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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 14:42

 

Source : http://reporterre.net

 

 

Nuit debout au village ? Bien sûr ! On phosphore à Aumessas, dans le Gard

30 avril 2016 / Pierre Isnard-Dupuy (Reporterre)
 


 

Dans un village gardois, une première Nuit debout a réuni une cinquantaine de personnes. Ils ont débattu des enjeux de société mais aussi de la réappropriation par les habitants des affaires du village. Et le mouvement continue.

 

- Aumessas (Gard), reportage

Avec grande motivation, Céline, Corinne, Héloïse, Tof et Kevin ont organisé, mardi 26 avril, la première Nuit debout de leur village, Aumessas, 233 habitants, niché dans un vallon des Cévennes. Depuis près d’un mois, ils ont participé à de nombreuses Nuits debout, à Montpellier puis plus près de chez eux, au Vigan et à Brissac.

À l’extérieur de la gare convertie en salle communale, une dizaine d’enfants s’amusent sur les anciennes voies, devenues terrain de foot. Depuis 1952, les trains qui permettaient de grimper sur le Larzac ou de descendre à Nîmes ne circulent plus, ce qui a aggravé l’exode rural. Ce mardi 26 avril, les clameurs des enfants se font parfois entendre à l’intérieur, couvrant les paroles de l’assemblée.

Cinquante personnes ont fait le déplacement. Habitants du lieu, de villages voisins ou d’un peu plus loin. Militants de longue date ou se découvrant une passion pour la politique. José, qui réside en région parisienne, est impressionné par l’organisation et l’affluence : « J’ai participé à une Nuit debout à Évry et il y avait à peu prés autant de monde qu’ici. » Céline est très enthousiaste : « Ça fait quinze ans que je m’étais détournée du militantisme. Ce qui se passe ce soir, j’en rêvais depuis longtemps. C’est une école de la vie qui commence. »

 

Un inventaire à la Prévert des luttes en cours 

S’appuyant sur l’expérience de Montpellier, Kevin, à la tribune, propose des règles pensées par l’équipe qui a préparé l’assemblée générale. À ses côtés, Céline fait « l’hôtesse de l’air » pour montrer les gestes désormais célèbres de Nuit debout. Kevin invite à ce que le temps de parole soit fixé à deux minutes maximum et que les décisions de « l’assemblée générale souveraine » soient validées à la majorité des deux tiers. Fabienne Labrosse, connue comme militante du comité local du Parti de gauche, qualifie un tel fonctionnement de « surréaliste » au regard d’une assemblée taillée pour plus de « spontanéité » que celle de Montpellier. Le temps de parole de chacun est porté à cinq minutes. Au cours des deux heures et demie de discussions qui suivent, la règle n’est pas surveillée. Ce qui n’empêche pas une qualité d’écoute et d’échange rarement observée dans une assemblée de ce type.

 

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La première Nuit debout d’Aumessas, dans l’ancienne gare.

Dans un inventaire à la Prévert, Isabelle, professeure des écoles dans la vallée, proche de la retraite, dresse une liste impressionnante de luttes en cours dans la région et au-delà. Les grands projets inutiles et imposés y ont une grande place. Elle parle aussi du procès Luxleaks, de la directive européenne sur le glyphosate ou encore des blocages à Mayotte... Côté solutions, Podemos et le mouvement de Yannis Varoufakis, ministre de l’Économie démissionnaire du premier gouvernement Tsipras, en Grèce, lui paraissent de bonnes pistes. « Militante syndicale depuis 40 ans », Isabelle se réjouit que Nuit debout « récupère les syndicats ». Dans un élan d’euphorie, elle affirme vouloir « être récupérée le plus possible ».

Denis Bertaux, qui avec son chapeau éternellement vissé sur la tête est une figure du collectif Stop gaz de schiste du Vigan, ajoute « dans la liste des grands projets inutiles, tu oublies E.ON à Gardanne ». Du nom de la multinationale allemande qui souhaite engloutir 850.000 tonnes de bois par an dans sa centrale de la ville industrielle des Bouches-du-Rhône. Nombreux sont les écologistes cévenols inquiets. Leurs montagnes sont incluses dans un rayon d’approvisionnement prioritaire de 400 km pour cette centrale, à présent gérée par la filiale Uniper. « À Aumessas, quelqu’un coupe déjà pour E.ON ! » s’exclame Denis. Marc Labinal président de l’ASL, qui regroupe les propriétaires forestiers de la commune, lui répond que son objectif n’est pas de « sortir du bois pour E.ON mais d’améliorer les futaies », tout en affirmant qu’E.ON est un « client potentiel » pour du bois de deuxième choix. Assis sur la chaise d’à côté, Jean-François Dromel, membre de l’ASL et président du groupement de développement forestier du Gard, ajoute : « C’est du développement durable que l’on veut faire. On ne va pas tout raser. » Corinne pense qu’il est préférable « que le bois soit valorisé localement plutôt qu’il parcoure des kilomètres ». Le débat n’a jamais eu lieu publiquement dans le village. Pour le poursuivre, l’assemblée acte d’organiser une réunion publique ultérieurement.

 

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La Nuit debout à Brissac.

La suite des discussions se fait à bâtons rompus. Travail, consommation, médias, agriculture... chaque intervention apporte une réflexion dans un de ces thèmes, souvent accompagnée de proposition très concrètes. « Tous ces gens qui sont plus haut que nous, c’est eux qui nous empêchent de faire ce qu’on a à faire, comme du maraîchage ou de l’élevage », résume Sacha, 11 ans, le fils de Tof.

 
 
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Le témoignage de Sacha, 11 ans.

« Et si on lançait une pratique de boycott des supermarchés ? » avance un jeune homme d’une trentaine d’années. D’autres voix proposent la création d’un système d’échange local (SEL) ou encore d’une monnaie locale. « Fana d’histoire et attaché au Front populaire », Pierre est agacé d’entendre chaque matin « la leçon de libéralisme » de France Inter. « Les économistes atterrés, indignés ou je ne sais quoi, devraient pouvoir s’y exprimer aussi », considère-t-il. « Les thinks tanks nous mettent dans la tête des mots qui nous empêchent de penser, abonde Fabienne, comme, par exemple, “emploi”, qui cache les ouvriers qui ont des métiers. Ce week-end j’ai participé à un atelier de désintox du langage avec Franck Lepage. On s’est dit que l’on pouvait faire ce travail sur le projet de loi travail. Je me fais la porte-parole de cette proposition devant l’assemblée. » Puis elle, ajoute : « Les services publics sont à nous. Il faut se les réapproprier pour en faire ce que l’on veut. »

Davantage de solidarité et d’autonomie...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 14:37

 

Source : https://gazettedebout.org

 

Réponse de l’Accueil et Sérénité de Nuit Debout à propos des violences

 

 

 

paname

 

COMMUNIQUE DE PRESSE –  Réponse de la Commission Accueil et Sérénité au gouvernement à propos de Nuit Debout et des manifestations contre la loi El Khomri.

La politique sociale du gouvernement est inacceptable. Alors que le chômage et la pauvreté gagnent du terrain et, que la précarité explose, le gouvernement ne se préoccupe que de satisfaire les volontés du MEDEF qui en demande toujours plus.

 

Le « dialogue social » du gouvernement est irresponsable. Il s’obstine à maintenir une loi dite « Travail » que l’immense majorité de la population réprouve, et dont il est largement admis qu’elle nuit à l’ensemble des salarié.e.s.

La politique répressive du gouvernement est intolérable. Chaque jour des manifestant.e.s sont aspergé.e.s de gaz lacrymogènes, frappé.e.s, enfermé.e.s dans des nasses, humilié.e.s ; tandis que les réfugi.é.es sont victimes d’un harcèlement systématique. Cela ne relève pas d’exactions individuelles mais d’une politique délibérée de répression policière d’un conflit social.

