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22 octobre 2013 2 22 /10 /octobre /2013 14:36

 

 

l'humanite.fr

Monde - le 27 Août 2013

Enquête

 

Accord de libre-échange: l'UE et le Canada signent un vrai cheval de troie

 

Le Canada et l'UE négocie un accord de libre-échange dans le plus grand secret.

 

L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, négocié depuis 2008, a été signé entre le Premier ministre canadien et Stephen Harper, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. S'il a fait très peu de vagues en Europe, c'est un véritable cheval de troie préfigurant le partenariat avec les États-Unis. Au Canada à l'inverse, la résistance à la doctrine néolibérale s’est activée contre ce traité. Un exemple à suivre pour les Européens, car l’accord UE-USA n’en sera qu’une copie.

Nous republions ici notre décryptage de cet accord publié fin août:

Dans le plus grand secret, l’Union européenne et le Canada négocient un traité de libre-échange depuis 2008, l’Accord économique et commercial global (AECG, CETA en anglais, pour Comprehensive Economic and Trade Agreement). Le Canada réclame un accord avec l’UE, deuxième partenaire économique du Canada, depuis 2004. La signature était prévue pour fin 2011 mais les négociations ont pris du retard et les plus optimistes parlent maintenant de fin 2013.

« Indifférence générale »

Car depuis l’ouverture des discussions sur un accord de libre-échange avec les États-Unis d’Amérique (TAFTA, pour Transatlantic Free Trade Area, qui devrait voir le jour en 2015), l’UE traîne des pieds dans le dossier canadien. Le Canada n’est que le 12e partenaire économique de l’Union, ne représentant que 1,8 % des échanges commerciaux totaux, loin derrière Oncle Sam et ses 14 %. Une puissance commerciale de seconde zone donc pour l’Union européenne, qui toutefois teste pour la première fois son pouvoir de négociation avec un pays du G7. En effet, depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en 2009, les accords de libre-échange sont conclus directement au niveau européen, par la Commission européenne, et l’AECG devrait être le premier partenariat signé.

Le premier mais pas le seul, car l’Union européenne noue des accords de libre-échange à la pelle : outre les USA, l’Union négocie sec avec l’Inde et la Corée du Sud. De quoi faire oublier le Canada. « Nous sommes moins importants au commerce européen que l’Inde ou la Corée du Sud. Et notre pays ne compte que 34 millions d’habitants, bien moins que les USA, qui seront un négociateur beaucoup plus coriace lors des discussions. », admet Stuart Trew, responsable du commerce au Conseil des Canadiens, une organisation militante canadienne créée en 1985 pour s’opposer à l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA). « C’est vrai que ce traité est négocié dans l’indifférence générale », déplore Marie-Christine Vergiat, eurodéputée Front de gauche. « Et le silence le plus total de la Commission européenne n’aide pas à sa médiatisation. »

Résistance canadienne

Si l’accord passe quelque peu inaperçu en Europe, il n’en va pas de même au Canada où militants de gauche, syndicats et ONG organisent la résistance contre le néolibéralisme. Pour Stuart Trew, « Les trente dernières années ont assez prouvé que le libre-échange enrichit les riches et appauvrit les pauvres, menace la santé publique et la défense de l’environnement et encourage à toujours plus de privatisations. »

À la demande du Canada, les négociations ont eu lieu sous le régime dit de la liste négative : tout service public qui n’est pas exclu nommément de l’accord est considéré comme automatiquement inclus, même s’il n’existait pas au moment de la signature. Une aberration pour Judith Kirton-Darling : « Pour nous, les services publics viennent du choix d’un peuple de ce qu’il veut mettre dedans, maintenant ou dans le futur. » La jeune femme est secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), une organisation dont sont membres les principaux syndicats français. « Sur le principe, nous ne sommes pas opposés à un accord de libre-échange, mais nous souhaitons qu’il soit « gold standard », de la meilleure qualité possible. Il doit protéger le droit du travail, l’environnement et les services publics. », détaille-t-elle.

Outre-Atlantique, les propos sont plus virulents : « Avec cet accord, les grandes multinationales européennes auront accès aux marchés publics canadiens, ce à quoi nous nous opposons totalement. », explique Claude Vaillancourt, président d’Attac-Québec. L’association a contribué à créer le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), qui rassemble syndicats et associations québécoises contre l’AECG. « Par exemple, l’eau est une ressource publique au Canada. On craint qu’avec l’accord, des multinationales type Veolia débarquent. Regardez en Europe, les tarifs ont explosé quand les services de distribution ont été privatisés. »

Traité international, réforme intérieure

Puisqu’au Canada les services publics, ainsi que l’exploitation des ressources naturelles, relèvent de la compétence des provinces, les Canadiens craignent que le traité n’entraîne une perte d’autonomie. Ce sont les provinces qui gèrent les monopoles de service public, comme Hydro-Québec, l’équivalent québécois d’EDF, avant la libéralisation du secteur. « Tous les monopoles du monde entier agacent ceux qui négocient des accords de libre-échange », confesse Pierre-Marc Johnson, ancien Premier ministre du Québec, lors d’une audition devant le Parlement québécois en 2010.

« Du point de vue du Canada, l’AECG relève plus de la réforme intérieure que du commerce. », explique Stuart Trew. Un avis partagé par la Commission européenne qui se félicite des concessions canadiennes. Ainsi, dans une note d’octobre 2012, elle note que : « L’offre canadienne d’accès aux marchés publics est la plus complète et ambitieuse jamais faite par le Canada et ses provinces à un partenaire commercial, y compris les États-Unis. L’offre dépasse même les accords mutuels entre les différentes provinces canadiennes. De cette façon, l’AECG ouvre la voie à une importante réforme intra-canadienne. »

Les entreprises contre la société

Si l’AECG entraînera une privatisation à tout va, il conduira aussi à une possible contestation des lois sociales et environnementales, à cause de la mise en place de mécanismes d’arbitrage investisseur-État (ISDS en anglais, pour Investor-State Dispute Settlement). « Ces mécanismes sont notre plus grande crainte », admet Judith Kirton-Darling. Sous leur nom barbare, ces mécanismes d’arbitrage, hérités de l’accord de libre-échange entre le Canada, les USA et le Mexique (ALENA), permettent à une entreprise privée de poursuivre, devant un tribunal spécial, un gouvernement étranger si une réglementation la prive de profits anticipés. « L’AECG est le premier accord négocié par l’UE où un mécanisme d’arbitrage investisseur-État est intégré. », rappelle la syndicaliste.

Une nouveauté pour l’UE mais pas pour le Canada, déjà confronté depuis de nombreuses années à ce système. À cause des nombreuses lois de protection de l’environnement que le pays a votées, le Canada a été poursuivi 28 fois par des entreprises privées, entre 1994 et 2011, pour un total de cinq milliards de dollars (3,7 milliards d’euros). Dernier exemple en date, le Québec a récemment interdit la fracturation hydraulique, utilisée pour extraire le gaz de schiste. La société canadienne d’exploitation de gaz de schiste Lone Pine Resources, grâce à une filiale aux USA, menace de poursuivre le gouvernement du Québec et lui réclame 250 millions de dollars canadiens (environ 180 millions d’euros) pour profits non-réalisés.

Une plaie pour les citoyens. Selon Claude Vaillancourt, « Les tribunaux spéciaux sont coûteux, antidémocratiques et penchent souvent en faveur des entreprises. Les nombreux exemples issus de l’ALENA en attestent. » Un avis partagé par Judith Kirton-Darling : « Le Canada et l’UE ont les systèmes juridiques parmi les plus développés du monde, il n’y a aucun besoin de ces arbitrages supplémentaires. »

Le Parlement européen, par la voie de sa résolution du 8 juin 2011, s’oppose à la mise en place de ces arbitrages. Et le groupe d’experts mandaté par la Commission européenne pour étudier l’impact de l’accord est lui aussi sceptique. Dans son rapport adressé à la Commission, rendu en juin 2011, il stipule que « l’intégration des mécanismes d’arbitrages investisseur-État dans l’AECG aura un effet bénéfique réduit, tant au niveau économique que social et environnemental. » Mais la Commission européenne et les lobbies économiques ne sont pas près de lâcher le morceau. 

Gentil Canada contre Europe libérale ?

Surtout que l’accord offre plus de libéralisation pour un gain économique au final assez faible. En 2011, le groupe d’experts mandatés par la Commission européenne a évalué ce profit à quatre milliards de dollars en moyenne, tant pour l’Union que pour le Canada, soit une hausse respective du PIB de 0,025 % et 0,27 %.

Originellement, la signature aurait dû avoir lieu fin 2011, mais elle a été maintes fois repoussée depuis. Principale pierre d’achoppement, les quotas d’importation dans l’agriculture. « L’accord permettra aux Canadiens d’exporter leurs bœufs aux hormones, dont se méfient les Européens, et aux Européens d’exporter leurs fromages, qui menacent la multitude de fromageries locales au Canada. », expose Claude Vaillancourt.

Avec une population quinze fois inférieure et un PIB égal au douzième de celui de l’UE, le Canada paraît en position de faiblesse dans ces négociations. D’ailleurs la Commission européenne note qu’« un point clé est que la liste des intérêts que l’Europe a à gagner avec ce traité est beaucoup plus longue que celle du Canada. » « Je ne vois pas bien l’intérêt du Canada dans cette affaire. », renchérit Marie-Christine Vergiat. Les seuls gains pour le Canada seraient une ouverture du marché du bœuf, de certains éléments d’automobile et peut-être du poisson.

TAFTA, récidive de l’AECG 

Un constat que ne partage pas Claude Vaillancourt : « Dans les négociations de libre-échange, c’est souvent le pays le plus néolibéral, en l’occurrence le Canada, qui impose son point de vue, car c’est lui qui pousse le libre-échange le plus loin. C’est le Canada qui a réclamé l’instauration des mécanismes d’arbitrage, c’est le Canada qui a forcé l’UE à avoir recours à la liste négative. Dans les deux cas, l’UE a fini par accepter. » Au détriment des populations, tant canadienne qu’européenne.

