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11 août 2013 7 11 /08 /août /2013 21:22

 

 

l'humanite.fr

Politique - le 5 Août 2013

penser un monde nouveau 16/34

 

 

Sa vie parle pour lui. En 1961, Pierre Rabhi, qui étudie la philosophie en autodidacte, est OS dans une entreprise de la région parisienne. La condition ouvrière crée chez lui une insurrection aussi douce que radicale. « Je travaillais dans un lieu carcéral et je considérais que ma vie était plus importante qu’un salaire. Nous ne sommes pas nés pour le produit national brut mais pour vivre. » Avec sa compagne, il part s’installer en Ardèche. Lui, le déraciné d’une oasis du Sud algérien, va prendre racine sur une terre aride où, dès 1962, refusant tout conditionnement, il opte pour l’agriculture biologique. La « sobriété heureuse », 
une utopie incarnée, 
qui deviendra le titre d’un 
de ses ouvrages en 2010, est dorénavant son mode de vie. Parallèlement 
à son activité agricole, Pierre Rabhi poursuit 
un travail de réflexion 
et d’écriture : il a publié une quinzaine d’ouvrages. Dès la fin des années 1970, il forme des stagiaires à l’agroécologie. En 1981, à l’invitation de Thomas Sankara, il intervient au Burkina Faso. Ses réalisations et ses réflexions dépassent les frontières. Il crée le Mouvement pour la terre 
et l’humanisme et lance 
le mouvement Oasis 
en tous lieux. Aujourd’hui, à soixante-quinze ans, face au capitalisme, il prône la « puissance de la modération », « l’insurrection et la fédération des consciences ». Alors que 
les citoyens mettent en avant leur incapacité à agir, il les invite à « reprendre 
le pouvoir sur leur existence et à incarner une politique en actes dans chacune des sphères de leur quotidien ».  

En 1960, vous décidez de quitter 
usine et ville. Un choix radical 
et mûrement réfléchi ?

Pierre Rabhi. La question était pour moi : comment sortir de cette aliénation, existe-t-il une façon de reconquérir son destin ? Avec ma compagne, nous avons décidé de retourner à la terre. Les critères de beauté ont beaucoup pesé dans le choix du lieu où nous voulions vivre. En complet décalage avec les critères traditionnels ! La beauté est une valeur importante dans la vie, mais elle ne figure jamais dans un bilan. Dès le début, nous avons établi une feuille de route : intégrer la modération, ­rester dans un cadre sobre et maîtrisable. J’ai alors passé un petit diplôme d’agriculteur, pour me former, et j’ai découvert que nous étions dans une forme de guerre contre la nature. Il fallait travailler en permanence avec un masque, vu la dangerosité des produits que nous manipulions à longueur de journée. J’ai refusé cela et j’ai trouvé que des gens avaient déjà mis au point des méthodes d’agronomie respectueuses de la nature. J’ai fait tout de suite ce choix.

Un choix qui a guidé votre vie et reste 
pertinent aujourd’hui ?

Pierre Rabhi. Il y a aujourd’hui des valeurs essentielles à mes yeux dont je vérifie la pertinence et la réceptivité grâce au débat public. Les idées que j’essaie de promouvoir depuis des années reposent sur une composante très concrète, je suis un agroécologiste dans la matière, sur la terre. J’essaie de vivre sur des principes qui ne sont pas ceux du « produisons, détruisons et polluons », mais du « produisons, valorisons et améliorons ». Nous sommes face à un choix radical : soit nous nous nourrissons en détruisant la terre qui nous nourrit, soit nous nous nourrissons en entretenant la vie, la terre pour nous-mêmes et les générations à venir. Aujourd’hui, à cause de notre boulimie, notre inintelligence, notre non-sens, notre cruauté, nous laissons aux générations futures de trop graves problèmes à régler. Ce n’est pas déontologiquement acceptable.

Vous avez vérifié les dégâts de ce que 
vous appelez l’« agro-nécrocarburante » jusqu’en Afrique…

Pierre Rabhi. En 1981, des paysans du Burkina Faso ont fait appel à moi. Ces paysans des zones semi-arides avaient subi un dérèglement complet de leur existence du fait de la « modernité ». En son nom, on leur avait dit : « Abandonnez les petites parcelles qui vous nourrissent, cultivez du coton et de l’arachide pour exporter ! » Des brigades de vulgarisateurs parcouraient la brousse avec des sacs d’engrais : « Essayez cette poudre des Blancs, vous allez voir ! » Sur un sol semi-stérile, l’engrais fait des miracles. On donnait cette poudre aux paysans en les invitant à rembourser une fois la récolte faite. Mais la vente du produit des récoltes ne compensait pas l’investissement de l’intrant. Les paysans étaient pris dans la spirale de l’endettement. Face à cette situation, je me suis retrouvé alors à ­expliquer comment l’agroécologie pouvait être une alternative à ce système. Une démarche scientifique, pas un truc façon soixante-­huitards. Nous avons lancé un nouveau paradigme. ­Thomas Sankara, qui présidait alors le ­Burkina Faso, avait décidé d’en faire une politique ­nationale. Hélas, il a été assassiné.

De ces expériences, vous avez tiré la conclusion que notre modèle économique est mortifère…

Pierre Rabhi. Notre modèle actuel de société est en déshérence, ne répond plus et provoque un grand nombre de tragédies dans le monde. Le capitalisme cumulatif a réinstauré une féodalité planétaire, provoquant une vulnérabilité humaine et nous installant dans la voie de la confiscation du patrimoine vital de l’humanité par une minorité. Cela m’est insupportable. On aboutit à un paroxysme que j’appellerai « un hold-up légalisé ». Je ne peux pas admettre que l’argent justifie tout. Dans le processus de survie de l’humanité, nous sommes face à des sols détruits, 60 % des semences traditionnelles cumulées depuis 10 0000 à 12 000 ans ont disparu… Avec les OGM, les grandes firmes s’occupent d’évacuer tout ce qui les gêne pour dégager des espaces de profit. En suivant ce chemin, l’humanité va se retrouver subordonnée à la stricte autorité de l’argent et des gagneurs d’argent. C’est un coup d’État planétaire qui est en train de se faire insidieusement. Car, ce qu’ils savent faire le mieux, c’est emprunter les voies subliminales : créer du consentement chez l’autre. Apporter un message et convaincre l’autre de sa véracité. La force de ce système réside dans la manipulation humaine.

Ce sont ces considérations qui vous ont poussé à vous présenter à l’élection présidentielle 
en 2002 ?

Pierre Rabhi. La seule chose qui m’intéressait dans cette aventure était d’ouvrir un espace de débat public au plan national et d’y défendre des idées qui ne s’inscrivent pas dans le strict cadre de la politique. Parmi celles que je voulais mettre en avant : le féminin au cœur du changement, parce qu’on a banalisé la subordination de la femme au plan planétaire ; l’éducation, dont la base ne doit pas être la compétition mais la coopération, la solidarité ; l’incarnation des utopies, parce qu’elles ne sont pas des chimères, mais au contraire ce qui fait avancer le monde ; l’agriculture, qu’il faut sortir du désastre dans lequel elle s’enfonce. Et puis, grand blasphème qui m’aurait valu le bûcher : la décroissance. Je me suis aperçu que nos idées étaient plus partagées que je ne le pensais. C’est normal, l’écologie c’est la vie, personne n’y échappe. J’intègre à l’écologie, l’être humain, notre rapport les uns aux autres, pas seulement entre la nature et nous.

L’être humain reste un point central 
dans votre réflexion…

Pierre Rabhi. L’humain s’est autoproclamé le meilleur et a décrété sa domination sur la nature et sur la vie. Il s’est donc arbitrairement octroyé des prérogatives qu’il considère ­aujourd’hui comme normales. Nous sommes dans ce brouillard-là. L’être humain, par sa pensée, sa capacité spéculative, sa perception du temps, sa connaissance de la vie, n’a-t-il pas plus le devoir de protéger et de prendre soin, plutôt que de détruire ? Nous devons être les gardiens de la vie et non ses destructeurs. À partir de là, se pose la question : « Peut-on remettre en phase ­l’humain et la nature ? » Aujourd’hui, nous ­faisons de l’humanitaire. Mais l’humanitaire, c’est la défaillance de l’humanisme. Nous sommes dans le scénario global d’une catégorie sociale humaine qui pille la planète, qui confisque les biens des gens jusqu’à les rendre pauvres et qui, ensuite, court avec des sacs de riz pour leur dire : « Voyez comme nous sommes gentils. » C’est la politique du pompier pyromane. Cette politique a l’appui de chefs d’État pourris, prêts à vendre leur pays et ses ressources au détriment de leur propre peuple. Ces chefs d’État corrompus, complices du banditisme international, m’écœurent. Thomas Sankara a tenté de s’opposer à cela et il a été assassiné.

