 2012 à 19:16 



Photo/ Ammar Abd Rabbo sur Flick
Photo/ Ammar Abd Rabbo sur Flick

Carla Bruni-Sakozy est comme les shampoings fabriqués par les employés de madame Bettencourt : « deux en une ». La belle, c’est elle. La bête aussi.

Quoiqu’elle s’applique à être de moins en moins belle, et pour cause : incarner la fameuse « ménagère de moins de 50 ans », ça se travaille. C’est en tout cas ce que nous explique Le Nouvel Observateur dans un dossier spécial « femmes de ».

L’ancien mannequin, fait des efforts : « teint pâle, sans un gramme de maquillage, pantalon large, elle parle, à longueur d’interviews, de ses kilos en trop  ». Que ne ferait-on pas, pour accréditer la thèse selon laquelle : « nous sommes des gens modestes, nous aussi, on mange des pâtes ». Ben voyons : et du thon à l’huile aussi ? Avec des arguments de cet acabit, c’est certain : tata Janine va s’identifier à fond à madame Sarkozy !

De moins en moins belle, donc. Enfin c’est ce qu’elle semble souhaiter. Mais de plus en plus bête, ça, c’est certain. Et qu’elle le veuille ou pas n’y change rien. D’ailleurs, comme le disait Brassens « le temps ne fait rien à l’affaire….».

Une longue interview donnée à l’Obs en témoigne. Deux pages couvertes de l’expression d’une indécence bourgeoise insupportable, mêlée à une probité feinte, à une candeur parfaitement étudiée et au simulacre d’un dévouement pieux à « Nicolas », achève de convaincre le lecteur le mieux disposé que celle qui s’auto-qualifie de « Lady Gaga » a plutôt bien choisi sa comparaison, si l’on s’en tient à « Gaga » et qu’on excepte « Lady ».

L’entretien commence par une salve contre Lesmédias. Ah, Lesmédias et leur vilains « éditocrates »  ! Le « petit milieu médiatique » et ses abjectes connivences, ainsi que les dénonce Carla, cette femme du peuple. Elle les déteste tellement, Lesmédias, qu’elle leur a même consacré une chanson courageusement engagée dans son prochain album. Enfin, pas seulement aux journalistes : soyons justes. La chanson porte sur tous « les gens qui parlent, les diseurs, les blablateurs ». La première dame en a ras-le-bol de toutes les menteries que l’on propage sur sa chaste personne. Elle rêve d’une vie en mode « zéro blabla, zéro tracas », avec Giulia et Nicolas, comme tous les gens « modestes »…

D’ailleurs, Lesmédias sont tellement méchants qu’ils ont inventé l’antisarkozysme, dans le seul et unique but d’embêter « mon époux ». L’interviewée est formelle. « Sur le terrain, je ne ressens pas d’agressivité. Les gens semblent aimer Nicolas. L’anti-sarkozysme est un phénomène d’élite parisienne », affirme celle qui n’appartient à aucune élite, tout en gobant quelques coquillettes délicatement agrémentées d’une petite sauce à l’ail fort « modeste ».

« Je crois que la droite m’aime bien » poursuit l’épouse présidentielle, qui décidemment, ne doute de rien. C’est sûr, Carla doit faire un malheur, notamment dans les milieux les plus conservateurs, auprès de cette droite nostalgique des « racines chrétiennes de la France » encore flattée samedi dernier à Vincennes par son tartuffe de mari. La simplicité, l’abnégation, la retenue pudique de celle qui « n’ose pas être insolente ou agressive » et se « sent une responsabilité de courtoisie et de gentillesse envers [son] pays », il est absolument certain que  « la droite aime bien ».

Pour autant, la douce bigote qu’est devenue Carla Bruni-Sarkozy ne renonce pas totalement à ce qu’elle fut. Son mode de vie quasi-monacal ne l’empêche pas, de loin en loin, « d’aller au concert de Dylan ». Qu’elle ne connaissait d’ailleurs pas personnellement, en dépit de ses liens nombreux avec le monde des arts. Désormais, la chose est réparée : « Dylan, qui ne voit jamais personne après ses représentations, a voulu rencontrer Nicolas, ce qui m’a permis d’y aller aussi ! Ce ne sont donc ni Jagger ni Bono qui m’ont présenté Dylan, mais mon homme ! » Waaaaou ! Trop cool ! Il est trop fort, « mon homme » ! Et ça aussi, « la droite aime bien » ?...

