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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 12:31

 

Source : www.marianne.net

 

Le banquier n’est pas un citoyen comme les autres
Mercredi 20 Août 2014 à 05:00

 

Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand amateur de théâtre En savoir plus sur cet auteur

 

Baudoin Prot pourrait quitter la présidence de BNP-Paribas. Mais n'ayons crainte : notre homme ne se retrouvera pas une main devant, une main derrière. S'il part, il bénéficiera d'une prime de 150 000 euros, de jetons de présence à hauteur de 104 000 euros et, pour couronner le tout, d'une belle retraite d'un demi million d'euros par an. La patrie du fric sait être reconnaissante envers ses grands serviteurs...

 

Baudoin Prot à la sortie de l'Elysée, en 2009 - MEIGNEUX/SIPA
Baudoin Prot à la sortie de l'Elysée, en 2009 - MEIGNEUX/SIPA

Les jours de Baudoin Prot semblent comptés. Le président non exécutif de BNP-Paribas ne survivrait pas (professionnellement parlant) au choc de l’amende record infligée par les autorités américaines pour non respect des privilèges du dollar, qui permettent aux Etats-Unis de frapper n’importe quel établissement ne respectant pas sa loi intérieure. En l’occurrence, BNP-Paribas, qui a commercé en dollars avec des pays sous embargo américain, a payé pour un abus de position politico-monétaire dominante qui ferait scandale en d’autres latitudes. Passons.

Toujours est-il que Baudoin Prot risque d’en supporter les conséquences. A 63 ans, il pourrait goûter les joies de la retraite plus tôt que prévu. On ne va pas le plaindre pour autant. En effet, son statut d’assisté de la finance lui permet de voir venir le choc de la fin de carrière sans les angoisses du citoyen ordinaire.

Le magazine Capital (qui porte bien son nom) a détaillé le train de vie du futur retraité. Primo, BNP-Paribas s’est engagé à lui verser une poire pour la soif, sous forme d’une une prime de départ de 150 000 euros. Secundo, Baudoin Prot continuera à toucher les jetons de présence encaissés pour avoir l’honneur de s’asseoir sur les fauteuils des trois sociétés où il exerce son mandat d’administrateur (Kering, Lafarge, Veolia Environnement), estimés à 104 000 euros. Tertio, le banquier, qui a touché un salaire de 1,2 million d’euros en 2013 aura droit à une retraite dorée payée par BNP-Paribas jusqu’à l’extinction de ses feux personnels, soit la modique somme de 522 432 euros par an, autrement dit 45 000 euros par mois, bref l’équivalent de 37 smic pour service rendus à la patrie du fric.

Ainsi va la vie chez nos amis les banquiers. Eux qui aiment à dénoncer le prétendu « coût du travail », le niveau inacceptable du smic, la rigidité du marché de l’emploi, le droit social inextricable, le poids exorbitant de la fiscalité, les privilèges des retraités ou les dépenses publiques excessives... Eux, donc, savent préparer leurs arrières. Au nom de la défense des « talents » (particularité génétique dont les pauvres seraient exclus), ils se mitonnent des statuts très particuliers qui sont aux antipodes des principes qu’ils prônent pour autrui.

Baudoin Prot n’est pas un cas à part. Il est simplement fort représentatif de ces oligarques qui ont pignon sur rue dans la France d’aujourd’hui, au nom du « toujours plus » en vigueur dans cette caste. Et pas question de toucher à leurs prébendes ou de mettre la moindre limite à leurs émoluments. Ainsi, pendant que l’on s’attaque aux professions réglementées (non sans raison, parfois), on en laisse d’autres, qui tiennent les postes de commande, vivre dans l’opacité de la dérèglementation générale qui est à la porte ouverte à tous les abus.

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 11:56

 

Source : www.mediapart.fr

 

 

Inégalités de revenus: perceptions et réalité

|  Par La rédaction de Mediapart

 

Le Cologne institute for economic research compare perceptions et état de fait, pays par pays.

 

Dans de nombreux pays, les habitants évaluent mal les inégalités salariales qui touchent leur territoire. Alors que les Français imaginent un modèle pyramidal, la réalité montre une classe moyenne consistante. C'est la tendance générale. Au contraire, les Américains imaginent que leur population pauvre est bien moins nombreuse qu'elle ne l'est réellement.

Des tableaux frappants et une étude à retrouver sur le site de l'institut allemand.

 

 

 

Source : www.mediapart.fr

 

 


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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 21:04

 

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

De l’absolue nécessité d’un revenu universel
par Monolecte (son site)
mardi 19 août 2014


 

Comme dirait Coluche : il parait qu’il y a cinq-millions de personnes qui veulent du travail. C’est pas vrai, de l’argent leur suffirait !

Fin de manif' Je crois bien, mais je ne suis pas sure, que nous n’avons jamais été aussi riches qu’en ce moment. Collectivement riches. Nous n’avons jamais autant produit de richesses qu’en ce moment. Et elles sont de plus en plus mal réparties. Il y a deux nouvelles qui tombent comme la pluie sur nos têtes, cet été : le fait qu’il y a de plus en plus de riches, ici et ailleurs, et celui qu’il y a aussi de plus en plus de chômeurs. Comme une marabunta de désintégration sociale. Et il y a de plus en plus de chômeurs parce qu’il y a de moins en moins de travail.

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Ce qui devrait être une foutue bonne nouvelle, non ?

Que l’on puisse satisfaire de plus en plus de besoins en mobilisant de moins en moins d’efforts, c’est quand même une très bonne nouvelle, non ? N’est-ce pas ce après quoi notre espèce court depuis le premier gars qui a inventé la roue pour transporter plus en se fatiguant moins ?

« En RFA, le volume annuel du travail a diminué de 30 % depuis 1955. En France, il a baissé de 15 % en trente ans, de 10 % en six ans. Les conséquences de ces gains de productivité sont ainsi résumées par M. Jacques Delors : en 1946, un salarié âgé de vingt ans devait s’attendre à passer au travail un tiers de sa vie éveillée ; en 1975, un quart seulement ; aujourd’hui, moins d’un cinquième. Et encore ce dernier chiffre n’intègre-t-il pas les gains de productivité à venir et ne prend-il en considération que les salariés employés à plein temps, toute l’année durant. Toujours selon M. Delors, les Français âgés aujourd’hui de plus de quinze ans passeront moins de temps au travail qu’ils n’en passent à regarder la télévision. »

André Gorz dans Le Monde Diplomatique, juin 1990

Mais en fait ce n’est pas tant le travail qui manque que l’emploi. Du travail, il en reste encore pas mal, mais ce n’est pas forcément ce qui permet d’accéder à un salaire et donc des moyens de subsistance suffisants. Et dans notre société, beaucoup de gens prennent grand soin de ne pas distinguer les deux, du fait qu’il y a encore beaucoup de travail créé par des besoins non solvables ou abattu par des personnes dont on estime naturel qu’elles le fassent gratuitement, des personnes comme… les femmes, au hasard.

Dans le monde, les femmes effectuent les 2/3 du nombre d’heures de travail et produisent plus de la moitié des aliments, mais elles ne gagnent que 10 % du revenu total, possèdent moins de 2 % des terres, reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires. Dans les régions les plus pauvres et de forte émigration, jusqu’à 70 % des femmes travaillent dans l’agriculture.

Les femmes effectuent la majeure partie du travail domestique et de soins non comptabilisé dans l’économie. En Afrique subsaharienne, elles passent 40 milliards d’heures par an à l’approvisionnement en eau de la famille, ce qui équivaut à une année entière de travail de toute la population active de la France.

Lors des 30 dernières années 552 millions de femmes sont entrées sur le marché du travail et 4 travailleurs sur 10 sont des femmes mais elles gagnent en moyenne 80 centimes contre 1 euros pour les hommes (Rapport Banque mondiale 2012).

218 millions d’enfants travaillent dans le monde, parmi eux, plus de 100 millions de fillettes. Parmi les enfants de moins de 12 ans qui travaillent, les filles (54 millions, dont 20 millions affectées à des tâches dangereuses) sont plus nombreuses que les garçons (OIT). La situation est en aggravation dans le contexte de la crise économique actuelle.

Les femmes constituent 70 % des 1,2 milliard de personnes vivant avec moins de 1 dollar/jour. L’égalité salariale n’existe dans aucun pays. Ainsi, dans l’Union européenne, les femmes gagnent en moyenne 17 % de moins que les hommes. Partout le chômage, la précarité, le travail non qualifié et à temps partiel touchent en premier lieu les femmes. Dans le secteur formel, en moyenne 1 homme sur 8 occupe un poste de haute direction, pour une femme sur 40.

Chiffres et données sur les inégalités femmes-hommes

Donc, nous avons toujours beaucoup de travail disponible, mais de moins en moins d’emplois pour répartir le revenu. Nous n’avons donc pas tant un problème de chômage qu’un problème de revenu. Et l’automatisation grandissante de la plupart des postes de travail devrait amplifier le problème.

Jusqu’alors, les entreprises supprimaient des emplois ici pour en créer d’autres, nettement moins bien payés, ailleurs. Maintenant, les délocalisations sont à destination de… machines.

Je suis allée récemment à côté de l’usine Renault de Tanger. Pas d’hommes en vue. Ça n’a même pas créé d’emplois au Maroc, c’est tout automatisé (ou presque). Et entouré de barrières avec barbelés.

Au sujet de la crise de l’industrie automobile, discussion sur Seenthis

Remplacer les gens par des robots n’est pas un problème en soi. Ce n’est pas grave que l’on passe d’une société du travail à une société du temps libéré. Le problème, c’est comment gérer des droits de tirage sur les richesses créées par les machines, comment redistribuer le revenu, puisque la condition de sa production passe de moins en moins par la contrainte du travail ?

Et là, curieusement, nous manquons cruellement d’imagination !

La création des imaginaires

« Les usines silencieuses et sans déchets fabriquaient tout ce dont les hommes avaient besoin. La clé était la base du système de distribution.

Chaque vivant de Gondawa recevait chaque année une partie égale de crédit, calculée d’après la production totale des usines silencieuses. Ce crédit était inscrit à son compte géré par l’ordinateur central. Il était largement suffisant pour lui permettre de vivre et de profiter de tout ce que la société pouvait lui offrir. Chaque fois qu’un Gonda désirait quelque chose de nouveau, des vêtements, un voyage, des objets, il payait avec sa clé. Il pliait le majeur, enfonçait sa clé dans un emplacement prévu à cet effet et son compte, à l’ordinateur central, était aussitôt diminué de la valeur de la marchandise ou du service demandés.

Certains citoyens, d’une qualité exceptionnelle, tel Coban, directeur de l’Université, recevaient un crédit supplémentaire. Mais il ne leur servait pratiquement à rien, un très petit nombre de Gondas parvenant à épuiser leur crédit annuel. Pour éviter l’accumulation des possibilités de paiement entre les mêmes mains, ce qui restait des crédits était automatiquement annulé à la fin de chaque année. Il n’y avait pas de pauvres, il n’y avait pas de riches, il n’y avait que des citoyens qui pouvaient obtenir tous les biens qu’ils désiraient. Le système de la clé permettait de distribuer la richesse nationale en respectant à la fois l’égalité des droits des Gondas, et l’inégalité de leurs natures, chacun dépensant son crédit selon ses goûts et ses besoins. »

« Une fois construites et mises en marche, les usines fonctionnaient sans main-d’œuvre et avec leur propre cerveau. Elles ne dispensaient pas les hommes de tout travail, car si elles assuraient la production, il restait à accomplir les tâches de la main et de l’intelligence. Chaque Gonda devait au travail la moitié d’une journée tous les cinq jours, ce temps pouvant être réparti par fragments. Il pouvait, s’il le désirait, travailler davantage. Il pouvait, s’il voulait, travailler moins ou pas du tout. Le travail n’était pas rétribué. Celui qui choisissait de moins travailler voyait son crédit diminué d’autant. A celui qui choisissait de ne pas travailler du tout, il restait de quoi subsister et s’offrir un minimum de superflu. »

La nuit des temps, René Barjavel.

