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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 19:26

 

La mauvaise nouvelle était attendue, elle n’en est pas moins douloureuse. Le bilan de l’année 2012 est catastrophique pour l’industrie automobile française. Mercredi 2 janvier, le comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) a présenté les chiffres des douze derniers mois, et il est peu de dire qu’ils sont mauvais. En un an, les immatriculations de voitures neuves se sont effondrées de 13,9 % dans l’Hexagone. Elles sont passées sous la barre de 1,9 million, soit le plus bas niveau depuis 1997. Sur la même période, le marché anglais a progressé de 5 % et l’Allemagne a limité la casse avec une baisse de moins de 2 %. En France, la chute est particulièrement brutale pour les champions nationaux : Renault accuse une dégringolade de 22,1 % (marques Renault et Dacia confondues), et PSA Peugeot Citroën une baisse de 17,5 %.


Lire ici les chiffres complets des constructeurs :

 Automobile : les chiffres 2012 du CCAF

*visibles sur le site de Médiapart ou en suivant ce "link"

 

Conséquence logique de ce coup de massue : les groupes français ont vu leur part de marché en France baisser de 56,1 % à 52,5 % en un an. Les marques étrangères, elles, chutent aussi sur le territoire, mais de façon beaucoup moins marquée : - 6,7 % en moyenne, dont seulement - 5,1 % pour le numéro un européen, l’allemand Volkswagen. Du côté de la Bourse, les résultats sont tout aussi mauvais pour les Français. En cinq ans, la capitalisation de PSA a été divisée par 6, et celle de Renault, « sauvée » par les 43 % de Nissan détenus par le groupe, a tout de même été réduite de moitié.

Comment expliquer ces chiffres ? Bien sûr, les constructeurs français font face à la crise qui frappe l’Europe depuis 2008. Elle est généralisée : cela fait six ans que le nombre de voitures neuves vendues baisse dans l’Union européenne, tombant à son plus bas niveau depuis 1993 (12 millions de ventes, selon Fitch Ratings). Et puis, ils subissent le contrecoup de la prime à la casse, qui, de décembre 2008 à mars 2011, a boosté les ventes, mais a aussi poussé les consommateurs à anticiper le renouvellement de leur véhicule. Mais ces explications sont loin d’être suffisantes. Et les causes de fond de cet écroulement laissent entrevoir peu de portes de sortie pour les années à venir. Les professionnels eux-mêmes le disent. Le CCFA a indiqué à l’AFP s’attendre « à un marché 2013 au mieux comme celui de 2012 ». Et il y a un mois, le président du comité, Patrick Blain, prévoyait déjà une dégradation pour l’an prochain, tout en tentant de tempérer le pessimisme : « On ne voit pas le marché se redresser mais on ne le voit pas s'enfoncer de la même façon. »

Autant dire que la solution n’est pas à portée de main. Car les constructeurs français pâtissent avant tout de leur positionnement « généraliste », centré sur les voitures de gamme moyenne, du type « compactes » pour reprendre le jargon du milieu. Un créneau qui représente certes les trois quarts du marché, mais qui est aussi de loin le plus encombré, et le moins rentable. Les constructeurs généralistes sont « pris en tenailles entre les véhicules d’entrée de gamme fabriqués dans des pays à coûts salariaux plus faibles (Europe centrale et orientale, Espagne, Portugal, Afrique du Nord) et la domination de constructeurs allemands positionnés sur le haut de gamme », constatait fin octobre dans un rapport sans fard sur le secteur automobile le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

 

La quête du haut de gamme, fausse bonne idée ?

Autrement dit, les voitures françaises sont chères. Mais si leur prix reste inférieur à leurs concurrentes haut de gamme, notamment allemandes, la qualité perçue par les acheteurs ne suit pas. « Toutes les marques généralistes reculent, tandis que celles haut de gamme se maintiennent », constate le CCFA. Et ce qui vaut pour les Français vaut pour les autres : les marques américaine Ford, allemande Opel (propriété de l'américain General Motors), espagnole Seat (groupe Volkswagen) et italienne Fiat, toutes sur le même créneau que Renault et Peugeot, baissent fortement, de 18 % à 23 % sur le marché français. En regard, les performances de Mercedes (+ 5,3 %), Audi (+ 4,7 %) et BMW (+ 2,3 %) sont exceptionnelles.

Face à ces chiffres, la tentation pour les Français est forte de suivre leurs homologues allemands. Interrogé sur la baisse des ventes dans Le Monde le 20 décembre, Philippe Varin, le président de PSA, indiquait qu’il comptait malgré tout maintenir les revenus du groupe. Façon détournée de dire qu’il compte sur une élévation des prix pour compenser les mauvaises performances commerciales. « Dans la tempête, le groupe continue à avancer en montant en gamme », déclarait-il, un rien cryptique. Cette stratégie est sans doute la seule que le groupe puisse suivre dans l’immédiat, mais elle est risquée. Pour une raison simple : vu leur prix, les Français achètent de moins en moins de voitures neuves ! Comme le rappelle sur son blog Stéphane Lauer, du Monde, il y a trente ans, plus de 55 % des voitures étaient achetées neuves. Aujourd’hui, on dépasse difficilement les 41 %. Tous les ans, il se vend environ 5 millions d’occasions en France. Largement deux fois plus que de véhicules neufs…

Il existe donc une autre voie, évidente au vu des performances du groupe coréen Hyundai-Kia cette année : celle de la baisse des prix. Avec ses tarifs très serrés et ses longues garanties (5 à 7 ans), les deux marques du Coréen s'envolent de 28,2 %. Sa part de marché a quasiment triplé en un an. Évidemment, les ventes sont encore très modestes : un peu plus de 52 000 voitures en 2012, alors que le modèle le plus populaire en France, la Clio de Renault, s’est vendu presque 119 000 fois ! Mais l’engouement est évident, et probablement durable. C’est d’ailleurs un des paris de Renault, qui a lourdement investi dans sa filiale low cost Dacia. Un choix qui lui a permis de limiter la casse : alors que les ventes de voitures Renault ont chuté de 24,7 % en 2012, les Dacia ont baissé de « seulement » 9,2 %. Et le groupe bichonne ce secteur d’entrée de gamme : après le lancement récent d’une voiture familiale, Dacia commercialisera cette année deux modèles rénovés. Renault, pour sa part, n’a lancé sous sa marque qu’une seule nouveauté depuis 2009, la Clio IV.


Rapport sur la filière automobile 
Rapport sur la filière automobile© CESE

 

Mais le succès de Dacia est aussi un problème pour le groupe Renault. Ces voitures low cost, construites hors du territoire, étaient censées irriguer principalement le marché international, des pays en développement ou au pouvoir d’achat plus faible que la France. C’est notamment dans cette logique que Renault a investi dans nombre d’usines à l’étranger : Roumanie, Maroc, Brésil, Russie, et une toute nouvelle implantation en Algérie, inaugurée lors du voyage de François Hollande en décembre. Problème, selon le CESE : les voitures construites à l’étranger se vendent assez mal… et sont finalement « exportées » vers la France ! « Là où les sites slovaques, polonais ou slovènes étaient initialement prévus pour répondre à la croissance locale des marchés, force est de constater l’insuffisance de leur développement aboutissant à des exportations vers les marchés d’origine des constructeurs européens, souligne le Conseil. Ces choix stratégiques, contestés par les organisations syndicales, comportaient selon elles un risque de réimportations susceptibles de cannibaliser la production nationale. Ceci s’est produit. »

La Chine produira plus de voitures que l'Europe en 2013

Dit autrement, et brutalement, les usines françaises de Renault et Peugeot font de plus en plus « doublon » avec leurs cousines à bas coût. Résultat, la production hexagonale baisse inexorablement. Selon Le Monde, le nombre de véhicules produits sur le territoire a été divisé par deux en dix ans : 1,6 million en 2012, contre 3,2 millions en 2003... Les taux d’utilisation des douze usines françaises tourneraient désormais entre 50 et 60 %, alors qu’on estime généralement le seuil de rentabilité à 70-80 %. On comprend mieux les difficultés récurrentes de l’industrie. Difficultés qui ont un lourd retentissement dans le pays. Selon le CESE, la filière automobile représente 700 000 emplois directs en France. Et les perspectives sont moroses. Les équipementiers automobiles, après avoir selon eux supprimé 10 000 emplois par an en France entre 2008 et 2010, avaient bénéficié d’une légère accalmie en 2011, avec « seulement » 3 000 postes en moins. Mais l’hécatombe a repris en 2012, avec au moins 6 000 suppressions de postes.