Surtout que l’Union européenne joue plus qu’un accord entre deux zones économiques. « Quand l’UE signera l’AECG, cela bloquera sa position pour les accords futurs. », explique Judith Kirton-Darling. En clair, les prochains pays qui négocieront avec l’UE, en particulier les USA, « réclameront les mêmes avantages que le Canada », annonce Claude Vaillancourt. Pour Marie-Christine Vergiat, les Européens devraient s’élever contre l’AECG : « C’est sûr, on mobilise davantage avec les USA, parce qu’ils font plus peur. Mais les dangers sont aussi importants avec le Canada. »

La hausse du prix des médicaments, symbole de la lutte

Ces derniers mois, au Canada, une partie de la campagne anti-AECG s’est portée sur les médicaments. Un médicament sur deux vendus au Canada est un générique. Là-bas, les données d’un médicament sont actuellement protégées durant six ans, pendant lesquels toute recherche d’un médicament générique est impossible. Les laboratoires pharmaceutiques disposent en outre d’une exclusivité de marché pendant deux années supplémentaires, portant à huit ans le temps minimum entre la commercialisation d’un médicament breveté et celle de son générique.
L’Union européenne voudrait augmenter cette durée à huit ans plus deux ans d’exclusivité, soit 10 ans au total, retardant l’arrivée des génériques et obligeant les Canadiens à se tourner vers les médicaments brevetés, plus chers. Un allongement de durée soutenu par les labos européens, qui ne veulent surtout pas perdre une énorme manne financière : chaque année, l’UE vend pour quatre milliards d’euros de produits pharmaceutiques au Canada, soit 12 % de ses exportations vers ce pays. Selon Stuart Trew, cet allongement coûterait aux Canadiens près de trois milliards de dollars canadiens par an (2,2 milliards d’euros).

L'AECG, resucée d'ACTA
En France, une des rares organisations à maintenir la pression est La Quadrature du Net. En analysant un document de travail qui a fuité sur Internet, La Quadrature a découvert que plusieurs mesures de l’AECG concernant les droits de propriété intellectuelle (DPI) sont un copié-collé de celles de feu l’accord anti-contrefaçon ACTA, rejeté par le Parlement européen en juillet 2012. De son côté, la Commission européenne assure que le document est une ancienne version de l’accord, datant de février 2012. « Comme tant l'UE que le Canada étaient alors engagés dans le processus de ratification d'ACTA, il n'est pas étonnant que certaines dispositions de cette version contenaient des formulations qui se trouvaient aussi dans ACTA », déclare ainsi Karel De Gucht, le commissaire européen au Commerce, dans une réponse écrite au Parlement européen, en août 2012. Il précise par la suite que « le chapitre de l’AECG sur les DPI est en cours de révision pour tenir compte de la position exprimée par le Parlement européen sur ACTA. »
Mais la Commission peine à faire passer le message que CETA n’est pas ACTA, allant jusqu’à publier en février 2013 une mise au point… tout en justifiant certaines mesures anti-copyright. Les défenseurs des libertés sur Internet ont de quoi être inquiets, car Karel De Gucht est un vigoureux promoteur d’ACTA. En juillet 2012, la veille du vote devant le Parlement, il déclarait : « Ma position, en tant qu’ardent défenseur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, est qu’il n’y a rien à craindre d’ACTA. » En voilà un que l'hypocrisie n'étouffe pas.

 

  • Lire aussi : 

Exclusif. Humanite.fr publie les bases de travail pour l'accord de libre-échange transatlantique

L'exception culturelle, la pillule pour faire passer l'accord de libre-échange Europe-États-Unis

Accords de libre-échange UE/USA : les lobbies n'ont pas à décider de notre avenir (Solidaires)

Benjamin Bultel

 

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 17:31

 

 

reporterre.net

L’autoroute A65 au bord de la faillite : on avait prévenu, ça arrive !

Julien Milanesi

lundi 21 octobre 2013

 

 

 

 

Les écologistes l’avaient dit et redit : l’autoroute A 65, qui a ravagé des zones humides entre Pau et Langon, en Aquitaine, ne serait pas rentable. La prédiction se réalise, et la société exploitante perd massivement de l’argent. Et comme il était annoncé, ce sont les contribuables qui vont finir par payer la note de ce gâchis écologique.

 


 

Les associations l’avaient dit et redit, et ce plusieurs années avant que ne soit coupé le premier arbre, la construction de l’autoroute A65 entre Langon et Pau est fondée sur des prévisions de trafic irréalistes qui ne peuvent qu’aboutir à la faillite d’Aliénor, la société concessionnaire, et à la récupération de la dette (environ 900 millions d’euros) par la collectivité.

Depuis l’inauguration de l’équipement, en décembre 2010, les faits parlent et le fiasco se dessine : Aliénor, qui vient de publier ses comptes, enregistre un résultat net négatif de 35,1 millions d’euros en 2012 (après -34,6 millions d’euros en 2011) soit 91,6% de son chiffre d’affaire (si si, vous avez bien lu).

Selon l’analyse financière produite par Patrick Dufau de La Mothe [1], à ce rythme, la société sera en situation de faillite dans le courant 2014, ce qui nécessitera une recapitalisation par les actionnaires (Eiffage et la SANEF) ou bien, s’ils ne veulent pas, l’activation de la clause de déchéance prévue contractuellement et faisant retomber la dette sur l’Etat, la Région Aquitaine et les départements de Gironde, des Landes et des Pyrénées Atlantiques.

Durant les années où elles combattaient ce projet absurde, les associations n’ont eu de cesse d’avertir quant à ce risque financier, ne suscitant que l’indifférence des médias locaux et le mépris des élus. Les premiers n’ont pas fait leur travail, les seconds ont menti.

Nous savons de source interne à la rédaction que durant les années de débats et controverses sur l’autoroute, aucun journaliste de Sud-Ouest (qui détient localement le monopole de la presse écrite) n’a eu pour mission de travailler en profondeur le dossier financier de ce projet. [2] S’il y en avait eu un, il aurait pu (dû) réclamer avec les associations la transparence sur ce projet, et notamment la publication de l’analyse financière prévisionnelle permettant de juger de la rentabilité de l’infrastructure.

Car, il faut le vivre pour le croire, alors que toutes les analyses de l’Etat faites en amont concluaient à la non rentabilité du projet, le seul document disant le contraire, celui rédigé par le concessionnaire, n’a jamais été rendu public (ce qui est pourtant une obligation légale), ni à nous, associations, ni aux élus locaux engageant par leur vote du contrat de concession la solidarité de leur collectivité avec le projet. Nos recours auprès de la Commission d’Accès au Documents Administratifs n’y ont rien fait, pas plus que ceux auprès du Conseil d’Etat, qui dans un attendu qui ne laisse de surprendre jugeait en 2008 que :

« il ressort de l’examen des pièces du dossier que le Conseil Régional d’Aquitaine a délibéré sur le projet de convention relative au financement des concours publics pour la réalisation de l’Autoroute A65 au vu d’un rapport qui comportait l’ensemble des éléments d’appréciation utiles, en particulier sur la clause de déchéance du concessionnaire ; qu’ainsi les requérants ne sont fondés à soutenir ni que le conseil régional d’Aquitaine se serait prononcé sur le fondement d’informations insuffisantes et incomplètes, en violation des dispositions précitées, ni qu’il aurait de ce fait méconnu ses compétences ».

Le rapport de Patrick Dufau de La Mothe confirme aujourd’hui que cet arrêt de la plus haute juridiction administrative du pays était, au mieux, du travail bâclé. Nous y apprenons en effet que le conseil régional d’Aquitaine « a demandé une première fois en 2011 à Nathalie Kosciusko Morizet, puis une deuxième fois en 2012 à Frédéric Cuvillier, en leur qualité de ministre des transports, les documents contractuels, les comptes prévisionnels initiaux, comme ceux issus de l’avenant N°1 qui prolonge la concession de 5 ans. Elle n’a rien reçu… ! »

Les élus régionaux aquitains ont donc bien voté en 2006 sans être informés sur les risques qu’ils faisaient prendre à leur collectivité. Les présidents et vice-présidents de cet exécutif, ainsi que ceux des conseils généraux concernés, ont pourtant toujours certifié avoir connaissance de ces éléments. A l’irresponsabilité sous-jacente à cette décision, que nous pressentions, s’ajoute donc maintenant la preuve du mensonge.

Sur le sujet, vous pouvez soutenir le film "L’intérêt général et moi", en cours de production.

 


 

Notes

[1] L’expert comptable qui avait produit l’analyse financière des associations en 2008, aujourd’hui conseiller régional Europe Ecologie de la région Aquitaine,

[2] Les seuls à avoir fait ce travail d’investigation sont des journalistes du Monde (Hervé Kempf, "Pau-Langon, Chère liaison", 12 avril 2008), de France 2 et de Canal +, soit aucune rédaction locale.

 



 

Source : Le blog de Julien Milanesi

Photo : Pau circulation

Lire aussi : L’autoroute A 65 Pau-Langon toujours aussi vide et inutile

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 17:25

 

reporterre.net

 

A Nantes, championne du "greenwashing", le banquet écolo a été vampirisé par une multinationale

Nicolas de La Casinière (Reporterre)

lundi 21 octobre 2013

 

 

 

 

Un grand banquet gratuit à base de légumes de récupération, pour lutter contre le gaspillage et montrer qu’on est écolos : Nantes, qui se proclame "ville verte", avait mis les petits plats dans les grands. Sauf que la multinationale Sodexo a assuré la logistique de l’opération, qui a coûté près de 60 000 euros...

 


 

- Nantes, correspondance

Le 25 septembre à Nantes, quelque 7500 convives ont pu dîner gratis d’un curry de légumes de récupération, pour célébrer le dixième Sommet mondial de la ville durable, Ecocity, tout en luttant contre le gaspillage alimentaire. Le but était surtout pédagogique, démontrant en actes que le gâchis de nourriture peut trouver des parades collectives, à grande échelle. Il s’agissait aussi de faire bouger les mentalités, d’interpeller les élus, les entreprises, la grande distribution voire à terme de faire bouger la législation.

