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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 20:53

 

Source : http://www.latribune.fr

 

Grèce : le "non" grec place Angela Merkel au pied du mur

 

Crise grecque Le "non" grec est un camouflet qui place Angela Merkel face à un choix historique

Le "non" grec est un camouflet qui place Angela Merkel face à un choix historique (Crédits : FRANCOIS LENOIR)

 

Romaric Godin  | 

 

En votant "non", les Grecs ont montré une nouvelle fois leur refus de l'impasse à laquelle a conduit l'austérité. Angela Merkel doit désormais choisir entre la prise en compte de ce vote et l'inflexibilité de son ministre des Finances.

 

Désormais, le bluff n'est plus possible pour Angela Merkel. Après une semaine de campagne réalisée dans des conditions inimaginables de banques fermées, d'argent rationné, de retraités angoissés et de matraquage médiatique angoissant, les Grecs ont dit une nouvelle fois « non. » On pourra certes relativiser la portée de ce non par le taux d'abstention. Mais il n'empêche. Dans les conditions décrites ci-dessus, il s'est trouvé plus d'électeurs grecs pour refuser l'ultimatum posé par les créanciers à leur pays que pour l'accepter.

 

Prêts à prendre le risque du Grexit plutôt que de subir l'austérité stérile

Entre le rejet d'une nouvelle cure d'austérité stérile et le risque du Grexit, les Grecs ont choisi la deuxième solution. Certes, nul en Grèce ne souhaite la sortie de la zone euro, mais le message envoyé ce dimanche 5 juillet à ceux qui, comme Jean-Claude Juncker, Benoît Cœuré ou Jeroen Dijsselbloem, les ont menacés durant une semaine d'une expulsion de l'Union économique et monétaire s'ils votaient « mal », est bien celui-ci : les Grecs sont prêts à prendre ce risque pour ne pas s'engluer à nouveau dans la spirale infernale de l'austérité sans fin.

 
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Le rejet de la logique européenne

Une nouvelle fois donc - la deuxième en moins de six mois -, les créanciers peuvent donc mesurer l'ampleur du rejet des politiques qu'ils ont imposées au pays depuis 2010. Une nouvelle fois, ils peuvent prendre conscience que leur stratégie de la peur ne fonctionne plus en Grèce. Si Angela Merkel a déclaré ce dimanche qu'Alexis Tsipras « lance son pays vers un mur à pleine vitesse », elle doit ce soir reconnaître que, pour la première fois depuis 2010, sa stratégie du pourrissement a échoué. Elle qui déteste trancher se retrouve ce soir face à la nécessité d'un choix. Les autorités grecques sont désormais prêtes à reprendre les négociations : elles n'ont jamais vu le « non » comme un vote de rupture, mais comme un moyen de reprendre la main dans les négociations. Le camp grec est ce soir plus fort de son soutien populaire, mais il tend une main vers les créanciers. Et Angela Merkel doit simplement décider si elle accepte cette main tendue ou si elle la refuse.

 

Ne rien faire : ouvrir la porte au Grexit

Si elle la refuse, si elle laisse l'affaire, comme elle l'a fait depuis des mois, entre les mains de la BCE et de l'Eurogroupe, donc si elle continue à ne considérer la crise grecque que comme une affaire de technique financière, la Grèce n'aura guère d'autre choix que de sortir de la zone euro. Les banques grecques sont à l'agonie. Les distributeurs sont vides. La BCE doit, lundi 6 juillet, décider de l'accès du système financier grec à la liquidité d'urgence. Si elle n'a aucun signe de la possibilité d'un accord, il est certain qu'au mieux, elle durcira les conditions en abaissant la valeur des collatéraux (garanties) déposés par les banques grecques pour obtenir cette liquidité d'urgence. Alors, le gouvernement grec sera soumis à une économie à l'arrêt complet. Une situation qui peut durer quelques jours peut-être, le temps de rouvrir des négociations et d'envoyer un message à la BCE pour normaliser l'accès à la liquidité. Mais pas plus. Si aucun message d'ouverture ne vient de Berlin, la Grèce devra commencer à émettre une monnaie propre pour permettre le fonctionnement de son économie. La glissade vers le Grexit sera alors inévitable.

 

Stopper la machine infernale

Angela Merkel peut donc encore décider de stopper la machine infernale. Elle peut accepter le résultat de ce soir et la décision du peuple grec et engager des négociations sur la base de la dernière proposition grecque. Cette dernière, rappelons-le, reprenait l'essentiel du plan du 25 juin rejeté ce soir par les électeurs grecs à quelques exceptions près (maintien du rabais de 30 % de la TVA dans les îles de la mer Egée, suppression plus tardive de la retraite complémentaire pour les plus fragiles, par exemple). Elles sont donc acceptables par les créanciers. Mais Athènes n'acceptait ces sacrifices que dans le cadre d'une restructuration de cette dette insoutenable comme l'a encore reconnu le FMI vendredi 3 juillet. il faudra donc aussi que la chancelière accepte d'en parler.

 

Les "promesses intenables" d'Angela Merkel

On a beaucoup glosé sur les « promesses intenables » d'Alexis Tsipras. Mais on a oublié une autre promesse intenable : celle d'Angela Merkel faite à ses électeurs de récupérer les sommes versées à partir de 2010 à la Grèce dans le cadre d'une cavalerie financière intenable. La démagogie n'est pas toujours là où on l'attend et Angela Merkel arrive ce soir au bout de ses « promesses intenables. » Elle doit donc accepter de discuter - Athènes ne demande pas davantage - de l'avenir de la dette grecque.

 

La responsabilité de la chancelière face à l'avenir de l'Europe

C'est donc un choix difficile pour la chancelière. Si elle refuse d'emprunter cette voie, si elle continue de laisser décider la BCE, l'Eurogroupe et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble - qui estime que le Grexit pourrait n'être que « temporaire »  et était sans effet pour l'Europe -, alors elle pourrait devoir aussi en assumer les terribles conséquences. D'abord, pour la Grèce elle-même. Si le Grexit tourne mal, elle devra répondre de l'aggravation d'une situation humanitaire déjà bien dégradée. Ensuite, elle devra savoir qu'elle entrera dans l'Histoire comme celle qui aura défait tout ce que la génération précédente avait construit. L'Union économique et monétaire deviendra un système de taux de change fixe. A tout moment, il sera possible d'en sortir ou de s'en faire expulser. Ce sera une construction dénuée de sens politique. Par ailleurs, pour refuser d'accepter la réalité de l'insoutenabilité de la dette grecque, la chancelière risque de devoir faire face à un défaut unilatéral de la Grèce, et elle et son ministre des Finances devront expliquer aux contribuables allemands que leur rigidité leur a fait perdre des montants bien plus importants que ce qu'ils avaient voulu sauvegarder. Enfin, elle devra assumer les risques qui sont aujourd'hui minimisés peut-être à tort d'un Grexit sur la conjoncture alors qu'un krach boursier se profile en Chine...

 

Au pied du mur

Ce soir donc, les Grecs placent clairement Angela Merkel face à ses responsabilités. La journée de lundi sera décisive. La chancelière rencontrera François Hollande en soirée. Mais elle devra auparavant faire savoir si elle accepte ou non la réouverture des négociations. Sans son accord, le Bundestag refusera toute discussion. Or, sans feu vert du Bundestag, le MES ne peut pas engager de discussions sur un nouveau programme. La chancelière est donc ce soir au pied du mur.

 

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 20:42

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Référendum en Grèce : toute la soirée en direct

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

 

Le « non » l'a très largement emporté dimanche, recueillant plus de 60 % des suffrages. Le premier ministre grec Alexis Tsipras se dit prêt à retourner à la table des négociations. Un sommet extraordinaire de la zone euro va se tenir mardi.

Les électeurs grecs étaient appelés à se prononcer ce dimanche sur le « plan d'accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international lors de l'Eurogroupe du 25 juin ». Les Grecs apparaissaient divisés entre les partisans du « non » prôné par le premier ministre Alexis Tsipras, qui appelait à refuser le plan des créanciers, qu'il qualifie d'« humiliation », et les défenseurs du « oui », convaincus qu'un « Grexit » – une sortie de la Grèce de la zone euro – serait pire que la poursuite d'un programme de rigueur budgétaire. C'est le « non » qui l'a finalement très largement remporté.

Parmi les informations à retenir : le « non » l'emporte très largement, avec plus de 61 % des suffrages ; le premier ministre grec se dit prêt à retourner sans tarder à la table des négociations et mettant la question de la dette au menu ; Hollande et Merkel demandent et obtiennent un sommet extraordinaire de la zone euro dès mardi ; le leader de l'opposition de droite à Syriza, Antonis Samaras, a démissionné ; l'euro était en baisse dimanche soir en Asie lors des premiers échanges.

Après 22 heures

Point sur les résultats. Sur 95,28 % des bulletins dépouillés, le « non » est à présent à 61,32 %, contre 38,68 % pour le « oui » (avec 62,49% de participation). Contrairement aux dernières législatives en janvier dernier, où le nord macédonien et le sud du Péloponnèse avait résisté à la vague Syriza, ce sont toutes les provinces du pays hellène qui ont voté oui. Le résultat en faveur du non reste massif et homogène sur tout le territoire grec. Notamment dans les grandes villes : 63,8/36,2 à Athènes ; 59,5/40,5 à Salonique ; 61,8/38,2 à Larissa. En Crète, le non fait une percée (70,8/29,2 à Héraklion). Dans le Péloponnèse, même si le résultat est plus resserré au sud, le non est aussi largement en tête dans le nord : 68/32 à Patras, 61,8/38,2 à Corinthe. Dans les îles enfin, le score est également sans appel : 64,9/35,1 à Rhodes ; 62,4/37,6 dans les îles Cyclades ; 61,4/38,6 à Lesbos ; 71,2/28,8 à Corfou.

