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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 15:23

 

marianne.net

 

Le compte en Suisse et le train de vie des Balkany intéressent la justice
Mardi 8 Octobre 2013 à 16:44

 

Thibault Le Berre‏

 

Ouverture d’un compte en Suisse déclaré ou pas ? Utilisation à des fins privées d’un employé municipal payé par des fonds privés ou publics ? La justice enquête actuellement sur le maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany. Ce dernier a répondu par un communiqué de presse laconique sur Twitter.

 

REVELLI-BEAUMONT/SIPA
REVELLI-BEAUMONT/SIPA
« Je suis l’homme le plus honnête qui soit » disait, il y a peu sur le plateau de Canal Plus, Patrick Balkany député-maire de Levallois-Perret. La police judiciaire ne le croît pas sur parole. Elle a récemment mené une perquisition à la mairie de Levallois-Perret afin de récupérer l’emploi du temps des agents de la police municipale de la ville, indique l’hebdomadaire Le Point.

L’élu UMP est effectivement accusé d’avoir utilisé un policier municipal comme chauffeur lors de son séjour sur l’île antillaise de Saint-Martin. Reste à savoir si ces services ont été financés par ses administrés ou avec ses propres deniers. L’enquête a été ouvert e par le parquet de Nanterre suite à une lettre de syndicats de police USSPM et SNPM-FO adressée au bureau du procureur en décembre 2012.

Suite à ces révélations Patrick Balkany a publié un communiqué via son compte Twitter.

 

 

Pas de financements publics « bien entendu » selon l'intéressé. Ce n’est pas la première fois cependant que « l’homme le plus honnête qui soit » est soupçonné de faits de cette nature. En 1996, le tribunal correctionnel de Nanterre l’avait même condamné à quinze mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité pour avoir utilisé, de 1985 à 1995, des employés municipaux dans sa résidence secondaire. Les électeurs de Levallois l’avaient pourtant réélu en 2001. Plus récemment, en 2008, Le Canard Enchaîné avait accusé Patrick Balkany d’avoir utilisé des employés municipaux lors du mariage de sa fille.
 
Qu'en est-il par ailleurs du « faramineux train de vie » des époux Balkany? Rappelant qu’ils avaient déclaré, il y a huit ans, ne pas payer l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), Le Point se demande dès lors comment le couple a bien pu se payer une propriété de quatre hectares à Giverny, dans l’Eure, avec deux piscines et un green de golfe ? Dans le communiqué mentionné précédemment, Patrick Balkany affirme que la « maison de Giverny a été acquise en 1982 avant (qu'il détienne) un mandat électif ». Avant d’ajouter, « J’ai vendu à un investisseur suisse, en toute légalité, mes actions de l’entreprise familiale de prêt-à-porter, à la fin des années 1980. Le produit de la vente de ces actions a été intégralement transféré à l’époque au CCF de Levallois (aujourd’hui HSBC) ».

 

Cette seconde phrase vise à répondre aux journalistes du magazine, selon lesquels l’élu détiendrait ou aurait détenu un compte en Suisse dans la banque ABM Amro. Bordereau d’ouverture du compte à l’appuie, il aurait été déposé, le 26 juillet 1994, 1,6 millions d’euros de francs suisses soit l’équivalent de 6,5 millions de francs (990 000 €). Somme dont personne ne sait si elle a été déclarée au fisc français. L’existence de ce compte pourrait révéler un possible montage financier via une société suisse, Atlas Finanz Service. Un compte rendu d’enquête de juin 2001 que s’est procuré l’hebdomadaire mentionne que « des investigations (…) montrent l’omniprésence de la société Atlas Finanz Service, dont les activités apparaissent systématiquement bénéficier à Mr Balkany ». Le très probable candidat à sa propre succession à la mairie de Levallois-Perret en mars 2014 a du souci à se faire.
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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 14:18

 

 

mediapart.fr

Aux prud'hommes, UBS face à sa lanceuse d'alerte

|  Par Dan Israel

 

 

Stéphanie Gibaud, ancienne responsable marketing d'UBS France, dénonçait devant les prud'hommes le harcèlement et la discrimination dont elle estime avoir été victime pour avoir mis en cause l'organisation de l'évasion fiscale au sein de la banque. UBS rejette toute accusation.

 

Une lanceuse d’alerte harcelée et discriminée pour ne pas avoir accepté de couvrir les traces de son entreprise, empêtrée dans des pratiques d’organisation d’évasion fiscale à grande échelle. Ou bien une manipulatrice qui se drape dans la vertu pour mieux extorquer de l’argent à son ex-employeur. Deux portraits irréconciliables de Stéphanie Gibaud. Employée d’UBS France de septembre 1999 à février 2012, assistante marketing puis responsable de l’organisation des « événements » où la banque réunissait banquiers et (futurs) clients, elle contestait lundi 7 octobre devant le conseil des prud’hommes de Paris la dégradation de ses conditions de travail chez UBS entre 2008 et 2011.

Tour à tour, salariée et employeur ont présenté leurs versions des faits, opposées sur presque tous les points. Les conseillers censés trancher entre eux ne s’y sont pas risqués, et ont renvoyé le dossier en départage, où il sera jugé, dans un an environ, par un magistrat professionnel.

 

Stéphanie Gibaud 
Stéphanie Gibaud© DR

Pour Stéphanie Gibaud, les faits sont limpides. À l’été 2008, sa supérieure hiérarchique lui a demandé de supprimer tous ses dossiers, papiers et informatiques, qui pourraient s’avérer compromettants pour la banque. La responsable des « events » passait en effet son temps à organiser des événements mondains où les banquiers d’UBS, français et suisses, courtisaient leurs clients, mais aussi des « prospects » susceptibles d’être intéressés par les services de la banque. Or, les « chargés d’affaires » (CA) suisses ont interdiction de démarcher des clients en France, comme dans toute l’Union européenne.

À l’audience, Renaud Dufeu, l’avocat de l’ex-salariée, a attaqué bille en tête la banque, l’accusant d’avoir « pillé la France ». « Je venais du milieu du football. Pendant de longues années, je ne savais pas que ces activités étaient illégales, a raconté Stéphanie Gibaud à Mediapart. Je n’ai compris que tardivement. En juillet 2008, ma supérieure m’a dit : “Vu la conjoncture et les circonstances, détruisez-moi tout ça.” »

Les circonstances ? Fin 2007 aux États-Unis, la filiale d’UBS est prise en pleine organisation d’évasion fiscale pour de riches clients américains. Un salarié, Bradley Birkenfeld, accepte de collaborer avec la justice, qui contraint UBS à payer en 2009 780 millions de dollars d’amende et de livrer au fisc des détails sur 4 450 de ses clients américains. Les responsables de la filiale seront forcés de s’excuser d’avoir violé la loi devant les parlementaires américains.

Selon Stéphanie Gibaud, c’est une perquisition dans le bureau parisien du responsable de la gestion de fortune de l’époque qui déclenche la panique. Les ordres de destruction, toujours oraux, se multiplient. Elle refuse de s’attaquer à ses propres fichiers sans une demande écrite. Qui ne viendra jamais. Elle s’en étonne publiquement. Son évaluation annuelle s’effondre, le bonus qui lui est versé chaque année également. Fin décembre 2008, elle écrit au président de la filiale française pour dénoncer ces instructions orales, et les pratiques de harcèlement dont elle a commencé à être la victime de la part de sa cheffe. « Subitement, elle est devenue nulle, incompétente, trop payée, trop proche des clients, avec un état d’esprit qui n’est pas le bon », énumère Me Dufeu.

Le président n’a jamais répondu à la lettre de décembre 2008. « Mais parce qu’elle a osé écrire pour dénoncer un ordre illégal, assure l’avocat, elle est mutée en tant que responsable des hôtesses, sans son consentement. » Ni celui de l’inspection du travail, pourtant obligatoire puisque Stéphanie Gibaud est aussi secrétaire du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). « Épuisée », « au bout du rouleau », tombée dans une « lourde dépression » et devant multiplier les arrêts de travail, elle accepte finalement en décembre 2011 de faire partie du prochain plan de licenciement économique organisé par la banque.

Pour UBS, rien de tout cela ne correspond à la réalité. « Il n’y a pas de discrimination, pas de harcèlement. Il y a une relation difficile entre une salariée et sa responsable, c’est évident », mais rien de plus, plaide Jean-Michel Segeron, l’avocat de la banque. La première n’aurait pas supporté l’arrivée de la seconde dans une position hiérarchique supérieure à la sienne, en 2007. Dans tout ce qui est décrit par son ancienne employée, l’entreprise ne voit rien d’autre que des conséquences de la crise économique traversée par la finance, et par UBS, à partir de 2008. Stéphanie Gibaud a vu ses bonus baisser de plus de 45 % entre 2008 et 2009 ? « Le pot de bonus accordé à tous les salariés a baissé dans les mêmes proportions. » Les tâches subalternes auxquelles elle a été reléguée ? « On est en pleine crise, les budgets sont restreints, il y a beaucoup moins d’événements, les salariés du service marketing doivent aussi accomplir des tâches plus administratives. » L’ancienne responsable marketing affirme aussi depuis des années que le contenu de certains de ses dossiers informatiques sensibles a été effacé par une intervention extérieure. Là encore, UBS balaye : une enquête menée par ses services informatiques démontre que ces accusations ne tiennent pas.