« Avec 1,3 tonne servie, on a servi 6 000 repas. Un événement spectaculaire, et une performance qui a nourri 2 % de la population de Nantes, ce qui en fait le record d’un monde. Faire œuvrer ensemble le monde associatif et celui de l’entreprise, deux mondes qui se côtoient peu, c’est comme faire une vinaigrette, huile et vinaigre. Sans moyens industriels, financiers, législatifs, les associations tambourinent, mais pas plus. Il faut dépasser les postures stériles de défiance et d’opposition de principe, qui séparent entre gens foncièrement mauvais et d’autres foncièrement idéalistes », dit Julien Dossier, coordinateur du grand repas nantais, consultant en « green business », prof à HEC (école des Hautes études commerciales) et à l’école des Mines.

 

Bonne humeur et bonne conscience -

 

Huile et vinaigre peut-être mais l’émulsion a-t-elle vraiment pris ? Associer une multinationale a une soirée événementielle prônant l’éco-responsabilité collective, est-ce possible ?

La présence massive de la multinationale de la restauration collective, Sodexo, a fait tousser quelques associations qui ont préféré jeter l’éponge en cours de route, avant le jour J de ce « Banquet des 5000 ». Les membres de Nantes en transition, et d’ADDA (Aujourd’hui restaurons demain) ont considéré que le budget était démesuré et que la présence de Sodexo contredisait l’esprit de ce repas de légumes invendables, tordus, hors des normes ou en rebut des circuits marchands. « On a été manipulé, broyé par une grosse opération de com. On a préféré ne pas participer à ça », note, amer, un membre d’une de ces associations.

 

"Notre visibilité est contrainte"

Soupirs chez Sodexo : « C’est vrai, on a senti une froideur de la part de certaines associations. C’est dommage mais ça ne nous a pas empêché de faire cette belle manifestation, confie Mathilde Loing, directrice de la campagne Stop hunger Europe [Stopper la faim en Europe] au sein du groupe. Pour nous, l’esprit de ces collaborations hybrides, ce n’est pas d’un côté les associations, les gentils, et de l’autre les entreprises qui seraient les méchants... ». Sodexo regrette aussi de ne pas avoir pu faire apparaître publiquement son appui : « Ce qui nous intéresse, ce n’est pas tant l’utilisation de légumes glanés, qui ne ressemble évidemment pas à nos pratiques, que la mobilisation responsable contre le gaspillage, faite d’une manière non culpabilisante. Sur ces événements, notre visibilité est assez contrainte. On met plus en avant les ONG. C’est dommage mais c’est comme ça. Sans doute la crainte du greenwashing, mais ce n’est pas du tout notre esprit. Reste qu’on peut communiquer en interne à nos clients, nos salariés... ».

 

 

Sur quoi se base cet ostracisme subi par l’entreprise ? Ce n’est pas une question à laquelle on répond, chez Sodexo, d’autant que le groupe s’est associé dès le premier de ces « banquets des 5000 » à Trafalgar Square en 2009, où Sodexo retient que « la visibilité » de sa marque était alors « admise ».

 

Logo exclu par contrat

Associée à Tristam Stuart, initiateur des banquets des 5000 dans le monde, Maude Frachon, de l’association Disco Soupe, tempère : « A Trafalgar Square, Sodexo a pris l’organisation au dépourvu en arrivant avec casquettes et T Shirt siglés. Pour Tristam Stuart comme pour nous, il est hors de question de recevoir des fonds privés. Je me suis battue, avec Tristam Stuart, pour que le banquet des 5000 ne soit pas financé par Sodexo, qui a finalement fait son don à Ecocity. Un contrat a même été signé entre Ecocity et Sodexo pour que l’argent qu’on doit recevoir d’Ecocity provienne explicitement de la part de fonds publics, pas de l’apport de Sodexo. Sinon, on aurait annulé. Sodexo voulait son logo sur la tenue des bénévoles, mais c’est l’équipe d’Ecocity qui n’a pas compris notre exigence de "no logo " ». 

Sodexo a donc donné à Ecocity, qui a financé le Banquet des 5000. Les apparences sont donc sauves. Mais la réalité est là : la multinationale, en compagnie des fonds de la municipalité, a financé cette opération "écologique"...

 

"Mécénat de compétences"

Combien Sodexo a-t-elle donné pour le Banquet des 5000 à Nantes ? « Ce n’est pas un sujet intéressant », rétorque Mathilde Loing. En revanche aucun problème pour indiquer que la compagnie a mobilisé un « mécénat de compétences », soit une vingtaine de cadres, et a donné et prêté une vingtaine de louches, autant de cuillères de service, deux pelles à mélanger, 6 000 assiettes et 6 000 couverts jetables garantis biodégradables, des lots de tabliers, charlottes et gants pour 150 marmitons bénévoles. « L’apport de matériel Sodexo n’a pas été à la hauteur de la liste qu’on leur a fournie. On a du compléter en faisant appel à un loueur », reprécise Maude Frachon. Pendant deux jours, le site d’Ecocity a associé le logo Sodexo aux associations investies dans l’organisation de ce grand repas gratuit. La colère des associations a fait supprimer le logo qui fâchait.

L’initiative du repas gratuit est portée par l’Anglais Tristam Stuart, figure mondiale de la lutte contre le gâchis alimentaire, créateur des « banquets des 5000 » et consultant indépendant. Il travaille pour les gouvernements, les collectivités, est mandaté par la Commission européenne pour organiser des banquets aux quatre coins de l’Europe. Pour sa prestation à Nantes, la présence de son équipe a d’abord été annoncée aux associations locales à hauteur de 10 000 euros. « C’est en fait 6 000 euros. Mais nous n’avons encore rien reçu, répond Tristam Stuart à Reporterre. Et pas un seul euro ne va dans ma poche. Je suis bénévole sur ces organisations. Je ne reçois personnellement rien et n’ai jamais rien perçu pour les banquets des 5000. Je facture les institutions et les entreprises pour faire des interventions et divers travaux, ce qui me permet de travailler le reste du temps gratuitement ».

 


Image générique de Tristam Stuart qui sert pour chaque banquet

 

Du côté de Nantes Métropole, la personne chargée d’Ecocity n’a pas souhaité répondre aux questions de Reporterre.

Un document préparatoire au dîner gratuit estime que « le budget sera valorisé à 60 k€, qui se répartissent environ à 40 k€ en monétaire et 20 k€ en nature. Sodexo sera partenaire d’Ecocity qui utilisera une partie du financement pour le banquet (...) Un accord de "discrétion" existe entre Sodexo et Tristam Stuart, c’est pourquoi leur visibilité sur l’évènement sera très mesurée. L’échange se faisant aussi sur Ecocity. Il faut préciser à ce stade que Sodexo se lance dans une stratégie de diversification avec notamment l’offre de service à la ville, d’où son intérêt pour Ecocity. »
 
Selon Julien Dossier, cheville ouvrière de l’opération, le budget opérationnel a réellement été de 30 000 euros. « Et c’est un budget de sobriété. Il y a quelques coûts incontournables, l’installation d’une cuisine, la sécurité, le nettoyage, les affiches et les tracts, des associatifs qui se sont libérés, se sont dédiés à temps plein à l’organisation, du gaz à consommer pour la cuisson, et le chef qui vient de Londres avec un camion et du carburant. Autant de dépenses qui ne se troquent pas ».

« Ça fait un mois que je dois m’expliquer. Ça m’épuise. Personnellement, je ne reproduirai pas ce genre d’opération avec un grand groupe industriel », dit Maude Frachon.

 


 

Hypocrisie, pour le collectif des glaneurs

Le banquet public gratuit en ouverture du colloque Ecocity n’a pas fait que des ravis. Un collectif des glaneurs et glaneuses est intervenu le soir même en brandissant des banderoles dénonçant « Nantes capitale de l’hypocrisie », et clamant que « La récup’ n’est ni un dîner de gala, ni une source de profits ». Une pancarte soulignait : « La récup’ ? de l’art pour les bobos un délit au quotidien ». Au micro, une femme a dénoncé cette mise en scène spectaculaire pour bobos : « Que Nantes ville durable organise un repas-spectacle à base de récup’ nous met en colère, à l’heure où des personnes se retrouvent devant les tribunaux pour récupération dans les poubelles des supermarchés ». Deux procès devraient se dérouler les 23 et 26 octobre à propos de tels "délits". Un des membres de ce collectif informel a déclaré que « Nantes se bâtit comme une ville moderne, ultra libérale, utilise des associations honnêtes, comme Discosoupe qui font un super travail avec les gens défavorisés juste pour se donner une image ».

Dès 21 h 38, un communiqué rageur du maire de Nantes et du président de Nantes métropole prévenait la presse déplorant un « comportement tout simplement regrettable » et la « perturbation » de ce « grand moment de partage », décrit comme une «  fête populaire et citoyenne ».

 


 

Sodexo, au-delà du soutenable ?

Malgré des déclarations ronflantes sur sa responsabilité sociale et environnementale, son plan Better tomorrow et des prix développement durable, le groupe Sodexo est régulièrement traversé par des scandales notamment pour ses pratiques antisyndicales aux Etats-Unis, et au Brésil, ce qui a valu au groupe français d’être la cible de campagne de protestation dans les universités américaines et de se voir épinglé par un rapport de Human right watch en 2010 pour discrimination syndicale.

La même année 2010, Sodexo a été tenu d’ indemniser l’Etat de New York à hauteur de 20 millions de dollars, après des irrégularités dans les services facturés à 21 écoles et universités et les rabais exigés aux fournisseurs. En 2011, au Forum social de Dakar, des syndicalistes ont dénoncé les conditions de travail de salariés marocains et guinéens, mêlant « surveillance, harcèlement et pressions ». En septembre 2012, en Allemagne, Sodexo a aussi du s’excuser et indemniser les victimes pour avoir importé des fraises congelées toxiques de Chine et provoqué une intoxication alimentaire affectant 11 200 élèves de cantines frappés de gastro-entérite. Mais sinon, tout va bien pour le groupe qui emploie 420 000 salariés dans 80 pays de la planète.

