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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 18:18

Dans le Piémont, de notre envoyé spécial

Dans les caves monumentales de Fontanafredda, creusées sous le beau vignoble en amphithéâtre romain développé par Emmanuel Albert, fils morganatique du premier roi d’Italie Victor Emmanuel II, une plaque en cuivre signale que le 26 juillet 1986 Carlo Petrini et ses camarades y tinrent le premier congrès d'Arcigola, précurseur du mouvement mondial Slow Food. À défaut de changer le monde en prenant le pouvoir, ces militants venus de la gauche révolutionnaire allaient partir de la base pour s’attaquer à la domination du rapport de l’homme à la nourriture et à la terre par l’agro-business et la « mal bouffe » de la restauration rapide.

 

Le vignoble de Fontanafredda 
Le vignoble de Fontanafredda© phr

 

L’arrivée le 19 septembre à Bruxelles des marcheurs de la « Good Food » (la « bonne bouffe »), reçus par le commissaire européen à l’Agriculture Dacian Ciolos et de nombreux députés au Parlement européen, est la reconnaissance par les organisations de terrain, dont Slow Food, que la bataille institutionnelle pour une nouvelle Politique agricole commune (PAC) européenne, à définir d’ici le 1er janvier 2014, est une échéance incontournable. En partie parce que le Traité de Lisbonne accorde pour la première fois au Parlement européen un pouvoir de codécision sur la PAC et que le compromis nauséabond habituel entre Paris et Berlin en faveur du statu quo pourrait passer moins facilement. Même si l’alignement des deux principaux groupes, le PPE et le PSE, sur les intérêts de l’agriculture intensive n’incite guère à l’optimisme.

« Slow Food n’a pas les moyens d’investir des sommes considérables dans le lobbying », indique Paolo di Croce, directeur de Slow Food International, au siège du mouvement à Brà, dans les anciens bâtiments magnifiquement restaurés de l’Agenzia di Pollenzo, ancienne tour de contrôle du considérable patrimoine agricole de la dynastie de Savoie. « Nous avons plein d’idées, mais pas d’argent. Il nous faut démontrer aux hommes politiques, à Bruxelles et dans les Etats membres, que les gens veulent que les choses changent », explique-t-il.

 

L'Agenzia, siège de Slow Food  
L'Agenzia, siège de Slow Food © phr

 

Dans le camps d’en face, celui de la « mal bouffe », l’agro-business est déjà sur le pied de guerre, soutenu par les organisations syndicales majoritaires, dont la FNSEA française, désormais présidée (une nouveauté) par un agro-industriel. Objectif : s‘assurer que le budget de la PAC, le premier de l’Union européenne, sera encore fois « sanctuarisé » et restera au service de « l’agriculture puissance », l’essentiel des subventions bénéficiant à quelques milliers de très grandes exploitations, aux fabricants d’intrants pour une agriculture chimique et mécanisée et à la grande distribution qui assure ses débouchés.

Pas un problème de riches

«Il n’est pas vrai que la bonne nourriture doive être réservée aux gens riches», reprend Paolo di Croce. Le mouvement Slow Food a travaillé à se défaire de cette image «bobo» d’une alimentation produite pour des privilégiés par des privilégiés. Le réseau est complété par Terra Madre (Notre mère la Terre), qui rassemble aujourd’hui des milliers de producteurs et d’acteurs de la chaîne alimentaire à travers la planète, au service de la qualité, de la biodiversité et du développement durable. Les communautés locales et le fonctionnement en réseau sont au cœur de la philosophie du fondateur Carlo Petrini.

Mais le «Salon du goût», organisé tous les deux ans à Turin, est un événement destiné à mobiliser le grand public en faveur d’une nourriture «bonne, propre et équitable», le slogan de Slow Food. Et de desserrer ainsi l’étau dans lequel l’agro-business et la grande distribution tiennent les agriculteurs. «Le problème numéro un des petits fermiers est qu’ils sont isolés», relève Paolo di Croce. Pour des raisons économiques autant que politiques, établir ou rétablir le lien direct entre le producteur et le consommateur est donc essentiel.

Hommage du vice à la vertu, les géants de la «mal bouffe», notamment américains, ont essayé de courtiser le mouvement, qui revendique 100.000 adhérents dans le monde, à l’instar du patron de McDonald en Italie qui est venu à l’Agenzia avant de lancer une campagne publicitaire sur le thème : «Fast and Slow have never been so close» ("Rapide et Lent n’ont jamais été aussi proches"). De l’agro-business à la grande distribution en passant par la restauration rapide, c’est à qui récupèrera au mieux le mouvement d’éveil des consommateurs à la réalité de ce qui arrive dans leurs assiettes.

Après l’Italie, c’est d’ailleurs aux Etats-Unis, empire de la mal bouffe industrielle, que Slow Food a connu la croissance la plus importante, y compris dans un Etat fédéré comme le Kentucky, plus généralement connu à l’étranger comme la patrie de «KFC» (Kentucky Fried Chicken). Pas vraiment étonnant dans un pays où la lutte contre l’obésité, une plaie sociale fabriquée par l’industrie agro-alimentaire, est devenue une cause nationale embrassée par la Première Dame Michelle Obama.

Et ce n’est pas seulement un problème de pays riches, comme on le croit trop fréquemment. «L’Afrique est la nouvelle frontière de Slow Food», explique Roberto Bordese, le président de la branche italienne du mouvement. Il a déjà essaimé dans 25 pays du continent noir, avec notamment le projet de «Mille jardins pour l’Afrique». «Même l’Afrique est en train de perdre le lien direct avec la nourriture et le diabète y devient un problème à cause de la junk food qui y est exportée depuis l’Europe», dit-il.

«Combattre la faim ne signifie pas seulement empêcher les gens de mourir de faim», reprend Paolo di Croce. Slow Food est opposé à l’aide alimentaire internationale, une subvention déguisée à leurs exportateurs qu’Américains et Européens déploient cyniquement, sauf pendant les deux premières semaines d’une situation d’urgence quand la production locale ne peut pas répondre, explique-t-il.

 

Culture locale et mondialisation

A contempler, depuis des villages hauts perchés comme Monforte ou La Morra, le paysage magnifique et tiré au cordeau des Langhe, ces collines du Piémont viticole, on comprend mieux pourquoi Slow Food y est né, même si le combat de Carlo Petrini est loin d'y faire l'unanimité. S’y déploie une nature transformée par la main de l’homme et qui a vu une civilisation venue de temps très anciens embrasser avec succès la mondialisation.

Ce n’est que très récemment, dans les années 60 du siècle dernier, que la vigne, présente depuis des millénaires, y est partie à la conquête de l’Italie puis du monde sous des appellations réputées comme Barolo et Barbaresco. C’est une terre où petits et moyens propriétaires individualistes cohabitent avec quelques grandes familles et où l’esprit d’entreprise est vigoureux, comme dans toute cette Italie du Nord appartenant à l’Europe la plus prospère.

 

Dans les Lenghe 
Dans les Lenghe© phr

 

Les Langhe sont aussi le berceau de l’entreprise Ferrero, créateur de Nutella, ce qui fait que les parcelles moins propices à la vigne sont aujourd’hui couvertes de noisetiers, un complément de revenu appréciable. Le succès mondial de cette pâte à base de cacao (Turin, ville de la Cour de Savoie, est la capitale du chocolat en Italie) et de noisettes est tel que toute la récolte piémontaise de ce fruit n’assure que quelques jours de la production annuelle de Nutella. Alba, au cœur des Langhe, est la patrie de la truffe blanche, dont la célébration annuelle fin septembre attire les visiteurs dans toute la région.

Pourtant, en dépit d’une aisance manifeste, il reste à prouver que le retour d’une nourriture «bonne, propre et équitable» puisse contribuer à fournir le substrat économique d’une société équilibrée, même dans une région aussi privilégiée que les Langhe.