Les charges s'accumulent contre la banque

Bref, ce conflit n’aurait rien que de très banal. Une ligne de défense certes cohérente, mais qui nécessite d’évacuer le contexte dans lequel cette affaire est née. Et c’est difficile. D’ailleurs, le directeur juridique et le directeur général de la filiale se seraient-ils déplacés pour assister à une audience sans importance ? Depuis le départ de Stéphanie Gibaud d’UBS, les charges se sont en tout cas accumulées. Le 31 mai, UBS France a été mise en examen pour complicité de démarchage illicite, et placée sous le statut de témoin assisté pour les qualifications de blanchiment de démarchage et de blanchiment de fraude fiscale. Trois anciens cadres de la banque, dont l’ex-directeur général, l'avaient déjà été. Une semaine plus tard, c’est la maison-mère suisse, UBS AG, qui est mise en examen pour démarchage illicite.

« Au plan pénal, il n'y a rien qui puisse être reproché à UBS France pour le moment », a annoncé en préambule de l’audience Me Segeron, rappelant qu’« UBS n'entend pas mettre la tête sur le billot » et « dément les accusations qui sont portées contre elle ». Ces accusations sont nombreuses. L’ouverture de l'instruction judiciaire, menée par les juges Guillaume Daïeff et Serge Tournaire, suivait de quelques semaines la sortie, en mars 2012, du livre clé d’Antoine Peillon, Ces 600 milliards qui manquent à la France, paru au Seuil. Le journaliste de La Croix y rassemblait nombre d’éléments sur la façon dont UBS facilitait l’évasion fiscale de ses clients vers la Suisse, et tenait une comptabilité secrète, les fameux « carnets du lait ». Mediapart a largement documenté ces éléments dans une série d’articles intitulée « Les carnets UBS ».

Le 26 juin 2013, l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP), le gendarme des banques, a infligé à la banque la plus forte amende de son histoire. Dix millions d'euros, assortis d’un blâme, pour son « laxisme » dans la mise en place du contrôle des pratiques de ses salariés. Et du côté des prud’hommes, deux décisions ont déjà sanctionné le licenciement de cadres tenant des discours similaires à celui de Stéphanie Gibaud.

Le 30 août 2011, UBS a été condamnée pour le licenciement abusif en juillet 2008 de l’ancien responsable de son agence de Strasbourg. Le conseil avait estimé que le fait que des CA suisses viennent démarcher des clients dans l’est de la France empiétait sur l’exclusivité régionale dont était censée bénéficier l’agence strasbourgeoise. Et dans un jugement rendu le 19 juin 2012, le conseil de prud'hommes de Paris avait considéré que le licenciement de Nicolas Forissier, l’ancien contrôleur interne d’UBS France qui dénonçait des pratiques illicites, était « sans cause réelle et sérieuse » (Nous avions détaillé son cas, en protégeant son identité à l’époque). La banque a fait appel du jugement.

Aujourd’hui en Suisse, comme nous le racontions cet été, UBS a décidé de faire le ménage parmi ses clients non déclarés. Le Parisien a révélé mi-septembre le contenu d’une lettre envoyée par la banque à tous ses clients français, où il leur est demandé une attestation justifiant qu'ils sont en règle avec le fisc hexagonal dans « les meilleurs délais ». Ce qui n’empêche pas les témoignages de se multiplier. Dans son récent livre, le député Yann Galut, qui suit de près les questions liées à l’évasion fiscale, évoque les pratiques d’UBS dont il a eu connaissance lors de diverses auditions. Et France 5 diffusera dans les semaines à venir un documentaire consacré au cas d’UBS France, réalisé par Patrick Benquet, qui est notamment l’auteur d’un excellent documentaire en deux volets sur la Françafrique.

Un ex-banquier d'UBS raconte les coulisses du système à Mediapart

“Envoyé spécial” vient également de proposer une enquête sévère pour la banque. Un ancien CA suisse, salarié d’UBS pendant plus de dix ans, y racontait sous couvert d’anonymat comment il avait travaillé avec des centaines de clients français désireux d’échapper au fisc, en les rencontrant en France ou en Suisse, et en plaçant leur argent à l’abri des regards. Mediapart a retrouvé ce témoin.

L’homme, qui se déclare prêt à répondre à la justice française s’il est interrogé, décrit son ancien travail comme « un job assez sympa ». Il estime son portefeuille de clients français « entre 300 et 600, selon les années, dont les placements n’étaient pas déclarés au fisc pour leur quasi-totalité ». La masse des avoirs qu’il avait sous gestion a évolué entre 200 et 600 millions d’euros, évalue-t-il. « Et ça, c’est pour un seul chargé d’affaires, dans une seule ville et une seule banque suisse, pointe-t-il. Rien que dans mon bureau, nous étions douze, et autant dans celui d’à côté… »

Ce témoin atteste formellement s’être rendu à de nombreuses reprises dans les locaux d’UBS France. « Moi je passais pour dire bonjour quand j’étais en France et je rencontrais mes clients ailleurs. Mais il arrivait que d’autres CA rencontrent les leurs directement dans les locaux parisiens de la banque », affirme l’ex-banquier.

Tension extrême à l'audience

Ce point est justement l’un de ceux qui ont alimenté l’affrontement entre Stéphanie Gibaud et son employeur. Affrontement qui s’est déroulé aux yeux de tous, car la salariée a posé ses questions lors de plusieurs séances du CHSCT, et les a consignées dans les rapports qu’elle a rédigés. Le 18 décembre 2008, d’abord, où elle évoque publiquement les demandes de suppressions des fichiers qui lui sont faites. Réponse de la directrice des ressources humaines : il ne s’agit que de limiter le coût de la gestion du papier !

Mais le choc le plus violent a lieu lors du CHSCT du 30 juin 2009, où Stéphanie Gibaud évoque à nouveau l’ordre de destruction, et la collaboration franco-suisse dans l’organisation de l’évasion fiscale des clients. Selon le compte-rendu qu’elle a rédigé, ces points sont évacués par la direction. Problème, les responsables d’UBS France refusent de signer le PV de la réunion, assurant que leurs réponses ont été déformées et que certains points de la discussion n’ont en fait jamais eu lieu. La secrétaire du CHSCT envoie tout de même ce compte-rendu à tous les salariés, en novembre. « J’ai pris conseil auprès de l’inspectrice du travail qui me suivait, et qui m’a rappelé que c’est moi qui tenais la plume », explique Stéphanie Gibaud.

Cet envoi non approuvé par la direction lui vaudra d’être poursuivie devant le tribunal de police pour « diffamation non publique ». La banque est déboutée en septembre 2010. Au même moment, la salariée porte plainte auprès du procureur de Paris, notamment pour des faits de harcèlement moral, de destruction de preuves, de complicité de démarchage illicite et de blanchiment d’argent en bande organisée.

La situation est inextricable. Fin 2009, la banque avait demandé l’autorisation à l’inspection du travail de licencier sa salariée pour motif économique. Refusé. Sollicité par UBS, le ministère du travail confirme ce refus. Mais le tribunal administratif finit par l’autoriser. Stéphanie Gibaud accepte de partir, parce qu’elle ne supporte plus ses conditions de travail, selon son récit. Elle le signifie à l’inspection du travail, qui ne s’oppose donc plus à son départ. Pour l’avocat de la banque, cet enchaînement est la preuve que le harcèlement n’est pas constitué (bien que la décision du tribunal ne porte légalement que sur la validité du licenciement économique).

Me Segeron insiste aussi sur le fait que Stéphanie Gibaud n’a pas contesté le jugement du tribunal. Et souligne qu’un mois après le premier refus de son licenciement par l’inspection du travail, elle avait tout de même demandé une rupture conventionnelle à la banque, moyennant le paiement d’indemnités. Refusé cette fois par la banque. « L’inspectrice du travail m’avait dit qu’elle refusait mon licenciement vu les conditions qui m’étaient imposées, justifie Stéphanie Gibaud auprès de Mediapart. Mais bien sûr, elle ne voulait pas m’empêcher de quitter une situation intenable. »

Dans une ambiance très tendue, l’avocat sous-entend lui qu’elle s’est en fait livrée à un chantage, et déclare ne « pas trop adhérer au concept des lanceurs d’alerte » : « Par derrière, il y a un intérêt personnel, faire pression sur l’entreprise pour partir aux conditions que l’on souhaite », attaque-t-il. Quelques instants auparavant, Me Dufeu avait comparé UBS à « ceux qui nient l’existence d’un génocide ». Ce qui lui vaudra une brève altercation avec le directeur juridique de la banque à l’issue de l’audience. La violence des échanges sera peut-être retombée d’ici quelques mois, quand le dossier sera à nouveau examiné. Ce n’est pas certain : dans un communiqué, la banque dénonce les « affirmations outrancières de la partie adverse » et prévient qu’elle « entend faire à nouveau valoir avec vigueur son point de vue devant la formation de départage ».

 

Lire aussi

 

 

 

 

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 17:47

 

lemonde.fr

 

L'Etat condamné à trouver un hébergement spécialisé pour une jeune femme handicapée

Le Monde.fr avec AFP | 07.10.2013 à 17h34 • Mis à jour le 07.10.2013 à 17h47

 
 

 

Agée de 19 ans, Amélie n'avait plus de place en centre spécialisé depuis sa majorité.

 

Le tribunal administratif de Pontoise a ordonné lundi 7 octobre à l'Etat de "prendre toutes dispositions" pour qu'une place en hébergement spécialisé soit trouvée pour Amélie, une jeune femme de 19 ans lourdement handicapée qui avait attaqué l'administration. L'agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France doit "prendre toutes dispositions pour qu'une offre de soins permettant la prise en charge effective, dans un délai de quinze jours, de la jeune femme, par un établissement médico-social adapté à son état, soit présentée à ses parents", a jugé le tribunal, sous peine d'une astreinte de 200 euros par jour de retard.