 


 

Source : Nicolas de La Casinière pour Reporterre. Nicolas est l’auteur de Les prédateurs du béton. Enquête sur la multinationale Vinci.

Photos :
. chapô : Metronews
. Préparation des légumes : Jolie Margot
. Choix du repas : Presse Océan
. Tristam Stuart : Wik-Nantes

Lire aussi : J’ai sauvé 80 kilos de fruits et légumes dans une Disco Soupe.

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:59

 

 

rue89.com

 

#1dollar 21/10/2013 à 17h48
Pour un dollar, que peut-on acheter autour du monde ?
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

 

La bonne nouvelle, d’abord : depuis 1990, grâce au développement de certains pays d’Asie, à commencer par la Chine, plus de 700 millions de gens sont sortis de la pauvreté extrême, définie comme ceux qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.

Le nombre d’habitants des pays en développement vivant sous le seuil de 1,25 dollar par jour est passé, en 23 ans, de 43% à 20%. Le but de la Banque mondiale est de réduire à moins de 3% de la population mondiale la part de ceux qui sont dans cette situation d’ici 2030.

Opération #1dollar sur Twitter

Dans cette animation, on voit la pauvreté se dégonfler depuis 1990, avec trois scénarios pour l’après 2014, le plus favorable étant le violet, le moins favorable étant le vert.

 

Le nombre, en millions, de personnes dans le monde vivant en situation d'extrême pauvreté

 

La mauvaise nouvelle ensuite : plus d’un milliard de personnes continuent de vivre avec moins de 1,25 dollar par jour. Plus d’un tiers d’entre eux sont des enfants.

Pour sensibiliser l’opinion, la Banque mondiale a demandé aux détenteurs de comptes Twitter de prendre une photo de ce qu’on peut acheter, dans leur pays, avec un dollar (« hashtag » ou mot-clé : #1dollar). Voici quelques exemples.

 

Huit bananes au Pakistan

 

World Bank         @WorldBank

What can you buy for ? Tweet a photo response incl. your name, country & what you can buy. Tag w/ .

@WorldBank This is Babar from Pakistan and I can buy these fresh bananas for . pic.twitter.com/EpKNPzOYlf

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Une salade de fruit au Mexique

 

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In Mexico, buys you a cup of fresh fruit. @WorldBank

 

Des boulettes de viande en Indonésie

 

World Bank         @WorldBank

What can you buy for ? Tweet a photo response incl. your name, country & what you can buy. Tag w/ .

@WorldBank i can buy a bowl of meatball with . Julia rizky, lombok, Republic of Indonesia. pic.twitter.com/9IsUY4GOum

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Six tomates en Afrique du Sud

 

World Bank         @WorldBank

What can you buy for ? Tweet a photo response incl. your name, country & what you can buy. Tag w/ .

@WorldBank will buy 6 small salad tomatoes in South Africa pic.twitter.com/Gh9P1U3noy

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Deux œufs et demi en France

 

Voir l'image sur le site web HootSuite

Great eggstagram from France. http://ow.ly/i/3sFvK   via http://instagram.com/p/fmydhGEy36/   Tweet a photo of what you can buy for .

 

De la sauce pour les frites en Belgique

 

RFCL Rugby @rugbyliege

@Banquemondiale En à , avec je peux acheter la sauce pour accompagner un cornet de frites pic.twitter.com/8xyaKneGmC

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Pendant ce temps sur Twitter

 

 

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lemonde.fr

Tout à 1 euro

LE MONDE | 19.10.2013 à 10h42 • Mis à jour le 21.10.2013 à 09h50 | Par Marlène Duretz

 
 
Un dollar américain.

"Que pouvez-vous acheter dans votre pays avec #1dollar ?" (0,73 centime d'euro), demande la Banque mondiale aux internautes des cinq continents inscrits sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook et/ou Instagram.

Cette opération participative s'inscrit dans une campagne de sensibilisation de lutte contre la pauvreté. Pour apporter sa voix à l'éradication de la pauvreté d'ici à 2030, tout connecté doit répondre à cette question, en mots ou en photo à lier au mot-dièse #1dollar. "Comment le dépenseriez-vous ? En nourriture, électricité, combustible ou pour un abri ?"


EXTRÊME PAUVRETÉ

Sur son blog, l'organisation basée à Washington rappelle que "plus d'un milliard de personnes vivent dans une extrême pauvreté dans le monde, avec moins de 1,25 dollar par jour" (bit.ly/19delNN)

Les réseauteurs sont dans la place. Pour #1dollar en Afrique du Sud, c'est un petit pot pour bébé ou un litre de lait. En Arabie saoudite, 1/4 de litre de jus de fruit et une barre chocolatée. En Inde, une douzaine d'oeufs ou 850 ml d'essence. En Indonésie, un plat de nouilles au poulet ou un paquet de cigarettes. Au Honduras, une quinzaine de bananes. A Bruxelles, "un pain turc à l'épicerie en bas de chez moi". A Madagascar, "une petite collation". Au Mexique, un verre de fruits frais. Au Kenya, un kilo de farine de maïs. Au Vietnam, un bun cha. En France, quelques bonbons à la boulangerie ou un petit pain au chocolat.

En Jamaïque, "tu ne peux rien acheter avec 1 dollar, SERIEUSEMENT", s'exclame sur Twitter Laura Edwards, tandis que le polyglotte Auguste Hoxha lui renvoie la balle : "En Colombie, nada, nothing, rien, zilch, niente, nada."


"PEUT-ON TOUT ACHETER ?"

Et que répond un moteur de recherche à la question "Que peut-on acheter avec...?" Notre e-guide renvoie au site Planet.fr qui a mis dans son panier 20 produits de consommation courante d'un prix de 1 euro en 2010, soit 1,25 baguette, 2 tomates, 11 bols de riz, 1/2 camembert, 5 bouteilles d'eau de source, 38 grammes de saumon frais ou encore 1,72 timbre.

A deux clics de là, le site Europsy.org surenchère. "Peut-on tout acheter ?", s'interroge-t-il. "On ne peut pas acheter le bleu du ciel, ni les étoiles ni les valeurs morales, l'amour, l'honneur, l'honnêteté, la paix de l'âme et la sérénité (...). L'argent est la mesure de la valeur, mais ce n'est pas la plus grande valeur, sinon il n'y aurait plus d'idéal."

L'idéal serait pourtant que chacun mange à sa faim.

duretz@lemonde.fr

 Marlène Duretz
Journaleuse au Monde.fr

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:42

 

sosconso.blog.lemonde.fr

 

Les radars embarqués flashent désormais aussi les voitures en sens inverse

 

 

 
in Share1

 

À partir du lundi 21 octobre, les radars mobiles de nouvelle génération auront la capacité de photographier les voitures qui arrivent en sens inverse.
Le "contrôle en approche" est une troisième fonctionnalité, qui s'ajoute au "contrôle en dépassement" et au contrôle « en stationnement », dont étaient dotés les radars "mobiles mobiles" arrivés le 4 mars, comme nous l'avions annoncé dans cet article de Sosconso.
Ces radars, embarqués à bord de voitures banalisées, ne sont pas détectables par les avertisseurs, ce dont réjouissent les défenseurs de la sécurité routière.  

Avec cette nouvelle fonctionnalité, homologuée depuis le 30 août 2013 par le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE), le radar peut, en mouvement, contrôler tous les véhicules croisés qui se trouvent sur une, deux ou trois voies, à condition toutefois qu'il n'y ait pas de séparation (barrières, muret, terre-plein...) entre les deux sens de la circulation.  En effet, dès qu'il existe un obstacle de plus de 35 centimètres entre deux axes, les ondes de l'antenne radar située sous la plaque d'immatriculation se bloquent.

 

 

Les automobilistes qui commettent des excès de vitesse et qui croisent une voiture de police ou de gendarmerie seront donc désormais sanctionnés. Le nombre de contraventions devrait ainsi augmenter. Les premiers radars de nouvelle génération ont, selon la Sécurité routière, permis l'envoi de plus de 50.000 avis de contravention en six mois, soit une moyenne de 36 infractions par jour et par radar.

L'Association 40 Millions d'automobilistes proteste donc contre ces nouveaux radars. "Avec plus de 21 millions de flashs en 2012, est-il encore nécessaire d’alourdir le système répressif actuel ?", demande-t-elle, en invitant à signer une pétition contre la limitation des vitesses.

La Sécurité routière rappelle que près des trois quarts de la baisse de la mortalité routière sont attribués au déploiement des radars sur les routes.

  Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, se félicite de ce nouveau dispositif: « Si les comportements des Français ont changé, c’est parce que la probabilité d’être contrôlé est plus grande », explique-t-elle.

Lundi, treize Renault Mégane et sept Peugeot 208 seront équipées de cette nouvelle fonction. Elles rouleront dans les départements suivants : Paris (75), l'Ain (01), l'Aisne (02), les Côtes-d'Armor (22), la Dordogne (24), l'Eure-et-Loir (28), le Gard (30), l'Indre-et-Loire (37), le Loiret (45), la Manche (50), la Marne (51), la Moselle (57), la Seine-Maritime (76, en deux exemplaires), la Seine-et-Marne (77), la Seine Saint-Denis (93), les Yvelines (78), les Hauts-de-Seine (92), le Val-d'Oise (95) et la Vendée (85).

Elles se trouveront en priorité sur les routes départementales, qui concentrent 66 % des accidents mortels et où les véhicules se croisent souvent à grande vitesse.

D'ici à fin 2013, les quarante-six premiers modèles seront paramétrés pour effectuer les trois types de contrôles.