 

 

Carte des dernières législatives, en janvier 2015 (en rose, Syriza en tête - en bleu, les conservateurs de Nouvelle Démocratie en tête)

 

Carte des résultats du référendum du 5 juillet 2015 (le « non » en tête partout)

 

Le premier ministre grec Alexis Tsipras salue la nette victoire du « non » et déclare que son gouvernement est prêt à retourner sans attendre à des négociations pour permettre une réouverture des banques grecques, qui sont restées fermées cette semaine. Écartant l'idée que le référendum était de fait un vote sur le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro, Alexis Tsipras estime que les Grecs lui ont donné un mandat pour trouver une solution viable avec l'UE et non pas pour aller à l'affrontement avec l'Europe. « Étant donné les circonstances difficiles à l'heure actuelle, vous avez fait un choix très courageux », a-t-il dit dans une allocution télévisée. « J'ai tout à fait conscience que le mandat que vous m'avez confié n'est pas celui d'une rupture avec l'Europe, mais un mandat pour renforcer notre position aux négociations afin de rechercher une solution viable. » Alexis Tsipras a déclaré qu'il allait demander au chef de l'État grec de convoquer une réunion des dirigeants des partis politiques pour les tenir informés de la situation.

 

 

 

Le président du Conseil européen Donald Tusk convoque un sommet de la zone euro pour mardi soir, conformément à la demande de Paris et Berlin (voir plus bas). « J'ai convoqué un sommet de la zone euro pour mardi soir à 18h00 (16h00 GMT), afin de discuter de la situation après le référendum en Grèce », a-t-il déclaré sur Twitter.

La réaction du ministère des affaires étrangères allemand sur Twitter : « Le ministre #Steinmeier : Nous devons acceptons le résultat du #Grefenderum. Maintenant c'est principalement à la #Greece d'en tirer les conséquences. La balle est dans le camp d'Athènes ».

 

FM : Have to accept outcome.Now mainly up to to decide about consequences to be drawn. Ball in Athen's court

 

Le prix Nobel d'économie américain Paul Krugman, observateur attentif des soubresauts européens autour des dettes souveraines, salue le résultat du vote dans le New York Times. Plutôt marqué à gauche, l'économiste convient qu'il n'est pas certain que Syriza sache exactement ce qu'il va faire dans les négociations qui s'ouvrent, mais se félicite que les gouvernants européens n'aient pas réussi à effrayer les électeurs grecs.

Le leader du parti conservateur Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, annonce sa démission après la victoire du « non ».

Coup sur coup, un porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel et une source à l’Élysée font savoir que les deux chefs d’État se sont entretenus au téléphone dans la soirée et ont décidé d’appeler à une réunion extraordinaire de la zone euro mardi.

La secrétaire nationale d’EELV Emmanuelle Cosse salue dans un communiqué « le résultat de ce rendez-vous démocratique et s’associe au peuple grec pour demander la réorientation des politiques européennes vers plus de démocratie et de solidarité ». Pour la dirigeante écolo, « les dirigeants européens doivent entendre cet appel et rouvrir les négociations pour soutenir les réformes fiscales proposées par Alexis Tsipras, garantir les salaires et les retraites et restructurer la dette ». Pour Cosse, « le peuple grec dessine pour l’Europe la possibilité d’une autre politique, plus juste et solidaire, qui passe par la mise en place d’une fiscalité juste et harmonisée, la lutte contre l’évasion fiscale à l’échelle européenne et la restructuration des dettes ».

À l'appel du Parti de gauche, un rassemblement en solidarité avec le peuple grec a lieu à Paris, place de la République. Environ 2 000 personnes étaient présentes vers 22 heures, en présence de Jean-Luc Mélenchon, Martine Billard, Clémentine Autain, notamment. Une photo sur place :

 

© JC
 

Le récit de notre journaliste sur place : Des dizaines de drapeaux grecs flottent sur la place de la République. A l'appel du Parti de gauche (PG), un bon millier de militants est venu célébrer la victoire du non au référendum en Grèce. « C'est un jour historique, celui où le peuple a enfin trouvé le courage de dire non à l'austérité », sourit Cécile, 26 ans, membre active du mouvement Gauche révolutionnaire. La suite des événements est dans toutes les têtes ce soir, malgré l'ambiance festive, les rires, les danses et les sourires affichés des militants de gauche. « Je crains que les lendemains ne soient difficiles », s’inquiète Françoise, une Parisienne quinquagénaire, sympathisante du Front de Gauche.  Non loin d’elle, comme beaucoup de participants à ce rassemblement, Elie, jeune militant PCF fête une victoire d’un non à l’Union européenne « comme en 2005 ». Pour lui, le résultat de ce référendum est la preuve que « la lutte sert à quelque chose ! »

 

© Julien Sartre

 

 

Entre 20 heures et 22 heures

La délégation française du groupe S&D (sociaux-démocrates) au parlement européen (réputée – un peu – plus à gauche que ses homologues socialistes du reste du continent) affirme sa volonté de continuer à « plaider pour un retour rapide à la table des négociations » et à s’opposer « à ceux qui veulent humilier la Grèce en cherchant à l’exclure de la zone euro ». « Mais ces négociations ne peuvent reprendre comme si rien ne s’était passé, estiment les eurodéputés PS français. À l’urgence des créanciers vis-à-vis de leur débiteur doit répondre l’urgence politique : il faut mettre fin aux réunions de l’Eurogroupe de la "dernière chance" qui tiennent plus de la réunion de marchands de tapis que de bâtisseurs de solution. Cette méthode aura été un piège mutuel pour la Grèce et l’Union européenne. » Selon eux, « il faut changer d’échelle et empêcher les opinions publiques européennes de se dresser les unes contre les autres. Pour faire face à l’urgence, il faut donner des raisons d’espérer aux Grecs : les sacrifices qu’ils ont consentis doivent avoir une fin, et cette fin passe notamment par une renégociation de la dette et des investissements massifs ». Et de conclure : « Il faut aussi aider le gouvernement Tsipras à reconstruire un État, à commencer par une administration fiscale. »

La réaction d’Elio di Rupo, ancien premier ministre belge, président du PS :

 

Dans le cadre des négociations qui doivent reprendre, les institutions européennes et internationales doivent arrêter d'imposer l'austérité.

 
 
 

Le résultat du référendum en Grèce est un signal fort adressé à tous les dirigeants européens et au FMI pour qu'ils changent d'approche.

 

La réaction de Guy Verhofstadt, député européen, président du groupe parlementaire Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE) :

 

 

 

En Allemagne, Sigmar Gabriel, le ministre de l'économie, a déclaré que de nouvelles négociations avec la Grèce étaient « difficilement imaginables » après ce non. Pour lui, Tsipras « a coupé les derniers ponts » entre la Grèce et l'Europe.

Point résultats à 21 h 30. Sur 62,02 % des bulletins dépouillés, le « non » est à présent à 61,33 %, contre 38,67 % pour le « oui ». Le résultat en faveur du non reste massif et homogène dans tout le pays. Notamment dans les grandes villes : 66,5/33,5 à Athènes, 60/40 à Salonique, 61,5/38,5 à Larissa. En Crète, le non fait une percée (70/30 à Héraklion). Dans le Péloponnèse, même si le résultat est plus resserré au sud, le non est aussi largement en tête dans le nord : 67/33 à Patras, 61/39 à Corinthe. Dans les îles enfin, le score est également sans appel : 65/35 à Rhodes, 61,5/38,5 dans les îles Cyclades, , 60/40 à Lesbos, 71,5/28,5 à Corfou.

L'euro est en forte baisse dans les premiers échanges en Asie. Il chute de 1,1% contre la devise américaine à 1,0987 dollar et de 2,52% contre la devise japonaise à 133,89 yen.

Il aura fallu attendre 21 h 24 pour recevoir la réaction officielle du premier secrétaire du parti socialiste français. Dans un communiqué, Jean-Christophe Cambadélis, « ce soir, le peuple grec s’est exprimé en renouvelant son message d’opposition à l’austérité, comme il l’avait déjà dit lors du précédent scrutin ». Pour « Camba le Grec » (le pays de ses origines), le peuple hellène « souhaite un accord qui lui donne une chance de repartir, d’ouvrir les chemins d’une croissance durable et fiable, et de sortir de la spirale de la dette ». Et « le vote majoritaire “non” n’est pas un “non” à l’Europe mais à l’austérité qui a réduit le PIB de la Grèce et jeté de nombreux citoyens dans la précarité ». Mais que souhaite in fine le PS ? « Que des négociations s’ouvrent immédiatement, permettant à la Grèce d’honorer ses engagements immédiats ». Mais aussi de « construire un plan global de soutien à la Grèce, fondé sur un compromis viable et durable et donnant à ce pays le temps et les moyens de se reconstruire ». « Dans cette perspective, le traitement de la dette est indispensable à un accord d’espoir », conclut-il.

L’Allemand Michael Fuchs, vice-président du groupe conservateur CDU-CSU au Bundestag, estime que le premier ministre grec Alexis Tsipras a provoqué un « désastre ». « Je regrette beaucoup le résultat », a dit Fuchs à Reuters lors d'un entretien téléphonique avec Reuters. « Tspiras a provoqué un désastre, il doit maintenant ramasser les morceaux », a-t-il poursuivi. Il a aussi dit qu'il ne voyait aucune chance pour une solution sur la Grèce dans les 48 prochaines heures.

À droite, en France, l’ambiance est morose. Pour le député centriste Philippe Vigier, « la victoire du non en Grèce conduit l'Europe vers une crise grave. Elle est victime de son inertie politique et des populismes nationaux ». L’une des dirigeantes sarkozystes de LR, Valérie Debord, se questionne sur Twitter : « On pourrait demander aux Français par référendum s'il acceptent de laisser chacun 1128€ à la Grèce ... Soyons sérieux ». Quant au député et maire de Nice Christian Estrosi, il donne dans sa légèreté coutumière, demandant à François Hollande de « ne pas se coucher devant Tsipras et ses alliés français que sont Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Les Français ne peuvent plus continuer à payer les dettes d’un pays qui ne se réforme pas ! » Quant à la numéro 2 de « Les Républicains », Nathalie Kosciusko-Morizet, elle le dit dans un communiqué « avec fermeté » : « La France ne doit conclure aucun accord qui ne soit accompagné de contreparties. François Hollande n’a pas de mandat pour imposer aux Français une nouvelle pression fiscale, étalée sur des décennies pour satisfaire aux caprices de Monsieur Tsipras. » Elle demande aussi « que toute nouvelle concession soit soumise à l’approbation du parlement ».

La télévision grecque rapporte qu’Alexis Tsipras, le premier ministre grec, s’est entretenu par téléphone avec plusieurs responsables européens, dont François Hollande, le président français. Mario Draghi, le président de la BCE, aurait également été contacté.