"Eu égard à l'absence de prise en charge médico-sociale" de la jeune femme "et à l'épuisement psychique de la famille, il y a une atteinte au droit à la vie", a avancé son avocat, Me Karim Felissi. Dans la famille d'Amélie, la fin de la prise en charge par des établissements spécialisés, auxquels elle a eu accès jusqu'à sa majorité, a marqué un bouleversement. En octobre 2012, elle a dû quitter l'institut médico-éducatif qu'elle fréquentait et qui, selon sa mère, "n'était plus adapté".

 

 "NOUS DEVONS TROUVER UNE SOLUTION TEMPORAIRE"

"Amélie est complètement isolée, elle n'a plus de relations sociales" depuis qu'elle reste à la maison, s'est désolée sa mère lors de ce procès. "Le fait qu'elle soit [à la maison] sans activité, ça développe tous ses troubles", a-t-elle expliqué. Le syndrome de Prader-Willi, une anomalie génétique rare dont elle est atteinte, a entraîné un retard mental et l'a rendue obèse. Elle souffre aussi de troubles autistiques et de troubles envahissants du développement, et doit être surveillée 24 heures sur 24, une tâche éprouvante et épuisante pour ses proches.

Le conseil général du Val-d'Oise et l'ARS d'Ile-de-France se sont défendus en affirmant qu'une solution d'hébergement a été trouvée, mais dans un établissement à Baumont-sur-Oise encore en travaux, qui ne peut l'accueillir dans l'immédiat. "Nous devons trouver une solution temporaire", a concédé Marion Leroux, directrice générale adjointe en charge de la solidarité au conseil général, ajoutant toutefois que le département avait déjà "fait énormément de recherches" pour la jeune femme. "Ses comportements assez destructeurs font qu'il est très difficile de trouver un établissement adapté", d'autant que "la famille refuse de s'en séparer totalement, refusant une place dans un établissement belge à cause de l'éloignement", a-t-elle souligné.

 

 DES STRUCTURES SATURÉES

Au-delà de ce cas, une fédération d'associations spécialisées dans la défense des personnes handicapées mentales, l'Unapei, espère que ce précédent permettra aux handicapés d'obtenir non seulement des dommages et intérêts, comme c'est le cas actuellement, mais une obligation pour l'Etat, sous astreinte par exemple, de leur trouver une place. "Nous voulons montrer que c'est un déni de citoyenneté", a déclaré la présidente de l'Unapei, Christel Prado, regrettant que les lois prévoyant l'accueil des personnes handicapées "dans des établissements adaptés à leurs besoins ne soient pas appliquées". Plus d'une "dizaine de milliers" d'enfants et d'adultes handicapés cherchent en vain un hébergement spécialisé en France, selon cette fédération.

En région parisienne, les capacités d'accueil d'adultes et d'enfants handicapés dans des établissements spécialisés ont augmenté ces dernières années mais les institutions restent saturées. La région Ile-de-France dispose de 3 515 places pour adultes handicapés en maison d'accueil spécialisée, et 3 050 places en foyer d'accueil, pour des adultes plus légèrement handicapés, selon l'ARS.

 

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 17:16

 

lemonde.fr

 

Apple et ses taxes : le gendarme de la bourse ne trouve rien à redire

Le Monde.fr | 07.10.2013 à 14h28 • Mis à jour le 07.10.2013 à 17h21

 
 

 

Un employé compte des billets dans le magasin Apple de Manhattan, le 20 septembre

 

La Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme américain de la Bourse, a terminé sa plongée de quatre mois dans le rapport fiscal annuel 2012 d'Apple et n'a rien trouvé à redire quant à son dispositif, pourtant accusé de contourner la législation américaine.

Par conséquent, la SEC ne prendra aucune mesure contre la marque à la pomme, nous apprend le site spécialisé All Things Digital.

La question des obligations fiscales d'Apple aux Etats-Unis était pourtant un sujet controversé. Tim Cook, le patron d'Apple, avait été convoqué face au Congrès en mai, sommé de s'expliquer sur les pratiques fiscales de son entreprise, accusée de n'avoir payé que très peu de taxes aux Etats-Unis sur ses 74 milliards de dollars de profit réalisés ces quatre dernières années.

"Nous payons tous nos impôts, avait expliqué Tim Cook lors de son audition. Nous ne faisons que nous conformer aux lois, nous en respectons l'esprit."

Apple, et plus largement l'ensemble des entreprises du numériques, est régulièrement accusé de contourner le système fiscal américain, notamment en orientant ses flux de trésorerie, et plus particulièrement ses bénéfices, vers des filiales situées dans des pays où la pression fiscale est faible, voire inexistante.

Selon un rapport d'enquête, Apple détient à l'étranger 102 milliards des 145 milliards de cash dont il dispose, et n'a payé qu'une part très marginale des impôts sur ses bénéfices réalisés à l'étranger.

Lire : "Et Apple inventa l'iTaxe"

Mais si l'horizon fiscal d'Apple s'éclaircit outre-Atlantique, la situation s'annonce plus compliquée en Europe, où la Commission européenne a réclamé (lien abonnés) aux Pays-Bas, à l'Irlande et au Luxembourg – souvent considérés comme des paradis fiscaux pour ces entreprises –, davantage de détails sur les accords fiscaux qu'ils nouent au cas par cas.

 

 

 

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 15:48

 

 

mediapart.fr

L'impôt sur les sociétés implose, la taxe à 75% aussi

|  Par Laurent Mauduit

 

 

Les fascicules annexés au projet de loi de finances pour 2014 montrent un cadeau de 15,2 milliards d'euros aux entreprises. On y découvre aussi que la taxe à 75 % n'est plus qu'une pantalonnade.

 

13,476 milliards d’euros : quand ils sont venus à la fin du mois de septembre sur les plateaux de télévision commenter le projet de loi de finances pour 2014, les membres du gouvernement, dont Pierre Moscovici qui est en charge des finances et Bernard Cazeneuve au budget, n’ont guère fait mention de ce chiffre. Et pourtant, c’est le chiffre clef de ce projet de budget. C’est en effet le montant exact de la baisse attendue du rendement de l’impôt sur les sociétés. Chiffre hallucinant ! En pleine crise des finances publiques, le gouvernement a fait le choix d’imposer un violent plan d’austérité au pays, pour pouvoir offrir un cadeau au patronat, sous la forme d’une implosion de l’impôt sur les sociétés.

Ce n'est, certes, pas le seul cadeau offert au patronat ni celui dont on parle le plus. Il y a aussi la dernière concession en date: le renoncement à la taxe sur l'excédent brut d'exploitation (EBE) qui devait voir le jour et rapporter 2,5 milliards d'euros, en remplacement de l'imposition forfaitaire annuelle. Il a suffit que le Medef fasse les gros yeux pour que Pierre Moscovici s'empresse d'annoncer dimanche la création, à la place, d'une surtaxe temporaire à l'impôt sur les sociétés, beaucoup plus avantageuse. Mais personne n'a vraiment relevé que l'impôt sur les sociétés, lui, a envers et contre tout été mis en charpie par le gouvernement. Surtaxe ou pas, il est en voie d'implosion.

On savait qu’en violation de toutes ses promesses de campagne, François Hollande avait l’intention d’organiser un gigantesque transfert de charges des entreprises vers les ménages, notamment en offrant à terme 20 milliards d’euros aux entreprises, sous la forme du fameux (et improprement dénommé) Crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), et en finançant ce dispositif notamment par un relèvement des taux de la TVA, auxquels sont assujettis les ménages. Cette disposition est même déjà votée puisqu’elle a été insérée dans le troisième projet de loi de finances rectificatives pour 2012, ratifiée à la fin de l’année dernière. Mais on ignorait l’onde de choc précise pour 2014 de ce dispositif. Et on ignorait plus encore le total des allègements de charges prévus au profit des entreprises dans le cadre de ce même projet de loi de finances pour 2014.

Or, maintenant, les choses s’éclairent peu à peu. Avec la publication progressive par les ministères des finances et du budget des différents documents qui constituent les annexes du projet de loi de finances (on peut tous les consulter ici), on dispose de tous les détails de ce projet de budget – détails qui n’étaient pas encore disponibles dans le traditionnel dossier de presse, écrit en novlangue de Bercy, qui a été dévoilé fin septembre lors de la présentation du texte. Quand nous avons enfin disposé de ces précieux documents complémentaires, nous avons donc d’abord détaillé la purge sociale qui va être imposée aux ménages en 2014, au travers d’une rafale de prélèvements injustes (lire Radiographie d’un budget de droite et La folle stratégie de la paupérisation). Mais ces documents permettent aussi de chiffrer avec précision ce formidable cadeau qui va être fait aux entreprises, sous la forme – on verra que la formule n’a rien d’excessif – d’un dynamitage de l’impôt sur les sociétés.

Pour en prendre la mesure, il suffit de se référer au premier volume du document budgétaire dénommé « Voies et moyens » (il peut être téléchargé ici), qui détaille l’impact des différentes mesures fiscales envisagées pour 2014. On trouve ainsi un tableau qui résume les évolutions prévisibles de l’impôt sur les sociétés. Il figure à la page 33 de ce document que l'on peut consulter ci-dessous :

Un cadeau de 15,5 milliards d'euros

On y découvre donc que les recettes de l’impôt sur les sociétés pour 2013, qui avaient été évaluées à 53,531 milliards d’euros en loi de finances initiale, puis révisées en cours d’année à 49,702 milliards, devraient s’effondrer en 2014 à 36,226 milliards d’euros. CQFD ! Par rapport à la dernière évaluation connue pour 2013, les recettes attendues de l’impôt sur les sociétés vont donc bel et bien s’effondrer de 13,476 milliards d’euros. Et la crise n’a rien à voir dans cette dépréciation puisque l’évolution spontanée de l’impôt sur les sociétés aurait dû conduire à des recettes en hausse de presque 1,7 milliard d’euros. Non ! Ce sont les mesures fiscales prises par le gouvernement socialistes qui sont à l’origine de cet effondrement, dont 15,222 milliards d’euros de baisses qui ont été prises dès avant ce projet de loi de finances pour 2014.

