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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 20:08

 

Le Monde.fr avec AFP | 18.12.2012 à 13h43 • Mis à jour le 18.12.2012 à 16h19


 

 
"La trêve hivernale devrait concerner tous les consommateurs", affirme le médiateur national de l'énergie.

Près de 580 000 foyers ont été l'objet de coupures ou de restrictions d'électricité et de coupures de gaz pour impayés en 2012, indique le médiateur national de l'énergie. Selon l'autorité administrative indépendante en charge de la protection des consommateurs d'électricité et de gaz, environ 400 000 foyers, cette année, ont été l'objet soit de coupures d'électricité, soit de résiliations de contrats par leur fournisseur, soit de réduction de puissance à seulement 1 000 watts.

"Or avec 1 000 watts vous pouvez juste avoir quelques lampes et un frigidaire. Dès que vous mettez une plaque de cuisson, une machine à laver ou même un fer à repasser, ça saute", souligne Bruno Léchevin, le délégué général du médiateur. Pour le gaz, l'autorité estime à 180 000 le nombre des coupures cette année.

L'an passé, le médiateur avait estimé le nombre total des coupures et restrictions dans l'électricité et le gaz à environ 500 000, ce qui suggère un bond. Mais les estimations plus précises cette année rendent la comparaison annuelle difficile, selon M. Léchevin. "Il n'y a pas forcément une augmentation du nombre de coupures. Ce qui est certain, c'est que rien que sur les dix premiers mois de 2012, il y a eu plus de résiliations que sur l'ensemble de l'année dernière", souligne-t-il. Il propose la mise en place d'un "fournisseur de dernier recours", des clients résiliés ayant des difficultés à trouver un autre fournisseur.

Le médiateur soutient également la mise en place d'une trêve hivernale généralisée pour les coupures d'électricité et de gaz, semblable à celle en vigueur pour les expulsions de logements. "La trêve hivernale devrait concerner tous les consommateurs. Aujourd'hui, elle n'existe que pour les gens qui sont éligibles au Fonds de solidarité logement, c'est-à-dire quelques centaines de milliers de personnes", explique M. Léchevin. Sans y être légalement contraints, les fournisseurs s'engagent aussi à ne pas couper les bénéficiaires des tarifs sociaux durant l'hiver, mais ces promesses ne sont pas toujours respectées, selon lui.

La généralisation de la trêve hivernale figure dans la proposition de loi du député PS François Brottes sur la tarification progressive de l'énergie. Mais cette proposition ayant été bloquée par le Sénat, elle ne pourra pas entrer en vigueur cet hiver.

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 22:51

 

 

Marianne - Lundi 17 Décembre 2012 à 11:51

 

Par Hervé Nathan, Gérald Andrieu et Laurence Dequay

 

«Il n'y avait pas de repreneur crédible et ferme» pour Florange selon les propos rapportés par les membres du cabinet du premier ministre Jean-Marc Ayrault. La messe était dite. Non seulement le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui avait porté la solution d'une «nationalisation transitoire» des hauts-fourneaux et des laminoirs lorrains était carbonisé mais avec lui toute velléité de volontarisme industriel de la part du gouvernement ou de sa majorité.

 

Florange : la duperie de Jean-Marc Ayrault

Il y a des phrases qu'un Premier ministre ne s'abaisse pas à prononcer, mais qu'il laisse distiller par ses affidés. Ainsi, le soir du 30 novembre, les membres du cabinet de Jean-Marc Ayrault glissaient-ils à quelques journalistes présents à Matignon : «Il n'y avait pas de repreneur crédible et ferme» pour Florange. Et la messe était dite. Non seulement le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui avait porté la solution d'une «nationalisation transitoire» des hauts-fourneaux et des laminoirs lorrains du premier groupe sidérurgique mondial était carbonisé façon «résidu de mâchefer», mais avec lui toute velléité de volontarisme industriel de la part du gouvernement ou de sa majorité. Comme quoi d'une petite hypocrisie peut sortir un grand crime. Car, pour justifier son pacte avec le patron repoussoir, Lakshmi Mittal, l'entourage du Premier ministre avait besoin de délégitimer totalement «l'autre solution». Or il s'agissait bien d'un choix politique, pas d'opportunité économique.

L'Hôtel Matignon n'a pas découvert le projet de nationalisation partielle et éphémère du fougueux ministre dans les pages des Echos du lundi 26 novembre : Jean-Marc Ayrault était au courant du projet dès le vendredi 23, alors qu'Arnaud Montebourg déjeunait avec les journalistes des Echos. Son projet : une prise de contrôle publique non seulement des deux hauts-fourneaux et de la cokerie - dont Mittal veut se débarrasser -, mais aussi de la filière «aval», les forts rentables laminoirs qui fabriquent des tôles pour l'automobile et pour l'industrie agroalimentaire. Le ministre cherche tout simplement à rebattre les cartes : sortir de la position intenable de l'Etat faible face au groupe mondialisé. Il a trouvé un industriel lorrain prêt à relever le défi. Bernard Sérin n'est pas un perdreau de l'année.

Il a lui-même dirigé des filiales d'Usinor puis de Sacilor, et il dirige une entreprise belge de 3 400 personnes. Pour le Crédit agricole, banque qui a un mandat de prospection, il faut être en mesure d'injecter 400 millions d'euros. Alexei Mordachov, propriétaire du sidérurgiste russe Severstal, pourrait prendre une position minoritaire, aux côtés du Fonds d'investissement stratégique (organisme piloté par l'Etat pour financer des activités jugées prioritaires). Tout n'est pas bouclé. La solution «crédible» existe donc bel et bien - cela sera reconnu par la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, huit jours plus tard -, mais elle n'est effectivement pas encore «ferme».

Le mensonge de Matignon n'est donc qu'un demi-mensonge. Et c'est dans cette nuance, dans cet interstice, que va s'engouffrer le Premier ministre, qui n'a jamais voulu entrer dans le processus de nationalisation. Le 27 au soir, Jean-Marc Ayrault dînant avec le ministre de l'Emploi, Michel Sapin, celui des Finances, Pierre Moscovici, et Arnaud Montebourg recadre la mission, en se présentant comme l'interprète de la volonté du président qu'il a rencontré le matin même : «Eviter le plan social, conserver un avenir industriel à Florange.» Ambition limitée : on ne s'affronte donc pas au capitalisme mondialisé, on le corrige. Point barre. Selon lui, «l'expropriation par nécessité publique» ne peut être utilisée que pour «sauvegarder les intérêts supérieurs de la nation». Florange n'en fait pas partie. Jean-Marc Ayrault appartient à la génération de socialistes marqués au «fer rouge» par la restructuration de la sidérurgie dans les années 80 et ses 30 000 licenciements.

Le Premier ministre est très attentif aux avis des juristes, qui ont l'art de multiplier les obstacles : il faudrait de trois à cinq mois pour adopter une loi de nationalisation. Et l'on s'effraie de la position du Conseil constitutionnel face à une première que serait une nationalisation qui ne concernerait qu'une partie d'un groupe constitué (Mittal emploie 20 000 salariés sur 150 sites en France). Et puis il y a l'article 17 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui stipule qu'il faut «une indemnité juste et préalable». Combien ? On ne sait pas. Mais on chiffre l'opération globale à 1 milliard, dont 600 millions pour l'Etat. Peu ou prou les arguments développés par Laurence Parisot le 27 novembre, sur les ondes de RTL : «Toute notre société est construite sur un principe essentiel, celui du droit de propriété. Ebranler ce principe, comme ça, à la va-vite, c'est très grave, et en plus, ne l'oublions pas, c'est très coûteux...» Pour Matignon il s'agit donc de choisir entre l'ambition risquée à la Montebourg et l'assurance minimale d'un «zéro licenciement» avec Mittal. Ayrault a choisi...