Et le symbole des mauvaises nouvelles qui s’accumulent est bien sûr à chercher chez PSA. En juillet, le groupe a annoncé un plan de suppression de 8 000 postes, incluant la fermeture de son site d’Aulnay-sous-Bois en 2014. Le groupe est très mal en point. Cherchant désespérément à se sortir de la nasse et à trouver un partenaire à l’international, il a annoncé début 2012 un projet ambitieux de coopération avec General Motors. Mais les points d’accord présentés le 20 décembre sont finalement assez maigres : d’ici 2016, Peugeot, Citroën et Opel (la marque allemande de GM) vendront cinq véhicules construits sur les mêmes plates-formes. Mais la coopération ne se fera pas pour un véhicule haut de gamme, comme l’espérait le Français. Et surtout, GM le laisse à la porte des marchés internationaux où il est très bien implanté, notamment au Brésil, mais surtout en Chine, où le constructeur américain domine la concurrence (Renault y est plutôt bien présent, grâce à son partenaire Nissan, mais PSA en est quasiment absent).

L’entrée dans les pays émergents, où il est à la peine, est pourtant un point crucial pour PSA, comme pour tous les constructeurs. En effet, si le marché auto européen plonge (- 25 % entre 2007 et 2012), les ventes mondiales, elles, battent record sur record. Désormais, tout se joue loin du vieux continent. Le Brésil absorbe 5 % des ventes mondiales, autant que l’Allemagne. Et la Chine représente désormais presque 25 % du marché mondial ! Pour la première fois, en 2013, les usines automobiles installées en Chine devraient produire plus de véhicules que celles installées en Europe, selon le Financial Times. Et la tendance risque de s'accélérer : de nouvelles usines doivent ouvrir en Chine, alors que l'Europe doit en fermer au moins cinq d'ici 2016. La chute des constructeurs français n’est malheureusement pas terminée.

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 18:47

 

 

 Marianne - Edito

 Mardi 1 Janvier 2013 à 05:00

 

Jacques Julliard - Marianne

 

 

Congrès de Toulouse du Parti Socialiste, octobre 2012
Congrès de Toulouse du Parti Socialiste, octobre 2012

Quel est l'événement politique le plus important de l'année écoulée ? On voudrait pouvoir écrire que c'est l'élection, le 6 mai dernier, de François Hollande à la présidence de la République. Ce sera peut-être le cas, mais il est encore trop tôt pour le dire. En politique, on ne sait jamais à l'avance de quoi hier sera fait.

En attendant, ce qui domine l'année, c'est la dégradation inouïe de nos mœurs politiques. Mensonges, truquages, corruption ont fait notre quotidien. Marianne s'en faisait l'écho récemment, et Michel Rocard, à sa manière franche et désabusée, n'y allait pas par quatre chemins, affirmant que le mensonge fait, en somme, partie intégrante de notre vie politique.

Voyez, par exemple, le jeu pervers auquel se livrent l'électeur et le candidat à chaque échéance importante. Le premier fait monter les enchères au maximum avant de se décider, tandis que le second finit par laisser échapper des promesses qu'il sait ne pas pouvoir tenir : c'est le prix à payer pour l'élection. Une fois celle-là acquise, nouveau changement de rôle : l'électeur, le crayon à la main, coche les cases des programmes déjà remplies et tempête en constatant les vides.

Ou bien on agite de purs symboles, tels la célèbre tranche d'impôt à 75 % pour les revenus de plus de 1 million d'euros, effet électoral énorme, incidence financière quasi nulle, effet Depardieu garanti.

Quelle entreprise, quelle association, quelle institution tendrait longtemps à pareil jeu de bonneteau ? Aussi longtemps que la démocratie électorale reposera sur des promesses, et non sur un contrat entre l'électeur et l'élu, elle ne sera rien d'autre qu'un jeu infantilisant, digne des monarchies de bas empire.

Mais il y a encore plus grave : il y a l'imposture permanente du microcosme et la scène politique transformée en caverne d'Ali Baba. Les derniers dirigeants des deux partis les plus importants de ce pays, le PS à gauche, l'UMP à droite, doivent leurs fauteuils à des impostures, à des truquages. Le scrutin de Reims (novembre 2008) qui vit l'«élection» de Martine Aubry au détriment de Ségolène Royal fut brigandage, personne, aujourd'hui, n'en doute ; cependant que c'est un authentique champion de la grande truanderie, Jean-François Copé, qui, pendant la plus grande partie de l'année 2013, va présider aux destinées de l'UMP.

Et que dire de ces séances surréalistes, dignes du Parrain, de Francis Ford Coppola, où les représentants des principales écuries présidentielles, désignés par antiphrase du nom de «poètes», se partagent les places, le pistolet sur la table, au comité directeur du Parti socialiste ?

Que dire de ce même parti, à Marseille, où des notables aux prises avec la justice continuent de faire la loi et décident des majorités ? Nous sommes tellement habitués au fonctionnement mafieux de nos organisations politiques que nous ne songeons même plus à nous en scandaliser.

Ce sont pourtant ces officines vérolées qui donnent naissance aux divers pouvoirs de la République, ceux qui font la loi, lèvent l'impôt, administrent la justice, dispensent l'instruction et la morale, font régner l'ordre et disposent de la police. A défaut d'autre raison, une telle indignité à la tête de l'Etat suffirait à expliquer la persistance des populismes, à l'extrême gauche et surtout à l'extrême droite.

Les remèdes ? Ils existent et ils sont simples, mais, comme leur adoption dépend exclusivement de ceux auxquels ils sont censés s'appliquer, il n'y a aucune chance qu'ils soient mis en œuvre.

C'est pourquoi la mesure la plus simple et la plus élémentaire, à savoir l'interdiction stricte de tout cumul des mandats, ne sera pas votée : je tiens le pari. Mais, si l'on veut aller plus loin, si l'on veut lutter efficacement contre cette professionnalisation de la vie politique qui est incompatible avec la démocratie, il faut empêcher que quelques milliers de personnes vivent, leur vie durant, de la politique.

Jacques Chirac a passé son existence entière dans les palais de la République ; jamais il n'en est sorti ; jamais il n'a exercé une profession, jamais de sa vie il n'a payé un repas de sa bourse. C'est un exemple typique ; mais la plupart de nos hommes et de nos femmes politiques vivent sur le modèle breveté Chirac.

Il est pourtant une mesure qui permettrait de mettre fin à cette situation anormale : l'interdiction de se présenter deux fois de suite à la même fonction. A ceux qui rétorquent rituellement qu'une telle règle priverait les assemblées de l'«expérience» indispensable, je réponds : c'est une blague.

Les seules assemblées qui ont réformé la France et ont établi les lois que nous respectons étaient faites d'hommes neufs, et «inexpérimentés» : témoins, la Constituante de 1789, l'Assemblée nationale de 1848, la Commune de Paris, les assemblées de 1945-1946.

Car, si l'élection est l'honneur de la démocratie, la réélection est son fléau. Le souci de la réélection est à la base de toutes les lâchetés, de toutes les faiblesses, de toutes les capitulations. Vous voulez la démocratie, dites-vous, vous voulez l'égalité ? Alors, organisez la rotation des citoyens au pouvoir ! Pour que la vie politique soit quelque chose pour tous, il faut qu'elle cesse d'être tout pour quelques-uns.