Il faut bien mesurer l’énormité de ce cadeau fait par le gouvernement aux entreprises. Il correspond à une baisse de 27 %. Ce qui est sans aucun précédent dans l’histoire budgétaire contemporaine, même sous les gouvernements de droite.

À la page 35 de ce même fascicule budgétaire, on peut trouver la décomposition précise des mesures fiscales qui expliquent cet effondrement. « La prévision d’impôt sur les sociétés net pour 2014 s’élève à 36,2 milliards d’euros, sous l’hypothèse d’une croissance de bénéfice fiscal 2013, y compris impact des mesures nouvelles, de 1 % environ, après des évolutions de l’ordre -1 % en 2009 ; +5 % en 2010, +3 % en 2011 et +8 % en 2012 », confirme le document, avant d’ajouter : « Cette prévision se décompose en 60,3 milliards d’euros d’impôt brut sur les sociétés et 24,1 milliards d’euros de remboursements et dégrèvements. Elle tient compte des mesures votées avant le projet de loi de finances pour 2014, pour un total de -15,5 milliards d’euros :

– le crédit d’impôt en faveur de la compétitivité et de l’emploi (-9,4 milliards d’euros) ;

– le contrecoup des mesures du plan de relance, à savoir la restitution anticipée des créances de crédit impôt recherche et la restitution immédiate des créances de carry-back (-2,0 milliards d’euros) ;

– la suppression de l’imposition forfaitaire annuelle en 2014 (-0,6 milliard d’euros), confirmée au projet de loi de finances 2014 dans le cadre de la création d’une contribution sur l’excédent brut d’exploitation des entreprises ;

– le contrecoup des mesures votées en loi de finances initiales 2013 (-4,2 milliards d’euros). »

Dans le lot de ces dernières mesures qui pèsent à hauteur de 4,2 milliards d’euros, figurent notamment ceci :

« – la réforme du 5e acompte (-1,0 milliard d’euros) ;

la limitation de la déductibilité des charges financières (-1,3 milliard d’euros) ;

l’impôt minimum par limitation de l’imputation des déficits (-0,5 milliard d’euros) ;

l’application de la quote-part pour frais et charges sur les plus valeurs de long terme à la plus-value brute et non nette, ainsi que l’augmentation de ce taux de 10 à 12 % (-1,4 milliard d’euros). »

L’énormité du cadeau fait au patronat – qui n’en espérait sûrement pas tant de la part d’un gouvernement socialiste – choque à de très nombreux titres. D’abord, il est frappant de constater que ce cadeau de 15,5 milliards d’euros fait aux entreprises correspond à très peu de choses près aux mesures dites de « redressement » affichées par le gouvernement. Dans son plan de communication autour du projet de loi de finances pour 2014, le gouvernement a en effet beaucoup insisté sur le fait qu’il avait choisi de mettre en œuvre un budget prévoyant « 18 milliards d’euros de mesures de redressement dont 15 milliards d’euros d’économies de dépenses ». Conclusion : si un plan d’austérité a été imposé au pays, ce n’est pas pour réduire les déficits publics ; cela a d’abord été pour financer ces cadeaux patronaux. La concordance des chiffres en témoignent : si ces 15 milliards d’euros n’avaient pas été offerts aux entreprises, le gouvernement aurait pu réduire les déficits publics sans imposer une purge sociale au pays.

La plaisanterie de la taxe à 75 %

La deuxième raison pour laquelle ce cadeau choque, c’est que, de fait, tous les ministères ont été mis à la diète pour 2014. Si les effectifs publics sont gelés hormis dans l’éducation nationale, si les salaires publics ne profiteront toujours pas d’une revalorisation, si d’innombrables secteurs verront leurs crédits baisser, de la culture jusqu’à l’emploi, c’est aussi à cause de ce cadeau.

Oui, un cadeau ! C’est le bon terme précisément parce que le gouvernement a fait le choix – et c’est la troisième raison de notre indignation  d’apporter cette somme fabuleuse sans demander en retour aux entreprises des engagements ou des contreparties. C’est tout particulièrement le cas pour les 20 milliards d’euros apportés dans le cadre du « choc de compétitivité » : le gouvernement a délibérément choisi d’apporter ces crédits d’impôt aux entreprises, sans la moindre contrepartie. Lors des Universités d’été du Medef, Pierre Moscovici a même pris l’engagement que cette somme serait apportée « sans contrepartie » mais aussi « sans contrôle fiscal » (lire Ce que révèle le tango d’amour Moscovici-Gattaz).

L’histoire est donc écrite d’avance. Dans une conjoncture qui est toujours très morose, les entreprises y regarderont à deux fois avant d’embaucher ou d’investir. Vieux principe : on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ! La grande majorité des entreprises vont donc empocher les 20 milliards d’euros de crédit d’impôts, mais les retombées économiques sont pour le moins incertaines. Pour l’heure, la seule probabilité, c’est que ces cadeaux vont d’abord générer des effets d’aubaine. Et même dans le cas des entreprises les plus riches, celles du CAC 40 notamment, on peut parier sans grand risque que les cadeaux fiscaux consentis par les socialistes vont leur permettre d’arrondir encore un peu plus les dividendes qu’ils servent à leurs actionnaires.

Et puis, la quatrième raison d’indignation, c’est évidemment que ce projet de budget apparaît du même coup comme la dernière et la plus spectaculaire illustration de la tromperie à laquelle François Hollande s’est livré durant la campagne présidentielle. Car de cette politique budgétaire et fiscale tout entière dessinée pour contenter le Medef, il n’avait jamais soufflé mot dans le passé. À l’inverse, il avait dit pis que pendre du « choc de compétitivité » défendu par Nicolas Sarkozy – auquel il s’est donc converti, à quelques modalités d’application près.

La volte-face est même plus spectaculaire que cela ! Avec sa sortie fameuse « Mon ennemie, c’est la finance ! », avec son projet de taxe à 75 % sur les rémunérations dépassant un million d’euros par an, il avait suggéré qu’il conduirait une politique clairement ancrée à gauche, pour contenir les dérives de ce capitalisme à l’anglo-saxonne auquel la France s’est progressivement convertie. Las ! François Hollande a finalement fait tout le contraire.

Dans ces documents publiés en annexe du projet de loi de finances pour 2014, on en trouve d’ailleurs une ultime vérification, avec les modalités qui ont été retenues pour ce projet de taxation des hautes rémunérations. Car un projet de taxation a effectivement été inséré dans le projet de budget mais quand on en découvre les modalités, on s’aperçoit que l’affaire se termine par une … plaisanterie !

Un nouveau bouclier fiscal

Pour apprécier la comédie à laquelle a donné lieu toute cette histoire, il faut se souvenir que le projet phare de François Hollande, avant l’élection présidentielle, était d’engager une « révolution fiscale » sur le modèle de ce que préconisait l’économiste Thomas Piketty, en fusionnant la Contribution sociale généralisée (CSG) et l’impôt sur le revenu, pour refonder un véritable impôt citoyen et progressif. Puis, en cours de campagne, le candidat socialiste a fait une embardée : mettant de côté ce projet très ambitieux, il a proposé une mini-taxe provisoire à 75 % pour les revenus dépassant 1 million d’euros. La suggestion était faite pour frapper les imaginations mais elle était en réalité très en retrait sur la précédente, car sans réforme de l’assiette de l’impôt, elle n’était pas de nature à rendre le système français plus progressif (lire Impôts: Sarkozy ment, Hollande bricole).

Puis, nouvelle reculade, quand le Conseil constitutionnel a censuré l’an passé cette réforme qui avait été (délibérément ?) très mal mise en œuvre par Jérôme Cahuzac, François Hollande a choisi une nouvelle fois de rabattre la voilure, en faisant en sorte que la nouvelle taxe soit payée non plus par les cadres dirigeants des entreprises, mais les entreprises elles-mêmes. Ce qui évidemment change tout, car cela ne corrige plus, désormais, les injustices de l’impôt sur le revenu.

Mais quand on découvre les modalités précises de cette nouvelle taxation dans les documents annexes du projet de loi de finances pour 2014, l’effet de sidération est encore plus grand. Car le système est ainsi conçu qu’il avantage les très grandes entreprises, qui bénéficient d’une sorte de bouclier fiscal. Et surtout, la nouvelle taxe à laquelle sont soumises les entreprises concernées est déductible… de l’impôt sur les sociétés.

Pour saisir le mécanisme, il suffit de se reporter à un autre fascicule budgétaire, qui est dénommé « Évaluation préalable des articles du projet de loi » et que l’on peut consulter ci-dessous :

Une économie de 100 millions grâce à la déductibilité

D’abord, on découvre (à la page 52) que la disposition est de portée microscopique puisque « environ 470 entreprises versent à approximativement 1 000 salariés ou dirigeants des rémunérations dont le montant annuel excède un million d’euros ». De surcroît, le dispositif initial a été amendé : la taxe sera de seulement 50 % du montant des rémunérations versées à des cadres dirigeants au-delà de 1 million d’euros annuels, mais, en plus, le montant de la taxe, qui sera due deux années (en 2014 sur la base des revenus de 2013 et en 2015 sur celle des revenus de 2014), est plafonnée à hauteur de 5 % du chiffre d’affaires réalisé l’année au titre de laquelle la taxe est due.

Avec un taux d’imposition de 50 % et non plus de 75 % comme c'était prévu à l'origine, de surcroît plafonné à 5 % du chiffre d’affaires, la nouvelle taxe Hollande n’a donc plus rien à voir avec la taxe initiale de 75 %, qui elle-même n’avait plus rien à voir avec la « révolution fiscale » promise avant la présidentielle. C’est si vrai que le plafonnement de 5 % sur le chiffre d’affaires va fonctionner comme un véritable « bouclier fiscal », à la manière de celui qu’en d’autres temps, Nicolas Sarkozy avait inventé au profit des très hautes fortunes.