En tout cas, si « mon homme » est tip-top, il arrive toutefois à Carla Bruni de vaquer seule à quelques « modestes » occupations : on est une femme moderne ou on ne l’est pas. Pour ce faire, encore faut-il pouvoir circuler librement, ce qui n’est pas toujours aisé lorsqu’on a été « mannequin puis chanteuse ». Mais madame Sarkozy a plus d’un tour dans son sac hors de prix : elle se déguise ! « Avec une perruque, personne ne me reconnaît dans le métro ». Le métro…qu’elle emprunte régulièrement avec Nathalie Kosciusko-Morizet, suppose-t-on ?

Enfin, Carla espère vivement que « mon homme  » sera réélu. En tant que première dame, il lui reste tant à faire pour la promotion de la paix dans le monde et le salut de l’humanité ! Si « mon époux » est reconduit dans ses prestigieuses fonctions, madame se fera féministe  : « ma conscience sur la condition des femmes s’est éveillée à travers les courriers que j’ai reçus à l’Elysée ». Rendez-vous compte, certaines sont obligées de faire elles-mêmes la vaisselle ! Vous imaginez à quel point cela doit nuire à la beauté de leurs ongles ! En tout cas, la généreuse madame Sarkozy fera « davantage pour elles », tout en continuant son combat homérique contre le sida et contre l’illettrisme, qui sont tout de même, ne l’oublions pas, des choses très très mal.

Pour finir, les journalistes de l’Obs, sachant leur interlocutrice très « libre d’esprit », osent cette impertinente remarque: « vous jouez admirablement la ravissante idiote  ». Voilà qui n’est pas très très gentil ! Mais, gardant le sang froid qui sied à une femme de goût, Bruni répond avec panache : « je ne joue pas ».

Ah, c’est donc bien réel, alors ? Un peu comme dans cette chanson de Jacques Brel qu’il suffirait de féminiser aux entournures : « beau, beau, beau et con à la fois ! »

 

 

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 20:39
Rue89 - Le Yéti, voyageur à domicile

Chroniques d'un voyageur à domicile qui ne voulait pas conquérir le monde, mais être conquis par lui.

Publié le 07/04/2012 à 03h57

Incongru, cet appel publié dans Mediapart par un certain Yanch. Celui-ci dirige Spin SAS, une petite société de 8 personnes, gérant 3 magasins d’électroménager en Isère Nord. Le 22 avril, il votera pour Jean-Luc Mélenchon. Pour ce « petit patron », pas l’ombre d’une hésitation, ce sera l’humain d’abord, toute !

Le plus intéressant dans ce détonnant appel est la façon dont Yanch balaie les objections qu’on attendait d’un homme dans sa position.

Infidèles salariés en CDD

La contrainte du CDI généralisé ? C’est oublier comment le CDD se révèle une arme à double tranchant pour les petites entreprises. S’il permet aux dirigeants de jouer sur la fameuse « flexibilité du travail », il autorise le même jeu déstabilisant aux salariés. Et les premiers ont un mal de chien à fidéliser les seconds qui ne sentent aucune obligation vis-à vis de leurs employeurs.

Le SMIC à 1700 euros ? Plus de charges patronales, admet Yanch, mais corrige aussitôt :

« La titularisation des précaires de la fonction publique ou la régularisation des travailleurs sans papiers va générer une augmentation formidable de la sérénité des ménages, ménages qui auront dès lors bien moins de difficultés à envisager l’achat et l’équipement d’une maison, d’une voiture ou l’éducation de leurs enfants. »

Mieux encore, remarque Yanch, le candidat Mélenchon propose l’instauration d’une taxe kilométrique des marchandises qui ne peut que favoriser la relocalisation des activités économiques.

« Une fois payé ma maison, ma voiture et des cadeaux à tous... »

Notre patron rouge en appelle aussi à la régularisation des sans-papiers... au nom de la concurrence libre et non faussée ! Et de stigmatiser ceux qui « se permettent de faire travailler (ou de forcer au travail) une population qui n’a aucun recours » établissant de fait une concurrence déloyale avec leurs congénères plus scrupuleux des lois.

Sans compter, rajoute Yanch, que ces travailleurs sécurisés et payés décemment seront autant de nouveaux consommateurs dans leur pays d’accueil : la France.