J’ai lu La nuit des temps alors que je n’étais guère plus vieille que ma fille aujourd’hui et j’ai été marquée profondément par ce roman. Il y avait bien sûr la dimension romantique de cet amour perdu dans les glaces, ce parfum d’éternité, l’appel, déjà, de la science-fiction qui stimule encore et toujours mon imaginaire, mais il avait surtout ces deux paragraphes que j’ai retrouvés sans difficulté dès qu’on m’a demandé de réfléchir à la question du revenu de base.

Il y a là la description d’une société éminemment désirable, aux antipodes de la nôtre. Il y a là un rêve anarchiste dans le sens plein du terme. Il y a là une utopie qui a durablement changé mon regard sur le monde et ma définition du possible.

En deux petits paragraphes pondus en 1968, en des temps où l’on pouvait espérer changer le monde dans le sens d’une perpétuelle amélioration, Barjavel décrit le fonctionnement du revenu de base, il le rend palpable et presque concret, il en fait une évidence indépassable pour ses personnages, mais aussi pour ses lecteurs.

Bien sûr, on peut noter qu’il évacue habillement la question de la limitation (de plus en plus forte pour nous) des ressources par l’invention d’une source d’énergie renouvelable à l’infini, alors que notre société carbodépendante s’use et s’asphyxie à vouloir exploiter jusqu’à la dernière goutte une ressource dont nous savons depuis le début qu’elle n’existe qu’en quantité hautement finie. On note aussi qu’il ne s’affranchit pas totalement des vieilles hiérarchies, puisqu’il pense quand même que certains hommes sont légèrement plus méritants que d’autres. Mais pour l’essentiel, il décrit un monde affranchi de la nécessité de la survie et donc des rapports de domination qui en découlent, entre ceux qui doivent travailler pour survivre et ceux qui jouissent de l’accumulation des générations précédentes pour conserver, augmenter et transmettre leur pouvoir.

Nous ne pouvons d’ailleurs qu’apprécier la manière radicale avec laquelle Barjavel se propose d’en finir avec l’essence du capitalisme, en rendant l’accumulation impossible par un revenu universel en monnaie fondante.

L’abolition de la nécessité

Dans un monde marchandisé comme le nôtre, il n’existe pas de possibilité de seulement survivre sans argent. Aucun de nos besoins fondamentaux n’est aujourd’hui accessible sans argent : un abri, de la nourriture ou même de l’eau.

Devenu leader sur le marché de l’eau minérale, Nestlé a vu son chiffre d’affaires dépasser les 80 milliards d’euros. Et, tandis que 900 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, le géant suisse possède aujourd’hui au moins une usine d’embouteillage dans chaque pays.

Interrogé à cette époque, M. Brabeck-Letmathe estimait que la question de la privatisation de l’eau pouvait être abordée de deux manières : « L’une est extrémiste, défendue par quelques ONG qui considèrent que l’eau est un bien public. » Balayant cette thèse, il insiste : « L’eau est une denrée alimentaire comme les autres et doit avoir une valeur marchande. » Empruntée au documentaire We Feed the World, cette profession de foi trouve une place centrale dans l’enquête réalisée par Urs Schnell et Res Gehriger.

Nestlé et le business de l’eau en bouteille, cité sur Seenthis

Pour une écrasante majorité de personnes, l’accès à l’argent passe forcément par un emploi : un travail dont on peut espérer tirer un revenu. Or, nous vivons actuellement une révolution industrielle qui détruit l’emploi et le rend inaccessible à des centaines de millions de personnes dans le monde. Quel modèle politique proposons-nous concrètement dans un monde où de plus en plus de gens sont considérés comme surnuméraires ? Comment peut-on penser l’idéal démocratique quand nous soumettons de plus en plus de personnes au stress de la survie immédiate ?

Était-il plus honorable de crever de faim que de voler ? Beaucoup de gens le disaient, mais rarement ceux qui savaient vraiment ce que c’était que d’avoir le ventre creux, ou de voir un enfant gémir de faim. Était-il plus honorable de mourir de faim que de voler quand d’autres avaient les moyens de vous nourrir mais décidaient de ne pas le faire, à moins d’être payés avec de l’argent que vous n’aviez pas ? Pour sa part, il pensait que non. En choisissant de mourir de faim, on devenait son propre oppresseur, on s’obligeait à rester dans le rang, on se punissait soi-même d’avoir la témérité d’être pauvre, alors que normalement ça devrait être le boulot d’un policier. Dès qu’on faisait preuve d’un peu d’initiative ou d’imagination, on se faisait aussitôt traiter de paresseux, de combinard, de coquin, d’incorrigible. Il avait donc laissé de côté toutes ces histoires d’honneur qui n’étaient bonnes qu’à permettre aux riches de se sentir mieux et aux pauvres de se sentir encore plus mal.

(…)

Une fois libéré de la peur, quand on n’avait plus à se demander comment se procurer son prochain repas ou combien de bouches on aura à nourrir l’an prochain, et si on va se faire virer par son employeur ou flanquer en prison pour une peccadille, on était effectivement libre de faire un choix. On pouvait choisir une vie paisible, douillette, confortable, banale, et mourir en chemise de nuit pendant que votre famille s’agitait impatiemment autour de vous… Ou on pouvait se retrouver à faire quelque chose comme en ce moment, et même si votre corps tremblait de tous ses membres, votre cerveau savourait plutôt l’expérience.

Trames, Iain M. Banks

Si l’on admet qu’il n’est plus possible de vivre dans notre société sans argent, on peut plaider pour la suppression de la monnaie… ou sa redistribution égale et suffisante. Pour nous affranchir de la peur et nous rendre la liberté de choix du citoyen.

Et c’est là que nous devons faire travailler nos imaginaires : construire par la pensée un monde libéré du manque pour le rendre possible, tout simplement. Se projeter, chacun, dans les choix qu’un revenu de base nous ouvrirait et la manière dont il transformerait l’ensemble du corps social.

Combien d’entre nous continuerait à se tuer la santé dans des boulots non gratifiants et mal payés ? Combien continueraient à trimer comme des fous pour payer la voiture… qui leur permet d’aller trimer ? Combien de prostituées continueraient à vendre leur corps, libérées de la nécessité ? Combien de femmes supporteraient encore les coups d’un conjoint violent si elles étaient certaines de pouvoir continuer à nourrir leurs enfants étant seules ? Combien de patrons maltraitants, de vies brisées, d’exploitants cyniques, de frustrations mortifères pourrions-nous nous épargner ?

Demain peut commencer maintenant — de manière bien plus efficace que les voitures volantes — si l’on décide tout simplement de croire que c’est possible.

Rendez-vous du 21 au 23 août 2014 pour la première université d’été du Revenu de base.

 

Source : www.agoravox.fr

 

 

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19 août 2014 2 19 /08 /août /2014 17:06

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/rabha-attaf


 

La Crim' de Lyon fait une descente... pour une page Facebook !

Ce matin du 7 août dernier, Hassan M.*, venait à peine de glisser dans les bras de Morphée, après une nuit de travail. Soudain, un bruit violent résonna dans son appartement. Le son provenait de la porte d'entrée, et les coups se faisaient insistants. Encore sonné par son réveil en sursaut, Hassan se dirigea vers la porte et regarda par l’œil de bœuf. Il demeura, un moment, stupéfait : un groupe de six personnes en civils se tenait fermement sur le pallier. Une sombre idée lui traversa alors l'esprit : « Et si c'était la LDJ ? »

Depuis quelques jours, en effet, Hassan n'arrêtait pas de recevoir des menaces de représailles sur la page Facebook de H&O Production, l'association dont il est président et qui regroupe des vidéastes amateurs. En fait, son harcèlement a commencé quand il a publié une liste nominative de cinq français engagés dans l'armée Israélienne, et participant à l'actuelle opération « Bordure protectrice ». Hassan avait constitué cette liste sur la base d'informations diffusées en mode public par les protagonistes eux-mêmes sur les réseaux sociaux.

Surmontant sa première crainte, Hassan ouvrit la porte, pour être aussitôt stupéfait. « Police criminelle ! », entendit-il. Et, avant même qu'il eu le temps de réaliser ce qui se passait, on brandit sous son nez une carte officielle tout en pénétrant « en force » dans son domicile.

- « Vous savez pourquoi on est là ?», lui lança l'officier femme (en fait une capitaine) qui semblait diriger les opérations.

- « Heu, pas vraiment...

- Aujourd'hui, on se déplace pour une page Facebook », expliqua l'un des policiers.

Hassan fut choqué. Lui, qui n'a jamais eu affaire à la police se retrouvais soudain face à la brigade criminelle, pour une page Facebook... Incompréhensible ! Les questions fusèrent :

- « Vous êtes-bien l'administrateur de la page H&O ?

- Vous reconnaissez avoir publié une listes de français engagés dans l'armée israélienne ?

- Vous savez quelle est la fonction d'untel ?

- Comment vous-êtes vous procuré ces informations ? Par piratage ? »

Gardant son calme, Hassan s'expliqua, pensant ainsi mettre fin à ce qui lui semblait être un grand malentendu :

- « Je suis un passionné d'informatique et je ne travaille qu'avec des données collectées sur des open sources, des informations en accès libre. Alors, quand M. Caseneuve, le ministre de l'Intérieur a parlé de poursuivre en justice les ressortissants français partant combattre hors du territoire, en insistant sur les djihadistes en Syrie, il m'est apparu évident que je devais faire un parallèle avec les français qui s'engagent dans l'armée israélienne pour participer à l'opération « bordure protectrice. »

Pas étonnant ! Comme beaucoup de citoyens, Hassan a été heurté par la déclaration partiale du ministre. Il a en mémoire les images des corps déchiquetés des Gazaouis qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Et celles des vidéos mises en ligne publiquement par des français engagés dans les rangs de Tsahal, et dans lesquelles certains d'entre-eux se vantent de leurs exploits sanglants. Hassan réagit donc en utilisant l'outil d'information qu'il a entre les mains : la page Facebook de son association qui compte des milliers d'abonnés. Juste par souci d'équité !Après tout, les poursuites judiciaires brandies par le ministre ne doivent-elles pas s'appliquer à tous les Français, sans distinctions ?

Pour toute réponse, la capitaine lui présenta, avec insistance, un document à signer, afin de pouvoir perquisitionner le domicile. Ce qui est courant lors d'une enquête préliminaire. Mais Hassan refusa de ratifier le document en question et demanda à contacter, à plusieurs reprises un avocat. Il ne comprenait toujours pas ce qu'on lui reprochait et refusait d'être traité comme un terroriste. Rien ne justifiait en effet une descente de la brigade criminelle... encore moins une page Facebook ! Et, comme pour dissiper le malaise qui s'était installé, l'un des policier lui dit clairement que « l'ordre (venait) de hautes sphère »... Finalement, au bout de trois quart d'heure de « négociations » infructueuses, Hassan fut embarqué pour l’hôtel de police du 8ème arrondissement de Lyon, où on lui énuméra ses droits avant de le mettre officiellement en garde à vue. Pour se rassurer, il demanda à voir un médecin.

Durant la journée, Hassan a été auditionné, cette fois en présence de son avocat, Me Stephen Duval, l'un des associé de Me Gilles Devers dont le cabinet a déposé une plainte contre Israël, le 25 juillet dernier, devant la Cour Pénale Internationale. Puis, vers 16 heures, Hassan fut embarqué pour son domicile. Un mandat de perquisition venait d'être délivré par le parquet de Lyon. En vertu de l'article 226 alinéas 19 et 22 relatifs à la protection de la vie privée des personnes.