Le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, estime qu’il convient désormais de relancer les efforts pour conclure un accord avec la Grèce. « Maintenant il convient de commencer à tenter à nouveau de trouver un accord. Mais on ne sortira pas du labyrinthe grec avec une Europe faible, qui ne retrouve pas la croissance », a-t-il dit sur Twitter.

Le président de l’assemblée nationale Claude Bartolone, qui n’a jamais caché jusqu’ici ses critiques sur l’orthodoxie budgétaire d’Angela Merkel et des institutions européennes, estime que « la sortie de la Grèce de la zone euro ne peut être considérée comme une option ». Il appelle à ce que « dès demain » les négociations reprennent « entre Athènes et les institutions créancières ». « Les efforts réclamés à l’économie grecque par l’intermédiaire de réformes fiscales et sociales demandées par la Troïka en échange de la poursuite du programme d’aides, doivent être amendés », appuie-t-il, en sinterrogeant sur le « fonctionnement inquiétant de l’Union européenne » et la « fébrilité de ses institutions et de son esprit public »

L’eurodéputée EELV Eva Joly salue la victoire du non. « Dans la dignité, et bravant les pressions proférées toute la semaine par les partisans de l'orthodoxie budgétaire, le peuple grec a dit non à l'austérité et au dogmatisme, pas à l’Europe. » Elle appelle à une reprise des négociations : « Dès maintenant, les dirigeants européens doivent appeler le Conseil des gouverneurs de la BCE, qui se réunira demain, à relever le plafond du programme d'aide à la liquidité d'urgence. Toute autre décision de la BCE reviendrait à entraîner délibérément la Grèce dans le chaos bancaire. » Et l’ancienne candidate écolo en 2012 et magistrate anti-corruption d’appeler François Hollande à « démontrer sa détermination à maintenir la cohésion de la zone euro. Il doit appeler à l'organisation d'une conférence européenne sur les dettes grecques, mais également portugaises, espagnoles ou encore irlandaises ».

La réaction de Pablo Iglesias, le leader de Podemos, parti espagnol héritier du mouvement des indignés : « Aujourd'hui en Grèce, la démocratie l'a emporté » :

 

 

La victoire du "non" conforte la position d'Athènes dans les négociations, affirme le ministre grec du travail, Panos Skourletis. « Le gouvernement a maintenant un outil de négociation solide pour parvenir à un accord qui nous ouvrira une nouvelle voie », a-t-il dit à la presse. De son côté, George Katrougalos, ministre grec de la réforme administrative, a estimé sur la chaîne iTELE que « quand le peuple parle, tout le monde doit écouter ». « J'espère que la négociation pourra recommencer lundi et qu'on aura une solution viable pour la Grèce et pour l'Europe », a dit le ministre.

La réaction de l'ancien ministre PS Arnaud Montebourg :

 

Hommage au peuple grec qui sait défendre non seulement son juste intérêt mais également l'intérêt de tous les européens.

 

 

Le "non" creuse l'écart. Sur 46,84 % des bulletins dépouillés, le "non" est à présent à 61,13 %, contre 38,87 % pour le "oui".

La réaction de Bernard-Henri Lévy sur Twitter :

 

La vraie question: qui a gagné? Le peuple grec, vraiment? Ou un démagogue qui s'est servi de son peuple et, hélas, s'en servira encore ?

 

 

Le député Pouria Amirshahi, l’un des chefs de file des anciens frondeurs, évoque dans un communiqué « un vent nouveau » qui « souffle sur l’Europe ». Il estime que le résultat du référendum grec doit « renégocier avec respect » : « Il faut prendre le résultat de ce référendum salutaire pour ce qu’il est afin de ne pas réitérer le mépris qu’ont subi Français et Néerlandais en 2005. » Il se prononce aussi pour un « allègement » et un « rééchelonnement de la dette grecque », et pour que la France se saisisse du « moment » pour abandonner sa « stratégie de médiatrice ». « Il est temps désormais que le Président de la République choisisse un chemin : celui attendu par les Français qui lui avaient confié le mandat en 2012, conclut Amirshahi. Le résultat du référendum est en effet l’occasion politique et historique de promouvoir avec résolution un autre cours européen, progressiste, moderne, fondé sur la communauté de citoyens et les peuples et non sur la technocratie ordo libérale ».

En duplex depuis Athènes sur Itélé, le député PS Pascal Cherki – qui a pris la parole lors du dernier meeting de Syriza – estime que la victoire du non est « un résultat qui va redonner un rapport de force favorable à Alexis Tsipras pour renégocier la dette grecque ». Selon lui, « l’idée qu’on ne peut rien changer en Europe est battue en brèche. Désormais, c’est la question de la politique menée en Europe et de son alternative qui est posée. Il y a un gagnant ce soir :  les Européens. Et une perdante : Mme Merkel et ses assistants Jean-Claude Juncker et Christine Lagarde ». Il en appelle à François Hollande, qui a « une grande responsabilité sur ses épaules (...) » : « Il doit reprendre l’initiative et poser le seul débat qui compte : la résolution de la dette grecque. »

À 20 h (21 h en Grèce), la place du Parlement commence à se remplir, les partisans du non se retrouvent pour fêter le net succès qui se dessine…

 

 

Pour l’instant, sur 25 % des bulletins dépouillés, le résultat en faveur du non est massif et homogène sur tout le territoire. Notamment dans les grandes villes : 68/32 à Athènes et à Héraklion, 60/40 à Salonique et à Larissa. Dans le Péloponnèse, même si le résultat est plus resserré au sud, le non est aussi largement en tête dans le Nord : 66/34 à Patras, 60/40 à Corinthe. Dans les îles enfin, le score est également sans appel : 65/35 à Rhodes, 62/38 dans les îles Cyclades, 70/30 à Corfou, 60,5/39,5 à Lesbos.

Dans un communiqué, le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, rappelle que « c'est la deuxième fois en 6 mois que le [pays] rejette l'austérité. La deuxième fois qu'il dit en même temps son attachement à l’Europe ». Celui qui est aussi président du Parti de la gauche européenne (PGE) estime que « les chantages financiers et mesquineries politiques n'auront pas eu raison du souffle de dignité et de liberté qui a envahi le berceau de la démocratie ». Après avoir salué « le courage des Grecs, de Syriza et du gouvernement Tsipras », il se dit « heureux et fier d'avoir tant lutté avec eux, pour que renaisse un espoir ». Enfin, Pierre Laurent, met « en garde contre toute nouvelle entreprise de pression politique et financière sur le peuple grec ». À ses yeux, « le respect des choix souverains des peuples doit être la règle à l'avenir, et le point de départ des futures négociations. La France devra en tirer les conséquences. J'attends de notre gouvernement un respect total du résultat de ce référendum et des actes forts pour la recherche immédiate d'un accord ».

Le député socialiste Yann Galut (proche de Karine Berger) a choisi son camp dans le débat interne au PS (lire notre article). Ce dimanche soir, il twitte ainsi :

 

Formidable peuple Grec qui résistant à toutes les pressions a eu le courage de dire ...la France doit le soutenir véritablement !

 

Entre 18 heures et 20 heures

Le ministère de l'intérieur diffuse les premiers résultats officiels. Sur la base de 10 % des bulletins dépouillés, le "non" est en tête avec 59,8 %, le "oui" est à 40,1 %.

Un porte-parole du gouvernement grec annonce que la Banque centrale grecque va demander à la BCE de relever le plafond de liquidités d'urgence pour les banques grecques. « La Banque de Grèce va formuler une demande aujourd'hui et nous pensons qu'il y a des raisons valables d'augmenter les liquidités ELA (...) Il n'y pas de raison de ne pas augmenter les liquidités », déclare Gabriel Sakellaridis sur la chaîne de télévision ANT1.

Le ministre grec de l'économie, Yanis Varoufakis, s'exprime sur Twitter :

 

"In 24h we COULD have an agreement", I said. But our toxic media rushed to report that I predicted an agreement within 24h. Go figure!

 

Une première réaction de Jean-Luc Mélenchon :

Le non au referendum est l'échec d'un projet sournois et calamiteux. La crise a été déclenchée par l'Eurogroupe.

 

Un très court communiqué de l'Élysée : « La Chancelière allemande Angela Merkel et le Président de la République François Hollande auront, lundi 6 juillet au soir à l’Élysée, un entretien suivi d’un dîner de travail pour évaluer les conséquences du référendum en Grèce. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la coopération permanente entre la France et l’Allemagne pour contribuer à une solution durable en Grèce. »

Selon plusieurs sondages, le « non » l'emporterait. Des sondages plus précis sont attendus d'ici une heure, qui devraient permettre d'avoir plus de certitude sur le résultat, sauf s'il est très serré.

Un tweet de notre envoyée spéciale à Athènes :

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Avant 18 heures

Dans un communiqué envoyé peu avant 18 heures, le député Nicolas Dupont-Aignan a estimé que oui ou non, « il faudra trouver une solution de compromis : la seule possible, la sortie en douceur de la Grèce de la zone euro ». Selon le président souverainiste de Debout la France, « si les Grecs disent oui, l'UE va déverser encore plus d'argent sans résoudre le problème de fond, à savoir l'insoutenabilité de la dette compte tenu du manque de compétitivité du pays à cause de l'euro trop cher. De même, s'ils disent "non" et que les Allemands veulent les punir par une exclusion désordonnée de l'euro, les contribuables perdront tout l'argent que leurs gouvernements ont déjà engagé pour Athènes depuis 5 ans ».

Le président du Parlement européen Martin Schulz estime que la Grèce devra prendre une autre devise si le « non » l'emporte au référendum sur le plan « argent frais contre réformes » proposé par ses créanciers. « Est-ce que la Grèce est encore dans l'euro après ce référendum ? C'est certainement le cas, mais, si elle dit "non", elle devra introduire une autre monnaie après le référendum parce que l'euro ne sera pas disponible comme moyen de paiement », a déclaré Martin Schulz à la Deutschlandfunk, la radio allemande, lors d'une interview réalisée jeudi et diffusée dimanche.

« Au moment où quelqu'un introduit une nouvelle devise, il sort de la zone euro. Ce sont les éléments qui me donnent un certain espoir que les gens ne voteront pas "non" aujourd'hui », a ajouté le président du Parlement européen.