Quels moyens préconisez-vous pour sortir 
de cette situation ?

Pierre Rabhi. Je pense qu’il faut une fédération des consciences car chacun est un peu pétrifié dans son histoire. Les croyances, les idéologies fragmentent les sociétés. Regardez une ­mappemonde, vous êtes face à un puzzle de nations. C’est un processus de destruction généralisée. L’ensemble du genre humain est confronté à la question de son propre devenir. Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Quels enfants laisserons-nous à notre planète ? Il faut transcender tout cela, fédérer les consciences et raisonner en termes d’humanité. Il faut universaliser la réponse.

En appeler à l’individu, est-ce suffisant ?

Pierre Rabhi. Il est vrai que vous pouvez manger bio, recycler votre eau, vous chauffer à l’énergie solaire… et exploiter votre prochain. Je remarque d’ailleurs que le capitalisme s’intéresse aux alternatives. Il laisse la société civile faire le boulot et quand la situation est mûre, il le détourne à son profit. Quand je vois la bio se retrouver entre les mains de la grande distribution, je me sens ruiné. Aujourd’hui, soit on est subordonné à un système inique, unique et totalitaire qui est fondé sur la puissance ­absolue de la finance, qui est elle-même capable de ­subordonner les États et de ­déterminer les destins collectifs en ­fonction de ses propres critères, soit il faut marquer une forme ­insurrectionnelle. Produire et consommer localement est ­aujourd’hui un critère politique, quand ­l’alimentation est confisquée par des trusts qui font circuler en tout sens les produits dans des camions pour leur plus grand profit, seul ressort de cette dynamique. À tous nos ­stagiaires qui viennent apprendre à cultiver bio, je dis qu’ils sont en train de commettre un acte de résistance et un acte politique. Toute ­démarche qui construit de l’autonomie est ­insurrectionnelle parce que notre système a instauré 
– et n’existe que grâce à – la dépendance. Les trusts, aujourd’hui, nous rendent dépendants. Cette dépendance est claire avec les OGM : ils ­neutralisent les semences transmissibles. En Inde, cela a provoqué de nombreux suicides de paysans. C’est un crime contre l’humanité.

Parmi vos propositions, vous mettez en avant aujourd’hui la notion de « puissance de 
la modération ». Comment se traduit-elle ?

Pierre Rabhi. La puissance de la modération est une option politique. Nous ne sommes pas dans la morale, dans l’ascèse ou la mortification, si nous sommes nombreux à adopter la modération face au toujours plus, infini. Nous n’avons qu’une planète, nous sommes dans un système limité. Dans le cadre d’un humanisme généralisé, nous devrions tenir compte des capacités de notre terre, les partager équitablement sans oublier les générations futures. Voilà une réflexion fondamentale. Produire toujours plus, ça veut dire aussi toujours plus travailler. Dans la logique du capitalisme généralisé, c’est augmenter les profits, réduire les charges, et donc aussi éliminer les gens, en exclure toujours plus. Dans ce système, on produit de plus en plus de choses et on réduit les moyens des gens qui ne peuvent plus les acheter. La publicité entretient la frustration, laisse des citoyens en permanence inassouvis. Une de mes problématiques est, aujourd’hui, comment aller vers la simplicité ? Dans la société civile, des gens pourtant conditionnés pour penser la complexité vont vers un mode de pensée qui passe par la simplification. Il y a aujourd’hui tout un réservoir de gens qui innovent, inventent, et tout notre boulot est de parvenir à les fédérer pour en faire une proposition politique. Et si les politiques acceptent de sortir du schéma de la croissance à tout prix, qui est négatif, et soutenir ces initiatives, en faire une proposition sociopolitique, là, oui, il y aura de l’intelligence. Nous en avons besoin. À l’appauvrissement financier, il faut donner une réponse non financière.

Vous prônez la décroissance depuis longtemps. A-t-elle toujours autant de vertu à vos yeux ?

Pierre Rabhi. Quand on invoque la croissance, ça veut dire qu’on maintient les castes qui concentrent l’argent. Même s’il y avait générosité, ­attention à l’autre, il faudrait se demander à quoi elle sert. À fabriquer des armes ? Combien de dépenses sont faites sans qu’on prenne l’humain en compte ? L’urgence, c’est l’humain. Dans les entreprises, c’est en se délestant des salaires qu’on fait un meilleur bilan. C’est ça, la croissance économique ? Si l’urgence absolue était de maintenir le travail et non de mettre les gens dehors pour augmenter le profit, la situation serait complètement différente. Aujourd’hui, peu importe l’humain. On a mis en place des palliatifs pernicieux pour éviter que les gens ne meurent de faim. C’est inique, d’autant que je suis persuadé que ces palliatifs ne tiendront pas longtemps. L’indigence va se développer… Face à une telle situation, je considère que les hommes politiques sont dans la gestion, dans l’entretien du système, dans l’acharnement thérapeutique. Pourtant, ce modèle ne peut pas tenir, c’est impossible. Il ne tiendra pas. Par contre, la société civile invente, innove, imagine un autre modèle de société. Avec la puissance de la ­modération, on inverse les choses. La modération devient un fondement puissant de l’organisation d’un monde futur. Avec elle, le capitalisme a du souci à se faire.

  • Une conférence de Pierre Rabhi sur "la sobriété heureuse"
     
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9 août 2013 5 09 /08 /août /2013 16:58

 

Médiapart - Blog

Dans la série "Le tour de France des alternatives", aujourd'hui : "Et si vous embauchiez un « fermier de famille » ? "

 

Auteur : Emmanuel Daniel
Cet article est libre de droit. Merci cependant de préciser le nom de l’auteur et un lien vers l’article d’origine, cliquer donc ici ! :o)

 

Afin de ne pas être esclaves de leur travail et de s'assurer un salaire minimum, des paysans ont opté pour la vente directe. 100% de la production est prépayée par les consommateurs, sur le modèle des fermiers de famille québecois.


Qui dit agriculteur pense souvent vie de sacrifices. Semaines de travail interminables pour une rémunération misérable, une vie sociale réduite à la portion congrue et un endettement colossal menant parfois jusqu’au suicide. « 40% des paysans gagnent moins que le smic et c’est la catégorie socio-professionnelle qui travaille le plus », explique Mathieu.

 

Mais, cet agriculteur de 32 ans installé depuis 2006 a trouvé un système lui permettant de ne pas passer sa vie dans les champs. Il travaille « seulement » une quarantaine d’heures par semaine réparties sur 4 jours et prend 6 semaines de vacances par an. Il gagne un peu plus que le Smic et n’a pas d’emprunt sur le dos. Son secret pour ne pas être « esclave de son travail » ? Le système des « fermiers de famille », venu du Canada. Le principe est simple : plusieurs familles se regroupent et commandent à l’avance la production d’un ou plusieurs paysans.

 

* 100% Amap

Avec ses deux associés du GAEC La pensé sauvage, ils écoulent 100% de leurs récoltes maraîchères directement auprès du consommateur final grâce à une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Les cent adhérents déboursent 1 000 € par an pour leurs paniers de légumes bios distribués 48 semaines dans l’année (soit 21 € par semaine). Grâce à cette rentrée d’argent, les agriculteurs sont assurés de pouvoir se verser deux salaires au Smic horaire et de couvrir l’ensemble de leurs charges (loyer des terrains qu’ils louent, amortissement des machines, semences…). La troisième paie est financée par les ventes de tisanes, de condiments ou de liqueurs fabriquées à partir de plantes séchées qu’ils récoltent dans leurs champs ou en montagne.