Tout son matériel de travail fut saisi : son poste informatique de montage vidéo, son ordinateur portable, ses disques durs externes et ses cartes mémoires, son appareil photo et même son téléphone mobile.

De retour à la « Crim' », Hassan a subit un second interrogatoire, plus inquisiteur. Son matériel avait été ouvert, son répertoire téléphonique passé au peigne fin. Les questions se firent donc plus précises, toujours orientées vers le même objectif : trouver une preuve de délit.

- « Comment avez-vous obtenu ce « twit » de Tsahal ?

- C'est juste un copié-collé effectué sur une page publique !

- Et cette liste, dans votre répertoire, avec « Mokhtar » après chaque nom ?

- Mokhtar ? C'est pour me souvenir que j'ai rencontré ces personnes lors des « Mokhtar Awards », un prix décerné chaque année à la meilleure vidéo ! »

Inlassablement, Hassan répondit précisément à toutes les questions. Sa démarche était claire : offrir à ses abonnés une information plus proche de la réalité concernant l'agression israélienne de Gaza, y compris sur ses retombées dans le débat français, sans plus. Et en bon modérateur, il a même pris soin de veiller à la civilité des discussions, bannissant tous les commentaires virulents ainsi que leurs auteurs, qu'ils soient partisans d'Israël ou de la Palestine. Quant à cette accusation « d'importer le conflit en France »... Tout simplement absurde ! A moins d'être parano et de considérer qu'ouvrir le débat sur nimporte quel conflit dans le monde faisant la Une de l'actualité risque de l'importer chez nous ! Jusqu'à preuve du contraire, la France est encore une démocratie où la liberté d'expression, même encadrée, est garantie par la loi !

Bref, après cette seconde audition, Hassan a sentit le ton changer à son égard, l'atmosphère s'est détendue -comme le lui avait d'ailleurs annoncé Me Duval. « En diffusant des informations rendues publiques par leurs auteurs, Hassan n'a assurément commis aucun délit », explique ce dernier en précisant que la précipitation qu'il a constaté dans cette affaire est probablement le signe d'un dossier mal ficelé. Au terme de 24 heures de garde à vue, Hassan a été libéré. Certes, il a été sérieusement secoué par cette soudaine intrusion dans sa vie -qui s'apparente plus à un « assaut de la cavalerie » plutôt qu'à une procédure normale ! « Avant de quitter les locaux de la police », raconte-t-il, « on m’a informé qu’une deuxième personne proche de H&O Production sera auditionnée et qu'il m'est interdit de changer d’adresse ou de numéro de téléphone sans le signaler, au préalable, à la brigade criminelle. Sinon, une recherche à l'échelle nationale serait lancée à mon encontre. » Plutôt intimidant ! Mais Hassan est désormais décidé à déposer une plainte contre les personnes, techniquement identifiables, qui l'ont menacées de représailles sur sa page Facebook. Souhaitons juste que celle-ci soit reçue avec toute l'attention nécessaire !

Pour l'heure, il est probable que son dossier sera classé sans suite, faute de preuves clairement établies. Cependant, un certain nombre de questions demeurent en suspens ! Comment se fait-il, en effet, que la brigade criminelle de Lyon aie été mobilisée pour une simple page Facebook ? D'après ce qu'a compris Hassan, une plainte aurait été déposée par une parente de l'un des français participant, sous le drapeau israélien, à l'opération « barrière protectrice ». Admettons ! Mais alors : quel canal cette plainte a-t-elle suivi pour provoquer, aussi rapidement, une enquête préliminaire de la renommée brigade criminelle de Lyon qui a certainement autre chose à faire que d'épingler des « scribouillards » ? Et quelles sont justement ces « hautes sphères » dont Hassan a entendu parler lors de son arrestation ? A ce stade du dossier, mis en instruction après la saisine du parquet de Lyon (lui aussi de bonne réputation!), les spéculations vont bon train.

Cependant, lors de sa libération, Hassan a demandé des explications. Et la réponse reçue est claire : «La mise en garde à vue pour cette affaire a été actée par le ministère de l'Intérieur et le cabinet du Garde des Sceaux en date du 23 juillet ; l'intervention de la brigade criminelle et de la PJ attestant qu'il s'agit d'une grosse affaire ». En clair, cela signifie que le signalement de la page Facebook de Hassan (la plainte) est d'abord passée par les « hautes sphères » de l’État. On imagine aisément les coups de fils et la teneur des conversations qui se sont tenues au sujet... de cette « grosse affaire » qui s'avère être, en fait, un pétard mouillé ! Mais il n'en demeure pas moins, comme le dit si bien Me Duval, « que l'on a essayé de prendre un bulldozer pour écraser une mouche ! ».

Rabha Attaf, grand reporter, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient. Auteur de "Place Tahrir, une révolution inachevée", éditions Workshop 19

* Pour des raisons de sécurité pour lui même et sa familles, Hassan ne préfère pas dévoiler son identité.

Publié sur Med in Marseille : http://www.med-in-marseille.info/spip.php?article2365

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/rabha-attaf

 

 

 

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Source : blogs.mediapart.fr/blog/stephane-m

 

Est-ce Israël ou bien le CRIF qui gouverne la France ?

 

> > Aucune sanction n'est prise ou même seulement envisagée contre Israël malgré des crimes innommables, crimes de guerre et peut-être crimes contre l'humanité : bombardements à l'arme lourde contre une population assiégée, bombardements d'écoles, d'écoles-refuges de l'ONU dument identifiées comme telles, bombardements d'ambulances, bombardements d'hôpitaux.

  - La France s'est abstenue à l'ONU sur le vote d'une simple enquête sur les crimes commis à Gaza.

  - Hollande n'a toujours pas pris d'engagement face à la demande faite par Amnesty international à la France de cesser de livrer des armes à Israël :

http://www.amnesty.fr/AI-en-action/Violences/Armes-et-conflits-armes/Actions/Agissez-pour-que-la-France-ne-livre-pas-armes-Israel-12209

http://www.info-palestine.eu/spip.php?article14781

  - La circulaire Alliot-Marie contre le boycott des colonies illégales israéliennes n'est toujours pas abrogée

 

  - L'Union Européenne si elle appliquait seulement ses propres règles de droit devrait stopper toutes les mesures avantageuses qu'elle a prises envers Israël et qui sont conditionnées au respect des droits de l'homme:

http://blogs.mediapart.fr/blog/stephane-m/300714/la-federation-internationale-des-droits-de-lhomme-denonce-la-position-de-lue-concernant-la-bande-de

Car outre les crimes de guerre massifs à Gaza, Israël se livre à un nettoyage ethnique à Jérusalem et  en Cisjordanie:

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/03/21/97001-20140321FILWWW00210-israel-l-onu-denonce-un-nettoyage-ethnique.php

 

  - Mesures européennes contre la colonisation israélienne: tableau comparatif des actions prises par les différents pays. Les actions sont rares. La France est particulièrement inactive :

http://www.fidh.org/IMG/pdf/tableau_comparatif_ccfd_fidh.pdf

Audio sur France Inter : Karim Lahidji, Président de la FIDH sur la situation à Gaza : "Il s'agit de crimes de guerre"

https://soundcloud.com/press-fidh/karim-lahidji-president-de-la-fidh-sur-la-situation-a-gaza

 

  - C'est dans l'impunité la plus totale que la Grande Synagogue de Paris a pu inviter sur le site de l'ambassade d'Israël à Paris l'armée israélienne a venir recruter à la synagogue

http://www.panamza.com/230514-tsahal-paris

  - C'est dans l'impunité la plus totale qu'une école juive privée de Marseille a pu inviter l'armée israélienne a venir recruter dans ses murs :

http://www.med-in-marseille.info/spip.php?article2358

 

  - C'est dans l'impunité la plus totale que des Français sont allés rejoindre l'armée israélienne alors qu'elle est en train de commettre des crimes abominables.

  - L'appareil politico-juridique français met en garde à vue un jeune homme qui collectait des informations publiques sur les franco-israéliens qui participent aux crimes de guerre contre Gaza, une telle collecte d'informations publiques n'étant évidemment pas un délit.

http://www.europalestine.com/spip.php?article9744

 

 

  - La France est le seul pays du monde occidental où des manifestations contres les crimes israéliens ont été interdites. On notera que les soutiens à cet Israël criminel ont été autorisés à manifester.

  - Des personnes arrêtées en marge de ces manifestations ont été condamnés à des peines d'une sévérité exceptionnelle pour des délits souvent non prouvés.

http://www.metronews.fr/info/violences-a-barbes-le-drole-de-profil-des-manifestants-pro-palestiniens-arretes-et-juges/mngu!t7gVgzDsfe2Q/

Vidéo qui montre les dangereuses activistes qui se sont faîtes insultées et ont été mises en garde à vue:

 

 

 

 

> > Les médias français euphémisent et désinforment en permanence pour cacher la réalité des crimes de guerre israéliens. La population française se voir privée de son droit à une information correcte.

http://www.info-palestine.eu/spip.php?article14833

En aglais ici:

http://www.aljazeera.com/indepth/opinion/2014/07/gaza-through-distorted-lens-fre-201473111454532885.html

  - Les journalistes qui souhaitent faire leur métier en sont empêchés:

http://www.panamza.com/180714-france24-israel

http://www.bondyblog.fr/201407250001/peut-on-etre-arabe-journaliste-et-traiter-du-conflit-israelo-palestinien/#.U-u39okayc3

http://www.lecourrierdelatlas.com/760801082014Le-journaliste-Nadir-Dendoune-interdit-de-couvrir-la-manifestation-pro-israelienne.html

  - Les radios filtrent les appels d'auditeurs :

<iframe width="640" height="360" src="//www.youtube.com/embed/VlHHQWoFecc?feature=player_embedded" frameborder="0" allowfullscreen></iframe>

 

  - Editer un livre pour traiter des manipulations que réalisent les soutiens d'Israël en France est difficile :

http://www.iris-france.org/informez-vous/blog_pascal_boniface_article.php?numero=292

 

 

> > En France, menaces, intimidations et mêmes agressions commises au nom de la défense d'Israël, restent impunies :

 - Plusieurs sites d'information sont attaqués par des hackers et les journalistes subissent des actions explicites d'intimidations de la part d'individus connus depuis longtemps et contre lesquels la justice française n'est pas intervenue jusqu'ici :

https://www.youtube.com/watch?v=Cg-EFZkj7nI

http://rue89.nouvelobs.com/2014/08/14/vengeance-dun-pseudo-hacker-contre-rue89-vire-tragique-254205

http://rue89.nouvelobs.com/2014/08/12/nouvelle-plainte-contre-hacker-franco-israelien-254172

 

  - C'est dans l'impunité la plus totale qu'un site sioniste francophone tenu par un franco-israélien diffuse de la propagande et commet des délits en publiant les informations privées des personnes qui lui déplaisent :

http://bourgoinblog.wordpress.com/2014/01/22/jssnews-ressuscite-les-heures-sombres-de-notre-histoire/

 

  - La Ligue de Défense Juive est rarement condamnée, toujours pas dissoute alors qu'elle a commis agressions et intimidations :

.http://www.liberation.fr/societe/2014/07/30/la-ligue-de-defense-juive-une-micromilice-extremiste_1073085

 

 

Source : blogs.mediapart.fr/blog/stephane-m

 

 

 

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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 17:42

 

Source : www.marianne.net

 

 

Coopératives et financement participatif: un remède à la crise ?
Lundi 18 Août 2014 à 15:30

 

Bruno Rieth

 

Si l’exécutif manque cruellement d’imagination pour redresser le pays, les salariés français, eux, regorgent de créativité. Pour préserver leurs emplois ou retrouver une activité professionnelle après un licenciement, ils sont de plus en plus nombreux à se lancer dans la création de Sociétés coopératives et participatives (Scop). Certains vont jusqu’à actionner, dans le même temps, un autre levier : le financement participatif. Mais est-ce vraiment efficace ?