Les hauts cris contre un écart maximum de 1 à 20 entre salaires le font doucement rigoler :

« Si je pouvais me le permettre, cela sous-entendrait que je me paierais plus de 20.000 € nets par mois  ! Mais bon sang, qu’en ferais-je  ? Une fois que j’aurais payé ma maison, ma voiture et des cadeaux à tous, je serais bien embêté avec cet argent. »

Cette foule qui rit

Autre mesure-phare à attirer toutes ses faveurs : la création d’un pôle financier public au service des entreprises, seul à même de solutionner l’éternel gros tracas des petits entrepreneurs : les besoins en trésorerie.

Le patron Yanch achève sa profession de foi par une déclaration à faire s’étrangler dame Parisot [patronne du Medef, ndlr] :

 « J’étais à la Bastille avec tous ces gauchistes heureux et après le discours, pendant que j’essayais de m’extirper de la foule compacte, je ne voyais que des sourires autour de moi malgré la cohue. »

 

 

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 20:36

 

Rue89 - Et je remets le chon 07/04/2012 à 18h32
De la Grèce à la Belgique, l’engouement pour le candidat du Front de Gauche surprend les observateurs et revigore syndicalistes et militants de gauche.

Place de la Bastille, lors de la Marche pour la VIe République le 18 mars (Audrey Cerdan/Rue89)

 

La manifestation place de la Bastille a fait office de déclencheur médiatique, la percée dans les sondages l’a confirmée : la vogue Mélenchon intrigue et inspire les observateurs étrangers.

Les correspondants de la presse étrangère n’ont pas tous vu venir cette percée. Depuis, ils se rattrapent, et multiplient les papiers sur le troisième homme de la campagne, surnommé « le pitbull qui aimait la poésie » ou encore « l’homme à l’écharpe rouge ».

Suisse. Jean-Noël Cuénod, correspondant du journal La Tribune de Genève à Paris, qui l’a décrit comme l’héritier du révolutionnaire Gracchus Babeuf, ne cache pas son plaisir : « Ça nous change de l’épicerie Le Pen à la troisième place ! », tonitrue-t-il. Et c’est avec une certaine fierté qu’il déclare avoir repéré Jean-Luc Mélenchon « il y a deux ans déjà » :

« A mes yeux, c’est une sorte de retour à la normale, à une certaine France traditionnelle, autoritaire, partageuse et égalitaire ! Il faut dire qu’elle est vraiment nulle cette campagne, ça fait du bien de voir un garçon talentueux.

Et lui au moins, il sait parler français ! »

« Il a pas mal engueulé les journalistes »

Suède. La verve du « tribun » continue de surprendre les observateurs étrangers, pas vraiment habitués à ce style. Le flegmatique journaliste Johan Tollgerdt, qui contribue à plusieurs médias suédois, se rappelle ses réticences initiales :

« Il a quand même pas mal engueulé les journalistes, qui n’avaient pas une très bonne opinion de lui au début. Et pourtant, les électeurs français ne se sont pas laissés impressionner, ils l’ont écouté. Jean-Luc Mélenchon est la preuve qu’il y a en France une sociale démocratie vivante, en laquelle ses habitants croient encore. »

Italie. Pour les observateurs étrangers, la popularité du candidat Mélenchon est le signe d’un possible sursaut de la gauche de la gauche, au delà même des frontières françaises. L’Italien Alberto Toscano est collaborateur pour la RAI, et relève l’intérêt de l’engouement pour le Front de gauche pour les radicaux italiens :

« Depuis son réveil brutal aux législatives de 2008, le parti radical italien est orphelin sur le plan intellectuel. Cette nouvelle composante politique qui fera sans doute partie du prochain gouvernement français intéresse plus que le PCF, qui apparaissait comme un partenaire un peu obsolète. »

« Une forme de pression dont on avait besoin »

Grèce. D’abord réticente, la journaliste grecque Ira Feloukatzi a changé d’avis lors d’une manifestation devant l’ambassade de Grèce à Paris en février :

« Même si ses propositions me semblent assez utopiques, il parle de façon sensible du problème grec. C’est une forme de pression dont on avait besoin. »

La journaliste a noté un intérêt manifeste de la part de certains de ses concitoyens pour le candidat du Front de Gauche, qu’ils expriment notamment sur le Web :

« Les Grecs sont bien informés et très friands de culture française. Il représente un rêve, dans lequel tout le monde ne doit pas nécessairement suivre les mêmes prescriptions et entrer dans le même moule. »

Petros, 23 ans, est jeune militant de Siriza, petit parti membre de la coalition de la gauche radicale grecque. Il a « évidemment » entendu parlé de Jean-Luc Mélenchon :