Le succès de l’Université des sciences gastronomiques que Slow Food a créé en 2004 à Pollenzo inciterait plutôt à l’optimisme. Depuis l’ouverture, plus de 1.000 étudiants, venus de 60 pays, en sont sortis diplômés des classes installées dans l’Albertina, une ancienne ferme de la dynastie de Savoie. Selon son doyen, le professeur Grimaldi, 90% des diplômés avaient trouvé un emploi dans l’année suivant leur sortie, parfois en le créant eux-mêmes. Mais pour que le travail de la terre et de ses produits puisse apporter une contribution significative au problème du chômage de masse en Europe, à commencer par celui des jeunes, diplômés ou pas, il faudrait un changement de paradigme.

Produits exportés mais main d'oeuvre importée

A San Cassiano, fief de la famille Ceretto, Roberta est représentative de ces jeunes Italiens qualifiés (études de littérature anglaise et allemande) revenus prendre soin de l’entreprise familiale et lui ouvrir les portes du monde. Fondée par son grand-père Ricardo, Ceretto est aujourd’hui entre les mains de la troisième génération. Elle s’est étendue considérablement, accumulant 150 hectares de vignobles à travers les Langhe, diversifiée (distillerie, confiserie, restaurants locaux, tourisme œnologique, mécénat artistique). Ses innovations, dont la résurrection du cépage blanc Arneis, se vendent très bien, de Tokyo à San Francisco.

Ceretto a créé des dizaines d’emplois. Seul problème : à part Roberta, son frère et ses cousins et quelques cadres, la quasi-totalité des employés et tous ceux qui travaillent la vigne viennent de pays étrangers, Roumanie essentiellement. Pour des emplois permanents et bien payés. Mais un travail dur. 

 

Dans les caves de Ceretto 
Dans les caves de Ceretto© phr

 

«Afin de créer ces produits qui s’exportent, nous ne devrions pas être obligés d’importer de la main d’œuvre», regrette Gianni Gagliardo, le président de l’Académie du Barolo. Sur l’étiquette d’une bouteille de vin, le nom de Gianni Gagliardo, vigneron à la Serra dei Turchi (la «montagne des Turcs») d’où on aperçoit le château de Barolo, est synonyme de grande qualité. Sous l’ancienne grange transformée en chaix, ce qui était la réserve d’eau de la ferme il y quarante ans est occupé par les barriques de chêne français où vieillit la toute petite production (3000 bouteilles par an) du Preve, un très grand Barolo. Parce ce mot signifie «prêtre» en dialecte piémontais et que traditionnellement sur cette terre très croyante, explique Gianni, «le meilleur est pour le prêtre».

La qualité à un prix, un travail intense dans les vignes. A quelques semaines de la récolte du cépage Nebbiolo, il faut couper à la main l’extrémité des grappes, déjà sélectionnées deux fois, afin d’augmenter la concentration. Les vieux ouvriers agricoles italiens n’ont jamais pu se faire à cette pratique. «Ils disent : ce n’est pas comme ça que mon père m’a appris à faire», raconte Gianni Gagliardo.

Quant aux jeunes, il y a longtemps que le travail de la terre ne fait plus partie de leur horizon. Comme à Ceretto, et presque partout dans les Langhe, ses quinze salariés permanents, sont venus, avec leurs familles, de Bulgarie, du Monténégro, d’Albanie et même d’Argentine. «Nous risquons de perdre notre italianité», regrette-t-il, même si la relève familiale est assurée par un fils maitre de chai.

Pour que la PAC cesse de détruire les campagnes européennes

Depuis des dizaines d’années, la PAC européenne réformée toujours trop peu, trop mal et trop tard, s’est avérée être une impitoyable machine à supprimer les emplois, saccager les paysages, détruire les sols, polluer les nappes phréatiques, les cours d’eaux (et même les plages, avec les algues vertes), menacer la santé publique et développer les inégalités. L’exode rural massif, la désertification des régions intérieures qui en a résulté, alimentent un cercle vicieux social et culturel que ne corrige pas l’arrivée en masse, dans certaines zones, des «néo-ruraux», résidents secondaires ou retraités précoces.

Si rien ne change, expliquait l’eurodéputé Vert José Bové le 18 septembre en présentant les propositions de réforme de son groupe, l’Europe peut perdre dans les dix ans qui viennent quelque 7 millions d’exploitations. 70% des agriculteurs y sont âgés de plus de 55 ans et l’installation des jeunes, confrontés à des problèmes qui vont du coût du foncier à la prolifération urbaine en passant par l’extension forestière, est une véritable course d’obstacles.

Même dans le scénario le plus ambitieux, celui dont la France agricole officielle et les autres pays «amis de la PAC» ne veulent même pas entendre parler, les propositions de réforme de la Commission européennes sont très insuffi santes pour inverser rapidement cette tendance. Devant les marcheurs de la «Good Food», le commissaire Ciolos a «espéré» que son projet de «verdissement» de la PAC survivrait aux marchandages entre Etats membres et avec le Parlemet européen.

A défaut d’une réforme radicale qui priverait totalement de subventions, internes et externes, les grandes exploitations dans les grandes cultures pour concentrer les fonds sur le développement rural et durable, l’agriculture familiale, les circuits courts , les filières intégrées à valeur ajoutée, le renouveau démographique, la biodiversité (liste non limitative), les Verts européens demandent de plafonner les aides à 100.000 euros par an et par exploitation (contre un plafond de 300.000 euros proposé par la Commission). Cela ne pénaliserait que les cinq mille plus gros exploitants européens, dont une poignée de millionnaires de la subvention, mais libèrerait 7 milliards chaque année afin de faire revivre les campagnes européennes.

Malheureusement, ce n’est pas du tout comme cela que les privilégiés du statu quo et leurs obligés politiques voient l’avenir de la PAC. La marche de la «Good Food» promet d'être longue.

 

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 15:14

 

 

La vie share / Pierre Cattan / Usbek et Rica

La vie share - Usbek et Rica - Mai 2012

 

La Fondation Terra Nova, proche du Parti Socialiste, a publié samedi 15 septembre un rapport plaidant pour une "politique des consommations" - ou comment développer une société de services, sobre pour l'environnement et réconciliée avec l'humain. Au total, 85 propositions  pour "modifier les usages" et "réinventer l’abondance". Ou comment changer de logiciel et vraiment entrer dans le XXIème siècle. Oui oui.

De la vie chère à la vie share

L’ambition est affichée dès l’introduction : "Notre société produit toujours plus de désirs relatifs et répond de moins en moins aux besoins absolus", peut-on lire dans les premiers paragraphes, qui se poursuivent en invitant à "politiser la consommation, la pluraliser, la démonétariser en partie", à "découpler consommations, bonheur, prospérité" et "se rendre moins dépendants de la croissance pour assurer la redistribution". En filigrane, l’idée de justice sociale, "qui se traduit aussi dans les modes de production, d’usage, de partage" précise-t-on d’emblée.

Depuis le temps que je travaille sur ces sujets, autant vous dire que je n'ai fait qu’une bouchée de ce rapport. Et me suis régalée. Parmi les idées proposées, je retiens surtout les suivantes : limiter l’affichage publicitaire (et supprimer les écrans plasma dédiés à a chose !), développer des indicateurs alternatifs de développement humain, instaurer une tarification socio-environnementale, créer des "chèques de consommation responsable", instaurer une TVA réduite pour les produits issus de la récup’ et du recyclage, promouvoir des ressourceries et le recours à la location, créer systématiquement des espaces partagés (laverie, local à vélo, jardin, salle de jeux pour les enfants, compost, atelier de bricolage) dans chaque nouvel habitat collectif... et j’en passe!

Au cœur de la logique qui les sous-tend, des éléments liés à l’urgence écologique, économique et sociale, mais aussi une profonde réflexion sur le besoin de repenser collectivement la consommation, de revoir sa "morale" en remplaçant "l'appropriation individuelle de nouveautés périssables" par des logiques de partage, d'échange, de location, de revente et de recyclage de biens durables, etc.

Avec au final, plusieurs questions fondamentales pour l'avenir : quelle consommation voulons-nous relancer ? Quelle consommation voulons-nous diminuer ? Quelles consommations voulons-nous faire émerger ? Et une réponse : nos besoins peuvent être facilement satisfaits par différents types de consommations, n'attendons plus pour sortir de l’ancien modèle consumériste.