Mais sa décision agit comme une bombe à fragmentation qui n'épargne personne sur son passage. A commencer par François Hollande lui-même, qui avait expliqué publiquement (mais y croyait-il vraiment ?) ne pas exclure le levier de la nationalisation... De quoi permettre à Olivier Besancenot d'avancer une thèse assassine puisqu'elle n'offre pas d'échappatoire à l'exécutif : «Soit le gouvernement dans son ensemble a menti, soit il a trahi.» Du côté des parlementaires socialistes, l'autorité de François Hollande en ressort en tout cas brusquement sapée. Car, après avoir entretenu le doute, il a laissé son Premier ministre enterrer le récit d'un début de reconquête politique sur l'avenir industriel français.

Quelle que soit leur tendance - et ils sont nombreux aujourd'hui à ne pas vouloir faire le distinguo dans ce dossier entre «l'incurie d'Ayrault» et «le manque de courage d'Hollande» et de sa «méthode», députés et sénateurs sont affligés par le tour qu'a pris l'affaire. «Il y a une crise de leadership. C'est impossible qu'il y ait trois stratégies différentes qui cohabitent à la tête de l'Etat ! Nous avons besoin d'un président qui préside la France et pas le Parti socialiste !» s'emporte ainsi un député pourtant hollandiste pur sucre !

 

 

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17 décembre 2012 1 17 /12 /décembre /2012 22:46

 

Marianne - Lundi 17 Décembre 2012 à 18:00

 

Marie Dosé et Michel Konitz, avocats à la cour

 

La nouvelle Garde des sceaux a clairement affiché sa volonté de rompre avec la politique du « tout-carcéral » imposée frénétiquement par l’ancien président de la République pendant cinq ans.

 

BAZIZ CHIBANE/SIPA
BAZIZ CHIBANE/SIPA
La nouvelle Garde des sceaux a clairement affiché sa volonté de rompre avec la politique du « tout-carcéral » imposée frénétiquement par l’ancien Président de la République pendant cinq ans. Les annonces relatives à la suppression de la rétention de sureté et des peines planchers sont conformes aux engagements présidentiels, et succèdent à la circulaire du 19 septembre 2012 par laquelle Madame le Garde des sceaux demandait aux magistrats du parquet de « veiller à l’état de surpopulation carcérale » et affirmait que « le recours à l’incarcération doit être limité aux situations qui l’exigent strictement ».

En dépit de cette volonté politique affichée de désengorgement des maisons d’arrêt et des centres pénitentiaires, l’augmentation de la population carcérale se poursuit inlassablement (+0, 9 % en octobre 2012 ; + 0, 8 % en novembre 2012), parce qu’indépendamment de la teneur des textes, ce sont d’abord et avant tout les femmes et les hommes qui composent une juridiction qui choisissent d’incarcérer ou non un individu. Et les magistrats ne peuvent s’exonérer de leur responsabilité en se cachant derrière l’interprétation de certains textes. 

Auteurs d’un manifeste intitulé « la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris en accusation », nous avons rassemblé les signatures de plus d’une centaine de confrères en moins d’une semaine pour dénoncer les décisions de cette juridiction qui n’a de cesse de confirmer les placements en détention provisoire des présumés innocents et d’infirmer leur placement sous contrôle judiciaire. En réponse à ce manifeste, l’Union syndicale de la magistrature  s’est contenté de rappeler « aux avocats concernés qu’ils sont des auxiliaires de justice, soumis à des obligations déontologiques ». Les magistrats se sont sentis « injustement attaqués » poursuit l’Union Syndicale de la Magistrature dans un réflexe corporatiste, avant de demander à Madame le Garde des Sceaux de condamner ces « pressions déplacées » et de leur « apporter un soutien explicite ».

C’est justement parce que nous sommes des auxiliaires de justice que nous ne pouvons plus, par notre silence, cautionner la pratique de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris. Nous acceptons donc d’être poursuivis déontologiquement pour avoir dénoncé cette jurisprudence constante qui conduit  à l’inévitable augmentation d’une population carcérale présumée innocente. Et nous mettons au défi la chancellerie de publier les statistiques relatives aux décisions de cette juridiction, où il n’est pas rare de constater lors d’une audience la confirmation de l’intégralité des placements ou des prolongations de détentions provisoires.

Le respect effectif de la présomption d’innocence et la volonté personnelle de chaque magistrat de ne recourir à la détention provisoire qu’en tout dernier ressort permettront un désengorgement efficace des prisons bien plus que les réformes engagées ou à venir. Si la population carcérale augmente dans de telles proportions, c’est aussi parce que les magistrats, dans leur frilosité, n’envisagent bien souvent pas d’autres solutions que l’incarcération. Et il est vain de s’apitoyer et de geindre sur l’état des prisons sans se pencher sur le pourquoi de la surpopulation carcérale.

En France, plus de 16 000 détenus attendent d’être jugés, et le nombre des détentions provisoires a augmenté de 10 000 entre septembre 2010 et septembre 2012. Madame le Garde des Sceaux peut parfaitement voler au secours des magistrats prétendument attaqués en leur apportant un « soutien explicite », mais ce serait au risque de voir sa parole totalement décrédibilisée, ne pouvant toute à la fois affirmer sa priorité de voir les prisons désengorgées et soutenir une juridiction qui contribue fidèlement et de façon permanente à l’inflation carcérale.

Nous invitons pour notre part Madame le Garde des Sceaux, non pas à soutenir les uns ou à condamner les autres, mais à réfléchir à ce qui empêche un véritable désengorgement des prisons au gré des textes votés ou amendés : la résistance et le réflexe de certaines juridictions, que les réformes passées ou à venir n’ont jamais su influencer. 

 

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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 18:46
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                                                                                                                                                                                                             L’optimisation fiscale, ça rapporte gros et Google en est fier. Lundi 10 décembre, l’agence de presse Bloomberg a révélé que, pour l’année 2011, le moteur de recherche avait évité de payer deux milliards de dollars d’impôts de par le monde, en transférant presque 10 milliards de dollars de profits dans des filiales basées aux Bermudes. Une localité accueillante ne faisant pas payer d’impôt sur les sociétés. Cette information déboule au moment où, un peu partout dans le monde et notamment en Europe, l’opinion publique et les responsables politiques ouvrent doucement les yeux sur la question de « l’agressivité fiscale » des multinationales. Les esprits commencent à s’échauffer face à ces très riches entreprises qui utilisent la concurrence fiscale entre pays pour payer le moins d’impôts possibles. Et qui, de plus, s’en vantent. Dans une interview accordée mercredi 12 décembre à Bloomberg, Eric Schmidt, le dirigeant de Google, s’est en effet déclaré « très fier de la structure » mise en place par son entreprise. Il a affirmé qu’il n’était pas près de renoncer à économiser sur les impôts : « Cela s’appelle le capitalisme, nous sommes fièrement capitalistes. »


 

Le capitalisme offre effectivement à Schmidt et ses troupes  désireuses d« éviter » l’impôt un grand nombre d'astuces, que nous avons déjà largement détaillées (lire notre article). Recettes ô combien efficaces. À coup de montages fiscaux, répondant par exemple aux doux noms de « double irlandais » et de « sandwich hollandais », Google a réussi à payer en moyenne un peu plus de 3 % d’impôt sur les bénéfices en Europe. Alors que, selon les pays de l’Union, ces taxes s’élèvent de 24 à 34 %. L’entreprise n’est bien sûr pas la seule : selon un rapport publié en mai par JP Morgan, les sociétés américaines détiennent 1 700 milliards de dollars d’économies dans leurs filiales étrangères, la plupart du temps pour éviter de payer les impôts que l’administration leur réclamerait si elles les rapatriaient sur leur sol.