Ce système garantit aux producteurs un revenu et des conditions de travail décents et permet aux membres d’économiser entre 1 et 3 € par panier par rapport aux prix pratiqués sur les marchés. « Nous ne sommes pas payés par rapport au contenu du panier mais par rapport à notre temps de travail », explique Mathieu. En effet, si la composition du panier fluctue en fonction des aléas météorologiques, son prix, lui, reste le même.

 

* Amap : banque et assurance des agriculteurs

Motteuse.

Une chance que ne connaissent pas les agriculteurs classiques. « Cette année, nous n’avons pas pu livrer de paniers pendant 3 semaines à cause du mauvais temps. Quelqu’un qui fait les marchés n’aurait pas eu de revenus pendant cette période, nous si », explique Jérôme, un des associés.

« L’Amap est à la fois notre assurance et notre banque », indique Mathieu. Car, en plus de les protéger des intempéries, l’abonnement versé chaque année par les amapiens les prémunit également des problèmes de trésorerie. Quand, au début de l’année, leurs confrères doivent acheter leurs semences à une période où ils n’ont pas de rentrées d’argent, leurs comptes sont souvent dans le rouge. Eux ne connaissent pas ce problème. « Notre banquier nous dit que nous n’avons pas besoin de lui », s’amuse Mathieu, entre deux coups de binette.

Surtout qu’ils n’ont pas d’emprunt sur le dos. Ils sont locataires des terres qu’ils exploitent et leur matériel a été principalement financé par la dotation jeunes agriculteurs (aide à l’installation) et quelques fonds propres. Quant à leurs semences, elles sont en partie autoproduites. Une situation qui leur permet de ne pas recourir aux subventions de la Politique agricole commune (PAC).

 

* Briser les idées reçues

Mais si ce système permet de réduire le temps de travail et l’incertitude financière, principaux freins à l’installation des agriculteurs, il implique également des contreparties. Les associés doivent rendre des comptes à ces particuliers qui les financent. « Nous sommes 100% dépendants de nos adhérents. C’est un peu comme si nous étions salariés de l’Amap », reconnaît Mathieu. Ils sont toujours maîtres sur leur exploitation, mais  justifient néanmoins leurs choix devant l’assemblée générale de l’association. Et pour cause, « chacune de nos actions aura une conséquence sur leurs paniers », explique Jérôme.

Alors, pour éviter qu’ils ne les laissent tomber, les 3 paysans jouent la carte de la transparence. Quand le temps n’est pas à la fête et que les paniers ne sont pas aussi pleins qu’à l’accoutumée, les agriculteurs envoient des photos et invitent les membres à passer pour constater les dégâts. Des soirées-débats sont également organisées tous les trois mois afin que les adhérents comprennent mieux le quotidien des paysans. Un travail pédagogique qui permet, selon Gwen, le 3ème associé, de « briser quelques idées reçues » :

« On les met face à notre réalité et on leur explique pourquoi il n’y a pas de légumes. L’Amap met en contact deux milieux, les consommateurs comprennent les problématiques des producteurs et inversement. Ça permet de leur faire prendre conscience que ce n’est pas au producteur d’assumer tous les risques », insiste Gwen. Une responsabilisation bien vécue par les adhérents de l’Amap : « ça leur fait plaisir de savoir qu’ils permettent à des paysans du coin de vivre décemment de leur travail », assure Jérôme.

La prise de conscience des contraintes agricoles a également permis de changer les habitudes alimentaires des adhérents. « Nous avons introduits la saisonnalité dans leur consommation. Certains membres aiment tellement nos tomates qu’ils ont arrêté d’en acheter ailleurs pendant l’hiver », se réjouit Mathieu.

 

* Agriculture participative

IMG_9910

Et ce travail pédagogique ne se résume pas à des paroles. Plusieurs fois par an, les Amapiens sont invités à venir donner un coup de main à la ferme, notamment lors de la récolte de pommes de terre. Au delà de l’économie de main d’œuvre réalisée, ces journées favorisent la rencontre entre les membres. « Les gens viennent pour le panier mais aussi pour le lien », pense Mathieu.

Et les échanges se poursuivent pendant les distributions qui sont totalement autogérées. Les paysans déposent dans des caisses le contenu de leur récolte du jour et inscrivent sur un tableau la composition de chaque panier. Ensuite, c’est aux membres de se servir. « Ils pèsent eux-mêmes les légumes, ça leur permet de discuter et d’échanger des recettes », raconte Mathieu.

En hiver, lorsque la quantité de légumes est trop importante et pas assez variée pour permettre aux adhérents de consommer toute leur part, les paysans proposent des ateliers de mise en conserve. Grâce à ces temps d’échange, les membres ne sont plus seulement des consommateurs, ils deviennent des acteurs de leur alimentation.

Convaincus de la viabilité de leur mode de fonctionnement, les 3 paysans comprennent néanmoins qu’il ne séduise pas tout le monde. « Certains agriculteurs ne veulent pas avoir de comptes à rendre », estime Mathieu. En outre, si les associés sont assurés de toucher le Smic, ce système ne leur permet pas de gagner plus. Un détail qui peut freiner les paysans soucieux de réaliser des « gros coups » pendant les années fastes.

Pour autant, pas question pour eux de recommencer à vendre sur les marchés comme ils le faisaient au début de leur activité :


« Quand tu fais les marchés tu grilles tes week-end et ça te prend deux fois plus de temps que pour une distribution en Amap. En plus, s’il pleut, tu ne vois personne et tu es obligé de jeter. Les maraîchers jettent en moyenne 30 à 40% de leur production. Nous on ne jette rien. S’il n’y avait pas l’Amap, j’arrêterai », tranche Mathieu.

 

Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Au contraire, les 3 associés pensent déjà au moyen de perfectionner leur système, notamment en permettant aux adhérents de payer une partie de leur panier en temps de travail. En attendant, Gwen se satisfait d’avoir réussi à « proposer une alternative au système de consommation actuel » tout en « produisant de la bonne bouffe vendue localement ».

 

* La mutualisation, exemple du bon sens paysan

 

Afin de réduire leurs coûts, les agriculteurs de La pensée sauvage ont décidé de jouer la carte du collectif. Avec d’autres paysans de la région, ils mettent en commun machines, astuces et même leurs terres. Ainsi, ils cultivent leur patates dans le champ de leurs confrères et, en échange, ils en produisent pour eux et leur mettent à disposition un tracteur et un chauffeur lors de la récolte. Les 3 associés prêtent également un de leurs terrains à un éleveur qui leur fournit du fumier en retour. Enfin, pour la préparation de leurs plants, ils travaillent en bonne intelligence avec d’autres exploitants afin de limiter les investissements superflus. L’un d’eux a acheté la serre, un autre la machine à planter et le troisième le véhicule pour les transporter. Mathieu qualifie cet échange de bons procédés de « mutualisation souterraine » car aucun contrat ni échange monétaire ne vient graver dans le marbre cette manifestation du bon sens paysan.

 


Emmanuel Daniel
Cet article est libre de droit. Merci cependant de préciser le nom de l’auteur et un lien vers l’article d’origine, cliquer donc ici ! :o)

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7 août 2013 3 07 /08 /août /2013 13:27

 

nature-construction.com

maison-autonome

Qui n’a jamais rêvé de ne plus recevoir de factures, de s’affranchir du réseau électrique, de ne pas être raccordé à celui de l’eau ? Se sentir libre de tous ces fils à la patte et surtout faire beaucoup, beaucoup d’économies  tout en contrôlant enfin sa consommation grâce à la prise de conscience de ses besoins réels.

 

Allumer la lumière, c’est aussi facile qu’un clic sur un bouton, pourtant chez Christophe, dans sa chaleureuse petite maison au bord du Vidourle, c’est une autre histoire ! Ici, on est complètement autonome, on se débrouille tout seul pour produire l’électricité dont on a besoin et on pompe l’eau en fonction de sa consommation. La vie de cette famille de 4 personnes est-elle pour autant pavée de sacrifices, de privations et de restrictions ? Non pas du tout ! Ils sont tous très bien portant, heureux et surtout fièrs et c’est ça qui nous a beaucoup plu.