Dans le cas présent, le plafonnement va en effet profiter aux entreprises les plus riches. À titre d’illustration, examinons en effet ce qui va advenir pour les clubs de football de la Ligue 1. Au total, 114 joueurs ou entraîneurs évoluant dans les 15 clubs les plus riches, sur un total de 20, seront concernés par la nouvelle taxation, dont 21 joueurs du PSG, 17 de l’OM, 14 de Bordeaux ou Lille ou encore 13 de Lyon.

La nouvelle taxe va donc concerner les trois quarts des clubs de L1. Mais le système de plafonnement ne profitera qu’aux plus riches. Le basculement de la taxe à 75 % vers une taxation de 50 % plafonnée à 5 % du chiffre d’affaires permettra ainsi au PSG de ne payer pour 2013 que 19,5 millions d’euros au lieu des 43,4 millions qui auraient découlé d'une taxe sans plafonnement, soit une économie de 23,9 millions d’euros générée par ce plafonnement. De leur côté, l’OM et Lyon feront respectivement une économie d’environ 7,8 millions et 6,6 millions d’euros.

En clair, vivent les riches ! Voilà l’une des aberrations du système inventé par les socialistes. Même Nicolas Sarkozy n’aurait sans doute pas conçu un système aussi biscornu, à l’avantage des plus hauts revenus. Et en bout de course, le Qatar, qui s’est illustré de manière si honteuse cette semaine avec la révélation de pratiques d’esclavagisme sur les stades en construction de la coupe du monde de 2022, sera le plus grand bénéficiaire de ce bouclier fiscal, lui qui est le propriétaire du PSG.

Mais les bizarreries de cette nouvelle taxe ne s’arrêtent pas là. La taxe est en effet, de surcroît… déductible de l’impôt sur les sociétés. Le système est méticuleusement expliqué à la page 57 du fascicule « Évaluation préalable des articles du projet de loi » : « Sur la base d’un taux de taxation de 50 % et d’un plafonnement de la taxe à 5 % du chiffre d’affaires, le rendement de la taxe est estimé à 310 millions d’euros en rendement brut et à 210 millions en rendement net de la déductibilité de la taxe du bénéfice imposable à l’impôt sur les sociétés. » Traduisons : la déductibilité permet donc de minorer le coût de la taxe pour les entreprises, en 2014, de 100 millions d’euros. En clair, la taxe, qui était déjà de portée purement microscopique, est minorée encore de 30 %.

En bout de course, la fameuse taxe, celle qui a si fortement compté dans la campagne du candidat Hollande, sera purement symbolique : « Compte tenu de la mécanique de l’impôt sur les sociétés, la mesure rapportera donc 260 millions d’euros en 2014 et 160 millions d’euros en 2015, soit un rendement global de 420 millions sur deux ans », conclut ce fascicule budgétaire.

Voilà où nous en sommes arrivés ! La taxe à 75 % qui avait si fortement frappé les imaginations pendant la campagne présidentielle est devenue une pure pantalonnade ; et la finance, dont François Hollande se disait l’ennemi, a pris les commandes du budget de l’État et pioche maintenant dedans à pleines brassées…

 

 

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 15:23

 

 

lemonde.fr

Affaire Bettencourt : pourquoi Nicolas Sarkozy n'ira pas au procès

Le Monde.fr | 07.10.2013 à 12h23 • Mis à jour le 07.10.2013 à 18h08 | Par Jean-Guillaume Santi

 

 

 

Le Monde.fr | 07.10.2013 à 12h23 • Mis à jour le 07.10.2013 à 18h08 | Par Jean-Guillaume Santi

Durée : 03:43  |  Images : Le Monde.fr / Donald Walther

Eclairage

Les juges ont décidé lundi de renvoyer tous les mis en examen devant le tribunal correctionnel dans l'affaire Bettencourt, à l'exception notable de Nicolas Sarkozy.

 

Pourquoi l'ancien président, qui avait été tour à tour témoin assisté, puis mis en examen, n'ira pas devant le tribunal ?

 

Les explications de Gérard Davet, en charge de l'enquête au Monde.

 

Aller plus loin :

Affaire Bettencourt : non-lieu pour Nicolas Sarkozy

Le Monde.fr

 


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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 15:21

 

mediapart.fr

 

Bettencourt : Sarkozy épargné, Woerth renvoyé

|  Par Michel Deléan

 

 

Les juges d’instruction accordent finalement un non-lieu à Nicolas Sarkozy dans le dossier Bettencourt, où il était mis en examen. Mais ils renvoient son ancien trésorier de la campagne présidentielle de 2007, Éric Woerth, devant le tribunal correctionnel. Procès dans un an environ.

 

La rumeur courait depuis plusieurs semaines. Elle est devenue réalité ce lundi. Le juge d’instruction Jean-Michel Gentil et sa collègue Valérie Noël ont finalement accordé un non-lieu à Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, dans une ordonnance signée ce lundi matin, comme l’ont annoncé Sud-Ouest et Le Monde.

Après avoir vu la régularité de leur procédure validée par la cour d’appel, le 24 septembre, les deux juges d’instruction ont finalement rendu une décision conforme aux réquisitions prises par le parquet de Bordeaux le 28 juin, et que plusieurs avocats pronostiquaient : ils ont estimé que les charges pesant contre Nicolas Sarkozy étaient insuffisantes pour le renvoyer devant le tribunal correctionnel pour « abus de faiblesse » sur Liliane Bettencourt.

Ils ont donc voulu éviter une possible relaxe de l’ancien président de la République par le tribunal, ce qui n’aurait pas manqué de provoquer une nouvelle polémique sur le rôle des juges d’instruction.

 

 

La présence de Nicolas Sarkozy sur le banc du tribunal correctionnel aurait certainement arrangé les autres prévenus, trop heureux de lui laisser le rôle principal. Mais paradoxalement, la famille de Liliane Bettencourt estimait que « cela n’aurait pas été bon pour le procès, ça aurait fait diversion », selon l’expression de l’un de ses avocats, soucieux de dépolitiser le dossier et de le recentrer sur les aigrefins qui ont profité de l’état de faiblesse de la milliardaire.

La dimension politique de l'affaire Bettencourt est pourtant bien présente : les juges d’instruction n’ont pas suivi les réquisitions de non-lieu en faveur d’Éric Woerth prises par le parquet.

 

Eric Woerth 
Eric Woerth

Dix personnes sont donc renvoyées devant le tribunal correctionnel de Bordeaux : l’ancien trésorier Éric Woerth, l’ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, le photographe François-Marie Banier, son compagnon Martin d'Orgeval, les notaires Jean-Michel Normand et Patrice Bonduelle, l'ex-gestionnaire de l'île d'Arros, Carlos Vejarano, l’avocat fiscaliste Pascal Wilhelm, l’homme d’affaires Stéphane Courbit, et l’infirmier Alain Thurin.

Les faits visés sont qualifiés d'abus de faiblesse, abus de confiance et escroquerie aggravée, ainsi que recel et blanchiment de ces délits.

Outre Nicolas Sarkozy, l’avocat fiscaliste Fabrice Goguel bénéficie également d’un non-lieu.

Pourquoi ce revirement ? Les juges d’instruction ont longtemps creusé la piste Sarkozy. Ils ont notamment confectionné des tableaux, pour établir des coïncidences troublantes entre une série de dates : les rapatriements de fonds depuis la Suisse pour Liliane Bettencourt (4 millions d’euros de début 2007 à fin 2009), les rendez-vous entre le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et Éric Woerth, et enfin les visites discrètes que Nicolas Sarkozy aurait faites aux Bettencourt à Neuilly-sur-Seine pendant la pré-campagne de 2007, relatées par plusieurs témoins.

Les juges d’instruction ont d’abord placé l’ancien président de la République sous le statut de témoin assisté, le 22 novembre 2012, en estimant qu’il existait des indices rendant des remises de fonds plausibles. Ils ont ensuite décidé de le placer sous le statut de mis en examen, le 21 mars dernier, en relevant cette fois-ci des « indices graves et concordants » contre lui.

Entre ces deux séquences, la défense de Nicolas Sarkozy avait singulièrement « énervé les juges », selon le mot d’un avocat bordelais. Le défenseur et ami de l’ex-président, Thierry Herzog, avait en effet publiquement torpillé le dossier, en imputant au juge une confusion entre « Bettencourt » et « Betancourt », et en assurant un peu vite ( au micro d'Europe 1) que « l'affaire Bettencourt est une affaire qui n'existe plus ».

Exit Sarkozy, donc. À partir d'aujourd'hui, c’est sur les épaules du seul Éric Woerth, ancien trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, puis ministre du budget, que va reposer le poids politique de l’affaire Bettencourt. Mais à terme, on devine sans risque de se tromper que l’ombre de Sarkozy planera au-dessus des débats, comme celle de Jacques Chirac lors des procès d’Alain Juppé et de Michel Roussin dans les affaires du RPR et de la mairie de Paris.

La coloration politique du dossier sera renforcée par le volet dans lequel Éric Woerth et Patrice de Maistre ont déjà été renvoyés devant le tribunal correctionnel, le 4 juillet, pour « trafic d’influence » dans l’affaire de la Légion d’honneur, cela contre l'avis du parquet. Patrice de Maistre avait reçu sa médaille des mains d'Éric Woerth en personne au mois de janvier 2008, soit deux mois après avoir embauché son épouse, Florence Woerth, au service de l’héritière de l'empire L'Oréal.