 

SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA
SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

Née des combats ouvriers du XIXe siècle, la Scop, anciennement Société coopérative ouvrière de production, se porte bien. Selon les chiffres publiés par la Confédération générale des Scop, association nationale qui anime et coordonne le réseau des sociétés coopératives, l’année 2013 a même été un très bon cru. « La meilleure depuis six ans » selon Patrick Lenancker, président de la confédération. Un peu plus de 260 Scop et Scic (les Sociétés coopératives d’intérêt collectif) ont été créées. Au total, le réseau comptabilise, aux dernières nouvelles, 2 252 coopératives adhérentes, ce qui représenterait 45 000 salariés et un chiffre d’affaires consolidé de 3,9 milliards d’euros.
 
Une belle croissance sans doute due, en partie, à des cas très médiatiques. En effet, la coopérative a refait parler d’elle — et en bien — en 2012 lors de la mise en liquidation judiciaire de la compagnie maritime SeaFrance et le projet de la CFDT de reprise de l’entreprise sous la forme d’un Scop, une initiative alors soutenue par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Les ex de SeaFrance ont fini par se lancer à l’eau, en créant leur compagnie maritime, MyFerryLink, sous cette forme, pour continuer leur activité.
 
Mais au-delà du cas SeaFrance, les exemples de sauvetages ou de poursuites d’activité sont nombreux. Pourquoi un tel engouement ? D’abord, ce type de société résiste mieux à la crise que les entreprises traditionnelles. Selon l’Insee, le taux de pérennité à trois ans des Scop est de 76 % contre 65 % pour l’ensemble des entreprises françaises. Ce sont principalement les principes coopératifs qui permettent cette viabilité : l’implication — on comprend aisément pourquoi — des « co-entrepreneurs salariés » y est plus forte et, surtout, les réserves financières se révèlent plus solides. C’est l’atout majeur de la Scop puisque en moyenne 40 % des bénéfices — 16% statutairement obligatoire —sont mis en réserve, preuve que les Scop ont une vision à long terme… Le reste des bénéfices est redistribué aux salariés sous forme de participation et en intéressement, puis aux actionnaires en dividendes.
 
L’autre « spécificité », élevé au rang d’identité même de la Scop, se situe sur le plan de la démocratie interne. D’une part, quel que soit l’apport au capital, les associés (salarié ou simple actionnaire) possède tous une voix, principe résumé par la formule « une personne égale une voix » et les 65 % du droit de vote leur sont réservés. Autre aspect, les dirigeants de la société — forcément des salariés de l’entreprise — sont choisis pour un mandat d’une durée déterminée. Chaque année, une assemblée générale se tient durant laquelle l’état financier de la société, la stratégie et le projet d’entreprise sont collégialement débattus. En cas de grave désaccord, le gérant peut se voir retirer son mandat.
 
Mais la Scop qui se porte donc déjà comme un charme, s’offre aujourd’hui une seconde jeunesse avec le crowdfunding ou financement participatif. Le principe est simple : des sites internet mettent en avant des projets divers (cinéma, musique, association) que les internautes peuvent aider par des dons d’argent. Mais cette technique de financement sert aussi à aider des projets d’entreprises. Les salariés du groupe Nice-Matin, actuellement en redressement judiciaire, en sont la preuve. Les salariés, plutôt que d’attendre que le couperet de la guillotine ne s’abatte, ont décidé de lancer une levée de fonds par le biais du site de crowdfunding Ulule. Le but ? « Racheter nous-mêmes Nice Matin, en constituant une SCOP » annoncent-ils dans le descriptif de leur projet. Une première ?
 
Pas vraiment selon Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint d’Ulule. « Depuis le début de notre plateforme, on a toujours été convaincu que ce type de financement convenait à toutes sortes de projets, donc aussi à des projets d’entreprenariat. On soutient beaucoup de création d’activités, mais depuis un an environ, nous avons de plus en plus de projets de sauvegarde d’entreprises » explique-t-il. Le premier projet, médiatisé par l’équipe de Julien Courbet sur RTL, visait la préservation de la fonderie Correia, une entreprise familiale en difficulté après avoir réalisé plus de 8 000 accoudoirs pour le stade Allianz Rivera à Nice. Problème, le maître d’œuvre ne les a jamais payés. Grâce à la médiatisation de l’affaire, l’entreprise récolte 88 555 euros, ce qui lui permet de ne pas mettre la clé sous la porte.
 
Associer Scop et financement participatif semble « assez logique » pour le directeur général adjoint d’Ulule. « Depuis peu, on redécouvre ces mécanismes. Mais il ne faut pas imaginer que ce financement va permettre de se passer des banques » tempère-t-il. « Le crowdfunding nécessite une communauté de gens intéressés par le projet. Un projet de Scop mal ficelé ne marchera pas. Par contre, si la levée de fonds fonctionne bien, ce qui est le cas pour les salariés de Nice-Matin, cela peut faciliter les prêts nécessaires des banques. Cela veut dire que le projet est pertinent, qu’un certains nombre de personnes sont prêtes à mettre la main à la poche et qu’il y a donc une clientèle potentielle. Et ça, les investisseurs potentiels n’y sont pas indifférents » analyse-t-il. Pas une solution miracle donc, mais une alternative crédible si le projet est sérieux et cohérent. Voilà en tout cas qui peut permettre de rompre avec la morosité économique ambiante.

 

 

Source : www.marianne.net

 

 

 

 

 

 

 

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18 août 2014 1 18 /08 /août /2014 17:25

 

Source : www.mediapart.fr

 

Pour un salaire minimum en Europe

|  Par Ludovic Lamant

 

 

 

 

Oubliez l'austérité : et si la solution à la déprime économique en Europe passait par des hausses de salaire ? À la surprise de certains, le futur président de la commission, Jean-Claude Juncker, plaide pour un salaire minimum européen, reprenant ainsi la revendication de nombreux socialistes européens. A-t-il des chances de voir le jour ? Premier volet de notre série sur les batailles pour le salaire minimum.

 

Il s'y est engagé le 15 juillet, devant les parlementaires réunis à Strasbourg : « Nous mettrons en place un salaire minimum social (pour) tous les pays de l'Union européenne. » Ce jour-là, le candidat Jean-Claude Juncker obtenait la confiance d'une majorité des eurodéputés pour devenir le prochain président de la commission européenne, en ayant pris soin de donner quelques gages aux sociaux-démocrates présents dans l'hémicycle.

Le conservateur luxembourgeois, successeur de José Manuel Barroso à partir de novembre, tiendra-t-il parole ? L'Europe se risquerait-elle, enfin, à investir haut et fort un terrain social qu'elle semble avoir déserté depuis longtemps – et d'autant plus depuis l'éclatement de la crise en 2008 ? Un salaire minimum européen pourrait freiner le « dumping social » dévastateur à travers le continent. Et obligerait aussi à relever les salaires les plus bas, au sein de certains des pays les plus dynamiques de l'UE, à commencer par l'Allemagne, avec des effets vertueux pour l'ensemble de la région...

Sur le papier, l'opération a de quoi séduire. Mais elle est loin d'être gagnée. Si l'on s'en tient aux traités, et à l'article 153 en particulier, l'Union n'a rien à dire sur le niveau de rémunération des travailleurs : c'est une compétence exclusive des États membres.

À peine l'Europe peut-elle « soutenir et compléter » l'action des capitales en matière de sécurité au travail, de sécurité sociale ou de protection des travailleurs (c'est en partie ce qu'elle a tenté, avec la révision de la directive sur les travailleurs détachés, qui a abouti l'an dernier). Mais mettre en chantier une directive qui instaurerait un salaire minimum européen serait tout simplement contraire aux traités.

 

Jean-Claude Juncker le 8 juillet 2014 à Bruxelles. © European Union 2014 - European Parliament. 
Jean-Claude Juncker le 8 juillet 2014 à Bruxelles. © European Union 2014 - European Parliament.

Juncker aurait-il déjà promis l'impossible, avant même d'entrer en fonctions ? L'affaire est un peu plus compliquée. La mise en place d'un salaire minimum partout en Europe est même en train de devenir l'une des revendications les plus consensuelles du moment… Sous des arguments divers, on en trouve d'ardents défenseurs aussi bien du côté des économistes « atterrés », ces universitaires adversaires des politiques d'austérité sur le continent, qu'au sein de la rédaction de l'hebdo The Economist, plutôt pro-business. La décision de l'Allemagne, l'an dernier, de se rallier elle aussi au salaire minimum semble avoir joué, et fini de convaincre certains sceptiques.

Martin Schulz, l'adversaire social-démocrate de Juncker pour s'emparer de la présidence de la commission, en avait fait une promesse phare de sa campagne au printemps 2014. Le commissaire européen à l'emploi, Laszlo Andor, avait défendu l'idée dès 2012, pour lutter contre l'explosion du chômage sur le continent. Le projet est à peu près toujours le même : instaurer un filet de sécurité supplémentaire, pour ces travailleurs pauvres frappés de plein fouet par les politiques d'austérité dans l'UE.

Tous les États ne sont pas logés à la même enseigne en la matière. À l'échelle de l'UE, 21 pays ont déjà mis en place leur « Smic ». Sous la pression des sociaux-démocrates du SPD, l'Allemagne, première économie de la zone euro, devrait mettre en place un salaire minimum progressivement, de 2015 à 2017. L'Autriche, l'Italie, le Danemark, la Finlande ou encore la Suède – plutôt des économies épargnées par la crise – font partie des derniers récalcitrants, même s'il existe souvent, dans ces pays, certains accords par branche, sur des salaires planchers, au cas par cas.

Comme toujours en Europe, les disparités d'un pays à l'autre sont fortes. Si l'on en croit une étude publiée par le Trésor français cet été, l'éventail des possibles est même très large. En valeur brute, le Luxembourg est, de très loin, le plus généreux, avec un salaire minimum brut à 1 704 euros – contre 1 344 euros en France, ou… 123 euros en Roumanie.

Pour mettre de côté les différences liées aux niveaux de vie dans chacun des pays, certains économistes rapportent le salaire minimum au salaire médian de chaque État membre – ce salaire imaginaire, qui partage à parts égales la population active, entre une moitié qui gagne moins, et une moitié qui gagne plus. À ce jeu-là, la France est en tête de classement, avec un salaire minimum qui représente 60 % du salaire médian – ce qui veut dire qu'elle est l'un des pays les plus « généreux » en la matière.

À l'inverse, la Roumanie, l'Estonie et la République tchèque ferment le ban, avec un niveau plancher qui ne dépasse pas les 40 % du salaire médian (voir le tableau page suivante). À titre indicatif, le salaire minimum dans les tuyaux en Allemagne devrait approcher les 55 % du salaire médian (8,5 euros de l'heure).

Des effets négligeables sur l'emploi ?

Tableau tiré de l&#039;étude publiée en juillet 2014 par le Trésor français. Cliquer sur l&#039;image pour l&#039;agrandir. 

 
Jean-Claude Juncker est resté discret sur le détail du mécanisme qu'il imagine. Mais plusieurs études récentes, dont celle du Trésor, plaident pour un accord politique (à défaut d'une modification des traités) autour d'une « norme de salaire minimum ». Pas question d'imposer une valeur brute partout sur le continent : l'idée serait plutôt d'instaurer une valeur plancher relative, fixée par exemple à 55 % du salaire médian de chaque pays. Les États plus ambitieux seraient libres d'aller plus loin. Et les règles de revalorisation, année après année, pourraient elles aussi être « harmonisées » (en s'entendant, par exemple, sur la place à donner aux syndicats ou aux économistes « indépendants » dans ces discussions).