La Sécurité routière a décidé de diversifier les modèles de voiture, pour qu'elles se fondent dans la circulation. D'ici à la fin de l'année, treize Peugeot 208 supplémentaires, de couleurs différentes, vont compléter le parc. D'autres modèles sont actuellement à l'étude pour 2014.

 

 

 

 

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 16:10

 

mediapart.fr

 

Après le scandale Prism, peut-on laisser la gestion d'internet aux Etats-Unis ?

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

 

Les révélations d'Edward Snowden reposent la délicate question de la régulation d'internet et de son modèle « multipartite ». Les organismes actuellement chargés de gérer le réseau, tous basés aux États-Unis, se réunissent à partir de mardi à Bali pour l'Internet Governance Forum. Sur la table : le statu quo ou une reprise en main par les États, le Brésil en tête. À moins qu'une troisième voie ne se fasse jour.

Le séisme provoqué par les révélations d’Edward Snowden sur le système d'espionnage américain Prism continue de secouer les fondations d’internet. La France, restée relativement discrète jusqu'à présent, se gardant de toute réaction officielle trop agressive, se trouve à son tour à l'épicentre du scandale après la publication par le Monde de documents montrant qu'elle a été, elle aussi, largement surveillée par son allié.

Désormais, on peut s'attendre à ce que Paris, qui vient de convoquer l'ambassadeur américain pour lui demander « des explications », rejoigne le camp de ceux qui réclament une réforme en profondeur du mode de régulation du Net, accusé d'être aux mains des Américains. « Avec les nouvelles technologies de la communication, il faut évidemment des règles, cela concerne tous les pays », a ainsi affirmé le ministre de l'intérieur Manuel Valls. « Si un pays ami, un pays allié, espionne la France ou espionne d'autres pays européens, c'est tout à fait inacceptable », a ajouté le ministre. Une nouvelle réplique est attendue mardi 22 octobre, lors de l’ouverture, à Bali en Indonésie, de l’Internet Governance Forum (IGF), un événement rassemblant l’ensemble des acteurs du réseau pour décider de son avenir.

À cette occasion doit en effet être rouvert l’épineux dossier de la gouvernance du Net que l’on croyait, il y a encore peu, enterré. La question, hautement sensible, de savoir qui gère l’organisation technique du réseau et décide des protocoles communs n’est pas nouvelle.

 

© Reuters

Né aux États-Unis, le Net s’est logiquement construit et structuré en suivant le modèle dit « multi-stakeholder » (multipartite). Influencé à la fois par les idéaux libertaires des pionniers du Net et par le libéralisme américain, ce modèle entendait assurer son indépendance en excluant toute intervention gouvernementale grâce à la création de divers organismes chargés de gérer les aspects techniques, et dirigés par des représentants de la « société civile », c’est-à-dire des associations, organismes privés, entreprises…

Au fil des années, une multitude d’entités, aux acronymes obscurs et pour la plupart inconnues du grand public, ont vu le jour, chacune chargée de gérer un aspect du réseau : l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) chargée de l’attribution des noms de domaine, le W3C (World Wide Web Consortium) chargé d’assurer le développement du Web ou encore l’IETF (Internet Engineering Task Force) chargé de définir les standards et protocoles communs.

Ce modèle a tenu tant que le réseau restait encore relativement confidentiel. Mais avec l’explosion du Web dans les années 1990, certains ont commencé à remettre en cause cette approche multipartite qui ne servirait, selon eux, qu’à dissimuler une domination américaine. Car si les organismes de gestion du réseau sont internationaux, leurs sièges sont, eux, tous situés sur le sol des États-Unis, et donc soumis au droit américain.

Toute tentative de réforme avait jusqu’à présent échoué, principalement en raison de l’absence d’alternative crédible. Car certains des plus grands pourfendeurs du modèle « multi-stakeholder » ne sont pas, eux non plus, sans arrière-pensées. Au mois de décembre 2012 à Dubaï, à l’occasion de la Conférence mondiale des télécommunications internationales organisée par l’ONU, plusieurs pays avaient ainsi tenté de faire entrer internet dans le domaine des Nations unies en le plaçant sous la compétence de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

En face, les États-Unis, mais aussi plusieurs pays européens et les grandes entreprises du Net, s'étaient fermement opposés à toute remise en cause du multipartisme, soulignant les dangers encourus à placer internet sous la responsabilité directe des États, même au travers de l’ONU. En résumé, cette proposition ne serait qu’une tentative de la part d’États peu démocratiques de renforcer leur contrôle sur le réseau. Ainsi, le texte, déposé par la Russie et soutenu par des pays tels que la Chine ou l’Iran, prévoyait de réserver aux gouvernements « un droit souverain pour réguler le segment national de l’Internet ».

« Nous étions, en quelque sorte, pris entre Charybde et Scylla », résume Kavé Salamatian, professeur d’informatique à l’université de Savoie. « D’un côté, il y avait ceux qui proposaient un statu quo impliquant une domination forte des États-Unis. Et de l’autre côté, nous avions la vision pro-UIT et gouvernementale des choses, qui s’était montrée sous son plus mauvais visage dans le cadre de la conférence de Dubaï. » Sans surprise, celle-ci s’était terminée sur un échec, et le dossier de la gouvernance du Net semblait refermé pour un certain temps.

Mais, depuis, les révélations de l’ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, sur le système de surveillance mondial mis en place par les États-Unis ont joué le rôle d’un électrochoc. « Pour les gens connaissant ce genre de problématique, le fait que les États-Unis espionnent internet n’a pas vraiment été un scoop mais plus une confirmation », explique Kavé Salamatian. « Ce qui a réellement surpris, ça a été la crudité de cette surveillance, le fait qu’elle s’est exercée sans garde-fou, sans un minimum de protection légale, et surtout avec une totale hypocrisie de la part des entreprises du Net. »

« Ces révélations ont provoqué tout d’abord la stupéfaction, puis le réveil, de la base au sein des gouvernements mais également du côté "technique" », poursuit le professeur. « Il faut bien comprendre qu’internet est géré par des techniciens qui, jusqu’à présent, estimaient que toutes ces questions n’étaient pas de leurs compétences. Mais aujourd’hui, on ne peut plus rester neutre face à ce qu’a révélé Edward Snowden. »

La déclaration de Montevideo

Témoignage de cette prise de conscience, le 7 octobre lors d’une réunion à Montevideo en Uruguay, les principaux organismes de régulation du net, parmi lesquels le W3C, l’Icann et l’IETF, ont publié un communiqué condamnant les exactions de la NSA et appelant à un rééquilibrage des pouvoirs au sein des instances.

Cette déclaration fait notamment part de « sa grande préoccupation concernant la perte de confiance » des internautes et appelle à une réforme du modèle multi-stakeholder afin que celui-ci inclue « tous les gouvernements, participant sur un pied d’égalité ».

« Il est clair que les révélations sur Prism ont été un choc », confirme Frédéric Donck, directeur du bureau Europe de l’Internet Society, un des organismes signataires. « C’est pour cela que la déclaration de Montevideo a été forte. Elle a été forte non seulement dans les termes dans lesquels elle a été exprimée, mais également par le nombre de participants qui l’ont soutenue : toutes les organisations qui sont actives dans la coordination et la gestion d’internet. »

Ces organismes sont désormais soumis à une pression extrême. Certains États semblent prêts à claquer la porte de la gouvernance mondiale et à imposer une nationalisation de leur réseau. Cette fronde est principalement menée par le Brésil dont la présidente, Dilma Rousseff, personnellement écoutée par la NSA, a fait de ce dossier une affaire personnelle. Ces derniers mois, Brasilia a annoncé toute une série de mesures visant à briser la dépendance du pays vis-à-vis des États-Unis, par exemple en imposant aux entreprises américaines de stocker sur des serveurs situés au Brésil les données qu’elles collectent sur ses citoyens.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff 
La présidente brésilienne Dilma Rousseff© Reuters

« Madame Rousseff a été la personne qui a tiré le premier missile », estime Kavé Salamatian. « Et la déclaration de Montevideo est en quelque sorte une préparation du feu roulant qui va commencer à s’abattre sur les instances de gouvernance de l’internet à partir de l’IGF et dans les autres événements à venir. »

Il y a peu de chances, pourtant, pour que la révolution annoncée soit pour demain. D’abord, les révélations d’Edward Snowden ont montré les limites du pouvoir des organismes de gouvernance, qui n’ont pas gêné le moins du monde les États-Unis dans leurs opérations de surveillance.

« Le terme même de gouvernance est un mot-valise dont l’utilisation à tout propos a tendance à neutraliser le sens », estime ainsi Jérémie Zimmermann, porte-parole de l’association de défense des internautes La Quadrature du net. « Normalement, ce terme désigne l’ensemble des décisions ayant un impact sur internet. Or, un grand nombre de ces décisions sont aujourd’hui prises par les pouvoirs publics et les gouvernements. Souvent même en violation des lois et principes internationaux. Il y a également les acteurs commerciaux, les entreprises, les mouvements sociaux et citoyens, par exemple ceux s'inscrivant contre les projets Acta et Sopa. » « L’IGF risque de n’être qu’une vaste fumisterie », poursuit-il, « une manière de tenir les hacktivistes occupés, une sorte de club de vacances dans lequel se rencontrent des gens privilégiés et des ONG censées représenter "la société civile". Alors qu’il y a urgence. »

De plus, si tout le monde s’accorde à reconnaître une prise de conscience collective, les principaux blocages qui empêchaient toute évolution il y a moins d’un an n’ont pas disparu. Dans leur déclaration de Montevideo, les organismes de gestion de l’internet prennent ainsi bien soin de rappeler leur attachement au modèle multi-stakeholder, rejetant à la fois toute tentative de nationalisation sur le modèle brésilien et toute mise sous tutelle des Nations unies.

