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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 14:53
Laurence Dequay - Marianne | Lundi 2 Janvier 2012 à 18:46

 

Les réformes adoptées sous l'ère Sarkozy pour favoriser la formation des chômeurs peinent à faire leurs preuves. Face à la montée du chômage et au chemin de croix qu'est devenu le retour à l'emploi, ces mesures semblent largement insuffisantes au vue de leur inefficacité.



Manifestation des indignés à Bastille - Wikimédia - Slastic - cc
Manifestation des indignés à Bastille - Wikimédia - Slastic - cc
« Nous devons changer notre regard sur le chômage et faire en sorte que la formation des chômeurs devienne la priorité absolue afin que chacun puisse se reconstituer un avenir. » En se fixant cet objectif, à l’occasion de ses vœux, Nicolas Sarkozy a endossé devant tous les Français, un nouveau costume : celui de Président patriarche qui apaise le corps social en retissant ses solidarités. Las, gageons qu’en la matière, les incantations d’un chef de l’Etat, handicapé dans la course à la Présidentielle par l’explosion du sous-emploi dans l’Hexagone, ne suffiront plus.
 
Permettre à toutes et à tous de rebondir dans une économie mondialisée, c’était en effet déjà le cœur de la réforme  de 2009 qui a introduit dans l’Hexagone la flexi-sécurité chère aux pays nordiques, en créant conjointement le fond de sécurisation des parcours professionnels( FPSPP)…et la rupture conventionnelle du contrat de travail. Or discrètement en décembre dernier, le Conseil Economique et social ( CESE), dans un avis fort instructif que le chef de l’Etat s’est bien gardé de mentionner, a dressé un bilan plutôt ravageur de cette réforme. Et pour cause.

Si le nombre des licenciements « conventionnels » s’est envolé à plus de 600 000 depuis 2008, pesant lourdement sur les finances des caisses de chômage, le FPSPP lui est loin d’avoir atteint ses objectifs. Ainsi alors qu’il devait permettre de former chaque année 500 000 salariés et 200 000 demandeurs d’emploi de plus, l’année de sa création, seulement 8% des chômeurs inscrits à Pôle Emploi ont eu accès à une formation professionnelle !

Dans la même veine, le nouveau dispositif de Préparation Opérationnelle à l’emploi (POE) — une formation proposée par Pôle Emploi à un chômeur pour qu’il satisfasse une offre de job déjà collectée — a poussivement démarré. De sorte qu’en dépit de 31,3 milliards d’euros consacrés à la formation continue, (1,6 point de PIB !), la France reste en 2012, selon le CESE, l’un des pays développés qui forme le moins ses adultes de plus de 25 ans. Tout particulièrement ceux qui ont le plus besoin : les salariés des entreprises de 10 à 20 salariés, les jeunes, les séniors et les femmes les moins diplômés.
 
Plus accablant encore : relevant du seul pouvoir de gestion des employeurs, la formation professionnelle n’a concerné...qu’1,4% des accords conclus en entreprise. C’est dire si la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences passionne les DRH (2) !

Conçus pour pallier ces inégalités d’accès des salariés à la formation, les congés et droits individuels à la formation (CIF et DIF), patinent largement. En dépit de la crise, moins d’un dossier déposé sur deux est au final financé. De fait, ces dispositifs ne jouent plus suffisamment le rôle d’ascenseur social que leur avaient dévolu les partenaires sociaux. Ainsi, en 2009, en dépit des déclarations de bonnes intentions, moins de 11 200 salariés en CDD sur plusieurs millions ont bénéficié d’un CIF-CDD. Et à ce jour, le droit à la formation initiale différée —un an d’éducation pour ces 25% de salariés qui n’ont aucune qualification reconnue — n’a fait l’objet d’aucune concertation alors les partenaires sociaux le réclamait…
 
De ce décollage raté de la flexi-sécurité en France, le gouvernement est donc en partie responsable. Notamment parce qu’il a « fragilisé, notent les experts du CESE, le réseaux des collecteurs de fonds de la formation, les OPCA dont l’expérience était reconnue, en élargissant leurs missions et en les plaçant, en pleine tourmente économique, en concurrence. Cela pour complaire au Conseil de la Concurrence Européen qui considère que la formation professionnelle, bien que d’intérêt général,  est une activité économique soumise au droit de la concurrence.

Mais ce positionnement dogmatique oblige désormais les Pôles emploi et les régions à recourir systématiquement à des procédures d’appel d’offres pour conclure et embaucher des formateurs. Et ces procédures complexifient leurs démarches tout en minant leur réactivité puisque les délais de réponse peuvent excéder plusieurs mois. Par ailleurs regrette l’ARF, l’Association des Régions de France citée par le CESE, la décentralisation de la formation professionnelle est restée au milieu du gué. Ce qui pénalise l’articulation des politiques de l’emploi aux politiques de développement économiques locales.

Bref, cinq ans après l’élection de Nicolas Sarkozy, non seulement, un vrai service public de la formation continue, incluant les universités, reste à construire. Mais encore, il est plus qu’urgent de s’assurer que le chômage partiel que subiront cette année les salariés dans nombre d’entreprises, servira aussi à préparer leur rebond. Ce sera l’un des enjeux du sommet social convoqué par le chef de l’Etat le 18 janvier.


(1) « 40 ans de formation professionnelle : bilan et perspectives. »  CESE.

(2) Parce ce que leurs employeurs les jugent bien assez qualifiés pour leurs tâches, ou parce que ces dernières sont trop lourdes pour qu’ils puissent s’absenter…

Rapport sur la formation professionnelle

2011_15_formation_professionnelle.pdf 2011_15_formation_professionnelle.pdf  (3.76 Mo)

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 14:43

 

Rue89 - Arrêt sur images 03/01/2012 à 10h36
Daniel Schneidermann Fondateur d'@rrêt sur images


 

Un employé de SeaFrance à Calais, le 16 novembre 2011 (Pascal Rossignol/Reuters)

 

A quoi reconnaît-on un animal politique aux abois ? A la magnifique manœuvre de Sarkozy dans le dossier SeaFrance, par exemple.

En quelques minutes, lundi matin, Sarkozy a amené deux de ses ministres, Mariani et Kosciusko-Morizet, à se dédire, et à soutenir le plan de création d'une coopérative ouvrière par la CFDT de l'entreprise maritime de Calais, plan qu'ils jugeaient irréaliste quelques heures plus tôt.

Mais tout est dans le détail supplémentaire : avec cynisme, le pouvoir fait aux salariés le cadeau empoisonné d'une indemnité de licenciement « supra-légale », à charge pour eux de la réinvestir dans la future éventuelle Scop.

JT de lundi soir, et informations radio du mardi matin, ont repris l'information, insistant comme il se doit sur le reniement de Mariani, parfait dans le rôle du mangeur de chapeau, et laissant déjà entrevoir l'embarras des salariés.