Le procès de l'affaire Bettencourt pourrait s'ouvrir dans un an environ au tribunal correctionnel de Bordeaux.

 

 

 

 

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 15:16

 

marianne.net

 

Pour un salaire minimum mondial
Lundi 7 Octobre 2013 à 15:36

 

Illustration - PFG/SIPA
Illustration - PFG/SIPA

L’Organisation Internationale du Travail (OIT ) et des ONG (organisations non gouvernementales) dressent régulièrement des constats alarmants à propos des conditions de travail et de sécurité des ouvriers des pays à bas coûts. Mais les chartes éthiques signées par les groupes de distribution et les industriels locaux  s’avèrent insuffisamment contraignantes et n’ont jamais permis d’améliorer significativement l’existence de populations trop souvent asservies. 

Chaque année, des situations sanitaires dangereuses et de nombreux accidents continuent à tuer des milliers d’ouvriers. Il est hélas peu certain que les donneurs d’ordres acceptent de renoncer à une part même mineure de leurs bénéfices, pour faire progresser la sécurité et la situation des ouvriers. En effet, ceux-ci estiment souvent que cette responsabilité incombe aux sous-traitants qui, à l’opposé, affirment généralement, ne pas pouvoir financer des améliorations sans l’implication financière des grands groupes de la distribution.   

Il nous faut aujourd’hui penser une autre approche : des travailleurs mieux rémunérés ont davantage accès à l’information, mais aussi à des conseils et à une aide juridique pour les protéger et faire valoir leurs droits. Si nous, marchés occidentaux de consommateurs, aidions les salariés des pays à plus faibles coûts à obtenir une plus digne rémunération de leur travail, nous leur procurerions ainsi les outils qui leur permettraient d’influer sur leurs conditions de travail, de santé et de sécurité. Ils sauraient, n’en doutons point, engager avec leurs entreprises et pays respectifs, un dialogue.

 ADOPTER UNE VISION PLUS GLOBALE   
Dans un contexte de mondialisation, il convient d’appréhender avec une vision globale, la situation des salariés des pays émergents. On peut, certes, continuer à pointer du doigt la dangerosité et pénibilité du travail ou l’extrême exploitation des ouvriers de certains pays, mais cela les expose à la délocalisation de leur production vers d’autres régions où les travailleurs sont parfois encore plus fragiles.  

Depuis l’accident de Dacca, qui à couté la vie à 1 133 personnes et causé de graves blessures et amputations à plus de 1 000 ouvrières et ouvriers parmi les 1 900 blessés, plusieurs groupes textiles, sans doute plus soucieux de leur image que du sort des ouvrières et ouvriers bangladais, transfèrent maintenant leur production vers d’autres pays d’Asie ou d’Afrique.  Une tentative d’indemnisation des victimes du Rana Plaza a été organisée le 12 septembre 2013 à Genève sous la houlette de l’OIT. Cependant, 9 marques seulement sur les 29 impliquées se sont déplacées.  

Aussi, peut-être pourrions-nous, afin de mettre fin à cette folle et meurtrière  ronde, tenter d’apporter une réponse plus pertinente.  La plupart des consommateurs occidentaux accueilleraient très favorablement l’institution d’une norme salariale mondiale. Néanmoins, la protection, les droits, la sécurité et la santé des citoyens relèvent de la responsabilité de chaque État qui, même en cas d’insuffisances, demeure souverain. Par ailleurs, l’instauration immédiate d’un salaire minimum décent pour l’ensemble des salariés de chaque pays émergent serait, le plus souvent, économiquement irréalisable.     

Aussi, Il importerait simplement, afin de remédier rapidement et durablement à des situations sanitaires urgentes et souvent dangereuses, d’organiser une convention internationale pour définir dans la concertation, un montant de rémunération minimum obligatoire spécifique à l’exportation, afin d’échanger dans un monde plus juste et plus serein.  

UNE CONVENTION INTERNATIONALE ENTRE MARCHÉS DE CONSOMMATEURS ET PAYS A BAS COÛTS              
USA et UE pourraient, en collaboration avec l’OIT et dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), proposer à l’ensemble des pays industriels à bas coûts, d’adhérer à une convention internationale.  Cet accord prévoirait essentiellement de subordonner l’exportation vers les deux plus grands marchés de consommateurs, à l’obligation de rémunérer, selon une norme minimum mondiale négociée, les personnels qui fabriquent ces produits ou fournissent ces services.  

Il conviendrait de déterminer dans la concertation, un montant de salaire suffisamment ambitieux pour faire évoluer la situation salariale  de nombreux ouvriers dans le monde mais assez raisonnable et modéré pour être agréé par le plus grand nombre de pays exportateurs. Une discussion entre les principaux marchés de consommateurs et l’ensemble des pays exportateurs, pourrait s’engager autour de la base suivante, qui néanmoins, ne constituerait qu’une étape vers une harmonisation salariale.  

- Un salaire minimum mensuel net de 400 € ou 500 $ pour les ouvriers fabriquant des produits ou les employés fournissant des services destinés à l’exportation principalement vers les deux plus grands marchés de consommateurs que sont l’UE et les USA.  Seraient concernés : des pays d’Asie, d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Europe. Les pays de l’Union Européenne (UE) qui ne garantissent pas de salaire minimum ou dont le montant est inférieur au seuil préconisé, devraient également se plier à cette règle pour exporter vers les autres pays membres de l’UE ou les USA.  

Il appartiendrait ensuite à chacun des États participants, de légiférer pour faire appliquer  dans les entreprises locales et étrangères, les dispositions décidées lors de la convention et  encadrant la rémunération des personnels travaillant pour l’exportation.    

Par ailleurs, l’UE abrite en son sein d’importantes inégalités : le salaire minimum bulgare est le plus faible avec un montant net de 120 € mensuel quand son équivalant luxembourgeois dépasse 1 500 €. Il reviendrait à la Commission Européenne, d’imposer plus d’équité entre ses membres ¹.       
                                   
UNE AUGMENTATION SALARIALE POSSIBLE SANS MAJORATION DU PRIX POUR LE CONSOMMATEUR     
Les groupes de distribution et du luxe, les grandes enseignes et les marques, ont bâti en à peine vingt ans de mondialisation, des empires financiers gigantesques. Ceux-ci distribuent chaque année des dizaines de milliards d’euros à leurs actionnaires au détriment de consommateurs abusés et d’ouvriers surexploités. Leurs milliers de palais de la consommation sont démesurés et occupent maintenant des millions de mètres carrés sur les plus belles avenues du monde.  

Mais à l’autre bout de la chaine, les salaires mensuels n’atteignent que très rarement 200 € par mois et sont bien souvent inferieurs à 100 €.  Celui d’une ouvrière bangladaise compte parmi les plus faibles au monde avec 40 € pour parfois 250/300 heures de labeur ou 23 € pour des éthiopiens qui révélaient récemment être battus par les contremaîtres. D’autre part, au sein même de l’UE, les ouvrières de certains pays perçoivent moins de 150 €. Pourtant, il serait parfaitement possible, dans l’ensemble des secteurs industriels, de rémunérer plus correctement les personnels qui produisent des articles destinés à l’exportation, sans majoration de prix au consommateur.  

La diminution de profits n’avoisinerait le plus souvent, que quelques dizaines de cents ou quelques euros sur des articles plus chers.  Pour exemple, la somme annuelle de travail produit par une ouvrière textile bangladaise rémunérée moins de 500 € l’an, peut participer à la réalisation d’un chiffre d’affaires atteignant parfois 200 000 ou 300 000 € par an, dépensés par les consommateurs dans les grandes enseignes de la distribution ou les boutiques de prêt à porter bas, moyen, haut de gamme et luxe. De même, le coût en main d’œuvre d’un Smartphone n’excède guère 2 à 5 % du prix de vente, celui d’une paire de baskets de marque oscille entre 1.5 et 3 % du prix boutique et un sac de luxe confectionné en quelques heures est parfois revendu 1 000 ou 2 000  €.       

UN CODE BARRE POUR MIEUX RESPECTER LES DROITS  ET LUTTER CONTRE LA SURCONSOMMATION DE  RESSOURCES NATURELLES    
Une traçabilité des produits, matérialisée par un code barre obligatoire pour exporter vers l’UE et les USA, pourrait faciliter l’application de règles sociales dans les pays d’origine.   La production de chaque article a une conséquence directe sur l’état de la planète et l’épuisement des ressources naturelles. Peut-être ne devrions-nous plus attendre pour lutter contre le consumérisme, le réchauffement climatique et la destruction de l’écosystème.   

Un code barre conférerait une identité à chaque article. Il indiquerait le nom du donneur d’ordre, celui du fabricant et des sous-traitants, le niveau des conditions sociales des personnels de production, la conformité des substances utilisées, ainsi que  l’empreinte  écologique. Cela  pourrait marquer le début d’une vraie gestion des ressources et des échanges. Par ailleurs, celui-ci constituerait un outil efficace de lutte envers la contrefaçon. 

POUR QUE CHAQUE PAYS PUISSE BÂTIR  UNE ÉCONOMIE SAINE   
Les hausses, surtout de bas salaires, ont, selon la plupart des économistes, keynésiens ou appartenant à d’autres courants de pensée, un effet macroéconomique positif certain sur le développement d’un pays. Les effets concrets sont d’autant amplifiés sur l’économie locale lorsque le pays est émergent et produit agriculture, élevage et industrie manufacturière de biens de consommation. En revalorisant la rémunération des salariés travaillant pour l’exportation, mécaniquement, les  revenus des autres citoyens et le niveau de vie du pays exportateur progresseraient. 