 

 

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 18:31

 

 

 

 

C’est Jean-Pierre Mignard qui exhorte ainsi le gouvernement et sans doute aussi le Président à faire une vraie réforme judiciaire (Médiapart). « Promesse de modifier la loi statut des parquets... Allez! courage ! » Cela ne vaut-il pas pour beaucoup des actions gouvernementales?

Au moment où j’écris, le « retoquage » par le Conseil Constitutionnel de la taxation exceptionnelle à 75%  fait beaucoup causer. Trop sans doute par rapport à la mesure elle-même, équivoque, maladroite et surtout assez inefficace. Certes, elle apparaît presque comme un acte manqué, un désir inavoué que ça ne puisse se faire; même si le Premier ministre annonce d’ores et déjà une nouvelle disposition en 2013.Incompétence disent certains, une « improvisation fiscale consternante » selon Piketty (Libé 31 décembre). C’est bien l’impression que tout cela donne.

Ce gouvernement, constitué pour mettre en oeuvre un projet de justice et de lutte contre la financiarisation, ne cesse de pratiquer la reculade. Les  promesses ne sont pas tenues. Certes, certaines propositions sont formellement réalisées mais beaucoup sont vidées de leur sens, non efficaces, parce que toujours marquées d’un consensus inopérant. La société française a besoin d’actes forts, ce qui ne veut pas dire forcément extrèmes. Est-ce « frileux » comme on le dit? Sont-ce des petits pas  ou bien une idéologie sous « influences »? Plaire à tous, faire des compromis, y perdre des plumes, satisfaire quelques-uns?

D. Cohn-Bendit pense (29 déc Libé) que la France est  dirigée par 60 énarques, qu’il faut redonner son rôle  à  l’Assemblée Nationale. Pour plusieurs des mesures prises, « qui a eu son mot à dire? » se demande-t-il à juste titre. Le 5 décembre Libé titre à propos du Président : « 4 nuances de rose ». Est-ce encore vraiment rose?

 

Le CICE est un trou d’air, une  » usine à gaz » dit Piketty, encore. Des  députés demandent en vain un minimum de conditionnalité sans laquelle toutes les combines et tous les détournements sont possibles. Est-ce trop?

La réforme fiscale, franchement, est a minima. « Les réformes fiscales n’ont corrigé les inégalités fiscales que de manière infime » ici aussi. C’était prévisible. Prévisible dès la campagne, dans le choix et l’orientation idéologique. « Qu’en 2013, la gauche renonce aux rustines symboliques pour enfin mettre en œuvre une grande réforme fiscale redistributive. En cette année sans élection, c’est le moment ou jamais » dit Sylvain Bourmeau.

Mittal. Montebourg encore une fois renvoyé dans ses cordes. Déjà le désaccord à Bercy par rapport à la  BPI; ah oui, la BPI qui chavire, tant les conseils privés de Lazard semblent mettre des bâtons dans les roues au pouvoir des Régions, un projet « frileux » dit JJ Queyranne. Montebourg, pas critiquable d’avoir voulu essayer  (cf Heuliez/SRoyal). Mais la vision juste et efficace, d’avenir, n’est -elle pas de s’interroger sur la viabilité  de la  sidérurgie, et plutôt de favoriser l’ industrie « verte »?   »Favoriser l’éclosion d’entreprises nouvelles, en particulier écologiques » ici et ici. Il faut pour cela du courage politique.  DCB Libé 29 déc. : « On ne protège pas les salariés en maintenant des sites qui n’ont pas d’avenir ».

 

Réforme bancaire et ici. Un pocco ma non troppo. moins que USA; que GB. Laissons  les banques s’arranger de leurs fonds spéculatifs. Je ne veux pas que mon argent, celui de mon travail, serve à la spéculation…Mais pas de class-action en France! « Privilégier le consensus bancaire sauvera-t-il seulement le compromis social et démocratique? » interroge Cynthia Fleury (Libé jeudi 27 déc.) rappelant les fortes paroles de Roosevelt en 1936 « lutter contre monopole industriel et financier, spéculation, banque véreuse.. » loin  de la position de P. Moscovici « Partout je privilégierai le consensus »..

Ont-ils un tant soit peu notion de la logique des conséquences tous nos gouvernants? Voient-ils que beaucoup sont déçus, ou bien en colère, ou bien désabusés? Certes la société française est une société bloquée, à la fois généreuse parfois, mais aussi tellement réactionnaire, confite dans ses habitudes, clanique, belliqueuse, envieuse du voisin. Chacun se crispe souvent sur ses idéologies, ses certitudes; on voit bien la difficulté structurale à gouverner, à réformer, (pour exemple la tâche quasi impossible de « transformation » pourtant nécessaire de l’Education Nationale). Mais cependant on  note  une incohérence. Un arrangement permanent. Des compromis insupportables, là où il faudrait savoir trancher. JM Ayraut  était pourtant un homme appréciable et apprécié  à Nantes. Est-il empêché? Est-il trop contraint par une stratégie présidentielle sous influence? Vraiment je le crois. Ces calculs élyséens que l’on devine, qui sont sans doute aussi la marque personnelle subjective du Président ne valent rien de bon. Ils pourraient être dangereux, ne donnent pas le cap.

N’oublions pas les amitiés qui durent, Bauer, Valls, Fouchs. Allez ajoutons Moscovici et Cahuzac, et aussi le Directeur du Trésor qui est resté en place après Sarkozy. Cahuzac, je n’en parlerai pas, juste dire qu’on ne gagne rien à ne pas vouloir à toute force dire ou rétablir la vérité. On peut faire le mariage pour tous, (dieu que c’est difficile !), on peut s’occuper des femmes dans tous les registres, avec volontarisme,  et c’est tant mieux, (attention tout de même à ne pas vouloir légiférer sur le tout de la vie privée, de l’éducation, de la différence des sexes; des nécessités parfois de faire sa petite névrose infantile). On peut faire contrats d’avenir, ( contrats aidés cependant, quid de l’apprentissage?), de génération, vouloir avec obstination légitime bouger la chose médicale, etc..c’est tant mieux. Mais l’ossature, l’axe, quels sont-il? Les cordons de la Bourse, les Finances…DSKiste, libéral,teinté de  policier? Qui commande?

Le Président veut-il jouer son florentin, lui qui s’est si spectaculairement identifié à F. Mitterrand? Jouer les uns contre les autres, lui qui veut « rassembler »? Certes la différence de points de vue est souvent une bonne chose, mais encore faut-il savoir en user avec talent. F. Hollande ne semble pas à la hauteur de l’art de F.Mitterrand. Trop identifié sans doute… »Faites comme moi, ne m’imitez pas » disait Lacan..L’époque est différente. La crise est là, mondiale. « Crise du capitalisme dérégulé et de l’effondrement organisé des ressources publiques » (Cynthia Fleury voir supra). Cette « crise » qui à force de durer n’a plus grand chose d’une crise, qui est dans sa définition même moment du choix, du changement certes, mais au sens de la décision, de l’Acte. Pas grand chose à voir avec le compromis à outrance, qui ne donne pas l’impression à nombre d’entre nous que l’on prend le bon embranchement.

De F. Hollande (LCP) une phrase : « ça peut toujours se retourner » dans la vie. Signe d’une angoisse que ça rate, ou d’une angoisse que ça réussisse? Ou les deux? Alors ça peut être l’immobilité, un coup ici un coup là. Et les actes manqués bien sûr.

Le Président vient de présenter ses voeux à la nation. « Concilier » compétitivité/solidarité, performance/protection, réussite/partage; concilier/réconcilier. Encore une fois le Président est un Homme de réconciliation.. L’un et le tous en fait.  Cette construction dualiste aux bords de l’impossible, est-ce sa vision politique ou bien un artifice de communication? Y croire, le croire, croire à sa détermination. Cependant….