Pour la première fois, la situation a déclenché un début de mobilisation. Politique, d’abord. Fin novembre, les ministres des finances français, britannique et allemand ont appelé ensemble la communauté internationale à se saisir de la question. Ils ont missionné l’OCDE, en pointe dans la lutte contre le secret fiscal entre les pays (nous en parlons longuement ici), pour qu'elle s’attaque à la question des « transferts de bénéfices », afin de s’assurer que les grandes sociétés payent une juste part d’impôt. Quelques semaines plus tôt, lors d’une réunion du G20, les ministres allemand et britannique avaient déjà lancé un tel appel.

Le problème est connu depuis longtemps, mais dans un contexte économique plus que morose, il devient aigu pour des politiques cherchant tous les moyens possibles de boucler leurs budgets. D’autant qu’une série de chiffres récents est venue leur agiter la question sous le nez. Ces dernières semaines, on a par exemple appris qu’en France Google a versé 5,5 millions d’euros au fisc pour l’exercice 2011, alors que son bénéfice réel effectué dans l’Hexagone aurait pu donner lieu à une imposition de 150 millions d’euros, souligne BFM Business. Amazon n’a payé que 3,3 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires réel de 899 millions. Selon les calculs de BFM Business, l’entreprise aurait payé 6 à 15 millions d'euros si elle avait déclaré loyalement ses activités effectivement réalisées en France. Autres exemples : Starbucks et la chaîne de restauration rapide KFC n’ont pas payé d’impôts dans l’Hexagone depuis leur arrivée dans le pays, respectivement en 2004 et 2002.

Outre les montages fiscaux acrobatiques, toutes ces sociétés poussent au maximum la manipulation des « prix de transfert » entre filiales basées un peu partout dans le monde. En attribuant des prix fantaisistes aux produits et aux services échangés entre leurs diverses entités, elles rendent facilement déficitaires (ou au moins peu imposables) les succursales basées dans des pays à fort taux d’imposition, et engrangent les bénéfices réels dans des pays peu regardants en matière fiscale, c’est-à-dire des paradis fiscaux. Ce comportement passe de moins en moins bien. Du moins, en Angleterre. Nous avions relaté il y a un mois le passage très tendu des responsables de Google, Amazon et Starbucks devant une commission parlementaire. Les députés ont depuis publié un rapport qui écharpe ces multinationales peu soucieuses du bien commun, jugeant qu’elles « ne payent pas leur juste part » d’impôt, et que le fisc britannique ne se préoccupait pas assez de l’évitement fiscal.

 

« Les consommateurs français sont du côté des multinationales américaines »

 

Campagne de boycott contre StarbucksCampagne de boycott contre Starbucks© Occupy London

L’agacement des parlementaires est relayé par une partie de la population. Samedi 8 décembre, des centaines de manifestants ont défilé devant les très populaires cafés Starbucks, après le lancement d'une campagne de boycott de l'entreprise. Des protestations surtout symboliques, mais qui inquiètent assez l’entreprise pour qu’elle ait annoncé vouloir payer de son plein gré… 20 millions de livres sterling d’impôts supplémentaires dans les deux années à venir.

De quoi donner des idées à d’autres. C’est désormais Amazon qui est la cible d’un appel au boycott en Angleterre, l’association Ethical consumer déplorant que l’entreprise « profite gratuitement des avantages de la société et demande à d’autres de payer les coûts associés à ces avantages ».

L’association fournit même une liste d’autres entreprises payant des impôts conformes avec les standards britanniques. « Ces actions sont certainement efficaces, juge Mathilde Dupré, de l’ONG CCFD-Terre Solidaire, qui dénonce depuis des années l’utilisation des paradis fiscaux par les entreprises. Ce type d’entreprises, en relation avec le public, sont très sensibles au risque réputationnel. Les attaquer là-dessus peut être la seule façon de faire bouger les choses rapidement. »

Certainement. Encore faut-il que les consommateurs se sentent concernés. Et en France, cela semble loin d’être le cas. Cet automne, pour sa dernière action de sensibilisation à la question des parafis fiscaux, CCFD a préféré cibler les parlementaires, et notamment les 78 d’entre eux qui avaient signé son appel lors de la campagne présidentielle. L’association milite principalement pour que les entreprises présentes dans les paradis fiscaux fournissent des informations comptables pays par pays, et  non plus « consolidées » par continents. Cela permettrait de savoir si une filiale exotique héberge réellement une activité économique, ou est une simple coquille vide servant à récolter les avantages fiscaux. Le gouvernement avait d’ailleurs promis d’aller dans ce sens très vite à l’automne. Mais les mesures ont été repoussées à la fin de l’année. Et elles sont toujours en panne. « Désormais, on nous parle de Pâques pour que le parlement se saisisse de la question », indique Dupré.

Le peu d’empressement gouvernemental traduit-il l’indifférence des citoyens ? « Dans notre pays, le sujet est sur la table, mais il manque la dimension opinion publique », regrette l’UMP Philippe Marini, président de la commission des finances du Sénat et auteur d’un rapport sur « une fiscalité numérique neutre et équitable ». « Aujourd’hui, les consommateurs français sont, paradoxalement, du côté des multinationales américaines », constate le sénateur.

Le meilleur exemple de cette proximité affective est à chercher, selon lui, du côté de Google : « Le moteur de recherche est considéré comme un bien commun, gratuit. Les utilisateurs craignent qu’une taxation plus forte soit répercutée sur eux, d’une manière ou d’une autre. » Dans ce débat, les géants du numérique occupent en effet une place à part. Pourtant, toutes les grandes entreprises usent et abusent de l’optimisation fiscale. Dans une étude de 2010, CCFD-Terre solidaire avait constaté que les 50 plus grosses entreprises européennes possèdaient, en moyenne, plus de 20 % de leurs filiales dans des paradis fiscaux (26 % pour les banques). Et en juillet 2011, Gilles Carrez, rapporteur du budget à l’Assemblée nationale, constatait que les entreprises du CAC 40 ne payaient que 8 % d’impôt sur les sociétés en moyenne, « soit un taux moyen d’imposition de l’ordre de presque 20 points inférieur à la moyenne des PME ».

Alors, pourquoi l’exemple des géants du net revient-il si fréquemment ? Parce que, estime Marini, « dans ce secteur, les positions dominantes sont beaucoup plus nettes : sur le marché européen, il y a un géant en situation de monopole dans chaque secteur d’activité, Google, Amazon ou Apple… » Les profits réalisés par ces géants grâce à l’optimisation sont donc conséquents, et « leur côté immoral est encore plus frappant ». Autre raison, avancée par Pascal Saint-Amans, le directeur du Centre de politique fiscale de l'OCDE : le business des entreprises numériques repose en grande partie sur des activités immatérielles, « pour lesquelles il est plus difficile d’établir sans discussion le lieu où se situe l’activité économique réelle, et donc où elle doit être taxée : un serveur informatique, ça n’est pas une usine. Les acteurs de l’économie numérique en jouent aussi ».

eBay et Paypal dans le collimateur du fisc

Selon Marini, les seuls Google, Amazon, Facebook et Apple (surnommés les “Gafa”) privent la France de plus de 500 millions d'euros par an d'impôt sur les sociétés. Anecdote amusante, ce chiffre avait été donné en février, lors du Forum de la fiscalité numérique, par Benoît Tabaka, alors secrétaire général du Conseil national du numérique. Il jugeait à l’époque que les Gafa payaient cent fois moins d’impôts qu’ils ne le devraient. Mais il sera difficile de le lui faire dire aujourd’hui : en mai, Tabaka a été embauché en tant que lobbyiste par… Google France.