Avec ce Smic européen, c'est une vieille question de cours d'économie qu'il faut reposer en grand, souvent déformée par des approches idéologiques. Des emplois sont-ils menacés, lorsqu'un salaire minimum est mis en place ? Les entreprises ont-elles tendance à moins embaucher, si l'on relève le niveau plancher des rémunérations ? Cette difficulté n'est pas un détail, sur un continent qui compte près de 26 millions de chômeurs. Ce plancher ne serait-il qu'une fausse bonne idée qui, sous couvert de générosité, risquerait d'encore aggraver le marasme social ?

La théorie néoclassique, longtemps dominante en économie, incite à répondre par l'affirmative. Instaurer un salaire minimum – ou relever son seuil – entraîne une augmentation du coût du travail. Cela baisse la compétitivité des entreprises, qui se trouvent alors contraintes de répercuter cette hausse subie en augmentant leurs prix de vente. En bout de course, elles perdent des parts de marché – et révisent à la baisse leurs perspectives d'embauche. Conclusion : moins d'emplois.

« C'est un raisonnement qui ne tient pas, corrige Dany Lang, maître de conférences à Paris-13, et membre des « atterrés ». Notamment parce que le travail n'est pas le seul déterminant du prix d'un produit. Une étude récente (lire les références sous l'onglet Prolonger, ndlr) établit par exemple que lorsqu'un produit coûte un euro, le coût du travail correspondant est de 15 centimes en Grèce, 16 en Italie ou 17 en Espagne. Des coûts intermédiaires (comme le transport, ndlr) entrent en ligne de compte. » En clair : même si les hausses du coût du travail étaient entièrement répercutées sur le prix final d'un produit (scénario qui n'est pas le plus probable), cela n'entraînerait pas, loin de là, d'augmentation massive du prix du produit. Dans la même logique, il ne suffit pas de comprimer les salaires pour qu'une entreprise gagne, mécaniquement, en productivité...

 

 

D'autres économistes formulent des objections plus fines que les réserves néoclassiques. Pour Zsolt Darvas, un économiste hongrois membre du think tank bruxellois Bruegel, « le salaire minimum a bien, dans certains cas, des effets négatifs sur l'emploi, car il crée des effets de distorsion, entre ceux qui profitent du salaire minimum et ceux qui gagnaient jusqu'à présent un peu plus que les plus bas salaires, et qui se voient désormais rattrapés ». Darvas met en garde contre l'effet « psychologique » d'un Smic européen, qui démotiverait certains employés – ce qui pèserait, là encore, sur la compétitivité de certaines entreprises. 

Aux États-Unis, le débat est encore bien plus vif. Les articles théoriques sont légion, autour du « mythe » d'un salaire plancher (lire ici). Mais plusieurs études empiriques de grande ampleur invitent tout de même à cette conclusion qu'on peut trouver rassurante : relever le niveau du salaire minimum n'a pratiquement aucun effet sur l'emploi.

Dans un article de 2009, deux économistes ont compilé 64 études recensant, en tout, plus de 1 400 cas d'entreprises qui ont dû relever la limite basse de leur grille salariale (lire les références sous l'onglet Prolonger). « C'est la même technique qui est utilisée en pharmacie pour tester l'efficacité d'un médicament : on prend toutes les études existantes et on les passe à la moulinette statistique. La conclusion de cette 'méta-analyse', c'est que le salaire minimum n'a aucun effet sur l'emploi. Le reste, c'est de l'idéologie », commente Dany Lang.

Un Smic européen certes, mais à quels niveaux?

Comment expliquer cet effet vertueux ? Pour certains, si l'employé est payé à sa juste valeur (ce que les néo-keynésiens nomment le « salaire d'efficience »), il travaillera mieux. Sa productivité augmente, ce qui profite à l'entreprise dans son ensemble.

Pour d'autres, les patrons ont tout simplement beaucoup d'autres moyens à leur disposition, pour amortir les effets d'une hausse du Smic : « La littérature traditionnelle concernant le salaire minimum insiste beaucoup sur les effets sur l'emploi, mais les employeurs disposent en fait de bien d'autres canaux d'ajustement. Ils peuvent réduire les heures, ou les bénéfices en nature, ou encore le volume de formation. Ils peuvent aussi décider d'embaucher davantage d'employés plus qualifiés, ou alors baisser le salaire des employés davantage rémunérés, ou encore prendre des mesures pour renforcer la productivité des employés (réorganisation de la production, formation, etc.) », énumère l'auteur d'une autre étude de référence, publiée en 2013 par le think tank américain CEPR.

Mais il est peut-être difficile de tirer les leçons, pour l'Europe, d'études construites exclusivement à partir de cas américains. D'autant qu'aux États-Unis, le salaire minimum est très bas – aux alentours de 38 % du salaire médian. Comme Mediapart l'a déjà raconté, la question d'une hausse du Smic en France fracture désormais la gauche, et le débat est souvent compliqué par des prises de position idéologiques, loin des réalités de terrain.

Parmi les économistes sur la défensive figure Philippe Aghion : lui assure qu'il n'est pas opposé au principe d'un salaire minimum en Europe, mais s'inquiète du niveau du Smic français. « À partir d'un certain niveau, lorsqu'on donne des coups de pouce au Smic, sans toucher aux autres salaires, on risque de réduire la mobilité sociale, en décourageant l'emploi de travailleurs jeunes ou non qualifiés, en rétrécissant l'éventail des rémunérations et en bloquant les promotions », expliquait-il aux Échos en début d'année.

L'économiste français, qui enseigne à Harvard, préconise dans son dernier ouvrage (coécrit avec Elie Cohen et Gilbert Cette) de « geler le Smic à court terme » en France. À sa manière, The Economist reprenait, fin 2013, à peu près le même refrain : « Des salaires minimum modérés font davantage de bien que de mal », écrivait l'hebdomadaire. Dans ce contexte, la France joue le rôle de contre-exemple parfait, avec un salaire minimum trop élevé, « ce qui permet de comprendre pourquoi la France affiche aussi des taux de chômage pour les jeunes si élevés qu'ils en deviennent choquants, autour de 26 % pour les 15-24 ans ».

Il y a fort à parier que la position d'un Jean-Claude Juncker sera à peu près identique : oui à un salaire minimum européen, mais à des niveaux planchers plutôt bas, voire très bas. Ce sera le nerf de la bataille : trouver le niveau « approprié », comme dit la commission européenne. « Jouer à la baisse sur le niveau du Smic, c'est, au fil des années, baisser l'ensemble de la grille des rémunérations », s'inquiète Dany Lang. Or, si l'on suit l'analyse de Paul De Grauwe, un économiste belge enseignant à la London School of Economics, la crise en cours, surgie de l'éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis, est avant tout une crise de la demande – et non de l'offre, comme continue de le penser la majorité des dirigeants européens. D'où l'idée toute keynésienne d'y répondre, par exemple, en relevant le niveau de certains des plus bas salaires.

« Augmenter les salaires, c'est l'une des pistes pour la reprise de l'Union. Et c'est aux pays excédentaires (dont la balance courante est excédentaire, c'est-à-dire, pour faire court, qu'ils exportent plus qu'ils n'importent, comme l'Allemagne, ndlr) qu'il revient d'augmenter le plus fortement les salaires », estime de son côté Engelbert Stockhammer, un autre universitaire spécialiste des questions salariales, basé à Londres. « L'UE doit mettre en place un salaire plancher, qui prenne la forme d'un système de salaires minimums différenciés, ce qui permettrait d'en finir avec les dévaluations compétitives de certaines économies, qui ont joué à la baisse sur les salaires (comme ce fut le cas en Espagne ou en Grèce, par exemple, en réaction à la crise, ndlr). »

En 2012, le commissaire européen à l'emploi, Laszlo Andor, n'était pas très loin de ce raisonnement lorsqu'il publiait un texte qui visait de manière à peine voilée l'Allemagne : « Des hausses (de salaire) ciblées, capables de soutenir la demande agrégée, sont sans doute envisageables dans les pays où l'évolution des salaires est restée très en deçà des gains de productivité. » Mais Andor, un socialiste hongrois, n'a jamais été très écouté au sein du collège des commissaires, archidominé au plus dur de la crise par des commissaires très « austéritaires », comme le Finlandais Olli Rehn.

De ce point de vue, il faudra suivre de très près la promesse de Berlin de mettre en place un salaire minimum à partir de l'an prochain. Quant à la sortie du patron de la Bundesbank Jens Weidmann, fin juillet, estimant qu'il fallait augmenter l'ensemble des salaires en Allemagne, à hauteur de 3 %, pour contrer les risques déflationnistes, c'est sans doute la bonne nouvelle de l'été, sur le front de la macroéconomie européenne.

 

Lire également sous l'onglet "Prolonger" de cet article
À suivre, le prochain volet de notre enquête

 


 

 

Lire aussi

 

 

Source : www.mediapart.fr

 


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17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 16:23

 

 

Source : www.franceinter.fr

 

 

Dépêches > société du mercredi 02 Juillet à 13H24
8,7 millions de Français dans "un état de pauvreté"

© reuters - 2014

 

C'est un état des lieux de la pauvreté en France saisissant que rendra public mercredi après-midi l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale. 8,7 millions de Français dans un état de pauvreté, c'est 10% de plus qu'en 2008.

 

Un constat alarmant

 

Aujourd'hui 8,7 millions Français vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 980 euros par mois, c'est 700 000 de plus qu'en 2008.  Le constat est alarmant : il montre à quel point la crise économique qui touche la France depuis six ans a un effet ravageur. Jérôme Vignon est le président de l'Observatoire national de la pauvreté :

 

C'est la première fois depuis une quinzaine d'années que l'on observe une croissance aussi marquée de la pauvreté [...] On l'explique par l'augmentation du chômage de grande durée, le découragement devant l'emploi, la proportion des chômeurs non-indemnisés qui s'accroît avec le chômage de longue durée. Tout cela a pesé plus sur les Français les plus pauvres que sur la moyenne des Français. Il y a un effet différentiel de la crise et qui passe à travers le marché du travail.

 

Décryptage de cette étude avec Bruce de Galzain

 

 

15% des Français renoncent à se soigner
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Cette pauvreté qui s'étend et qui devient souvent irréversible a une conséquence nouvelle : aujourd'hui 15% des Français renoncent à se soigner faute d'argent.

 

La France n'est pas un cas isolé en Europe : la pauvreté s'accroît aussi en Espagne, au Portugal, en Italie et au Royaume-Uni. Pour l'Observatoire de la pauvreté, la rigueur budgétaire prônée par l'Union Européenne y est pour beaucoup. L'Observatoire plaide d'ailleurs pour une Europe plus sociale,  moins obsédée par la maîtrise des budgets.

 

Par Géraldine Hallot | 02 Juillet 2014 à 13:24

 


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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 16:20

 

Source : cadtm.org

 

CADTM

Recension du livre « Bancocratie » d’Éric Toussaint

15 août par Roger Goddin

 

 


Le métier de la banque est trop essentiel à l’économie pour être laissé entre les mains du secteur privé, il est donc nécessaire de socialiser le secteur bancaire (…) et de le placer sous contrôle citoyen.