La Cour des comptes, sévère avec la CFDT

Au-dessus du coup de poker, plane une image-souvenir : Jospin, en 2002, étalant son impuissance devant les ouvriers licenciés de Lu.

Tout, plutôt qu'être pris en flagrant délit d'impuissance. Encore le tam-tam audiovisuel a-t-il, comme d'habitude, gommé les détails.

D'autres informations soulignent encore mieux l'ampleur du reniement gouvernemental. Ainsi, il faut bien chercher dans les coins, pour apprendre que la CFDT a refusé une offre de reprise, qui aurait préservé 460, voire 600, des 880 emplois de l'entreprise.

Et il faut encore mieux chercher, pour lire le détail d'un rapport de la Cour des comptes, sévère pour la même section CFDT de SeaFrance (accusée de porter une lourde responsabilité dans la déconfiture de la filiale de la SNCF, notamment pour avoir favorisé les recrutements de complaisance, etc). Ce rapport avait pourtant été publié dès octobre dernier.

En période ordinaire, on imagine quelle utilisation de ce rapport de la Cour des comptes aurait été faite par le pouvoir et ses relais, pour justifier leur intransigeance. Mais on n'est pas en période ordinaire : par exemple, Le Figaro de ce jour ne fait même pas état du rapport cité par Atlantico, dont il se fût pourléché dans un autre contexte.

Impression rétinienne du Président sauveur

Dans cette manœuvre, le cynisme est partout : dans le cadeau, dans le poison, dans le tempo. Le plus fascinant, dans la manip, c'est que rien n'est caché, ni ce cynisme ni les pièges, pour peu que l'on fouille un peu.

Mais peu importe. Sarkozy compte désormais sur le rythme du sprint, pour ne laisser dans l'œil des électeurs que l'impression rétinienne du Président qui tente tout pour sauver l'emploi. Cela fonctionnera-t-il ? Impossible à discerner déjà. C'est le propre des coups de poker : ça passe ou ça casse.

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 14:05

LEMONDE.FR avec AFP | 03.01.12 | 09h30   •  Mis à jour le 03.01.12 | 14h52

 
 

La ministre du budget, Valérie Pécresse, à l'Assemblée, le 8 novembre 2011.

La ministre du budget, Valérie Pécresse, à l'Assemblée, le 8 novembre 2011.AFP/MARTIN BUREAU

La ministre du budget, Valérie Pécresse, a annoncé, mardi 3 janvier, sur France Info, que la TVA sociale se ferait "avant l'élection présidentielle". "Nous allons la proposer aux syndicats lors du sommet social" qui doit être réuni le 18 janvier autour de Nicolas Sarkozy, à l'Elysée, a-t-elle précisé.

Le principe de la TVA sociale consiste à alléger les charges salariales et patronales pour les transférer sur la TVA, augmentée de plusieurs points.

Lire le décryptage : Comment appliquer la TVA sociale ?

Pour mettre en œuvre une telle mesure avant la présidentielle, le gouvernement devra faire voter par le Parlement un collectif budgétaire au plus tard en février.

Un peu plus tôt, le ministre du travail, Xavier Bertrand, avait indiqué, sur France 2, que le gouvernement entendait mettre en place une TVA sociale, jugeant "que c'est l'intérêt [du] pays, c'est l'intérêt des emplois".

"UNE FAUTE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE"

Xavier Bertrand a fait valoir qu'il y avait "trop de charges sur le travail en France", notant que, pour 100 euros de salaire brut en Allemagne, les charges étaient de 39 euros en Allemagne et de 50 euros en France. "Je préfère de beaucoup que les importations, qui pendant longtemps ont pénalisé le financement de la protection sociale, financent la protection sociale aujourd'hui", a-t-il indiqué.

L'idée d'une TVA sociale, évoquée par  Nicolas Sarkozy lors de ses voeux télévisés de la Saint-Sylvestre, a suscité de vives réactions dans l'opposition, le PS y voyant notamment "une faute économique et sociale".

Interrogé sur Europe 1, Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande, s'est  dit opposé à cette mesure. "La TVA sociale, nous ne la ferons pas. (...) L'augmentation de la TVA, ça ne peut pas être social. Ça veut dire 3, 4 ou 5 points de TVA en plus. On allège les charges des entreprises c'est vrai, mais on fait payer ça au consommateur. Les Français, depuis 2007, et même depuis 2002, ont subi de telles pertes de pouvoir d'achat que ça revient à assécher le moteur de la consommation et je crois que l'efficacité de la mesure est très hypothétique", a-t-il déclaré.

>> Lire : La gauche "totalement opposée" à une "TVA sociale" défendue par M. Sarkozy

(Article suivant)

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 13:59

LEMONDE.FR | 02.01.12 | 13h04

 
 

 

Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste.

Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste.AFP/FRANCK FIFE

La gauche se montre vivement opposée à la mise en place d'une "TVA sociale", défendue – sans la nommer – par Nicolas Sarkozy samedi 31 décembre 2011 à l'occasion de la présentation de ses vœux aux Français. Pour assurer la pérennité du financement de la protection sociale, le président a évoqué la possibilité d'instituer une nouvelle fiscalité "anti-délocalisation" qui comprendrait une TVA relevée sur les produits fabriqués hors de France. La mesure pourrait faire l'objet d'un projet de loi de finances rectificatif pour le début du mois de février.

 

Le principe d'une telle réforme, formulée dès le début des années 1980, consiste à transférer une partie du financement de la protection sociale sur la consommation – via la TVA, qui est un impôt indirect – afin de faire baisser les charges salariales et patronales. Elle est censée réduire le coût du travail et renforcer la compétitivité des entreprises françaises.

 

>> Lire le décryptage : Comment appliquer la TVA sociale ?

La mesure avait été prônée par Jean-Louis Borloo juste avant le second tour des élections législatives de 2007, puis enterrée après une vive polémique avec le PS. Si le concept est aujourd'hui repris dans le projet de programme de l'UMP pour 2012 – qui propose "un transfert sur cinq ans des allocations familiales vers une fiscalité anti-délocalisation" – et est défendu deplus plusieurs mois par des responsables de l'actuelle majorité, de Jean-François Copé à Hervé Novelli, il est vivement rejetée à gauche.

 

HAMON : "CELA SE TRADUIRA" PAR UNE BAISSE DE POUVOIR D'ACHAT

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, s'est dit "totalement opposé" à cette mesure, lundi 2 janvier. "On nous dit que, pour baisser le coût du travail et espérer une hypothétique augmentation de votre salaire, on va baisser les cotisations sociales et les transférer sur le consommateur, qui va donc payer plus cher ce qu'il achète pour que nos entreprises soient plus compétitives", a-t-il déclaré sur France Inter.