La commission chargée de l’Accueil et de la Sérénité des Nuits Debout parisiennes déplore ces orientations gouvernementales. La stratégie policière, ajoutée à la crise sociale, crée un climat d’exaspération propice à la montée généralisée de la violence. Dans ce contexte difficile, nous garantissons depuis le 31 mars la Sérénité des débats sur la place de la République grâce à une action de médiation, afin de permettre l’expression d’une voix nouvelle qui pense et construit collectivement un monde débarrassé des systèmes d’oppression actuels. Et notre tâche est compliquée par les interventions violentes et répétées des forces de l’ordre (par exemple les évacuations musclées de la place de la République), contribuant à tendre encore plus la situation. Ces interventions, loin d’aider la Commission Accueil et Sérénité dans l’accomplissement de son mandat, créent un climat de tension qui détourne l’attention des objectifs de notre mouvement : construire le monde que nous voulons, débarrassé de la violence sociale, des inégalités et des haines.
DANS CE CLIMAT DIFFICILE, NOUS CONTINUONS, PACIFIQUES ET DÉTERMINÉ.E.S, À CRÉER UN ESPACE OÙ L’ON PEUT S’EXPRIMER, PENSER ENSEMBLE ET CONSTRUIRE ENSEMBLE UN AVENIR MEILLEUR.

Nous travaillons à permettre une alternative :

– cela se fait chaque soir place de la République et dans de nombreux endroits en France;

– cela se fera dans les cortèges des manifestations du 1er mai et des jours suivants;

– le retrait de la loi El Khomri et l’arrêt des violences policières sont des mesures d’urgence, à prendre immédiatement.

Commission Accueil et Sérénité

 

 

Source : https://gazettedebout.org

 

 

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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 13:57

 

Source : http://reporterre.net

 

 

A Rennes, l’occupation permanente de la Maison du peuple par les syndicats et Nuit debout a commencé

2 mai 2016 / par Julie Lallouët-Geffroy (Reporterre)

 

 

Lors des rassemblements du 1e mai, à Rennes, le mouvement opposé à la loi El Khomri a passé un cap. Ensemble, syndicats, étudiants, intermittents, Nuit debout ont décidé d’occuper la salle de la Cité, au coeur de la ville.

 

- Rennes, correspondance

La convergence des luttes tant espérée depuis le début de la mobilisation contre la loi El Khomri semble avoir fait un pas de plus à Rennes dimanche 1e mai, le jour de la fête du travail. Les étudiants de l’université Rennes 2, Rennes 1, les lycéens, les intermittents, les Nuits debout et les syndicats ont la salle de la cité, une salle de spectacles aussi connue sous le nom de Maison du peuple car les événements qui s’y déroulent sont tous empreints d’éducation population : projections-débats, meetings, réunions d’associations mais aussi des concerts, et ce depuis les années 1920.

« C’est absolument fou, raconte Benjamin, intermittent, j’ai le sentiment d’avoir vécu aujourd’hui quelque chose de très fort. Presque tous les acteurs qui luttent sont présents. »

Autre symbole fort dans cette occupation : la localisation de cette salle historique, en plein centre-ville, alors que depuis le début de la mobilisation il y a deux mois, la maire et le préfet ont interdit l’accès de cette partie de la ville aux manifestants, ce qui a provoqué de nombreux heurts. Qui ont pris un tour dramatique jeudi 28 avril, avec un étudiant qui devrait perdre l’usage d’un de ses yeux suite à un tir de flashball.

La journée du 1e mai avait commencé à Rennes avec son cortège traditionnel, mais cette fois, il était imposant, 3.000 personnes, opposition à la loi travail oblige. En début d’après-midi, lorsque les drapeaux syndicaux ont été rangés, les manifestants ont envahi le cinéma multiplexe, situé sur l’esplanade Charles de Gaulle où se rassemble depuis presque un mois Nuit debout.

 

Après une assemblée générale dans le hall du cinéma, un cortège s’est formé pour rejoindre l’intersyndicale qui devait se réunir à la salle de la Cité, dans le centre-ville. Tout le long du parcours, les forces de l’ordre se sont montrées discrètes. Pierre était dans les différents cortèges, « il n’y avait pas de policiers et il n’y a pas eu de casse. Je pense qu’il y a un lien à faire entre ces deux faits », ironise-t-il. Quelques dégradations tout de même, dans le cinéma, avec des tags et le vol des bonbons vendus dans l’entrée.

Lorsque le cortège est arrivé devant la salle de la Cité, elle était fermée ; Loïc Morel de la CGT explique : « On nous a dit que des manifestants allaient investir la salle, nous avons donc décidé d’annuler. » Finalement, les militants entrent dans les lieux, appellent les syndicats pour qu’ils fassent demi-tour et viennent tenir l’assemblée générale avec toutes les composantes du mouvement. Les CRS eux aussi arrivent, mais comme le raconte le délégué CGT : « Nous avions réservé la salle, l’atmosphère était calme, il n’y avait pas de risque quant à la sécurité, pas de dégradation non plus, nous leur avons donc dit qu’une intervention ne serait pas appropriée ; et ils sont partis. »

Le mouvement contre la loi travail est souvent présenté comme composé des étudiants, de jeunes "en rage" et des syndicats ; dimanche, ces trois entités, même si elles sont perméables, étaient réunies. Hugo fait partie de l’université Rennes 2. Pour lui, « les syndicats ont utilisé leur poids et leur force pour permettre un départ de la police ». Il y a fort à parier que sans les syndicats, les forces de l’ordre ne seraient pas reparties d’elles-mêmes. Ainsi, si l’occupation a pu avoir lieu et perdurer, c’est grâce à la complémentarité des militants, mais cela n’est pas allé de soi. Pour Guillaume, « il y a eu un rapport de force avec les syndicats, il a fallu les forcer à revenir. Et c’est grâce à eux que les CRS sont partis. Je pense qu’ils sont dépassés par la mobilisation qui reste massive et s’inscrit dans la durée, c’était pareil en 1936 ou 1968. »

L’assemblée générale qui a suivi a été cruciale, dit Hugo : « Pour la première fois, les responsables syndicaux se sont confrontés au cœur du mouvement, à des modes d’actions et des visions qui ne sont pas les leurs. Et malgré les désaccords, il y avait un côté très unitaire. Il s’est passé quelque chose, un déclic avec cette confrontation de points de vue. »

Serge Bourgin de Sud PTT renchérit : « Aujourd’hui, il s’est passé quelque chose, il y a eu une bascule, mais selon moi, ce n’est pas une convergence des luttes ; plutôt une convergence inter-classes. On voit des gens de tous les âges, de toutes conditions de travail. J’ai l’impression que c’est le rassemblement de ceux qui en ont marre et attendaient le bon moment pour renverser le gouvernement. »

 

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Serge Bourgin : « Une convergence inter classes »

Pierre participe à Nuit debout mais aussi aux assemblées générales de Rennes 2, pour lui cette journée du 1e mai « n’est pas une convergence, c’est un point de départ entre tous ceux qui luttent : syndicats, étudiants, salariés et intermittents »....

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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2 mai 2016 1 02 /05 /mai /2016 13:46

 

Source : http://reporterre.net

 

 

A Montpellier, Nuit debout crée une ZAD écologique en quartier populaire

2 mai 2016 / par Marie Astier (Reporterre)
 

 

Les jeunes de Nuit debout sont venus occuper un parc menacé par des constructions, en soutien aux habitants en lutte. Ce poumon vert est indispensable pour l’harmonie de ce quartier de Montpellier. Les enfants apprécient : ils jouent dans le parc !

 

- Montpellier, reportage

Les barrières de chantier ont été écartées pour ouvrir un passage. Un panneau coloré peint par des petites mains sur un grand morceau de carton annonce aux passants : « parc ouvert ». Au-delà, un étroit chemin s’enfonce entre les arbres pour déboucher sur une esplanade enherbée, dominée par une petite colline. De là haut, la vue embrasse les immeubles cernant l’unique espace vert du quartier. « Il faut venir au petit matin, on entend le concert des oiseaux », confie Aida Gradenigo, habitante de l’un des appartements HLM de la résidence Las Rébès à Montpellier, installée au pied de ce parc.