La maison autonome au bord du lac 154 panneaux solaires photovoltaïques assurent l’entière couverture de leurs besoins en électricité. Ils sont installés bien verticalement à l’entrée de la maison. L’avantage ? Un simple coup de jet suffit comme entretien et la pose est très facile. L’énergie est stockée dans des batteries, qui distribuent le courant aux différents postes de la maison.

Pour se contenter de si peu, il n’y a pas de secret, il faut consommer peu de courant. Laissons tout de suite de côté les radiateurs électriques, les plaques de cuisson, les halogènes, la machine à laver, le sèche-linge, le four électrique et tout autre appareil énergivore. Christophe utilise l’électricité avec parcimonie et ses seuls besoins vont vers quelques lampes, une chaîne hifi « home made », un ordinateur portable, un lecteur de DVD et un chargeur de piles.

Chaîne hifi maison !Résultat : La famille consomme moins que l’électricité produite par les trois panneaux solaires. Et pour le reste, comment font-ils ?

Et quand il n’y a pas de soleil ou qu’il faut alimenter de gros outils (électro-portatif un peu gourmand etc …), il y a un groupe électrogène à diesel, qui tourne avec de l’huile de friture recyclée ! Vous trouverez en bas de page une fiche de savoir à ce sujet …

La maison autonome au bord du lac 09

Dans la cuisine ?

Ils ont un four et des plaques de cuisson à gaz. L’hiver, ils l’alimentent avec des bouteilles et l’été, ils composent leurs déchets et fabriquent leur propre bio méthane !! C’est beaucoup plus facile que ce que l’on imagine : on accumule les déchets dans une cuve, que l’on emboîte d’un couvercle de taille juste inférieure avec un robinet sur le dessus. Les déchets fermentent en-dessous et le couvercle remonte, poussé par le gaz. On branche alors un tuyau sur le robinet vers un réchaud et hop on cuisine !

Fabrication du bio-méthane La maison autonome au bord du lac 07 La maison autonome au bord du lac 08

Pour faire cuire de grandes quantités d’aliments, ou en appoint du gaz, ils ont un poêle à bois d’extérieur fait maison à très fort rendement. Il suffit de peu de branchettes pour l’allumer et l’alimenter, toute la chaleur se concentre directement sur la cocotte au dessus ! Vous trouverez une fiche de savoir en bas de page pour en construire un vous aussi …

Dans les jours de beaux temps, Christophe a aussi bricolé un four solaire, pour cuire des gâteaux ou pour les cuissons lentes. Il est différent de celui que nous avons ici, chez Bruno à Vauvert. Celui-là se présente sous la forme d’une boite avec des miroirs à l’intérieur. On cuit en beaucoup plus de temps qu’avec les cuiseurs paraboliques, mais au moins on n’a pas à trop surveiller l’installation, rien ne déborde et on évite de se brûler.

Dans la cuisine il n’y a pas de réfrigérateur. Cela ne veut pas dire qu’ils ne consomment pas de produits frais, au contraire même ! La famille est végétarienne, ce qui évite de se poser des questions concernant la conservation de pas mal de produits. En ce qui concerne les périssables, ils les consomment rapidement après ouverture (comme le lait de riz, une brique dans la journée) et vont faire les courses plusieurs fois par semaine chez le maraicher bio à deux pas de là !

La maison autonome au bord du lac 14Dans le lavabo, on pompe de l’eau directement dans la source d’eau potable 5 mètres au dessous. Ils sont chanceux d’avoir cette installation et en sont conscients. L’action de pomper aide à n’utiliser que ce dont on a besoin. C’est plus facile d’être économe qu’avec un robinet !

Les poubelles de la cuisine sont minimalistes. Les épluchures et autres déchets organiques finissent au compost et retourneront à la terre d’ici 6mois/1an. Les contenants sont bien entendu recyclés, ce qui laisse peu de place aux autres déchets non identifiables…

Dans le salon ?

Le chaleureux salon est équipé d’un petit lecteur de DVD pour les enfants, des livres et des jeux de société pour les longues soirées d’hiver. Pas besoin de beaucoup d’électricité, juste de quoi s’éclairer !

La maison autonome au bord du lac 13Pour se chauffer, ils ont disposé un poêle à bois avec des briques de terre compressée tout autour, pour accentuer l’inertie thermique et répartir la chaleur. La maison est bien isolée (bois et paille) il suffit donc de quelques stères l’hiver pour être heureux au chaud !

Et pour laver le linge ?

Ne vous inquiétez pas, la maman n’est pas redevenue lavandière au lavoir du coin ! Christophe a bricolé un astucieux système de lave-linge à pédale. C’est un objet incroyable, qui nous a beaucoup plu ! Il a démonté le tambour d’une vieille machine et l’a couplé avec une courroie à la roue arrière d’un vieux VTT. Il suffit de pédaler 15 minutes pour laver son linge ! On ajoute simplement un peu d’eau chaude chauffée au poêle à bois dehors et on rince à l’eau froide. Pour essorer on redonne quelques tours comme avec un panier à salade et hop ! Le linge est prêt à être étendu avec peu d’efforts et en prime un peu de sport. La force musculaire, c’est la plus économe après tout ! Par ailleurs, on redécouvre les notions de « propre » et de « sale ». En fait, on devient efficace et on réduit les gaspillages que l’on est plus tenté de faire lorsque l’on n’a qu’un seul bouton à presser.

La maison autonome au bord du lac 19 La maison autonome au bord du lac 16

Et la salle de bain ?

La salle de bain est très minimaliste, un lavabo avec une pompe et un bac de douche. Ils ont choisi de se doucher à la cruche, avec de l’eau chauffée au poêle à bois à l’extérieur. C’est un choix que certains trouveront extrême, j’y pensais justement et je me disais qu’avec une douche solaire que l’on accroche au mur et que l’on chauffe avec un panneau thermique ou avec de l’eau chauffée au poêle, on peut vraiment s’en sortir économiquement et écologiquement sans trop sacrifier son confort.

La maison autonome au bord du lac 03Les toilettes sont près de l’entrée et sont sèches bien entendu ! Quelle aberration de dépenser des litres d’eau potable pour tirer la chasse … Ils ont installé une pièce avec un trône tout à fait digne des fessiers royaux, avec un grand tonneau de sciure à côté. Christophe nous expliquait que si c’était à refaire, il ferait des « toilettes brouette ». C’est-à-dire qu’au lieu d’un seau que l’on vide quand il est plein, on remplit une brouette que l’on sort par une porte de derrière et qu’on dépose au compost beaucoup plus facilement.

Il recouvre ensuite son tas de compost (remplit donc d’épluchures et des déchets des toilettes) de paille et au bout d’un an environ, il a un super engrais ! C’est pas la peine de faire la moue, sachez que de toute façon, la terre c’est du caca de vers de terre ! Et ne parlons pas du fumier et du lisier ;)

Et où vont les eaux grises s’ils ne sont pas raccordés au réseau ? Elles vont dans la phytoépuration ! Deux premiers bacs avec des gros cailloux et des roseaux pour filtrer une première fois l’eau sale (qui vient donc de la douche et des lavabos), et trois autres niveaux avec des plantes de différentes sortes pour sortir à la fin une eau si claire qu’on en boirait ! Mais attention, ils n’a pas encore fait d’analyses précises pour étudier la pureté de l’eau, on l’utilise alors pour le jardin !

La maison autonome au bord du lac 06

Bon, avec tout cela je suis sûre que vous vous dites que cela prend un temps fou de s’occuper de toutes ces installations et qu’on a mieux fait de vivre avec des factures. Hey bien sachez que Christophe et sa femmes ne travaillent pas, pour justement prendre le temps de vivre comme ils ont envie. A quoi bon passer sa vie à la gagner si l’on a presque plus de dépenses ? Des petits boulots qui leurs conviennent, des échanges de services leurs suffisent pour vivre de manière simple et agréable et surtout, ils ont le temps de profiter de leurs deux enfants, de les élever dans l’amour et de faire pleins de loisirs enrichissants avec eux. Christophe fait l’école à la maison à sa fille de 10 ans et en profite pour voir toute la journée son bout de chou d’un an, elle est pas belle la vie ?