A terme, l’augmentation de la consommation de biens indispensables, alimentaires ou matériels, générerait une croissance du marché intérieur qui pourrait contribuer à bâtir une économie plus autonome et saine, mais aussi moins orientée vers une course à la production dont, par ailleurs, les effets sur l’environnement sont souvent désastreux.    

CONSOMMATEURS OTAGES ET COMPLICES MALGRÉ NOUS  
Nous, consommateurs occidentaux, n’acceptons plus d’être les otages et complices d’une politique économique spéculative qui nous berne et impose à des femmes, des hommes et parfois des enfants de 10 ans, des conditions de travail proches de l’esclavage.  La promesse d’une mondialisation heureuse qui devait offrir bienveillamment du travail aux pays pauvres dans le respect de leurs droits et procurer des produits moins chers aux pays riches ne s’est guère réalisée : les conditions de travail des ouvriers des pays émergents se sont peu améliorées depuis le début de la mondialisation, le chômage des pays occidentaux a explosé et la plupart des prix des biens de consommation augmentent régulièrement. 

Il semble aujourd’hui, que les actionnaires des grands groupes soient les principaux bénéficiaires de ce marché de dupes. Certes, les donneurs d’ordres occidentaux partagent la responsabilité de cette forme d’esclavage contemporain avec les industriels locaux et doivent également parfois composer avec des organisations mafieuses et des hommes politiques ou fonctionnaires corrompus. Aussi, l’instauration d’un salaire minimum obligatoire pour exporter, aiderait les États signataires à lutter contre une corruption qui prive travailleurs et citoyens, des fruits d’une croissance qui leur revient de droit.  

Les gouvernements pourraient ainsi remplir leur devoir de protection envers leurs populations. L’adhésion à cette convention internationale, marchés de consommateurs/Pays en développement, pourrait constituer pour chacun des États signataires, une opportunité historique d’avancée économique et sociale.    

  ¹ Union Européenne :   
Nous devons envisager l'instauration d'un salaire minimum mensuel net de 1 000 € pour l’ensemble des ouvriers des pays de l’UE fabriquant des produits ou les employés fournissant des services destinés à l’exportation ainsi que pour les salariés détachés dans l’un des 28 pays de l’Union Européenne (Exemples : ouvriers polonais et portugais du BTP en France et ouvriers Bulgares ou roumains dans l’agroalimentaire en Allemagne).   

Ce salaire net minimum s’appliquerait donc aux 7 pays qui ne disposent pas d’un salaire minimum (Allemagne, Italie, Danemark, Chypre, Autriche, Finlande et  Suède). Et, parmi les 21 pays prévoyant un salaire minimum, ceux dont le montant est inférieur au seuil de 1 000 € (Roumanie, Bulgarie, Pologne, Hongrie, République tchèque, Croatie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Grèce, etc.…)  Les salaires minimum en vigueur dans des pays de l’UE continueraient à s’appliquer dés lors qu’ils seraient supérieurs à 1 000 € net mensuel.  

A terme, un alignement basé sur la moyenne des salaires minimum nets français, anglais, belges, irlandais, néerlandais ou luxembourgeois (1 100 à 1 550 €) pourrait être envisagé pour les pays les plus développés et s’appliquer ensuite à l’ensemble des populations de la communauté européenne.   

* Francis JOURNOT     
Associations International convention for a world minimum wage et Vêtements made in France sont des associations indépendantes et à but non lucratif                     
     
      
                                                                                        Lettre à :  
Barak OBAMA, président des États unis d'Amérique, José Manuel BARROSO, président de la Commission Européenne, Robert AZEVEDO, directeur général de l'OMC, Guy RYDER, directeur général de l'OIT et tous les chefs d'États des pays émergents ou en développement. 

 

 

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 15:01

 

 

blogs.rue89.com

 

Lampedusa : construite pour la paix, l’Europe fait la guerre aux pauvres
Noël Mamère - Député de Gironde

Publié le 07/10/2013 à 16h34

 

 


Les cercueils des victimes de Lampedusa, dans un hangar de l’aéroport, le 5 octobre 2013 (Luca Bruno/AP/SIPA)

 

Que dire devant ce massacre des innocents qui fuyaient la guerre, la famine et les dictatures ? Que dire devant les cadavres de ces 300 malheureux morts pour la seule raison d’avoir eu la folle idée de passer d’un continent à l’autre au nom du droit à la liberté de circulation ?

Les larmes de crocodile et la défausse compassionnelle des dirigeants européens ne peuvent masquer la réalité crue et ignoble. Ces 300 morts accusent l’Europe de non-assistance à personnes en danger.

« Visa Balladur »

Au-delà de la honte, si bien exprimée par le pape François, c’est un crime qui ne dit pas son nom. Pendant que nous assistons à l’insoutenable sur nos écrans de télévision, un même crime se répète chaque jour aux Comores, dans le silence le plus abject.

La France de Hollande, barricadée à Mayotte, bafoue le droit international en continuant d’appliquer dans toute sa dureté les règles découlant du « visa Balladur ». Depuis 1994, plus de 8 000 morts ont ainsi été dénombrés dans le bras de mer de 70 km de large qui sépare l’île d’Anjouan de Mayotte.

Ainsi, pour toute réponse à « la misère du monde », les Etats riches ne trouvent-ils que la voie répressive. Ils érigent des barrières et des miradors, comme à Ceuta et Melilla, dépensent des centaines de millions d’euros chaque année dans les dispositifs Frontex et Eurosur, pour contrôler et pourchasser les migrants, subventionnent les Etats africains pour qu’ils contrôlent en plein désert leurs ressortissants, développent les camps de rétention en Afrique et en Europe. Tout cela en pure perte.

Les lignes Maginot du XXIe siècle

Comme les murs dressés entre la Grèce et la Turquie, les Etats-Unis et le Mexique, entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, la Chine et la Corée du Nord, l’Ouzbékistan et l’Afghanistan, le Botswana et le Zimbabwe…

La généralisation de ces clôtures et barbelés antimigrants devrait pourtant nous faire réfléchir. A quoi servent ces obstacles qui ne dissuaderont jamais ceux qui préfèrent risquer leur vie sur des rafiots de fortune plutôt que de rester dans des pays ravagés par la violence et la misère ? Ces lignes Maginot du XXIe siècle sont aussi inutiles qu’illusoires.

Elles servent, avant tout, à tromper les populations des Etats qui les érigent en refusant d’admettre cette simple vérité : « les flux migratoires » ne sont pas des invasions mais des mouvements de population normaux dans un monde ouvert.

On ne peut à la fois ériger en dogme la libre circulation de la finance et des marchandises et interdire aux êtres humains de circuler voire de s’installer. Ou alors c’est nier le droit d’hospitalité, le droit d’asile, le droit des migrants.

Une civilisation coécrite par les migrants

Je sais que l’on va encore une fois m’accuser d’angélisme incapable de comprendre les préoccupations populaires. Mais je défendrai toujours une vision du monde qui refuse les faux-semblants et exige de dire la vérité. Les migrants dits « illégaux » ne sont pas plus des ennemis de la République que ne l’étaient les Italiens, les Belges, les Polonais, les Espagnols, les Portugais, au XIXe et au XXe siècle.

L’Europe ne se définit pas par sa « blanchitude » ou sa religion mais par son histoire et sa culture, produit de sa diversité. L’Europe, c’est le creuset d’une civilisation coécrite par des migrants. Et cela n’a jamais cessé depuis les Barbares et les Romains, les Huns et les Vikings, les Musulmans andalous et les Juifs venus d’Europe centrale.

Aujourd’hui, l’Europe se cache derrière ses murs pour protéger ses « riches » contre les « damnés de la terre ». Elle s’est transformée en forteresse. L’Union européenne, construite pour préserver la paix en son sein, fait la guerre aux pauvres du reste du monde… Et aux siens, comme on le voit dans le cas des Roms, citoyens européens.

Si la crise exacerbe toujours ces sentiments de rejet, ils sont renforcés par la situation d’inégalité et de déclassement qui sévit dans de nombreux pays européens.

Chaîne de l’hypocrisie

Pourtant, le mode de vie occidental fait rêver des centaines de millions d’hommes et de femmes dans le monde. Les images déversées par les écrans créent l’illusion d’un monde où le luxe est facile, où l’on trouve du travail, où l’on mange à sa faim, où l’on vit en sécurité. Nous savons qu’il n’en est rien mais que, pour des jeunes Maghrébins, Somaliens ou Erythréens, pour un jeune Syrien, cette illusion permet de conserver un espoir.

Quand la mer ne les engloutit pas, elle les jette dans une aventure au bout de laquelle ils découvrent l’envers du décor : une Europe de la peur et du désarroi où le dernier arrivant n’est pas le bienvenu, une Europe du chacun pour soi.

Tous ont été migrants, Sarkozy comme Valls. Les migrants sont nos frères et sont sous la protection internationale. Des conventions sont censées protéger leurs droits, mais les lois nationales, rédigées en hâte, sous la pression de la crise et de l’opinion, créent les conditions de la tragédie de Lampedusa.

Si les migrants traversent la Méditerranée au péril de leur vie c’est que les visas sont impossibles à obtenir. Si les trafiquants les abandonnent en pleine mer, c’est qu’ils ne veulent pas être considérés comme responsables du transport. Si les bateaux ne les secourent pas, c’est que les pêcheurs craignent d’être considérés comme des complices. Cette chaîne de l’hypocrisie doit être brisée.

Trop « droitdelhommiste » ?