Depuis dix jours, l’élégante dame aux cheveux blancs n’est plus seule à les écouter le matin. Les lieux ont été investis par quelques dizaines de « jeunes » -étudiants, stagiaires, travailleurs -, venus avec leurs tentes et leurs outils au cœur de ce quartier populaire pour y installer une ZAD -comprenez « zone d’activité démocratique ». Ces nouveaux occupants ont répondu à un appel à l’aide des habitants du quartier. Ils sont une trentaine chaque soir à dormir sur place.

« Pour nous c’est un ballon d’oxygène », assure Hachème Amirpour, retraité de 73 ans. La vue depuis chez lui donne sur le parc. Un bâtiment pourrait être construit à dix mètres seulement de ses fenêtres. Cela fait un peu plus d’un an que les habitués de « la colline », comme on l’appelle ici, ont découvert un jour de début février un permis de construire affiché à l’entrée. Ils comprennent que 63 logements sociaux répartis en trois immeubles vont bientôt s’ériger sur cet hectare de verdure. Très vite, des habitants se réunissent et se mobilisent.

 

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Hacheme, Aida, et Jean-Michel

« Depuis que la résidence Las Rébès a été racheté par l’office public HLM de la mairie, en 1999, les logements comme le square sont moins bien entretenus. Il y a déjà 68 % de logements sociaux dans notre résidence. Le quartier est saturé, la mixité sociale est en train de disparaître, ça suffit », estime Hachème. Mais après un an de réunions de voisinage, d’actions dans le parc et autour, de protestations auprès de la mairie ou dans les consultations de quartier, et de recours juridiques, toujours pas de réponse. Un matin, une première pelleteuse est arrivée, quelques habitants l’ont empêché de commencer. Une dizaine d’entre eux se sont retrouvés assignés en justice pour « entrave à la liberté du travail », en même temps que les deux associations qui défendent cet espace boisé. « On a eu 100 euros par personne d’astreinte, plus 100 autres euros à chaque fois que l’on empêchera les travaux, et les frais de justice sont à notre charge, détaille Hachème, qui fait partie des assignés. Cela fait beaucoup, parmi nous certains ne vivent qu’avec 460 euros pas mois. » Pour éviter de nouvelles sanctions financières, son association, Poumon Vert-Las Rébès, s’est dissoute. Les Enfants de la colline, eux, ont lancé une souscription pour payer les frais de justice : 1.000 euros d’huissier plus 4.000 euros d’avocat.

 

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Un parc au milieu des immeubles, menacé par la construction de trois nouveaux immeubles

Certains commençaient à désespérer, quand le mouvement Nuit Debout de Montpellier leur a donné un nouveau souffle. L’un des opposants a eu l’idée d’aller y raconter l’histoire du square menacé lors de l’assemblée générale. Un appel a été lancé à participer à un grand pique-nique le dimanche 17 avril. Le soir, certains plantaient leurs tentes, l’occupation était lancée.

 

Un centre aéré à ciel ouvert

Moins de deux semaines plus tard, on pourrait croire qu’ils sont là depuis plusieurs mois. Les bâches tendues entre les branches d’un grand peuplier abritent la cuisine. Une yourte fait office de salon-dortoir-lieu de réunion. Les eaux de la douche ruissellent vers le petit jardin en permaculture où les premières pousses pointent déjà. Le bois des arbres coupés laissé sur place a permis de construire des tipis au sol et des cabanes dans les arbres. Un peu à l’écart, un espace bureau pour les nombreux étudiants qui occupent le site a été aménagé. « On envisage aussi d’y faire du soutien scolaire », espère Jules, l’un de ceux qui a planté sa tente sous les arbres. En bordure de l’esplanade, une aire d’herbes hautes est protégée par des barrières, pour ne pas déranger les hérissons. Ils sont réputés nombreux sur la zone. Plusieurs espèces de chauve-souris ont également été repérées.

 

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Salon, dortoir et salle de réunion : la yourte est bien utile

Camille affiche une liste des règles sur la zad. « La règle n°1, c’est l’autogestion ! », explique-t-elle. On compte sur chacun pour participer à la vie collective. Mais l’enjeu, c’est aussi de préserver le lieu -notamment en évitant des déchets - et surtout de ne pas déranger les habitants. L’alcool fort est interdit, musique, bière et vin sont proscrits après 22 heures en semaine, 23 heures le week-end. « Et tous les matins, on essaye de se lever vers sept heures pour que tout le monde soit prêt quand les gens arrivent », ajoute Camille.

 

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La première régle est l’autogestion

Vers quatorze heures, le jardin s’anime de cris d’enfants. Le square est devenu le lieu de rendez-vous des gamins du coin. Sous la yourte, un cours de percussions s’organise. Vers le tipi des enfants, se tient un atelier peinture. Un match de foot s’installe sur l’esplanade tandis qu’une partie de balle au prisonnier commence en contrebas. Les « zadistes » font office de moniteurs de centre aéré. Pas besoin d’expliquer aux petits pourquoi une journaliste vient les voir. « Je ne veux pas qu’ils construisent parce que j’aime bien venir ici, on s’amuse », lance Bayane. « On est là pour jouer, avoir des nouvelles copines, pour profiter de la nature. C’est trop bien cet endroit, on rencontre des gens qu’on ne connaît pas ! » approuve Cherine.

 

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Les enfants jouent entre les tentes

Certains viennent seuls, d’autres avec leurs mères. Elles, pour la plupart, se tiennent un peu à l’écart, installées sur des chaises de jardin en plastique. La majorité sont voilées. Un groupe d’ados en baskets et jogging tient conseil un peu plus près du campement. Anne, jeune maman voilée, vient avec ses deux enfants et n’hésite pas à se mêler à la bande d’occupants et d’habitants mobilisés qui fait vivre le campement : « Avant, j’avais l’habitude de traverser le parc tous les jours pour emmener les enfants à l’école. Mais on y restait peu. Depuis que c’est occupé, c’est du bonheur, on est dans la nature, les gamins ils se régalent, ils font autre chose que de regarder la télé, ils dorment mieux le soir. Et nous on rencontre des gens, des voisins. On a pris conscience de l’importance de garder ce bout de vert et on n’a plus envie de le laisser au béton. »

 

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Tristan : « On nous rabâche qu’il faut casser les ghettos »

Tristan, la trentaine, rentre du boulot et vient promener son chien qui chahute avec les gamins. « Je viens tous les jours, raconte-t-il. J’habite ici depuis quatre ans et c’est au parc que j’ai rencontré mes voisins. Je ne comprends pas ce projet. Toute l’année, on nous rabâche qu’il faut casser les ghettos, faire de la mixité sociale, et un matin on nous dit qu’on va planter encore plus de logements sociaux dans un quartier où il y en a déjà plus de 500 ! »

« Dans un quartier avec espace vert, la criminalité baisse de 60 % »...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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1 mai 2016 7 01 /05 /mai /2016 11:27

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Procès Luxleaks

Eva Joly : « Il est urgent de créer un statut pour protéger les lanceurs d’alerte »

par

 

 

Le procès du lanceur d’alerte Antoine Deltour et du journaliste de Cash Investigation Edouard Perrin, à l’origine des révélations sur le scandale fiscal « LuxLeaks », vient de s’ouvrir. L’intervention de lanceurs d’alerte s’avère souvent décisive pour rendre publics, au nom de l’intérêt général, des documents censés rester secrets. Mais ils le payent parfois très cher : perte de leur travail, convocation devant les tribunaux... Comment les protéger et les soutenir ? Entretien avec l’euro-députée Eva Joly, vice-présidente de la commission parlementaire en charge de faire la lumière sur les rouages de l’évasion fiscale.

 

Basta ! : Le procès du lanceur d’alerte Antoine Deltour et du journaliste Edouard Perrin s’est ouvert mardi dernier (lire notre article). Vous vous êtes insurgée contre ce procès. Pourquoi ?