Vous pensez peut-être que cette façon de vivre est extrémiste, c’est aussi ce que j’ai pensé jusqu’à ce qu’on aille leur rendre visite. Ils ont l’air tellement heureux, en bonne santé, plein de sourire et loin du stress. Leur maison est simple mais si belle et chaleureuse … Pourquoi ne pas prendre exemple sur cette façon de vivre en piochant ce qui nous intéresse en l’adaptant à notre propre quotidien ?

Et pourquoi tout ça? Pour une empreinte écologique soutenable pour la planète, par rapport au nombre d’habitants. L’empreinte idéale c’est 1,8 Ha par habitant. Le français moyen est à 5 Ha, un américain à 8. Christophe pense, à juste titre que prendre plus que sa part prive forcément quelqu’un ailleurs, puisque nos ressources ne sont pas infinies. Il nous a d’ailleurs cité cette maxime de Ghandi :  « Vivre simplement, pour que d’autres puissent simplement vivre ». Chez Christophe, l’empreinte est à 1,2 Ha ce qui est excellent au regard des chiffres évoqués plus haut. A savoir, 2 des particularités du mode de vie de Christophe qui leur permet d’avoir ce chiffre si bas : l’absence de voiture dans la famille et leur végétarisme.

Avec Nicolas, nous sommes partis plein d’idées et d’envies. Quand nous rentrerons, il est par exemple certain que nous ne rachèterons pas de machine à laver !! Nous irons plutôt faire un tour à la casse du coin pour récupérer de quoi faire un lave-linge à pédale.

Christophe n’est pas avare et partage très volontiers ses inventions avec qui le veut. C’est pour cela que nous vous proposons en premières « fiches de savoir », celles qu’il a réalisé pour son site internet « les outils de l’autonomie », qu’il nous a très gentiment prêté pour vous !

-> Apprenez à construire un lave-linge à pédale

-> Faîtes votre propre pocket-rocket ou cuiseur à bois

-> Apprenez à recycler votre huile de friture pour de petits moteurs diesel

La maison autonome au bord du lac 05La seule ombre à ce tableau, c’est la future expropriation de toute la famille … Leur magnifique havre d’autonomie est construit sur un terrain inondable et la mairie a décidé de fermer la zone par sécurité. Ils partiront au début de l’été vers la Bretagne, dans un endroit plus frais ou Christophe pourra faire pousser encore beaucoup de légumes, d’idées et d’outils pour l’autonomie !

Merci à eux pour leur accueil et leur gentillesse. Keep in touch' !

 

 

www.facebook.com/natureconstruction


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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 17:13

 

ouishare.net

Game over, Bitcoin ! À quand des monnaies virtuelles au service de l’humain ?
On 25 July 2013 by Stanislas Jourdan

 
 

La monnaie virtuelle Bitcoin est la preuve que les monnaies cryptées distribuées ont de l’avenir, mais ses défauts soulèvent des critiques justifiées. Il est temps de passer à l’étape suivante de la révolution monétaire pour créer un système au service de l’humain.

Quand Bitcoin a démarré en 2009, il ne s’agissait que d’un obscur projet crypto-anarchiste. Aujourd’hui Bitcoin est devenu un sujet super hype dans la communauté mondiale des utilisateurs d’internet – et même au delà. Des squats de Londres à Kreutzeberg, le quartier alternatif de Berlin, tout le monde n’utilise pas Bitcoin, mais tout le monde en parle.

De quoi s’agit-il ? On peut décrire Bitcoin comme une monnaie P2P chiffrée, c’est à dire un système monétaire décentralisé, distribué, qui permet d’effectuer des transactions anonymes et relativement sécurisées sans aucune autorité centrale. Au lieu d’être émise et gérée par un système bancaire opaque, les unités monétaires de Bitcoin sont créées par chaque utilisateur grâce à une logiciel open-source et des algorithmes malins qui assurent la sécurité du système contre la fraude. De cette manière, pas besoin d’autorité centralisée pour faire tourner le système : il s’auto-contrôle.

Si certaines rêvent que le bitcoin s’impose comme véritable alternative aux euros ou au dollar, aujourd’hui, le système demeure essentiellement utilisé pour effectuer des dons en ligne, acheter des services d’hébergement, jouer à des jeux d’argent en ligne, ou encore l’achat de stupéfiants.

 

bitcoin fonctionnement

 

Les usages demeurent donc limités, mais tout le monde s’accorde néanmoins à dire que Bitcoin est une formidable preuve de la validité du concept de monnaie P2P, du moins du point de vue technique. Beaucoup saluent aussi le fait que ce projet a réussi à ouvrir un débat important sur les défauts du système monétaire actuel. Mais Bitcoin est-il vraiment la bonne réponse ? De plus en plus d’économistes et de cyber-activistes pensent le contraire.

“Un système conçu pour créer des milliardaires en bitcoins”

Bitcoin fait l’objet de deux sortes de critiques. Technique, d’abord. Système sans autorité centrale et anonyme, Bitcoin est d’une grande aide pour les trafiquants de drogue, les vendeurs d’armes, et tout ceux qui opèrent sur le marché noir. Sébastiano Scrofina, co-fondateur de la monnaie complémentaire Dropis, a également recensé d’autres critiques. Mais les accusations les plus virulentes sont davantage économiques que techniques Le design même de Bitcoin est dénoncé.

Bitcoin a été conçu par des personnes qui croient en une certaine vision de l’économie. Bitcoin est conçu pour être comme de l’or, pour privilégier l’accumulation — Michel bauwens, P2P Foundation

Bitcoin peut être décrite comme une monnaie déflationniste, ou encore comme une simple marchandise virtuelle. Car, comme tout métal précieux, la valeur des unités de bitcoins dépend de leur rareté — leur nombre est limité à 21 millions. Pour les libertariens, ceci est justement tout l’intérêt du système. Mais pour les autres, il s’agit d’un vrai bug, comme l’explique Yannis Varoufakis, un économiste grec reconnu :

Pour faire simple, si Bitcoin arrive à pénétrer les marchés, cela signifierait qu’une quantité croissante de biens et services seraient échangés en bitcoins. Par définition, le taux d’augmentation de ces biens et services serait largement supérieur au rythme d’approvisionnement des bitcoins. En gros, une quantité limité de bitcoins devra faire face à une quantité croissante de biens et services. Et ainsi, la quantité disponible de bitcoins par unité de production va chuter, ce qui causera une déflation monétaire.

Felix Salmon, chroniqueur de Reuters, explique pourquoi cela est néfaste :

L’inflation est mal, mais la déflation est pire. Pourquoi ? Parce que dans un environnement déflationniste, personne ne dépense son argent — puisque quel que soit ce que vous voulez acheter, vous êtes sûr qu’il sera moins cher demain ou après demain. Et donc, les gens thésaurisent et ne dépensent que très sporadiquement, pour assurer les besoins les plus essentiels. Même les employeurs ne vont certainement pas dépenser pour embaucher puisque quelle que soit la productivité de la force de travail, ils s’en sortiront toujours mieux en conservant leur argent et en ne payant personne.

Essayons de résumer : puisque les unités de bitcoins sont créées à un rythme de plus en plus lent alors que de plus en plus de personnes rejoignent le système, la valeur des unités de monnaie ne peut qu’augmenter, alors que le prix des biens et service diminue. Par ce procédé, les nouveaux entrants ne peuvent obtenir qu’une plus petite part de la masse monétaire de bitcoins — à moins qu’ils ne soient déjà assez riches en monnaies officielles pour acheter des bitcoins.

Bitcoin crée de l’asymétrie et des inégalités là où il n’y en a pas” conclut Izabelle Kaminska, journaliste au Financial Times, “C’est un système conçu pour créer des millionnaires de bitcoin.

Au sommet de la pyramide de Bitcoin, 78 entités

L’existence de millionnaires de Bitcoin n’est pas un mythe. En examinant le “graph” de Bitcoin (pdf), la base de donnée géante des transactions réalisées depuis le lancement du système, les chercheurs Dorit Ron et Adi Shamir ont fait de fascinantes découvertes. En premier lieu, ils ont réussi à estimer que 59,7% des unités bitcoins sont ‘dormantes’, c’est à dire que la majorités des pièces virtuelles sont stockées au lieu d’être dépensées.