P-S Cette rumeur de « retour » de Ségolène Royal au gouvernement comment l’entendre? Un désir plus ou moins conscient de tous pour lui donner sa juste place? Venant de ses « proches » sans nul soute. Mais gare! Ne pas servir de caution pour tout ce qui ne va vraiment pas dans le bon sens. Ou alors   »chef  » de l’orientation. Ce qu’elle fait d’excellent dans sa Région ne pourrait être mis en oeuvre en étant ministre de quoi que ce soit, puisqu’elle devrait être solidaire de la politique gouvernementale (pour le meilleur et le pire). Je crains que sa vertueuse nécessité de servir, alliée à une légitime envie d’ »exister » davantage, ne la conduise à venir se « compromettre » (oui bien sûr le mot est fort j’en conviens) dans un gouvernement qui ne fait pas à mon sens pour l’heure ses « bonnes » preuves.

Tous mes voeux à toutes et tous pour un destin collectif apaisé, généreux, respectueux des libertés de chacun, plus juste dans son partage. Pour tout le reste, à chacun sa vie et son destin.

 

 

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 17:58

 

 

 

 

Les esprits étaient bien préparés : 2013 serait l'année de tous les dangers et de tous les efforts pour les Français. François Hollande l'a confirmé ce lundi soir à l'occasion de ses premiers vœux en tant que président de la République. Un président affable sans être totalement souriant, grave sans être totalement pessimiste, et qui se plie de bonne grâce à cette « belle tradition » des vœux. Pour le reste, beaucoup de confirmations, et peu d'annonces. 

Confirmer le tournant social-libéral, très éloigné de la campagne électorale, impulsé cet été, d'abord et surtout. En témoignent les « trois décisions majeures » prises lors de ce semestre, sur lesquelles François Hollande a beaucoup appuyé : le « rétablissement des comptes publics », le pacte de compétitivité de 20 milliards d'euros offert aux entreprises, et, enfin, la « maîtrise de la finance ». Même si, pour ce dernier point, le bilan risque au final d'être bien plus mitigé.

Car sur ce dernier chapitre, Hollande cite la Banque publique d’investissement – dont les conditions de création et les moyens sont loin d'être exemplaires (lire ici) –, la prochaine loi bancaire (lire ici) – dont on a vu qu'elle était a minima – et la taxe sur les transactions financières, qui « sera introduite au niveau européen dès l’année prochaine » mais qui de fait traîne en longueur (lire ici).

Au rang des autres réalisations vantées par François Hollande, on notera la « justice fiscale » alors même que ces premiers mois marquent surtout un recul par rapport aux ambitions initiales (lire ici), sans parler du dernier épisode de la taxe à 75 % retoquée par le Conseil constitutionnel pour laquelle François Hollande a entretenu le flou lundi soir ; la « justice sociale », dans laquelle le président fait rentrer la hausse du Smic (lire ici!

Mais pour 2013, promet François Hollande, « toutes nos forces seront tendues vers un seul but : inverser la courbe du chômage d’ici un an. Nous devrons y parvenir coûte que coûte ».

Outre le pacte de compétitivité, les emplois d'avenir et les contrats de génération, le chef de l'État mise beaucoup sur les négociations en cours entre les syndicats et le patronat, qui devaient prendre fin en décembre mais qui se poursuivront en janvier. L'objectif, a rappelé François Hollande, sera certes de « donner plus de stabilité aux salariés » mais aussi « plus de souplesse aux entreprises ». « Bref, a insisté François Hollande, conjurer une double peur : la peur du licenciement pour les travailleurs, la peur de l’embauche pour les employeurs. » Le chef de l'État reprend donc la vieille antienne patronale de la peur d'embaucher. Au reste, les syndicats ne sont pas partis pour conclure un accord et l'exécutif s'apprête déjà à passer par la loi (lire ici sur BFMTV).

Côté annonce, une réflexion demandée à Jean-Marc Ayrault qui devra « proposer une stratégie d’investissements publics comme privés pour moderniser la France à l’horizon 2020 ».

L'année 2013 s'annonce donc dure pour les Français. Elle risque bien de l'être aussi pour les socialistes et pour la gauche.

 


 

Le texte de l'allocution envoyé par l'Élysée :

Mes chers compatriotes,

Fidèle à une belle tradition, je présente à chacune et à chacun d’entre vous mes vœux les plus chaleureux pour la nouvelle année.

En mai dernier, vous m’avez confié la tâche de conduire notre pays dans un moment particulièrement grave. Avec une crise historique, un chômage qui progresse implacablement depuis près de 2 ans et une dette record. 

Je n’ignore rien de vos inquiétudes. Elles sont légitimes. Et je n’entends pas vous dissimuler les difficultés qui nous attendent. Elles sont sérieuses.

Mais ce soir je veux vous dire ma confiance dans notre avenir : la zone euro a été sauvegardée et l’Europe a enfin mis en place les instruments de stabilité et de croissance qui lui manquaient. Ce résultat semblait, il y a encore 6 mois, hors de portée. Il a été atteint. 

Ma confiance, elle est surtout dans la France. Je connais le talent de nos entrepreneurs comme de nos salariés. Mon devoir, mon premier devoir, mon seul devoir, c’est faire que notre pays avance et que notre jeunesse retrouve espoir.

C’est pourquoi, j’ai pris, depuis mon élection, avec le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, trois décisions majeures.

La première, c’est le rétablissement de nos comptes publics. Je veux désendetter la France. Un effort a été demandé. Je sais ce qu’il représente après déjà tant d’années de sacrifices. Je vous assure que chaque euro prélevé sera accompagné d’une lutte drastique pour réduire les dépenses publiques inutiles. L’argent des Français est précieux.  Chacun d’entre vous le gagne durement. Il doit donc être au service d’un Etat exemplaire et économe.

La deuxième décision, c’est le pacte de compétitivité. Je veux redonner, dès 2013, des marges de manoeuvre aux entreprises grâce à un crédit d’impôt de 20Mds euros pour leur permettre d’embaucher, d’investir et d’exporter.

La troisième, c’est la maîtrise de la finance : la Banque publique d’investissement est créée, la prochaine loi bancaire nous préservera de la spéculation et la taxe sur les transactions financières sera introduite au niveau européen dès l’année prochaine.

Cette marche en avant ne s’est pas faite sans soubresaut ni contretemps. J’en conviens. Mais le calendrier que j’ai fixé c’est de faire les réformes maintenant pour sortir de la crise plus vite et plus fort.

Ces décisions étaient indispensables, elles avaient été trop longtemps différées. Je les ai prises avec esprit de justice.

Justice fiscale, d’abord. Les revenus du capital sont désormais taxés comme ceux du travail. Et il sera toujours demandé davantage à ceux qui ont le plus. C’est le sens de la contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus qui sera réaménagée, suite à la décision du Conseil Constitutionnel, sans changer son objectif.

Justice sociale. Avec l’augmentation du SMIC, du RSA, de l’allocation de rentrée scolaire. Et le droit de partir à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt.

Justice entre les générations, avec la priorité donnée à l’éducation nationale, avec des enseignants plus nombreux et mieux formés.

2012 a donc été l’année où ensemble nous avons engagé le redressement. 

2013 sera l’année de la mobilisation de tous pour le réussir.

Toutes nos forces seront tendues vers un seul but : inverser la courbe du chômage d’ici un an. Nous devrons y parvenir coûte que coûte.

Avec 150 000 emplois d’avenir pour les jeunes les plus éloignés du marché du travail. Avec les contrats de génération qui permettront de lier l’expérience du senior avec l’espérance du jeune. Ils prendront effet dès demain.

Avec la formation professionnelle qui sera réformée pour accompagner prioritairement les chômeurs vers l‘activité.