Eva Joly : C’est un procès choquant par son injustice profonde. Voir Antoine Deltour [1] dans le box des accusés, c’est le monde à l’envers. On devrait plutôt lui tresser des couronnes de laurier et punir ceux qui ont mis en place ce système : les multinationales qui n’ont pas payé leurs impôts en France, en Italie et ailleurs, avec la complicité d’une partie du pouvoir luxembourgeois. Ce procès montre bien le monde malade dans lequel nous vivons. L’intérêt particulier prime sur l’intérêt général.

Le rôle des lanceurs d’alerte est très important pour la démocratie ! De plus en plus important, au fur et à mesure que s’épaissit le secret des affaires. Sans eux, on ne peut pas lutter efficacement contre la fraude et la corruption. Sans eux, on ne peut pas identifier les entreprises et les personnes coupables de délits d’évasion fiscale. Celle-ci dessert les intérêts financiers européens mais également les contribuables [l’évasion et la fraude fiscale sont évaluées à 1000 milliards d’euros par an dans l’Union européenne, ndlr]. Ce sont toujours les mêmes qui en profitent : les puissants, les criminels qui blanchissent leur argent, certains partis politiques.

 

Vous défendez la création d’un statut européen pour les lanceurs d’alerte. À quoi ressemblerait-il ?

Les Verts vont, dans les prochains jours, publier leur projet de directive européenne de protection des lanceurs d’alerte. Il faut selon nous protéger l’anonymat via une institution interposée. Et si l’identité du lanceur d’alerte est découverte, et qu’il se retrouve au cœur d’une procédure judiciaire, il faut pouvoir financer sa défense. Se défendre face à des multinationales peut coûter des dizaines de milliers d’euros. C’est une arme puissante pour faire taire les citoyens. En plus de ces fonds pour faire face aux frais de justice, il faudrait pouvoir rémunérer les personnes lanceuses d’alerte pendant quelques temps. Parce que bien souvent, les lanceurs d’alerte sont bannis de leur profession.

J’en ai fait l’expérience pendant « l’affaire Elf ». Des ingénieurs qui avaient refusé d’augmenter les factures de quelques millions de francs étaient écartés par leur entreprise [2]. Actuellement, la sécurité matérielle des lanceurs d’alerte est réellement mise en danger. Enfin, il faudrait créer une infraction spécifique pour ceux qui s’attaquent aux lanceurs d’alerte. Irène Frachon, le médecin qui a dénoncé le scandale du Médiator, rappelle dans une tribune publiée ce lundi 25 avril par le journal Le Monde que le laboratoire Servier menaçait systématiquement les médecins qui disaient que le Médiator provoquait des cardiopathies. Ces attitudes ne sont pas tolérables en démocratie.

 

La Commission européenne n’a pourtant pas mis à l’ordre du jour la protection des lanceurs d’alerte. Et les parlementaires européens non plus. La directive sur le secret des affaires, qui vient d’être votée (lire ici), risque plutôt de compliquer encore un peu plus la vie des lanceurs d’alerte...

La Commission européenne, à qui j’ai posé la question, m’a clairement répondu que la protection des lanceurs d’alerte n’était pas une priorité. Pire, avec le texte sur le secret des affaires, leur situation sera encore plus difficile. Je pense que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, n’aime pas les lanceurs d’alerte. Et Antoine Deltour, en particulier, lui a créé beaucoup de problèmes. Le scandale qu’il a dénoncé a été mis en place alors que M. Junker était Premier ministre du Luxembourg. D’ailleurs, la révélation des tax rulings dans la semaine de sa nomination a failli lui coûter son poste. Je décris tout cela précisément dans mon dernier ouvrage, Le loup dans la bergerie [3].

Les défenseurs de la directive sur le secret des affaires avancent que des exceptions sont prévues pour les lanceurs d’alerte. Mais ces exceptions ne sont pas suffisantes. Elles font peser sur les lanceurs d’alerte la charge de la preuve : c’est à eux de prouver qu’ils sont de bonne foi. Si on avait une législation moderne efficace, ce poids ne reposerait pas sur les lanceurs d’alerte.

 

Les multinationales ont-elles la main sur les politiques menées en Europe sur ces sujets – évasion fiscale, secret des affaires, protection ou non des lanceurs d’alerte ?

La genèse de la directive sur le secret des affaires est particulièrement obscure. Nous pensons qu’elle a été commanditée par les lobbyistes, qui ont malheureusement plus de pouvoir que nous, les parlementaires. Les lobbyistes sont partout à Paris, Berlin, Bruxelles, Rome. Nos institutions nationales et européennes sont devenues leur terrain de jeu. Les ministres nationaux, quand ils viennent à Bruxelles, se comportent trop souvent en VRP de leurs grandes multinationales. Par exemple, en matière de régulation bancaire, la France bloque depuis des années toutes avancée permettant de réduire le risque systémique lié à la taille et à l’irresponsabilité des méga-banques, BNP Paribas et Société Générale en tête. Après le « dieselgate » tous les ministres, y compris Ségolène Royal, ont joué de toutes les contorsions possibles pour avoir un discours de dénonciation, tout en protégeant leurs constructeurs nationaux.

La santé publique et la stabilité financière passent après les intérêts de ces entreprises. Les lanceurs d’alertes, que ce soit Irène Frachon, Stéphanie Gibaud [4], Hervé Falciani [5] ou Antoine Deltour, ont chacun à leur manière levé le voile sur une bataille larvée pour la démocratie, où les multinationales et les méga-banques tentent par tous les moyens d’influencer nos lois, jusqu’à parfois les écrire directement par le biais de parlementaires, de ministres ou de fonctionnaires trop zélés. En faisant la lumière sur ce qui se passe, les lanceurs d’alertes rééquilibrent les forces et permettent aux citoyens de s’organiser et de peser sur la puissance publique, nationale ou européenne, pour que celle-ci cesse de pencher dans le sens de quelques intérêts particuliers, et défende à nouveau le bien commun.

 

Suite aux accusations de fraude fiscale liées à l’affaire des Panama Papers, vous venez de lancer une pétition dans laquelle vous exigez la fin du secret fiscal et des sanctions contre les banques. Vous prenez ainsi le relai des lanceurs d’alerte...

Nous avons une énorme responsabilité en tant que membre du Parlement européen. L’opinion publique doit aussi faire pression pour maintenir ces questions dans l’actualité, pour exiger toujours plus de transparence. L’avenir de nos démocraties, si nous ne laissons pas toute leur place aux contre-pouvoirs, dont les lanceurs d’alerte font partie intégrante, est tout à fait inquiétant. Les Panama Papers ont révélé la façon dont certaines élites utilisent le secret pour cacher leurs activités financières. Ce secret permet à de riches individus de ne pas payer leur part normale d’impôts, mais il permet également à la grande criminalité de se financer – de l’esclavage humain à la vente d’armes illégales, en passant par le financement du terrorisme.

Cette question des paradis fiscaux est éminemment politique. En France, il y a un vrai problème avec le « verrou » de Bercy, le ministère des finances, qui est le seul à pouvoir déposer plainte en matière fiscale. Et il ne le fait jamais ! Mais le temps du secret – celui du verrou de Bercy, des régulations européennes frileuses et de l’impunité des banques et des intermédiaires – doit prendre fin. Plus de 520 000 personnes ont signé une pétition pour que les gouvernements européens poursuivent en justice les banques et les intermédiaires, qui laissent leurs clients cacher leurs actifs dans des paradis fiscaux, sans informer les administrations fiscales des agissements suspects de citoyens européens.

J’aimerais qu’il y ait des équipes compétentes pour nous aider à établir clairement le rôle des banques dans l’évasion fiscale. Il est urgent d’étoffer la brigade qui gère la grande délinquance économique et financière. C’est ce que j’ai aidé à faire en Islande après l’effondrement du système bancaire en 2008. Il faudrait une équipe pluridisciplinaire d’au moins 50 personnes, avec des gendarmes, des policiers et des juges d’instruction. Et il ne devrait pas y avoir de problèmes d’argent pour cela, car chaque enquêteur rapporte dix fois ce qu’il coûte !