Face à ce trou béant dans ses finances publiques, la France réagit, multipliant les contrôles fiscaux. L’administration réclame ainsi à Amazon 200 millions d’euros d'arriérés d'impôts et de pénalités pour la période 2006 à 2010, et la bagatelle de 1,7 milliard d’euros à Google ! Lors d’une descente au siège de l’entreprise, le fisc aurait trouvé des contrats de travail français mentionnant explicitement une activité de prospection commerciale sur le territoire. Voilà qui contredirait les affirmations de Google, qui assure effectuer toute son activité commerciale depuis l’Irlande. Le fisc devrait tenter de montrer que cette prétendue activité irlandaise relève de l’abus de droit, et n’est qu’un déguisement juridique. C’est une des possibilités d’action qui sont ouvertes pour le pays. Et L’Expansion a révélé jeudi 13 décembre que eBay et Paypal avaient été l’objet de toutes récentes descentes du fisc, qui enquête encore une fois sur leur impôt, étrangement faible une fois leurs profits passés par la Suisse et le Luxembourg.

D’autres voies sont en cours d’exploration. Le gouvernement a confié en juillet une mission sur la fiscalité du numérique au conseiller d'État Pierre Collin et à l'inspecteur des finances Nicolas Colin. Le rapport « Collin et Colin » est attendu dans les jours à venir. Il devrait emprunter les sentiers sinueux de concepts tels que le « cycle commercial complet », qui vise à démontrer qu’une activité économique est réalisée entièrement dans un pays et qu’elle doit donc y être taxée. Mais comme l’a souligné Télérama, les auteurs du rapport devraient aussi proposer des solutions beaucoup plus larges et innovantes. Et notamment de faire payer les entreprises qui ne donnent pas l'autorisation à d'autres sociétés ou aux citoyens d’exploiter les données personnelles qu'elles récoltent. Une mesure qui vise Google, Facebook, Amazon…, mais aussi la RATP et les Pages Jaunes.


L'optimisation fiscale selon Google 
L'optimisation fiscale selon Google© Télérama



La Commission, de bonne volonté, et après ?

Quelles que soient les solutions échafaudées en France, elles ne changeront pas la donne si elles restent cantonnées à nos frontières. « Dans l’espace du droit national, difficile de faire plus que des piqûres d’épingle », convient Philippe Marini. Il sera par exemple impossible de bouleverser le paysage de la TVA, autre gouffre financier pour la France. Marini estime que si elle était perçue en France, la TVA sur les activités du secteur réellement exercées sur le territoire rapporterait plus de 800 millions d’euros par an. La Grande-Bretagne, elle, perdrait chaque année 2 milliards d’euros pour les mêmes raisons. Car les disposent en Europe d’un régime de faveur : dans tous les autres secteurs d’activité, la taxe doit être acquittée au taux du pays où l’activité est effectuée (État de consommation). Mais jusqu’au 1er janvier 2015, la TVA sur les services électroniques sera payée au taux de l’État siège, où l’entreprise est implantée. L’Irlande et le Luxembourg jouent à plein de cette exception. Entre 2015 et 2019, une période de transition devrait la faire disparaître. Le sénateur aimerait avancer fortement l’issue de cette transition. Ce qui s’annonce plus que compliqué.

Car derrière les discours de consensus, les États européens se livrent à une concurrence fiscale féroce pour attirer les entreprises. Et au sein de l’Union, toute modification des règles de la fiscalité doit être adoptée à l’unanimité. Il est peu crédible de voir le Luxembourg revenir sur son avantage concurrentiel. C’est ce que le dirigeant de Google au Royaume-Uni s’est d’ailleurs fait un plaisir de rappeler, en déclarant qu’il « jouait selon les règles établies par les politiciens »

En effet. Il suffit de scruter les déclarations de George Osborne, le Chancelier de l’Échiquier (équivalent du ministre des finances) britannique pour comprendre que les membres de l’Union européenne n’ont pas renoncé à se faire la guerre, à coup de gros sous. C’est Osborne qui a appelé l’OCDE à se pencher sur la question. C’est lui qui clame vouloir en finir avec les paradis fiscaux. Mais c’est aussi lui qui, a noté le Guardian, s’est vanté le 9 décembre que le taux d’imposition des sociétés baisserait dans son pays de 24 à 21 % dès 2014 ! Ce qui représente selon lui « une publicité disant : Venez ici, investissez ici, créer des emplois ici. » Osborne n’a pas touché non plus à une particularité toute britannique, le statut des « non doms », permettant aux riches étrangers de n'être imposés que sur le patrimoine qu’ils possèdent au Royaume-Uni.

Reconnaissons à la Commission européenne d’essayer tout de même de changer les règles du jeu. Le 6 décembre, elle a présenté un plan d’action pour renforcer la lutte contre l’évasion fiscale et lutter contre « l’optimisation agressive ». La Commission souligne qu’il est aujourd’hui possible de « tirer parti des subtilités d’un système fiscal ou des incohérences entre (…) plusieurs systèmes fiscaux afin de réduire l’impôt à payer », par exemple en bénéficiant de déductions ou de non imposition dans deux pays… L’évasion fiscale et l’évitement fiscal sont « scandaleux » et représentent « une attaque contre le prinicpe fondamental de l’équité », a déclaré Algirdas Semeta, le commissaire aux affaires fiscales. L’Union européenne appelle donc les États membres à adopter de bonnes pratiques. Des principes qui vont dans le bon sens, mais dont l’application reste « problématique », juge Christian Chavagneux, journaliste au mensuel Alternatives économiques, spécialiste reconnu du domaine : « Nul doute que les fonctionnaires de la Commission européenne ont à cœur de faire progresser la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales. Pourtant, les mesures qu’ils préconisent commencent par mettre en évidence l’incapacité des pays européens à avancer sur le sujet. »

Vers un nouveau modèle de taxe ?

Si l’Union européenne est incapable d’avancer seule, la solution viendra peut-être de l’OCDE. D’un côté, le club des pays riches vient de lancer une réflexion générale sur la révision nécessaire des règles d’établissement de la TVA. Mais c’est surtout dans le domaine des « Beps », pour « Base erosion and profit shifting » (Érosion de l’assiette fiscale et transfert de bénéfices), que l’organisation est attendue. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont versé 150 000 euros à l’organisation pour se saisir du problème. De quoi financer une poignée de fonctionnaires pendant un an et préparer un rapport pour le G20 des 15 et 16 février 2013, à Moscou. « Ce rapport sera un plan d’action général et organisé, sur lequel nous nous baserons pour agir rapidement », espère Saint-Amans. Le constat posé risque d’être peu original, et de pointer situations d’abus manifestes de la part de grosses entreprises.

L’OCDE devra mettre autour de la table tous les pays clés, identifier les cas où des entreprises parviennent à n’être taxées ni dans le pays où elles sont implantées, ni dans celui où elles commercent réellement, et sanctionner les dérives les plus manifestes. « L’enjeu est simple : il faudra rapprocher le lieu de l’activité économique réelle des entreprises de celui qui a le droit de la taxer », résume Saint-Amans.

Mais son organisation devra aussi se pencher sur la question la plus complexe, celle des prix de transferts. Aujourd’hui, on demande aux multinationales qui échangent des produits et des services entre leurs différentes filiales de faire « comme si ». Comme si elles les vendaient sur un vrai marché, et faire appliquer ce « juste prix » aux échanges entre ses filiales. Mais il est très simple pour une entreprise de tordre ce principe, notamment lorsque les prix de transfert concernent des biens immatériels, dont il est difficile d’évaluer objectivement la valeur. Par exemple, rien n’empêche une filiale française de payer une forte redevance au titre de l’utilisation des brevets à une autre filiale, basée dans un paradis fiscal, et de se déclarer ensuite en déficit, afin de ne pas payer d’impôt. C’est peu ou prou le modèle choisi par tous les Gafa.

