Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 17:27

 

LE MONDE | 09.02.2013 à 11h54 • Mis à jour le 09.02.2013 à 11h54 Par Éditorial du "Monde"


 
Les insecticides Gaucho, Régent ou Cruiser sont mis en cause par des ONG dans l'effondrement des colonies d'abeilles.

En déplacement dans la Sarthe, le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a annoncé, vendredi 8 février, un plan de soutien triennal à la filière apicole. Celle-ci en a bien besoin. Le nombre d'apiculteurs français a chuté de près de 40 % au cours de la dernière décennie.

Mais M. Le Foll aurait pu se soucier aussi des abeilles. Car, sans elles, pas d'apiculture. Le ministre de l'agriculture aurait pu saisir cette occasion pour se pencher sur les insecticides néonicotinoïdes, de plus en plus soupçonnés d'être la cause majeure du déclin des abeilles. Il l'avait fait en juin 2012, en interdisant l'un de ces produits sur le colza. Hélas ! Les annonces du ministre ne comportent pas de nouvelles mesures d'interdiction.

Retirer à l'ensemble des néonicotinoïdes leurs autorisations de mise sur le marché ne relèverait ni d'une application maximaliste du principe de précaution ni d'une lubie écologiste. Cette nouvelle classe d'insecticides est d'une foudroyante efficacité. Ses représentants – Cruiser, Gaucho, Poncho, etc. – ont été déployés dès le milieu des années 1990 et sont principalement utilisés en enrobage des semences sur les grandes cultures. Le principe est simple : la plante s'imprègne du produit et devient toxique pour les insectes, tout au long de sa croissance.

Le déploiement de cette technologie de protection des plantes s'est accompagné d'une forte accélération du déclin des insectes pollinisateurs. Or, depuis plus de dix ans, de nombreuses études, menées en laboratoire, montrent une variété d'effets toxiques inattendus, attribuables aux néonicoti-noïdes : désorientation des insectes, perte des fonctions cognitives, synergie avec des pathogènes naturels, etc. Certains de ces effets se manifestent à des expositions de l'ordre d'une fraction de milliardième de gramme.

Le phénomène est mondial et massif, comme l'utilisation de ces produits phytosanitaires, qui s'est répandue dans plus d'une centaine de pays. Ces insectes sont, selon l'expression même de M. Le Foll, "indispensables à la vie végétale". Ils sont également indispensables à la production d'un tiers de notre nourriture.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fini par reconnaître, au printemps 2012, que les tests réglementaires qui ont conduit à l'homologation de ces molécules ne permettaient pas d'en évaluer les risques.

Ces nouveaux produits sont en effet très différents de ceux qui sont appliqués épisodiquement sur les cultures : ils les imprègnent, certes à faible dose, mais en permanence et sur des millions d'hectares... L'Autorité européenne de sécurité des aliments vient aussi de reconnaître, avec un retard considérable, que ces produits présentaient un risque pour les abeilles...

En conséquence, la Commission européenne propose de suspendre, pendant une durée de deux ans, trois de ces molécules controversées, sur certaines cultures. Cette proposition, à laquelle s'en remet Stéphane Le Foll, n'est pas conforme à l'état des connaissances. Ces produits persistent plusieurs années dans l'environnement, et leur propagation est connue de manière très imparfaite. Avant d'annoncer un plan d'aide à la filière apicole, il aurait fallu, de toute urgence, avoir le courage d'interdire ceux qui demeurent autorisés.

Éditorial du "Monde"

 

 

 

Partager cet article
Repost0
7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 17:47
 
Formation participative par l'Alliance citoyenne à Grenoble (DR)

Formation participative par l'Alliance citoyenne à Grenoble (DR)

 

Ils sont apparus tels des ovnis au pied des tours grenobloises de la Villeneuve, de Mistral ou celles d’Echirolles. Débarqués de la région parisienne ou de Marseille, ils ont joué les démarcheurs au pied des immeubles, s’enquérant de l’ambiance dans la cité, annonçant leur envie de lui redonner vie et d’aider ses habitants à s’organiser pour se faire entendre.

Huit trentenaires –travailleur social, technicien de la politique de la ville, éducateur spécialisé, directeur de centre social– qui n’en pouvaient plus de servir les pansements sociaux sans espoir de changer les choses, ont décidé de tout plaquer et de lancer leur projet d’empowerment: espace pour des communautés et habitants organisés (ECHO) fut lancé en septembre 2010.

 

"Tisseurs de colère"

Leur idée est de s’immerger au milieu des habitants de plusieurs cités populaires grenobloises, un peu à l’image des prêtres-ouvriers des années 1960. Mais avec un objectif plus politique, celui de construire un réseau militant capable de mener des campagnes et de constituer un contre-pouvoir face à la municipalité, aux bailleurs sociaux et autres institutions intervenant dans les quartiers.

Ces jeunes nouveaux militants, non encartés, juste énervés par ce potentiel d’initiatives non utilisé dans les quartiers populaires, veulent faire jaillir ce «pouvoir d’agir» théorisé par le sociologue américain Saul Alinsky et testé dans des cités noires de Chicago dans les années 1930. Ils s’appellent entre eux des «tisseurs de colère», créateurs d’une toile de solidarités latentes qui ne demandaient qu’à être réveillées.

Les trois salariés de l’association – financée, entre autres, parla Fondation Abbé-Pierre,la Fondation pour le progrès de l’homme et la Fondation de France – sont partis à la pêche aux leaders potentiels, repérant les grandes gueules, les responsables d’associations, d’amicales de locataires ou les têtes de réseau informels. Ils les ont ensuite formés, organisant des petits séminaires destinés à leur apprendre les méthodes d’organisation, de stratégie d’actions collectives et de négociation.

 

« A plusieurs, on se sent entendus»

Shéhérazade milite à l’association des résidents des Castelles et s’échinait depuis trop longtemps à se faire entendre du bailleur social. Houda et Joëlle sont déléguées de parents d’élèves dans l’école des Buttes qui a brûlé en juin 2012 et se battaient pour sa reconstruction. Mathieu, président de l’Association des Congolais de France tentait en vain de faire changer les pratiques de l’université à l’égard des étudiants non communautaires. Tous trop isolés ou trop impuissants ont été «réveillés» par les jeunes d’ECHO.

 

Mathieu, administrateur de l'alliance citoyenne de Grenoble, prŽésident de l'association des Congolais de France.

 

«Je n’aurais jamais pensé que je pouvais éplucher des comptes d’une société, repérer les abus et exiger une baisse des charges au bailleur», assure Shéhérazade, jeune femme ronde au visage voilé. «Interpeller le maire, je n’aurais jamais osé. Mais à plusieurs, avec une demande précise, on se sent entendus», remarque Houda. «Avec les délégués des autres écoles, on se sent plus fort, la mairie nous écoute plus et les travaux de réfection de l’école ont été accélérés», renchérit Joëlle, aide-soignante de 50 ans.

"Formidable confiance"

 

Nacera, trésorière de l'association des habitants du sud-ouest d'Echirolles, fait partie du projet d'empowerment lancé dans l'agglomération grenobloise.

 

Nacera était déjà une figure dans son quartier d’Echirolles mais elle s’épuisait à «gueuler seule» dans les réunions du comité de quartier. Avec l’aide d’ECHO, elle sait maintenant comment se coordonner avec d’autres associations et forcer la mairie à ouvrir des négociations: «On y va à cinquante et ça change tout! Les élus ne réagissent pas pareil», assure cette chef d’entreprise de nettoyage.