Le ministre français de l'économie, Emmanuel Macron, estime qu'il faudra trouver un compromis pour la Grèce quelle que soit l'issue du référendum et ne pas se réfugier derrière l'action de la Banque centrale européenne (BCE). « Même si le "non" grec devait l'emporter, notre responsabilité dès demain ce sera de ne pas faire le traité de Versailles de la zone euro », a jugé Emmanuel Macron. « La situation de la zone grecque, nous l'avons co-produite (...) Il faut être exigeant et trouver un compromis pour la Grèce sur la base des réformes, de la soutenabilité de la dette, d'évolution des finances dans le temps. Nous aussi, nous devons faire des efforts », a-t-il ajouté.

Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a averti le gouvernement d'Angela Merkel qu'une sortie de la Grèce de la zone se traduirait par un trou de plusieurs milliards d'euros dans le budget de la République fédérale, rapporte le quotidien économique Handelsblatt en citant des sources gouvernementales. Jens Weidmann, précise l'article, a expliqué qu'un « Grexit » amputerait les bénéfices de la banque centrale nationale, dont une part importante est reversée au budget.

 

 

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5 juillet 2015 7 05 /07 /juillet /2015 19:57

 

 

Contre l'austérité et la pauvreté

imposées

par les créanciers de la Grèce

 

RASSEMBLEMENT DE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE GREC

LUNDI 6 juillet 19h

Place de la maison carrée
 

À l'appel de citoyen-ne-s et de : ATTAC Nîmes, CADTM, Les Indigné-e-s de Nîmes, Ensemble Nîmes, Nouvelle Donne, Parti de gauche, PCF Gard
 
OXI

 

 

 

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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 17:01

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Débattre Tribune

Référendum grec : « Un "non" rendra fières les générations futures et défendra la véritable âme de l’Europe »

par

 

 

 

 

« Pour la première fois le peuple peut réellement décider de son avenir. Pour la première fois il peut repousser lui-même, par son vote, le dernier chantage », lance à la tribune Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement Grec. Dans un discours prononcé le 1er juillet 2015, elle condamne toutes les tentatives de manipuler le sens de la question posée par le référendum : « Le oui signifie oui aux mémorandums, à la soumission et à la servitude ». Selon elle, la victoire du non ne signifiera pas une sortie de la zone euro, mais sera « un message retentissant » pour montrer que « la démocratie est l’affaire des hommes et des peuples, non des banques, des banquiers et des marchés. »

« Ces derniers jours et ces dernières heures on a enregistré un déluge d’ingérences grossières dans le processus démocratique du référendum, proclamé pour la première fois en 41 ans depuis la fin de la dictature des colonels, à l’instigation du Premier ministre, puis sur proposition du gouvernement et décision du Parlement.

Les représentants d’hier, les co-responsables de la destruction du pays et du peuple, et leurs partenaires nationaux et étrangers, ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher l’expression de la volonté populaire. Pour empêcher ou annuler le référendum.

Et maintenant, puisqu’ils ont échoué dans cette tentative, ils font tout ce qu’ils peuvent pour en modifier le résultat, rendre floue et dénaturer la question très claire, en adressant au peuple un nouveau chantage :

Que soi-disant, si les citoyens disent « non », nous devrons quitter l’Union Européenne ou la zone euro.

Que s’ils disent « non », il n’y aura aucune nouvelle négociation.

Que s’ils disent « non », cela signifiera qu’ils « ne veulent pas d’aide ».

Certains, chefs d’État mais aussi représentants de la Commission et d’autres institutions et organismes, n’hésitent pas à interférer grossièrement dans les affaires internes du pays et à suggérer au peuple ce qu’il doit voter au référendum, en modifiant la vraie question.

Ce qui est important c’est non seulement ce qu’ils disent, mais qui le dit.

Le disent les représentants des gouvernements qui se sont alliés aux gouvernements qui ont détruit le pays et ont fait des échanges avec eux.

Le disent les représentants d’organisations internationales qui ont participé à des programmes catastrophiques qui ont décomposé la société et causé d’indicibles malheurs.

Le disent des dignitaires, qui ont admis s’être trompés dans le cas de la Grèce, encore et encore.

Mais le disent aussi les représentants du système politique corrompu des anciens partis, de la corruption et des combines, ceux qui ont créé une dette illégale, honteuse et insoutenable et qui veulent la mettre sur le dos du peuple, de la jeunesse et des générations futures, sans rendre de comptes.

Le oui ne signifie pas oui à l’Europe.

Il signifie oui à l’ultimatum adressé par la Troïka au gouvernement grec.

Le oui signifie oui aux mémorandums, à la soumission et à la servitude.

Oui à des diminutions supplémentaires des salaires et des retraites.

Oui au chômage et à la précarité de l’emploi.

Il signifie oui à l’abandon de la souveraineté et de la démocratie, au bradage des biens publics, à de lourds impôts sans fin.

Il signifie aussi oui à la dégradation de la Grèce de pays membre à part égale de l’UE en pays paria et en colonie de la dette.

Le non signifie non aux tactiques et pratiques antidémocratiques.

Non aux chantages anti-européens et aux ultimatums.

Non aux blocages artificiels.

Non à l’asphyxie du peuple, avec les banques fermées.

Non à l’asservissement d’États-membres par d’autres États-membres.

Non à la soumission économique et politique.

Le Gouvernement s’est redressé. Il n’a pas cédé, il n’a pas capitulé en trahissant la confiance des citoyens.

Le Parlement en 2015 a été à sa hauteur. Il n’a pas fait loi d’État les mesures qui ont condamné de nombreuses générations à un esclavage mémorandaire.

Pour la première fois, le peuple peut réellement décider de son avenir. Pour la première fois, il peut repousser lui-même, par son vote, le dernier chantage. Pour la première fois, le peuple peut lever la tête et avec son vote, avec le non, secouer le joug des mémorandums.

Qu’il vote et se batte pour sa dignité et son avenir.

Et qu’il défende le seul gouvernement qui lui a fait confiance et lui a rendu le pouvoir qui lui appartient et qu’il défende le Parlement qu’il a lui-même élu et qui lui a rendu le pouvoir qu’il en tire et exerce en sa faveur.

Qu’il ne permette pas le renversement du gouvernement par ceux qui, depuis des mois, élaborent des scénarios de déstabilisation et de détournement, pour remettre le pays et le peuple aux forces de la corruption, des combines et de la tromperie, qui ont tiré profit des mémorandums sur le dos de la société.

Et qu’il envoie le message retentissant et optimiste aussi aux autres peuples d’Europe, que la démocratie est l’affaire des hommes et des peuples, non des banques, des banquiers et des marchés.

Les « non » du peuple grec ont, dans l’Histoire, rendus fiers non seulement les Grecs, mais l’humanité toute entière.

Un tel « non » rendra fières les générations futures et défendra la véritable âme de l’Europe, qui ne se base pas sur des ultimatums et des chantages, mais sur une coexistence égalitaire, la démocratie et la solidarité. »

Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement Grec, le 1er juillet 2015.

Traduction : Frédérique Bouvier / Source

 

La vidéo de l’intervention :

 

 

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4 juillet 2015 6 04 /07 /juillet /2015 14:13

 

Source : http://www.challenges.fr

 

 

Grèce: Varoufakis accuse les créanciers d'Athènes de "terrorisme"

Le ministre grec des Finances accuse samedi les créanciers du pays de "terrorisme" et de vouloir "humilier les Grecs", qui se prononceront lors du référendum de dimanche sur leurs dernières propositions de réformes.

 

"Quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord, j'en suis complètement et absolument convaincu", a déclaré Yanis Varoufakis. THIERRY MONASSE / AFP"Quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord, j'en suis complètement et absolument convaincu", a déclaré Yanis Varoufakis. THIERRY MONASSE / AFP
 

Ce qu'ils font avec la Grèce a un nom: terrorisme", accuse Yanis Varoufakis, connu pour sa liberté de ton, dans un entretien au quotidien espagnol El Mundo. "Pourquoi est-ce qu'ils nous ont forcé à fermer les banques? Pour insuffler la peur aux gens. Et quand il s'agit de répandre la peur, on appelle ce phénomène le terrorisme", développe le ministre en parlant de la politique menée par les créanciers d'Athènes, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et l'Union européenne.

Faute d'être parvenu à un accord avec les créanciers sur une prolongation d'un programme d'aide financière au-delà du 30 juin, le gouvernement de gauche radicale grec a annoncé la fermeture des banques et le contrôle des capitaux jusqu'au 6 juillet. Quel que soit le résultat du référendum de dimanche - le Premier ministre Alexis Tsipras appelle à voter non, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker oui - les banques du pays rouvriront et il y aura un accord avec les créanciers, assure Yanis Varoufakis.

 

"Il y aura quoi qu'il arrive un accord"

"Quel que soit le résultat du référendum, le lundi il y aura un accord, j'en suis complètement et absolument convaincu. L'Europe a besoin d'un accord, la Grèce a besoin d'un accord, de sorte que nous arriverons à un accord."

Pour le ministre des Finances, qui répète qu'en cas de victoire du oui il démissionnera, "aujourd'hui ce que veut Bruxelles et la troïka c'est que le oui gagne pour pouvoir ainsi humilier les Grecs".

Humiliation de la Grèce

Il accuse aussi ses opposants de vouloir faire de "la Grèce un exemple pour les autres" à l'heure où en Espagne le parti de gauche radicale Podemos, allié du grec Syriza, gagne en force à l'approche d'élections législatives.

"Je crois que dans toute l'Europe il y a besoin de partis comme Syriza et Podemos, des partis à la fois critiques à l'égard du système mais en même temps pro-européens et démocrates. Ceux qui nous détestent veulent nous faire passer pour anti-européens, mais non, ce n'est pas vrai, nous ne le sommes pas."

(Avec AFP)

 

 

 

Source : http://www.challenges.fr

 

 

 

 

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 21:31

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

La Grèce est entrée en terre économique inconnue

|  Par martine orange

 

 

 

Les banques pourront-elles rouvrir mardi ? Quel que soit le résultat du référendum, l’économie grecque semble avoir atteint un point de rupture. La crise de liquidités menace. Le système bancaire est en faillite et l’économie s’est effondrée.

C’est un pays isolé, effondré économiquement, en faillite financière qui va se prononcer dimanche sur son avenir. Depuis lundi 29 juin, les banques sont fermées et un contrôle des capitaux a été instauré. Mardi 30 juin, la Grèce n’a pas honoré son remboursement de 1,6 milliard d’euros au FMI et peut être considérée comme en défaut. Aucun pays occidental n’avait jusqu’à présent fait défaut face au FMI. La destruction de l’économie est comparable à celle d’un pays en état de guerre.