« J’ai trouvé que l’idée d’organiser une manifestation pour fêter la prise de la Bastille était fantastique. Plusieurs amis ont mis des photos des manifestants sur Facebook. Mais je me méfie de ceux qui ont appartenu à des gouvernements corrompus. »

Mélenchon inspire les syndicalistes belges

Belgique. Et si candidat Mélenchon faisait une étape de leur côté de la frontière belge ? L’appel a été lancé par le FGTB, l’un des principaux syndicats belges, dans un communiqué suivant la mobilisation de « centaines de Belges » lors du meeting de Jean-Luc Mélenchon à Lille, le 28 mars. Paul Lootens, secrétaire général du FGTB, explique :

« Nous avons constaté un élan spontané parmi les militants. Donc nous avons décidé de nous organiser en affrétant des bus pour les emmener à Lille. »

La campagne présidentielle est largement suivie dans la partie francophone du pays, où les socialistes sont bien implantés. Jean-Luc Mélenchon y est fort populaire et son mouvement cristallise l’espoir « de voir la concrétisation d’une nouvelle résistance de gauche en Europe », selon les termes du communiqué publié par la FGTB, au lendemain du meeting de Lille. Paul Lootens :

« C’est encourageant de voir la gauche de la gauche reprendre des couleurs. Mais chez nous le contexte est différent, nous n’avons personne avec les mêmes talents d’orateur, ni un appareil militant aussi performant. »

Certains comptent pourtant bien s’inspirer des succès du candidat français. Le député Bernard Wesphael, par exemple : le chef de la formation écolo au parlement wallon a annoncé en début de semaine dernière qu’il quittait le parti dont il est l’un des fondateurs, tout en déclarant que s’il était français, il « voterait Mélenchon » :

« Il y a un vide politique énorme entre la social-démocratie qui a trahi toutes ses valeurs et une droite de plus en plus arrogante. Je suis persuadé que le succès du Front de gauche est le signe que quelque chose bouge en Europe. C’est un phénomène qui va faire tâche d’huile et dépasser les frontières. »

Le parlementaire indique qu’il est actuellement « en train de vérifier si une telle mouvance aurait une place en Belgique ». De leur côté, les représentants du Parti de Gauche ont fait savoir qu’ils suivaient ce projet de près.

« La gauche peut créer une dynamique »

Grande-Bretagne. En Grande-Bretagne enfin, on note que l’engouement pour le Front de gauche prouve les rapports de force ne sont pas figés. Le Guardian fait ainsi un parallèle entre la poussée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages et les résultats d’un scrutin local à Bradford. George Galloway, candidat à forte personnalité du parti Respect, y a remporté une victoire très inattendue ce mardi :

« Dans les deux cas, il s’agit d’ex-membres du principal parti de gauche qui, en usant d’un charisme populiste et radical, ont su mobiliser les électeurs soumis à l’austérité contre une élite ayant échoué à leur fournir des solutions depuis des décennies. »

Si ces hommes ne représentent pas, selon lui, une menace réelle pour les grands partis, le journaliste du Guardian ajoute :

« Mélenchon et Galloway viennent rappeler que la gauche peut créer une dynamique politique si elle est prête à se faire la porte-parole des préoccupations réelles des gens. »

 

 

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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 16:11

Le Monde.fr | 06.04.2012 à 12h39 • Mis à jour le 06.04.2012 à 13h54

 
Le siège de TF1 à Boulogne-Billancourt, le 9 mars 2008.

Février 2009 : les débats sur la loi Hadopi font rage. Jérôme Bourreau-Guggenheim, directeur du pôle innovation Web de TF1, écrit à sa députée, Françoise de Panafieu, pour exprimer son opposition au projet de loi et demander à l'élue de voter contre le texte.

Mal lui en prend : son courriel est transmis au ministère de la culture, qui renvoie à son tour le message à la direction de TF1. Christophe Tardieu, directeur adjoint du cabinet de Christine Albanel, alors ministre, accompagne le message d'un laconique "Vous avez manifestement des salariés qui aiment tirer contre leur camp".

Jérôme Bourreau-Guggenheim est alors convoqué par sa direction et se voit notifier son licenciement, pour divergence forte sur la stratégie de l'entreprise. Trois ans après les faits, le licenciement de M. Bourreau-Guggenheim doit être examiné, ce vendredi 6 avril, par les prud'hommes de Boulogne-Bilancourt.