Roger Goddin, 15 août 2014

Le livre « Bancocratie » d’Éric Toussaint débute par le rappel de la crise de 2007-2008. Il en donne les causes immédiates (les subprimes), mais plus encore les causes lointaines, qui tiennent à l’instauration depuis plus de trente ans du capitalisme néolibéral. Entendez une économie dans laquelle la part de richesse dévolue aux travailleurs et aux allocataires sociaux s’est rétrécie au bénéfice de celle que possèdent les détenteurs de capitaux – ce qui, par ailleurs, a littéralement fait exploser la taille des plus grandes banques. Mais aussi un capitalisme largement dérégulé dans lequel la plupart des garde-fous instaurés à l’époque de Roosevelt ont été jetés aux orties. La liberté a dès lors été offerte aux banques de s’endetter massivement (ce que l’on nomme l’effet de levier) pour accroître leurs moyens de réaliser des bénéfices supplémentaires… au risque, lorsque la conjoncture se retourne, de voir ces banques se trouver en situation de faillite. Mais, sauf exception, il n’y a pas de faillite bancaire car, lorsque les banquiers font des bêtises, les États sont là pour injecter l’argent de la collectivité dans les comptes des institutions financières défaillantes.
C’est que ces grandes banques, comme indiqué dans le titre du livre, disposent bien plus qu’hier d’un pouvoir exorbitant. D’abord celui de placer à des postes clés des personnes issues de leur sérail (exemple : Mario Monti, placé comme Premier ministre d’Italie en 2011 après avoir été consultant au sein de la banque Goldman Sachs). Ensuite le pouvoir de lobbying qui a permis aux banques de vider de leur substance les projets de re-réglementation bancaire qu’avaient songé à mettre en place certains gouvernements suite à la crise de 2007-2009. Mais surtout ces grandes banques disposent de la quasi impunité, elles peuvent à peu près tout se permettre. Leur taille considérable les rend non seulement Too Big to Fail (trop grandes pour pouvoir tomber en faillite) mais aussi Too Big to Jail (trop grandes pour pouvoir être condamnées en justice). Le blanchiment d’argent du crime organisé, l’organisation de la fraude fiscale à grande échelle, la manipulation de taux d’intérêt, le financement d’activités condamnées par le droit international sont quelques-uns des délits que peuvent commettre les grandes banques ; lorsque la justice se décide à intervenir, l’affaire se conclut presque toujours par le paiement d’une amende d’un montant très largement inférieur au préjudice subi par la société dans son ensemble ; les dirigeants de ces banques ne risquent, eux, quasiment rien… hormis le fait de bénéficier de bonus supplémentaires !

En guise d’avertissement, Éric Toussaint a noté : « En écrivant ce livre, je souhaitais donner à des femmes et des hommes qui ne font pas partie des hautes sphères de la banque et des institutions politiques des moyens pour comprendre ce qui se passe dans le monde opaque de la banque privée, des banques centrales, de la Commission européenne, des lieux où se prennent des décisions fondamentales qui affectent les conditions d’existence de l’immense majorité de la population mondiale ». Pari tenu. Éric Toussaint explique très clairement le fonctionnement et le pouvoir des banques ; il le fait en termes simples (les inévitables termes techniques faisant l’objet d’une explication dans un glossaire) et en plaçant en tête de chaque chapitre un condensé de celui-ci.

Mais Éric Toussaint ne se borne pas à dépeindre le lugubre spectacle offert par le fonctionnement des banques en ce 21e siècle. Il propose aussi toute une série de mesures alternatives afin que le secteur bancaire « soit soumis aux règles d’un service public et [que] les revenus que son activité génère [soient] utilisés pour le bien commun ». Plus largement, les propositions avancées visent à remplacer l’Europe du fric et des nantis par une société au service du plus grand nombre.

Roger Goddin, enseignant d’histoire retraité, est militant marxiste révolutionnaire en Belgique. Voir aussi Quelques éléments trop peu connus du néolibéralisme.

 

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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15 août 2014 5 15 /08 /août /2014 16:03

 

Source : cadtm.org

 

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Banque mondiale et du FMI (partie 6)

L’annulation de la dette allemande en 1953 versus le traitement réservé au Tiers Monde et à la Grèce

11 août par Eric Toussaint

 

 


Les États-Unis procèdent à des annulations de dettes à l’égard de certains de leurs alliés. L’opération la plus évidente dans ce contexte est le traitement de la dette allemande réglementé par l’Accord de Londres de 1953. Pour s’assurer que l’économie de l’Allemagne occidentale est relancée et constitue un élément stable et central dans le bloc atlantique, les Alliés créanciers, États-Unis en tête, font des concessions très importantes aux autorités et aux entreprises allemandes endettées qui vont bien au-delà d’une réduction de dette. Une comparaison entre le traitement accordé à l’Allemagne occidentale d’après-guerre et les PED ou la Grèce d’aujourd’hui est édifiant.

L’allègement radical de la dette de la République fédérale d’Allemagne (RFA) et sa reconstruction rapide après la seconde guerre mondiale ont été rendus possibles grâce à la volonté politique de ses créanciers, c’est-à-dire les États-Unis et leurs principaux alliés occidentaux (Royaume-Uni, France). En octobre 1950, ces trois alliés formulent un projet dans lequel le gouvernement fédéral allemand reconnaît l’existence des dettes des périodes précédant et suivant la guerre. Les alliés y joignent une déclaration signifiant que « les trois pays sont d’accord que le plan prévoit un règlement adéquat des exigences avec l’Allemagne dont l’effet final ne doit pas déséquilibrer la situation financière de l’économie allemande via des répercussions indésirables ni affecter excessivement les réserves potentielles de devises. Les trois pays sont convaincus que le gouvernement fédéral allemand partage leur position et que la restauration de la solvabilité allemande est assortie d’un règlement adéquat de la dette allemande qui assure à tous les participants une négociation juste en prenant en compte les problèmes économiques de l’Allemagne » |1| .

La dette réclamée à l’Allemagne concernant l’avant-guerre s’élève à 22,6 milliards de marks si on comptabilise les intérêts. La dette de l’après-guerre est estimée à 16,2 milliards. Lors d’un accord conclu à Londres le 27 février 1953 |2|, ces montants sont ramenés à 7,5 milliards de marks pour la première et à 7 milliards de marks pour la seconde |3|. En pourcentage, cela représente une réduction de 62,6 %.

De surcroît, l’accord établit la possibilité de suspendre les paiements pour en renégocier les conditions si survient un changement substantiel limitant la disponibilité des ressources |4|.

Pour s’assurer que l’économie de l’Allemagne occidentale est réellement relancée et qu’elle constitue un élément stable et central dans le bloc atlantique face au bloc de l’Est, les Alliés créanciers font des concessions très importantes aux autorités et aux entreprises allemandes endettées qui vont bien au-delà d’une réduction de dette. On part du principe que l’Allemagne doit être en condition de rembourser tout en maintenant un niveau de croissance élevé et une amélioration des conditions de vie de la population. Rembourser sans s’appauvrir. Pour cela, les créanciers acceptent : primo que l’Allemagne rembourse dans sa monnaie nationale, le deutsche mark, l’essentiel de la dette qui lui est réclamée. A la marge, elle rembourse en devises fortes (dollars, francs suisses, livres sterling…).
Secundo, alors qu’au début des années 1950, le pays a encore une balance commerciale négative (la valeur des importations dépassant celle des exportations), les puissances créancières acceptent que l’Allemagne réduise ses importations, elle peut produire elle-même des biens qu’elle faisait auparavant venir de l’étranger. En permettant à l’Allemagne de substituer à ses importations des biens de sa propre production, les créanciers acceptent donc de réduire leurs exportations vers ce pays. Or, 41 % des importations allemandes venaient du Royaume-Uni, de France et des États-Unis pour la période 1950-51. Si on ajoute à ce chiffre la part des importations en provenance des autres pays créanciers participant à la conférence (Belgique, Hollande, Suède et Suisse), le chiffre total s’élève même à 66 %.
Tertio, les créanciers autorisent l’Allemagne à vendre ses produits à l’étranger, ils stimulent même ses exportations afin de dégager une balance commerciale positive. Ces différents éléments sont consignés dans la déclaration mentionnée plus haut : « La capacité de paiement de l’Allemagne, de ses débiteurs privés et publics, ne signifie pas uniquement la capacité de réaliser régulièrement les paiements en marks allemands sans conséquences inflationnistes, mais aussi que l’économie du pays puisse couvrir ses dettes en tenant compte de son actuelle balance des paiements. L’établissement de la capacité de paiement de l’Allemagne demande de faire face à certains problèmes qui sont :
1. la future capacité productive de l’Allemagne avec une considération particulière pour la capacité productive de biens exportables et la capacité de substitution d’importations ;
2. la possibilité de la vente des marchandises allemandes à l’étranger ;
3. les conditions de commerce futures probables ;
4. les mesures fiscales et économiques internes qui seraient nécessaires pour assurer un superavit pour les exportations |5| . »

En outre, en cas de litige avec les créanciers, en général, les tribunaux allemands sont compétents. Il est dit explicitement que, dans certains cas, « les tribunaux allemands pourront refuser d’exécuter […] la décision d’un tribunal étranger ou d’une instance arbitrale. » C’est le cas, lorsque « l’exécution de la décision serait contraire à l’ordre public » (p. 12 de l’Accord de Londres).

Autre élément très important, le service de la dette est fixé en fonction de la capacité de paiement de l’économie allemande, en tenant compte de l’avancée de la reconstruction du pays et des revenus d’exportation. Ainsi, la relation entre service de la dette et revenus d’exportations ne doit pas dépasser 5 %. Cela veut dire que l’Allemagne occidentale ne doit pas consacrer plus d’un vingtième de ses revenus d’exportation au paiement de sa dette. Dans la pratique, l’Allemagne ne consacrera jamais plus de 4,2 % de ses revenus d’exportation au paiement de la dette (ce montant est atteint en 1959). De toute façon, dans la mesure où une grande partie des dettes allemandes était remboursée en deutsche marks, la banque centrale allemande pouvait émettre de la monnaie, en d’autres mots monétiser la dette.

Une mesure exceptionnelle est également décidée : on applique une réduction drastique des taux d’intérêts qui oscillent entre 0 et 5 %.

Une faveur d’une valeur économique énorme est offerte par les puissances occidentales à l’Allemagne de l’Ouest : l’article 5 de l’accord conclu à Londres renvoie à plus tard le règlement des réparations et des dettes de guerre (tant celles de la première que de la deuxième guerre mondiale) que pourraient réclamer à la RFA les pays occupés, annexés ou agressés (ainsi qu’à leurs ressortissants).

Enfin, il faut prendre en compte les dons en dollars des États-Unis à l’Allemagne occidentale : 1,17 milliard de dollars dans le cadre du Plan Marshall entre le 3 avril 1948 au 30 juin 1952 (soit environ 11,5 milliards de dollars de 2014) auxquels s’ajoutent au moins 200 millions de dollars (environ de 2 milliards de dollars de 2014) entre 1954 et 1961 principalement via l’agence internationale de développement des États-Unis (USAID).

Grâce à ces conditions exceptionnelles, l’Allemagne occidentale se redresse économiquement très rapidement et finit par absorber l’Allemagne de l’Est au début des années 1990. Elle est aujourd’hui de loin l’économie la plus forte d’Europe.

Quelques éléments de comparaison

Le résultat d’une première comparaison entre l’Allemagne occidentale d’après-guerre et les Pays en développement est éclairant. L’Allemagne, bien que meurtrie par la guerre, était économiquement plus forte que la plupart des PED actuels. Pourtant, on lui a concédé en 1953 ce qu’on refuse aux PED.

Part des revenus d’exportation consacrés au remboursement de la dette

L’Allemagne est autorisée à ne pas consacrer plus de 5 % de ses revenus d’exportation au paiement de la dette.

En 2012, les pays en développement ont dû consacrer en moyenne 10 % de leurs revenus d’exportation au paiement de la dette. Ce chiffre était même supérieur à 20 % à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Taux d’intérêt sur la dette extérieure

Dans le cas de l’accord de 1953 concernant l’Allemagne, le taux d’intérêt oscille entre 0 et 5 %.

En revanche, dans le cas des PED, les taux d’intérêt ont été beaucoup plus élevés. Une grande majorité des contrats prévoient des taux variables à la hausse.

Entre 1980 et 2000, pour l’ensemble des PED, le taux d’intérêt moyen a oscillé entre 4,8 et 9,1 % (entre 5,7 et 11,4 % dans le cas de l’Amérique latine et de la Caraïbe et même entre 6,6 et 11,9 % dans le cas du Brésil, entre 1980 et 2004).

Monnaie dans laquelle la dette extérieure est remboursée

L’Allemagne était autorisée à rembourser dans sa monnaie nationale.