Plus intéressant encore, les chercheurs ont démontré que 97 % des comptes (et donc des usagers) disposent de moins de 10 bitcoins, alors qu’à l’inverse, une poignée de 78 comptes s’accaparent plus de 10.000 bitcoins. Enfin, les chercheurs sont parvenus à identifier seulement 364 transactions de plus de 50,000 bitcoins. Et que “toutes ces importantes transactions de provenaient que d’une seule transaction initiale qui fut opérée en novembre 2010”.

 

 

Finalement, un petit groupe de privilégiés contrôle la quasi-intégralité du système Bitcoin. Qui sont ces gens ? Des recherches complémentaires menées par Sergio Lerner suggèrent que l’un de ces millionnaires ne serait autre que le mystérieux Satoshi Nakamoto, prétendu inventeur de Bitcoin. Puisque Nakamoto était certainement le premier utilisateur du système, Lerner a pu retracer toutes les transactions liées à son compte, et estime qu’il possèderait environ 980.000 bitcoins, soit la bagatelle de 110 millions de dollars.

Si vous n’êtes pas sûrs de quoi penser de tout cela, lisez ce conseil que donnait Julian Assange à Eric Schmitt, le CEO de Google, en juin 2011:

Cela signifie que vous devriez rejoindre Bitcoin maintenant, très tôt. Vous devez être un “early adopter” [l’un des premier utilisateur]. Parce qu’un jour, vos bitcoins vaudront très très cher.

“Comment Bitcoin pourrait-il aider les Grecs?”

Scròfina pose la question d’un ton cynique. Du point de vue de la répartition des richesses, on pourrait attendre mieux d’une monnaie peer-to-peer. Varoufakis, l’économiste grec justement, conclut que l’idée d’une “monnaie dépolitisée capable de subvenir aux besoins d’une économie industrielle avancée” est une fantaisie. Il argumente :

Est-ce que ce système monétaire pourrait calibrer la provision de monnaie à long terme de manière à améliorer l’effet déflationniste tout en faisant pencher la balance du coté des transactions réelles plutôt que la spéculation ? Pour ce faire, il faudrait que Bitcoin ait une banque centrale, ce qui irait bien entendu à l’encontre du but même de Bitcoin d’avoir une monnaie virtuelle complètement décentralisée.

Cela signifierait-il donc que le projet idéaliste de construire une monnaie virtuelle décentralisée serait caduque ? Tous les détracteurs ne le pensent pas.

Michel Bauwens — fondateur de la P2P Foundation, institution pionnière dans l’utilisation de Bitcoin — a lui aussi sensiblement retiré son soutien à Bitcoin, qu’il a fortement critiqué lors de son intervention au OuiShare Fest. Mais contrairement à Varoufakis, il demeure optimiste :

Merci Bitcoin, car maintenant nous pouvons faire quelque chose de mieux ! — Michel Bauwens, P2P Foundation

Des propos fortement applaudis par l’audience résumaient assez bien deux jours d’intenses discussions sur les monnaies virtuelles — et un large consensus autour de l’idée qu’il nous faut une alternative à Bitcoin.

 

 

Après Bitcoin, par delà la rareté

Juste avant l’intervention de Bauwens, un consensus avait émergé parmi les intervenants d’un panel dédié aux monnaies virtuelles : les prochaines monnaies devraient soutenir l’économie réelle et être basée sur la confiance plutôt que la rareté. Mais par où commencer ?
Nous devons démanteler l’idée que que l’argent est une marchandise, une réserve de valeur”, explique Scròfina. Dans ces slides, il soutient l’idée d’un système monétaire post-rareté :

 

 

 

Cette analyse entre en écho avec celle de Izabella Kaminska, la journaliste-blogueuse du FT Alphaville :

Nous devons arrêter de réfléchir en termes monétaires et regarder les richesses réelles qui nous entourent, la croissance globale du niveau de vie dans le monde. La richesse est là, elle a simplement besoin d’une meilleure distribution.

Tout comme Varoufakis, Kaminska pense que c’est le rôle des institutions de le faire. Mais le même objectif pourrait-il être accompli dans le cadre d’une monnaie décentralisée, sans État ?

De nombreuses monnaies virtuelles alternatives cherchent à accomplir cela. Par exemple, Freicon et Litecoin sont deux projets qui utilisent en partie le code source de Bitcoin, mais avec des différences tangibles. Le second a une plus grande base monétaire (jusqu’à 84 millions d’unités au lieu de 21 million pour Bitcoin), ce qui facilite la possibilté d’obtenir des Bitcoins. Avec Freicoin — qui signifie “monnaie libre” en allemand — la masse monétaire peut s’accroître jusqu’à 100.000 unités, et de plus, Freicoin est une monnaie fondante, c’est à dire que les unités de monnaie perdent 5% de leur valeur chaque année. Le site web du projet explique :

Une monnaie fondante force l’intégralité du stock de monnaie à circuler, quel que soit le désir d’accumulation. Les banques, les financiers, et les entreprises ne peuvent plus thésauriser en attendant des taux d’intérêts plus élevés ou un climat plus favorable pour investir, car le démurage (caractéristique d’une monnaie fondante) agit comme une taxe sur l’argent dormant. La monnaie perd en permanence de la valeur, du coup l’incitation est davantage à consommer dès que possible pour ses besoins vitaux ou à investir à long terme, ce qui stimule la croissance économique, créant traditionnellement des emplois au passage.

En écrivant cet article, on m’a également très souvent cité le projet Ripple. Plus qu’une monnaie virtuelle, Ripple est un protocole de paiement qui peut être utilisé avec n’importe quelle autre monnaie telle que Bitcoin, ou encore l’euro ou le dollar. Ripple permet d’opérer des paiements en P2P sur la base des réseaux sociaux existants, en les transformant en réseaux de confiance par lesquels transitent les transactions.

 

 

“Avec Bitcoin, les ordinateurs sont les pairs, et non les utilisateurs”, assurait Michel Bauwens au OuiShare Fest. Un autre projet, plus radical encore, vise précisément à faire l’inverse.

Ce projet est né en France et s’appelle Open Universal Dividend Currency (open UDC). Comme Bitcoin, Open UDC est un protocole distribué d’échange de monnaies. Mais la grande originalité de ce système réside dans le fait que tous les utilisateurs se verront périodiquement verser le même dividende, un peu à la façon d’un revenu de base.

Concrètement, comme cela fonctionne ? À la différence des autres monnaies virtuelles qui intègrent un revenu de base (tel que OCCCU, la monnaie alternative d’Occupy Wall Street), nul besoin de taxe dans open UDC pour distribuer la monnaie aux utilisateurs. Open UDC émet tout simplement de nouvelles devises, comme par magie — mais en prenant soin de ne pas faire marcher inconsidérément la planche à billets.

Si Open UDC n’a pas encore été lancé, on sait d’ores et déjà que la création de monnaie sera gérée par un algorithme prenant en compte deux variables : le nombre d’utilisateurs d’Open UDC et la durée de vie moyenne d’un utilisateur au sein de la communauté. L’idée est que tout au long de sa vie, chaque membre de la communauté reçoive la même part relative de monnaie émise que tous les autres. De cette manière, “la quantité de monnaie en circulation croît de façon constante, ce qui évite qu’une minorité active n’en accapare une part excessive aux dépends de tout le monde”, me’expliquait l’un des contributeurs du projet. “Le système laisse toute la place aux nouveaux arrivants, afin que chacun puisse commencer à échanger sans avoir à s’endetter au préalable.

Sur le site officiel, le projet est ainsi décrit : “Open UDC permet aux gens d’échanger des biens et services virtuels dans un esprit d’équité, dans l’espace entre les membres actuels, et dans le temps entre membres actuels et membres futurs.

Changer la culture de l’argent

La monnaie idéale serait-elle donc à portée de main ? Sebastiano Scrofina reste prudent : “En théorie, Open UDC pourrait marcher, mais en pratique, il ne suffit pas de mettre un protocole sur pieds. Il faut avant tout une communauté d’utilisateurs qui se font confiance.

Un constat qui ne manque pas d’ironie si l’on songe que Bitcoin est précisément bâti sur le principe opposé : la méfiance. Bitcoin est conçu pour que personne ne doive rien à personne. Les utilisateurs mènent leurs transactions à leur terme avant de se volatiliser complètement.