"DIVERGENCE STRATÉGIQUE"

A l'époque, l'affaire crée une vive émotion. M. Bourreau-Guggenheim conteste son licenciement, mais estime aussi et surtout que sa vie privée a été violée. Peu après le licenciement, et face à de nombreuses critiques, le groupe TF1 justifie la mise à pied de son salarié en expliquant que les "prises de position particulièrement radicale" de Jérôme Bourreau-Guggenheim sont "contraires aux déclarations officielles du groupe TF1, notoirement en faveur de [la loi Hadopi]" et "incompatibles avec ses responsabilités au sein d'e-TF1, filiale du groupe en charge, également, de la lutte contre le piratage sur Internet".

Pourtant, les arguments avancés par M. Bourreau-Guggenheim dans le courriel envoyé à sa député son loin d'êre extrémistes. Le responsable Web y détaille son opposition à la loi, s'appuyant sur son expertise technique, tout en reconnaissant la nécessité de la lutte contre le téléchargement illégal.

PLAINTE POUR DISCRIMINATION POLITIQUE CLASSÉE

Surtout, le courriel a été envoyé à titre privé, estime-t-il, à partir de son adresse email personnelle, et en tant que simple citoyen s'adressant à sa députée. M. Bourreau-Guggenheim y voit une atteinte à sa vie privée et une discrimination à caractère politique. Sa plainte au pénal pour discrimination avait été classée par le parquet en 2010, mais la procédure pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, auprès des prud'hommes de Boulogne-Billancourt, était toujours en cours. D'après les informations de PC Inpact, l'ancien salarié de TF1 réclame plus de 175 000 euros à la chaîne de télévision.

L'affaire avait également connu un volet politique à multiples rebondissements. Le cabinet de François de Panafieu avait expliqué avoir transféré le courriel de M. Bourreau-Guggenheim à titre d'information au ministère de la culture. Après avoir nié, dans un premier temps, avoir transféré le courriel à la direction de TF1, le ministère de la culture avait reconnu qu'une "erreur" avait été commise. L'auteur du transfert, Christophe Tardieu, avait été suspendu durant un mois de ses fonctions.

 

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 14:19

 

Rue89 - Encombrant 03/04/2012 à 18h42
Le Libyen Bachir Saleh a droit à une protection policière française quand il se balade avec sa petite famille sur les Champs-Elysées. Il s’agit pourtant d’« un personnage qu’on imaginerait plutôt témoignant aux Pays-Bas devant la Cour pénale internationale », écrit Le Canard enchaîné en révélant la présence en France de l’ex-directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi.

Pendant quinze ans, Saleh a été l’homme de confiance du « Guide » libyen. A ce titre, il connaît tous ses petits secrets, et notamment à qui il a fait bénéficier de sa générosité. Bachir Saleh pourrait-il confirmer (ou infirmer) le financement par Kadhafi de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, que ce dernier dément ?

« Une sorte d’intendant général »

Cité par Le Canard, un diplomate « longtemps en poste à Tripoli » explique le rôle central que tenait le secrétaire particulier dans le régime libyen :

« C’était une sorte d’intendant général, il en savait plus que le patron de la Banque centrale libyenne sur les cadeaux faits aux amis étrangers. Si Kadhafi disait “il faut donner deux millions à Untel”, c’est lui qui s’en occupait. »

L’hedbo précise aussi les raisons et les conditions de son arrivée en France :

« Au fil des ans, à partir de 2007, Saleh était surtout devenu l’interlocuteur privilégié de Claude Guéant, très assidu chez le Colonel. Et c’est bien d’une visite en ce palais que [l’intermédiaire en armement Ziad] Takieddine rentrait quand il s’est fait pincer au Bourget en 2011 avec sa valise pleine de billets [1,5 million d’euros, ndlr]. De son côté, Saleh multipliait les visites à Paris, tentant même une médiation au début de la guerre entre la France et son patron.

Jusqu’à la guerre, il ne faisait que passer. La fin tragique de son mentor l’a incité à demander de l’aide à ses amis. Ceux-ci ont d’abord fait un peu la sourde oreille mais sans doute a-t-il su se montrer persuasif car Guéant s’est mis au boulot. »

Guéant argue du regroupement familial !

Interpellé par le Conseil national de transition (CNT), Bachir Saleh a été vite libéré, puis transféré à Djerba (Tunisie) où l’attendait un avion français.

Selon Le Canard enchaîné, l’obtention par Saleh d’un passeport diplomatique nigérien, révélée dans la presse africaine ces dernières semaines, serait due à la contribution des « réseaux de la Françafrique », ce que démentent les autorités nigériennes.

Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a reconnu la présence de l’homme sur le sol français, indiquant qu’il bénéficiait « d’une autorisation provisoire de séjour pour trois mois puisque sa famille réside en France ».

 

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 15:23

 

LE MONDE | 03.04.2012 - 15h43

 

Le Nouvel Observateur a mis le doigt sur une  publicité qui tombe à pic pour le président-candidat Nicolas Sarkozy. L'Institut Montaigne, un think tank libéral réputé proche du patronat et de l'UMP, a en effet lancé une campagne de publicité sur la chaîne d'information BFMTV et sur les radios BFM et RMC qui ressemble étrangement au programme du candidat UMP. A tel point que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a décidé d'instruire le dossier.

 

Interrogé par le journal, le think tank se défend : "Ces spots ne visent à soutenir aucun candidat. Nous souhaitons simplement sensibiliser l'opinion à nos travaux". La similitude avec les "éléments de langage" du président est pourtant troublante.

 

 

 


 

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 15:46
Libération - Hier à 17h15
Par PHILIPPE CORCUFF Maître de conférences de science politique à l'IEP de Lyon

Quelques mois avant de se suicider, Walter Benjamin, juif marxiste hérétique fuyant le nazisme, interpellait ses contemporains en 1940, «à l'instant du danger», dans son texte Sur le concept d'histoire. Au bord du gouffre, l'action présente lui paraissait décisive pour conjurer la barbarie fasciste imminente.

Nous ne vivons pas un moment si tragique. Des odeurs nauséabondes émanent toutefois de l'Europe. Quatre personnes assassinées aux abords d'une école, dont trois enfants à bout portant, parce que juives. Trois militaires abattus, dont deux peut-être parce que musulmans et donc «traîtres» dans la logique mortifère d'un islamisme radical. L'horreur est bien là ! Et, moins visible et sanglant, mais plus profond et quotidien, l'abject est fiché au cœur de la fameuse «patrie des droits de l'homme» via une xénophobie larvée.

Devant l'effroyable, l'émotion n'exclut pas la raison critique. Une critique raisonnée qui fouille au scalpel dans les chairs infectées par d'illusoires puretés identitaires. L'extrême toulousain nous incite alors à réfléchir à des pathologies plus ordinaires et pourtant redoutables.

Quand on recourt, aux sommets de l'Etat, pour des raisons électoralistes, à des stigmatisations xénophobes («les sans-papiers», «les musulmans», «les femmes voilées», «les roms»...) associées à une démagogie sécuritaire, on crache cyniquement sur le fragile honneur de la politique. Quand on fait preuve de complaisance vis-à-vis des thèmes de l'extrême-droite, jusqu'à ce que le débat public en soit déporté (voir le cas récent de la viande hallal), on sème des grenades symboliques à retardement.

Plus immédiatement, c'est aussi la prégnance quotidienne de l'idiome national au cours de la campagne présidentielle qui inquiète dans sa supposée évidence. Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, François Hollande ou Jean-Luc Mélenchon : pas un meeting aujourd'hui sans drapeaux français et Marseillaise ! Les réunions publiques de l'Union de la gauche dans les années 1970 étaient réservées aux drapeaux rouges et à L'Internationale. Aujourd'hui, la plupart des candidats convergent vers le «produire français». «La France» et «les Français» font partie des substantifs les plus usités dans les discours politiques, alors que jadis la gauche s'adressait aux «ouvriers» et aux «travailleurs». Déjà «les Chinois» et «les Allemands» étaient devenus des boucs-émissaires avec les appels à «la démondialisation» !

En invoquant ainsi régulièrement «la France» et «les Français», n'est-on pas conduit à accepter tout en bloc ? Soit aussi le passé esclavagiste, la Collaboration et les ignominies antisémites, les crimes coloniaux... Nous devrions plutôt faire éclater les monolithes «France» et «étrangers», afin d'avoir une vue plus contrastée de la réalité. Or, la grande majorité des professionnels de la politique, de droite à gauche, préfèrent invoquer «l'unité nationale» contre «les divisions» face à un nouvel ennemi intérieur commun : des «communautés» et un «communautarisme» gonflés et fantasmés. C'est une façon commode de faire barrage aux revendications pour l'égalité des droits devant des discriminations persistantes, en habillant d'universel une «communauté» masculine, blanche, catholique et hétérosexuelle alors appelée «culture française». Cette tendance républicarde s'oppose à l'invention d'une République de la diversité où, selon l'inspiration d'Hannah Arendt, la construction de l'indispensable espace commun politique ne s'effectuerait pas dans la logique unificatrice de l'écrasement de «la pluralité humaine».