Les centaines de millions dépensés pour équiper les pays riverains et frontaliers pourraient être mieux employés en programmes de réinstallation ou en projets de codéveloppement. Au lieu de vendre des armes aux dictateurs, on pourrait construire des hôpitaux. On pourrait décider d’en finir avec les subventions à l’exportation aux agriculteurs européens qui détruisent les productions vivrières des paysans africains. Des corridors humanitaires pourraient être organisés, à commencer par la Syrie. Le droit d’asile pourrait être étendu, mieux partagé par tous les pays de l’Union européenne…

Mais les Etats de l’Union ne feront rien de tout cela. Trop difficile à « vendre » à leurs opinions respectives, pas assez rentable, trop « droitdelhommiste ». On oubliera Lampedusa jusqu’à la prochaine fois. Les oubliés de l’Histoire passeront par pertes et profits, comme toujours.

Tant de lâcheté et de pleutrerie confondent.

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 17:43

 

blogs.mediapart.fr

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. La violence des riches

Chronique d’une immense casse sociale. Paris : Éditions La découverte, 2013.
En exergue de ce beau et très fort livre, cette constatation de Paul Nizan : « La bourgeoisie travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il lui est nécessaire de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. […] Monsieur Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui. » (Les Chiens de garde, 1932)

 

Il y a au moins trois sortes de violence. La violence physique des coups de poing, des coups de couteau, des conditions de travail de plus en plus insupportables dans les usines, mais aussi dans les bureaux. Il y a la violence de l’écart qui se creuse chaque jour davantage entre les riches et les pauvres, avec des dividendes de plus en plus substantiels et des licenciements de plus en plus nombreux. Et puis il y a la violence culturelle, de classe, comme quand les délégués du personnel d’une grande entreprise sont tolérés en bout de table des conseils d'administration.

 

Michel Pinçon est retourné dans ses Ardennes natales où, quand il était jeune, la ville et l’usine vivaient en symbiose. Aujourd’hui, les Ardennes sont sinistrées. Parcourez les 13 kilomètres qui séparent Sedan de Bouillon en Belgique. Vous passez de l’enfer au paradis, de la casse sociale totale d’une ville peuplée de 25 000 habitants au début des années 80 et qui en compte à peine 18 000 aujourd’hui à la quiète opulence de la petite cité natale de Léon Degrelle.

 

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À Nouzonville (que connaît bien Michel Pinçon), la ville de Jean-Baptiste Clément, où l’on trouve des maisons à 500 euros le mètre carré, un fonds d’investissement californien a mis à sac une grande fonderie d’acier. Les travailleurs ont subi deux violences : celle de se retrouver au chômage et celle – tout aussi insupportable – d’un « décor sinistré qui leur dit qu’ils n’ont guère plus de valeur que les pièces moulées ratées que l’on mettait au rebut. » Fermer une usine, c’est tuer le respect du travail, l’attachement au terroir et à une commune.

 

Autre violence insupportable que tous les travailleurs de France et d’ailleurs doivent désormais subir : le dogme selon lequel leur salaire est une « variable d’ajustement », un coût et non un dû, avec ces lancinantes menaces d’externalisation alors que, comme le rappellent les auteurs, dans le calcul du prix d’une voiture (ou d’une paire de tennis) la main d’œuvre de production n'entre que pour 1/20ème dans prix final.

 

Autrefois, la bourgeoisie décrivait l’ouvrier comme un oisif, un alcoolique en puissance. Aujourd’hui, il est un fraudeur aux allocations sociales, alors que les fraudes des assurés représentent tout au plus 1% des comptes de la Sécu, contre 80% (16 milliards) liés aux cotisations patronales impayées et au travail dissimulé. Pendant ce temps, la fraude fiscale est un « sport de classe », une jouissance perverse. Les paradis fiscaux sont connus. Ils coûtent à l’État français 40 milliards d’euros par an. Par ailleurs, les représentants de la classe dominante imposent leur vulgarité : Berlusconi, ses partouzes et ses chaînes de télé ; Sarkozy qui demande à un publicitaire de lui trouver une femme, l’Etonien Boris Johnson, maire conservateur de Londres qui, lors d'une campagne électorale, lance le mot d’ordre suivant : « Votez conservateur car votre femme aura de plus gros seins et vous une BMW M3 » (Voting Tory will cause your wife to have bigger breasts and increase your chances of owning a BMW M3.). C’est en transgressant sans vergogne que le dominant « prend le pas sur le dominé, lui-même tenté de se replier sur un individualisme de dernier recours en abandonnant utopies et luttes collectives. »

 

Il faut être un Pujadas pour s’étonner que des travailleurs désespérés puissent casser du matériel. Cette exaspération n’est qu’une faible et très sporadique réponse aux humiliations endurées quotidiennement, comme le racontent des ouvriers des Ardennes reçus par le préfet : « Il nous a facturé le nettoyage de la moquette du bureau où nous avons été reçus, car nos chaussures portaient encore la trace des pneus que nous avions fait brûler pour donner de la visibilité à notre action. »

 

Pour traduire en discours politique leurs observations et analyses sociologiques, les auteurs renvoient au mythe fondateur du hollandisme présidentiel, le célèbre discours du Bourget où le futur président expliqua qu’il n’avait qu’un seul ennemi, sans nom et sans visage : la finance. Les Pinçon-Charlot renvoient Mimolette Ier dans les cordes de son mensonge. Tous les proches qui comptent dans son équipe sont en contiguïté avec la finance ou en relèvent directement : Jean-Jacques Augier, Jean-Pierre Jouyet, Henri de la Croix de Castries, Christophe de Margerie et bien d’autres encore. En pleine connaissance de cause et en pleine lumière, Hollande pratique le mélange des genres. Pierre Moscovici est un affidé du fief de Peugeot. Nicolas Dufourcq, le directeur de la Banque publique d’investissement (qui compte en son conseil d’administration Ségolène Royal et Jean-Paul Huchon), a participé à la privatisation de Wanadoo et a été directeur financier de Cap Gemini. Tout petit, déjà, Hollande savait qu’il ne se garderait qu’à gauche. En 1983, il publie, sous un pseudonyme,La Gauche bouge. Il prévient : « Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires, les effectifs de la police renforcés, la Défense nationale préservée, les entreprises modernisées, l’initiative libérée. » L’Enarque n’a pas encore 30 ans quand il écrit ces lignes. Pas étonnant qu’il capitulera devant les grands entrepreneurs, devant les banquiers, dès sa première année de mandat, en prenant dans la poche des citoyens ordinaires pour abonder les caisses des capitalistes.

 

De Gaulle avait choisi comme Premier ministre le fondé de pouvoir de Rothschild. Sarkozy avait recruté François Pérol, associé de cette même banque, comme secrétaire général adjoint de l’Élysée. Au même poste, Hollande nomma Emmanuel Macron, un autre associé-gérant de cette même banque. Le ministère des Finances fera de Rothschild (« sans nom et sans visage », bien sûr) son interlocuteur préféré en lui déléguant des missions publiques. Il n’est plus une seule décision d’importance prise au sommet de l’État sans qu’elle ait été expertisée par Rothschild, Lazard à la rigueur. Sont-ce ces établissements privés qui ont conseillé à Hollande de baisser le taux de l’épargne populaire et de soustraire des milliards d’euros réservés au financement des logement sociaux et à l’aide aux collectivités locales ? Sont-ce ces banquiers qui ont inspiré la loi de « sécurisation de l’emploi » (sic) qui démantèle le droit du travail, accroît la précarisation ? Seuls six députés socialistes se prononceront contre ce texte scélérat. 

 

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Tout est discours. Avez-vous récemment entendu un dirigeant prétendument socialiste (ne parlons pas de Hollande ou Ayrault) prononcer le mot « ouvrier » ? Les Solfériniens vivent dans le monde « réenchanté » du Medef. Un monde où la crise de 2008 n’est pas dû aux banquiers véreux et aux entrepreneurs voyous mais aux “ avantages acquis ” (alors qu’il s’agit de droits conquis) des travailleurs. Le discours dominant édulcore la réalité. Il n’y a plus de clochards mais des SDF, plus de chômeurs mais des sans-emplois. Les plans de licenciement sont des plans sociaux, voire des plans de sauvegarde de l’emploi. Les privatisations sont des cessions d’actifs publics. Jospin, ce grand poète, parlait même de respiration. Le discours « arrache aux individus un consentement volontaire aux règles qu’il impose ». En premier lieu, son temps, qui doit être productif, même la nuit. Il faut que le travailleur « désire » faires des heures supplémentaires, et que, comme dans tout univers totalitaire, il « aime » Big Brother, son exploiteur.

 

Les techniques d’asservissement sont désormais d’une inventivité inouïe. La société Nestlé a proposé aux salariés de plus de cinquante ans d’une filiale italienne de diminuer leur temps de travail de 40 à 30 heures par semaine, avec une baisse de salaire de 25 à 30%, afin de promouvoir la candidature d’un de leurs enfants à un emploi aux mêmes conditions dans la même entreprise. Ceci est révélateur du désarroi, du manque de résilience, de la désorganisation du monde salarial. Quand on pense que la Maison de la Mutualité est désormais gérée par le groupe international GL Events et que Sarkozy y a prononcé son discours du 22 avril 2012 pour y reconnaître sa défaite ! Billancourt a été éradiqué. La navigation de plaisance a envahi les ports de pêche. Comment mieux tuer la mémoire des luttes ? Il y a aujourd’hui dix fois moins d’emplois industriels à Paris qu’en 1999.

 

« Quoi qu’ils fassent, « les dominés ont tort », nous disent les auteurs. Ceux des syndicats qui luttent encore un peu, qui n'acceptent pas l'ordre financier du monde, sont taxés de populisme. Tout comme – et ce n’est pas un hasard – le Front de Gauche. Le Figaro, quant à lui, n’est pas taxé de « bourgeoisisme ». Et Arnault de « richichisme ».

 

Espérons qu’un jour Michel Pinçon pourra prendre le temps de nous raconter les Ardennes de son enfance. Cela ne nous rendra pas plus riches. Plus forts, peut-être.

 

 

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