Changement de pouvoirs

 

 

Entre les lignes, il ne s’agit plus ici de revoir votre pouvoir d’achat à la baisse, mais de lui offrir des alternatives par le biais d’autres pouvoirs : "Pouvoir de recycler, de louer, de réparer ou d’échanger", explique Dalibord Frioux, instigateur du rapport interrogé par Sud-Ouest.

Sébastien Ravut, fondateur du MarchéCitoyen, a participé au lancement du rapport il y a plus d'un an. Pour lui, ces propositions forment "une boîte à outils du 'consommer autrement' et faire comprendre le pouvoir de nos achats au gouvernement, aux entreprises et aux citoyens". S'il devait retenir une idée phare, ce serait celle qui consiste à étendre la garantie sur les biens de consommations durables afin de lutter contre l'obsolescence programmée des produits : "Je pense qu'elle provoquerait une révolution économique et écologique en France. Plusieurs mesures proposées (réparation, recyclage, favoriser l'éco-conception...) en découlerait automatiquement".

Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross France, a également participé au rapport. Comme il faisait partie des groupes de travail de la conférence environnementale, je lui ai demandé si certaines de ces propositions avaient des chances de voir le jour. D'après lui, une mesure instaurant une tarification progressive des consommations d’eau et d’électricité selon le type d'usage (vital - et accessible à tous, utile ou de confort), comme le propose le rapport, pourrait même être étendue aux usages agricoles et industriels et être utilisé comme levier d'amortisseur social et d'investissement environnemental (voir à ce sujet les travaux du député député François Brottes).

Plusieurs travaux issus du groupe de travail sur l'agriculture iraient dans le sens des propositions concernant la lisibilité des écolabels et  le développement de l’affichage environnemental (pour informer le consommateur de la composition des produits - éventuelles traces d’OGM, production biologique, mais aussi leur caractère recyclable ou biodégradable).

Pour le reste, "tout ce qui concerne le passage d’une économie de production à une économie d’usage n'est pas encore dans les sujets abordés par le gouvernement lors de la conférence environnementale" souligne Nicolas Imbert. Mais à mon sens, cela viendra: les dynamiques de partage, de don et de troc se multiplient. Et les usages évoluent avec la créativité des usagers: inventez-donc votre partage d'achat !

++ Lire le rapport de la Fondation Terra Nova

 Anne-Sophie Novel / @SoAnn

 

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5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 15:51

 

 Passage à l’acte 05/09/2012 à 17h11

 Rue89 - Reporters d'Espoirs | Agence de presse

 

 

Eviter le gaspillage et les déchets en redonnant une seconde vie à des objets encore en bon état, telle est l’idée qui a pris corps au Magasin pour rien, à Mulhouse, en Alsace.

 


« Ali Baba et les quarante voleurs », de Jacques Becker, avec Fernandel, 1954 

 

Dans cette caverne d’Ali Baba, n’importe quel citoyen, pauvre ou riche, peut prendre trois articles de son choix et repartir… sans rien payer ! La gratuité, une idée neuve en Europe, mise en pratique dans ce lieu unique en France.

L’idée

C’est en visitant le quartier alternatif allemand de Fribourg que Roger Winterhalter, ancien maire écolo de Lutterbach (Haut-Rhin), a découvert ce concept de Magasin pour rien, « Umsonstladen », dans la langue de Goethe :

« L’idée de faire profiter des objets que l’on stocke dans nos caves ou greniers ceux qui en ont besoin, plutôt que de jeter, me semblait vraiment pertinente dans notre société de surconsommation. Mais je souhaitais aller au-delà des milieux alternatifs et favoriser la mixité sociale dans notre Magasin pour rien. »


Iman, en service civique, et Mireille, dans le Magasin pour rien à Mulhouse (Simone Sonntag)

 

Nul besoin de montrer patte blanche pour faire ses emplettes… gratuitement ! Il suffit de franchir la porte du local et de se servir en contrepartie d’un sourire. Derrière le comptoir, où un livre d’or remplace le tiroir-caisse, Mireille veille à ce que les personnes accueillies – une quarantaine chaque semaine sur trois demi-journées d’ouverture – ne repartent pas les mains vides.

« Ici c’est l’humain qui compte. Pas besoin de justifier sa situation sociale, la porte est grande ouverte à tous, dans le respect, la convivialité et la solidarité. »

Un mode de fonctionnement tellement inhabituel qu’il en surprend plus d’un. Ceux qui franchissent le seuil pour la première fois le font avec une certaine timidité. Ils sont vite rassurés par Mireille qui les accueille chaleureusement tout en leur expliquant le « mode d’emploi ».

« Nous avons nos habitués comme cette famille originaire du Kosovo, venue aujourd’hui avec ses deux enfants qui se font plaisir à dénicher un livre ou un DVD. »

En partant, les « clients » offrent une mine ravie à Mireille. Quant aux minots, ils demandent l’autorisation, toujours accordée, de se servir en bonbons disposés sur le comptoir avant de repartir les bras chargés d’objets (vaisselle, petit électroménager, jouets, etc.) qui leur seront bien utiles dans leur difficile quotidien de réfugiés.

Comment la mettre en pratique ?

Pour lancer le Magasin pour rien, en décembre 2009, Roger Winterhalter s’est appuyé sur un collectif d’associations regroupées au sein de la Maison de la citoyenneté mondiale dont il est aussi le fondateur. Il a ensuite trouvé un local et embauché Mireille, sous contrat aidé subventionné par l’Etat. Les frais de fonctionnement mensuels, de l’ordre de 500 euros une fois les subventions déduites, sont notamment assurés par les dons de particuliers. Et pour la première fois en 2011, la ville de Mulhouse lui a versé une subvention de 2 000 euros.

Dans cette initiative où le superflu des uns pourvoit au minimum vital des autres, s’illustre la conviction politique du fondateur :

« Il faut apprendre à recycler, réutiliser ce qui existe, pour promouvoir un mode de vie basé sur la décroissance. »

Pour cet ancien élu, pas question de misérabilisme, d’aide sociale ou de charité.

« Tout le monde peut donner ou recevoir ces objets. C’est une bonne chose pour la planète. Et l’anonymat de ceux qui donnent et reçoivent permet de respecter une certaine dignité et égalité entre les personnes qui fréquentent le Magasin pour rien, quel que soit leur niveau de vie. »

Ce qu’il reste à faire

Ouvert il y a bientôt trois ans, le Magasin pour rien de Mulhouse demeure une expérience unique en France. Elle cohabite de façon complémentaire avec des structures comme Le Relais, ou Emmaüs qui, elles, recyclent des objets mais en les revendant pour financer la réinsertion de ses compagnons.

Pour Roger Winterhalter comme pour Mireille Gigante, l’objectif est d’essaimer. Leur ambition : que des Magasins pour rien fleurissent dans l’Hexagone et à l’étranger. Il suffirait pour cela de bonnes volontés, d’une poignée de bénévoles animés par l’envie de modérer la société de surconsommation en instaurant des rapports qui ne sont pas basés sur l’argent… Une utopie ? Oui, mais réaliste, à en croire ses plus ardents défenseurs.

 

Simone Sonntag

 

Infos pratiques
Magasin pour rien
103, rue Vauban, 68100 Mulhouse

Les mardis et jeudis matins, de 9 heures à 12 heures. Le vendredi, de 14 heures à 17 heures.

 

 

 


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31 août 2012 5 31 /08 /août /2012 18:37

 

https://www.thechangebook.org/blog/314/le-march%C3%A9-gratos-des-indign%C3%A9s-dquimper/


Salut à vous

Le pricipe :
Ce que vous voulez partager.....,ce qui ne vous sert pas ou plus, ce que vous avez en trop, que ce soit des légumes, de l'electroménagé, des services, des coups de mains, des livres, ou je ne sais quoi....
On se donne rendez-vous place Terre au Duc le samedi matin à partir de 11 heures pour partager.....
On démare le 15 septembre.....
"L'abondance est le FRUIT du PARTAGE.
Un geste, plus un geste, plus un geste... si on s'y met TOUS, on change le Monde.
SOYONS le changement que nous voulons VOIR dans ce Monde, MAINTENANT !"
On pourrait peut-être indiquer sur ce blog en commentaire ce que l'on a à partager....
  