Propos recueillis par Nolwenn Weiler

Photo : Procès d’Antoine Deltour et Édouard Perrin, Luxembourg, avril 2016 © Mélanie Poulain

 

- A lire, notre reportage à Luxembourg sur ce procès :
Procès Luxleaks : journalistes et lanceurs d’alerte sur le banc des accusés à la place des multinationale

Notes

[1Âgé de 30 ans, le français Antoine Deltour est accusé d’avoir copié des centaines d’accords fiscaux signés entre des multinationales et le fisc luxembourgeois, lorsqu’il était auditeur pour le cabinet d’expertise comptable et de conseil PricewaterhouseCoopers, pour les transmettre au journaliste de l’émission « Cash Investigation » Edouard Perrin, lui aussi inculpé. Un autre employé de PricewaterhouseCoopers, Raphaël Halet, figure également sur le banc des accusés. Lire notre article.

[2L’« affaire Elf » est l’un des plus gros scandale politico-financier du 20ème siècle, qui a éclaté dans le milieu des années 1990. C’est Eva Joly, alors juge d’instruction, qui avait mené l’enquête.

[3Le loup dans la Bergerie, co-écrit avec Guillemette Faure, et publié aux éditions Les Arènes, est sorti mercredi 27 avril. Il entend expliquer « comment on a pu placer à la tête de l’Union européenne Jean-Claude Juncker, l’homme qui incarne le cynisme des paradis fiscaux ».

[4Responsable du marketing chez UBS France de 1999 à 2008, Stéphanie Gibaud a révélé des faits qui vont conduire à la mise en examen d’UBS pour blanchiment et fraude fiscale.

[5Ex-informaticien de la banque suisse HSBC, Hervé Falciani a rendu public le fait que des milliers d’évadés fiscaux avaient ouvert des comptes non déclarés auprès de la banque genevoise HSBC.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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30 avril 2016 6 30 /04 /avril /2016 11:45

 

la photo de profil de NuitDebout - Nîmes

CE SOIR : FORUM DE LA CONVERGENCE DES LUTTES


rdv au square de la Bouquerie à 21h pour parler de vos luttes

et organiser des actions communes !

 

D'ici là on a besoin de vos mains et de vos cerveaux

pour la préparation du forum de la Convergence des Luttes #‎nuitdebout‬


rdv 14h au square pour cette grande journée

 

 

Afficher l'image d'origine

 

NuitDebout Nîmes organise un forum de la convergence des luttes de la région nîmoise.

 

Que les collectifs en lutte soient informels ou structurés en association ou syndicats, que leurs

combats soient liés à la dégradation des conditions de vies où a la dégradation de la planète,

NuitDebout Nîmes leur offre un espace de libre expression pour présenter leurs combats, afin de

trouver des points de convergences ainsi que des modalités d'action communes.

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:31

 

Source : http://reporterre.net

 

 

« Je ne crois pas que le changement de société se fera sans violence »

29 avril 2016 / Entretien avec Xavier Mathieu
 


 

Xavier Mathieu, ouvrier engagé dans une dure lutte naguère à l’usine Continental, est très présent à Nuit debout. Il analyse le mouvement, la situation globale, et la question de la violence.

Xavier Mathieu était le délégué syndical de la CGT de l’usine Continental AG de Clairoix (Oise), où un dur conflit social s’est poursuivi en 2009 et 2010. Il est aujourd’hui comédien.


Reporterre — On t’a croisé plusieurs fois à Nuit debout. Quel regard portes-tu sur ce mouvement ?

Xavier Mathieu — Je viens regarder, écouter, voir comment cela se passe. Par moment, je trouve cela sympa, par moment, il y a beaucoup de bla-bla. Mais c’est la construction d’un mouvement, il faut du temps pour s’organiser. L’ensemble est surprenant, même les discussions des gamins. On a toujours tendance à penser que les jeunes se moquent de ce qui se passe, mais j’ai été surpris par certaines discussions. C’est bien d’être surpris dans ce sens là ! J’aime aussi le côté divers des gens qui y sont, même si ce n’est pas ouvert à tout le monde. Par exemple, quand Finkielkraut s’est fait virer, c’était normal. Il n’avait rien à y foutre ! C’est comme si Strauss-Kahn allait à un congrès de Ni putes ni soumises, il ne serait pas le bienvenu. Finkielkraut est un islamophobe notoire. Il n’a rien à foutre à Nuit debout .

Pour s’organiser, il faut de l’intellect et un peu de violence de temps en temps ! Les gens se joignent aux intermittents qui peuvent éventuellement se joindre aux taxis. On a vu, il y a trois jours, des taxis venir place de la République. Cette coordination des luttes est importante, parce que le but du pouvoir, le but du capitalisme, est justement de diviser les gens, de leur faire croire que leur ennemi est l’étranger, que le profiteur c’est le mec qui est au RSA. Aujourd’hui, la tendance est de chercher un bouc émissaire : un coup, c’est les migrants, un coup les roms, un coup les musulmans, les salauds de RSA, les intermittents, etc. Ce qui est bien dans ce mouvement, c’est qu’il met dans la tête des gens que notre ennemi commun, c’est le capitalisme, la finance.

Nuit debout cherche-t-elle nettement à lutter contre le capitalisme et le système financier ?

Le mot d’ordre que j’entends beaucoup depuis que j’y viens, c’est « non à la loi El Khomri et au monde qu’il y a autour ».

Pour tout le monde ? Il y a beaucoup de curieux. Les gens ne sont-ils pas attirés par l’idée qu’« on discute, on parle, on fait démocratie », en oubliant la radicalité de cette critique ?

Il faut les deux. Il y a des gens qui viennent pour discuter, d’autres qui viennent pour des actions. Justement, Nuit debout ne chasse pas ceux qui acceptent un peu plus la radicalité. C’est vachement important. Par exemple, nous, dans le conflit Continental, cela a été très fort. Les médias n’ont pas pu diviser les gens dans notre conflit quand il y a eu le saccage de la sous-préfecture, ils sont allés parmi les mille personnes qui étaient là afin d’essayer d’en trouver une ou deux pour critiquer cette action. Ils n’ont pas réussi à en trouver une seule. Nuit debout, ce n’est pas seulement des gens qui discutent au milieu d’une AG, c’est aussi des actions.

 

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« Pour que Nuit debout passe un cap, il faut changer d’endroit »

À Nuit debout, on entend souvent des positions « antipartis », « anti-institutions » : qu’en penses-tu ?

Ce n’est pas grave cela. Tout ce qui est drapeau ou sigle, tout ce qui divise les gens, je m’en fiche.


La convergence se fait difficilement entre les syndicats et Nuit debout. Pourquoi ?

En 1936 et en 1968, ce ne sont pas les syndicats qui ont lancé les mouvements. En 36, ils ont fini par suivre parce qu’ils voyaient que cela prenait de l’ampleur. Mais la CGT n’a pas de programme de société. Si demain il y a deux millions de personnes dans la rue, ils vont faire quoi ? Après, il y a la bureaucratie syndicale. Les directions syndicales renâclent. Ils n’étaient pas venus non plus défendre les Goodyear, les Conti. Ce sont des structures qui aiment qu’on leur donne le pouvoir ! En gros, elles disent : « On vient, mais c’est nous qui commandons. » Mais j’ai entendu dire qu’au congrès de la CGT, qui vient de se tenir à Marseille, il y a eu une forte pression des militants pour que la CGT appelle à la grève reconductible. Il y a très longtemps qu’on n’a pas vu cela.

Si la loi El Khomri était retirée ou substantiellement remise en cause, ne serait-ce pas la fin de la mobilisation et de Nuit debout ?

Je ne suis pas sûr. Mais pour que Nuit debout passe un cap, il faudrait changer d’endroit ! Il faudrait faire Nuit debout devant les dépôts d’essence, devant des endroits stratégiques, et bloquer l’économie ! Cela serait autre chose qu’une place publique. Pour l’instant, tu as beaucoup de gens qui viennent critiquer la société, ses dérives. Mais y a-t-il un projet de société ? Tant que les gens en face n’auront pas peur de tout perdre, ils ne lâcheront rien du tout.