Au cours d’un dîner de gala où se pressaient tous les officiels, Mathieu a monté une action symbolique, organisant une file d’attente pour accéder au buffet, expliquant que c’est ainsi que les étudiants étrangers sont accueillis pour faire valoir leurs droits. «Ça m’a donné une formidable confiance. Je sais maintenant comment mettre des bâtons dans les roues pour ensuite pouvoir ouvrir une négociation», claironne cet étudiant en droit de la République du Congo.

Le projet a donné naissance début janvier à un nouveau réseau associatif, l’Alliance citoyenne, qui regroupe plus de 300 adhérents. Une réussite qui vaut aux jeunes d’ECHO d’être les premiers à être visités par Mohamed Mechmache et Marie-Hélène Bacqué pour leur mission sur la participation citoyenne.

Sylvia Zappi

 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 16:45

 

 

 
in Share1

 

L'impression 3D, c'est LE truc en vogue depuis plusieurs mois. Révolution des Makers oblige, les garages modernes appelé "Fab Lab" se multiplient un peu partout dans le monde, et les plus geeks travaillent sur les améliorations à apporter à cet outil encore un peu venu du futur que sont les imprimantes 3D.

Oui mais voilà, ces imprimantes, pour imprimer, consomment du plastique. Et alors que je me demandais l'autre jour si ces outils ne permettraient pas de créer un univers d'économie circulaire à la maison, je suis tombée nez à nez avec Filabot. Magie !

 

Le concept est le même que si nous pouvions recycler le papier à la maison pour nos imprimantes traditionnelles. Mais là, c'est pour les imprimantes 3D qui, certes, n'inondent pas encore le marché et ne sont pas encore entrées dans le foyer de Monsieur et Madame Tout Le Monde, mais ne devraient pas tarder à représenter une nouvelle industrie.

Pour cause, ces imprimantes d'un nouveau genre permettent de réaliser des objets à la demande, de réaliser des prototypes à moindre coût et les industriels commencent à imaginer le potentiel des débouchés ouvert par cette "fabrication additive".

 

Filabot Graphic

 

En attendant, la majorité des imprimantes 3D utilisent, en guise de matière première, des filaments de résine ou de plastique. Chose à laquelle Filabot entend apporter une réponse: son concepteur, Tyler McNaney, a passé un an à l'imaginer et à la dessiner. "L'enjeu pour moi était de transformer n'importe quelle bouteille de plastique en quelque chose d'utile. Avec Filabot, on peut opérer cette transformation en un rien de temps, et le refaire autant de fois qu'on le souhaite" m'a-t-il confié.

Ainsi, une bouteille de lait transformée par Filabot représente environ 2,5 mètres de filament. "Et à terme nous pourrons transformer en filaments tous les plastiques présents dans la maison", affirme l'inventeur, enthousiaste tout en mettant en garde contre le recyclage à domicile de PVC, trop toxique.

La vidéo suivante, utilisée pour sa campagne de financement participatif sur le site kickstarter, vous permettra de comprendre le fonctionnement plus en détail :

Les fonds collectés sont trois fois plus importants que la somme réclamée initialement (32000 dollars pour 10 000 réclamés, le tout obtenu auprès de 156 financeurs). Pour l'instant la petite équipe derrière le projet travaille avec les fournisseurs pour réduire le prix de la machine, "qui devrait coûter dans les 800 dollars", estime Tyler McNaney.

A terme, qui dit que nous n'irons pas au cyber café du coin avec nos déchets plastiques pour les transformer en filaments utiles pour recréer d'autres objets ?

Mais pour l'instant, continuons à bien trier nos déchets, nous avons des industries dédiées pour le recyclage plastique !

Anne-Sophie Novel / SoAnn sur twitter

++ filabot.com

 

 

Partager cet article
Repost0
2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 17:33

 

Rue89 - Paroles de crise 02/02/2013 à 09h55
Benjamin Schenkel | Ecole de journalisme de Sciences Po
Morgane Troadec | Etudiante en journalisme

 

 

La professeure de tricot a l’air anxieux. Elle se saisit de la laine à côté d’elle et compte lentement, deux par deux. Tenant les aiguilles de son élève, Amandine Darnault chuchote : « 84 mailles, ça fait 86… Là, vous avez fait une erreur. » Elle scrute le bout de laine, examinant ses défauts. Avec un sourire au coin des lèvres, elle susurre à son élève :

« Ne t’inquiète pas, pas besoin de tout reprendre à zéro. »

Récemment, Amandine a dû revoir l’orientation de sa carrière professionnelle. Cette jeune femme de 27 ans, originaire de Nantes, a fait cinq ans d’études agricoles. Elle est venue à Paris en 2009 avec l’espoir de devenir ingénieure en environnement. Mais la crise est passée par là, touchant le secteur de plein fouet.

En 2011, elle a trouvé du travail dans une association. Un an plus tard, Amandine décide de changer complètement de voie, de prendre un risque.

Des cours presque tous les soirs

Imitant d’autres de sa génération, Amandine monte sa propre entreprise. Le résultat : Aléfil, une boutique où elle vend de la laine et d’autres textiles.

 

 

Amandine filait un mauvais coton

Chez elle, une pelote de laine coûte entre 2 et 6 euros. Elle donne également des cours de tricot, à un prix abordable (de 8 à 10 euros, selon le forfait), presque tous les soirs.

Ce modèle de vente de matériel et de service se répand, poussé par la mode du « fait main ». Et avec la baisse du pouvoir d’achat, plus de personnes se motivent pour fabriquer et réparer eux-mêmes leurs vêtements, dans l’espoir de faire des économies.

« Mes clients me ressemblent »

Le tricot, aujourd’hui ?

Amandine pense que le féminisme a effectué un saut générationnel : des mères, voulant rejeter les occupations classiques que l’on attribuait aux femmes, n’ont jamais transmis à leurs filles l’art du tricot. Mais certaines jeunes femmes choisissent aujourd’hui de l’apprendre, comme loisir ou pour des raisons pratiques.

 

Selon elle, les Parisiennes ont besoin d’une activité pour oublier le stress, qui déteint sur leurs activités personnelles.

Lancer sa boutique n’était pas le plus difficile pour Amandine. Le tricot est l’une de ses passions, depuis son plus jeune âge. Sa mère est styliste. Avant qu’elle devienne tricoteuse de métier, elle donnait des leçons de couture pour se faire un peu d’argent de poche.

Par chance, elle a trouvé un atelier à louer juste en face de son appartement, dans le quartier des Batignolles (XVIIe arrondissement de Paris). La boutique ouvre ses portes en juin.

Grâce à son réseau de clients, Amandine commence à gagner de l’argent quatre mois après le lancement de son affaire. Mais récemment, les revenus de son entreprise se sont mis à stagner. « J’arrive à tout payer », dit-elle, « mais je ne peux pas avoir de salariés ». Elle avoue même ne pas encore être en capacité de se verser un salaire.

Heureusement pour Amandine, le tricot n’est, semble-t-il, plus réservé aux grands-mères. « Les jeunes ont envie de s’y mettre », assure-t-elle.