"La stratégie qu'on mène depuis vingt ans, c'est, afin d'être plus compétitifs, de baisser le coût du travail. Est-ce que cela s'est traduit par des augmentations de salaires jusqu'ici ? Non. Est-ce que cela se traduira (cette fois-ci) par des augmentations de salaires en période de crise, évidemment que non", a-t-il ajouté. "Diminuer les cotisations payées par les employeurs pour financer la protection sociale" via la TVA sociale fera baisser le pouvoir d'achat des Français, a assuré M. Hamon.

 

Même tonalité chez Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande, qui dit "non à cette TVA anti-sociale". Augmenter la taxe sur la valeur ajoutée serait "une faute économique et sociale" de la part de Nicolas Sarkozy, qui "veut alléger les charges des entreprises en faisant payer ces charges par l'ensemble des Français", a déclaré l'ex-ministre de l'économie, lundi, sur BFM TV-RMC. François Hollande "proposera des mesures de baisse du coût du travail, mais pas en reportant ce coût sur l'ensemble des consommateurs". C'est donc "non à cette TVA anti-sociale", a dit M. Sapin.

 

 

"Si Sarkozy fait la TVA sociale, nous reviendrons évidemment dessus si nous gagnons", a affirmé de son côté Vincent Peillon, proche de François Hollande, lundi, sur Radio classique/Public Sénat.

Mi-décembre 2011, Marisol Touraine, responsable du pôle "social, santé" dans l'équipe de campagne de François Hollande, avait déjà manifesté son opposition à ce concept, qu'elle jugeait "tout sauf social", et exposait d'autres pistes pour financer la protection sociale.

 

>> Lire la tribune : "Rétablir une gestion responsable des finances sociales"


Au sein du PS, tous les candidats à la primaire avaient rejeté le principe d'une telle mesure, sauf Manuel Valls. L'actuel directeur de la communication du candidat Hollande, se disait favorable à une "TVA protectivité". "On peut faire un pilotage intelligent et souple, par exemple, en ciblant les produits de luxe et ceux d'importation qui mettent nos industries en difficulté en créant un taux à 25 %", expliquait-il au Monde.fr, en septembre. Aubry, Royal, Montebourg... Ses concurrents jugeaient alors sa proposition pénalisante pour les plus modestes.

Sans se montrer favorable à l'idée, le candidat socialiste, François Hollande avait évoqué en septembre 2011, lors du second tour de la primaire socialiste, la piste d'une "contribution écologique qui permettrait de se substituer à la taxe sur le travail".

"Il n'est plus possible d'alourdir le coût du travail quand notre balance commerciale est à ce point dégradée. C'est pourquoi je propose un basculement des cotisations patronales de la branche famille vers des prélèvements d'Etat (notamment par la fiscalité écologique)", avait préconisé le mois précédent, le député de la Corrèze, dans une tribune au Nouvel Observateur. 


MÉLENCHON : "LA MOINDRE MARCHANDISE COÛTERA PLUS"

Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s'est également déclaré hostile à une "TVA prétendument sociale". Cette idée, "vous la trouverez moins bonne le jour où vous verrez que la moindre marchandise que vous voulez acheter vous coûtera 2 ou 3 points de TVA de plus qu'aujourd'hui", a-t-il fait valoir, lundi, sur France Info.

"Quelle mauvaise plaisanterie. Si l'on veut lutter contre la délocalisation, il faut empêcher que les entreprises délocalisent pour profiter du 'dumping social', c'est-à-dire du fait que des marchandises coûtent moins cher ailleurs parce que le travail y est moins bien payé et produit dans des conditions environnementales lamentables", a-t-il poursuivi. En alternative, M. Mélenchon a appelé à la mise en place de "visas d'entrée aux marchandises" pour rééquilibrer les échanges commerciaux.

 

Du côté du MoDem, on ne s'est pas encore prononcé clairement sur le sujet. Pour l'heure, François Bayrou ne se dit pas convaincu par une telle mesure, contrairement à certains de ses partisans.

Début novembre 2011, le sénateur centriste Jean Arthuis, soutien de M. Bayrou, a lancé, dans les colonnes du Monde : "Osons le débat sur la TVA anti-délocalisation". "C'est une illusion de laisser croire qu'il y a des impôts payés par les entreprises et d'autres payés par les ménages. Les impôts payés par les entreprises finissent par se retrouver dans le prix demandé aux ménages. Et imposer la production, c'est organiser méthodiquement la délocalisation des entreprises et des emplois. D'où l'idée d'une TVA que l'on peut appeler sociale, anti-délocalisations, ou autrement, peu importe", expliquait l'ancien ministre des finances de 1995 à 1997.

Marine Le Pen, candidate FN à la présidentielle, s'est également dite opposée à cette mesure. En réaction aux vœux de Nicolas Sarkozy pour 2012, samedi soir, elle a critiqué "une nouvelle promesse" qu'elle juge "très inquiétante : celle de la TVA sociale qui va toucher en priorité les classes populaires et les classes moyennes".

Alexandre Lemarié

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 13:31
Point de vue | LEMONDE | 02.01.12 | 16h00   •  Mis à jour le 02.01.12 | 18h15

par Michel Rocard, ancien premier ministre, et Pierre Larrouturou, économiste

 
 

 

La Réserve fédérale a secrètement prêté aux banques en difficulté la somme de 1 200 milliards au taux incroyablement bas de 0,01 %.

La Réserve fédérale a secrètement prêté aux banques en difficulté la somme de 1 200 milliards au taux incroyablement bas de 0,01 %.REUTERS/BRENDAN MCDERMID


Ce sont des chiffres incroyables. On savait déjà que, fin 2008, George Bush et Henry Paulson avaient mis sur la table 700 milliards de dollars (540 milliards d'euros) pour sauver les banques américaines. Une somme colossale. Mais un juge américain a récemment donné raison aux journalistes de Bloomberg qui demandaient à leur banque centrale d'être transparente sur l'aide qu'elle avait apportée elle-même au système bancaire.

Après avoir épluché 20 000 pages de documents divers, Bloomberg montre que la Réserve fédérale a secrètement prêté aux banques en difficulté la somme de 1 200 milliards au taux incroyablement bas de 0,01 %.

Au même moment, dans de nombreux pays, les peuples souffrent des plans d'austérité imposés par des gouvernements auxquels les marchés financiers n'acceptent plus de prêter quelques milliards à des taux d'intérêt inférieurs à 6, 7 ou 9 % ! Asphyxiés par de tels taux d'intérêt, les gouvernements sont "obligés" de bloquer les retraites, les allocations familiales ou les salaires des fonctionnaires et de couper dans les investissements, ce qui accroît le chômage et va nous faire plonger bientôt dans une récession très grave.