Mais l’Etat n’est pas le seul acteur. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a ouvert la négociation sur la sécurisation de l’emploi.

Son objectif ? donner plus de stabilité aux salariés et plus de souplesse aux entreprises. Bref, conjurer une double peur. La peur du licenciement pour les travailleurs, la peur de l’embauche pour les employeurs. Cette négociation, si elle aboutit, sera une chance pour la France. Je fais confiance aux partenaires sociaux pour prendre leurs responsabilités. A défaut je les assumerai. 

Voilà, le cap est fixé : tout pour l’emploi, la compétitivité et la croissance.

Ce cap sera tenu. Contre vents et marées. Je n’en dévierai pas. Non par obstination, mais par conviction. C’est l’intérêt de la France. 

Pour préparer l’avenir, notre pays a besoin d’investir dans tous les domaines ; dans nos filières industrielles et agricoles, dans le logement, dans l’environnement, dans la santé, dans la recherche, dans les nouvelles technologies. J’ai donc demandé au gouvernement de proposer une stratégie d’investissements publics comme privés pour moderniser la France à l’horizon 2020.

Chers Compatriotes, de Métropole, de l’Outremer et de l’étranger, nous avons toutes les ressources pour réussir à la condition de nous retrouver sur l’essentiel. Et si nous pouvons parfois débattre de grandes questions de société et ce sera le cas en 2013, la France est la France quand elle va de l’avant sur l’égalité des droits -y compris le mariage pour tous, sur la démocratie -y compris le non cumul des mandats, et sur le respect de la dignité humaine -y compris lors de la fin de la vie.

La France est également elle-même quand elle défend ses valeurs dans le monde.

*****

Elle l’a fait en Afghanistan. Sa mission est achevée. Comme je l’avais promis, toutes nos forces combattantes sont rentrées à Noël. J’exprime ma reconnaissance à nos soldats pour leur courage et je salue la mémoire de ceux qui sont morts pour la France. Ils sont 88. Et je n’oublie pas les blessés : ils sont plus de 700.

C’est toujours au nom de ces valeurs que la France soutient en Syrie l’opposition à la dictature. Et, au Mali, les peuples africains dans leur lutte contre la menace terroriste.

J'ai une pensée particulière pour nos otages, et pour leurs familles, qui vivent dans l’angoisse. Qu’ils sachent bien que tout est fait pour obtenir leur libération. Sans rien concéder de nos principes.

Une de nos forces, c’est la solidarité. Nous la devons aux peuples opprimés. Nous la devons, tout près de nous, aux plus fragiles, aux malades, aux personnes isolées, à celles en situation de handicap ou qui connaissent la précarité ou la solitude. Ce ne sont pas des assistés. Ce sont des citoyens, un moment meurtris par la vie.

Il y a de l’honneur dans une grande Nation comme la nôtre à être capable de conjuguer compétitivité et solidarité. Performance et protection. Réussite et partage.

C’est l’ambition de cette France réconciliée et confiante en elle-même que je porte pour l’année qui s’ouvre. C’est cette ambition qui donne un sens à l’effort de tous. 

Vive la République !

Vive la France !

 

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 18:34

 

 

 

 

L’année 2013 sera « au moins aussi difficile » que la précédente pour le portefeuille des Français, notamment en raison des traditionnelles hausses de début d’année, s’inquiète lundi 31 décembre la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie).

A compter du 1er janvier, toute une série de hausses vont en effet être automatiquement appliquées : sur les prix du gaz (+2,4%), de l’électricité (2,5%), des billets de train SNCF (+1,9%), ceux de la RATP (+2,4%) ou encore les courses de taxis (2,6%).

D’autres augmentations toucheront par exemple la bière, qui devrait passer, en moyenne, de 2,6 euros à 3 euros, en raison d’une augmentation des droits d’accises, ainsi que les voitures émettant entre 135 et 140 grammes de CO2/km qui seront désormais taxées à hauteur de 100 euros. Pour l’instant, cette taxe ne s’appliquait qu’à partir de 141 grammes de CO2/km. La redevance, elle, augmentera de 6 euros pour atteindre les 131 euros.

« A un moment où l’on pointe 4 millions de ménages en situation de “précarité énergétique”, l’accès aux énergies pour tous ne peut plus être garanti par les seuls tarifs sociaux dont le pouvoir solvabilisateur s’érode au fil des augmentations tarifaires », dénonce la CLCV.

L’association appelle les pouvoirs publics à ouvrir des négociations avec tous les acteurs économiques afin de « refonder une politique d'accès aux soins (...) au logement et aux services essentiels (énergies, eau, déchets, ADSL, transports...) pour tous ». Elle invite également les pouvoirs publics à « mettre en place des mesures pour une plus grande transparence des prix » et à « revoir l'ensemble de la fiscalité afin qu'elle soit juste et équitable ».

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 17:39

 

 

Le "mur budgétaire" auquel les Etats-Unis se heurteront lundi 31 décembre, sauf accord in extremis au Congrès, risque, à terme, de faire replonger la première économie mondiale dans la récession.

Plafond de la dette, coupes budgétaires, hausses d'impôts... au cœur de l'actualité en cette fin d'année 2012, les raisons et les enjeux de ce fameux "mur budgétaire", ou "falaise fiscale", plongent le commun des mortels dans un océan de perplexité. Le site Atlantico relaie une vidéo réalisée par la Web-journaliste économique Jessica Dubois pour tenter d'y voir plus clair.

Se livrant à un joli tour de force pédagogique, Jessica Dubois fournit une explication, Playmobil à l'appui, de ce fameux "mur budgétaire", en 1'30'' chrono. Un procédé dont elle s'est fait une spécialité, comme en atteste une précédente vidéo sur la réforme bancaire en France.

 

 

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 17:23

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 31.12.2012 à 11h14 • Mis à jour le 31.12.2012 à 13h31

 

 

Relèvement du plafond du Livret A, hausse de tarifs (RATP, gaz, électricité, timbre-poste...), revalorisation du smic, remboursement à 100 % de l'IVG : tour d'horizon de ce qui va changer à partir du 1er janvier en France.

Allocations : le revenu de solidarité active (RSA) passera à 483 euros pour une personne seule sans enfant et à 724 euros pour un couple sans enfant. Une revalorisation de 2,1 % des plafonds de ressources ouvrant droit aux prestations familiales et de 2,15 % des APL (aides personnelles au logement) sera appliquée. Il y aura également une revalorisation de l'allocation de solidarité spécifique (ASS), de l'allocation équivalent retraite (AER) et de l'allocation transitoire de solidarité (ATS).

Lire : Le RSA ne décourage pas les jeunes de travailler

Automobile : les véhicules émettant entre 135 et 140 grammes de CO2/km seront désormais taxées à hauteur de 100 euros. Actuellement, le malus s'applique à partir de 141 g/km. Le malus pourra atteindre jusqu'à 6 000 euros pour les modèles émettant plus de 200 g/km.

Lire :  Coup de frein sur le CO2 pour les voitures européennes (lien abonnés)

Bière : le demi pression va coûter plus cher, en raison de l'augmentation des droits d'accises. Selon les Brasseurs de France, il pourrait passer de 2,60 euros à 3 euros. De son côté, Bercy a calculé une hausse de 5,5 centimes pour 25 cl.

Lire : Bière : les sénateurs belges veulent s'attaquer aux taxes françaises

Emploi à domicile : les particuliers employeurs vont payer leurs cotisations patronales sur la base du salaire réel et non plus sur une assiette forfaitaire. En compensation, il y aura une baisse de 0,75 euro par heure travaillée.

Lire : Les nouvelles règles pour l'emploi d'un salarié à domicile

Emploi d'avenir : les "emplois d'avenir professeur" destinés à des étudiants boursiers venant de zones défavorisées et désirant devenir enseignants seront mis en place. Les bénéficiaires travailleront à temps partiel et percevront en moyenne 900 euros par mois.