Votre lutte à Continental a été une des plus marquantes, ces dernières années. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de luttes ?

Tu regardes les AG à Nuit debout, il y a 95 % de blancs. Almamy Kanouté a fait une super déclaration, il a tout dit : tant que les Nuits debout ne feront pas le lien avec les banlieues, il n’y a aucune chance que ceux du pouvoir et de la finance aient peur.

Pourquoi les banlieues ne viennent-elles pas ?

Nos jeunes n’ont pas eu d’instruction politique. Quand j’étais gamin, c’était la gauche, la vraie gauche, on parlait de cela tout le temps, mon père parlait de cela tout le temps. Il y avait une culture politique dans les foyers. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas été habitués à des discours politiques. Ils n’ont pas été éduqués là-dedans. L’éducation politique est hyper importante. Elle n’est pas là du tout dans les banlieues, et c’est pareil pour les ouvriers.

Pas de culture politique, il faut bosser, la télé… Rien ne peut plus bouger, alors ?

Je n’en sais rien. Un jour, un mec m’a raconté une histoire. Ils étaient trois ou quatre cents dans une boîte. Le patron leur avait demandé de baisser leur salaire, leurs primes, de travailler plus, de réduire les pauses. Les mecs avaient tout accepté sans rien dire. Accepté, accepté, accepté… Un jour, en fin d’année, le patron a annoncé qu’il n’y avait pas eu d’accident de travail pendant un an et, pour les remercier, il leur a offert un porte-clés ! Il y eu sept semaines de grève ! Les mecs se sont mis en colère. Une étincelle, des fois, tu ne comprends pas. Les mecs, ils en ont pris plein la gueule pendant des années, ils ne vont pas bouger. Et là, ils bougent pour une connerie !

Les Panama Papers auraient dû être un élément déclencheur. Les gens auraient dû sortir dans la rue, se révolter et dire : « Cela fait des années que vous nous dites que le problème, c’est que les gens touchent trop de RSA, trop de salaires ! » La vérité, elle est là : tu as vingt milliards de trous cumulés dans toutes les caisses sociales, et dans les paradis fiscaux, il y 80 milliards !

 

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« On s’est fait gazer alors qu’il n’y avait aucune bousculade, rien »

Nuit debout n’est donc pas le Grand Soir ?

Ah non ! C’est une éjaculation, le Grand Soir, un orgasme. On n’en est plus là. Si ça n’a pas explosé il y a trente ans, à l’époque où il y avait 30 % de communistes… Nous, on était bercé là-dedans, mais aujourd’hui, les jeunes n’y sont plus du tout.

On a perdu des batailles, il faut l’accepter et sortir du truc. C’est ce qui me fait chier dans les mouvements d’extrême-gauche : ils sont encore là-dedans. Il faut arriver à se mettre autour d’une table et lâcher certaines choses.

La question de la violence traverse le mouvement Nuit debout, quel regard portes-tu sur cette question ?

Le 9 avril, j’étais avec les jeunes à la manifestation où il y a eu plein d’arrestations. Il y avait bien des provocateurs, mais ils étaient en bleu, avec des matraques, des lacrymogènes… Je me suis pris des coups de matraques et des charges dans le dos, alors qu’on ne faisait strictement rien.

À Continental, quand on faisait une manif, on était mille dans le cortège et on n’a jamais croisé un CRS. Là, pour les manifs étudiantes, il y a des cordons entiers de CRS pour les encadrer. Comment veux-tu que les jeunes n’aient pas envie de leur balancer des cailloux à la gueule ? C’est de la provocation pure.

Comme à Odéon, il y a deux jours : en arrivant de la manif des intermittents, du côté du ministère du Travail, on était 600 ou 700, à pied, avec une banderole. Les CRS avaient des bombes et des lacrymo. Ils nous ont matraqués à bout portant, on n’avait rien d’autre qu’une banderole dans les mains. On s’est fait gazer alors qu’il n’y a eu aucune bousculade. Rien.

Sincèrement, la violence, depuis le début, elle est du côté des CRS. Nous, ce n’est qu’une réplique. Et pour moi, l’État fait une connerie. Parce que, petit à petit, les mecs viennent en effet avec des masques, avec des lunettes de protection, avec des cailloux dans les poches, avec des matraques… Normal, ils ne vont pas continuer à aller dans les manifs et se faire matraquer la gueule sans arrêt, sans réagir.

Et puis, aussi, j’ai vu des mecs broyer des vitrines et passer derrière, dans des ruelles, et remettre le brassard de police pour rentrer ensuite dans le cortège. Je l’ai vu...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : http://reporterre.net

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:11

 

Source : http://reporterre.net

 

 

Cantine, infirmerie, bibliothèque… Nuit debout partage les communs

28 avril 2016 / Isaline Bernard (Reporterre)
 


 

En un mois d’occupation de la place de la République, Nuit debout a spontanément mis au point une organisation. Tous les jours, les bénévoles font vivre les biens communs pour que vive le mouvement.

- À Paris, reportage

Depuis le jeudi 31 mars, Nuit debout se tient place de la République. Chaque jour, des centaines de personnes s’y retrouvent pour discuter des possibilités de remplacer le système social et économique actuel. L’organisation est devenue un outil majeur du bon déroulement du mouvement. Au fur et à mesure, différents pôles se sont installés : infirmerie, cantine, accueil… Pour chacun d’eux, matériel et savoirs sont mis en commun par les occupants de la place. Des ressources autant nécessaires qu’éphémères car chaque jour, la police démonte des stands remontés le soir-même.

 

La cantine : « C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir »

 

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Les bénévoles de la cantine préparent les sandwiches sur la place.

Vendredi 22 avril, à 14 h, quatre bénévoles se retrouvent au marché de Belleville, dans le quartier de Ménilmontant. Delphine, Paolo, Cécile et Nicolas occupent la place de la République depuis déjà plusieurs semaines. Certains en reconversion professionnelle, d’autres étudiants, ils ont décidé de donner de leur temps pour défendre les valeurs du mouvement Nuit debout, qui vont « bien au-delà du mécontentement du projet de loi travail El Khomri », dit Delphine, jeune restauratrice.

Équipés de plusieurs grands sacs, ils déambulent entre les étalages presque vides de fin de marché. Tout en distribuant des tracts pour informer les passants sur la Nuit debout, les quatre volontaires demandent aux commerçants de leur donner les invendus du jour. La plupart acceptent, comme Saïd, 43 ans, qui ne connaît pas vraiment le mouvement, mais « donne pour faire plaisir ». Une demi-heure plus tard, six sacs ont été remplis de melons, pommes, poires, poivrons, courgettes, etc. Deux autres bénévoles, Noémie et Stéphane, rejoignent le groupe pour donner un coup de main.

 

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Une bénévole en quête des invendus au marché de Belleville.

La prochaine étape se déroule dans l’appartement de Delphine. C’est l’heure de faire les comptes et de penser aux menus du soir. Ça sera riz aux légumes et salade de fruits. Tout le monde s’attelle à la fastidieuse tâche d’éplucher et de couper les fruits et les légumes. Pendant ce temps, une autre équipe va chercher des réserves de nourriture dans un squat du quartier, où les surplus sont stockés pour être cuisinés les jours suivants.

« Au début, on n’était pas très bien organisés, on a installé la cantine un peu dans l’urgence, explique Delphine, bénévole à la cantine Nuit debout presque chaque jour. Maintenant, on fait plus attention à l’aspect écologique de la cantine. On a installé depuis peu le système d’auto-wash  ; chacun fait sa vaisselle après avoir utilisé les couverts communs, cela évite le plastique. »

 

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Des volontaires de la cantine occupés à préparer légumes et fruits.