 

 

L’OCDE espère en modérer les abus, mais ne veut pas revenir sur le principe même de cette fixation de prix. Et c’est ce que lui reproche le Tax justice network (TJN), un réseau d’ONG qui lutte activement contre les paradis fiscaux. Dans une étude publiée début décembre, le réseau appelle l’OCDE à opter pour sa solution : la taxation unitaire. Il s’agit de considérer toutes les filiales d’une multinationale comme une seule et même entreprise, d’évaluer ses bénéfices totaux, où qu’ils soient localisés, puis de les diviser proportionnellement en fonction des pays où l’activité de l’entreprise est réellement effectuée. Chaque État sera ensuite libre de taxer à la hauteur qu’il le souhaite la portion de bénéfices qui lui a été « attribuée ». Pour Saint-Amans, la solution est séduisante « sur le papier », mais inapplicable dans la pratique au niveau mondial. Comment tous les pays arriveraient-ils à se mettre d’accord ? Comment s’assurer qu’une entreprise ne se retrouvera pas trop taxée par toutes les parties ?

Ces réserves n’ont pas empêché le Financial Times de juger, dans un édito du 19 octobre, que cette taxe serait « plus juste ». Un avis que partage Nicolas Shaxson, journaliste et membre du TJN, auteur des Paradis fiscaux (André Versailles éditeur), un récent livre qui fait le tour de la question de manière magistrale. « Aucune règle sur la taxation des entreprises ne changera le fait que le système international de l'impôt, qui est dominé par l’OCDE, est désastreusement vicié, déclare-t-il à Mediapart. Même les pays riches ont un mal fou à faire respecter les règles fiscales ; les pays en développement n'ont aucune chance. » Il estime que, si cette taxation unitaire se met en place, « cela rendrait les paradis fiscaux inutiles pour les entreprises ». Et une fois que les entreprises auront quitté les lieux, pronostique Shaxson, « il deviendra beaucoup plus facile de traiter avec ces territoires, sur la question du secret, de la régulation bancaire, et bien plus ».


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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 17:28

 

Le Monde - Blog big browser

"Toi aussi tu peux mener le pays à la faillite", affirme la présentation de "Attention la Troïka débarque !", lancé au début du mois de décembre.

 

Se maintenir au pouvoir grâce à son influence, rafler des voix, placer son pactole dans les paradis fiscaux avant que l'arrivée de la Troïka des créanciers, ne termine la partie, tel est l'objectif d'un nouveau jeu de cartes portugais promis à un joli succès. Son nom : "Attention la Troïka débarque !"

L'objectif est de mettre le joueur dans la peau d'un "leader" d'un pays fictif, nommé Portugalandia, où l'exercice du pouvoir consiste à étendre son réseau au sein d'une multitude de groupes d'intérêts et à accumuler des "méga-euros" placés dans des paradis fiscaux. Selon cette logique, la victoire revient au "leader" ayant réussi le maximum d'alliances politiques, gagné le plus d'élections et engrangé le plus gros pactole. Le tout avant que ne tombe la carte Troïka, représentant trois hommes patibulaires vêtus de noir chargés de valises estampillées FMI, BCE, UE, les trois créanciers des pays sous assistance financière.

 

 

DES VERSIONS ESPAGNOLE ET ITALIENNE EN PRÉPARATION

"Notre but c'est que les gens se divertissent avec cette réalité critique de la société portugaise", a déclaré Carlos Mesquita, l'un des créateurs du jeu. "C'est une manière d'attirer leur attention et de leur montrer comment fonctionne réellement la démocratie actuelle", a-t-il poursuivi.

Au fil des cartes s'étale une vision au vitriol du Portugal figurée par les caricatures des personnalités et scandales ayant marqué le pays. Dans le jeu, cela se traduit par des combinaisons gagnantes, telles que celle de l'Eglise avec l'"Opus day", ou perdantes comme la carte "Gentilles filles", montrant des jeunes femmes dénudées aux formes généreuses, qui peut neutraliser un "leader" adversaire jusqu'à la fin des élections.

"Nous avons des retours très positifs, des Espagnols veulent nous acheter le concept pour l'adapter et des Italiens sont également intéressés", a révélé M.Mesquita, qui planche déjà avec ses associés sur la version post-Troïka du jeu (avec AFP).

Lire aussi : "Le Portugal s'enfonce dans la récession au troisième trimestre"

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 22:36

 

Marianne - Vendredi 14 Décembre 2012 à 12:00

 

 

 

JDD/SIPA
JDD/SIPA

Lakshmi Mittal est réputé auprès des ouvriers de son groupe Arcellor-Mittal  pour ne pas tenir ses engagements. Cela ne veut pas dire qu’il ment toujours et sur tout. Ainsi lorsqu’il assure au Figaro du 13 décembre : « Je n’ai pas eu l’impression quand j’étais avec le président de la République qu’il était très partant pour nationaliser Florange », il confirme, hélas, les mensonges que nous dénonçons dans Marianne (Lire notre édition du 8 décembre et celle à paraître le 15) .

>> Lire : La nationalisation comme arme de dissuasion massive

« L’impression » de Lakshmi Mittal nous dit en un mot ce que nous écrivons : ni François Hollande, qui avait pourtant prononcé le mot juste avant de recevoir le patron de l’acier à l’Elysée,  ni Jean-Marc Ayrault qui a même oublié comment on l’écrit,  ne voulaient du projet de « nationalisation temporaire » d’Arnaud Montebourg, et Matignon avait manœuvré pour l’empêcher.

Une capitulation d’autant plus dommageable que les preuves de la faisabilité de l’opération s’accumulent : une note du service juridique de Bercy estimant que c’est « la meilleure solution » pour Florange; une autre du Fonds stratégique de d’investissement chiffrant la charge à 450 millions d’euros pour l’Etat au lieu du « milliard » claironné par Jean-Marc Ayrault (et 650 millions selon le cabinet du Premier ministre qui avait mal lu ses notes…), la présence d’une troisième investisseur potentiel auprès de Bernard Serin et Serverstal; enfin une note interne du sidérurgiste, révélée par la CFDT prouvant que les hauts fourneaux lorrains, promis à la casse dans l’accord entre le gouvernement et Arcelor-Mittal, sont parmi les plus compétitifs d’Europe.  
Même si elle est compliquée et comporte une part de risque (mais quelle OPA ne l’est pas ?) la nationalisation temporaire a une rationalité économique, celle de substituer à une grand groupe mondialisé et financiarisé qui gère ses établissements en fonction du rendement le plus élevé possible des capitaux engagés (la fameuse norme des 15% de retour sur investissement), un autre industriel qui peux se contenter d’un taux de profit moindre, celui nécessaire néanmoins à l’investissement…

Remettre de la concurrence là où il y a monopole privé de l’acier. Ce que fait l’Allemagne qui face à Mittal soutient le groupe Thyssen-Krupp ! Contrairement à l’idée reçue, la « nationalisation temporaire » n’est donc pas un retour aux « vieilles lunes » de la gauche étatiste, mais l’ébauche d’un capitalisme tempéré par les nécessités de la production.

Le Front de gauche l’analyse comme une mesure de droite et promeut la nationalisation définitive de Florange. Hélas, nous n’aurons l’occasion de tester ni l’une ni l’autre pour trancher ce débat… Le gâchis -industriel et politique- c’est maintenant.

 

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 22:59

 

Rue89 - Le Yéti
voyageur à domicile
Publié le 12/12/2012 à 15h40

 

 

Leurs fonctions à peine quittées, nos deux derniers présidents de la République ont été poursuivis par la justice. Et même condamné, pour le plus vieux des deux, pour des faits commis avant ou pendant sa période d’exercice. Ce qui fait que nous eûmes au moins un malfaiteur comme président de la République pendant douze ans – en attendant le verdict pour le second...

Avouez qu’elle a bon dos l’opportune immunité présidentielle, non ? On attend toujours que le nouveau fasse annuler comme il l’avait promis ce privilège de coupable. Une immunité, c’est toujours accordé à des coupables en puissance. Les honnêtes gens n’en ont pas besoin.