Lire : Hollande tenté par le storytelling pour promouvoir les emplois d'avenir

Energie : à la suite à la décision du Conseil d'Etat qui avait jugé insuffisante la hausse de 2 % accordée à GDF Suez en octobre, les tarifs réglementés du gaz du groupe augmenteront de 2,4 %. Quant à ceux de l'électricité, ils subiront une hausse de 2,5 %, en raison de la hausse de la contribution au service public de l'électricité, une taxe qui finance notamment les énergies renouvelables.

Lire : Le bonus-malus sur les tarifs de l'énergie, comment ça marche ?

Extinction des ampoules à filament : les ampoules à filament vont disparaître définitivement des rayons. Leur retrait a été progressif depuis 2009. Ces ampoules, nées à la fin du XIXe siècle, ont peu à peu laissé la place aux lampes fluocompactes, halogènes et LED.

Lire : Les ampoules à filament de 40 W s'éteignent aujourd'hui

Fin de l'autorisation de sortie du territoire : les mineurs français voyageant seuls pourront désormais se déplacer dans l'Union européenne avec une carte nationale d'identité ou un passeport et sans autorisation parentale de sortie du territoire. Hors Union européenne, un passeport restera, dans la plupart des cas, obligatoire.

Lire : Suppression des autorisations de sortie du territoire pour les mineurs à partir du 1er janvier

Immobilier : le dispositif Scellier pour les investisseurs achetant des logements neufs pour les louer sera remplacé par le Duflot, aux conditions plus strictes mais assorti d'une réduction d'impôts plus intéressante, de 18 % sur neuf ans, calculé sur un investissement maximal de 300 000 euros.

Lire : Le dispositif Duflot plus rentable que le Scellier ?

Impôt sur le revenu (revenus 2012) : plusieurs changements sont à noter. D'abord, le barème est gelé pour la deuxième année d'affilée, ce qui s'apparente à une hausse d'impôt de près de 2 % pour les contribuables. Toutefois, une décote permettra d'épargner 7,4 millions de personnes modestes.

Ensuite, l'avantage fiscal lié au quotient familial sera plafonné à 2 000 euros par demi-part supplémentaire, contre 2 336 euros auparavant.

Enfin, les réductions ou crédits d'impôts liés à une vingtaine de niches fiscales (emploi d'un salarié à domicile, garde d'enfant, travaux du logement en faveur du développement durable, immobilier locatif...) seront limitées à 10 000 euros par foyer fiscal.

Lire : 75 %, ISF, 45 %... Huit mois de hausses d'impôt et d'efforts pour réduire le déficit

Livret A : son plafond sera de nouveau relevé de 25 %, à 22 950 euros. En effet, le montant maximal de dépôt avait déjà été augmenté de 25 % début octobre, passant alors de 15 300 euros à 19 125 euros.

Lire : Le Livret A reste imbattable pour l'épargne de précaution

RATP : une hausse moyenne de 2,4 % sera appliquée, avec des différences selon les forfaits. Le pass Navigo deux zones passera à 65,10 euros et le carnet de 10 tickets, à 13,30 euros. Le ticket à l'unité restera, pour sa part, à 1,70 euro.

Lire : La RATP investira 1,72 milliard d'euros pour l'Ile-de-France en 2013

Redevance TV : les propriétaires d'un poste de télévision en métropole paieront, en 2013, 131 euros au titre de la contribution à l'audiovisuel public – anciennement appelée redevance audiovisuelle –, soit une hausse de 6 euros. Quant à ceux habitant en outre-mer, ils paieront 85 euros, ce qui représente une hausse de 5 euros.

Lire : Redevance : une forte hausse qui masque une baisse continue

Santé : dans le cadre de l'examen à l'Assemblée nationale du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013, le remboursement de l'IVG passera à 100 % pour toutes et la pilule deviendra gratuite pour les jeunes de 15 à 18 ans.

Lire : Que va changer le remboursement intégral de la contraception des 15-18 ans ?

Smic : il passera à 9,43 euros de l'heure, soit 1 430,22 euros brut mensuels pour trente-cinq heures hebdomadaires. Cette augmentation légale ne sera pas agrémentée de "coup de pouce" gouvernemental, comme ce fut le cas en juillet.

Lire : Qui est concerné par la revalorisation du smic ?

Taxis : le prix de la course sera majorée de 2,6 %. La majoration sera répartie entre "les trois composantes" de la course, soit la prise en charge, l'indemnité kilométrique et l'heure d'attente ou "marche lente", selon un arrêté du ministère de l'économie.   Il y a un an, le prix de la course avait augmenté de 3,7 %.

Lire : A Paris, les 'Boers' font la chasse aux faux taxis

Timbre-poste : les prix des timbres les plus utilisés – soit la lettre prioritaire et la lettre verte – passeront respectivement de 0,60 euro à 0,63 euro, et de 0,57 à 0,58 euro.

Lire : Le timbre à l'heure du numérique


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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 19:17

 

Médiapart - Blog -

30 décembre 2012 Par habitus

Lieu_AMF_.jpgNous sommes dans une "guerre de réseaux". Nous ne sommes plus dans une démocratie, nous sommes dans un système de réseaux où l'on se fait la guerre et les salariés sont les victimes collatérales de ce conflit international. Il semble en effet qu'aujourd'hui les réseaux dominants, ceux de la finance, ceux des grands cartels, sont très structurés, efficaces, organisés, parfois solidaires, parfois en guerre les uns contre les autres. Il n'y a pas de "complots", comme pourraient le défendre quelques paranoïaques aïgus, mais un mécanisme, un processus, avec des armées de salariés, des lieutenants (les cadres), avec des grands généraux et amiraux, (les financiers, les PDG). Le grand problème aujourd'hui est que tout en bas de l'échelle sociale, les plus faibles sont très peu organisés pour défendre leurs intérêts. Les "petits soldats" de cette guerre économique sont les travailleurs, ils ne sont pas assez organisés et insuffisamment solidaires pour organiser une rebellion contre les "généraux" qui les envoient au casse-pipe.

 

La conséquence est une guerre fratricide entre "Titans économiques" qui se moquent bien des victimes de leurs conflits. Pour les dominants, arrêter la guerre économique ou simplement faire une trêve revient au même que de mourir : le capitalisme contemporain est une guerre sans fin entre grandes puissances financières organisées en réseaux. Dans ce contexte, baisser les armes signifie s'affaiblir. Internet a redoublé cette mécanique économique guerrière en favorisant la mise en place de réseaux efficaces, en accélérant les échanges économiques et par conséquent, en permettant de lancer des "bombes nucléaires économiques" qui peuvent faire sombrer un pays tout entier comme on a pu le constater en Grèce.

 

Pour ralentir cette machine infernale, il n'y a que les strates inférieures qui ont le pouvoir de le faire, la classe ouvrière, les travailleurs, les peuples solidaires, à condition qu'ils organisent leurs propres réseaux de solidarité internationale, en se structurant et enfin en imposant, par la "guerre sociale", de nouvelles règles et un nouveau contrat social pour limiter la puissance des riches et leur imposer de nouvelles règles du jeu démocratiquement choisies.

 

Tant que les masses populaires ne seront pas foutues de s'organiser en réseau au niveau international, comme c'était, partiellement, le cas dans les années 60-70, pour renforcer le rapport de force et faire fléchir les grandes puissances financières, nous n'arriverons à rien de bon, et surement pas à imposer les grandes fortunes. Une partie de nos politiciens ne sont jamais que des "lieutenants" de ces puissances financières, ils sont piègés par cette guerre des réseaux. Il faut les pièger à notre tour en leur imposant la volonté des réseaux populaires.