En fin d’après-midi, une nouvelle équipe de volontaires vient acheminer les préparations jusqu’à la place de la République à l’aide d’un véhicule. Ce n’est qu’une fois sur la place que les volontaires confectionnent sandwichs, salades, etc. « Dans un avenir proche, on souhaite ne plus faire de sandwichs mais des plats un peu plus élaborés », espère Delphine. Le restaurant Freegan Pony, qui cuisine les invendus de Rungis pour un prix libre, partage de temps à autre son hangar pour aider la Nuit debout. Cela permet à la cantine de disposer de plus de matériel pour les plats chauds.

À 18 h, sur la place de la République, la cantine s’installe tranquillement. Un barnum et quelques tables sont posés. Les bénévoles distribuent à manger à tous ceux qui le souhaitent pour un prix libre : « Il y a des gens qui viennent ici parce qu’ils n’ont pas à manger, et puis il y a surtout beaucoup de gens du mouvement qui passent et qui donnent ce qu’ils veulent. C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir », affirme Roxanne, une volontaire habituée du pôle cantine. « On est une vingtaine de bénévoles à peu près, et des gens viennent nous donner un coup de main, il y a un roulement qui se fait. » Les aliments proviennent des invendus mais aussi de dons. Mickael, cuisinier pour la Nuit debout comme dans la vie professionnelle, explique : « On avertit les gens en fonction de nos besoins et les gens nous donnent. »

 

 

Ici, chacun paye ce qu’il veut après s’être servi. Bouba, un chômeur de 43 ans, vient se restaurer après avoir suivi plusieurs commissions en fin d’après-midi : « La caisse commune est une très bonne idée, si la société fonctionnait comme ça, elle serait plus juste. Cela permet à tout le monde de manger. » En bout de table, une boîte est mise à disposition pour récupérer la monnaie. Toutes les trois heures, un responsable récupère son contenu pour mettre l’argent à l’abri. « On nous pose beaucoup de questions sur le devenir de l’argent. Mais nous voulons être totalement transparents. On récupère environ 300 à 400 euros par jour et on les réinvestit pour les jours suivants, dans de la vaisselle ou de la nourriture », affirme Mickael.

Située au cœur du mouvement, la cantine est l’une des cibles préférées des forces de l’ordre, qui tentent de désorganiser le rassemblement. Le lundi 11 avril, plusieurs agents ont ainsi jeté la soupe dans le caniveau, sous l’œil de sans-abri. Depuis, des barrières humaines viennent de temps en temps entourer l’espace cantine afin de protéger les stocks. Mickael explique : « Les policiers savent très bien que, s’ils nous coupent nous, la cantine, ils affaiblissent le mouvement. » Tous les jours délogée, la cantine se réinstalle, encore et encore.

L’accueil : « Tous les jours, on nous déloge, tous les jours, on revient quand même, c’est pas grave »...

 

Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 00:33

 

Source : http://www.midilibre.fr

 

Nîmes : suivez en direct la journée de mobilisation contre la loi Travail
  • Nîmes : suivez en direct la journée de mobilisation contre la loi Travail
    Une grève interprofessionnelle à l'appel de sept organisations syndicales.
    LYDIA CHASSIER
  • Nîmes : suivez en direct la journée de mobilisation contre la loi Travail
    Un millier de manifestants était en fin d'après-midi devant la préfecture.
    CATHERINE UNAC
  • Nîmes : suivez en direct la journée de mobilisation contre la loi Travail
    Une grève interprofessionnelle à l'appel de sept organisations syndicales.
    LYDIA CHASSIER
  • Nîmes : suivez en direct la journée de mobilisation contre la loi Travail
    Un millier de manifestants était en fin d'après-midi devant la préfecture.
    CATHERINE UNAC

 

Une grève interprofessionnelle à l'appel de sept organisations syndicales (FO, CGT, Solidaires, FSU, Unef, UNL, FIDL) touche différentes entreprises gardoises ce jeudi 28 avril contre le projet de loi Travail. Un défilé départemental rassemblant environ 2 000 personnes est parti ce jeudi à 15 heures des Jardins de la fontaine. 

Après les différentes mobilisations de ces dernières semaines, une nouvelle manifestation départementale contre le projet de loi Travail est organisée ce jeudi 28 avril. Le départ a eu lieu à 15 heures des Jardins de la fontaine. Le cortège passe par l'avenue Jean-Jaurès, la rue de la République, devant les arènes pour terminer devant la préfecture du Gard, avenue Feuchères.

Les syndicats CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, NL, FIDL sont environ 2 000 ce jeudi après-midi, journée de grève interprofessionnelle.

 

Suivez la manifestation en direct :

 

  1. Environ 1500 personnes devant la prefecture

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 00:16

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Loi "Travail". Face aux matraques, des défilés à l’unité sans faille
Christophe Deroubaix, Fanny Doumayrou, Joseph Korda, Clotilde Mathieu, Loan Nguyen et Lola Ruscio
Vendredi, 29 Avril, 2016
L'Humanité

 

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REUTERS
 

 

La mobilisation était au rendez-vous, jeudi, malgré les vacances, pour exiger le retrait de la loi travail. Des manifestations unitaires parfois gâchées par une répression policière indiscriminée déclenchée à l’occasion du passage de perturbateurs violents et isolés.

A Paris, au départ de la place Denfert-Rochereau, les jeunes et les étudiants étaient en tête, suivis de FO, Solidaires, puis la CGT, et des centaines de pancartes au mot d’ordre tout simple : « Non ! » Du fait des vacances scolaires, la mobilisation est certes en retrait par rapport aux journées précédentes mais de bon niveau, ont plaidé les leaders syndicaux, qui maintiennent le cap : « Nous avons déjà obtenu des mesures importantes sur les jeunes, mais l’objectif reste le retrait de ce projet de loi », martèle William Martinet, dirigeant de l’Unef. « Malgré les vacances, la mobilisation est là », pointe Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, estimant que « la balle est dans le camp du gouvernement. Notre première revendication, c’est le retrait de ce projet de loi ». Et de citer l’accord trouvé dans la nuit sur le régime d’assurance-chômage des intermittents, comme exemple de mobilisation qui porte ses fruits.

« On n’est qu’au début de ce mouvement social », estime Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, pour qui « il faut renverser la table, et renverser ce projet de loi ». Jean-Claude Mailly, pour Force ouvrière, confirme qu’« on ne lâche pas, on veut préserver la République sociale ! » L’intersyndicale se réunit lundi soir pour faire le bilan du mouvement et des remontées d’assemblées générales dans les entreprises, mais rendez-vous est déjà pris pour le 1er Mai ce dimanche, et un rassemblement mardi devant l’Assemblée nationale et en province, à l’occasion de l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de loi.

« Je suis là pour l’avenir de la jeunesse, contre les licenciements abusifs, pour les embauches en CDI », raconte Dorothée, technicienne à l’usine Snecma de Gennevilliers et syndiquée chez FO depuis peu. « Chez nous il y a beaucoup de CDD et d’intérim, on prend des jeunes, on les forme et au bout de quelques mois on les jette pour en prendre d’autres, c’est très décevant pour tout le monde. Ma fille termine ses études, j’ai envie qu’elle ait un travail, un CDI ». Dominique, salariée d’un Carrefour Market de Seine-et-Marne et syndiquée CGT depuis vingt ans, « espère » le retrait de la loi. « Dans le commerce, on a déjà des conditions de travail et des salaires au minimum, le droit du travail est fondamental pour nous, on veut conserver nos acquis. »

à Marseille, des sigles syndicaux différents mais mêlés

Les deux cortèges sont arrivés au même moment sur la place Castellane. Celui de FO par la rue de Rome, celui de la CGT par le boulevard Baille. Timing parfait. Une radio avait annoncé le matin même que pour la première fois depuis 1995, les deux syndicats manifesteraient ensemble. L’information était imprécise. Les deux organisations se sont retrouvées ensemble à de nombreuses reprises en 2003, en 2010 et même cette année depuis le début de la mobilisation contre la loi El Khomry. Mais généralement, les militants, bien que participant au même défilé, ne se côtoyaient pas, les uns devant, les autres derrière. L’arrivée simultanée des deux cortèges a donc offert aux photographes une photo presque inédite de drapeaux rouges aux sigles différents mais mêlés.