« Mes clients me ressemblent, ils font partie de la même génération que moi. »

« 4 euros, ce n’est pas un prix normal »

C’est donc la crise qui a encouragé Amandine dans sa nouvelle voie. Pour les clients, l’affaire est moins claire. Le prix de la laine est élevé en France, car elle vient en majorité de l’importation (par exemple, dans les catalogues Bergère de France, il est difficile de trouver une pelote à moins de 5 euros pièce). La concurrence de la grande distribution, qui propose des vêtements bon marché, ne rend pas forcément le fait main attrayant. D’autant moins pour les débutants : cela prend trop de temps.

Certains clients ont pourtant des motivations d’ordre financier. Des femmes enceintes viennent à l’atelier d’Amandine, dit-elle, car elles pensent que cela leur revient moins cher de tricoter des habits pour leur bébé, plutôt que d’en acheter. C’est que vêtir un bébé chiffre vite : chez Petit Bateau, les bonnets de laine coûtent pas moins de 25 euros et une simple paire de chaussettes plus de 10 euros ; alors que faire soi-même de petites écharpes, chaussettes, ou bonnets ne nécessite pas beaucoup de matériel. Pour ces futures mamans, le tricot est donc un investissement intéressant.

Quelles que soient les situations financières, le plus important pour Amandine, c’est que le tricot encourage une prise de conscience.

« Les gens qui ont fait un vêtement se rendent compte du travail que c’est. Ils voient que 4 euros, ce n’est pas un prix normal. »

En riant, Amandine confie que son rêve serait de se tricoter une garde-robe entière. Mais cela devra attendre un peu : elle est très occupée avec son magasin et ses cours. Ces jours-ci, Amandine ne travaille pas pour elle-même : elle fabrique des chaussettes, couleur crème, pour sa mère, qui l’a inspirée.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 16:23

 

Rue89 - Paroles de crise 31/01/2013 à 15h07
Patrick Reevell | EDJ Sciences Po
Florencia Rovira Torres | Étudiante à l'École de journalisme de Sciences Po

 

 

Corinne Vautrin, 48 ans, est auxiliaire de vie sociale à Grigny, dans l’Essonne. Son métier, c’est de faire la toilette des personnes âgées, le ménage ou encore les courses. Mais pendant trois mois, elle a aussi dû étudier des dossiers, plaider et défendre les intérêts de salariés devant le tribunal de grande instance d’Evry.

A l’automne 2011, elle et ses 184 collègues ont appris que leur employeur, l’Association de services d’aides à la personne (ADSA), était au bord de la faillite. Face à la menace de la disparition de leurs emplois, cette déléguée syndicale CGT n’a pas voulu jeter l’éponge.

Avec les autres délégués du personnel, Corinne a impulsé l’élaboration d’un plan de reprise, qu’elle a ensuite défendu devant la juge. Les salariés ont pris en main leur propre destin en créant l’association 3ASM, qui s’est présentée comme candidat à la reprise.

« Il fallait inventer quelque chose ! »

La longue bataille des intervenants à domicile de l’Essonne s’est conclue le 8 mars 2012 par un appel téléphonique : le tribunal avait donné le feu vert à 3ASM pour reprendre l’activité.

 

 

Corinne Vautrin, sur l’appel téléphonique au tribunal

Tandis que des passants, à Grigny dans une résidence où elle intervient souvent, s’arrêtent sans cesse pour lui faire la bise, Corinne raconte :

« Face au désarroi qui attendait le personnel, il fallait inventer quelque chose ! A la base on devait créer une coopérative. Mais nous avons décidé de créer une association. [...]

3ASM est une association que nous avons créée nous, pour nous sauver. C’était la seule échappatoire que nous avions pour sauver les 170 emplois. Ceux de tous les salariés qui souhaitaient rester dans l’association. »

Des travailleurs pauvres, menacés

L’alternative à cette reprise était la dissolution de l’association et le licenciement de tous les salariés, dont beaucoup sont des travailleurs pauvres. Corinne :

« Si on avait dissous ADSA et licencié tout le monde, cela aurait été un coup très dur pour nous. J’ai de la chance de vivre avec quelqu’un qui travaille, mais on a beaucoup de mères seules avec des enfants parmi nos salariés. Et il y en a parmi nous qui ne sont pas toutes jeunes non plus ! »

La liquidation d’ADSA aurait non seulement mis en péril les revenus des salariés, mais aussi des liens sociaux, pour Corinne.

« Il y a des collègues avec lesquelles je travaille depuis 1997. De perdre tout ça, cela aurait cassé quelque chose dans nos vies familiales aussi. Ça aurait été une partie de la vie qui éclate. »

« Je ne dormais pas la nuit »

Corinne s’est engagée de tout cœur, sacrifiant ses week-ends et accordant très peu de temps à sa famille.

« Je ne dormais pas la nuit. Si on n’était pas passés devant le tribunal et si on n’avait pas eu un bon projet à proposer, je m’en serais voulu en me disant que je n’avais pas fait assez. »

 

 

Corinne Vautrin, sur le premier jour au tribunal

Les inquiétudes de Corinne étaient bien fondées : 3ASM n’était pas le seul candidat à la reprise. La fédération ADMR, géant de l’assistance à la personne, se disputait la reprise au tribunal.

« Ils voulaient licencier 29 personnes. Mais à aucun moment ADMR n’est venue parler avec nous, les salariés. On a consulté des salariés d’ADMR et on a compris qu’on risquait d’avoir une baisse de salaire s’ils nous reprenaient.

Tandis que si 3ASM reprenait, aucun intervenant à domicile n’était licencié et on gardait nos salaires et nos heures de travail. »

La « manche », sauf auprès des bénéficiaires

L’association des salariés était un premier pas vers la reprise, mais c’était loin d’être suffisant. Pour convaincre la juge, il fallait prouver que 3ASM avait des fonds.

« Nous avons reçu un don de 40 000 euros de l’association Les Amis du mutualisme et encore 40 000 de la Fondation secours d’urgence. Mais cela ne suffisait pas.

Nous avons créé une association pour récolter de l’argent et nous nous sommes organisés dans des groupes. On demandait à tout le monde de verser de l’argent sur notre compte : des entreprises, des associations et des particuliers. »

Entre prêts et dons, 3ASM a pu proposer 190 000 euros en fonds de roulement.

« On a fait la manche. Il y a des gens qui nous ont donné 3 euros, mais nous avons récupéré pas mal d’argent comme ça. Ça marchait de bouche à l’oreille. Les seules personnes qu’on n’a pas sollicitées étaient nos bénéficiaires. »

Pas de salaires pendant un mois

La décision de la juge d’accorder la reprise à 3ASM avait suscité l’euphorie parmi les salariés. Finalement, 3ASM était le seul repreneur à détenir assez de fonds.

Mais la reprise a été plus difficile que prévu. Pendant le premier mois d’activité, avril 2012, les salaires n’ont pas pu être versés. Pourtant, il fallait toujours remplir les frigos. C’est à ce moment-là que Corinne Vautrin a hésité.

« Au mois d’avril j’ai eu un doute. Je me suis dit : “Corinne, est-ce que tu fais la bonne chose ?” »

Grâce à une association de bénévoles, les salariés de 3ASM ont eu de quoi manger.

« On est allés chercher des colis alimentaires pour nourrir neuf familles. [...]