Aucun pays du Tiers Monde n’est autorisé à faire de même sauf exception et pour des montants dérisoires. Tous les grands pays endettés doivent réaliser la totalité de leurs remboursements en devises fortes (dollars, euros, yens, francs suisses, livres sterling).

Clause de révision du contrat

Dans le cas de l’Allemagne, l’accord établit la possibilité de suspendre les paiements pour en renégocier les conditions si survient un changement substantiel limitant la disponibilité des ressources.

Dans le cas des contrats de prêts avec les PED, les créanciers obtiennent qu’il n’y ait pas de clause de ce type.

Politique de substitution d’importation

Dans l’accord sur la dette allemande, il est explicitement prévu que le pays puisse produire sur place ce qu’il importait auparavant.

Par contre, la Banque mondiale et le FMI imposent aux PED de renoncer à produire sur place ce qu’ils pourraient importer.

Dons en devises (en cash)

L’Allemagne, bien que fortement responsable de la deuxième guerre mondiale, a été gratifiée de dons importants en devises dans le cadre du Plan Marshall et au-delà.

Les PED dans leur ensemble, à qui les pays riches ont promis assistance et coopération, reçoivent une aumône sous forme de dons en devises. Alors que collectivement, ils remboursent plusieurs centaines de milliards de dollars par an, ils reçoivent en cash environ 30 milliards de dollars. Les plus grands pays endettés du Tiers Monde ne reçoivent strictement aucune aide sous forme de dons en devises.

Incontestablement, le refus d’accorder aux PED endettés le même type de concessions qu’à l’Allemagne indique que les créanciers ne veulent pas sérieusement que ces pays se désendettent. Les créanciers jugent qu’ils ont intérêt à maintenir les PED dans l’endettement permanent de manière à en tirer un revenu maximal sous la forme du paiement de la dette, à leur imposer des politiques conformes aux intérêts des créanciers et à s’assurer de leur loyauté au sein des institutions internationales.

Allemagne 1953 / Grèce 2010-2012

Si nous risquons une comparaison entre le traitement auquel la Grèce est soumise et celui qui a été réservé à l’Allemagne après la seconde guerre mondiale, les différences et l’injustice sont frappantes. En voici une liste non-exhaustive en 11 points :

1.- Proportionnellement, la réduction de dette accordée à la Grèce en mars 2012 est infiniment moindre que celle accordée à l’Allemagne.

2.- Les conditions sociales et économiques qui sont assorties à ce plan (et à ceux qui ont précédé) ne favorisent en rien la relance de l’économie grecque alors qu’elles ont contribué largement à relancer l’économie allemande.

3.- La Grèce se voit imposer des privatisations en faveur des investisseurs étrangers principalement alors que l’Allemagne était encouragée à renforcer son contrôle sur les secteurs économiques stratégiques, avec un secteur public en pleine croissance.

4.- Les dettes bilatérales de la Grèce (vis-à-vis des pays qui ont participé au plan de la Troïka) ne sont pas réduites (seules les dettes à l’égard des banques privées l’ont été) alors que les dettes bilatérales de l’Allemagne (à commencer par celles contractées à l’égard des pays que le Troisième Reich avait agressés, envahis voire annexés) étaient réduites de 60 % ou plus.

5. - La Grèce doit rembourser en euros alors qu’elle est en déficit commercial (donc en manque d’euros) avec ses partenaires européens (notamment l’Allemagne et la France), tandis que l’Allemagne remboursait l’essentiel de ses dettes en deutsche marks fortement dévalués.

6. - La banque centrale grecque ne peut pas prêter de l’argent au gouvernement grec alors que la Banque centrale allemande prêtait aux autorités de la RFA et faisait fonctionner (certes modérément) la planche à billets.

7. - L’Allemagne était autorisée à ne pas consacrer plus de 5 % de ses revenus d’exportation au paiement de la dette alors qu’aucune limite n’est fixée dans le cas actuel de la Grèce.

8. - Les nouveaux titres de la dette grecque qui remplacent les anciens dus aux banques ne sont plus de la compétence des tribunaux grecs, ce sont les juridictions du Luxembourg et du Royaume-Uni qui sont compétentes (et on sait combien elles sont favorables aux créanciers privés) alors que les tribunaux de l’Allemagne (cette ancienne puissance agressive et envahissante) étaient compétents.

9. - En matière de remboursement de la dette extérieure, les tribunaux allemands pouvaient refuser d’exécuter des sentences des tribunaux étrangers ou des tribunaux arbitraux au cas où leur application menaçait l’ordre public. En Grèce, la Troïka refuse bien sûr que des tribunaux puissent invoquer l’ordre public pour suspendre le remboursement de la dette. Or, les énormes protestations sociales et la montée des forces néo-nazies sont directement la conséquence des mesures dictées par la Troïka et par le remboursement de la dette. Malgré les protestations de Bruxelles, du FMI et des « marchés financiers » que cela provoquerait, les autorités grecques pourraient parfaitement invoquer l’état de nécessité et l’ordre public pour suspendre le paiement de la dette et abroger les mesures antisociales imposées par la Troïka.

10.- Dans le cas de l’Allemagne, l’accord établit la possibilité de suspendre les paiements pour en renégocier les conditions si survient un changement substantiel limitant la disponibilité des ressources. Rien de tel n’est prévu pour la Grèce.

11. - Dans l’accord sur la dette allemande, il est explicitement prévu que le pays puisse produire sur place ce qu’il importait auparavant afin d’atteindre un superavit commercial et de renforcer ses producteurs locaux. Or la philosophie des accords imposés à la Grèce et les règles de l’Union européenne interdisent aux autorités grecques d’aider, de subventionner et de protéger ses producteurs locaux, que ce soit dans l’agriculture, l’industrie ou les services, face à leurs concurrents des autres pays de l’UE (qui sont les principaux partenaires commerciaux de la Grèce).

On pourrait ajouter que l’Allemagne, après la seconde guerre mondiale, a reçu des dons dans une proportion considérable, notamment, comme on l’a vu plus haut, dans le cadre du Plan Marshall.

On peut comprendre pourquoi le leader de Syriza, Alexis Tsipras, fait référence à l’accord de Londres de 1953 lorsqu’il s’adresse à l’opinion publique européenne. L’injustice avec laquelle le peuple grec est traité (ainsi que les autres peuples dont les autorités suivent les recommandations de la Troïka) doit éveiller la conscience d’une partie de l’opinion publique.

Mais ne nous berçons pas d’illusions, les raisons qui ont poussé les puissances occidentales à traiter l’Allemagne de l’Ouest comme elles l’ont fait après la seconde guerre mondiale ne sont pas de mise dans le cas de la Grèce.

Pour voir une véritable solution au drame de la dette et de l’austérité, il faudra encore de puissantes mobilisations sociales en Grèce et dans le reste de l’Union européenne ainsi que l’accession au pouvoir d’un gouvernement du peuple à Athènes. Il faudra un acte unilatéral de désobéissance provenant des autorités d’Athènes (soutenues par le peuple), telles la suspension du remboursement et l’abrogation des mesures antisociales, pour forcer les créanciers à des concessions d’envergure et imposer enfin l’annulation de la dette illégitime. La réalisation à une échelle populaire d’un audit citoyen de la dette grecque doit servir à préparer le terrain.


Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6

Notes

|1| Deutsche Auslandsschulden, 1951, p. 7 et suivantes, in Philipp Hersel, « El acuerdo de Londres de 1953 (III) », http://www.lainsigna.org/2003/enero/econ_005.htm

|2| Texte intégral en français de l’Accord de Londres du 27 février 1953 : http://www.admin.ch/ch/f/rs/i9/0.946.291.364.fr.pdf

|3| 1 US dollar valait à l’époque 4,2 marks. La dette de l’Allemagne occidentale après réduction (soit 14,5 milliards de marks) équivalait donc à 3,45 milliards de dollars.

|4| Les créanciers refusent toujours d’inscrire ce type de clause dans les contrats à l’égard des pays en développement ou des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Europe centrale et orientale…

|5| Auslandsschulden, 1951, p. 64 et suivantes in Philip Hersel, El acuerdo de Londres (IV), 8 de enero de 2003, http://www.lainsigna.org/2003/enero/econ_010.htm

 

 

Source : cadtm.org

 

 

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14 août 2014 4 14 /08 /août /2014 17:17

 

Source : www.mediapart.fr

 

Inflation, déflation : l'indice des prix reflète-t-il la réalité économique?

|  Par martine orange

 

 

 

Les prix ont baissé de 0,3 % en juillet, affirme l’Insee. Pourtant, les consommateurs disent n’avoir constaté aucun changement. Est-ce la traditionnelle différence de point de vue entre les économistes et les ménages, ou une déformation plus profonde de la réalité ? L’indice des prix reflète-t-il encore correctement la situation économique quand le logement est censé ne représenter que 7 % des dépenses des ménages ?

Le spectre de la déflation se dessine chaque jour plus précisément. Les chiffres se succèdent et se ressemblent… Ralentissement de la production industrielle, baisse des carnets de commande, baisse des exportations et pour finir, baisse des prix à la consommation et croissance nulle.

Après avoir affiché une stagnation en mai et juin, l’indice des prix à la consommation marque une baisse de 0,3 % en juillet, selon les dernières statistiques de l’Insee, publiées le 13 août. Au cours des douze derniers mois, les prix n’ont augmenté que de 0,5 %. La France comme le reste de la zone euro est très loin des 2 % d’inflation, considérés par la Banque centrale européenne comme le taux optimal pour l’Europe.

 

 

Selon l’Insee, une partie de ces baisses tient à des raisons saisonnières. Les prix des produits frais baissent naturellement en été. Mais cette année, ils ont malgré tout diminué de 3,6 %. De même, les soldes entraînent une diminution des prix de l’habillement (– 13,6 %) et des produits manufacturés (– 2,9 %). Même si certains postes comme les services saisonniers sont en augmentation (+ 25,6 % pour les locations de résidence de vacances), l’environnement est de plus en plus marqué par la stagnation. « L’inflation sous-jacente reste faible », prévient l’Insee.

Pourtant, lorsque les consommateurs sont interrogés, une grande majorité d’entre eux disent ne constater aucune baisse de prix. Pour beaucoup, la vie de tous les jours n’a jamais été aussi chère, les obligeant à restreindre de plus en plus leurs dépenses. Cette divergence de vues entre les économistes d’un côté et les ménages de l’autre dure depuis plusieurs années. Depuis le milieu des années 2000, les consommateurs ont le sentiment que les statistiques ne traduisent plus la réalité de leur vie, la perte de leur pouvoir d’achat. Le malaise risque de s’accentuer si la déflation s’installe. Retour sur les questions posées par cet indice des prix si controversé.

  • Comment l’indice des prix est-il établi ?

L’indice des prix établi par l’Insee est le chiffre le plus sensible et le plus politique de toute la comptabilité nationale. Il sert de référence pour les revalorisations du Smic, des retraites et des pensions et d’un certain nombre d’indicateurs de la vie quotidienne. Son élaboration est donc strictement encadrée et contrôlée par le gouvernement mais aussi par les autorités européennes. Celles-ci ont établi des modalités de calcul et des réglementations afin d’harmoniser les statistiques au niveau européen. Eurostat, l’agence européenne de statistiques, demande à l’Insee de suivre l’évolution de tous les biens et services représentant le millième de la consommation des ménages. Elle effectue des contrôles réguliers afin de s’assurer du respect des règles.

Les prix de 200 000 références sont relevés chaque mois par des enquêteurs de l’Insee sur tout le territoire, dans toutes les formes de commerce, grandes enseignes de distribution comme magasins de quartier. « La liste de ces produits est secrète afin d’éviter toute manipulation des chiffres », explique Jean-Marie Fournier, chargé de la production de l’indice au département statistiques de l’Insee.