Rubrique faits divers crapuleux

Mais les promesses ! Qu’est-ce qu’on attend pour confier au Conseil d’Etat ou à son cousin constitutionnel une procédure d’« impeachment » à l’encontre des présidents indélicats menant une politique carrément à l’opposé de ce qu’ils promettaient quand ils étaient candidats ?

Et attendez, y a pas qu’eux ! Quid de ces élus condamnés, ou tenant la justice en respect avec force procédures procédurières, brandissant des présomptions d’innocence usées jusqu’à l’os, s’accrochant à la bouée des prescriptions légales, revenant par la fenêtre quand ils sont chassés par la porte, comme de vulgaires Berlusconi fuyant l’orage judiciaire ?

Quid de ces entrepreneurs et financiers continuant de se faire accorder chaque année des augmentations de revenus insultantes en dépit de la crise, distribuant primes et dividendes écœurants... tout en multipliant les plans sociaux et les économies sur le dos des salariés ? Bref, ils dépècent en toute connaissance de cause et à leur unique profit la bête avant qu’elle ne meure.

Qu’attendent les tribunaux pour frapper de bannissement les gros pleins du coffre(-fort) partis planquer leurs lingots dans d’improbables villages belges ? Ou demandant carrément la nationalité au paradis fiscal qui les accueille ? Qu’attend la justice pour saisir les biens que ces fuyards obscènes ont laissés dans leur pays d’origine ?

Une justice populaire fondée sur les droits de l’homme et du citoyen

Bon, j’arrête là la liste des vauriens de tout acabit et de leurs méfaits. Si les postulants de la nouvelle élite – z’entendez, les Mélenchon, les Tsipras ? – voulaient gagner du temps et baliser leur éventuelle arrivée au pouvoir, ils mettraient tout de suite sur pied les fondations d’une véritable cour de justice populaire pour mettre un terme à ces agissements de voyous.

Bien sûr, j’entends les cris d’orfraie des éternels Assis, brandissant leurs épouvantails éculés, généralement poussés au cul par ceux qui ont tout à craindre de ce genre de proposition : comité de salut public, purge expéditive, procès staliniens !

Eh bien non, c’est tout l’inverse. Une véritable cour de justice populaire ne saurait s’épargner, elle, le respect des droits de l’homme et du citoyen. Mais non, on préfère s’appuyer sans vergogne sur la sauvegarde à tout prix de quelques exorbitants privilèges privés.

Les futurs prévenus auraient d’ailleurs toutes garanties à y gagner au cas où, par exemple, les foules en colère franchiraient les dernières barrières de sécurité, ceintureraient les palais présidentiels au point de contraindre l’occupant en place à la fuite. Pures divagations irréalistes d’un esprit échauffé ? Demandez donc au président égyptien Morsi...

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 22:17

 

LE MONDE | 12.12.2012 à 14h49 • Mis à jour le 13.12.2012 à 23h33 Par Paul Benkimoun et Stéphane Foucart


 
Le bisphénol A est présent dans de nombreux plastiques, dont ceux qui sont utilisés pour la fabrication de jouets. Mais la liste est longue des produits de la vie courante concernés par la présence de perturbateurs endocriniens.

Rarement groupe d'experts aura été scruté avec autant d'attention. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a discrètement publié sur son site Internet, lundi 3 décembre, la composition d'un panel de scientifiques dont la tâche délicate sera de rendre, en mars 2013, un rapport sur les perturbateurs endocriniens. Ces substances chimiques (bisphénol A, phtalates, pesticides, etc.) sont soupçonnées d'être la cause majeure dans la recrudescence de certains troubles (infertilité, cancers hormonodépendants, obésité, etc.) et sont au centre d'une attention grandissante.

Si l'affaire est sensible, c'est qu'elle a tous les traits d'une bataille bruxelloise, engagée entre la direction générale chargée de l'environnement (DG Environnement) d'une part, et son homologue chargée de la santé du consommateur (DG Sanco) de l'autre. C'est en effet cette dernière qui a saisi l'EFSA, en octobre, d'un rapport sur le sujet. La DG Environnement avait, fin 2011, confié une tâche semblable à un groupe de scientifiques conduits par Andreas Kortenkamp, professeur à l'université Brunel de Londres, tâche dont ils s'étaient acquittés avec la publication, en janvier, du Rapport Kortenkamp.

La saisine de l'EFSA par la DG Sanco avait soulevé l'inquiétude des organisations non gouvernementales (ONG). Une vingtaine d'entre elles ont adressé début octobre un courrier de protestations à la Commission européenne.

"Il y a de très grands risques que les experts qui se pencheront sur la question des perturbateurs endocriniens soient de mèche avec l'industrie qui n'a pas intérêt à ce que soit retenue une définition large des perturbateurs endocriniens", n'avait pas hésité à déclarer, de son côté, la députée européenne Michèle Rivasi (EELV).

 

"11 EXPERTS SUR LES 18 N'ONT AUCUNE EXPÉRIENCE DANS LE DOMAINE"

De fait, la principale mission des dix-huit experts nommés par l'agence européenne basée à Parme (Italie) sera de fournir les critères qui permettront de ranger – ou non – les molécules chimiques de synthèse en circulation dans la catégorie des perturbateurs du système hormonal – ce qui les soumettra de facto à une réglementation spécifique.

Qui sont les dix-huit scientifiques choisis par l'EFSA ? Les responsables de l'agence assurent avoir choisi des experts reconnus, dont les compétences recouvrent l'ensemble des domaines qui doivent être abordés dans le rapport demandé par la DG Sanco.

Les ONG, de même que de nombreux chercheurs engagés dans le débat, ne partagent pas ce point de vue. Le Pesticide Action Network (PAN) a passé au crible les publications des membres du groupe de travail de l'EFSA et en tire de cinglantes conclusions. "Seuls trois des experts sur les dix-huit choisis ont une expérience scientifique sur la question du système endocrinien, dit Hans Muilerman, porte-parole de PAN-Europe. Onze n'ont aucune expérience d'aucune sorte dans ce domaine."

Sur les dix-huit scientifiques choisis, quinze sont décrits par l'ONG comme "non-actifs" – c'est-à-dire ayant publié moins d'un article de recherche par an au cours des cinq dernières années. En outre, huit des scientifiques sélectionnés ont déclaré des liens d'intérêt récents ou en cours avec des industriels – en particulier à travers l'International Life Science Institute, une organisation de lobbying scientifique fondée par les principaux acteurs de la chimie, de la pharmacie, de l'agroalimentaire et de l'agrochimie.

De son côté, Lisette van Vliet, conseillère scientifique de Health and Environment Alliance, remarque que "trois des experts choisis par l'EFSA appartiennent aux agences nationales allemande ou britannique ". Or ces dernières ont déjà adopté, en 2011, une position commune sur la définition des perturbateurs endocriniens, jugée laxiste et trop peu protectrice par de nombreux spécialistes.

 

IMPLICATIONS COMMERCIALES DES OPINIONS SCIENTIFIQUES...

"L'approche privilégiée par les agences britannique et allemande repose sur l'évaluation du potentiel des différents perturbateurs endocriniens. C'est à mon avis une approche arbitraire, non justifiée scientifiquement et insuffisamment protectrice, estime ainsi le professeur Andreas Kortenkamp, principal auteur du rapport commandé par la DG Environnement. De notre côté, nous avons adopté une approche plus flexible et plus protectrice, qui prend en compte l'irréversibilité des effets de certaines substances. En mai 2012, l'agence française s'est rapprochée des points de vue allemand et britannique, ce que je regrette énormément."

Marc Mortureux, directeur général de l'Anses, estime pour sa part que la position prise par son agence est "médiane".