Ça a été un moment difficile, mais un moment de partage. On est devenus une équipe plus soudée. »

Corinne Vautrin, sur le doute

Les salaires d’avril ont été versés un mois plus tard. Aujourd’hui, près d’un an après la reprise, 3ASM a réussi à pérenniser l’activité. En dehors des charges exceptionnelles liées à la reprise, les comptes de l’association approchent l’équilibre et la direction reste optimiste sur le financement.

Entendre parler « des petits fantômes »

3ASM emploie aujourd’hui 160 salariés, selon la direction. Faute de financement, on a réduit le personnel administratif d’une dizaine de personnes, En revanche, tous les intervenants à domicile continuent à travailler pour les 800 bénéficiaires de l’association.

« J’ai dit à mes collègues : “Vous savez les filles ? Dans nos emplois, on est des petits fantômes de l’ombre. On n’entend jamais parler des auxiliaires de vie sociale.” Mais, on va encore entendre parler de nous. »

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
Partager cet article
Repost0
31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 15:51

 

 

Le Monde - Blog

 
in Share5
Colibri chinchinlny http://www.lnylnylny.com/

Colibri, par lnylnylny.com

 

 

Hier soir, il y avait deux événements à ne pas manquer dans le petit monde de l’écologie et du développement durable. Le premier était lié à l’inauguration du centre de réflexion (think tank) de la Fondation Nicolas Hulot. Le second au lancement de la "révolution des colibris" (mouvement initié par Pierre Rabhi).

Ces deux initiatives partagent une volonté commune : accélérer la transition écologique et engager de vraies propositions politiques. Avec des approches sensiblement différentes.

 

Une approche institutionnelle

En créant un "Think tank de la transition écologique", la Fondation Nicolas Hulot souhaite mobiliser sur les solutions. Elle estime en effet que "la prise de conscience de la crise écologique ne s’est pas retranscrite en nouveau modèle de société" et que les raisons de cet immobilisme sont liées à la perception des alternatives possibles, vues comme n'étant pas suffisamment crédibles et désirables. Il s’agira donc, dans un premier temps, "de les mettre en cohérence et de les rendre audibles, de les développer et de les porter au sein du débat public".

La Fondation entend aussi assurer une production intellectuelle indépendante, apolitique, écologique et transdisciplinaire. Objectif : produire un cadre intellectuel adapté à la réplication à grande échelle des initiatives "porteuses d'avenir" d'ores et déjà repérées sur le terrain. Il s'agit aussi de montrer que l'écologie ne concerne pas que la nature et les petits oiseaux, mais soulève aussi de profondes questions sur les urgences sociales et les inégalités de notre monde. Pour cela, ses productions et ses événements engloberont donc l’ensemble des politiques publiques, de l'agriculture à la mobilité en passant par la gouvernance et la fiscalité, l'éducation ou la sécurité.

Avec cet organisme, et selon les mots employés par Nicolas Hulot lui-même dans un entretien accordé à L'Express, la fondation estime être "le chaînon manquant entre le diagnostic scientifique et la production de solutions politiques. Si l'on ne donne pas aux citoyens une vision de ce que peut être le monde de demain, et si l'on ne fournit pas aux politiques des grilles de lecture, des clefs, des pistes, des chemins à la hauteur des enjeux de ce défi, on ne s'en sortira pas. Il faut passer à une autre échelle maintenant, entrer dans le dur, chacun à son niveau". Vous pouvez aussi l'écouter présenter le projet dans la vidéo suivante:

 

 

Une approche citoyenne, pour contrer les points de rupture

Chacun à son niveau : telle est l'approche choisie depuis longtemps par les deux milliers de "colibris" qui s'étaient déplacés à l'Espace Reuilly hier soir pour activer leur (R)évolution. Suite à la campagne Tous Candidats lancée lors des présidentielles 2012, le mouvement a organisé 27 forums en régions qui ont réuni 2000 participants dans 700 ateliers pour aboutir à 240 plans d'action.

Résultat de cette démarche participative : une feuille de route élaborée par des citoyens convaincus et enrichie par des avis d'experts afin de proposer des mesures concrètes sur cinq grands thème (agriculture, énergie, économie, politique et éducation). Amélioré et mis à jour tous les six mois via un wiki, ce programme s'accompagne aussi de plusieurs événements qui seront organisés partout en France dès le printemps.

Pour Cyril Dion, l'état de crispation dans lequel se situe la France est tel que nous avons atteint un point de rupture : comme il l'explique dans la pastille sonore suivante, il est nécessaire de relocaliser l'économie, d'organiser des référendums populaires et surtout de revoir nos institutions aujourd'hui...

 

 

Raphaël Souchier, référent des colibris sur les questions économiques estime pour sa part que "nous vivons une période passionnante. Ce temps évoque pour moi l’étale de basse mer: tout paraît immobile... Pourtant, l’océan se prépare. Rien n’est encore perceptible, mais chacun sait qu’il va bientôt s’ébranler et courir de nouveau à la rencontre du continent. Rien n’arrête la marée".

Espérons que les coefficients soient très hauts alors, et que ces troupes de convaincus arriveront à faire cause commune avec ceux qui s'ont d'ores et déjà investis en politique... Car "la défiance actuelle envers les dirigeants politiques n'enlève rien à l'appétence politique des citoyens, estime le directeur des Colibris, ce programme en est la preuve et montre à quel point c'est notre affaire".

Alors, prêt pour votre envol ?

Anne-Sophie Novel / @SoAnn sur twitter

Pour étudier les programmes :

Partager cet article
Repost0
31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 15:26

 

Le Monde.fr avec AFP | 30.01.2013 à 16h24 • Mis à jour le 30.01.2013 à 16h25


 

 
Les immeubles de bureaux devront éteindre leurs lumières la nuit après le départ des derniers salariés.

Les bureaux, les magasins ou les façades de monuments devront être plongés dans le noir la nuit à partir du 1er juillet, une mesure de sobriété énergétique à laquelle échapperont toutefois quelques zones touristiques dans Paris, Lyon, Marseille et 38 autres communes.

L'arrêté publié mercredi 30 janvier au Journal officiel, préparé par l'ancien exécutif et dont le cap avait été confirmé en novembre par la ministre de l'écologie Delphine Batho, pose plusieurs règles nouvelles.

Côté façades, toutes les illuminations de bâtiments non résidentiels devront cesser au plus tard à une heure du matin : "Monuments, mairies, gares, tout ce qui n'est pas résidentiel", a confirmé à l'AFP le ministère de l'écologie. Les hôtels et tout ce qui relève de l'éclairage public (lampadaires, éclairage des routes, etc.) ne sont pas concernés.

 

 DES EXCEPTIONS DANS 41 COMMUNES

Les vitrines de magasins devront elles aussi être éteintes à 1 heure ou "une heure après la fin de l'occupation de ces locaux" si celle-ci est plus tardive. Enfin, les éclairages intérieurs des "locaux à usage professionnel" – bureaux par exemple – devront eux aussi être éteints au maximum une heure après la fin de l'occupation, le contrôle revenant à la mairie dans la plupart des cas.

Le ministère prévoit néanmoins des dérogations accordées par le préfet pour la veille des jours fériés, les illuminations de Noël, lors d'événements nocturnes locaux mais surtout "dans les zones touristiques d'affluence exceptionnelle ou d'animation culturelle permanente".