Est-il normal que, en cas de crise, les banques privées, qui se financent habituellement à 1 % auprès des banques centrales, puissent bénéficier de taux à 0,01 %, mais que, en cas de crise, certains Etats soient obligés au contraire de payer des taux 600 ou 800 fois plus élevés ? "Etre gouverné par l'argent organisé est aussi dangereux que par le crime organisé", affirmait Roosevelt. Il avait raison. Nous sommes en train de vivre une crise du capitalisme dérégulé qui peut être suicidaire pour notre civilisation. Comme l'écrivent Edgar Morin et Stéphane Hessel dans Le Chemin de l'espérance (Fayard, 2011), nos sociétés doivent choisir : la métamorphose ou la mort ?

Allons-nous attendre qu'il soit trop tard pour ouvrir les yeux ? Allons-nous attendre qu'il soit trop tard pour comprendre la gravité de la crise et choisir ensemble la métamorphose, avant que nos sociétés ne se disloquent ? Nous n'avons pas la possibilité ici de développer les dix ou quinze réformes concrètes qui rendraient possible cette métamorphose. Nous voulons seulement montrer qu'il est possible de donner tort à Paul Krugman quand il explique que l'Europe s'enferme dans une "spirale de la mort". Comment donner de l'oxygène à nos finances publiques ? Comment agir sans modifier les traités, ce qui demandera des mois de travail et deviendra impossible si l'Europe est de plus en plus détestée par les peuples ?

Angela Merkel a raison de dire que rien ne doit encourager les gouvernements à continuer la fuite en avant. Mais l'essentiel des sommes que nos Etats empruntent sur les marchés financiers concerne des dettes anciennes. En 2012, la France doit emprunter quelque 400 milliards : 100 milliards qui correspondent au déficit du budget (qui serait quasi nul si on annulait les baisses d'impôts octroyées depuis dix ans) et 300 milliards qui correspondent à de vieilles dettes, qui arrivent à échéance et que nous sommes incapables de rembourser si nous ne nous sommes pas réendettés pour les mêmes montants quelques heures avant de les rembourser.

Faire payer des taux d'intérêt colossaux pour des dettes accumulées il y a cinq ou dix ans ne participe pas à responsabiliser les gouvernements mais à asphyxier nos économies au seul profit de quelques banques privées : sous prétexte qu'il y a un risque, elles prêtent à des taux très élevés, tout en sachant qu'il n'y a sans doute aucun risque réel, puisque le Fonds européen de stabilité financière (FESF) est là pour garantir la solvabilité des Etats emprunteurs...

Il faut en finir avec le deux poids, deux mesures : en nous inspirant de ce qu'a fait la banque centrale américaine pour sauver le système financier, nous proposons que la "vieille dette" de nos Etats puisse être refinancée à des taux proches de 0 %.

Il n'est pas besoin de modifier les traités européens pour mettre en oeuvre cette idée : certes, la Banque centrale européenne (BCE) n'est pas autorisée à prêter aux Etats membres, mais elle peut prêter sans limite aux organismes publics de crédit (article 21.3 du statut du système européen des banques centrales) et aux organisations internationales (article 23 du même statut). Elle peut donc prêter à 0,01 % à la Banque européenne d'investissement (BEI) ou à la Caisse des dépôts, qui, elles, peuvent prêter à 0,02 % aux Etats qui s'endettent pour rembourser leurs vieilles dettes.

Rien n'empêche de mettre en place de tels financements dès janvier ! On ne le dit pas assez : le budget de l'Italie présente un excédent primaire. Il serait donc à l'équilibre si l'Italie ne devait pas payer des frais financiers de plus en plus élevés. Faut-il laisser l'Italie sombrer dans la récession et la crise politique, ou faut-il accepter de mettre fin aux rentes des banques privées ? La réponse devrait être évidente pour qui agit en faveur du bien commun.

Le rôle que les traités donnent à la BCE est de veiller à la stabilité des prix. Comment peut-elle rester sans réagir quand certains pays voient le prix de leurs bons du Trésor doubler ou tripler en quelques mois ? La BCE doit aussi veiller à la stabilité de nos économies. Comment peut-elle rester sans agir quand le prix de la dette menace de nous faire tomber dans une récession "plus grave que celle de 1930", d'après le gouverneur de la Banque d'Angleterre ?

Si l'on s'en tient aux traités, rien n'interdit à la BCE d'agir avec force pour faire baisser le prix de la dette. Non seulement rien ne lui interdit d'agir, mais tout l'incite à le faire. Si la BCE est fidèle aux traités, elle doit tout faire pour que diminue le prix de la dette publique. De l'avis général, c'est l'inflation la plus inquiétante !

En 1989, après la chute du Mur, il a suffi d'un mois à Helmut Kohl, François Mitterrand et aux autres chefs d'Etat européens pour décider de créer la monnaie unique. Après quatre ans de crise, qu'attendent encore nos dirigeants pour donner de l'oxygène à nos finances publiques ? Le mécanisme que nous proposons pourrait s'appliquer immédiatement, aussi bien pour diminuer le coût de la dette ancienne que pour financer des investissements fondamentaux pour notre avenir, comme un plan européen d'économie d'énergie.

Ceux qui demandent la négociation d'un nouveau traité européen ont raison : avec les pays qui le veulent, il faut construire une Europe politique, capable d'agir sur la mondialisation ; une Europe vraiment démocratique comme le proposaient déjà Wolfgang Schäuble et Karl Lamers en 1994 ou Joschka Fischer en 2000. Il faut un traité de convergence sociale et une vraie gouvernance économique.

Tout cela est indispensable. Mais aucun nouveau traité ne pourra être adopté si notre continent s'enfonce dans une "spirale de la mort" et que les citoyens en viennent à détester tout ce qui vient de Bruxelles. L'urgence est d'envoyer aux peuples un signal très clair : l'Europe n'est pas aux mains des lobbies financiers. Elle est au service des citoyens.

Michel Rocard est aussi le président du conseil d'orientation scientifique de Terra Nova depuis 2008. Pierre Larrouturou est aussi l'auteur de "Pour éviter le krach ultime" (Nova Editions, 256 p., 15€)

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 13:25

actuchomage.org

 

Une nouvelle loi scélérate, qui entre en vigueur le 1er janvier 2012, réduit la fraction insaisissable que le créancier doit laisser au salarié.

C'est la crise, et les gens sont pris à la gorge. Pour preuve, cette année, le nombre de dossiers déposés auprès des commissions de surendettement a bondi de 8,1%. Actuellement, selon les derniers chiffres de la Banque de France, près de 950.000 ménages seraient surendettés pour un montant moyen de 35.000 €. Plus de 80% d'entre eux disposent de ressources inférieures ou égales à 2.000 €/mois; 55% disposent de ressources inférieures ou égales au Smic, et 5% de ressources inférieures ou égales au RSA "socle".