 

 

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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 16:20

 

 

Rue89 - coup de gueule 30/12/2012 à 12h20
Pierre Haski | Cofondateur Rue89

 

 

Je n’ai pas pour habitude de taper sur les fonctionnaires européens, boucs émissaires faciles de dysfonctionnements souvent dûs aux Etats-membres de l’Union eux-mêmes. Et c’est encore le cas cette fois-ci, avec cette incroyable augmentation de salaire de fait des eurocrates en 2013, incongrue en ces temps austères, mais entièrement la faute des gouvernements européens.

L’information a déjà quelques jours, mais n’a étonnamment pas fait les grands titres. Faute d’un accord à 27, une taxe de solidarité de 5,5% qui était imposée depuis des années sur les salaires des 45 000 fonctionnaires européens ne sera pas reconduite, entrainant une revalorisation inespérée de leurs salaires alors que la Commission proposait d’augmenter cette taxe à 6% !

Comment en est-on arrivé là ? Cette affaire rocambolesque est assurément révélatrice des contradictions du fonctionnement de l’Union européenne aujourd’hui, et de la perte de sens de l’action collective des 27 (et bientôt 28 avec l’entrée de la Croatie en juillet 2013).

Echec de la négociation

Les gouvernements et la Commission européenne ont négocié pendant plus d’un an pour se mettre d’accord sur le sort de cette taxe qui avait été initialement limitée dans le temps, et que la Commission proposait d’augmenter.

Aucun accord n’a été possible, en raison du bras de fer intergouvernemental sur le budget européen, notamment avec la Grande-Bretagne, et des intérêts particuliers de certains Etats, ceux notamment qui abritent de nombreux fonctionnaires européens, Belgique et Luxembourg.

L’enjeu mineur de cette taxe a donc été négligé par les Etats-membres, coincés dans leur paralysie plus large au sujet du nombre (la Commission proposait une baisse de 5% des effectifs), et du statut des fonctionnaires européens, l’un des nombreux sujets de conflit du moment.

Mais le résultat de cette impasse est que les Etats ont laissé passer le délai pour prolonger la taxe d’au moins un an, comme le proposait la Commission à titre conservateur, et que le budget européen va devoir assumer l’augmentation de ces salaires au pire moment...

Impopulaire Europe

Si on voulait rendre l’Europe encore plus impopulaire dans les opinions publiques des Etats-membres, on ne s’y serait pas pris autrement.

Le « fonctionnaire européen » et « Bruxelles » sont devenus, au fil des années, le bouc émissaire idéal de l’irresponsabilité de dirigeants politiques incapables d’assumer des décisions impopulaires et opaques. L’Europe n’étant pas (encore ?) un super-Etat fédéral, ce sont pourtant les Etats qui ont le vrai pouvoir de décision. Ou, dans le cas présent, de non-décision, avec les conséquences absurdes que l’on voit ici.

2013, l’année du sursaut européen ? On voudrait bien y croire, mais toutes les contradictions mises au jour par cet épisode des 5,5% restent intactes, et ne se résoudront pas comme par miracle. Peut-être faut-il tout repenser et reconstruire, avec ceux qui veulent avancer, plutôt que de chercher vainement à réconcilier l’irréconciliable, comme vient de le suggérer Jacques Delors à propos de la Grande-Bretagne ?

MERCI RIVERAINS ! salengro
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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 21:24

Lire aussi

De plus en plus souvent critiqué pour conduire une politique économique et sociale en de nombreux points identique à celle de son prédécesseur, François Hollande avait jusqu’à présent un système de défense bien rodé : il pouvait faire valoir qu’on lui faisait un mauvais procès puisque, au moins sur un front, celui de la fiscalité, avec notamment la nouvelle taxation à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros, il avait des priorités très différentes de celles de Nicolas Sarkozy. Cette fameuse taxe était, en quelque sorte, devenue le « cache-sexe » de gauche d’une politique de plus en plus clairement sociale-libérale.

C’est dire l’embarras dans lequel se trouve aujourd’hui le chef de l’État. Car le Conseil constitutionnel a annoncé ce samedi 29 décembre qu’il avait censuré plusieurs dispositions du projet de loi de finances pour 2013, dont la fameuse disposition visant à créer une taxation exceptionnelle de 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros. Du même coup, le « cache-sexe » a disparu : dans la panoplie des réformes engagées par le gouvernement, la seule mesure qui se voulait nettement ancrée à gauche passe à la trappe. Et au bilan du gouvernement, il ne reste guère qu’une liste de reculs ou de reniements qui s’allongent de jour en jour : la très mauvaise manière faite aux sidérurgistes de Florange ; la politique d’austérité ; une réforme bancaire qui tourne le dos à la promesse d’une séparation entre banque de dépôt et banque d’investissement ; la conversion au « choc de compétitivité » demandé par la droite et les milieux patronaux…

L’embarras pour le gouvernement est d’autant plus grand que le motif de la censure par le Conseil constitutionnel n’est pas celui qu’espérait la droite et qu’il pouvait craindre lui-même : une remise en cause du dispositif de la taxe à 75 % au motif qu’elle serait confiscatoire. Non ! Le motif est en fait beaucoup plus simple et affligeant que cela : le Conseil a estimé que la taxe est tout simplement mal conçue. En clair, ce n’est pas le principe de la taxe qui est censuré ; c’est la manière dont elle a été conçue : les « technos » du ministère des finances et du budget ont commis de grossières bêtises en définissant ses modalités.

C’est expliqué dans le détail dans la décision du Conseil constitutionnel (que l’on peut consulter ici). Et c’est détaillé de manière plus rapide dans un communiqué de presse que le Conseil constitutionnel a publié pour résumer sa délibération (communiqué que l’on peut consulter ici).

La très grosse bêtise, la voici, telle que la résume ce communiqué de presse : « L'article 12 instituait une contribution exceptionnelle de solidarité de 18 % sur les revenus d'activité excédant 1 million d'euros. Cette contribution était assise sur les revenus de chaque personne physique alors que l'impôt sur le revenu pesant sur les mêmes revenus, ainsi que la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus de 4 %, sont prélevés par foyer. Ainsi deux foyers fiscaux bénéficiant du même niveau de revenu issu de l'activité professionnelle pouvaient se voir assujettis à la contribution exceptionnelle de solidarité de 18 % ou au contraire en être exonérés selon la répartition des revenus entre les contribuables composant ce foyer. Le législateur ayant ainsi méconnu l'exigence de prise en compte des facultés contributives, le Conseil constitutionnel a, sans se prononcer sur les autres griefs dirigés contre cet article, censuré l'article 12 pour méconnaissance de l'égalité devant les charges publiques. »

Traduction : un couple dont le mari et la femme gagnent chacun 950 000 euros, soit au total 1,9 million d’euros, devait échapper à cette taxe exceptionnelle, mais pas un couple dont l’un des deux gagne 1,2 million d’euros et l’autre rien.

Les effets de la polémique autour de Depardieu

Sur le fond, le gouvernement pourrait donc très bien repartir à la charge très vite et instiller un nouveau dispositif mieux conçu dans un nouveau support législatif. Mais le gouvernement a-t-il vraiment l’intention de le faire ? Aussitôt après la décision du Conseil constitutionnel, Jean-Marc Ayrault a publié un communiqué de presse (il est ici) pour le moins ambigu. Le premier ministre a en effet d’abord indiqué que « le gouvernement proposera un dispositif nouveau conforme aux principes posés par la décision du Conseil constitutionnel ». Sous-entendu, il va rebâtir une nouvelle taxe qui tienne compte du caractère familial de l’impôt. Mais dans la foulée, Jean-Marc Ayrault a aussi ajouté : « Il sera présenté dans le cadre de la prochaine loi de finances. »

Or de quelle loi de finances s’agit-il ? De la loi de finances pour 2014 ? Mais dans ce cas, la taxe, qui devait être mise en œuvre pendant deux ans (en 2013 et 2014), ne serait-elle plus appliquée que pendant un an ? Le calendrier fixé par Matignon est suffisamment vague pour semer le doute et venir alimenter une autre question : en fait, le gouvernement ne va-t-il pas prendre prétexte de la décision du Conseil constitutionnel pour ne pas reconstruire son projet fiscal ? L’interrogation est d’autant plus légitime que le gouvernement a apporté la preuve ces derniers mois qu’il était si peu assuré de ses projets qu’il multipliait les reculades dès que les milieux patronaux élevaient un tantinet la voix. Il y a d’abord eu l’affaire des vrais-faux « pigeons » (mais pour certains d’entre eux, vrais évadés fiscaux) qui l’a montré : le gouvernement a précipitamment battu en retraite sur son projet de taxation des plus-values de cession dès que quelques lobbys patronaux ont donné de la voix.