Quarante-et-une communes sont concernées par ces exceptions, parmi lesquelles la "Ville-Lumière" avec sept zones (Champs-Elysées, Butte Montmartre, rue de Rivoli, Place des Vosges...), mais aussi le centre touristique de Marseille ou de Nice, le Vieux Lyon, Chartres...

 

A Paris et dans d'autres grandes villes, les quartiers touristiques échapperont au black-out.

 

La fin de ces éclairages, souvent symboles de gaspillage d'électricité, doit, selon le ministère, permettre de réduire la consommation française de près de 2 térawattheures (Twh) par an, ce qui correspond aux besoins de 750 000 foyers.

Les mesures doivent également permettre de réduire les impacts sur l'environnement (migration ou reproduction des animaux par exemple), voire sur les cycles humains du sommeil. "Les orientations générales du texte vont dans le bon sens", se sont réjouies les associations ANPCEN-Préservons la Nuit et France Nature Environnement dans un communiqué, appelant néanmoins à la vigilance sur les exceptions.

Mais ce black-out nocturne n'est pas non plus le grand soir de la "transition énergétique" voulue par le gouvernement. Ramenée à la consommation de courant en France l'an passé (490 térawattheures), cette économie potentielle correspond à 0,4% du total. Et certains jugent surestimée l'économie réalisable par les mesures.

 

 APPEL À "ALLER PLUS LOIN"

Le Syndicat de l'éclairage, qui regroupe une cinquantaine d'entreprises de matériel électrique comme Legrand, a indiqué à l'AFP que, selon ses calculs, la baisse de consommation ne serait que de 0,5 Twh, soit quatre fois moins que ce qu'avance le gouvernement et à peine 0,1% de la consommation française.

Tout en "saluant" l'arrêté, la déléguée générale du syndicat, Elise Bourmeau, l'a jugé "toujours incomplet", appelant le gouvernement à "aller plus loin" en concrétisant des promesses formulées le mois dernier visant à favoriser les équipements électriques permettant d'économiser l'énergie.

Selon la fédération, l'éclairage tertiaire (bureaux, usines, hôpitaux...) représente au total (jour et nuit) 37 Twh, qu'il serait possible de réduire de 45%. L'éclairage public en France représente lui entre 5 et 7 Twh de consommation, selon la même source.

Lire aussi :  Les enseignes lumineuses tardent à s'éteindre en France


Partager cet article
Repost0
30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 22:29

 

http://www.terraeco.net/De-A-a-Z-on-se-paye-la-tete-du,47406.html

 

20-12-2012


 
(Crédit photo : flore-aël surun - tendance floue)
 
Des cantines scolaires aux vélos, ne pas débourser un sou pourrait être la norme. Ou devrait l’être. Découvrez notre inventaire à la Prévert du libre accès. Car si le gratuit ne vaut rien, rien ne vaut le gratuit !

Article publié dans le

N° 43 - janvier 2013

 

L’avalanche du gratuit

- A comme Autoréduction

Robin des bois est andalou. Le 7 août dernier, près de Séville, en Espagne, des militants remplissent une vingtaine de chariots d’aliments de base, partent sans payer, et redistribuent leurs « courses » à des indigents. « Ce n’est pas un vol », justifie alors leur leader, Juan Manuel Sánchez Gordillo, maire de Marinaleda et membre du Syndicat andalou des travailleurs. « Un vol, c’est ce que font les banques qui achètent de la dette à la Banque centrale européenne à 0,7 % et la vendent à l’Espagne à 7 %, déclare-t-il au Monde, le 29 août. Ce que nous avons fait est un acte d’insoumission pour dénoncer le fait qu’il existe des familles qui ne peuvent pas se payer de quoi manger. » Ces mouvements d’« autoréduction » se multiplient dans l’Europe en crise, comme à Rennes (Ille-et-Vilaine), aux Galeries Lafayette, en 2008. Dans l’Allemagne des années 1930, puis l’Italie des années 1960-1970, les ouvriers faisaient aussi la grève des loyers, ou des factures de gaz et d’électricité.

- B comme Biens communs

« La tragédie des communs », ce n’est pas une pièce de Shakespeare, mais un article signé Garrett Hardin, en 1968. Ce biologiste américain y prend l’exemple de la dégradation des « commons » – les pâturages partagés par les villageois depuis l’époque médiévale. Leur « privatisation » permit le décollage de la production agricole en Angleterre. Erigée en théorie, l’hypothèse fit beaucoup pour la promotion d’un libéralisme décomplexé. Mais elle a depuis été réfutée, notamment par l’Américaine Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009. S’appuyant sur des exemples au Kenya, en Suisse, en Turquie ou aux Etats-Unis, elle a démontré que des communautés qui géraient collectivement leurs ressources (halieutiques, forêts, terres, eau) parvenaient à le faire de façon plus équitable et durable que des communautés comparables ayant opté pour leur privatisation.

- C comme Cantine scolaire

Attention, frites gratuites. Drancy, en Seine-Saint-Denis, offre, depuis 2007, le déjeuner aux enfants des écoles primaires, suivi ensuite par Dugny et Le Bourget, dans la même communauté de communes. Cela représente 8 000 repas par jour et 4,7 millions d’euros, financés sans augmentation des impôts locaux. « Le combat politique est simple : proposer au moins un repas équilibré par jour aux enfants quel que soit le milieu social, et éviter la malnutrition dans les milieux populaires », indique la mairie dirigée par Jean-Christophe Lagarde (UDI). Dans cette commune populaire de 64 500 habitants – le revenu moyen mensuel s’y élève à 1 300 euros –, 73 % des familles payaient auparavant le tarif maximum (3,22 euros le repas). Depuis l’instauration de la gratuité, les cantines de Drancy sont fréquentées par 35 % d’enfants en plus. L’initiative n’a guère fait tache d’huile en France, hormis à Saint-Michel (Charente), où la cantine est offerte à plus de 200 enfants par… des gagnants anonymes d’Euro Millions !

- D comme Data

L’open data, c’est l’accès libre et gratuit, via Internet, à toutes les données publiques. Ce principe n’est acquis que depuis peu de temps en France. La révision d’une directive européenne pourrait cependant conduire à l’obligation pour les administrations de publier les données demandées par des citoyens. Tous les pays seraient alors sommés d’adopter des pratiques largement répandues dans les pays anglo-saxons.

- F comme Freemium

Ce mot-valise désigne un modèle économique consistant à offrir gratuitement (free, en anglais) un bien ou un service gratuit afin d’orienter le consommateur vers une version payante plus élaborée (premium). Des exemples ? de nombreux logiciels sur Internet fonctionnent ainsi, tout comme des sites de musique en streaming, comme Deezer ou Spotify.

- G comme Glanage

Faire les poubelles, c’est hype, si, si ! 38 % des Français (1) reconnaissent avoir récupéré, dans les douze derniers mois, au moins une fois des objets jetés ou déposés dans la rue. Si seulement 4 % disent s’adonner souvent à cette activité, le glanage est, selon l’Obsoco, l’Observatoire société et consommation, de moins en moins l’apanage des personnes les plus en difficulté. Héritée du Moyen Age, cette pratique – à laquelle Agnès Varda a consacré un film magnifique, Les Glaneurs et la Glaneuse – consistait à ramasser les grains laissés dans les champs après la récolte. Etendue à la récupération des fruits et légumes jetés à la fin des marchés, elle a de beaux jours devant elle. Et ce, malgré la volonté de certaines villes – Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) inflige une amende à ceux surpris le nez dans les détritus – ou de la plupart des grandes surfaces, qui préfèrent détruire les produits périmés que de les donner ou les laisser accessibles dans une poubelle.