« Je m’attends à ce qu’un certain nombre d’acteurs, parmi les stake-holders eux-mêmes, remettent en cause ce modèle à cause de ces révélations », avertit Frédéric Donck à propos de cette mise sous tutelle étatique ou onusienne. « Or, c’est l’inverse (qu'il faudrait faire). Aujourd’hui, il faut plus de transparence, plus de discussions dans un modèle multi-stakeholder. Et l’ONU n’est pas le cadre idéal pour ces discussions car c’est une grande organisation, avec beaucoup de lourdeurs. C’est une organisation opaque qui réunit des gouvernements entre eux. »

Reconnaître l'extraterritorialité d'internet

« Cet argument comporte une partie correcte et une partie incorrecte », répond Kavé Salamatian. « La partie correcte, c'est que, effectivement, aller vers une gouvernance étatique va amener à un état de fait qui est problématique car pouvant générer des situations de blocage, comme on a pu le voir lorsque la Libye de Kadhafi a pris la présidence de la commission des droits de l’homme en 2003. Mais là où l'argument est faux, c’est qu'il considère, en premier lieu, que les Américains sont les meilleurs pour être les garants de la liberté d’expression et qu’ensuite, il n’y aurait que deux modèles en compétition : le modèle où vous êtes contrôlés par les Américains, et le modèle où vous êtes contrôlés par les autres gouvernements. »


Une carte d'internet 
Une carte d'internet© Wikipedia / The Opte Project

Les tentatives brésiliennes de reprendre le contrôle de leur réseau au niveau national sont également loin de faire l’unanimité. « Il y a eu un certain nombre de réactions – et je pense bien entendu à celles qui ont lieu au Brésil mais également à d’autres qui ont suivi – consistant à dire : "Puisque nous ne pouvons pas faire confiance à un certain nombre de pays, nous allons faire en sorte de créer notre internet nous-même, ou en tout cas de favoriser des routes qui ne passeraient plus par les États-Unis" », reconnaît Frédéric Donck. « La déclaration de Montevideo dit qu’il faut faire tout de même attention à ce qu’il n’y ait pas de réactions émotionnelles qui risqueraient de provoquer une "balkanisation", c’est-à-dire une fragmentation d’internet. »

Or, « internet fonctionne de la manière la plus simple, et donc la plus efficace, possible », poursuit-il. « Les paquets de données sont transportés de manière efficace plutôt que politique. Ils ne connaissent pas les frontières humaines. On ne peut donc pas décider de ne plus passer par tel ou tel pays. Les réseaux sont interconnectés, il y en a plus de 40 000, et le fonctionnement d’internet est justement basé sur une distribution à travers tous ces réseaux sans contrôle central. Donc vouloir en une fois recréer un internet bis, ou favoriser certaines routes par rapport à d’autres, créerait en fait plus de problèmes techniques que ça n’en résoudrait au niveau politique. »

Pour sortir de cette impasse, Kavé Salamatian propose une troisième voie qui consisterait à reconnaître « l’extraterritorialité » d’internet. « Internet a fait émerger un espace qui n’existait pas avant et qui est totalement différent de sa partie physique, qui, elle, se trouve dans les États car il s’agit de câbles de routeurs… des éléments ancrés dans la réalité physique. Il faut donc déjà prendre conscience de cela et accepter qu’un nouvel espace a été délimité. Ensuite, on peut se poser la question de sa délimitation. Enfin, on peut se demander qui doit le gouverner et comment on doit le gouverner. »

« Et de ce point de vue, on a différentes visions qui s'affrontent », poursuit M. Salamatian. « La première, que je qualifierai de colonialiste, consiste à dire que pour cet espace nouveau, comme dans le cas des pays que l’on a découverts aux XVe et XVIe siècles, c’est le premier qui arrive et qui réussit à planter son drapeau qui en est propriétaire. Et il y a une deuxième vision qui consiste à dire que, non, les gouvernements n’ont pas la même emprise sur cet espace que sur leur espace traditionnel et qu’il faut trouver un nouveau système de gouvernance qui soit lui aussi récent et nouveau. Or il existe des précédents à ce genre de situations. L’espace maritime a par exemple connu cette situation au début du XVIIIe siècle. On peut également citer comme exemple l’Antarctique qui a rencontré une problématique assez semblable. Il y a enfin une troisième vision consistant à l'envisager comme l’espace, ou la lune. »

Mais l’adoption d’un tel statut d’extraterritorialité d’internet, qui en ferait un bien commun de l’humanité préservé des intérêts égoïstes des États, nécessiterait un consensus international qui semble aujourd’hui hors d’atteinte. « Le Brésil est le seul porte-parole de ce discours », regrette le professeur Salamatian. « Ça ne veut pas dire que les autres ne sont pas d’accord. Mais tout le monde est très content que ce soit un autre qui prenne le flambeau et pas eux. »

« En particulier, il est sidérant de voir que la France n’a pris aucune position », conclut-il (NDLR : cet entretien a été réalisé jeudi 17 octobre). « Il n’y a que la Cnil qui a réagi avec une petite mise en demeure. Mais je n’ai pas vu le ministère de l’intérieur s’insurger sur cette question. Or, cette discussion est extrêmement importante. Je suis également étonné que les partis politiques, à l’approche des élections européennes, n’aient pas pris à bras-le-corps ce problème. Il faut l’imposer sur la place publique pour qu’il devienne un élément central de la campagne électorale. »

Les informations publiées lundi 21 octobre par Le Monde sur l'ampleur des écoutes réalisées par la NSA sur le territoire français pourraient changer les choses. Jusqu'à présent plutôt discret sur la question, Manuel Valls a déjà qualifié ces informations de « choquantes » et estimé qu'elles allaient « appeler des explications ». Laurent Fabius, de son côté, a annoncé la convocation de l'ambassadeur des États-Unis à Paris.

 

 

 

 


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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 17:22
Suspendre le paiement de la dette, c’est possible ! Eric Toussaint

Vidéo

18 octobre par Eric Toussaint

 


Éric Toussaint, président du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), était à l’Université d’été d’Attac à Nîmes fin juillet 2013.
Il revient sur différents exemples de suspension de paiements de la dette dans le monde.

 

 

 


Suspendre le paiement de la dette, c’est... par attactv

 

 

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 17:07

 

 

reporterre.net

En Colombie, guerre contre les semences au nom du libre-échange

Pierre Johnson

samedi 19 octobre 2013

 

 

 

En Colombie, on détruit des milliers de tonnes d’aliments et de semences paysannes en conséquence du traité de libre échange avec les Etats-Unis.


 

Le 24 août 2011, la tranquillité de la petite ville de Campoalegre, au Sud de la Colombie, est brusquement interrompue par l’irruption de forces de la police militaire accompagnant cinq fonctionnaires de l’Institut Colombie d’Agriculture et d’Elevage (ICA). Ceux-ci confisquent et détruisent les sacs de riz produits par une vingtaine de paysans locaux. Des sacs contenant soixante-dix tonnes de riz destiné à l’alimentation humaine sont ainsi déchirés à la pelleteuse, puis jetés à la décharge publique.

En 2011, 1167 tonnes de semences, puis en 2012, 2793 tonnes, principalement de riz, mais aussi de pomme de terre, de maïs, de blé, de plantes fourragères et de haricot rouge sont ainsi retirés de la circulation dans cinq départements, près de la moitié étant détruite, l’autre confisquée.

La motivation de ces actions d’un organisme d’Etat dont la mission est de « contribuer au développement et aux exportations du secteur agricole colombien en s’assurant de la santé et de l’innocuité de la production primaire » (sic) ? Montrer que la Colombie respecte les clauses relatives aux droits de propriété intellectuelle appliqués aux semences, prévues par le Traité de libre échange avec les Etats-Unis, ratifié par la Colombie dès 2008 et par le Congrès de Washington en 2011. Appliqués aux semences, ces droits sont consignés dans la convention UPOV de 1991, approuvé en Colombie par la loi 1518 de 2012.

Une loi colombienne de 2006 prévoyait déjà des peines de quatre à huit ans de prison et des amendes allant de 26 à 1 500 salaires mensuels à l’encontre de ceux qui ne respecteraient pas les droits de propriété intellectuelle sur les semences. En 2010, la résolution 9.70 de l’ICA a renforcé ces obligations, en régulant la production, l’usage et la commercialisation de semences en Colombie.

Désormais la vente de semences, dont d’aliments, issus de la sélection paysanne est déclarée illégale, au motif que leurs qualités sanitaires ne seraient pas garanties. La qualité et la valeur ajoutée des semences certifiées justifient-elles ces dispositions sévères ?

Pour les paysans colombiens, le prix des semences certifiées est de deux à trois fois le prix des semences paysannes sur les marchés locaux. Suivant leur expérience, les premières ne présentent pas d’avantage significatif sur les secondes, même lorsque l’agriculteur achète l’ensemble du « paquet technologique » (fertilisants, pesticides) et suit les conseils prévus par les industries semencières.

Bien souvent, semences certifiées et semences paysannes se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Leur principale différence ? Les premières ont été enregistrées par de grandes entreprises semencières, après avoir été sélectionnées sur la base de leurs propriétés. Mais le stock initial de ces entreprises provient nécessairement de la sélection de semences effectuée par des générations de paysans. Le régime de propriété intellectuelle sur les semences semble donc marcher sur la tête.

Trois entreprises semencières dominent le marché mondial

Le documentaire « 9.70 » de Victoria Solano, dont sont tirées plusieurs informations présentées ici, révèle qu’aucune information préalable n’avait été fournie à la population avant l’intervention musclée de l’ICA, ni par consultation locale, ni par l’organisation de forums, ni même en informant les moyens de communication.

Cette situation témoigne de l’éloignement de certains hauts fonctionnaires des réalités que vivent les 60 % de la population colombienne impliqués dans l’agriculture, soit 3,5 millions de familles. Il semble plus important pour l’État colombien d’assurer le respect de résolutions en porte-à-faux avec les réalités sociales que d’assurer les bases du développement rural.

La situation de la Colombie est loin d’être unique. Elle est le reflet du marchandage des intérêts économiques pratiqué au niveau mondial dans le cadre des accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux (OMC). Les aspects du droit de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC) sont toujours partie intégrante de ces accords de libre échange. Ils supposent le respect du droit des brevets et du système mis au point pour tenir compte de certaines spécificités du monde agricole, le certificat d’obtention végétale (COV).