Alors que cette crise entame une nouvelle phase qui promet d'être critique, le gouvernement adopte en catimini des mesures visant à étrangler davantage ses victimes : les personnes contraintes de vivre dans des campings seront traquées, et les salariés endettés dont le revenu est saisi vont tomber sous le joug de règles encore plus restrictives.

En effet, jusqu'à présent, le montant de la saisie sur salaire était déterminé par un barème publié chaque année par décret. Ce barème tenait compte de la rémunération annuelle brute et était corrigé en fonction du nombre de personnes à la charge du salarié.

Lors d’une saisie sur salaire, la loi interdit au créancier de prendre la totalité de la rémunération du débiteur afin que celui-ci continue à percevoir un minimum vital pendant le remboursement de son arriéré : ce "reste à vivre" devait être égal au montant du RSA applicable au foyer du salarié (article L. 3252-3 du Code du travail) et variait en fonction du nombre de personnes le composant.

La loi vient de modifier cette disposition. Désormais, la fraction insaisissable est fixe, peu importe le nombre de personnes composant le foyer du salarié, et correspond au montant du RSA pour une personne seule, soit 466,99 euros pour 2011.

En clair : vous êtes dans la merde, et l'UMP vous y enfonce encore plus !

SH

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 14:35
Marianne - Jacques Sapir - économiste | Lundi 2 Janvier 2012 à 12:00

 

Quelques jours avant les fêtes, la chute des taux des emprunts à six mois de l'Italie a provoqué quelques soupirs de soulagement. En réalité, argumente Jacques Sapir, les besoins des quatre pays en difficulté pour 2012 vont se monter à quelques 900 milliards d'euros, très loin des 380 milliards de réserves du Fonds Européen de Stabilisation Financière.



Euro : pourquoi la sortie du tunnel est encore loin

En ces tout premiers jours de janvier, il est évident que la crise de l’Euro a atteint un point critique. Si nul ne peut prévoir combien de temps faudra-t-il pour que la monnaie unique explose en vol, il est désormais clair que les différentes mesures prises depuis août 2011 et jusqu’au « pacte intergouvernemental » du 5 décembre dernier sont restées sans effets. Les taux auxquels l’Italie emprunte à 10 ans n’ont guère baissé (la dernière adjudication s’est faite au taux de 6,98%) même si dans une adjudication précédente et faite à 6 mois les taux étaient revenus à des niveaux plus normaux (3,6%). Il faut noter que ceci est en dépit des effets d’annonces du gouvernement de Mario Monti et des largesses consenties aux banques par la Banque Centrale Européenne.
On sait qu’il y a normalement un décalage entre les taux les plus longs (qui sont les plus élevés) et les taux courts (qui sont les plus bas). L'écrasement de cet écart (constaté fin novembre) traduisait le manque de liquidité des banques, ce à quoi la BCE a répliqué en injectant massivement de l'argent par des prêts à 3 ans. D'où une structure des taux  qui est redevenue temporairement "normale"[[1]]url:#_ftn1 . Néanmoins, la tendance à l’accroissement de tous les taux est sensible depuis le mois de juillet dernier. Les taux italiens à 2 ans, qui étaient de 3% en juillet dernier, sont désormais à 5%. Il est donc clair que nous sommes toujours dans une phase aiguë de la crise.

Mais celle ci se complique du fait des conséquences sur les économies des différents plans d’austérité.

La récession, dans laquelle sont entrées la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne, après la Grèce et le Portugal, amplifie la crise de la dette souveraine et la rend insoluble. La mise en œuvre simultanée de plans d’austérité dans ces différents pays, décidés pour équilibrer les comptes publics et « sauver l’euro », ne pouvait que provoquer une contraction de l’économie. À ceci vient s’ajouter la politique des banques. Très exposées à la crise de la dette souveraine, toujours fragilisées par les conséquences de la crise des « subprimes » et les crédits dits « toxiques », elles ont fortement réduit le crédit interbancaire ainsi que les prêts aux particuliers et aux entreprises. La Banque Centrale Européenne a bien tenté de prévenir ce scénario, et elle a accordé d’importants crédits pour une durée de trois ans aux banques. Mais rien n’y a fait. Les banques ont utilisé cet argent pour le placer à très court terme (moins d’un an), et de plus elles ont apporté une partie de leurs créances à la Banque Centrale Européenne. Le mouvement de contraction des crédits n’a donc pas pu être arrêté. Nous avons donc aujourd’hui la conjonction d’une politique déflationniste menée par les États et d’une forte contraction du crédit, impulsée par le secteur bancaire. 

Fiscalement, la combinaison de la récession et de la montée du chômage va réduire à néant, ou peu s’en faut, les efforts consentis pour réduire la dette publique. Avec la baisse de la production intérieure ces pays vont connaître une baisse plus que proportionnelle de leurs recettes fiscales. Dans le même temps, les dépenses sociales vont augmenter mécaniquement en raison de l’accroissement du chômage. Le déficit public, que l’on avait cru combattre par ces plans d’austérité, réapparaîtra dès la fin du premier trimestre 2012, ce qui rendra nécessaires de nouveaux plans d’austérité, qui viendront ajouter leurs effets déflationnistes aux précédents. Il faut donc explorer les scenarii possibles d’aggravation à court terme de cette crise.

(I) Un défaut de la Grèce d’ici à la fin du premier trimestre. Cette hypothèse reste toujours d’actualité. Le FMI se fait aujourd’hui tirer l’oreille pour continuer à aider le pays, et la restructuration de la dette passe mal, que ce soit auprès des banques ou des fonds d’investissement. Dans une situation sociale qui se dégrade de jour en jour, où les impôts rentrent de plus en plus mal, on ne voit plus ce qui pourrait éviter le défaut. Ce ne sont pas les mises en garde catastrophistes de la Banque Centrale de Grèce qui promet « l’enfer » en cas de sortie de l’Euro qui y changeront grand chose. Il faut rappeler qu’en cas de défaut, la Grèce n’aurait pas intérêt à rester dans la zone Euro. En tout état de cause, un défaut grec aurait l’effet d’un détonateur et provoquerait immédiatement de grandes difficultés au Portugal et en Espagne.

(II) L’aggravation de la situation espagnole. Le nouveau gouvernement vient de reconnaître que le déficit pour 2011 serait de l’ordre de 8% du PIB au lieu des 6% annoncés antérieurement. Mais il y a bien plus grave dans un pays où le taux de chômage atteint désormais les 23% de la population active. Les autorités régionales et locales ont accumulé depuis la fin du mois de juin une dette aux entreprises sous la forme d’impayés. En décembre 2011, la somme totale atteignait 133 milliards d’Euros. La structuration de ces impayés indique qu’environ les deux tiers sont techniquement une dette des autorités publiques. Ceci représenterait alors 8% du PIB, et donnerait un déficit réel de 16% du PIB. Par ailleurs, le gouvernement envisage la création d’une caisse de défaisance (ce que l’on appelle une bad bank) pour recevoir les créances douteuses qui s’accumulent dans les comptes des banques régionales espagnoles. Cette mesure, inévitable par ailleurs, devrait se traduire par un besoin supplémentaire de financement des autorités publiques de 50 à 70 milliards d’Euros (soit de 4,5% à 6,5% du PIB). La prise en compte de la situation réelle du pays par les marchés financiers (et les agences de notation) devrait se traduire à court terme par une forte hausse des taux d’intérêts (aujourd’hui de 5% sur 10 ans). Le refinancement d’une dette globale qui devrait dépasser les 900 milliards d’Euros à la fin du premier semestre 2012, et qui techniquement devrait se monter à 250 milliards d’Euros pour 2012, se révèlera impossible sur les marchés.