(1) Il s’agit de la première vague d’une enquête menée auprès de 4 000 personnes sur les consommations émergentes (novembre 2012).

- H comme Hima

« Espaces protégés » en arabe, l’« hima » désignait les terres réservées au bon plaisir des chefs de tribus, jusqu’à ce que le prophète Mahomet rende leur usage public et les sanctuarise. Le concept est aujourd’hui réactualisé par les écologistes du Moyen-Orient, notamment au Liban, où ont surgi les nouveaux « hima », comme mode de gestion coutumière des ressources naturelles.

- L comme Logiciels libres

Quel secteur en France affiche 30 % de croissance par an, génère 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et devrait créer 10 000 emplois en trois ans ? Et tout cela en proposant un produit gratuit ? Réponse : le logiciel libre. GNU/Linux, LibreOffice.org, Mozilla Firefox sont les noms les plus connus de l’« open source ». Contrairement aux logiciels propriétaires, comme Windows de Microsoft, nul besoin de payer chaque année une licence pour les utiliser. De plus, les programmateurs peuvent en modifier les codes pour les adapter à leurs besoins. Comment alors les entreprises se rémunèrent-elles ? Grâce aux services fournis à leurs clients : développement, conseil… Depuis vingt-cinq ans, elles sont très prisées des grandes multinationales (l’Android de Google est un logiciel libre !) et des administrations, auxquelles elles font réaliser de colossales économies. Le 19 octobre dernier, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a d’ailleurs adressé une circulaire aux membres du gouvernement. Il leur recommande de privilégier, à performance et coût égaux, le logiciel libre sur le logiciel propriétaire.

- M comme Musées

La Joconde ou L’ Origine du monde à l’œil, c’est possible… pour les jeunes. Le gouvernement Ayrault a maintenu la compensation de l’Etat (18 millions d’euros par an) pour l’entrée gratuite des 18-25 ans dans les musées nationaux, comme le Louvre ou Orsay, à Paris. En trois ans, cela a permis de doubler la fréquentation de ces institutions (667 000 entrées de jeunes en 2011). L’ex-Président Nicolas Sarkozy avait même envisagé la gratuité totale, à la suite d’une expérimentation couronnée de succès dans 14 établissements, qui visait à l’augmentation et à la démocratisation du public. « La gratuité est bien appropriée à la rencontre avec l’art, comme elle est appropriée à l’amour, à la contemplation des paysages », écrit Jean-Louis Sagot-Duvauroux (2). « Le ticket d’accès aux collections permanentes du Louvre coûte 11 euros. Cette dépense non négligeable rabat le visiteur vers l’esprit de consommation : il faut en avoir pour son argent. (…) Il en ressort à genoux. A Londres, au contraire, on peut entrer dans la National Gallery, qui est de libre accès, pour le seul bonheur de converser vingt minutes avec La Vierge au rocher, puis revenir le lendemain parce que les broderies d’une robe sur un portrait d’Ingres nous y appellent derechef. » De nombreuses villes, comme Paris, offrent toutefois la gratuité dans leurs propres établissements, et ces entrées représentent 42 % des visites dans les 1 200 musées français.

(2) « La gratuité : éloge de l’inestimable », Revue du MAUSS, n° 35, 2010.

- O comme Obsèques

« Pour qu’on soit au moins une fois un peu égaux dans la vie, autant que ce soit devant la mort », philosophe André Aschieri. Le maire Europe Ecologie - Les Verts de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) a en effet instauré la gratuité des obsèques dans sa ville de 10 300 habitants. « En fait, c’est contre un euro symbolique, mais on ne le réclame jamais », précise-t-il ! Seule la cérémonie est offerte, le cercueil et le caveau restent à la charge des familles. « Ce n’est pas ça qui ruine notre budget, poursuit l’édile. Nous avons un corbillard, et les employés municipaux troquent leurs bleus contre un beau costume sombre. Cela permet à tous d’avoir des obsèques décentes, et les riches comme les pauvres y recourent. Les gens sont contents. » Les morts ne se sont, en tout cas, pas encore plaints.

- P comme Parti pirate

Créé en 2006 par des Suédois proches de « Pirate Bay », un fameux site de téléchargement illicite de musique et de films, le Parti pirate a mûri en Allemagne, avec 30 000 adhérents et des scores flatteurs lors des élections régionales : 7 % à 9 % des voix. En France, une centaine de candidats l’ont représenté aux dernières élections législatives. Héritiers des hackers libertaires, cette formation hors norme plaide pour la légalisation du partage non commercial des produits culturels numériques et pour l’abolition progressive des brevets. Suivant le précepte de la « démocratie liquide », son programme est établi par concertation de tous ses membres via Internet. Centré sur les questions numériques, il tente désormais de s’ouvrir à tous les sujets.

- U comme Université

Dans la foulée du MIT (Massachusetts Institute of Technology), à Boston, aux Etats-Unis, des centaines d’universités proposent de suivre gratuitement leurs cours sur Internet. Ceux-ci sont disponibles sur des plateformes privées – comme Itunes-U – ou publiques – comme Canal-u.tv, en France. Et elles attirent les foules : un cours à Stanford sur l’intelligence artificielle a ainsi été suivi par 160 000 internautes, et aucun des 248 étudiants ayant eu les meilleures notes n’était inscrit dans l’université californienne ! Harvard et le MIT ont même lancé leur fac gratuite en ligne – edX – qui délivre des certificats, tout comme l’« University for the people », créée en 2009 par les Nations unies.

- V comme Vélo

Encore moins cher que les Vélib’ et autres systèmes financés par la pub, certaines villes prêtent gratuitement, à l’année, des vélos à leurs habitants. C’est le cas à Bordeaux (Gironde), où 4 500 biclous circulent ainsi, avec pour seule condition le dépôt d’un chèque de garantie. Et encore, celui-ci n’est pas exigé dans une expérimentation auprès de personnes en interdit bancaire ou disposant de très faibles ressources. Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et bientôt Arcachon (Gironde) ont imité leur voisine. Ailleurs en France, ce service est proposé à Angers (Maine-et-Loire) et à Viry-Châtillon (Essonne). 

- W comme Wikipédia

Connaissez vous le Gouedard ? Non ? C’est normal. Ce fromage basque, mélange de gouda et de cheddar, n’existait que grâce à sa fiche Wikipédia, récemment retirée du site après plus d’un an en ligne. Ce « raté » illustre l’un des reproches faits à l’encyclopédie collaborative : celui de la vérification des infos. Il est vrai que sur 1,3 million d’articles écrits et relus par des passionnés, il peut traîner quelques coquilles. Mais son exhaustivité et sa réactualisation incessante en font un formidable outil. Elle a même mis tous ses concurrents papier à la préretraite, si bien que Julien Lepers n’offre plus d’encyclopédies Larousse !