Parallèlement, le bel idéal de laïcité - entendue comme séparation des églises et des pouvoirs politiques ainsi que garantie publique des croyances et des incroyances - est de plus en plus dévoyé dans des usages laïcards douteux. Appropriée récemment par la droite et l'extrême-droite, la laïcité a souvent eu dernièrement des relents islamophobes. Même à gauche, certains la confondent avec une stigmatisation des pratiques religieuses, de certaines pratiques religieuses, bien peu suggérant de s'en prendre aux «chrétiens de gauche»...

Enfin, des essayistes et des conseillers en communication en quête de «vote populaire» ont solidifié une équivalence essentialiste entre un «national» compact et un «populaire» homogène. Comme tout essentialisme, une telle déformation oublie la diversité du réel. La tradition de l'internationalisme ouvrier est passée à la trappe. Les ressources internationales présentes dans des classes populaires traversées par plusieurs vagues d'immigration aussi. Et, de manière manichéenne, on met face à face un monde uniquement pourvoyeur de dérégulations appauvrissantes et une nation exclusivement porteuse de protections sociales.

«A l'instant du danger», nous laisserons-nous entraîner dans un engrenage chauvin, des amalgames racistes et une surenchère sécuritaire, parce que le tueur présumé de Toulouse s'est réclamé des mirages identitaires meurtriers d'Al-Qaeda ? Ou prendrons-nous à temps la mesure du précipice qui se rapproche ?

Á l'encontre des identités uniformes et fermées se dessinent pourtant les linéaments d'un sursaut : une République de la diversité et du métissage, une laïcité interculturelle, une cosmopolitique populaire ouverte sur l'horizon d'une démocratie planétaire. C'est à partir de tels repères communs redéfinis que les barbaries menaçantes pourraient être affrontées en préservant les possibilités d'un avenir émancipateur.

En ce moment périlleux, nous sommes tous des juifs musulmans laïcs !

 

 

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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 12:38

Les Indignés n’ont pas rencontré un succès important en France. Pourtant, l’influence de ce mouvement n’est pas nulle. Grâce aux rencontres du philosophe Jean-François Mattei, auteur de l’ouvrage De l’indignation et de Félix Reimbold, élève en 4ème année à l’IEP d’Aix et auteur du mémoire Sociologie politique du mouvement des Indignés, le cas espagnol, nous nous sommes intéressés à l’essence de ce mouvement et à son influence potentielle sur la campagne présidentielle.

 

« Indignation individuelle, révolte collective »

131567 des indignes manifestent a paris le 19 juin 2011 300x199 Les indignés dans la campagne présidentielle

Aujourd’hui le terme « indignation » est souvent confondu avec celui de « révolte ». Pourtant, ces deux types de réactions sont initialement bien distincts l’un de l’autre.

Contrairement à la révolte qui est active et collective, l’indignation est passive et singulière. Elle relève d’un sentiment personnel qui se crée si l’on est témoin d’une quelconque violation de la dignité d’une personne. Pour qu’il y ait indignation, il faut donc trois facteurs : l’auteur d’un mal, la victime passive et le témoin qui ressent de la colère par rapport à l’acte commis.

L’indignation se développe depuis le XXème siècle, siècle de la subjectivité, de l’individualisme, de la singularité. Aujourd’hui, nous vivons de plus en plus dans une société des affects qui incite à l’indignation. Les réseaux sociaux (mais aussi les séries télévisées ou les boîtes de nuit) représentent le summum du règne du relationnel basé sur l’affect.

Le mouvement des Indignés est issu d’une colère du peuple mais il y a une confusion entre les victimes du système qu’ils condamnent et les manifestants. De plus, l’indignation dont on parle aujourd’hui est collective et a donné lieu à des rassemblements de grande ampleur. Le terme utilisé par le mouvement n’est donc pas tout à fait adapté.

Anarchisme 2.0

Le mouvement des Indignés se défend d’être anarchiste car l’anarchisme, que l’on assimile à tort à de la désorganisation, a tendance à être décrédibilisé. Or, « Los Indignados » sont organisés selon le modèle anarchiste. Ils naissent d’eux mêmes notamment grâce aux réseaux sociaux et aux plateformes Internet. Il n’y a pas de leadership avéré, et le mouvement est ouvert à tous et à tous types de revendications.