 

 

En demandant son référendum, Alexis Tsipras n’avait pas seulement comme objectif politique d’obtenir une main plus forte face aux responsables européens, comme il l’espère. Dos au mur, il se devait aussi d’arrêter la machine infernale lancée contre la Grèce, d’imposer le bilan des plans de sauvetage de la Grèce orchestrés par l’Union européenne, le FMI et la BCE depuis six ans. Mais il est peut-être déjà trop tard.

Face à cette catastrophe – malheureusement annoncée de longue date –, les différentes institutions ont pour l’instant comme préoccupation première de dégager leurs responsabilités. Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, grand instigateur de cette politique, a donné le ton : tout est de la faute de Syriza et du premier ministre grec, Alexis Tsipras. « La Grèce est dans une situation difficile mais simplement à cause des agissements du gouvernement grec. Accuser les autres peut peut-être être utile en Grèce mais cela n’a rien à voir avec la réalité. Personne d’autre n’est à blâmer pour cette situation », a-t-il déclaré mercredi au Bundestag. Tous les autres responsables lui ont emboîté le pas, dénonçant l’amateurisme et le chantage du gouvernement grec, mais jamais leurs erreurs. Tous sont suspendus au résultat du référendum, qui, espèrent-ils sans même s’en cacher, marquera la défaite de Syriza et l’arrivée d’un gouvernement plus « responsable ».

Quel que soit le résultat du référendum, les responsables européens vont se retrouver confrontés à une situation plus critique qu’ils ne le croient et qu’ils ont en grande partie provoquée. Car la dégradation de l’économie a peut-être atteint un point de rupture. La suspension du versement des aides dès juillet 2014 – soit bien avant l’élection de Syriza –, l’intransigeance des créanciers face à toute reconsidération de la dette grecque, les plans de sauvetage proposés plus irréalistes les uns que les autres, la décision de la BCE en février de priver les banques grecques des guichets réguliers du système monétaire européen, puis celle de geler les fonds de liquidité d’urgence aux banques, ont créé une réaction économique en chaîne difficilement contrôlable. Aujourd’hui, le pays est au bord de l’explosion économique.

Les responsables grecs comme européens gardent un mutisme absolu sur le sujet. Pourtant, le premier choc pourrait se produire dès mardi. Les banques grecques pourront-elles rouvrir ou non, après le référendum ? Leur fermeture était devenue inévitable la semaine dernière, après la décision très politique de la BCE de geler les fonds de liquidité d’urgence. « Il n’est pas facile de rouvrir des banques, une fois qu’on les a fermées », avait prévenu alors le gouverneur de la banque de Chypre. Il parle en connaisseur. Les banques chypriotes étaient restées fermées pendant plus de deux mois, après la décision de les fermer en avril 2013. Et il a fallu attendre plus de dix-huit mois pour retrouver un fonctionnement à peu près normal et la levée du contrôle des capitaux.

La situation est mille fois plus grave en Grèce. Depuis des mois, les autorités monétaires maintiennent la fiction d’un système grec encore stable. Dans les faits, il s’est totalement écroulé. La situation a encore empiré depuis que la BCE lui a fermé l’accès aux guichets normaux pour se refinancer depuis février. Depuis, les banques grecques dépendent uniquement des fonds de liquidité d’urgence bien plus chers, au moment où elles font face à des retraits de dépôts massifs. En quelques semaines, cette assistance est passée de 50 à 89 milliards d’euros. Lors de la dernière réunion dimanche dernier, les banques grecques demandaient 6 milliards d’euros de liquidité supplémentaires, quand la BCE leur a dit non.

En dépit des restrictions imposées sur les retraits (60 euros à chaque fois), les banques grecques semblent avoir quasiment épuisé toutes leurs réserves en une semaine. Selon les chiffres qui circulent, elles auraient un milliard d’euros de liquidités, tout au plus. « Les liquidités sont assurées jusqu’à lundi, ensuite cela dépendra de la décision de la BCE », a déclaré Louka Katseli, dirigeante de la banque nationale grecque. 

« Je ne vois pas comment les banques pourraient rouvrir mardi », a prévenu un responsable de la Barclays. Une analyse partagée par d’autres analystes bancaires et de fonds d’investissement. « Quiconque pense que les banques vont rouvrir dès mardi est un doux rêveur. L’argent ne durerait pas une heure », a déclaré de son côté Constantine Michalos, responsable de la chambre de commerce grecque. Le phénomène a été documenté à plusieurs reprises : dès la réouverture des banques, les déposants se précipitent pour retirer tous leurs fonds disponibles.

Crise de liquidités

 

 

Les premiers effets des fermetures bancaires, du contrôle des capitaux et de l’exclusion de facto de la Grèce du système monétaire européen commencent à se faire sentir. Les entreprises ont les plus grandes difficultés à s’approvisionner à l’étranger ou se faire payer les exportations. Certains commerçants disent ne plus voir aucun client. L’argent manque partout. Le spectre de la crise de liquidités, comme en Argentine, commence à surgir. À ce stade, on n’ose même pas imaginer les effets sur une économie en totale dépression, si la situation se prolongeait. Et elle risque de se prolonger, quel que soit le résultat du vote de dimanche.

Les responsables européens entretiennent l’illusion que tout rentrera rapidement dans l’ordre, si la Grèce vote oui et Syriza quitte le gouvernement. Erreur ! Car la banque centrale européenne, même si elle est disposée à fournir de nouvelles liquidités au système bancaire grec, ne pourra pas ne pas demander une décote supplémentaire sur les titres apportés en garantie par les banques grecques. Cette question, poussée par le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, était déjà au cœur des discussions des dirigeants de la BCE depuis plusieurs mois. La décote paraît inévitable désormais, compte tenu de la situation économique : le FMI a déclaré officiellement la Grèce en défaut de paiement.

L’importance de la décote, si la BCE accepte de continuer à soutenir les banques grecques, sera un sujet hautement politique. Mais quel qu’en soit le chiffre, il risque de créer de graves tensions dans le système bancaire. Les banques risquent de ne pas avoir le volume suffisant de titres à déposer en garantie pour obtenir les mêmes montants de liquidité et pourraient se retrouver prises dans le piège du rationnement. L’économie grecque avec.

Au-delà de la crise de liquidités, c’est une crise de solvabilité qui menace l’ensemble du système bancaire grec. Depuis des mois, les autorités prudentielles font comme s’il n’existait aucun problème, comme si leurs fonds propres, constitués majoritairement par des titres obligataires grecs d’État ou de grandes entreprises, avaient la même valeur qu’auparavant. Dans les faits, elles attendaient un accord européen qui permette de débloquer un fonds de réserve de 10 milliards d’euros destinés à la recapitalisation du système bancaire grec. Accord qui n’est jamais venu.

Aujourd’hui, cette fiction ne peut plus être prolongée. La Grèce a fait défaut. Pour l’instant, celui-ci ne porte que sur des créances du FMI. Mais le fonds européen de stabilité financière, principal créancier de la Grèce, fait porter une nouvelle menace. Il a déclaré vendredi se réserver de réclamer le remboursement anticipé de 130,9 milliards d'euros dus par Athènes, compte tenu du non-paiement au FMI. Autant précipiter la Grèce tout de suite dans les abîmes.

Même si la Grèce dit oui et emporte le soutien de l’Europe, comme le font miroiter les responsables de l’Union, même si un accord européen est trouvé rapidement, même si les fonds en réserve sont versés en urgence, tout cela risque de ne plus suffire à masquer la faillite de l’État et par contrecoup celle des banques. Ou inversement, tant les deux sont liés. Une perspective qui semble être intégrée dans de nombreux scénarios bancaires. Le gouvernement, quelle que soit sa couleur, n’aurait alors d’autre choix que de nationaliser l’ensemble des banques, de prélever sur les dépôts pour tenter de renflouer.

Et puis ? La suite dépendra des choix du gouvernement grec et des réactions de l’Union européenne, du FMI, de la BCE. Leur gestion du dossier grec a été si calamiteuse depuis le départ, le désastre est si grand, leur refus d’endosser toute responsabilité dans cette débâcle est si consternant, leur dogmatisme est si ancré que tout pronostic est impossible.

Jeudi 2 juillet, le FMI a publié officiellement une nouvelle étude sur la situation grecque. Que dit-il ? Que la dette est insoutenable. L’institution estime que la Grèce a besoin d’un troisième plan de sauvetage lui apportant immédiatement 10 milliards d’euros dans les mois qui viennent et 50 autres milliards sur trois ans. En échange de réformes, elle propose une restructuration de la dette, avec une période de répit de 20 ans, et en reportant la fin des paiements en 2055. Ce plan ressemble – parfois même en plus radical – à celui qu’a proposé pendant des semaines cet « énergumène » de Yanis Varoufakis aux responsables européens.

Pourquoi le FMI a-t-il mis tant de temps à reconnaître publiquement ce que des dizaines d’économistes n’ont cessé de répéter depuis au moins 2012 ? Pourquoi Christine Lagarde a-t-elle préféré adopter une attitude politique intransigeante plutôt que suivre l’avis de ses services ? Fallait-il attendre que l’économie grecque soit totalement effondrée ? Quoi qu’elle en dise, l’Europe risque de payer chèrement cette mise à genoux.  Elle a déjà dilapidé une grande partie de son capital moral.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 21:41

 

Source : http://www.marianne.net

 

Je suis un Athénien

Edmond Harlé
 
 
 
Pour le Mariannaute Edmond Harlé, "si nous ne faisons rien pour les Grecs, notre lâcheté signera la défaite du progrès social" et "après les Espagnols et les Italiens viendra le tour des Français et même des Allemands". Et puisqu'il n'y a plus "hélas, aujourd’hui, ni un Kennedy ni un de Gaulle pour dire non", "il appartient aux peuples européens de se lever pour dire ensemble au monde : “Nous sommes tous des Athéniens”".
 
La déesse grecque de la guerre, Athéna - Petros Karadjias/AP/SIPA
 

Il y a cinquante-deux ans, le 26 juin 1963, face au mur de Berlin, il y eut un Kennedy pour lancer au monde « Ich bine ein Berliner » marquant ainsi la solidarité du monde dit « libre » face à la volonté soviétique d’enfermer les peuples d’Europe de l’Est derrière un mur visant à maintenir leur asservissement. Ce jour-là, la chute du Mur, accélérée par les politiques d’ouvertures de Charles de Gaulle et de Willy Brandt et le charisme de Jean Paul II, était inscrite dans l’histoire.