- Z comme Zones de gratuité

Plaisir d’offrir, joie de recevoir : c’est Noël dans ces zones qui se multiplient partout en France (voir le portail des espaces de gratuité Nonmarchand.org) et pas seulement à la ZAD, la « Zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), où s’échangent surtout des mandales. Dans ces espaces temporaires ou permanents – Le Magasin pour rien, à Mulhouse (Haut-Rhin), la Gratiferia de Puivert (Aude), la Recyclerie du golfe, à Vannes (Morbihan) – chacun est invité à déposer les objets dont il n’a plus utilité : bouquins, vêtements, casseroles, sextoys… Ou à récupérer ce qu’il souhaite. —

Partager cet article
Repost0
30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 21:19

 

 

Rue89 - Plan 30/01/2013 à 18h40
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

 

 

Agriculture, énergie, économie, éducation, démocratie : les amis de Pierre Rabhi publient leur feuille de route alternative de « grandes directions à 50 ans ».

 

 


Un champ de blé (Crabchick/Flickr/CC)

Les amis de Pierre Rabhi, l’agriculteur-philosophe promoteur de la sobriété heureuse, ont un « plan ». Ce mouvement, représenté par l’association les Colibris, présente ce mercredi soir à Paris sa « (r)évolution ».

Voir le document

(Fichier PDF)

 

Cette « feuille de route citoyenne, politique, alternative, coopérative, à destination de tous » n’est pas un programme politique, mais une série de « grandes directions à 50 ans » pour que la politique soit guidée par les préoccupations de long terme de la société civile.

Dans les cinq domaines clés que sont l’économie, l’agriculture, l’énergie, l’éducation et la démocratie, des « objectifs » et des « leviers d’action » pour les atteindre (et qu’il s’agit de promouvoir auprès des élus ou des entrepreneurs) sont proposés. Les maîtres-mots de la feuille de route : décentralisation et sobriété.

« Incarner les utopies »

A force d’expliquer, depuis trente ans, que nos sociétés industrialisées marchent sur la tête, le petit paysan ardéchois originaire du Sahara a vu le nombre de ses soutiens grandir, s’organiser... au point de s’être engagé en 2002 dans un début de campagne pour l’élection présidentielle. Plus habitué aux livres et aux conférences, il avait lancé alors un appel à une « insurrection des consciences ». Avant de se raviser.

Comme il nous l’a confié dans l’e-book d’entretiens que nous avons publié en juillet 2012, il a rapidement réalisé que : « La politique n’est pas en phase avec la réalité. » Celui qui revendique « d’incarner les utopies » prévient aujourd’hui les politiques au pouvoir qu’« ils devraient être plus sensibles aux initiatives porteuses d’avenir issues de la société civile » (écouter le son).

Interview de Pierre Rabhi

Sur le Plan des Colibris

Le récent sondage Ipsos France 2013 tombe à pic, remarque Cyril Dion, directeur des Colibris :

  • 72% des Français auraient « l’impression que le système politique fonctionne plutôt mal, et que leurs idées sont mal représentées » ;
  • 82% que les hommes et femmes politiques « agissent principalement pour leurs intérêts personnels ».

Des chiffres qui concordent avec l’étude Ifop réalisée pour les Colibris lors du lancement de la campagne « Tous candidats ».

La parabole du colibri

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Juste avant la dernière élection présidentielle, il avait réuni 27 000 « candidats », autant de personnes prêtes à « faire leur part » (comme le dit la parabole du colibri, lire l’encadré ci-contre) dans le changement de société. Puis, ils se sont mis au travail, dans 27 forums locaux, et les plus motivés ont rendu en juillet dernier une matière, soumise à des experts.

Le résultat est ce « plan », dont la version que nous publions est 1.0 et qui sera décliné en un wiki, acutalisé en permanence sur Internet.

« Ceux qui ressentent le message comme étant pertinent vont le propager », prédit Pierre Rabhi, prêt à « répondre aux sollicitations », mais sans avoir le moindre rendez-vous à Matignon ou l’Elysée.

Un « cerveau collectif » où chacun met sa part de génie

Ce grand travail de maïeutique a nécessité de remonter à la « cause des causes » : la démocratie. L’expert choisi pour porter la parole sur ce volet n’est autre qu’Etienne Chouard, héraut du « non » au référendum européen de 2005, et qui réfléchit depuis des années à importer les bienfaits de la démocratie athénienne dans notre monde contemporain. Il propose une vraie révolution :

« Faire réécrire notre constitution par une assemblée constituante populaire, tirée au sort et dont les membres seront inéligibles aux mandats qu’ils définiront. »

Idée qu’il développe déjà sur son blog Le Planc C, et qu’il décline de conférence en wiki-échanges sur Internet. Il s’explique :

« Contrairement à Mélenchon, qui veut une constituante élue, moi je pense que si on veut une constitution, il faut qu’on l’écrive nous-mêmes. Si les élus l’écrivent pour eux, il y a un conflit d’intérêt, alors que si on met n’importe qui, un plombier par exemple, il sera naturellement conforme à l’intérêt général ».

Très excité par l’exercice de « cerveau collectif où chacun met sa part de génie », le prof cherche à décrypter les abus de pouvoir et voit dans la monnaie privée une vraie source d’oppression.

Justement, les Colibris proposent de « rendre la souveraineté monétaire », par le développement des monnaies locales. Des initiatives comme le Sol-Violette à Toulouse rencontrent déjà un succès croissant même si, selon Etienne Chouard, elles sont surtout « à vocation pédagogique ».

Construire, à côté du capitalisme, une économie alternative

Au lancement de la (r)évolution se trouveront aussi quelques élus rock’n’roll, comme le sénateur EELV du Morbihan Joël Labbé. Lui voit dans les Colibris des « semeurs d’idées nouvelles » sur lesquels il s’appuie pour faire des propositions parlementaires :

« Une initiative qui arrive au bon moment, alors que la société civile est mûre pour se mobiliser, mais qu’il y a toujours ce fossé entre élus et citoyens. »

Quand le plan à 50 ans des Colibris est l’« autonomie alimentaire pour tous », le sénateur va plus loin en rédigeant une « proposition de loi interdisant les pesticides par les collectivités locales sur les espaces publics ». Il assure que c’est possible puisque des communes l’ont déjà fait.

Cette démonstration par l’exemple, cet essaimage d’initiatives individuelles est au cœur de la stratégie des Colibris, rappelle son directeur Cyril Dion :

« Ceux qui ont voulu transformer le capitalisme de l’intérieur ont bien vu que ça ne marche pas. Body Shop [la boîte de cosmetique écolo et éthique, ndlr] a été racheté par L’Oréal... Il vaut mieux construire à côté une économie alternative, tout en laissant l’ancienne s’écrouler d’elle-même. »

Devenir des acteurs de changement

Raphaël Souchier, auteur de « L’après-Wall Street sera local, Citoyens, entreprises et collectivités réinventent l’économie », à paraître prochainement, présentera les bienfaits de la relocalisation de l’économie. Il exposera le succès du réseau américain BALLE (Business Alliance For Local Living Economies) :

« Organic Valley regroupe 1 766 familles paysannes, réalise un chiffre d’affaires de 700 millions de dollars, et leur objectif central est de préserver un art de vivre local. Iils ne sont pas devenus des exploitants exploités par leur propre organisation. »

En France, la responsabilité de l’intérêt général est au contraire trop souvent dévolue à la collectivité ou aux associations. Là, explique-t-il, « il s’agit de faire passer la notion de responsabilité personnelle et collective dans nos pratiques habituelles, de devenir des agents de changement ».

Et comme le dit Pierre Rabhi, la question n’est plus seulement « quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? » mais « quels enfants laisserons-nous à la planète ? ».