 

Publiée le 17 août 2012 par elgaliche

Samedi 17 août vers 13 heures, place terre au Duc à Quimper une trentaine de kilos de courgettes a été partagée gratuitement sous les yeux ébahis et incrédules des passants... L'appel avait été lancé sur le net par un maraicher désireux de faire profiter les autres de ses surplus... au lieu de les jeter dans le compost... et qui ne supportait plus de "gaspiller de la nourriture alors que certains crèvent de faim !"
Les producteurs désireux de s'associer à cette démarche sont invités à rejoindre la place terre au Duc vendredi prochain, 24 août à 13 heures 30...

 

 

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27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 16:53

 

owni.fr

  Le 24 août 2012 Ophelia Noor

 

 

Transposez les énergies créatives des bidouilleurs urbains au milieu des montagnes à 1600 mètres d'altitude. Sans eau ni électricité. Laissez mijotez. Hackerspaces et fab labs sont venus planter leurs tentes au festival A Pado Loup pour tester et questionner la pertinence des technologies numériques face aux contraintes naturelles. Et rencontrer d'autres milieux alternatifs DIY, artistiques et écolo.


A Pado Loup, vue sur le potager et le garage.

L’arrivée se fait par un chemin arpenté et caillouteux, sous un soleil de plomb du 15 août, entouré de montagnes, de pins, de mélèzes et prairies en manque d’eau. Dans un virage, une petite pancarte de bois annonce en rouge : “A Pado Loup”. Le potager accueille le visiteur, puis le garage, et la bâtisse principale. Tout est en bois. Construit avec des matériaux locaux en mode DIY.

L’hôte du festival, Bilou, la cinquantaine énergique est entouré d’une ribambelle d’enfants, cousins, frères, soeurs et amis venus participer et prêter main forte sur l’organisation du festival. Nourriture végétarienne, toilettes sèches, douches solaires, récolte d’eau de pluie, compost, utilisation de panneaux solaires et recyclage des déchets feront partie du quotidien des citadins venus se déconnecter.

Deux ans après les rencontres numériques Estives | Digital Peak, à Péone, hébérgées par Jean-Noël Montagné, fondateur d’Art Sensitif, les équipes du TMP/LAB, TETALAB, USINETTE et des volontaires relancent l’aventure : déplacer les énergies créatives du hackerspace en milieu rural et isolé. Le festival A Pado Loup se tenait du 12 au 22 août à quelques lieues du précédent, près de Beuil dans les Alpes Maritimes, au coeur du parc naturel du Mercantour. Une deuxième édition plus détendue que la précédente, sans la dimension internationale ni l’habituel enchaînement de conférences techniques propres aux rassemblements de hackers, mais avec les mêmes contraintes et objectifs.

Bidouille dans l'herbe sèche et serre transformée en hacklab - (cc) Ophelia Noor

Loin d’être une expérimentation utopique, les communautés numériques de hackers et autres bidouilleurs sont bien conscientes des enjeux liés aux crises globales : écologique, sociale, politique et énergétique. Le rapprochement avec d’autres milieux alternatifs tournés vers ces mêmes problématiques fait son chemin. En juillet dernier se tenait la deuxième édition du festival Electronic Pastorale en région Centre. Deux ans plus tôt à Péone, Philippe Langlois, fondateur du hackerspace TMP/LAB, posait déjà la question du devenir des hacklabs face à la révolution verte et développait à nouveau cette idée en juin dernier dans une conférence sur les hackerlands donnée au Toulouse Hacker Space Factory (THSF).1

L’innovation dans la contrainte

Les bidouilleurs se retrouvent sous une petite serre aménagée en hacklab pour la durée du festival. Équipée de deux panneaux solaires reliés à une batterie de voiture pour faire fonctionner l’électronique, son équilibre est précaire. Mickaël et Alex du Tetalab, le hackerspace toulousain, ont pris en charge la gestion de l’alimentation électrique et de la connexion WiFi. Le petit hacklab doit rester autonome comme la maison principale.

Le WiFi libre dans les actes

Et si l'accès à l'internet, en mode sans fil, était un "bien commun" librement partagé par tous ? C'est ce que proposent ...

Le challenge ? Ne pas dépasser les 70 watts et garder de l’électricité pour la soirée. EDF ne vient pas jusqu’à Pado Loup, encore moins les fournisseurs d’accès à Internet. Le lieu est en “zone blanche”, ces régions difficiles d’accès et non desservies par les opérateurs nationaux par manque de rentabilité.

Pour assurer une connexion au réseau, une antenne WiFi sur le toit de la maison est reliée à celle d’un voisin quelques kilomètres plus loin. Le relai est ensuite assuré localement par le TETALAB de la maison à la serre des geeks.

Mickael vérifie toutes les heures les installations, tourne les panneaux solaires, et répare les pièces qui ne manquent pas de claquer fréquemment depuis quelques jours. Pendant ce temps, les fers à souder s’échauffent et on bidouille des postes radio FM, pour écouter l’émission quotidienne de 18 heures, point d’orgue de chaque journée. Chacun peut participer, annoncer ou proposer des activités pour la soirée et le lendemain, raconter ses expérimentations en cours. En lieu et place des conférences programmées des Estives, les discussions sont lancés sur la radio du campement.

Fabrication d'une éolienne avec Bilou, le maître des lieux et hôte du festival hack & DIY. - (cc) Ophelia Noor

Chaque jour, une partie du campement passe son temps à trouver des solutions pour améliorer des systèmes déjà en place, produire plus d’énergie avec la construction d’une éolienne, ou en dépenser moins en prenant en compte les atouts du terrain, avec par exemple la construction d’un four solaire. Les contraintes stimulent la créativité et l’expérimentation pour répondre aux besoins de l’homo numericus. Des ateliers sont proposés dans plusieurs domaines, électronique, écologie expérimentale, radio, live coding ou photographie argentique.

Les bactéries, libres et têtues

Sous un arbre avec balançoire, tout au fond de la prairie de Pado Loup, est installée la FFF, la Free Fermentology Foundation, clin d’oeil appuyé à la Free Software Foundation de Richard Stallman. Le hobby de deux chercheurs, Emmanuel Ferrand, maître de conférence en Mathématiques à Paris VII, et Adrienne Ressayre, chargée de recherche en biologie évolutive à l’INRA.

Sur des petits étals de bois, des bocaux où fermentent du kombucha, un thé chinois pétillant réputé pour ses bactéries digestives, des graines de kefir dans du lait ou dans de l’eau mélangée à du sucre et des figues sèches. Et enfin, une potée de riz en fermentation qui servira à fabriquer le makgeolli, un alcool de riz coréen proche de la bière.

(1) Atelier fermentation avec Emmanuel Ferrand et Adrienne Ressayre. (2) Fermentation du riz pour la préparation du magkeolli, (3) morceau de kombucha, (4) dans les pots, kéfir de fruit, de lait, kombucha. Aout 2012 au festival A Pado Loup, Alpes-Maritimes - (cc) Ophelia Noor

Les enjeux, selon Emmanuel Ferrand, sont similaires à ceux du logiciel libre sur la privatisation du vivant :

Les techniques de fermentation ont évolué au cours du temps, elles sont aujourd’hui accaparées par des entreprises qui veulent breveter ces produits déjà existants. La société moderne tend à normaliser les nourritures, et pour des raisons de santé publique en partie justifiées on impose des règles strictes de fabrication, on normalise les pratiques. Avec la FFF nous essayons de faire l’inventaire de ces techniques de fermentations et de préserver celles qui sont plus ou moins borderline ou en voie de disparition – parce que confrontées à des produits commerciaux normés – et de les reproduire.

Tous les matins à 11h, une petite foule se rassemble sous l’arbre à l’écoute des deux chercheurs. On prend le pouls des bactéries, le fromage de kefir, la bière de riz… Après l’atelier fermentation, la conversation dérive chaque fois sur des sujets connexes avec une confrontation stimulante entre Emmanuel le mathématicien, et Adrienne la biologiste : le génome, la pensée réductionniste, les OGM, les mathématiques, la physique, le cancer, les bactéries, le brevetage du vivant.