Dans ce dossier très technique aux implications économiques et sanitaires considérables, les soupçons d'ingérence industrielle sont fréquents. "L'agence britannique a partiellement justifié sa position par les effets financiers importants qu'aurait une classification plus large des perturbateurs endocriniens, mais elle ne devrait pas se préoccuper des implications commerciales de ses opinions scientifiques, estime M. Kortenkamp. Ce faisant, elle ne remplit pas sa mission qui est de protéger notre santé, pas de préserver les intérêts des industriels."

Le groupe de travail de l'EFSA va-t-il pencher du côté des agences britannique et allemande ? Catherine Geslain-Lanéelle, directrice de l'agence européenne, veut relativiser la portée du rapport qui sera rendu en mars 2013. "Nous devrons répondre à trois questions : sur la définition des perturbateurs endocriniens, sur celle d'un effet négatif, sur la capacité des tests toxicologiques actuels à les évaluer, indique-t-elle. Nous n'allons pas tout reprendre à zéro."

 Lire aussi La doctrine de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire est de plus en plus isolée 

Lire aussi Le troublant parcours d'un toxicologue suisse

 

Paul Benkimoun et Stéphane Foucart

 

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 21:50

 

Marianne - Jeudi 13 Décembre 2012 à 12:39

 

Clotilde Cadu et Emmanuel Lévy

 

Dans un rapport rendu public aujourd’hui, la Cour des comptes dénonce l’échec des politiques de lutte contre le tabagisme et pointe leur inefficacité : les Français continuent d’engraisser les cigarettiers, les buralistes... et les caisses d’un Etat supposé lutter contre les ravages de la nicotine ! «Marianne» l'a lu en intégralité. Extraits exclusifs.

 

(VALINCO/SIPA)
(VALINCO/SIPA)
La fumée repart à la hausse. Les Français sont addicts à la clope, et rien n’y fait. Ni le prix du paquet de cigarettes, qui a pratiquement doublé en dix ans, ni la loi antitabac, ni les avertissements sur les étuis. Les fumeurs fument toujours. Et de plus en plus. Les Français continuent d’engraisser les cigarettiers, les buralistes... et les caisses d’un Etat supposé lutter contre les ravages de la nicotine ! Tel est le triste constat que dresse la Cour des comptes dans un rapport sur les politiques de lutte contre le tabagisme présenté ce jeudi 13 décembre devant les députés.
 
« Cette recrudescence du tabagisme peut être mise en relation avec l’absence depuis plusieurs années d’une politique suffisamment volontariste et structurée pour inverser la tendance. Les acteurs sont dispersés, les initiatives ont été parcellaires et discontinues, les objectifs visés parfois contradictoires », commentait Didier Migaud, premier président de la Cour, jeudi matin devant les députés. L’Etat a failli dans sa mission d’assurer la santé publique, sous-entendu : les lobbies des cigarettiers et des buralistes sortent grands vainqueurs d’un bras de fer qui dure depuis des décennies.
 
Depuis 2005, la baisse des ventes de cigarettes amorcée au début des années 2000 (– 31,8 % entre 2002 et 2004) s’est interrompue. « La prévalence tabagique dans la population française a connu depuis cinq ans une remontée qui contraste avec sa baisse tendancielle de long terme comme avec les résultats de la politique plus vigoureuse conduite en 2003-2004 », écrit la Cour des comptes, très critique avec les politiques menées sous le quinquennat Sarkozy. En 2010, 29,1 % des Français fumaient quotidiennement, contre 27 % cinq ans auparavant. Les femmes, les jeunes et les précaires fument davantage, alors même que nos voisins européens écrasent leur dernier mégot.
 

 

Comment l'industrie du tabac a fait plier l'Etat

 

Le responsable de cet enfumage général ? L’Etat, lui aussi accro à la clope. En 2011, les ventes de tabac lui ont rapporté un magot de 15 milliards d’euros, alloués à… l’assurance maladie. Les hausses régulières des prix, à défaut d’inciter les fumeurs impécunieux à arrêter, sont une véritable réussite fiscale, apportant un peu plus d’argent dans les poches de l’Etat.
 
« Une telle affectation à la Sécurité sociale comporte des risques de fragilisation de la politique de lutte contre le tabac, note la Cour des comptes. Elle place l’équilibre des comptes sociaux dans la dépendance d’une ressource dont le niveau dépend du maintien de cette addiction, et par là même rend délicat l’arbitrage entre des objectifs financiers de rendement et des impératifs de santé publique. » Un comble ! La Sécu compte aujourd’hui sur les ressources du tabac, y compris pour lutter son ses effets néfastes.
 
« Si la France dispose en définitive d’un arsenal règlementaire très développé, supérieur à celui de bien d’autres pays, son efficacité est réduite du fait de l’absence de contrôles et de sanctions effectives […]. La crédibilité de l’ensemble des actions de lutte contre le tabagisme ne peut en être que gravement affectée […]. Elles nourrissent de fait une suspicion, diffusée notamment par les fabricants de tabac, sur la réalité des enjeux médico-économiques du tabagisme, allant même jusqu’a émettre l’idée que la contribution des fumeurs à la collectivité par le biais des taxes qu’ils acquittent serait supérieurs aux coûts qu’ils induisent», explique Didier Migaud. Joli tour de passe-passe des lobbies : réussir à faire passer le message que cloper est un geste civique, bon pour la santé des finances publiques ! A quand la sortie de crise par le mégot ?

 

D'après un sondage exclusif commandé par la Cour des comptes, 41% des Français interrogés savent qu'un fumeur a un risque sur deux de mourir d'une maladie liée au tabac. Seulement 30% des gros fumeurs (plus d'un paquet par jour) le savent.
D'après un sondage exclusif commandé par la Cour des comptes, 41% des Français interrogés savent qu'un fumeur a un risque sur deux de mourir d'une maladie liée au tabac. Seulement 30% des gros fumeurs (plus d'un paquet par jour) le savent.


Pourtant, depuis des années, l’Etat multiplie les actions antitabac. Mais sans concertation de l’ensemble des acteurs publics et sans pilotage. On ne compte plus les lois de santé publique, les plans cancer, les obligations, interdictions, prohibitions, mises en œuvre pour dissuader les candidats à la cigarette. Un arsenal répressif pléthorique... et théorique. Les contrôles publics sont quasi inexistants et les sanctions, peu dissuasives. Ainsi, officiellement, un buraliste n’a pas le droit de vendre de cigarettes à un mineur. Or, dans les faits, le marchand de tabac risque un contrôle de la Direction générale des douanes une fois... par siècle !
 
Officiellement, la publicité pour le tabac est interdite, mais les stratégies de contournement sont légion. Un cendrier jetable frappé d’un logo de cigarettiers et distribué sur les plages n’est pas de la propagande : c’est un objet qui satisfait à des exigences environnementales !
 
Plus grave que leur laxisme, les pouvoirs publics ont abandonné toute prévention. Les responsables à temps plein de la lutte contre le tabagisme dans les organismes de santé publique se comptent sur les doigts d’une main. Les dépenses en la matière ne dépassent pas la centaine de millions d’euros par an.
 
En 2011, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes), principal contributeur financier (où seulement trois équivalents temps plein travaillent sur le tabac), y consacrait 8,4 millions d’euros, soit 44 % de moins qu’en 2003. A titre de comparaison, 55 millions d’euros ont été alloués à la lutte contre l’insécurité routière, qui cause 20 fois moins de décès (4 000 contre 73 000) !
 
A la Direction générale de la santé, aucun agent du bureau des addictions ne travaille à temps plein sur la problématique du tabac, souligne la Cour des comptes. Quant à l’Institut national de veille sanitaire (INVS), aucun programme spécifique au tabagisme n’y est mené. Résultat : personne n’est capable d’établir les coûts du tabac pour la collectivité.
 