À la différence du brevet, celui-ci concède à l’agriculteur certains droits, mais pas celui d’échanger librement les semences, puisque les droits de propriété intellectuelle appartiennent aux industries semencières.

Grâce à cette protection, trois entreprises semencières multinationales contrôlent déjà au niveau mondial 47 % du marché des semences certifiées (Monsanto, Dupont de Nemours et Syngenta), sept autres en contrôlent 30 %. En Colombie, les entreprises multinationales ne contrôlent directement « que » 15 % de la production de semences, mais parmi les entreprises colombiennes contrôlant le reste de la production, bon nombre sont franchisées des multinationales.

Un bilan catastrophique au Mexique

L’accord de libre-échange entre la Colombie et les Etats-Unis d’Amérique connaît un précédent dont on peut examiner les conséquences sur deux décennies : celui de l’accord de libre-échange nord-américain entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, entré en vigueur le 1er janvier 1994. Malgré les promesses faites de part et d’autre du Rio Grande, les conséquences sur l’emploi et le développement rural ont été, selon toutes les études réalisées, catastrophiques dans l’ensemble des pays, l’accord ne bénéficiant qu’à des grandes entreprises.

En matière agricole, le Mexique avait obtenu un délai pour libéraliser le commerce des produits de base, dont le maïs, mais son gouvernement s’était empressé d’anticiper cette libéralisation, tout comme le gouvernement colombien a anticipé la mise en œuvre du TLC.

Les conséquences sur les prix aux producteurs et sur la réduction des variétés proposées aux consommateurs ont été dramatiques. Des plants de maïs transgéniques ont rapidement été détectés dans l’Etat d’Oaxaca, cœur de l’agrobiodiversité de cette céréale à la base de l’alimentation de toute l’Amérique centrale depuis plusieurs millénaires. Plus que jamais, le monde agricole mexicain est en crise, sans que les autres secteurs économiques aient significativement gagné à cette ouverture commerciale incontrôlée.

Les droits de propriété intellectuelle sur les semences sont le principal outil de la concentration économique du secteur, aboutissant à la réduction de la diversité des espèces cultivées. Sur 80 000 plantes comestibles répertoriées, seulement trente fournissent aujourd’hui 90 % des calories, appauvrissant d’autant notre alimentation.

Comme l’explique Vandana Shiva, militante et scientifique indienne, dans le rapport Seedfreedom et lors de la quinzaine des semences libres 2012, les principes mêmes du COV reposent sur des critères industriels peu compatibles avec les qualités du vivant : distinction, homogénéité et stabilité s’opposent notamment aux qualités de variabilité, adaptabilité et résilience propres au monde vivant.

Au moment où des négociations visant à mettre un terme au conflit armé qui ravage certaines régions de Colombie depuis un demi-siècle connaissent des avancées significatives, des dizaines de milliers de paysans colombiens manifestent à Bogota pour ce qui leur semble une déclaration de guerre contre l’agriculture paysanne et la souveraineté alimentaire. La préservation de celles-ci est un enjeu de premier plan, non seulement pour l’avenir de la Colombie, mais pour celle de l’Humanité.

 


 

Source : Courriel à Reporterre.

Pierre Johnson est ingénieur du développement durable, expert des liens entre commerce et biodiversité. Contact : contact (arobase) pierrejohnson.eu

Photo : Pressenza

Lire aussi : En Colombie, la révolte paysanne secoue le pays .

 

 

 

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 16:59

 

 

mediapart.fr

La «GUD connection» tient les finances de Marine Le Pen

|  Par Marine Turchi et Mathilde Mathieu

 

 

 

Marine Le Pen a confié à la galaxie des anciens du GUD, groupuscule étudiant d'extrême droite radicale, de nombreux postes financiers, leur conférant la haute main sur la trésorerie du parti. Au centre de cette nébuleuse : Frédéric Chatillon, dont la société a perçu 1,6 million d'euros pendant la campagne présidentielle, d'après des documents consultés par Mediapart.

 

Le Front national n’est pas « d'extrême droite ». C’est le nouveau combat sémantique de sa présidente, qui menace d'« actions en justice » ceux qui continueraient à accoler ce qualificatif à sa personne et à son parti. Pourtant, depuis son arrivée à la tête du Front national, Marine Le Pen a confié au cercle des anciens du GUD (Groupe union défense) de nombreux postes et missions financières, leur conférant la haute main sur la trésorerie du parti, d'après des documents inédits consultés par Mediapart.

Au centre de cette nébuleuse, le sulfureux Frédéric Chatillon, chef emblématique du GUD dans les années 1990. Cette organisation étudiante d'extrême droite radicale s'est fait connaître par ses actions musclées, racontées par Chatillon et ses acolytes dans Les Rats maudits. Nationaliste révolutionnaire, adepte des arts martiaux, il sera aussi directeur de la librairie révisionniste Ogmios.

 

Frédéric Chatillon lorsqu'il était chef du GUD, à partir de 1991. 
Frédéric Chatillon lorsqu'il était chef du GUD, à partir de 1991.© Les Rats Maudits

Vingt ans plus tard, la communauté des gudards forme un clan qui mêle amitié, réseaux politiques et business. Ses membres possèdent de nombreuses sociétés où les actionnariats se croisent et où les uns font travailler les autres. Quand ils ne travaillent pas pour le Front national, ou plutôt pour Marine Le Pen, qui a promu dans l'ombre toute cette « génération Chatillon » (lire aussi notre enquête « FN et ultras: les preuves d'une amitié »).

Car parmi les prestataires de la campagne présidentielle 2012 de Marine Le Pen, on retrouve Frédéric Chatillon et sa société de communication Riwal. La présidente du FN l’a connu à l’université d’Assas. Ils se considèrent tous deux comme de « vieux potes de faculté », affirme Chatillon. Questionnée sur France Inter pendant la campagne, Marine Le Pen l’avait présenté non pas comme un « ami » – ce qu’elle avait fait dans Le Monde –, mais comme « un de (ses) prestataires de service ». Au FN, on explique que « M. Chatillon est un fournisseur ».

Un « fournisseur » qui joue tout de même les conseillers officieux et les passerelles politiques. C’est lui qui organise les tournées en Italie de Marine Le Pen (exemple en octobre 2011), grâce à ses réseaux néofascistes – « mes anciens alter ego », dit-il. C’est lui encore qui approche l'ancien pasquaïen et ex-dirigeant de petite parfumerie Bernard Marionnaud, pour mener la liste « Rassemblement bleu marine » à Clamart, aux municipales de 2014 (lire notre boîte noire)

 

Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011. 
Frédéric Chatillon accompagnant Marine Le Pen lors de son voyage en Italie, le 22 octobre 2011.© Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.

Frédéric Chatillon est surtout devenu le prestataire phare de la campagne frontiste de 2012. D’après le compte présidentiel de Marine Le Pen, que Mediapart a consulté, l'entreprise de l'ancien leader du GUD a facturé 1,66 million d'euros de prestations à la campagne (presque un cinquième des dépenses déclarées par la candidate, prises en charge par l'Etat à hauteur de 8 millions). L’année dernière, il affirmait à Mediapart n’avoir engrangé que « quelques centaines de milliers d’euros ».

 

Frédéric Chatillon prend des photos lors de la tournée de Marine Le Pen en Italie, en octobre 2011. 
Frédéric Chatillon prend des photos lors de la tournée de Marine Le Pen en Italie, en octobre 2011.© Capture d'écran Canal Plus

Il a en réalité conquis le monopole de la communication de la présidente du FN : impression des affiches et documents de propagande électorale (960 680 euros), campagne Internet et applications pour smartphones (258 204 euros), retransmission sur Internet des réunions de Marine Le Pen (69 607 euros), envoi de SMS et emailing pour mobiliser les sympathisants (11 182 euros), impression et routage de mailings sur la candidate (167 001 euros), frais et diffusion pour les échanges avec les blogueurs par Facebook et Twitter (11 601 euros), fournitures pour le local de campagne (6 757 euros), travaux d’agencement dans le local (32 500 euros), etc.

 

 

 

 

Des sommes qui ne choquent pas Wallerand de Saint-Just, le trésorier du FN : « Cela me paraît normal et correspond à des prestations réelles. » « Il a beaucoup d’activités au FN, reconnaît-il. Il voit régulièrement Marine Le Pen, ils ont de bonnes relations, des relations anciennes. Nous avons confiance en lui, en son travail. »

Le micro-parti de Le Pen totalement aux mains de la galaxie GUD

Outre Riwal, une toute jeune société de la nébuleuse Chatillon a travaillé pour la campagne de Marine Le Pen : Unanime, créée en 2011 et domiciliée à la même adresse que deux sociétés d'Axel Loustau, autre proche de l'ancien chef du GUD. Unanime a réalisé la maquette et l’impression de journaux du FN, pour plus de 152 000 euros.

 

 

 

 

Ses actionnaires ? Deux figures de la galaxie Chatillon, Sighild Blanc (salariée et actionnaire de Riwal) et Thibault Nicolet. Ils apparaissent tous deux dans le magazine Cigale (la première en a été la directrice de publication, le second y figure dans une interview-promo). Ce détail est loin d’être anodin : ce mensuel gratuit sur « l’art de vivre à la parisienne », distribué dans les boulangeries, est au cœur de la « GUD connection ». Réalisé par l'équipe de Riwal, il est édité par la société Taliesin, dont les actionnaires fondateurs ne sont autres que Frédéric Chatillon, son bras droit Jildaz Mahé O’Chinal, et Philippe Péninque, conseiller officieux de Marine Le Pen.