(III) La poursuite de la détérioration de la situation Italienne. En dépit des efforts réalisés par le gouvernement Berlusconi et des proclamations grandiloquentes de son successeur Mario Monti, la situation se détériore rapidement. Le gouvernement tablait en octobre dernier sur une croissance nominale (soit la croissance réelle + la croissance de l’inflation) de 2,5% en 2012. Aujourd’hui, il est clair que le PIB italien va reculer entre -0,5% et -1% en termes réels. La croissance nominale devrait s’établir entre 1% et 1,5%. Par ailleurs, le taux d’intérêt implicite sur la dette va monter de 4% en 2011 à 5% (au minimum) en 2012. La charge des intérêts va donc être égale à 6% du PIB. Le solde primaire du budget (soit le résultat des recettes et des dépenses avant de payer les intérêts) en raison de la récession ne pourra être de +3,7% et devrait, au mieux, se situer vers les 2% du PIB. On devrait donc avoir un déficit global de -4% du PIB et, compte tenu de la plus faible hausse que prévue du PIB nominal (en raison de la baisse du PIB réel), le ratio Dette/PIB devrait continuer à monter et atteindre les 125%. Or, l’Italie a besoin de trouver environ 430 milliards d’Euros en 2012…Ici encore, on peut fortement douter que le pays puisse trouver sur les marchés l’argent nécessaire.

Il faut d’ailleurs noter que ces trois scenarii ne sont pas exclusifs l’un de l’autre. Mais ils ont chacun la potentialité de faire éclater la zone Euro. Le total des sommes qui seraient ainsi nécessaires pour 2012 atteint ainsi le total extravagant de 906 milliards d’Euros pour les 4 pays en difficulté (51 milliards pour la Grèce, 75 milliards pour le Portugal, 250 milliards pour l’Espagne et 430 milliards pour l’Italie). Or, il reste dans le Fonds Européen de Stabilisation Financière environ 230 milliards, et la zone Euro a négocié avec le Fonds Monétaire International un prêt de 150 milliards d’Euros. Ceci fait un total de 380 milliards d’Euros ; nous sommes loin, très loin, du compte.

Parmi les « bonnes nouvelles » en ce début d’année, on ne peut compter que sur la baisse du taux de change de l’Euro (actuellement aux environs de 1,30 dollars). Mais il faudrait une baisse bien plus importante, sans doute autour de 1 euro pour 1,05-1,10 dollars, pour redynamiser les économies en récession. Or l’Allemagne et la BCE se refusent à cette solution.

L’hiver 2011-2012 sera donc celui de la crise. Une crise terminale au sens où l’on ne voit plus d’issues possibles qui permettent de sauvegarder la zone Euro en l’état. À cette crise viendra s’ajouter la crise sociale issue des effets des politiques de déflation, et une aggravation de la crise économique mondiale induite par les conséquences de la récession provoquée par l’accumulation des plans d’austérité dans la zone Euro. La poursuite de ce qui est aujourd’hui une chimère – le sauvetage de l’Euro - ne sera évidemment pas sans conséquences sur les pays voisins, en Europe et hors de l’Europe.

La contraction du crédit dans la zone Euro va affecter de manière considérable les banques des pays de l’est de l’Europe, qui sont très dépendantes pour leur refinancement des banques Allemandes, Autrichiennes (Raffeissen et Volksbank) Françaises et Italiennes (Intesa et Unicredit). Les 6 pays concernés (Bulgarie, République Tchèque, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie) ont accumulé pour 652 milliards d’Euros de créances par rapport à l’ensemble des banques de la zone Euro. De plus, avec l’entrée en récession voire en dépression d’une grande partie de la zone Euro, les pays émergents exportateurs de produits manufacturés seront les plus pénalisés. En Europe, les pays les plus touchés seront la République Tchèque, la Hongrie, la Roumanie et la Pologne. En raison de leurs spécialisations industrielles, la Chine, la Corée du Sud, la Malaisie et la Thaïlande seront les pays d’Asie où l’impact sera le plus important.

Seules des mesures radicales et extrêmes pourraient encore éviter que l’on ajoute la crise à la crise, et que l’on prépare une année 2013 encore pire que ce que sera 2012. Mais il faudrait le courage de reconnaître que la défense de l’Euro est désormais une cause perdue.

 

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 14:21
TVA sociale réchauffée, les consommateurs vont encore trinquer

Rue89 - Sylvain Gouz  Journaliste

Publié le 01/01/2012 à 06h32

 

Que cela fut dit avec délicatesse, et même avec une franche pudeur, Nicolas Sarkozy veut réformer la protection sociale en affirmant la nécessité « d'alléger la pression sur le travail et faire contribuer financièrement les importations qui font concurrence à nos produits avec de la main d'œuvre à bon marché. »

Qui ne serait d'accord au moment où « produire français » devient très tendance et où la mondialisation comme l'Europe a si mauvaise presse ? Comme par magie, selon le scénario élyséen, à niveau de protection sociale inchangée, le coût du travail baisserait et donc le prix hors taxe des produits made in France qui deviendraient du coup plus compétitifs.

Une opération blanche... en théorie

Pour les produits fabriqués en France, les baisses de prix rendraient indolore, disons neutre, le relèvement du taux de TVA, tandis que les produits importés frappés du nouveau taux relevé de TVA verraient leurs prix flamber.

En effet les importations, par définition fabriquées ailleurs, ne supportent aucune charge sociale en France, mais en revanche sont soumises à la TVA comme n'importe quelle production française.

A l'arrivée donc, une meilleure compétitivité pour le « made in France », une pénalisation du « made in ailleurs » et une opération blanche pour les consommateurs.