Et depuis la dernière polémique en date, celle suscitée par l’exil fiscal en Belgique de l’acteur Gérard Depardieu, on sent que le gouvernement a, de nouveau, de tentations de battre en retraite. Et de battre sa coulpe. Alors va-t-il vraiment redessiner une taxe à 75 % ? Ou le seul cache-sexe de gauche de sa politique va-t-il vraiment disparaître ?

Le plus stupéfiant dans la nouvelle polémique que va déclencher la décision du Conseil constitutionnel, c’est que tout cela était largement prévisible. C’est la chronique d’un échec fiscal annoncé de très longue date. Un échec pitoyable.

Pour mesurer le gâchis auquel conduit la politique fiscale conduite aujourd’hui par François Hollande, il faut se souvenir de ce qu’étaient les ambitions socialistes. En fait, à l’origine, le Parti socialiste a été très fortement influencé par les travaux de recherche de l’économiste Thomas Piketty. Dans un petit opuscule, désormais fameux, intitulé Pour une révolution fiscale, coécrit avec deux confrères, ce dernier faisait valoir que le système français était devenu gravement inégalitaire, puisqu’il est dégressif pour les très hauts revenus (lire Le petit livre rouge de la révolution fiscale). Et il avait en particulier produit ce graphique qui avait fait sensation, puisqu’il apportait la preuve que, tous prélèvements confondus (impôt sur le revenu, CSG et cotisations sociales), les très riches étaient moins assujettis que les autres.

 

 

Pour corriger cette distorsion, Thomas Piketty avait donc suggéré, début 2011, que l’impôt sur le revenu, mité de toutes parts et assorti de trop de niches ou d’exemptions, soit purement et simplement supprimé. Et à la place, il avait proposé que la contribution sociale généralisée (CSG) devienne un impôt progressif. C’est cela, la « révolution fiscale » : revenir à l’esprit de la Déclaration des droits de l’homme, et notamment de son article 13, qui veut que plus on est riche, plus on participe à la contribution publique.

Il s’agissait, en quelque sorte, de redresser la fameuse courbe de Piketty, qui pique du nez dès qu’elle en arrive aux plus hauts revenus. Et il n’y avait qu’une seule façon de le faire : reconstruire une base d’imposition large, conforme au principe d’égalité des citoyens face à l’impôt, base large sans laquelle toute hausse des taux d’imposition n’a presque aucun effet. Soit dit en passant, Thomas Piketty faisait aussi valoir que cette réforme pourrait permettre de passer au prélèvement à la source et à l'individualisation de l'impôt, ce qui contribuerait à une meilleure égalité entre les hommes et les femmes, en sortant de cet impôt “familialisé” qui place souvent les femmes dans une situation de dépendance.

C’est donc cette philosophie – sinon ces modalités – que le Parti socialiste a retenue en insérant dans son programme, au printemps 2011, le principe d’une « révolution fiscale », dont le principal moteur devait être une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG. Et François Hollande lui-même a approuvé cette réforme, en en faisant le point 14 de son projet présidentiel (que l’on peut consulter ici).

Mais ensuite, on a senti François Hollande progressivement moins allant. D’abord lors d’un face-à-face en vidéo avec Thomas Piketty, organisé par Mediapart ( Hollande-Piketty : confrontation autour de la révolution fiscale), il a plaidé pour que la « révolution fiscale » soit, somme toute, plutôt tempérée pour les plus hauts revenus.

 

Les injustices n'ont pas été corrigées

Et puis, dans le feu de la campagne, il y a eu cette proposition stupéfiante avancée par François Hollande d’un taux porté à 75 % pour les revenus supérieurs à 1 million d’euros (lire Impôts : Sarkozy ment, Hollande bricole). Il s’agissait de frapper les imaginations en suggérant une réforme à grand spectacle, mais en réalité sans effet économique véritable, puisqu’une telle mesure ne peut concerner qu’environ 1 500 contribuables pour un gain dérisoire d’à peine 200 millions d’euros. En clair, une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, avec un taux supérieur porté à 50 % ou 55 %, aurait des effets beaucoup plus redistributifs que ce taux à 75 % adossé à un impôt sur le revenu, pire qu'un gruyère, avec des trous partout. On a donc pu craindre dès cette époque que la fameuse fusion n’intervienne jamais.

Au lendemain de l’élection présidentielle, ces craintes d’un renoncement à la « révolution fiscale » sont apparues d’autant plus fondées que Jean-Marc Ayrault n’a pas même mentionné le projet de fusion impôt sur le revenu/CSG dans sa déclaration de politique générale (lire Mais où est donc passée la « révolution fiscale » ?).

Résultat, beaucoup ont pu craindre que les premières réformes engagées par le gouvernement socialiste soient purement cosmétiques. Pas totalement inutiles, mais vraiment pas de nature à corriger les plus graves inégalités de l’impôt sur le revenu, qui avantage exagérément les plus fortunés.

C’est par exemple le point de vue que Thomas Piketty a défendu le 19 octobre dernier lors d’une soirée live sur Mediapart :

 

 

Or c’est bien ce qui est advenu avec l’instauration de cette taxe à 75 %. On dispose désormais d’une étude très méticuleuse, réalisée par l’Institut des politiques publiques, qui atteste que les réformes fiscales engagées par le gouvernement socialiste n’ont corrigé les inégalités fiscales que de manière infime (lire Impôts : les injustices n’ont (presque) pas été corrigées). Analysant par le menu l’ensemble des dispositions fiscales affectant l’impôt sur le revenu, comprises dans le projet de loi de finances pour 2013, cette étude apporte la preuve irréfutable, chiffres à l’appui, que la réforme engagée par le gouvernement socialiste – la réformette, devrait-on dire – n’a modifié que de manière infime les plus graves inégalités de l’impôt sur le revenu. Et en particulier, la plus spectaculaire de ces inégalités, au terme de laquelle l’impôt sur le revenu cesse d’être progressif pour les plus hauts revenus et devient même dégressif (plus on est riche, moins on paie !), est restée quasi inchangée.

Pilotée par des économistes de l’École d’économie de Paris, cette étude montrait en particulier, comme le graphique ci-dessous l’établit, que l’impôt sur le revenu – intégrant toutes les dispositions du projet de loi de finances pour 2013, y compris la taxe à 75 % – restait dégressif pour les plus hauts revenus.

 

 

En clair, la vraie bêtise, c’est François Hollande lui-même qui l’a commise, très en amont. En inventant cet impôt stupide à 75%. Une sorte d’impôt Canada-dry, ayant l’odeur d’un impôt de gauche, la saveur et les apparences… Mais un faux impôt, en vérité. Un impôt cache-sexe…

C’est dire que le gouvernement est à la croisée des chemins. Soit il renonce une bonne fois pour toute à cet impôt croupion qui ne rétablit pas la progressivité et engage enfin la « révolution fiscale » promise. Soit, profitant de la décision du Conseil constitutionnel, il renonce à tout cache-sexe et conduit une politique sociale-libérale qui s’assume comme telle.

Connaissant maintenant les tropismes de ce gouvernement, la première hypothèse apparaît toutefois hautement improbable…


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