Cette liste, cependant, est modifiée chaque année afin de tenir compte des évolutions de la consommation. Ainsi les tablettes informatiques ou les téléphones portables sont-ils désormais pris en compte dans l’indice des prix. En revanche, il n’est pas sûr que les légendaires lacets de chaussures, souvent invoqués pour se moquer de l’indice des prix, y figurent encore.

Des calculs sont établis par la suite en fonction d’une structure de consommation moyenne des ménages, selon des pondérations établies par la comptabilité nationale. Ces retraitements statistiques permettent d’établir l’indice des prix mais créent de grands troubles dans l’opinion, qui a le sentiment que celui-ci ne traduit plus la situation financière des ménages français ni la perte de leur pouvoir d’achat.

  • L’indice des prix reflète-t-il bien l’inflation ?

La querelle dure de longue date, mais elle s'est ravivée au milieu des années 2000. Après le passage à l’euro, les ménages ont eu la nette impression de constater une valse des étiquettes, notamment dans leur consommation journalière. Pourtant, l’indice des prix parlait invariablement de hausses de 0,2 % ou 0,3 % par mois. Les associations de consommateurs comme les syndicats ont dénoncé l’existence d’une inflation cachée qui n’était pas prise en compte.

Critiquée, l’Insee s’est défendue de toute sous-estimation. Depuis, ses économistes et d’autres ont travaillé pour chercher à comprendre la situation. Un nouveau concept a émergé : l’inflation ressentie. Les économistes expliquent que les ménages sont beaucoup plus sensibles aux achats quotidiens : le prix de la baguette, celui du petit noir sur le zinc, du steak haché font partie de leurs références quotidiennes. Ils ont ces prix en tête et notent la moindre variation. L’ennui est que depuis les années 2000, les prix de ces produits de consommation courante, sous l’effet d’un ajustement lié à l’euro, de la structure commerciale française et de l’envolée des cours mondiaux des matières premières agricoles, ont beaucoup augmenté.

Mais dans le même temps, expliquent-ils, même s’ils n’en ont pas pris conscience, les ménages français ont bénéficié d’une augmentation de leur pouvoir d’achat grâce à la chute sans précédent des produits manufacturés. L’intégration de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce, les délocalisations massives en Chine et dans les pays émergents aux coûts de production très bas ont provoqué une désinflation importée dans tous les pays occidentaux. Les prix des ordinateurs, des écrans plats, de l’électroménager ont été divisés par trois ou quatre. Dans le même temps, en raison de ruptures technologiques importantes, certains services liés aux télécommunications et à Internet en particulier, ont beaucoup baissé.

Les économistes expliquent que les ménages n’ont pas toujours noté les diminutions de prix des biens dont ils ont profité. Comme ils n'achètent que rarement un ordinateur ou un bien d’équipement, ils ont oublié les références passées. En revanche, ils se nourrissent tous les jours, et sont donc beaucoup plus sensibles à une hausse des produits alimentaires. D’où la différence entre l’inflation réelle et l’inflation ressentie, constatent-ils.

Depuis 2007, l’Insee a cependant établi des séries statistiques afin de mieux appréhender les effets sur les différents types de ménages et de consommation. Selon qu’ils sont jeunes ou vieux, propriétaires ou locataires, composés d'une personne seule ou d'un couple avec quatre enfants, gagnant le Smic ou figurant parmi les 10 % les plus riches, urbains ou campagnards, les ménages n’ont pas du tout les mêmes dépenses ni les mêmes charges. Dans la réalité, ils s’éloignent de la structure type établie pour construire l’indice général des prix.

Sous-estimation

 

 

Tous les ménages ne sont pas exposés de la même manière à la hausse des prix. Ainsi, depuis 1998, la hausse est plus élevée pour les ménages les plus modestes – ceux qui consacrent la part la plus élevée de leur budget aux dépenses incompressibles (loyer, nourriture, énergie). « De 1998 à 2012, les prix ont augmenté plus vite que la moyenne pour les ménages des sept premières tranches de niveau de vie, en particulier pour les plus modestes (deux premières tranches de niveau de vie) », note une étude de l’Insee. En 2012, selon cette étude, l’indice des prix pour les ménages appartenant à la deuxième tranche de niveau de vie accusait un écart de 2,37 points par rapport à l’indice des prix général. Un écart jamais reconnu, jamais compensé depuis plus de dix ans.

  • L’indice des prix sous-estime-t-il les dépenses contraintes ?

L’indice des prix est élaboré à partir d’une structure type de dépense établie par la comptabilité générale, censée correspondre à un budget de ménage moyen. Les hausses des prix relevées poste par poste sont pondérées en fonction du poids que ce poste est supposé représenter dans le budget des ménages. Mais ce “ménage moyen” s’éloigne de plus en plus de la réalité : il est censé consacrer plus de 8 % de ses dépenses à la culture et aux loisirs, plus de 7 % dans les restaurants et les cafés.

L’évaluation du poids de certaines dépenses dans les budgets des ménages pose question. Le cas du logement est le plus criant. Alors que le logement est devenu un problème critique pour nombre de Français, que beaucoup de ménages, selon d’autres études de l’Insee, consacrent entre 25 % et 40 % de leurs ressources mensuelles pour se loger, les dépenses de logement sont évaluées à 7 % dans l’indice des prix. « L’indice des prix ne prend en compte que les locataires. Les propriétaires et les accédants à la propriété comptent pour zéro, car l’achat d’un logement est considéré comme une épargne et relève du patrimoine », explique Jean-Marie Fournier. Ainsi, les remboursements d’emprunt – même si les prêts s’étendent sur 25 à 30 ans désormais pour compenser les effets de la hausse des prix des logements, ce qui revient à transformer les accédants en des locataires à long terme face aux banques –, les travaux et les dépenses d’entretien, les charges liées à l’habitation ne sont pas pris en compte.

Si la position des statisticiens de l’Insee peut se défendre d’un point de vue théorique, la très faible part accordée au logement a amené à minorer, voire à nier la bulle spéculative qui a touché ce secteur tout au long des années 2000 et dont les ménages paient encore les conséquences aujourd’hui. Selon l’Insee, le logement est un poste qui a augmenté bien plus vite que les autres ces dernières années : l’indice, établi à partir d’une base 100 en 1998, était à 146 points en 2014, alors que l’indice général était à 126.

De même, les dépenses liées à l’énergie (gaz, électricité) et aux services essentiels comme l’eau et le ramassage des ordures sont

 

estimées à 8 % dans l’indice général des prix. Or, les prix de ces services se sont envolés ces dernières années : + 70 % pour le gaz depuis 2005, + 30 % pour l’électricité, + 30 % environ pour l’eau. Ces dépenses sont quasiment incompressibles et représentent une part du budget de plus en plus importante dans les dépenses des ménages les plus modestes. Les associations ne cessent d’avertir les pouvoirs publics sur les dangers d’une exclusion énergétique. Plusieurs millions de ménages sont désormais dans l’incapacité d’honorer leurs factures d’électricité et de gaz et accumulent les impayés.

Combien de temps va-t-on pouvoir encore poursuivre la fiction selon laquelle le logement, si déterminant dans la situation des Français, comme le prouvent d’autres études de l’Insee, ne compte que pour 7 % dans les dépenses des ménages ? Peut-on encore continuer à minorer la charge de plus en plus importante des dépenses contraintes (alimentation, énergie) dans les budgets familiaux ? Si cela a permis aux responsables politiques de tout bord de poursuivre une politique de désinflation compétitive déguisée, tout en maintenant l’illusion d’un maintien du modèle social français, ce décalage grandissant entre les indices et la réalité entretient un malaise profond dans la population : la dégradation de ses revenus et de son pouvoir d’achat n’est jamais actée. Alors que la société française est de plus en plus minée par la crainte de déclassement, l’image faussée des chiffres ne peut que nourrir sa défiance et son pessimisme.

  • Quels risques la déflation comporte-t-elle ?

La déflation est redoutée par les économistes, car elle provoque une spirale baissière des prix, des revenus et des actifs, difficile à enrayer. Ce n’est qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale que les États-Unis sont parvenus à effacer les traces de la grande dépression. Depuis près de vingt ans, le Japon se débat dans cette situation sans avoir trouvé les voies pour en sortir. Le gain de pouvoir d’achat, mis en avant par certains, ne profite qu’à une seule catégorie : les rentiers, comme les nommait Keynes. Tous les autres, les chefs d’entreprise, les salariés, tous ceux qui représentent le dynamisme de l’économie en pâtissent.

La baisse des prix est la première traduction d’une demande qui s’effondre. Les licenciements, les fermetures d’entreprise, les baisses de salaire suivent. Les personnes endettées ont de plus en plus de mal à faire face à leurs charges, alors que leurs ressources diminuent. Ce qui est vrai pour le privé l’est tout autant pour les finances publiques. Chacun rogne encore plus sur ses dépenses, économise sur tout ce qu’il peut économiser. Le phénomène déflationniste alors s’auto-alimente : ces économies provoquent une nouvelle chute de la demande, qui entraîne une baisse des prix…

Même si le gouvernement ne le reconnaît pas, la France est déjà entrée dans ce cercle déflationniste. Pour les jeunes, les stages à 400 euros ont remplacé les CDD payés au Smic. Les emplois sont de plus en plus à temps partiel. Le pacte de responsabilité est lui aussi une baisse des salaires masquée : l’État accepte de prendre à sa charge une partie des baisses de salaire, par le biais des cotisations sociales, afin d’alléger le coût du travail pour les entreprises. À la prochaine étape, les baisses de salaire risquent d’être directement imposées aux salariés sans passer par le truchement de l’État. Cette situation risque de créer de nombreuses tensions, d’autant plus que la situation réelle de l’économie et des ménages est mal appréhendée, les contraintes sous-estimées.  

La déflation ne touche pas uniformément l’activité économique. À côté de secteurs en crise, d’autres peuvent continuer à connaître une certaine inflation. Le phénomène est déjà notable aux États-Unis : les secteurs de la consommation courante – alimentation, logement, énergie – connaissent tous des augmentations d’autant plus importantes que les financiers, à la recherche de placements sûrs, ont massivement investi dans les matières premières agricoles, l’énergie, l’immobilier, alimentant la spéculation.

Le phénomène touche, à un moindre degré, l’économie française. Les baisses des prix ne sont pas uniformes. Elles touchent certains postes plutôt que d’autres. Si les prix des produits manufacturés continuent de baisser, ceux des produits alimentaires diminuent beaucoup moins. L’Insee parle d’une baisse de 3,6 % en juillet en raison de l’abondance des fruits et légumes. Mais à côté des arrivages saisonniers de produits frais, le prix de la viande, lui, continue d’augmenter. Les consommateurs, de leur côté, disent ne voir aucune baisse. Les représentants de la grande distribution confirment à demi-mot : ils disent enregistrer des chutes des dépenses en volume. En d’autres termes, les ménages dépensent les mêmes montants et peut-être moins, mais rognent sur les quantités.

Tous ces changements passent peu ou mal dans les outils statistiques dont le plus important d’entre eux, l’indice général des prix. Cela contribue à alimenter un malaise généralisé. Des réalités semblent être complètement inaperçues ou niées. Personne ne paraît pressé de faire émerger des chiffres plus conformes à la réalité.

La première décision de Pierre Mendès-France, alors haut fonctionnaire au ministère des finances, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, fut de reconstruire tout l’appareil statistique et de la comptabilité publique. « Sans chiffres sûrs, sans indicateurs fiables, il est impossible de prendre les bonnes décisions politiques », expliquait-il en substance. Alors que l’économie française et européenne entre dans des eaux inconnues, les responsables politiques devraient peut-être se poser la même question. Au-delà de l’utilisation politique de tel ou tel chiffre (chômage, prix ou autres), ont-ils déjà les bons outils pour appréhender la réalité ?

 

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Source : www.mediapart.fr

 

 

 

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