Incohérences... en réalité

En apparence, ou en pure théorie, cela paraît évident, mais si jamais ce mécanisme devait être mis en place (on parle d'un projet de loi voté à la va-vite en février) on se rendrait vite compte de ses incohérences :

  • Les prix des produits fabriqués en France ne baisseraient pas ou si peu. Rien ne garantit, bien au contraire que la baisse des charges soit répercutée sur les prix hors taxes. Tout au contraire. Les entreprises auraient sans le moindre doute tendance à garder pour elles la majeure partie du produit de cette baisse. Ce qui s'est passé avec la diminution de la TVA sur la restauration est éloquent de ce point de vue : l'essentiel est allé dans la caisse des restaurateurs face à peu d'embauches et peu, très peu, de baisses des prix. Il y a, c'est bien connu, une rigidité des prix à la baisse, ce que les économistes appellent « l'effet de cliquet » : les prix augmentent facilement et ne diminuent que très difficilement.
  • Tous les prix à TVA majorée augmenteraient. Pour cette même raison, on peut être certain que le relèvement de la TVA serait répercuté sur les prix de détail. Ce serait même quasiment automatique. Que ce soit sur les produits fabriqués en France ou importés. Au total ce seront bien les consommateurs qui auraient à supporter le poids de cette réforme.
  • Le dispositif renforcerait encore les inégalités de revenus. Ces consommateurs ne sont d'ailleurs pas égaux vis-à-vis de la TVA. Selon un rapport de la très sérieuse Cour des comptes, elle pèse aujourd'hui de 11,5% sur les revenus des 10% les plus pauvres et de 5,8% sur ceux des 10% les plus aisés. Et pour cause, ces derniers épargnent –hors de toute TVA- une part non négligeable de leurs revenus.

Un accomodement doucereux

Il faut appeler un chat un chat, le plat que nous a réchauffé le chef de l'Etat lors de ses vœux porte un nom : c'est un nouvel accommodement, tout doucereux, de la désormais insubmersible TVA sociale, une sorte de serpent de mer, décidément.

En l'évoquant au soir du premier tour des législatives de 2007, Jean-Louis Borloo, éphémère ministre de l'Economie, avait, dit-on, fait perdre quelques dizaines de sièges de députés à l'UMP.

Et de temps à autre voici qu'on nous la ressert : le MEDEF s'y dit extrêmement favorable -on comprend pourquoi-, Jean-François Copé, tout comme Hervé Morin en font leur oriflamme et même Manuel Valls avait cédé à cette vilaine sirène lors des débats de la primaire socialiste.

Plutôt la CSG que la TVA

En soi ; vouloir diminuer les charges sociales payées par les entreprises n'est pas une mauvaise idée, mais les remplacer par de la TVA supplémentaire relève d'une incompréhension très technocratique de la réalité économique.

Et si l'on tient à reporter sur un impôt, à « fiscaliser » ces charges sociales, il est un mécanisme fiscal qui porte sur tous les revenus –travail et capital- et qui est proportionnel aux dits revenus : cela s'appelle la CSG, contribution sociale généralisée. Chiche.

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:55
Libération - Économie Aujourd'hui à 17h24

Par LUC PEILLON

Nicolas Sarkozy le 2 décembre 2011 sur le perron de l'Elysée. (© AFP Lionel Bonaventure)

 

Ainsi s’achève 2011. Dernière année pleine du mandat de Nicolas Sarkozy, l’année se termine sur quatre records majeurs, ou en voie d’être atteints sous peu.  Et ce, dans quatre domaines essentiels : finances publiques, emploi, commerce extérieur et impôts. Retour, à quelques heures de l’intervention télévisée du chef de l’Etat, sur quatre indicateurs qui ne manqueront pas de peser sur la campagne présidentielle.

 

Fiscalité

Suite à l’annonce, à l’automne, de deux plans de rigueur successifs, essentiellement axés sur la fiscalité, les impôts vont fortement augmenter l’année prochaine. De l’ordre de 16 milliards d’euros, à la charge des entreprises, mais surtout des ménages (10 milliards). Résultat : le taux de prélèvements obligatoire va s’élever à 44,8% du PIB en 2012, son plus haut niveau depuis 2001. Il devrait même dépasser - avec 45,8% en 2015 et 46% en 2016 - le record historique de 1999 (45,5%), détenu jusqu’ici par Lionel Jospin… Et ce, alors même que le Président de la République avait exprimé, en début de mandat, son intention d’abaisser les prélèvements de quatre points…

 

Dette

Malmenées, en grande partie, par la crise de 2008/2009, les caisses des différentes administrations publiques (Etat, Sécurité sociale, collectivités locales…) ont largement accentué leur déficit ces dernière années. A tel point que la dette publique de la France s’est creusée de 20 points de PIB en quatre ans. De 64,2% du Produit intérieur brut en 2007, elle devrait finir l’année 2011 à un niveau proche de 85% (plus de 1600 milliards d’euros). Mais c’est l'année prochaine, surtout, qu’elle devrait battre tous les records: selon Bercy, la dette publique représentera alors 88,3% du PIB.

 

Déficit commercial

Avec, fin 2011, 75 milliards d’euros de déficit de balance commerciale - qui représente le solde entre les importations et les exportations de l’économie française – l’Hexagone double quasiment son déficit de 2007 (une quarantaine de milliards). Et bat ainsi tous les records, enfonçant au passage le niveau déjà exceptionnel atteint en 2008 (-56 milliards d’euros).

 

Chômage

C’est le seul record « relatif » de ces quatre indicateurs. Reste qu’en novembre 2011, avec 2 844 800 demandeurs d’emplois inscrits en catégorie A en France métropolitaine, le pays a atteint son plus haut niveau chômeurs, en valeur absolue, depuis 12 ans. Un chômage qui ne devrait cesser de croître l’année prochaine. Ainsi, selon l’Insee, le taux de chômage (au sens du Bureau international du travail) remontrait de 9,3% aujourd’hui à 9,6% mi-2012 (10% avec les DOM).

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 18:47
| Par Martine Orange

Au 1er janvier, l'économie française entre de plain-pied dans l'austérité. Les Français vont appréhender les premiers effets des deux plans de rigueur − le premier en août, le second en novembre −, qui entrent en vigueur en ce début de 2012. Faits de bric et de broc, empilant les mesures les plus disparates, sans aucune visibilité ni ligne directrice, ces deux programmes d'économie n'ont qu'une méthode : taxer de la façon la plus large possible la vie quotidienne. La valse des étiquettes va commencer. 

  • Alimentation, transports, travaux désormais soumis à une TVA de 7%

Mesure la plus symbolique et à l'impact le plus fort dans la vie de tous les jours : l'augmentation du taux réduit de la TVA, porté de 5,5% à 7%. Officiellement, les cantines scolaires et les produits de première nécessité − pain, lait, pâtes, denrées alimentaires de base − ne sont pas touchés : la TVA reste à 5,5%. Mais la grande distribution a déjà commencé à invoquer la flambée des cours des matières premières pour annoncer de nouvelles hausses. Tous les autres secteurs qui bénéficiaient d'une TVA à taux réduit, en revanche, sont concernés : travaux à domicile, travaux de rénovation, hébergement, services à la personne, restauration. Les réactions de ce dernier secteur sont guettées avec intérêt : en 2008, il a bénéficié d'un abaissement de la TVA, de 19,8% à 5,5%. La mesure a coûté 3 milliards de recettes annuelles à l'État, sans que les consommateurs n'en voient la couleur. Combien de temps en retour les restaurateurs vont-ils attendre pour répercuter la hausse ?