Parmi les prestataires de la campagne présidentielle de Le Pen, un autre nom retient l’attention : celui de Minh Tran Long. L’intéressé confirme à Mediapart avoir assuré « une prestation de régie technique », sans vouloir en dire davantage. Après avoir milité dans les années 1970-80 à la Fane (Fédération d'action nationale et européenne), un groupuscule néonazi, puis s’être engagé sept ans dans la Légion étrangère, Minh Tran Long a lancé sa société d’événementiel, Crossroads. Il apparaît lui aussi dans le magazine Cigale, où il signe une chronique sur les applis iphone et où une page est dédiée à sa société.

 

Minh Tran Long (à droite) et les dirigeants de sa société Crossroads, au Qatar Prix de l'Arc de Triomphe, en octobre 2008. 
Minh Tran Long (à droite) et les dirigeants de sa société Crossroads, au Qatar Prix de l'Arc de Triomphe, en octobre 2008.© Crossroads

Au-delà de la campagne 2012, Frédéric Chatillon et ses proches ont également la haute main sur Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, créé fin 2010. Lors des cantonales de 2011, c’est d’ailleurs Riwal qui a fabriqué les kits de campagne proposés par le micro-parti aux candidats FN, facturés minimum 2 500 euros chacun.

À la tête de cette association de financement, on trouve Florence Lagarde, une autre vieille amie de Marine Le Pen, elle aussi rencontrée sur les bancs de la faculté d’Assas. Florence Lagarde militait alors au Rassemblement des étudiants parisiens (REP) qui a succédé au GUD après son auto-dissolution. Elle écrit – elle aussi – dans le magazine Cigale.

Florence Lagarde est surtout la compagne du bras droit de Frédéric Chatillon, Jildaz Mahé O’Chinal, qui a coprésidé le GUD avec lui. Pilier de Riwal, il est lui aussi présent lors des tournées de Marine Le Pen en Italie.

Quant au poste de trésorier de son micro-parti, Marine Le Pen l’a successivement confié à deux très proches de Frédéric Chatillon, eux aussi anciens du GUD. Il y a d’abord eu Olivier Duguet, expert-comptable et homme de main de Chatillon. Les deux hommes sont notamment associés dans la société Dreamwell, filiale publicitaire de Riwal (lire notre enquête).

 

 

Olivier Duguet (à gauche) et Frédéric Chatillon (à droite) lors du même rassemblement. 
Olivier Duguet (à gauche) et Frédéric Chatillon (à droite) lors du même rassemblement.© Capture d'écran d'un documentaire de Canal Plus.

Olivier Duguet affirme avoir pris les fonctions de trésorier « à la demande d’une amie de longue date, Madame Florence Lagarde » et assure qu’il n’est « pas adhérent du Front national ni proche de Mme Marine Le Pen »« Ma mission concernait les élections cantonales de 2011 et a pris fin en mars 2012 (comme il était convenu) après la clôture des comptes de l’association Jeanne et de leur transmission à la commission de financement des partis politiques », explique-t-il.

Le trésorier du micro-parti de Le Pen interpellé dans les manifestations anti-mariage pour tous

Le 15 mars 2012, c'est un autre ami de l'ancien leader du GUD qui lui a succédé : Axel Loustau, actionnaire de Riwal et patron de la société privée Vendôme sécurité. Loustau n’est pas étranger au FN : il fut candidat frontiste aux législatives de 1997 dans les Hauts-de-Seine, et le parti fait appel à sa société pour assurer une partie de sa sécurité (comme l'organisation du défilé du 1er-Mai ou de certains meetings de Marine Le Pen pendant la campagne). 


Axel Loustau (cercle bleu) avec le GUD, le 13 mai 2012, place de la Concorde, à Paris. 
Axel Loustau (cercle bleu) avec le GUD, le 13 mai 2012, place de la Concorde, à Paris.© Reflexes

Axel Loustau lors de son interpellation, en avril 2013. 
Axel Loustau lors de son interpellation, en avril 2013.

Coutumier des provocations et menaces, il a participé aux débordements en marge des rassemblements contre le mariage pour tous (lire notre article et voir les images ici). Il a été interpellé le 23 avril lors d’affrontements avec la police.

Pour contrôler les comptes de Jeanne, Marine Le Pen a fait appel à Benoît Rigolot, un expert-comptable évoluant dans les milieux catholiques traditionalistes. Rigolot apparaît lui aussi dans la nébuleuse de sociétés gravitant autour de Chatillon : il a créé, en 2009, avec Olivier Duguet, une société d’experts-comptables, « Équité ».

Visiblement embarrassé, il concède avoir rencontré Frédéric Chatillon, mais « très peu », et nie toute « relation suivie » avec lui et Olivier Duguet. Il explique avoir été sollicité «par une relation professionnelle». «On est venu me chercher, j'ai accepté, je n'ai pas d'exclusive. On a fait appel à moi sur des partis divers et variés.» Des partis essentiellement situés à l'extrême droite : il a notamment présenté les comptes de campagne de la liste de Dieudonné et Alain Soral aux européennes de 2009.

Chatillon, Loustau, Duguet. La présence de ce trio très actif dans les coulisses financières du Front national ne semble pas gêner Wallerand de Saint-Just, le trésorier officiel du parti, lui-même ancien du GUD. « Eh ben voilà, les copains ! » rétorque-t-il. C’est comme ça qu’on travaille, avec des amis. Comme Philippe Péninque l’a dit, “nous avons été des parias, donc nous nous sommes entraidés”. »

Philippe Péninque, un autre ancien gudard présent lui depuis de nombreuses années dans le premier cercle des Le Pen. Cet ancien avocat, spécialiste des montages fiscaux, n’a pas de fonction officielle au sein de l’organigramme frontiste, mais il est un conseiller très écouté des Le Pen. Comme l'ont raconté les auteurs du Système Le Pen (Denoël, 2011), c’est lui qui a géré la restructuration financière du Front national après 2007, année zéro pour le parti. Lui aussi qui entraînait Jean-Marie Le Pen avant ses émissions télé. Le fondateur du FN l’a d’ailleurs récompensé en lui remettant en 2011 la Flamme d’honneur du parti.

Péninque est tout aussi proche de Marine Le Pen, sa « grande amie », dit-il au Monde. Il a par exemple organisé sa visite à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2007. L’affaire Cahuzac l’a sorti de son habituelle invisibilité, lorsque Le Monde a révélé qu'il avait ouvert en 1992 le compte suisse de l’ancien ministre socialiste. 

 

Philippe Péninque (cheveux blancs) écoutant le discours de Marine Le Pen, lors du défilé du 1er-Mai du FN, en 2013. 
Philippe Péninque (cheveux blancs) écoutant le discours de Marine Le Pen, lors du défilé du 1er-Mai du FN, en 2013.© Mediapart

L’ancien avocat ne renie rien de ses années GUD. Il « (s’)honore d’avoir été au Groupe union défense », expliquait-il en avril à Canal Plus, en affirmant qu’ils seront considérés « quand l’histoire va (leur) rendre raison, comme des héros et des résistants ». Il ne cache pas que parmi les anciens du GUD, « on se connaît tous » et que certains travaillent pour le FN : « Nous avons été victime d’un ostracisme. Nous avons essayé de travailler entre nous. Oui, autour de Marine, il y a des gens qui n’ont pas trop mal réussi dans la vie, qui sont insérés socialement, et qui combattent le système de l’intérieur. »


F. Chatillon avec Steeve Briois (secrétaire général du FN) et Nicolas Bay (secrétaire général adjoint du FN), en novembre 2011. 
F. Chatillon avec Steeve Briois (secrétaire général du FN) et Nicolas Bay (secrétaire général adjoint du FN), en novembre 2011.© Capture d'écran LCP.

Pour les prochaines élections, la nébuleuse de Chatillon sera à nouveau sollicitée, d'après Wallerand de Saint-Just : « Pour les municipales, Frédéric Chatillon va faire un travail considérable. Je suis content de savoir qu'il existe. Comme on ne peut plus emprunter aux banques, on est content de compter sur lui. Il va bien falloir trouver de l’argent ailleurs. »


Cette enquête s'inscrit dans un travail entamé il y a plusieurs mois sur les liens du Front national avec l'extrême droite radicale, et sur le financement du parti lepéniste (retrouvez nos enquêtes ici et ou encore là).

Au Front national, ni Marine Le Pen, ni son bras droit Florian Philippot, vice-président du parti, ni Jean-Michel Dubois, trésorier de la campagne présidentielle 2012, n’ont accepté nos demandes d’entretien. Florian Philippot nous a expliqué qu’il « ne répondai(t) plus à Mediapart ». Seul le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, a accepté de nous rencontrer. Contacté, Steeve Briois, secrétaire général du FN et mandataire financier du micro-parti Jeanne, n'a pas voulu commenter la présence des gudards à ces postes clés.

Mediapart avait interviewé Frédéric Chatillon à plusieurs reprises (ici et ) sur ses sociétés et ses liens avec le FN. Cette fois, après avoir accepté l’entretien, il a annulé notre rendez-vous en prenant connaissance de nos questions par écrit.

Contacté, Olivier Duguet n’a pas non plus accepté de nous rencontrer au vu de nos questions, et s’est contenté d’une réponse par email. Minh Tran Long a de son côté refusé d’en dire davantage sur sa prestation de « régie technique » et nous a raccroché au nez.

Sollicité à plusieurs reprises, Axel Loustau n’a pas donné suite à nos demandes.

Précision: ancien dirigeant de petite parfumerie, Bernard Marionnaud s'est fait racheter (y compris son nom), et n'est en rien associé au développement du groupe de parfumerie.

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20 octobre 2013 7 20 /10 /octobre /2013 16:30

 

marianne.net

Susan George : «C’est un reflet de la société des inégalités»
Samedi 19 Octobre 2013 à 17:23

 

Magazine Marianne

 

Le film Super Trash qui vient de sortir dénonce le gaspillage, la gestion de nos déchets et de nos décharges. A cette occasion, Marianne donne la parole à ses lecteurs pour questionner les grands acteurs de ce combat contre l’incivisme et le laisser faire. Second intervenant: Susan George, présidente d’honneur d’ATTAC.

 

 

 

 

 

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