Des connaissances et des savoirs-faire précieux et ancestraux qui font partie de nos biens communs : “En plus de l’inventaire, nous reproduisons ces techniques ancestrales. Nous partageons nos expérimentations avec d’autres personnes sur le réseaux ou en atelier, comme aujourd’hui à Pado Loup, avec le magkeolli, le kéfir et le kombucha.”

L’écodesign militant

Chacun participe au bon fonctionnement du camp et les tâches ne manquent pas entre la préparation d’un des trois repas, couper du bois pour le feu, ou aller chercher de l’eau potable à la fontaine, deux kilomètres plus bas. Les déchets sont systématiquement recyclés et les restes des repas végétariens sont jetés dans une poubelle spéciale dédiée au compost. Toujours dans le même souci d’utiliser au maximum les ressources naturelles du lieu, Christophe André, ingénieur et designer, proposait deux ateliers d’ecodesign : la construction d’un four solaire et d’une petite maison, sur le principe de l’architecture bioclimatique.

Le jour où on lui a demandé de fabriquer un objet à duré de vie limité, Christophe André a abandonné sa carrière d’ingénieur. Confronté à la tyrannie de l’obsolescence programmée dans les modes de production industriels, il se lance dans des études de design et apprend pendant plusieurs années à fabriquer lui même tous ses objets du quotidien au lieu de les acheter. Il fonde l’association Entropie en 2008. L’idée, proposer un design d’objet sous licence libre à des entreprises, des particuliers ou des collectivités et de rédiger des notices, également sous licence libre, pour diffuser ces savoirs et surtout les fabriquer.

Le four solaire réalisé lors de l'atelier d'ecodesign avec Christophe André, fondateur de l'association Entropie - (cc) Ophelia Noor

La construction du four solaire a nécessité quatre heures de bricolage à une dizaine de participants2. Le four suit le mouvement du soleil, tel un tournesol, grâce à une cellule photovoltaïque coupée en deux par une planche. Sur le principe du cadran solaire, lorsque qu’une partie s’assombrit, un petit moteur, sous une plaque tournante fait tourner le four dans la même direction que le soleil. Un gâteau aux pommes a mis plus de quatre heures à cuire.

Après le repas, lorsque la nuit sans lune recouvre A Pado Loup, un grand feu est allumé. La dizaine d’enfants et les adultes s’y retrouvent pour des jeux, des concerts improvisés. D’autres lancent une projection sonore avec de la musique expérimentale pendant que l’équipe du Graffiti Research Lab part à l’assaut des prairies du Mercantour pour des session de lightpainting3.

La vie la nuit : dans la yourte, le développement photo argentique, les expériences de musique expérimentale, convivialité autour du feu, et atelier lightpainting avec le Graffiti Research Lab. - (cc) Ophelia Noor

De cette seconde expérience, Ursula Gastfall, membre du TMP/LAB, préfère ne pas y penser en termes de pérennisation : “Entre les Estives et APadoLoup, deux ans sont passés. Étant accueillis par des particuliers, nous préférons ne pas faire de plan et pourquoi pas, profiter d’un lieu encore différent la prochaine fois.” L’esprit du hacking, libre et nomade continue de se disséminer dans la nature.


Portfolio complet à découvrir ici : “Festival Hack & DIY A Pado Loup”
Photographies et sons par Ophelia Noor pour Owni /-)

**Si les players SoundCloud ont sauté, laissez un commentaire ou écoutez-les ici : http://soundcloud.com/ownison

  1. NDLR : le festival annuel du hackerspace toulousain le TETALAB et du collectif d’artistes autogéré Mix’art Myris. []
  2. Christophe André avait fait un pré-découpage des matériaux, soit 2h de préparation []
  3. NDRL : à venir un article sur les activités du Graffiti Research Lab []
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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 17:12

 

http://vimeo.com/16000409?action=share&post_id=100002458648672_334288306665950#_=_

 

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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 13:09

 

http://www.digitalarti.com/review/daily-watch/blog/2012/08/22/thechangebook-org-le-reseau-social-engage-qui-vous-veut-du-bien/

 

August 21, 2012

 

 

Thechangebook.org est le dernier-né des réseaux sociaux sur le Web. Ressemblant fortement à Facebook, il en renie pourtant les pratiques commerciales publicitaires, et aspire à devenir “la référence du réseau social engagé”.

Début août est apparu sur la toile française un nouveau réseau social : Thechangebook.org. Avec une interface très proche de celle de Facebook, il se dit pourtant différent, à savoir : “libre, engagé, clairement réactif“. Lancé par une partie de la rédaction d’Actualutte, « un journal Web donnant la parole à toutes les luttes sociales et politiques », il veut devenir « la référence du réseau social engagé » pour les internautes d’ici et d’ailleurs.

Dans sa ligne de mire : la logique commerciale de Facebook, reposant sur la vente des données personnelles des utilisateurs aux publicitaires. Nous avons rencontré l’un des fondateurs de Thechangebook afin qu’il nous en dise plus sur la genèse, les buts, et l’avenir de celui-ci (le réseau ne souhaitant ni leader, ni porte-parole officiel, nous ne révélerons pas son identité).

 

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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 11:33

 

 

LE MONDE | 24.08.2012 à 14h46 • Mis à jour le 25.08.2012 à 09h50

Par Aurélie Collas

 
Anne-Marie Gaignard, à Paris, lundi 20 août.

Petite, elle était celle qui se cache au fond de la classe pour ne pas qu'on la remarque. Celle qui fixe le bout de ses chaussures quand l'institutrice pose une question de français. Anne-Marie Gaignard était "nulle" en orthographe. "Egarée dans la forêt des mots", comme elle dit. Ses notes en dictée ne dépassaient pas le zéro. La pire de toutes fut - 85. Elle avait écrit : "Le générale Degole à sové la France. De puis langlètère, il a lencé un apelle au français." A ce niveau-là, "on n'explique plus, on constate", se désole-t-elle.

Aujourd'hui, à 50 ans, Anne-Marie Gaignard est réconciliée avec la langue française. Après un long combat pour dépasser ses blocages, elle a créé l'association Plus jamais zéro, pour transmettre ses solutions aux enfants en difficulté. Elle dirige un centre de formation continue pour adultes et publie, le 29 août, son sixième ouvrage : La Revanche des nuls en orthographe (Calmann-Lévy, 256 p., 16,90 €). Un message d'espoir pour tous les fâchés avec le français.

Mais ce livre, c'est d'abord sa revanche à elle. Quand Anne-Marie Gaignard évoque ses souvenirs d'école, il y a de la colère. A 6 ans, elle reçoit une gifle cinglante. "Anne-Marie a la tête comme une passoire, lâche son institutrice à ses parents. Si elle continue comme ça, elle ne sera même pas capable de balayer les couloirs d'un hôpital !" La fillette se catalogue cancre, nulle pour la vie. Elle invente alors toutes sortes de stratagèmes pour ne plus aller à l'école. Du thermomètre chauffé sous la lampe de chevet pour faire grimper le mercure à la tentative d'entrer au couvent...

L'année de ses 9 ans, l'institutrice conseille à ses parents de consulter l'orthophoniste, convaincue que leur fille est dyslexique. Dans la salle d'attente, elle se retrouve avec des enfants handicapés et pense qu'elle est comme eux. Les quelques séances suivies ne permettent pas de régler le problème.

Au collège, Anne-Marie excelle en éducation physique et en espagnol, mais ses fautes d'orthographe sont rédhibitoires. Elle redouble la quatrième, obtient le brevet au rattrapage et, au lieu des études littéraires dont elle rêve, se retrouve dans un lycée de jeunes filles qui forme des secrétaires de direction. Elle apprend les règles de classement alphabétique, la sténographie et s'ennuie. "Ma relation bancale avec la langue a conditionné toute la première partie de ma vie. C'est à cause d'elle que j'ai subi phobie scolaire, humiliations et mauvaise orientation", résume-t-elle.

Dans sa vie professionnelle, la jeune femme traîne le même "boulet orthographique". "Tout me ramenait à ce problème qui m'opposait aux mots", raconte-t-elle. Responsable des stages dans son ancien lycée, elle est envoyée dans une formation pour illettrés. Ses courriers lui reviennent souvent maculés de rouge. "Je n'étais toujours pas dans la norme."