C’est pourquoi Félix Reimbold caractérise brièvement ce mouvement de « base organisationnelle avec des revendications ouvertes » L’essence du mouvement se trouve donc dans cette forme nouvelle d’anarchisme. On peut tout de même relever deux thèmes majeurs de revendications :

-          La lutte contre « la dictature des marchés » (expression de Stéphane Hessel dont on a tendance à surestimer l’implication dans le mouvement en France)

-          Une meilleure représentativité démocratique.

Malgré la tradition contestataire très prégnante, le mouvement ne s’est pas propagé en France. Cela peut s’expliquer notamment par la puissance organisationnelle des syndicats et par l’élection présidentielle à venir qui représente pour certains un espoir de changement. Parmi les 10 candidats à la présidentielle, qui incarne dans une certaine mesure l’idéologie des Indignés ?

Mélenchon « l’indigné »

Mélenchon emploie davantage les termes de révolte et de révolution citoyenne que celui d’indignation, mais il fait des propositions qui ont des filiations avérées avec le mouvement. Dimanche 18 mars a eu lieu à son appel un rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de militants à la Bastille, lieu choisi l’année dernière par les Indignés.

Il emploie le même type de discours (« amélioration de la vie du peuple qui pâtit ») et propose que la reprise du pouvoir par le peuple se fasse grâce à une Assemblé Constituante strictement paritaire (qui serait à l’origine d’une 6ème République). Cette mesure est réclamée par les mouvements sociaux depuis les années 70 et elle fait partie des revendications des Indignés.

Enfin, quand il déclare « Prenez les places et les rues de la République comme vous le pouvez dans toutes les villes et chaque village de France. », le lien est assez clair car il appelle à manifester et notamment au niveau des villages.

Les phénomènes Indignés et Mélenchon touchent un peu les mêmes publics, reprennent les même thématiques, dénoncent les mêmes problèmes, même s’ils se manifestent de manière différente. Les premiers sont organisés de façon décentralisée alors que le second bénéficie de la structure forte d’un parti politique aux traditions très centralisatrices. Mélenchon est donc le candidat qui semble le plus proche idéologiquement du mouvement des indignés. Il bénéficie d’ailleurs d’une popularité croissante depuis le début de la campagne, si bien que parmi les sondages les plus récents, certains le placent en 3ème position devant Marine Le Pen et François Bayrou.

Les Indignés : entre déclin et postérité

 

Mis à part le candidat du Front de Gauche, la dénonciation de la dictature des marchés est faite par tous les candidats d’extrême gauche (c’est le cas de Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste et de Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière). L’opposition au monde de la finance fait également partie du programme de Hollande. Il a d’ailleurs déclaré à plusieurs reprises « mon ennemi c’est la finance ». Enfin, au niveau de la représentativité démocratique, même Nicolas Sarkozy semble aller dans ce sens avec son projet de référendum sur l’indemnisation des chômeurs. En règle générale, on cherche à augmenter le pouvoir du peuple.

Au-delà de l’élection, les Indignés seraient surtout, selon le philosophe Bertrand Badie, le révélateur d’une « coupure entre la société et le monde politique traditionnel ». Ils proposent un modèle de substitution : d’un côté un repli sur les communautés et les villages et de l’autre, une universalisation par Internet. Il y a donc un refus de la participation politique classique qui s’accompagne d’une lutte pour davantage de démocratie directe. C’est donc surtout  le divorce entre Etat et société que les Indignés mettent en évidence. Malgré son essoufflement et ses critiques, le mouvement des Indignés n’est donc pas mort.

 

Pour aller plus loin :

-          REIMBOLD Félix, Mémoire « Sociologie politique du mouvement des Indignés. Le cas espagnol ».

-          MATTEI Jean-François, De l’indignation, Paris, La Table Ronde, 2005.

-          BADIE Bertrand, « Printemps arabes, indignés, les sociétés s’attaquent à la légitimité du politique », chat sur le site du monde le 26 octobre 2011 : http://www.lemonde.fr/international/article/2011/10/26/printemps-arabes-indignes-les-societes-s-attaquent-a-la-legitimite-du-politique_1594189_3210.html

-          « Jean-Luc Mélenchon à Bastille : nous sommes le cri du peuple », article du 19/03/12 sur le site du Monde : http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/03/18/melenchon-a-bastille-nous-sommes-le-cri-du-peuple_1671699_1471069.html

 

 

 Jérôme DECOSTER

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