« Il ne s’agit pas de fusionner les syndicats. C’est de l’ordre du symbole, explique Emmanuel Carrié, responsable FO de l’enseignement. Pour montrer qu’il y a une unité syndicale claire sur un objectif clair, le retrait de la loi El Khomry, et qu’il existe un axe CGT-FO sur lequel peuvent s’appuyer les travailleurs. » Du côté de FO, la mobilisation s’est affichée « un peu en retrait par rapport au 31 mars, selon Gérard Rué, responsable des territoriaux. On a autant de grévistes mais moins de manifestants ». Crèches, écoles, conseil général, hôpitaux : le gros des troupes de FO venait de ses « bastions » de la fonction publique dans une ville où, depuis Gaston Defferre, il est le syndicat privilégié par le pouvoir municipal. En revanche, à Airbus Helicopters, plus grosse entreprise de la région, FO, syndicat majoritaire, n’a pas mobilisé les salariés. Seuls les délégués sont venus manifester.

Pour Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD CGT, cette manifestation a marqué « la reprise du ‘‘tous ensemble’’. On se prépare désormais à entrer dans une nouvelle phase. Dès la semaine prochaine, il faudra définir les modalités d’élévation de la poursuite de l’action et de la mobilisation ». La CGT Marseille a par ailleurs rencontré des organisateurs locaux des Nuits debout. « On a vérifié que l’on était d’accord sur les objectifs. » Les manifestants étaient invités hier à poursuivre sur le Vieux-Port par un atelier-débat sur « le travail en question ».

à Lyon, la mobilisation « redonne la pêche aux militants »

Environ 15 000 manifestants ont défilé à Lyon, soit autant de participants que le 9 avril. Des cheminots aux métallos en passant par les personnels hospitaliers et les enseignants, l’ensemble des secteurs étaient représentés dans le cortège. Du côté de la chimie, la mobilisation était « à peu près du même niveau que pour les journées d’actions précédentes », estime Jacques Lacaille, responsable CGT. Si le mouvement ne faiblit pas, les militants peinent à l’amplifier. Dans certaines entreprises, les situations locales supplantent parfois les revendications contre la loi travail. « La direction risque de nous annoncer des suppressions d’emplois demain, les salariés sont plus préoccupés par cela », explique Olivier Minoux, délégué CGT sur le site Rhodia-Solvay de Saint-Fons. S’il trouve que les discussions sur le projet de réforme du Code du travail sont « plus difficiles » en ce moment avec ses collègues, le syndicaliste, qui était présent au congrès de la CGT, se réjouit en revanche que cette mobilisation a « redonné la pêche aux militants qui n’ont pas connu de mouvement d’ampleur depuis la réforme des retraites de 2010 ».

Une situation un peu similaire à celle que connaît actuellement Sanofi Pasteur, la division vaccin du géant pharmaceutique. « La direction vient de nous annoncer le plan de compétitivité qu’elle veut nous imposer et qui comprend des suppressions de RTT, l’annualisation du temps de travail et un changement de rythme de travail qui aurait pour conséquence de faire travailler plus certains salariés gratuitement. Ce qui a provoqué d’importants débrayages mardi, mais qui fait que les salariés sont moins présents dans la grève aujourd’hui », affirme Tristan Teyssier, délégué du personnel CGT sur le site de Marcy-l’Etoile. « On explique aux salariés que le plan de compétitivité de Sanofi Pasteur, c’est la même chose que la loi El Khomri, et certains comprennent bien le lien, mais cela reste difficile de mobiliser, parce qu’on repart de zéro. La CGT a été un peu attentiste sous le mandat de Hollande. Maintenant, il y a un frémissement », juge-t-il.

à Orléans, les suites du mouvement en débat

Plus de 2 000 manifestants ont défilé dans la ville-préfecture du Loiret. Parmi eux, une grande partie de salariés du secteur privé qui s’interrogeaient sur les suites à donner à cette mobilisation. « Nous, à la CGT, nous sommes clairs sur cette question, affirme Aurélio Ramiro, secrétaire de l’union départementale. Le syndicat a appelé à l’organisation, dès la semaine prochaine, d’assemblées générales dans toutes les entreprises pour que les salariés eux-mêmes débattent de la reconduite de la grève. »

Cette perspective de blocage à grande échelle est portée depuis plusieurs semaines par les animateurs d’un appel baptisé « On bloque tout ! ». Théo Roumier, l’un de ses fondateurs défilait lui aussi, micro en main. « Le constat est simple : ce n’est pas facile, malgré une volonté forte que le débat soit posé, explique-t-il. Nous ne sommes pas dans un contexte de suiveurs d’une hypothétique corporation qui donnerait le top départ de la grève générale. Les mouvements de 2003 et 2010 (contre les réformes des retraites) ont prouvé que ce modèle était épuisé. Nous ne sommes plus non plus dans une attitude proclamatoire. Les choses avanceront en partant d’un travail de terrain et de la prise en compte des revendications locales. »

Pour François, salarié chez Famar, si la loi passe, le risque est palpable, surtout « pour les plus anciens ». « La boîte cherche par tous les moyens à réduire les frais de fonctionnement, notamment au travers du nombre de CDI. Elle est prête à utiliser cette loi pour licencier les plus anciens, sans mobile et pour trois fois moins d’indemnités. Elle n’attend que ça. » Pour autant, François estime que les esprits ne sont pas prêts à « un blocage général de l’économie française ». D’après Emmanuel, de FO-Éducation, la clef pourrait se trouver entre les mains de Valls et Hollande. « Si le gouvernement n’est pas capable d’entendre le mécontentement de centaines de milliers de Français, on sera obligé d’en passer par un blocage du pays », pense-t-il. A ses côtés, Laure, agent non-syndiquée du secteur médico-social, craint que « la mobilisation ne s’essouffle à force de descendre dans la rue tous les quinze jours ».

à Nantes, la belle journée a tourné au chaos

« Une belle journée de manifestation ». Il est 11 heures, le cortège part de l’île de Nantes. Le soleil est au rendez-vous, tout comme plus de 20 000 manifestants. « Dans l’usine nous sommes beaucoup plus nombreux à être en grève que lors de précédents mouvements. C’est bien, mais nous ne sommes pas encore assez nombreux », estime ce salarié d’Airbus, syndiqué chez FO. Sa collègue de la CGT, Laurence Dannet, souhaite également voir le mouvement s’amplifier. Le débat parlementaire qui s’ouvre mardi prochain, est pour la syndicaliste, « un point d’appui ». « Beaucoup de salariés sont conscients que cette loi est destructrice pour nos droits, mais comment transformer cette prise de conscience en lutte gagnante ? », s’interroge-t-elle. Juste à côté, les Arcelor Mittal du site de Basse-Indre sont venus en masse. « Chez nous, 80 % des salariés du site ont participé à la journée du 31 mars et nous sommes à peu près autant aujourd’hui, affirme Joël Viaud, élu CGT. En 2012, nous avons fait quatre jours de grèves consécutifs pour empêcher la fermeture du site. Et il n’est toujours pas sauvé. Nous avons de vraies inquiétudes et cette loi scélérate n’est pas là pour nous rassurer ».

Beaucoup de fonctionnaires sont également descendus dans les rues. Comme ceux de la Semitan, les transports urbains de l’agglomération nantaise. Parmi eux, des militants CFDT venus « surtout par solidarité », Une belle journée, une belle manifestation, qui, une demi-heure plus tard, à l’abord du centre ville, a tourné au chaos. Le cortège n’a pas fini sa course, alors qu’une Agora était prévue par les organisations syndicales. Après avoir divisé le cortège en deux, les CRS ont poussé une partie des manifestants tout droit au centre des affrontements avec quelques dizaines de casseurs. Des salariés ont subi durant plus d’une demi-heure les tirs de gaz lacrymogènes, certains ayant même été blessés. « Une attitude irresponsable », a réagi, le secrétaire de l’UD CGT, Fabrice David qui, quelques heures plus tôt, déplorait « ces violences » qui, déjà, posaient « un réel problème » pour mobiliser les salariés.

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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