LES MOTS "ÉPITHÈTE", "ATTRIBUT" OU "SUBORDINATION" SONT BANNIS

Jusqu'au jour où, à 36 ans, lors d'une réunion de parents d'enfants dyslexiques, elle réalise que son problème est remédiable. Qu'il n'est pas la conséquence d'une dyslexie - c'est-à-dire d'un dysfonctionnement cérébral - mais d'une dysorthographie causée par des méthodes d'apprentissage qui ne lui ont pas convenu, en l'occurrence la méthode dite globale. Cette prise de conscience agit sur elle comme une "décharge électrique". Aujourd'hui encore, dénonce-t-elle, "la dyslexie est une étiquette que l'on colle systématiquement sur l'élève récalcitrant à l'écrit et que les enseignants ne parviennent pas à faire progresser".

Anne-Marie Gaignard se lance alors dans un grand chantier : trouver des méthodes pour en finir avec les fautes d'orthographe. "Partout où ça coinçait, je cherchais une explication qui n'était pas dans les livres de grammaire", rapporte-t-elle. Elle passe des nuits à décortiquer des phrases. Se nourrit d'ouvrages sur la mémoire, le fonctionnement du cerveau, la pédagogie. Et se met à associer à chaque mot une image mentale. "Vieille" prend deux "i" parce qu'une vieille dame a besoin de deux cannes pour marcher ; "accusé" prend deux "c" parce que l'accusé a deux menottes...

Enseignante dans une maison familiale rurale, elle organise des séances de remédiation orthographique pour ses élèves, puis pour d'autres enfants qui lui arrivent par bouche-à-oreille. Pour leur expliquer la règle des accords, elle leur raconte que la grammaire est gouvernée par deux rois, Etre et Avoir. Le premier est gentil, prévisible, et aime se déguiser en "suis", en "furent" ou en "sommes". Le second est capricieux. Le héros, un petit garçon, déjoue les pièges de la langue avec l'aide d'une fée. De ce conte, Anne-Marie Gaignard fait un livre, Hugo et les rois, validé en 2002 par les spécialistes du dictionnaire Robert et écoulé aujourd'hui à plus de 200 000 exemplaires.

 "UN CP RATÉ ET ON LE PAYE TOUTE SA VIE !"

En 2009, Anne-Marie Gaignard commence à s'intéresser aux adultes. Comme avec les enfants, ses séances reposent sur une bonne dose d'empathie. "Je leur dis que ce n'est pas de leur faute, que leur problème n'est pas irrémédiable. Je leur demande de me parler de leurs souvenirs d'apprentissage et essaie de comprendre quelle mémoire est dominante chez eux, auditive, visuelle ou kinesthésique", explique-t-elle. Les mots "épithète", "attribut" ou "subordination" sont bannis. "Ma méthode est composée de bon sens et de techniques qui moi, m'ont sauvée." Chaque nouvel élève lui rappelle son passé. "Ce sont des personnes qui ont le même caillou dans la chaussure, avec qui on parle le même langage", dit-elle. Des enfants angoissés, des salariés honteux.

A chaque fois, sa colère la reprend. "Je suis atterrée en voyant ces enfants qu'on laisse passer dans la classe supérieure, alors qu'ils ont raté des moments fondamentaux du programme. Un CP raté, on le paye toute sa vie !" Les chiffres qu'elle avance font froid dans le dos : entre 30 % et 40 % des élèves de sixième seraient incapables d'écrire une phrase sans faute.

Lire Les racines de notre intolérance aux fautes de français.

Anne-Marie Gaignard se dit être la preuve que "l'école ne fonctionne pas correctement". "Elle est conçue d'abord pour les bons et martèle aux mauvais qu'ils sont responsables de leur naufrage." En cause, selon elle, un système qui ne forme pas suffisamment ses enseignants à la pédagogie, qui ne leur donne aucun outil de remédiation, au point que ceux-ci préfèrent demander aux parents de s'en référer aux "spécialistes" en cas de difficulté.

Anne-Marie Gaignard risque de faire des mécontents. Peu importe, elle assume son côté "provoc", bien décidée à mettre un "gros coup de pied dans la fourmilière".

Aurélie Collas

Moins d'heures de français, plus de fautes

 

Le ministère de l'éducation nationale a proposé la même dictée aux élèves de CM2 en 1987 et en 2007. Le pourcentage d'élèves qui faisaient plus de 15 erreurs était de 26 % en 1987, il était de 46 % en 2007. Selon le collectif Sauver les lettres, deux lycéens sur trois ne maîtrisent pas l'orthographe de base ; ils étaient un peu plus d'un sur deux en 2004.

En CP, les écoliers ont 10 heures de français par semaine. En 1956, ils en avaient 15 et dans les années 1920, 17,5 heures.

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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 11:21

C'est en lisant Paul Ariès (Wikipédia), rédacteur en chef du Sarkophage - notamment La simplicité volontaire contre le mythe de l'abondance -, que j'ai mieux compris les limites qui me chiffonnaient dans la consommation collaborative. Celle-ci nous est souvent présentée sous les atours du partage et du don, alors qu'elle n'en est pas toujours. Le covoiturage et l'autopartage ne sont pas inspirés par une vision altruiste, comme on l'entend trop souvent. Le premier moteur du covoiturage et de l'autopartage n'est pas le partage, mais l'économie. Ce n'est pas sauver la planète qui motive les covoitureurs et les autopartageurs, mais amoindrir l'impact de la crise sur leurs finances personnelles, comme le soulignait déjà l'étude 2010 de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France (.pdf). Les utilisateurs de ces services sont d'abord à la recherche de revenus complémentaires.

La consommation collaborative... c'est encore de la consommation

Le moteur principal de leur motivation ne me semble pas être celui-là décroissance ou du développement durable, comme semblent nous le répéter les argumentaires de tous ces services, mais bien celui de l'hyperconsommation, comme le soulignait le philosophe Gilles Lipovetsky (Wikipédia) dans son essai éponyme. Or, la consommation n'est pas une réponse à la crise planétaire, mais bien une nouvelle étape de la marchandisation des rapports humains - et notamment de rapports humains qui ne l'étaient pas nécessairement avant.

Quand on propose de vendre une part de repas supplémentaire (comme sur Super-marmite ou Gobble son équivalent américain), on vend la part du pauvre de l'ancien temps, celle qui a disparu avec l'urbanisation de nos sociétés, celle qui s'est déportée dans les associations caritatives. Celle qui, il y a longtemps, était réservée à l'inconnu de passage et que nos sociétés urbanisées ont renvoyée à la rue. Les autostoppeurs deviennent des covoitureurs qui vont devoir payer leur écot pour voyager, là où ils voyageaient auparavant gratuitement en tendant le pouce aux autres. L'accueil chez soi se marchande : du prêt de canapé de Couchsurfing il n'y a qu'un pas pour glisser à la monétisation de la chambre d'ami d'AirBNB.

Cela signifie que dans le très vaste recueil des sites de consommation collaborative il faut certainement, à minima, distinguer les services de consommation collaborative gratuits des payants. Il faut distinguer ce qui relève du don et ce qui relève d'une nouvelle forme de marchandisation de la société, s'insérant toujours un peu plus profondément au coeur des rapports humains.

 


Image : "la consommation te consomme", une image du collectif décroissant Deshazkundea.


Le principe de partage des services du web 2.0 a bien plusieurs acceptions. Et la première à distinguer repose bien sur la manière dont elle est marchandée. Offrir sa place de parking ou son garage n'est pas la même chose que le louer. Il faut donc bien distinguer la nature des services et les modèles de société qu'ils portent. Il faut donc bien observer qui porte le service et quel modèle économique le soutien, comme l'expliquait Adil Abrar. Le risque est bien celui d'un "blanchiment social", d'un social washing, tendant à faire passer pour social des choses qui ne le sont pas du tout. "Car vendre un service (l'usage d'un bien) plutôt qu'un objet (la possession d'un bien), c'est plus encore que dans l'économie marchande faire commerce de la mise en relation entre fournisseurs et consommateurs", soulignait avec raison Vincent Truffy de Mediapart.