De ce point de vue, Bitcoin est antidémocratique. Le système est basé sur la méfiance plutôt que la confiance, et il évite d’endosser une quelconque responsabilité. Et pour cause : il n’existe en son sein aucune entité identifiable susceptible  d’endosser cette responsabilité. C’est un mécanisme nihiliste, une alternative séduisante uniquement pour ce qu’il y a de pire. — Felix Salmon

À ce stade, on ne peut s’empêcher de se demander : si Bitcoin est si affreux, pourquoi est-il utilisé par tant de monde ? Probablement parce qu’en dernière instance, la monnaie est une question de culture : aussi longtemps que les gens s’obstineront à considérer la monnaie comme une marchandise, ils préféreront les devises qui autorisent l’accumulation, la spéculation et la concurrence entre utilisateurs.

La bonne nouvelle est que l’économie du partage, qui connaît à l’heure actuelle un développement rapide, change notre culture en profondeur en créant un contexte d’abondance croissante et rendant à l’humain sa place d’unité fondamentale des échanges économiques. Si nous adhérons véritablement aux valeurs qui sous-tendent l’économie collaborative, il est temps de revoir nos ambitions à la hausse et de créer des systèmes monétaire décentralisés que cette nouvelle économie mérite : des monnaies réellement fondés sur l’humain.


Credit picture PaternitéPartage selon les Conditions Initiales zcopley Paternité keep_bitcoin_real

Merci à Arthur de Grave pour la traduction

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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 16:52

 

rtl.be

 

 

  
Vidéo publiée le 04-08-2013

Les objets devenus inutiles ou superflus y sont mis gratuiterment à la disposition d'autres personnes; une démarche citoyenne et écologique aussi.

 

 

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4 août 2013 7 04 /08 /août /2013 16:59

 

besancon.tv

01 mai 2013

 

  

 

 

Facturé à près de 300 euros, le moteur permet de réduire de 20 % environ la consommation en carburant et de plus de 30 % la pollution

 

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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 17:38

|  Par Jérôme Hourdeaux

 

 

Lors du camp de hackers OHM 2013, qui se tient actuellement aux Pays-Bas, de nombreuses solutions ont été présentées pour assurer une diffusion sécurisée des informations, et l'anonymat des whistleblowers. De l'application Android jusqu'au projet visant à « chiffrer l'ensemble du web ».

En écho à une actualité particulièrement chargée, et à l'intervention au premier jour du fondateur de WikiLeaks Julian Assange, les questions de “whistleblowing” et de surveillances du net ont bien entendu été au cœur du camp de hackers OHM 2013.

D'autant plus que les organisateurs ont eu à gérer une vive polémique en raison de la présence, parmi les sponsors officiels de l'événement, de la société de sécurité informatique néerlandaise Fox-IT, connue pour ses nombreux contrats avec le gouvernement néerlandais et ses agences de renseignement. Pour de nombreux hackers, inviter l'un des gendarmes du net à l'un de leurs rendez-vous les plus importants a été vécu comme une véritable provocation, au point que certains ont préféré boycotter l'événement plutôt que de côtoyer l'une de leurs bêtes noires. Au lendemain de la première nuit, la tente de Fox-IT avait d'ailleurs été « redécorée » et barrée par les initiales “NSA”.

 

 
© JH

L'organisation de OHM a tenté de calmer le jeu en organisant une rencontre avec les hackers. Mais, malgré sa piscine gonflable et une invitation rajoutée à la dernière minute à côté de l'entrée – « Si vous voulez discuter de tout ça, s'il vous plaît entrez » –, le stand de Fox-IT est sans aucun doute le moins visité du camp… Il faut reconnaître qu'inviter une société de surveillance informatique l'année de la condamnation de Bradley Manning et de la révélation du scandale PRISM par Edward Snowden n'était pas forcément la meilleure idée qu'ait eue l'organisation.

Si le dialogue avec un des surveillants du net semble impossible, c'est sans doute parce que les hackers préfèrent développer leurs propres solutions. Et à ce niveau, OHM 2013 a été l'occasion de présenter toute une série de dispositifs permettant une circulation libre et anonyme des informations et des données, loin des regards des différents Big Brothers.

 

© JH

Une bonne partie de ces solutions repose sur la cryptographie, c'est-à-dire les technologies permettant de chiffrer les données, ainsi que sur « les réseaux anonymes », des sous-ensembles du net construits par les utilisateurs afin d'assurer leur sécurité et dont le plus connu est Tor. Ce réseau repose sur un système décentralisé de “routeurs” redirigeant les données de manière aléatoire, brouillant ainsi en quelque sorte les pistes et rendant beaucoup plus difficile la surveillance du flux d'informations.

Reposant en grande partie sur la participation des internautes, qui sont grandement invités à créer leur propre relais afin de complexifier encore plus le réseau, Tor a fait l'objet de plusieurs rencontres, discussions et ateliers. Le réseau anonyme sert également d'infrastructure technique à nombre de projets visant à assurer la sécurité des whistleblowers.

Ainsi, porté par le Hermes Center for Transparency and digital human rights, GlobaLeaks est un logiciel de whistleblowing en open source ouvert à tous ceux qui veulent « changer la société ». Son but est de proposer une solution simple d'accès à la fois aux whistleblowers, mais également aux journalistes, aux entreprises ou encore aux administrations souhaitant mettre en place des dispositifs sécurisés pour les lanceurs d'alerte.

« C'est un logiciel gratuit, utilisable par tous, customisable pour tout type d'initiative et très facile à mettre en place et à entretenir. » Concrètement, le whistleblower n'a qu'à se connecter au logiciel, charger ses données, remplir une série de champs tels qu'un titre, une description, une catégorie, et à appuyer sur le bouton “Blow the whistle”. Les données sont alors chiffrées et transmises via “Tor2Web”, un logiciel permettant de faire communiquer le réseau Tor avec le web.

« Encrypter l'ensemble du web »

Volker, professeur en science de l'informatique à l'université libre de Berlin, a de son côté développé son propre système de chiffrement des données et propose lui aussi une plateforme de whistleblowing, plus complexe, baptisée “AdLeaks”. 

Le projet présenté par Peter Eckersley, de l'association américaine Electronic Frontier Foundation, est particulièrement ambitieux. Il vise tout simplement à « chiffrer l'ensemble du web ». Baptisé “HTTPS Everywhere”, ce projet tente de convaincre l'ensemble des sites d'utiliser le protocole de sécurité HTTPS que l'on retrouve, par exemple, sur les sites de paiements.

 

 
© JH

« Nous sommes partis des plus gros sites tels que Google, Twitter, Wikipédia, Twitter… », explique-t-il. Et un grand nombre d'entre eux en ont accepté le principe. Mais certains sites ne proposant cette navigation sécurisée que comme une option, l'EFF a créé une extension, disponible pour les navigateurs Firefox et Chrome, permettant de la rendre automatique. À ce jour, elle a déjà été téléchargée plus de 2,5 millions de fois.

Autre solution présentée durant OHM, Storymaker est une application pour téléphone mobile sous Android offrant tous les outils pour réaliser son propre reportage. Elle a été développée par l'association Free Press Unlimited avec le soutien du Guardian Project, une association promouvant la création d'applications “open source”, et du ministère des affaires étrangères néerlandais, afin d'offrir un moyen d'expression sécurisé aux « citoyens journalistes », et plus particulièrement ceux vivant dans des zones de conflit ou sous des dictatures.

Storymaker se décompose en deux parties. La première, “Learn” (“Apprendre”), est tout simplement un petit cours de journalisme, expliquant par exemple comment préparer une interview. La seconde, “Tell Stories” (“Raconter des histoires”), guide pas à pas l'apprenti journaliste dans son reportage. Ainsi, s'il veut prendre une photo, une grille et des contours apparaissent sur l'écran afin de le guider dans son cadrage. Plusieurs outils permettent ensuite de découper, assembler et agencer ses photos et vidéos. Une fois le reportage finalisé, il peut être diffusé sur les principales plateformes, telles que YouTube ou Viméo, de manière anonyme grâce à Orbot, une application mobile utilisant, cette fois encore, le réseau Tor.