La hausse de la TVA va aussi se répercuter sur le prix des transports. La SNCF a annoncé une augmentation de 3,2% − incluant une nouvelle révision tarifaire − sur les prix des billets de TGV, Téoz et Lunéa à partir de mardi. Cette hausse moyenne est de toute façon sans signification puisqu'il y a longtemps que la tarification de la SNCF est devenue incompréhensible. Le prix du métro parisien bondit lui aussi : le carnet de dix passe à 12,70 euros. Le forfait Navigo reste inchangé : celui-ci a déjà augmenté de 1,5% en fin d'année, la RATP ayant anticipé l'augmentation à venir. Faute d'informations précises, il est impossible de dire comment évolueront les tarifs des transports urbains en province. Mais eux aussi sont soumis à la nouvelle TVA.

Les livres et les produits culturels, qui bénéficient d'une TVA à taux réduit, sont provisoirement épargnés. Ils ne seront frappés d'une TVA à 7% qu'à partir du 1er avril.

  • Des taxes spéciales sur les sodas et l'alcool

La disposition a fait beaucoup de jaser, tant l'argumentaire, présenté par le gouvernement, a été jugé surréaliste. Soudain préoccupé de notre santé, par la lutte contre l'obésité, il a décidé d'imposer une taxe spéciale sur les sodas. D'un montant évalué à 2 centimes par canette, cette taxe devrait rapporter 280 millions de recettes de poche à l'État. Les distributeurs ont déjà averti qu'ils répercuteraient intégralement cette taxe. Le prix du litre de Coca-Cola s'élèvera, selon eux, à 1,50 euro contre 1,30 actuellement.

Toujours dans le même souci de protection de la santé, les taxes sur les alcools au-dessus de 18°. Le gouvernement en escompte 300 millions d'euros de recettes supplémentaires.

Vers un nouveau plan de rigueur dès le début de l'année
  • Gaz : + 4,4% au 1er janvier ; +65% en cinq ans.

Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. En jurant au printemps que le prix du gaz resterait inchangé jusqu'à l'élection présidentielle, le ministre de l'Industrie, Éric Besson, savait qu'il n'était que dans l'effet d'annonce. La disposition bâclée a été attaquée par Suez-GDF et les autres distributeurs de gaz et le conseil d'État l'a recalé. Le gouvernement n'a pu qu'obtempérer. Après négociation, les tarifs réglementés du gaz pour les particuliers comme pour les entreprises augmentent de 4,4% au 1er janvier. La mesure concerne quelque 12 millions de foyers particuliers.

Depuis la privatisation de Gaz de France, première décision industrielle de Nicolas Sarkozy à son arrivée à l'Élysée, les tarifs réglementés du gaz ont augmenté de quelque 65%. Les prix du gaz en France sont désormais les plus élevés d'Europe, comme le rappelle l'association UFC-Que choisir. Dans un rapport dont elle a le secret, la Commission de régulation de l'énergie, autorité indépendante de tout sauf des intérêts particuliers, faisait le même constat tout en insistant sur le fait que les tarifs réglementés ne sont pas forcément synonymes de prix bas. Au fait, qui disait que l'ouverture à la concurrence du marché de l'énergie, la privatisation de Gaz de France et la création d'un géant mondial gazier, capable d'optimiser au mieux ses approvisionnements, seraient profitables à l'intérêt de la France et de ses consommateurs ? Soudain, beaucoup ont la mémoire qui flanche.

  • Santé, prestations sociales à l'amende

Dans le cadre de la lutte contre les déficits sociaux, une nouvelle taxe, allant de 3,5% à 7% de leur chiffre d'affaires, frappe les mutuelles complémentaires de santé. Celles-ci ont déjà prévenu qu'elles étaient dans l'obligation de répercuter intégralement cette nouvelle taxe sur les assurés. Selon les mutuelles, l'augmentation moyenne est de 4,5%, mais peut aller jusqu'à 8-9% pour certaines mutuelles. Depuis cinq ans, les tarifs des mutuelles ont augmenté de plus de 30%, amenant de plus en plus de Français à ne plus cotiser à une assurance complémentaire. La France est, après les États-Unis, le pays occidental où les dépenses de santé sont le moins bien remboursées. Un tiers des Français renoncent à se faire soigner. Cela n'empêche pas certains de répéter comme une scie que le système français est le plus généreux du monde et qu'il convient de le réviser pour le mettre aux normes communes.

Dans le même temps, les indemnités d'arrêt maladie ont été révisées. Une journée de carence est désormais imposée aux salariés de la fonction publique. Le gouvernement a présenté cette disposition comme une mesure d'équité à l'égard du privé. Le gouvernement a renoncé à imposer une nouvelle journée de carence aux salariés du privé, qui ont déjà un délai de trois jours. Mais ils se voient imposer une baisse de leurs indemnités journalières à partir d'un revenu de 2.405 euros brut par mois − sauf dans le cas où leur employeur complète les sommes versées par la Sécurité sociale.

  • Le Smic et les allocations sociales à la portion congrue

Le Smic est revalorisé de 0,3% au 1er janvier, comme tous les ans. Il s'établira à 9,22 euros brut de l'heure, soit 1.398,37 euros brut par mois. Il avait été relevé de 2,1%, à 9,19 euros brut de l'heure le 1er décembre, pour tenir compte de l'inflation. Le montant du revenu de solidarité active (RSA) augmente de 1,4%, passant de 466,99 euros à 474,93 euros pour une personne seule.
Pour les familles, le plafond de ressources ouvrant droit aux prestations familiales est revalorisé de 1% (45.068 euros annuels pour la Paje, prestation d'accueil du jeune enfant). Les allocations familiales et logement, elles, seront revalorisées au 1er avril, de 1%, soit un montant inférieur à la croissance, dans le cadre du plan de rigueur.

En contrepoint, le gouvernement n'a pas oublié de revaloriser le barème des montants des salaires saisissables, critère très important pour les ménages surendettés notamment. Et là, l'inflation a été pleinement prise en compte. L'augmentation est de 2% en moyenne.

Bref, à l'exception de l'abonnement à Mediapart, inchangé depuis sa création en 2008, tous les produits de consommation courante sont appelés à augmenter. Le gouvernement espère une trentaine de milliards d'euros de recettes et d'économies supplémentaires grâce à ces deux plans de rigueur. Mais toutes ses prévisions, fondées sur une croissance de 1% en 2012, sont déjà caduques. Dès février, un nouveau plan de rigueur va s'imposer. Il risque d'être tout aussi injuste et bricolé que les deux premiers.

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