La consommation collaborative paraît altruiste. Elle est capable de produire des effets vertueux (moins de produits, plus de partage), mais pas uniquement. Plus qu'une cartographie des services, il faudrait dresser une taxonomie de leurs conséquences. Il y a une différence fondamentale entre le fait qu'un particulier loue sa voiture et le fait que la puissance publique ou qu'un acteur privé propose un service de location de voiture. Et cette conséquence, c'est la transformation des rapports sociaux que la différence induit. Il faut donc distinguer la consommation collaborative des services de partage. En voyant bien que l'un comme l'autre peuvent être ambigües. Le partage de fichiers en P2P profite depuis longtemps à des entrepreneurs qui n'ont parfois rien d'altruistes non plus et qui génèrent d'énormes revenus sur la publicité qu'ils introduisent dans les rapports de dons entre internautes (voir par exemple les revenus générés par les créateurs d'Emule-Paradise rapportés par leMonde.fr). Les actions de groupes (consistant à se rassembler pour consommer moins cher) peuvent également générer leurs aberrations, à l'image de Groupon.

Le passage du bon service ou du bon usage au mauvais service et au mésusage est délicat. Il s'apprécie chaque fois différemment. Il se mesure à l'aune de valeurs personnelles, culturelles, économiques et sociales qui sont chaque fois différentes. Jusqu'à quand une utilisation est-elle vertueuse et à partir de quand ne l'est-elle plus ?

De l'usage au mésusage

Les décroissants stigmatisent ainsi le mésusage : "On oppose ainsi faussement la frugalité à la surconsommation, alors qu'il ne s'agit pas de consommer moins, mais de (re)devenir des usagers, maîtres de leurs usages", explique Paul Ariès. En conclusion de son livre, celui-ci nous invite à réfléchir à la "gratuité de l'usage" et au "renchérissement du mésusage".

"Pourquoi payer au même tarif le mètre cube d'eau pour faire son ménage et remplir sa piscine privée ? Pourquoi payer les mêmes impôts fonciers pour une résidence principale et secondaire ? Pourquoi payer son essence, son électricité, son gaz le même prix pour un usage normal et un mésusage ? L'eau va-t-elle manquer ? C'est une raison de plus pour en rendre gratuit le bon usage et renchérir ou interdire le mésusage. Ce paradigme s'oppose à celui de la société dominante : que signifierait en effet l'adoption programmée d'une taxe sur le carbone si ce n'est le fait de vider les rues des voitures des plus pauvres pour que les riches puissent rouler plus vite ? (...) Le danger serait bien sûr que cette politique renforce les inégalités en permettant l'accès aux mésusages à une petite minorité fortunée. Le pire serait de cantonner le peuple au nécessaire (au sérieux) et de libérer, moyennant finances, le futile, le frivole, aux classes aisées."

Mais tout le problème est de le définir, de l'encadrer, de le "mesurer". Qu'est-ce que le mésusage de l'eau ? C'est remplir sa piscine personnelle ? C'est prendre une douche par jour ? Deux par semaine ? Laisser couler le robinet quand on se lave les dents ou qu'on rince les légumes ? Combien de litres d'eau par jour et par personne nous donne droit "le bon usage" ? Le bon usage de qui ? Celui qui vit dans quel pays ? Avec quel statut social ?

Les outils techniques permettent d'avoir des mesures de plus en plus fines de nos usages. Nous pouvons savoir précisément le niveau d'eau que nous consommons. Nos compteurs électriques savent précisément quels appareils fonctionnent chez nous... Notre société est capable de mesurer le bon usage et le mésusage, pour autant qu'on sache établir une valeur, une limite entre les deux. Le risque comme le pointe très bien Paul Ariès est que ce marché se régule seul, en rendant certaines consommations de plus en plus impossibles aux plus pauvres.

Se déplacer par exemple, pour les plus pauvres, est en train de devenir impossible hors des grands centres urbains dotés d'infrastructures de transports en commun, dont ils sont sans cesse repoussés dans les périphéries, alors que les transports en commun y sont moins nombreux. Pour qu'elles s'appliquent à tous, égalitairement, il faut en effet définir des niveaux d'usages et taxer les mésusages. Les restrictions de consommation, à l'exemple des péages urbains comme des parkings payants et des parkmètres, censés réguler la circulation automobile des centres villes européens, sont sans incidences sur ceux qui peuvent se les payer.

Dans une économie de pénurie telle qu'elle se profile, en quoi la technologie pourrait-elle (ou non) nous aider à répartir plus justement les ressources rares, autrement qu'en jouant uniquement sur leurs prix. Car cette solution est peu "courte". Cela ne dessine pas la manière dont on remet de l'égalité, afin que les mésusages ne soient pas seulement l'apanage des plus riches. Comme le disait Thomas Berns, le propre d'une politique publique est de considérer justement qu’il ne faut pas agir en fonction d’une série de corrélation, mais plutôt en réaction. Est-ce que demain, nous aurons tous droits à tant de kilomètres par an en voiture et avion, d'une manière égale ? Où est-ce que certains usagers (lesquels ?) auront droit à plus (ceux qui habitent à la campagne plutôt qu'à la ville par exemple) ? Est-ce que la régulation des voyages se fera uniquement par le marché : le plus riche pourra toujours continuer d'en profiter, ou allons nous introduire d'autres mesures (et sur quels critères ?), pour distinguer ceux qui aurons le droit de voyager plus que d'autres et qu'on aidera à cela parce que leur voyage sera important pour le reste de la société ?

Cela suppose certainement de se pencher plus avant sur la question des biens communs et de leurs opérateurs, comme nous y invite d'ailleurs les décroissants. Mais cela suppose aussi de définir l'usage et le mésusage. Dans l'usage de l'eau par exemple, qu'est-ce qu'on va privilégier demain ? L'agriculteur qui utilise un goutte-à-goutte nocturne aura-t-il droit à plus d'eau (comparativement, parce que son système d'irrigation lui en demandera beaucoup moins) que celui qui l'épanche sur son maïs en pleine journée en plein été ? On a beau tourner la question dans tous les sens, si on regarde l'évolution du pic pétrolier, la raréfaction des ressources et la difficulté à passer à une autre ressource à un niveau équivalent, il y a bien un moment où nous ne pourrons plus nous déplacer comme nous le faisons actuellement. Nous ne pourrons plus faire 10 000 km par personne et par an. Beaucoup n'en auront pas les moyens. Comment gérer la pénurie qui s'annonce, comme la dépeint avec un certain catastrophisme Dominique Bourg dans Vers une démocratie écologique ? Comment instaurer des tarifications progressives basées sur l'usage ? Comment gérer les usages ? Le problème ne va pas être seulement de les transformer, mais bien également de les gérer d'une manière la plus convenable qui soit, et espérons-le, la plus démocratique possible...

La technologie nous offre désormais les moyens de tout mesurer et notamment nos usages, d'une manière précise, à la fois individuelle comme collective.

La société nécessairement "légère" (légère en ressources naturelles, légère en pollution...) qu'il va nous falloir inventer n'est pas si légère à mettre en place. Elle pose des questions sur les pratiques, les règles, les usages auxquels nous devons esquisser des réponses, qui elles ne seront en rien "légères".

Cela signifie qu'il va nous falloir nous entendre sur ce que sont les mésusages et imaginer une réponse collective pour les gérer qui ne facilite pas seulement une sélection par l'argent.

Hubert Guillaud

 

 

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24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 17:29
 
Rue89 - DONNANT DONNANT 22/08/2012 à 19h02
 
Elsa Fayner | Journaliste Rue89

Un chien dort sur un canapé (Dickuhne/Flickr/CC)

 

Près de cinq millions de voyageurs préfèrent dormir sur le canapé d’un inconnu. Parce que ça ne coûte rien ou presque. Parce qu’on y trouve l’aventure. Depuis quatre étés, le « couchsurfing » (surf de canapé, littéralement) explose. Près d’un million de pratiquants de plus [PDF] chaque année, principalement des Occidentaux de moins de 30 ans.

Mongolie, Turquie, Jordanie, Chili : désormais, il est possible de couchsurfer dans 207 pays. Vous vous inscrivez sur le site Couchsurfing.org en précisant dans quelle région vous passez pendant vos vacances, et les membres qui sont prêts à vous loger vous répondent.