Hélas, depuis l'effondrement du bloc communiste, les capitalistes se sont dit qu’ils peuvent maintenant, librement, asservir tous les peuples du monde. Pour cela, il leur faut d’abord détruire les systèmes de justice et de solidarité sociale édifiés en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ils ont choisi aujourd'hui de faire un exemple en mettant les Grecs à genoux, en leur imposant de se mutiler eux-mêmes. Hélas, aujourd’hui, il n’y a plus ni un Kennedy ni un de Gaulle pour dire nonComme le peuple grec a courageusement décidé de dire non, malgré la trahison de la classe politique traditionnelle, il va être puni afin de montrer aux autres peuples qu’ils sont obligés de se soumettre à cette régression sociale sans précédent dans l’histoire en dehors des périodes de guerre.

Hélas, aujourd’hui, il n’y a plus ni un Kennedy ni un de Gaulle pour dire non. Aucun chef d’Etat n’a le courage de dire « Je suis un Athénien ! » à cette ville berceau de la démocratie. Tous les gouvernants européens, derrière Merkel, ont trahi le peuple, l’histoire et les valeurs de l’Europe. Puisqu’aucun chef d’Etat ne le dit, il appartient aux peuples européens de se lever pour dire ensemble au monde : « Nous sommes tous des Athéniens », nous sommes tous pour la justice et la protection sociale. Si nous le voulons, cela est possible. Car ne nous y trompons pas, si nous ne faisons rien pour les Grecs, notre lâcheté signera la défaite du progrès social. Après les Espagnols et les Italiens viendra le tour des Français et même des Allemands et tout espoir de progrès social sera anéanti dans le reste du monde. Face à la lâcheté et à la trahison de nos dirigeants, seul le courage des peuples peut sauver le monde d’un chaos inégalitaire sans précédent dans l’histoire ! Puisque c’est difficile alors, ensemble, faisons-le ! Oui, je suis un Athénien !

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 18:21

 

Source : http://www.marianne.net

 

Grèce : les vertus de la banqueroute

 
 
 
Faute d’accord avec ses créanciers, la Grèce est aujourd'hui en défaut de paiement. Son système bancaire pourrait s’effondrer dans les jours à venir. C’est peut-être une sacrée occasion à saisir. Déprivatisation des banques, sortie de l’euro, à ce stade, toutes les options, toutes les ruptures sont possibles. Formidable ?
 
Petros Giannakouris/AP/SIPA
 

Jusqu'ici, c'était un scénario fiction. Mais la banqueroute grecque est advenue. Mardi 30 juin à minuit, la Grèce a fait défaut, en outrepassant le délai de paiement de sa dette vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI). Tout le système bancaire grec est désormais suspendu au guichet d'urgence du Emergency Liquidity Assistance (ELA), un robinet de liquidités que la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de maintenir, mais sans en augmenter le volume, et qui pourrait fermer dans les jours à venir.

Rien ne dit, toutefois, que la banqueroute grecque est vouée à la catastrophe.

 

La banqueroute, une tradition française

« Une faillite d’Etat est finalement assez banale et l’on sait comment gérer le problème de restructuration », témoigne un ancien chief economist du FMI, dans l’essai Vive la banqueroute (2013), copiloté par François Ruffin. « Entre 1500 et 1800, la France a répudié ses dettes en huit occasions », renchérit-il. Depuis le XIXe siècle l’histoire bancaire recense pas moins de… 250 défauts sur la dette ! Et d’ordinaire, après une forte houle, les économies finissent par s'en remettre. Suivant les cas, le recul du PIB s’effacerait trois ans après. Et la période d'austérité, elle, termine froissée, en boule, dans les poubelles de l’histoire économique nationale.

En France, l’histoire regorge d’exemples allant en ce sens. « La banqueroute est nécessaire une fois tous les siècles, afin de mettre l’État au pair », déclarait par exemple l’abbé Terray, qui n’était pas un fou furieux mais le contrôleur général des finances de Louis XV. Sully, le conseiller d’Henri IV, envoya valser les « dettes illégitimes », en opérant une banqueroute pour assainir les finances du royaume. Mirabeau, à l’Assemblée nationale, choisit de combler le « gouffre effroyable » de la dette publique en « confisquant le patrimoine de l’Eglise ». Et Philippe le Bel, qui ne versait pas dans la demi-mesure, « chassa d’abord ses créanciers du royaume avant de saisir, de condamner, de brûler “les banquiers de l’Occident”… plus radical dans ses actes que Jean-Luc Mélenchon dans ses discours ! », écrit Ruffin. 

La banqueroute, l’impensé des néolibéraux

La banqueroute, en règle générale, ce n'est pas une faillite. « C’est la défaillance d’un Etat qui n’exécute pas les contrats d’emprunts qu’il a conclu. » Au moins, c’est limpide. Elle est toujours partielle, ne concerne qu'un type d’actif ou de créanciers, comme le FMI. Mais quelle que soit sa forme, la banqueroute horripile de façon congénitale les tenants de la doxa néolibérale, pour laquelle la répudiation de la dette est en fait un tabou, un mot introuvable dans leur dictionnaire, un non-scénario, un impensé.

Il faut tout l’œil affuté des économistes hétérodoxes, comme Frédéric Lordon ou Jacques Sapir, pour scruter en profondeur les angles morts de la myopie néolibérale, et envisager les vertus d’un défaut de paiement. Le tout assorti, si possible, à une certaine forme de pugnacité. Car ce sont de sacrés vents contraires qu’il s’agit d’affronter. L’ouragan des éditocrates de tout poil d’abord, dont l’écume matinale s’évanouit avec indifférence et incompréhension sur des options économiques comme la « banqueroute ». Le typhon des créanciers ensuite, qui, derrière le verbiage fait de « solidarité internationale » et de « respect des engagements », masque la misère des peuples et la violence des rapports économiques. Et bien entendu, la bise matinale des toutous économistes, qui répètent à longueur d’émissions qu’il n’y a « pas d’alternative au désendettement », que « la rigueur n’est pas un choix ».

Comment, face à tant d'épreuves, laisser les écoutilles de son entendement ouvertes au scénario du défaut ? « Doit-on respecter nos “engagements à l’égard des créanciers” ? Ou avons-nous des engagements plus sacrés, à l’égard des trois millions de chômeurs, par exemple, avec le “droit d’obtenir un emploi” inscrit dans le préambule de notre Constitution ? », questionne François Ruffin.

Dans la configuration européenne, où le système monétaire et économique est gravé, voire fossilisé, dans le marbre des traités, la banqueroute présente de sacrées vertus. Bizarrement, Vive la banqueroute est l’un des rares à se faire l’écho de cette joyeuse nouvelle. « Le défaut, c’est une bonne idée », y lâche Frédéric Lordon, qui aime bien lancer des pavés subversifs dans la platitude de la mare. « Elle a même d’excellentes propriétés si elle s’inscrit dans une stratégie économique globale. » Machiavel est à l’œuvre : après un défaut de paiement, le système bancaire et financier est par terre. L’heure, pour l’Etat, de ramasser les débris de ces institutions en ruine, par la nationalisation complète du système bancaire. Une manœuvre facile, puisqu’en chutant, la valeur financière des banques est tombée à zéro. Avec cette reprise en main, la porte est ouverte à la dévaluation, la refonte du système de crédit…

 

Scénario fictif : la banqueroute grecque et le crash bancaire

Quid de la Grèce ? Lordon s’est livré ce lundi, sur son blog « La Pompe à phynances », hébergé sur le site du Monde diplomatique, à un petit exercice d'économie fiction. Qu’advient-il à l’issue de la banqueroute grecque, si la BCE ferme, comme c’est prévu, ses robinets de prêts d’urgence, les seuls à même de refinancer les banques grecques ? « La fermeture du refinancement auprès de la BCE (via le guichet de l’ELA, ndlr), effondrera le système bancaire grec dans la journée, et forcera, de fait, au réarmement de la Banque centrale grecque », écrit-il. Après la déconfiture du crash bancaire, c’est la Banque de Grèce qui prend le relai du robinet monétaire. Celle-ci émettra ainsi une drachme, non reconnue par la nomenclature européenne, ayant l’apparence de l’euro mais qui n’en sera pas. Voilà qui actera physiquement la sortie de la Grèce de la zone euro, « vouée à s’opérer dans les plus mauvaises conditions », reconnaît l'économiste. 

Dans cette situation d’urgence, il est possible de limiter les dégâts. De s’épargner la capilotade, à condition de se saisir des leviers économiques. Déjà, la Grèce a mis en place un contrôle draconien des capitaux, en imposant depuis dimanche un bank holiday, qui limite les retraits aux guichets. Le contrôle des mouvements de capitaux devrait être très vite consolidé. Par la suite, « avec la dévaluation carabinée de la drachme qui suivra sa réintroduction, les Grecs y perdront du pouvoir d’achat international. » Devraient s’ensuivre des mesures protectionnistes ciblées, tout en laissant les entreprises grecques avoir accès aux équipements étrangers. Inutile de se voiler la face : les premiers temps devraient « être une épreuve ».

Le crash consécutif à la banqueroute installera un monde bizarre, où un vrai euro cohabitera avec un euro-drachme, et dont personne ne saura faire la différence. Tout un tas d’ajustements seront à faire, et la période sera rude. Mais, libérée de l’étau institutionnel européen, la Grèce pourra recouvrir immédiatement des marges de manœuvre sur le plan monétaire et économique. Soulagée des 26 milliards d’euros dus d’ici la fin 2015 à ses créanciers, la Grèce en termine avec la cure d’austérité. Elle envoie aussi bouler sa dette publique qui, grâce aux remèdes miraculeux de la Troïka, était passée de 100 % à 176 % du PIB entre 2008 et 2014… Voilà pour la théorie. Dans quelques jours, les Grecs goûteront peut-être à la pratique.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 16:51
 

 

Photo de Marleen Camille Content.

 

RV MARDI 7 JUILLET à 19h


au London Tavern en haut du Bd A Courbet à Nîmes.


Objet: όχι !