 

 

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 18:42

 

 

Le Monde.fr | 29.01.2013 à 13h53 • Mis à jour le 29.01.2013 à 14h00 Par Pierre Le Hir - Oléron (Charente-Maritime) Envoyé spécial


Le camion de collecte d'huile de friture usagée roule lui aussi grâce à ce carburant recyclé.

Un jerricane d'huile dans le réservoir, et roule la "barquette" ! Le petit nom donné par l'association Roule ma frite à son "véhicule local et collectif de transport social", alimenté avec de l'huile de friture recyclée.

Roule ma frite, la barquette... On croirait une blague de potache, si l'initiative ne s'appuyait sur un travail mené depuis plusieurs années sur l'île d'Oléron, avec le soutien des collectivités territoriales et des acteurs locaux. "Au début, tout le monde nous prenait pour des rigolos. Aujourd'hui, les gens se sont appropriés notre démarche", jubile Grégory Gendre, 34 ans, fondateur de l'association.

Cet enfant du pays, ex-journaliste économique et ancien chargé de communication de Greenpeace, s'est lancé en 2007 dans la collecte et le recyclage des huiles alimentaires usagées. La voie avait été ouverte en Allemagne dans les années 70, par des militants alternatifs du mouvement autonome, puis suivie un temps à Marseille, au début des années 2000. Roule ma frite-17 (pour Charente-Maritime) a pris le relais, en s'enracinant dans le tissu économique et social d'Oléron.

 

 "ICI, IL FAUT S'ENTRAIDER"

Le principe est simple. Un véhicule utilitaire – roulant lui-même à l'huile recyclée – récupère les huiles de friture usagées des restaurants, snacks, campings, collèges, maisons de retraite ou particuliers. Un ramassage quotidien est organisé en été, quand la population de l'île grimpe de 25 000 à 250 000 habitants, une à deux par semaine le reste de l'année, chaque litre d'huile consommé pour le transport permettant d'en collecter entre 50 et 60. Coût du service pour la petite centaine d'adhérents : 50 euros de cotisation annuelle, certains versant volontairement jusqu'à 100 ou 150 euros.

Un point de collecte d'huile de friture, à Saint-Pierre-d'Oléron.

Pierrick Moisy, qui tient le restaurant Le P'tit Bouchon à Saint-Pierre-d'Oléron, est un convaincu de la première heure. "Cela m'évite, gratuitement ou presque, d'apporter mes huiles usagées en déchetterie, explique-t-il. Et la valorisation de ces déchets sur place est un bon point pour l'environnement et l'économie locale. Ici, il faut s'entraider."

Le liquide gras est traité dans un atelier artisanal, sur l'écopôle de la communauté de communes. "L'an dernier, nous avons fait 22 000 litres", annonce Romain Gaudier, responsable de l'installation. Le produit décante en bidon, le temps que se déposent les impuretés, avant d'être filtré sous vide. Il en sort une huile couleur d'ambre clair, vendue aux adhérents 70 centimes le litre. Un prix imbattable qui "aide certaines familles à boucler les fins de mois".

 

 PREMIER TEST : LE PETIT TRAIN TOURISTIQUE

Chaque jour, Roule ma frite reçoit, de toute la France, des appels d'automobilistes voulant passer commande. "Nous ne sommes pas pompistes, répond Romain Gaudier. Ce que nous voulons, c'est réduire l'empreinte carbone. Et faire de la pédagogie avec les restaurateurs, en les incitant à proscrire l'huile de palme, cause de déforestation."

Avec les anciens moteurs diesel, l'huile de récupération peut être utilisée pure, sauf lors des grands froids, qui la rendent moins fluide. Pour les moteurs à injection plus récents, il faut la mélanger au diesel et un kit de bicarburation est nécessaire. Un premier test à grande échelle a été réalisé en 2010 et 2011, avec le petit train touristique de Saint-Trojan. Roule ma frite veut aujourd'hui prolonger l'expérience avec sa "barquette", pour y véhiculer travailleurs saisonniers, demandeurs d'emploi, personnes âgées isolées, scolaires ou utilisateurs des Restos du cœur.

Dans l'atelier artisanal, le liquide gras décante en bidon, le temps que se déposent les impuretés, avant d'être filtré sous vide.

Problème : en France, rouler à l'huile de friture – qui n'est pas homologuée comme carburant, et qui échappe donc à la taxe intérieure sur les produits pétroliers – est interdit. L'association espère, comme cela avait été le cas pour le petit train, une dérogation de la Direction générale de l'énergie et du climat. Au ministère de l'écologie qui préconise, comme additif au diesel, les esters d'huiles alimentaires, produits par des groupes industriels et aux performances environnementales supérieures, elle fait valoir que l'huile de friture est moins polluante que le diesel pur, surtout quand elle est recyclée en circuit court.

Au cas où le fisc s'en mêlerait, elle a tout de même provisionné quelques milliers d'euros. "Reste à savoir comment on taxe le kilomètre social", observe Grégory Gendre.

 

 "À VISAGE DÉCOUVERT"

En attendant, l'équipe persévère, "dans l'illégalité peut-être mais à visage découvert". Cela, avec l'appui des communautés de communes. "Dans un territoire insulaire comme le nôtre, toute action originale prouvant que le développement durable n'est pas une théorie fumeuse, mais peut se mettre en oeuvre de façon concrète, est la bienvenue", défend Jean-Claude Mercier, directeur du syndicat mixte du pays Marennes-Oléron. En octobre 2012, Roule ma frite a même reçu une "mention spéciale" lors de la remise par Ségolène Royal, présidente (PS) de la région Poitou-Charentes, des "trophées croissance verte-innovation".

La petite entreprise sociale et solidaire, qui compte désormais quatre salariés et qui va créer une société coopérative d'intérêt collectif, n'est pas en panne d'idées. Exemples : faire tourner à l'huile de friture un chariot-élevateur pour bateaux, en partenariat avec les pêcheurs ; s'associer avec un constructeur automobile pour mettre au point des moteurs adaptés à l'huile végétale ; ouvrir un centre de méthanisation des déchets organiques ; créer une unité de recyclage des coquilles de moules en adjuvant au plastique ; imaginer, avec le centre de recherche sur le carbone renouvelable de Poitou-Charentes, Valagro, une filière de valorisation des algues...

Autant de projets conçus comme "des solutions de gestion des déchets et de production d'énergie locales, simples et pas chères".

Pierre Le Hir - Oléron (Charente-Maritime) Envoyé spécial

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes
  • : Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
  • Contact

Texte Libre

INFO IMPORTANTE

 

DEPUIS DEBUT AOÛT 2014

OVERBLOG NOUS IMPOSE ET PLACE DES PUBS

SUR NOTRE BLOG

CELA VA A L'ENCONTRE DE NOTRE ETHIQUE ET DE NOS CHOIX


NE CLIQUEZ PAS SUR CES PUBS !

Recherche

Texte Libre

ter 

Nouvelle-image.JPG

Badge

 

          Depuis le 26 Mai 2011,

        Nous nous réunissons

                 tous les soirs

      devant la maison carrée

 

       A partir du 16 Juillet 2014

            et pendant l'été

                     RV

       chaque mercredi à 18h

                et samedi à 13h

    sur le terrain de Caveirac

                Rejoignez-nous  

et venez partager ce lieu avec nous !



  Th-o indign-(1)

55

9b22