Parmi ces expériences, quelle est la plus exceptionnelle que vous ayiez vécue ? La question a été posée pour Rue89 sur la page Facebook des « couchsurfeurs ». Plus de 140 ont répondu, à grand renfort de smileys et d’enthousiasme :

  • il y a les romantiques, ceux qui ont trouvé « l’amour au premier regard », sont « devenu père grâce au couchsurfing » ou ont rencontré « celle qui est devenue [leur] femme » ;
  • il y a les fêtards pour qui les nuits ne sont jamais assez longues. Soirée underground en Iran pendant le ramadam pour Annyia. Beuverie aux Philippines pour Henner. Nouvel an dans le centre de Berlin pour Vianna : « Dans la maison de types sympas... la moitié de la ville invitée... En un mot : effarant ! » ;
  • et puis il y a les voyageurs qui apprécient de découvrir un peu plus que des musées, voire d’être détournés de leur route. Comme ces couchsurfeurs polonais et vénézuéliens invités à Java à un mariage traditionnel. Ou Henner, qui s’est retrouvé dans la peau d’« un local » le jour où il a dû garder une maison vide en Thaïlande. Ou encore Anna, qui a dormi dans un kibboutz en Israël et a pu, en pleine nuit, se promener « dans des zones interdites de la mer Morte, avec des petits lacs, des sources d’eau chaude, sous un ciel exceptionnel ».

Enfin, il y a les surprises, les imprévus inclassables. Les hôtes qui vous plantent au dernier moment. Toujours avoir un plan B, recommandent les pros. Les hôtes tripoteurs. Les hôtes généreux (un New-Yorkais a donné un ordinateur à un visiteur en panique parce que le sien avait planté). Les visiteurs surprenants (« En pleine nuit, ma couchsurfeuse a ouvert la porte de ma chambre, elle s’est arrêtée sur le seuil. Je l’ai regardée, elle s’est brusquement réveillée : elle était somnambule ! »).

Certains couchsurfeurs ont bien voulu nous raconter leur expérience en détail.

1

Kolia, l’amour à Lyon

 

Kolia, c’est la fête qui l’intéresse. A Lyon, avec des colocataires, il a pris l’habitude de recevoir des couchsurfeurs du monde entier. Ça plaît bien au Lyonnais de faire découvrir sa ville, plus particulièrement les bars.

Sauf que, parfois, il ne sait pas quelle couchsurfeuse s’introduit en pleine nuit dans son lit. Et ça l’embête un peu. Enfin, il est mitigé. L’étudiant, qui vit maintenant à Bogota, se souvient notamment de cette Américaine de la Nouvelle-Orléans, assistante d’anglais dans un collège poitevin.

Quelques jours avant la fête des Lumières, elle demande si elle peut débarquer. Les colocataires hébergent déjà des amis, et viennent de refuser un groupe de Français et un groupe d’Espagnoles. Mais l’Américaine vient seule, elle pourra dormir dans le salon.

Le deuxième soir, le groupe rentre en Vélov’ de la Croix-Rousse. Kolia va se coucher :

« Mes souvenirs sont brouillés et brouillons, mais une chose est sûre : je me réveille avec une étrangère qui me chevauche, m’offrant ses lèvres, et aucune autre option que de répondre à ses avances.

Après un réveil en galipettes qui se termine par un petit “shower time”, nous nous rendons au marché de producteurs de Perrache. Les produits sont frais et sains. C’est cliché peut-être, mais c’est l’image de la France aussi. Ça fait parti du jeu de la découverte culinaire. »

2

Annarita, à scooter dans les Andes à 63 ans

 

Annarita a 63 ans. Elle a toujours aimé voyager seule, mais « plus cool ». A la retraite, elle a eu envie de parcourir le monde de manière un peu plus aventureuse. Mais toujours dans sa « zone de confort », partout où l’anglais et l’italien sont parlés.

En 2011, elle empoigne sa valise à roulettes, et quitte Saint-Brieuc pour parcourir durant deux mois l’Argentine en couchsurfing :

« Sur la route 40, une famille de cinq enfants m’a accueillie. La femme, Fernanda, m’a proposé d’aller voir sa mère dans la montagne. Nous sommes parties à la fraîche, vers 17 heures, à scooter. Elle roulait très doucement. Il fallait pousser l’engin dans les torrents, il avait beaucoup plu.

Nous avons fini par rejoindre quelques maisons de terre. Sa mère avait presque mon âge, mais en paraissait bien plus. Elle était indienne et avait eu seize enfants. Elle nous a reçues avec le maté et une tartine de pain à la confiture de pêche.

Je n’avais pas compris que nous restions la nuit... Au réveil, Fernanda a été chercher un tambourin. Les femmes ont commencé à chanter des chansons traditionnelles. Voilà ce que j’ai eu pour mon petit déjeuner. J’étais tellement émue que je n’ai pu prendre aucune photo. »


Annarita en Argentine, à l’hiver 2011 (Annarita)

3

Benjamin, des catacombes dans chaque pays

 

Benjamin utilise le couchsurfing pour assouvir sa passion : dénicher des sites abandonnés, des usines désaffectées, des souterrains oubliés. Il a commencé à chercher les amateurs également couchsurfeurs pour passer les voir en vacances.

Le quadragénaire a ensuite poussé le vice plus loin. Il est « auditeur qualité, autrement dit, le plus souvent, client mystère », ce qui l’oblige à bouger. Alors, en déplacement professionnel aussi, il dort sur le canapé :

  • à Montpellier, il a fait un peu de « spéléo au pied levé », dans des grottes de l’arrière-pays ;
  • en Alsace, il a visité des brasseries abandonnées ;
  • en Espagne, des sites miniers désaffectés et difficiles d’accès (« Fallait crapahuter, traverser des rivières »). C’est là que l’un des ses ancêtre s’est tué en travaillant, et Benjamin tenait à voir le lieu ;
  • à Paris, « la face cachée » des catacombes (« J’adore me dire que je suis sous l’avenue d’Italie et que, sous terre, elle ne fait que 60 cm. ») ;
  • en Lettonie, en vacances cette fois, d’anciens silos de missiles SS-20 russes.

Un des lieux interdits visités par Benjamin

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Anthony, le bon Samaritain des couchsurfers

 

Les couchsurfeurs tiennent à leur communauté. Ils se dépannent en cas de problème, préviennent quand un « mouton noir » sévit dans une ville. Ils organisent aussi de grands rassemblements partout en Europe dont le but n’est pas extrêmement défini, mais dont on comprend qu’il s’agit de pratiquer les langues étrangères autour d’une tente de camping, de découvrir boissons et plats d’un peu partout, voire d’organiser des jeux dans des champs de maïs.

A 28 ans, Anthony fait partie de ces membres actifs. Et il se souvient particulièrement d’un rassemblement dans les Abruzzes, en Italie :

« Plus de 400 personnes étaient attendues. Mais les indications pour trouver le camp, en pleine montagne, restaient succinctes : prendre le train jusqu’à une petite gare, se rendre à la pizzeria d’en face, où le patron devait donner toutes les explications.

Dans le train, je rencontre cinq mecs qui y vont, de cinq nationalités différentes. Mais à notre arrivée à 23 heures, la pizzeria est fermée. Dans la rue, personne ne parle anglais. Les gendarmes ne sont pas informés et proposent leur jardin pour planter la tente. Finalement, un gars nous embarque dans le coffre de son utilitaire. Nous ne sommes pas sûrs qu’il ait bien compris...

Il nous dépose en pleine montagne devant deux maisons et repart. Nous sonnons. Un vieux monsieur ouvre, puis disparaît. Quand il revient, c’est pour dire : ’’OK, ça marche. Vous voyez ce petit chien ? Vous le suivez, il va vous guider. »

Il est plus de minuit, il commence à pleuvoir. A chaque croisement, le chien nous attend. Au bout d’une demi-heure, il s’arrête. L’endroit est désert. Je crains un traquenard.

Nous nous étions trompés d’un jour, le rassemblement ne commençait que le lendemain. »


Le lieu de rassemblement dans les Abruzzes (Anthony)

 

 

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