Première réunion Comité de soutien au peuple grec :

 

7 juillet 2015

 

Chers amis,

A l'appel des collectifs "ATTAC Nîmes, CADTM, Ensemble!, LDH Nîmes,

Les Indignés de Nîmes, Nouvelle Donne, PCF 30, Parti de Gauche,

Union Syndicale de la Psychiatrie, Citoyen­ne­s..." ,

la réunion de solidarité avec le peuple grec avec Patrick Saurin, membre de la commission

d'audit de la dette grecque, et Constant Kaimakis,

a rassemblé près de 200 personnes vendredi 26 juin.


Comme annoncé, cette soirée sera suivie de la création d'un Comité de soutien au peuple grec,

dont la première réunion se tiendra le MARDI 7 JUILLET à 19h
au London Tavern en haut du Bd A Courbet à Nîmes.
Souhaitant vous retrouver nombreux, vu la gravité et l'urgence de la situation.
Pour le collectif d'animation,
Joël D.
όχι !

 

 

 

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 14:47

 

Source : http://cadtm.org

 

 

Chronique d’une Grèce qui résiste

1er juillet par Emilie Paumard

 

 

 

 

Parce qu’il n’est pas facile de s’y retrouver dans le flot d’informations qui circulent sur ce feuilleton grec aux mille et un rebondissements, voici une tentative de résumé d’une semaine qui nous a fait passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et qui s’est conclue sur la note de l’espoir. La décision d’Alexis Tsipras de convoquer un référendum sur la question de l’accord avec les créanciers de la Grèce ne peut être que soutenu par tous les mouvements sociaux qui se battent pour plus de justice sociale et de démocratie.

 

Lundi 22 juin : la gueule de bois

Certains débuts de semaine sont difficiles. Ce lundi 22 juin l’était pour toutes les personnes qui, depuis janvier au moins, mettent de l’espoir dans l’expérience grecque. Des déclarations du Premier ministre Alexis Tsipras sur la « responsabilité criminelle du FMI », à celles du ministre des Finances Varoufakis sur la priorité qui sera donnée aux salaires et pensions plutôt qu’aux créances, à la non-conclusion d’un accord lors de l’Eurogroupe du 18 juin, en passant par la demande de 49 député.e.s de Syriza d’un débat parlementaire sur le rapport de la Commission d’audit |1|, de nombreux éléments donnaient à croire en une non-capitulation du gouvernement grec.
Aussi lorsqu’on apprend que, suite à des négociations au sein de son gouvernement, Tsipras arrive avec une nouvelle proposition sur la table on s’interroge. Et le questionnement cède vite le pas à l’inquiétude lorsque l’on découvre comment ce nouveau projet est accueilli par les « dieux marchés » |2| et par leurs dévoués serviteurs, nos dirigeant.e.s politiques. À la vue des encouragements qui se succèdent de la part des responsables des Institutions, qualifiant la proposition de « bonnes bases » et de « pas en avant », il ne fait plus aucun doute que les craintes sont légitimes.

 

Mardi 23 juin : Constats amers et réactions à chaud

 

 

Le lendemain matin, à la lecture du détail de cette proposition révélée par le quotidien Grec Kathimerini |3|, cette crainte se vérifie. S’il ne restait déjà malheureusement plus grand-chose des fameuses « lignes rouges » |4| fixées par Syriza, les voilà à peu près toutes franchies et bien piétinées. Le gouvernement s’engage ainsi à poursuivre l’austérité via un plan d’économie de 8 milliards d’euros étalé sur 2 ans. S’ajoute donc à la liste des concessions déjà faites par le gouvernement, l’augmentation de la TVA |5|, le remplacement du supplément de pension pour les plus pauvres, la suppression de la prépension d’ici à 2025, et la poursuite des privatisations. L’équipe de négociation peut s’échiner à mettre en avant leurs propositions d’augmentation de l’impôt sur les entreprises et d’un impôt exceptionnel sur les profits des entreprises supérieures à 500 000 euros par an |6|, ce que le peuple grec retient c’est que la promesse d’en finir avec l’austérité n’est pas tenue !

Et les réactions ne se font d’ailleurs pas attendre, à commencer par celles de la rue. Autant pour critiquer la trahison du gouvernement que pour le soutenir dans ce bras de fer qui, jusqu’à maintenant, s’est exercé « à froid », sans réelle pression de la population.

Évidemment ce sentiment ne se limite pas aux citoyen.ne.s mais traverse toute la scène politique grecque et en particulier le premier parti du pays, Syriza. Car si cette coalition de gauche a été largement plébiscitée lors des dernières élections et qu’elle dispose encore, quatre mois après son arrivée au pouvoir, d’un soutien très large dans la population, il n’en reste pas moins qu’elle se compose d’une myriade de tendances dont l’union ne tient qu’à un accord politique fragile. Ainsi, on se rappelle qu’à la dernière réunion du Comité central du parti à la fin du mois de mai, la « plateforme de gauche », l’aile la plus radicale de Syriza, n’a pas été loin de faire adopter une motion |7| qui proposait la suspension du paiement de la dette, la nationalisation du secteur bancaire et l’arrêt des négociations en cas de poursuite du chantage des Institutions.

Conscients qu’un éventuel accord avec celles-ci doit être soumis à l’approbation du Parlement, les tenants de la ligne gouvernementale n’hésitent pas à mettre la pression sur d’éventuels réfractaires, à l’image de Dimitris Papadimoulis, élu Syriza au parlement européen : « Je ne crois pas que des parlementaires Syriza influents voudront prendre la responsabilité de faire tomber un gouvernement en place depuis cinq mois et un Premier ministre qui bénéficie d’un soutien populaire d’environ 70%. » |8|. Cela n’a pas empêché une série de député.e.s Syriza d’affirmer d’ores et déjà leur refus d’adopter un tel accord, à commencer par Alexis Mitropoulos, député Syriza et vice-président de la Vouli : « le Premier ministre doit d’abord informer notre peuple des raisons pour lesquelles nous avons échoué dans ces négociations et abouti à ce résultat. Je crois que (ces projets) ne sont pas conformes aux principes de la gauche. Ce carnage social, (...) on ne peut pas l’accepter. » |9| Bien conscient de l’importance du mandat qui a été confié aux élu.e.s de la majorité, Costas Lapavitsas confiait également au quotidien allemand Die Zeit |10| : « comment pourrons-nous retourner dans nos circonscriptions et l’expliquer à nos électeurs si nous signons un tel accord ? ».

Mais la bataille contre un tel accord ne pourra pas uniquement venir des frondeurs de Syriza, et cela beaucoup l’ont déjà compris. Aussi, dès le début de soirée Stathis Kouvelakis, membre du comité central de Syriza lance un Appel à tou-te-s les ami-e-s du peuple grec qui invite à la mobilisation : « Il est évident que le gouvernement ne doit pas céder. C’est indispensable mais ça n’est pas suffisant. Il faut aller de l’avant. Il faut retrouver un élan. Et cet élan ne peut venir que si la mobilisation populaire s’y met également. Il faut que la population s’empare de ce qui est en train de se passer, mette en avant ses demandes, et fasse comprendre que la Troïka, a en face d’elle non pas simplement un gouvernement mais un peuple qui sait mener des batailles. |11| »

Aux antipodes de cette invitation à la résistance, les partis de l’opposition accueillent ce potentiel accord avec bienveillance. Du Pasok à Nouvelle Démocratie en passant par le nouveau parti de centre-droit Potami, tous affirment qu’ils sont prêts à voter pour ce qu’ils considèrent comme l’unique voie à suivre. Mais au-delà de la conviction politique c’est bien l’opportunisme qu’il faut lire dans cette position, car ces différents partis espèrent bien retrouver les manettes du pouvoir dans cette opération. En effet, si l’accord était rejeté par l’aile gauche de Syriza mais aussi par les députés d’Anel, comme leurs déclarations laissent à penser, on assisterait à une reconfiguration de la majorité qui pourrait bien devoir compter avec ces partis autrefois combattus.

 

 

Mercredi 24 juin : pourquoi se contenter d’une victoire quand on peut obtenir l’humiliation ?

On aurait pu imaginer que les créanciers, rassasiés par leurs victoires successives sur le gouvernement grec, se seraient « contentés » de profiter de la fin de semaine pour peaufiner les détails et procédures entourant le fameux accord. C’est sans compter l’enjeu majeur que représente la Grèce pour les gouvernements européens et les dirigeants de la Troïka au service des propriétaires des plus grandes banques privées. Il ne s’agit pas seulement de poursuivre dans la voie de l’austérité, mais bien de traîner dans la boue, celles et ceux qui osent croire qu’il y a une alternative à cette Europe néolibérale.

Aussi, on apprend ce mercredi 24 juin que le FMI, après avoir corrigé au stylo rouge |12| les propositions grecques qui touchent encore trop aux riches à son goût |13|, a renvoyé la copie à l’expéditeur avec la mention recalé. Le motif officiel du rejet : les mesures sont trop axées sur les hausses d’impôts et pas assez sur des baisses de dépenses ! Le peuple grec a voté contre la saignée, qu’à cela ne tienne, ouvrons-lui un peu plus les veines semble nous dire Mme Lagarde.

Dans la foulée, le gouvernement grec annonce son désaccord avec la copie revue et corrigée. Le bras de fer est donc relancé : rendez-vous jeudi et vendredi à Bruxelles au sein de l’Eurogroupe pour la énième tentative d’un compromis.

 

Vendredi 26 juin : les jeux sont-ils faits ?

Mais ce vendredi 26 juin, les médias annoncent que le Sommet européen de la veille n’est pas parvenu à un accord et que les grands trésoriers de l’Europe sont de nouveau convoqués ce samedi 27 juin pour une réunion jugée « cruciale ». Dans la perspective de ce nouveau rendez-vous la Grèce remet un nouveau projet (oui, encore un) à ces créanciers |14|.

Alors que le sort de la Grèce se joue à peu de choses, la fuite de cette conversation entre Alexis Tsipras et Donald Tusk, président du conseil européen, résume assez bien la teneur de l’enjeu et l’état d’esprit des différents protagonistes à la veille de cette nouvelle rencontre. L’homme politique polonais affirmant au Premier ministre grec en marge du Sommet, que « la partie est finie » (the game is over) s’est vu répliqué par ce dernier « Il y a actuellement en Grèce 1,5 million de chômeurs, 3 millions de pauvres et des milliers de familles qui vivent sans revenus, et dépendent de la pension de leur grands-parents. Ce n’est pas un jeu ! Il ne faut pas sous-estimer le point qu’une nation peut atteindre lorsqu’elle est humiliée » |15|.