Un brouillard général qui fait les affaires des industriels du tabac, ravis de dénoncer la « fabrication d’un chiffre », mais qui coûte cher à l’Etat. Les buralistes se frottent aussi les mains. Entre 2004 et 2011, 2,6 milliards leur ont été versés pour compenser les pertes liées à la baisse de la consommation de tabac. Un bel effet d’aubaine pour les marchands qui non seulement n’ont pas vu les ventes fléchir, mais en plus se sont fait subventionner ! « La hausse des prix du tabac, conjuguée à l’arrêt de la baisse des ventes depuis 2005, s’est cependant traduite par une hausse des rémunérations moyennes des débitants, hors aides publiques, de près de 54 %, de 2002 à 2011, remarquent les magistrats de la Rue Cambon. Aides publiques comprises, la progression a été de 70 %, à comparer à une inflation de l’ordre de 20 % sur la période. »
 
Les Français, eux, ont de quoi faire grise mine, dans tous les sens du terme. A la demande de la Cour des comptes, la Caisse nationale d’assurance maladie a estimé que l’ensemble des dépenses de Sécu imputables directement au tabac atteignait au minimum 12 milliards d’euros... Presque autant que ce que rapporte la fiscalité du tabac, si ce n’est plus. C’est ce qui s’appelle du perdant-perdant (à moins d’être un industriel du tabac). Il est donc urgent de remettre un pilote à la barre de la lutte contre le tabagisme, grande oubliée de la dernière décennie.
 
S’il a l’allure d’un faire-part de deuil pour notre santé, ce rapport de la Cour des comptes rend en creux un bel hommage à l’efficacité du lobbying des cigarettiers et des buralistes. 


Sondage commandé par la Cour des comptes :
«Les Français, l'impact du tabac sur la santé et les mesures publiques s'y rapportant»
(Echantillon de 1004 personnes, de 15 à 60 ans) (*A lire sur le site de Marianne)

 

 

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 22:55

 

Pourquoi la CIMADE a raison de râler

 

Marianne - Blog  - Rédigé par Juan S. le Mercredi 12 Décembre 2012 à 10:00

 

La défense des sans-papiers s'invite à nouveau dans le débat public. Et des plus désagréables des façons qu'il soit. Les services techniques du ministère de l'intérieur ont transmis une note provisoire encadrant le prochain appel d'offre relatif à la « fourniture de prestations d'accueil, information et soutien aux étrangers maintenus en CRA». En d'autres termes, l'aide aux sans-papiers par les associations humanitaires dans 8 zones administratives.

Seulement voilà, le texte fait scandale.

 

Pourquoi la CIMADE a raison de râler


 
Rappelez-vous
Il y a quelques années, en 2008, Brice Hortefeux puis Eric Besson avaient tenté de limiter le rôle des associations humanitaires par le biais le plus simple: création de lots géographiques bien distincts  pour remettre en cause la place prépondérante de la CIMADE, puis appel d'offre avec quelques candidatures bidon pour semer la division, définition de conditions d'exercice de leur mission plus difficiles (dont l'interdiction de concertation entre associations).
 
En novembre 2009, la CIMADE avait aussi publié un bilan détestable des conditions de rétention: 230 enfants détenus en CRA (parmi plus de 50.000 clandestins retenus), et un coût des expulsions qui se chiffrait à 533 millions d'euros (2008)
 
L'affaire avait duré, au point de se terminer devant un tribunal administratif, au grand dam de l'ancien ministre de l'Identité nationale. Les 8 lots avaient finalement été répartis entre 6 associations, mais le ministère de l'identité nationale leur interdisait de se concerter.
 
Trois années ont passé, l'alternance politique est là, le sinistre ministère identitaire n'a même pas survécu à Nicolas Sarkozy lui-même. Mais la politique migratoire fait encore débat. La destruction de camps illicites de Roms, rapidement instrumentalisée de toutes parts, a créé la polémique. La clarification des conditions de régularisation des immigrés par Manuel Valls n'a pas séduit les associations humanitaires. L'attente du vote (constitutionnel) du droit de vote des étrangers aux élections locales a suscité des remous. Et quelques cas d'expulsions, plus rares si l'on en croit la fréquence des alertes de RESF mais souvent symboliquement très chargés, continuent de défrayer certaines chroniques. Voici que tombe cet autre sujet, sacrément structurant pour l'accueil, le soutien et la défense des sans-papiers dans ce pays.
 
Ce qui cloche
Sous la plume de Carine Fouteau, Mediapart en avait publié quelques points dès lundi soir. La CIMADE a publié un communiqué plus complet quelques heures plus tard. Rappelons que le texte transmis est un document provisoire, issu des services techniques du ministère (dixit Mediapart). Un texte qui est négociable, et sur lequel, d'ailleurs, Mediapart promet « un nouveau bras de fer entre l’État et les associations concernées ». Une version synthétique des différents thèmes de l'appel d'offre est librement accessible. Voici ce qui heurte, à juste titre.
 
1. Les moyens financiers alloués à cette mission de soutien seraient peut-être en baisse, de 20% évoque France Terre d'Asile citée par Mediapart. Mais l'évaluation définitive reste à faire, conviennent les associations interrogées. La charge de certaines prestations demandées serait augmentée. Et le ministère ne prévoit aucune baisse du nombre de personnes enfermées dans les centres de rétention en 2013, regrette la CIMADE. Mediapart mentionne aussi que les horaires de présence, « variant d’un CRA à l’autre en fonction du nombre de “retenus” sont par exemple élargis.»
 
2. Le durcissement des conditions d'exercice du soutien aux sans-papiers est dénoncé par les associations. Dans un communiqué publié mardi 11 décembre, la CIMADE dénonce les contraintes suivantes: (1) « prévenir les chefs des centres de rétention, dès qu’une des personnes enfermées qu’elles accompagnent, osera déposer un recours », (2) « les personnes étrangères enfermées ne pourront plus s’entretenir avec les associations accompagnées d’un co-retenu de leur choix, ce qu’elles souhaitent pourtant très fréquemment ».
 
3. La critique porte enfin sur un détail qui a son importance, au moins symbolique, une nouvelle disposition sur un devoir de discrétion sous peine de pénalité: « Une pénalité de 500 euros sera appliquée pour chaque manquement aux obligations contractuelles », telles que « le non-respect du principe de réserve et de l’obligation de discrétion ». La CIMADE évoque, sans les nommer, « de nombreuses autres conditions que devront remplir les associations, sous peine d’être sanctionnées ».
 
Notons enfin que ce texte fait visiblement hurler les intéressés (la CIMADE réclame son retrait) mais il n'est pas communiqué, pas même par Mediapart. 
 
Pour être complet, il faudrait ajouter deux éléments, tout autant déterminants. 
 
Primo, Manuel Valls a décidé de supprimer l'aide au retour, ce pécule subventionné pour inciter les clandestins à retourner chez eux. Une aberration financière qui donnait bonne conscience à l'ancienne Sarkofrance. Secundo, le ministre a annoncé quelques mesures d'urgence pour soulager/améliorer les conditions de rétention (indignes ) à Mayotte. Derrière les cas dénoncés par RESF en France se cache un autre scandale depuis des lustres : une belle fraction des expulsions annuelles de sans-papiers se réalisent entre deux îles à des milliers de kilomètres de la métropole: Mayotte (françaises) et les Comores.  Déjà sous Sarkozy nous dénoncions l'imposture des statistiques de l'ancien régime, entre 15 et 17.000 expulsions annuelles se logeaient à Mayotte, (et près de 22.000 clandestins retenus ), une situation excessivement locale qui n'avait pas grand chose à voir avec le mythe de l'invasion de clandestins dans nos campagnes de métropoles véhiculées par quelques sbires de l'extrême droite copéiste.
 
Rappelez-vous.

 

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