 

Samedi 27 juin : de la gueule de bois au referendum

Et dans la nuit de vendredi à samedi Tsipras prouve en acte qu’il est bien décidé à donner à son peuple les moyens de retrouver sa dignité. Dans une allocution sur la télévision publique ERT |16|, il déclare la tenue d’un referendum le 5 juillet sur les exigences des créanciers : « Oui ou non acceptez-vous la proposition d’accord formulée par les institutions ? » Chacun tire très rapidement ses propres conclusions à une telle question, à l’image du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble : « La Grèce a mis fin aux discussions de manière unilatérale ». Il n’est heureusement pas le seul à réagir. Quelques heures seulement après le discours du Premier ministre grec, de nombreuses vagues de solidarité se lèvent aux quatre coins de l’Europe pour soutenir le « NON » face aux créanciers et à leurs conditions favorisant le capital, à n’importe quel prix. Le peuple reste souverain, et ce n’est en effet pas à ces technocrates de leur dicter leur avenir. L’enjeu est clair pour tout le monde : ce referendum est de portée européenne, ce sont tous les citoyen.ne.s victimes de l’austérité aujourd’hui, bien au-delà des frontières grecques, qui se sentent concerné.e.s.

Mais tandis que le référendum est sur toutes les lèvres une série de questions restent en suspens : est-ce que les Institutions vont accepter de prolonger le programme d’assistance à la Grèce jusqu’à la tenue du référendum, afin que celui-ci se déroule dans des conditions sereines ? Les créanciers vont-ils comme en 2011 mettre une pression telle, que la légitime initiative de référendum sera retirée ?

Effectivement, la fin de journée nous montre à quel point les dirigeants européens sont fâchés avec la démocratie. Après plusieurs heures de réunion, les ministres des finances européens réunis à Bruxelles demandent à leur homologue grec de se retirer et signent un communiqué de presse cinglant sans Yannis Varoufakis. Ils y annoncent notamment qu’aucun délai ne sera accordé à la Grèce au-delà du 30 juin. Quant au commentaire de monsieur M. Dijsselbloem qui accompagne cette déclaration, il témoigne à quel point les ministres européens n’endossent plus aujourd’hui que le costume de créanciers : « si le gouvernement grec n’est pas prêt à accepter (les propositions qui lui sont faites) alors il y a un problème de crédibilité », a-t-il expliqué, oubliant que les peuples ne sont pas des marchés boursiers.

 

Dimanche 29 juin : Des créanciers intransigeants encore et toujours...

À l’annonce de l’Eurogroupe, qui ferme clairement la porte au débat démocratique, s’ajoute la décision de la BCE réunie en urgence en ce début d’après-midi du 29 juin. Certes la BCE choisit de ne pas utiliser « l’arme nucléaire » que représente la fermeture totale du robinet à liquidités. Il n’en reste pas moins qu’en refusant d’augmenter le plafond des fonds de liquidités d’urgence : « l’institution monétaire ne pouvait pas ignorer qu’elle asphyxie tout le système bancaire grec » |17| nous explique Martine Orange, journaliste et observatrice de la politique monétaire européenne.

Face à cette situation le Premier ministre grec prend ses responsabilités et annonce en début de soirée que les choix de l’Eurogroupe et de la BCE ont contraint la banque de Grèce et le gouvernement à fermer les banques et à mettre en place le contrôle des capitaux. On apprend donc qu’afin d’éviter la panique bancaire incitée par les créanciers, la Bourse d’Athènes sera fermée au moins le lundi 29 juin, les banques seront fermées et les retraits limités à 60 euros par jour au moins jusqu’au référendum. La population grecque prend donc ses précautions et se rend aux guichets pour prendre les devants et se fournir en cash avant la mise en place de la limitation. Point de scène de panique mais une inquiétude légitime, à l’image de cette femme employée dans une entreprise de camion allemande : « durant la semaine la réaction des gens vis-à-vis des retraits me semblait exagérée. Mais au vu de cette nouvelle annonce il faut bien qu’on retire l’argent nécessaire pour passer la semaine ».

 

Lundi 29 juin : en route pour la bataille démocratique !

Ce début de semaine annonce la couleur, la bagarre est ouverte !

Une bataille médiatique tout d’abord. Comme on pouvait s’y attendre, les grands organes de presse européens ont choisi leur camp et la recette éculée est de nouveau de mise : une bonne dose de gros titres effrayants, une quantité non négligeable d’adjectifs qui décrédibilisent le gouvernement Tsipras, un zeste de qualificatifs insultants à l’égard du peuple grec |18|.

Par ailleurs, le camp des créanciers ne ménage pas ses efforts pour déplacer l’objet du débat. Michel Sapin, Matteo Renzi, Angela Merkel et bien d’autres acceptent certes, à contrecœurs, le choix du référendum, mais ils souhaitent en changer les termes : « Le référendum grec ne sera pas un derby Commission européenne contre Tsipras, mais euro contre drachme. C’est ça, le choix » affirme ainsi de manière très clair le Premier ministre italien. Yannis Varoufakis n’a pas tardé à répliquer à ces tentatives de vol du débat : « Nous prenons conseil et examinerons certainement l’éventualité d’une injonction devant la Cour de justice de l’Union européenne. Les traités européens ne prévoient pas de sortie de l’euro et nous ne l’acceptons pas. Notre appartenance (à la zone) n’est pas négociable », a-t-il affirmé au Daily Telegraph. Le message est donc très clair, le « non » au référendum ne s’apparente pas à un « oui » à la sortie de l’union européenne. Le gouvernement grec entend respecter son mandat : en finir avec l’austérité. Si cela semble inconcevable pour les autorités européennes, à elles de trouver le moyen, s’il existe, d’éjecter la Grèce.

Face à cette pluie d’attaques, les mouvements sociaux sont bien décidés à mettre toute l’énergie nécessaire pour mener campagne et déconstruire un maximum d’idées reçues distillées depuis maintenant plus de cinq ans dans tous les grands médias et toutes les bouches de nos prétendu.e.s représentant.e.s. Partout en Europe et dans le monde, les initiatives se multiplient pour soutenir le peuple grec. Parmi elles et sans chercher l’exhaustivité, « l’appel pour soutenir la Grèce qui résiste et sa Commission pour la Vérité sur la Dette publique » |19| qui réunit près de 20 000 signatures, l’appel à briser les chaines de la dette grecque |20| via l’organisation « d’une conférence européenne pour fixer une annulation de la dette pour la Grèce et pour les autres pays où cela est nécessaire, sur la base d’audits de la dette » ou encore l’appel lancé à un maximum de forces européennes à soutenir le peuple grec dans son combat pour la démocratie par toute forme d’action ce vendredi .
Le peuple Grec, quant à lui, a pris les rues d’assaut dès ce lundi. Entre Thessalonique et Athènes, ils étaient près de 25 000 à affirmer leur refus de se voir coloniser par les créanciers et leur détermination à glisser un bulletin « OXI » dans les urnes ce dimanche.
On savait que la semaine écoulée serait intense et on l’annonçait décisive, mais le respect de la démocratie nous a fait mentir, et tant mieux ! Gageons que celle à venir soit l’occasion pour les peuples d’Europe d’étendre leur palette linguistique : OXI, NEIN, NO, NON, NEJ, NEE, NIE !

 

 

 
Notes

|1| Rapport qui conclut à l’aspect illégal, illégitime, odieux et insoutenable de la dette publique grecque. Voir : http://cadtm.org/Synthese-du-rapport-de-la

|2| + 7% à Athènes, + 2,70 % à Paris, +2,65% à Berlin, etc.

|3| Voir : http://s.kathimerini.gr/reso.../article-files/protasi—2.pdf

|4| Voir : http://www.okeanews.fr/20150105-tsipras-presente-le-plan-de-syriza-en-cas-de-victoire-electorale

|5| Notamment le passage de la TVA de 13% à 23% pour les services.

|6| La proposition est d’augmenter l’impôt sur les sociétés de 26% à 29% et de mettre en place un impôt exceptionnel de 12% sur les entreprises ayant réalisées un profit supérieur à 500 000 euros.

|7| La motion avait obtenu 75 votes pour et 95 votes contre. Pour voir la motion en français : https://www.ensemble-fdg.org/content/au-comite-central-de-syriza-la-plate-forme-de-gauche

|8| Voir : http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/debut-de-fronde-parmi-les-elus-de-syriza-en-grece-1049948

|9| Voir : http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/debut-de-fronde-parmi-les-elus-de-syriza-en-grece-1049948

|10| Voir : http://www.zeit.de/politik/ausland/2015-06/griechenland-costas-lapavitsas-interview

|11| Voir : https://www.youtube.com/watch?v=ltDxYhepSWE&feature=youtu.be ainsi que http://tendanceclaire.npa.free.fr/breve.php?id=13507

|12| Voir : http://blogs.ft.com/brus.../files/2015/06/Greek-crediors.pdf

|13| Pour le détail de la correction de la copie voir : http://www.humanite.fr/les-creanciers-disent-tsipras-pas-touche-aux-riches-578062

|14| Voir : http://www.capital.gr/Content/RelatedFiles/be/bedd02a7bec64cc488ba3dba5d58d5c2.pdf

|15| Voir : http://greece.greekreporter.com/2015/06/25/greek-pm-tsipras-dont-underestimate-the-point-a-nation-can-reach-when-humiliated/

|16| Voir son discours (en grec) retransmis par la télévision publique ERT : https://www.youtube.com/watch?v=t2jZc8cicoA traduit ici en français : http://blogs.mediapart.fr/blog/dimitris-alexakis/270615/pour-la-souverainete-et-la-dignite-du-peuple-grec-alexis-tsipras-athenes-samedi-27-juin-2015

|17| Voir : http://www.mediapart.fr/journal/economie/280615/grece-la-bce-enclenche-le-plan-b

|18| Voir : http://www.marianne.net/choeur-editorialistes-ordonne-grece-se-soumettre-100235100.html

|19| Voir : http://cadtm.org/Appel-pour-soutenir-la-Grece-qui

|20| Voir : http://cadtm.org/Brisons-les-chaines-de-la-dette,11797

Auteur
Emilie Paumard

 

 

Source : http://cadtm.org

 

 

 

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