 

L'application StorymakerL'application Storymaker© JH

Au-delà de ces solutions techniques, plus ou moins accessibles au néophyte, le porte-parole de l'association française La Quadrature du net, Jérémie Zimmermann, a lui plaidé pour une prise de conscience de la communauté des hackers, qu'il appelle à s'ouvrir sur le reste de la société et à partager ses connaissances pour les démocratiser.

 

Jérémie Zimmermann 
Jérémie Zimmermann© JH

« Aujourd'hui, les technologies nous échappent. Elles ne sont plus faites pour nous rendre plus libres, mais pour mieux nous contrôler », a-t-il lancé lors de sa conférence sur le “Data Love”, un “amour de données” militant pour une libre circulation des informations (appliqué à Mediapart récemment...). « Nous avons le schéma du problème, nous avons les solutions techniques.  Nous devons maintenant atteindre les autres, partager ce data love. Nous avons une responsabilité politique. Dans ce combat, nous somme en première ligne. Et la clef, c'est l'humanité. Faites le data love à vos voisins. » 


En défense de Bradley Manning dans le "village" de la Quadrature à Ohm 
En défense de Bradley Manning dans le "village" de la Quadrature à Ohm© JH

 

“OHM 2013” est l'un des principaux rassemblements de hackers au monde. Organisé tous les quatre ans aux Pays-Bas, et changeant de nom à chaque édition, il propose durant quatre jours une série de conférences et d'ateliers tenus par des personnalités, des chercheurs, des inventeurs, des hacktivistes… Si la communauté informatique du pays hôte se charge d'une grande partie de l'organisation, la vie du camp fonctionne en grande partie sur le principe de l'autogestion. Autour de la petite dizaine de chapiteaux où se tiennent les événements principaux, le camping est ainsi organisé en fonction d'une série de “villages” tenus soit par des “ambassades” nationales ou par des associations telles que, pour la France, La Quadrature du Net. L'ensemble du site a été au préalable alimenté en électricité et en fibre optique afin d'assurer aux participants une connexion internet de bien meilleure qualité que dans de nombreuses villes. Le débit ici est gigantesque. Jeudi, sur les réseaux sociaux, certains affirmaient qu'il était aussi important que le réseau dans toute l'Afrique...

 

 

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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 16:39

 

 

Rue89

 

Témoignage 02/08/2013 à 15h31
Oleg Andreev | Concepteur de logiciels

 

 


Un bitcoin (Zach Copley/Flickr/CC)

 

J’ai découvert le Bitcoin en août 2012 et j’ai tout de suite senti que cette monnaie virtuelle avait un immense potentiel. Aujourd’hui, je l’utilise pour acheter des livres en ligne, des noms de domaines pour mes sites web ou des entrées pour des conférences. J’ai payé mes amis en Bitcoin quand on a mangé des sushis. J’ai aussi fait des dons ou investi un peu en Bitcoins en vendant des euros sur bitcoin-central.net.

Making of

Il y a quelques semaines, en conférence de rédaction, nous avons évoqué l’affaire de blanchiment massive impliquant une monnaie virtuelle, avant de parler des Bitcoins. On était plusieurs à vouloir lire un témoignage d’utilisateur décrivant comment, concrètement, on achète, vend et gère des Bitcoins.

Ceci est un témoignage participatif : j’ai d’abord contacté plusieurs riverains qui parlaient Bitcoins sous un premier papier que nous avions publié. TsIH m’a donné l’e-mail d’un de ses collègues, « véritable chantre du Bitcoin » : Oleg Andreev, 27 ans, qui a déjà rédigé plusieurs articles à ce sujet sur son site, a accepté de témoigner pour Rue89. Le texte de ce concepteur de logiciel d’origine russe, rédigé en anglais, à été traduit par Nicolas Pelletier. Merci à tous les trois. Emilie Brouze

Bitcoin est un système de paiement décentralisé qui possède sa propre unité monétaire. Il n’est pas contrôlé par une personne ou une organisation.

Comme pour tous les protocoles Internet, chaque utilisateur passe par un logiciel compatible avec celui des autres, faute de quoi il ne pourra pas compléter une transaction.

Les fonds monétaires utilisés dans les échanges sont vérifiés par des clefs cryptographiques et toutes les transactions sont enregistrées et vérifiées par un immense réseau d’ordinateurs à travers le monde.

L’historique de chaque transaction peut être consulté sans devoir passer par une banque ou un service de paiement.

Même si son histoire est récente, le Bitcoin est pour moi la méthode la plus facile et la plus sûre pour acheter quelque chose.

Je me suis ainsi procuré un e-book sur coindl.com en cinq secondes, sans remplir de formulaires. J’ai cliqué, le QR code (une sorte de code barre) du paiement est apparu dans le coin de l’écran puis j’ai tout simplement pris mon smartphone pour le scanner. J’ai vérifié le montant de la transaction sur mon téléphone, j’ai cliqué sur « envoyer » et en deux secondes le site web l’a détecté et a affiché un « merci » accompagné d’un onglet de téléchargement.

Je n’ai pas eu à entrer mon nom, mon adresse mail ou ma résidence. Je n’ai pas eu non plus à entrer d’informations confidentielles comme mon numéro de carte de crédit.

Le seul risque est que le site web prenne mes trois euros sans me donner le livre. Mais une fois qu’ils m’ont remis l’objet en question, ils ne gardent aucune information privée qui pourrait fuiter et me causer des soucis par la suite (comme c’est parfois le cas avec des numéros de cartes de crédit volées par des hackers).

 

 

Qu’est-ce qu’un bitcoin ? (en anglais)

Comme les transactions en Bitcoins sont définitives, c’est très utile pour les commerçants, qui courent toujours un risque de fraude ou de manque de fonds lorsqu’ils acceptent des paiements par carte de crédit. C’est ce qui les force à demander au consommateur de remplir des formulaires, de communiquer par codes SMS et d’augmenter leurs prix pour combler les pertes.

Si vous payez en Bitcoins, les commerçants vous accordent souvent une réduction car votre paiement est sûr – la transaction ne leur coûte rien et ils n’ont pas besoin de vous demander d’infos personnelles.

Pas de censure, anonymat garanti

Quels sont les avantages de Bitcoin ?

  • Les coûts de transaction sont très faibles (de zéro à quelques centimes), quelle que soit la somme

C’est un système de paiement automatique ouvert : il n’y a donc pas d’intermédiaire pour approuver les transactions et c’est à chacun de voir la fiabilité de ses virements monétaires. Les micropaiements à faibles coûts ouvrent la porte à un tout nouveau modèle d’affaires. Des services financés par la publicité comme Google et Facebook pourraient être beaucoup plus sûrs et efficaces s’ils étaient financés par les micropaiements des utilisateurs.

  • La censure est quasi impossible

Dans certains pays, l’Iran ou la Chine par exemple, tout le monde ne peut pas utiliser PayPal ou une carte de crédit pour envoyer de l’argent. Avec Bitcoin, aucune permission à demander : chacun peut accumuler des fonds provenant de n’importe qui et de n’importe où dans le monde.

  • On peut utiliser Bitcoin de façon anonyme

Bitcoin n’a pas d’authentification personnalisée, du moins seulement via des numéros secrets. Cela permet d’utiliser le service de façon anonyme.

Mais il faut garder en tête que la banque de données globale des transactions est publique, donc pour garder ses transactions secrètes il faut faire confiance aux gens avec qui on échange. Les gens pensent que Bitcoin est anonyme parce qu’on a pas besoin de communiquer sur son identité. Alors ils pensent qu’ils peuvent acheter ce qu’ils veulent et que personne ne sera capable de faire le lien entre tous ces paiements. C’est faux.

Si je commande un livre et que je demande à le recevoir chez moi, par exemple, il se peut qu’on découvre les autres paiements effectués depuis la même adresse ou combien j’ai dépensé en tout.

Donc, pour être prudent, mieux vaut mélanger vos Bitcoins avec d’autres personnes, ne pas réutiliser la même adresse et ne pas révéler d’informations personnelles – ainsi vous pourrez rester anonyme.

  • Etant donné que le nombre total de Bitcoins est fixe et que son augmentation est prévisible et stable, une inflation massive et arbitraire est impossible

Si le gouvernement a le pouvoir de dévaluer de 50% votre argent en produisant plus de monnaie, il ne peut le faire avec Bitcoin. La seule manière de perdre 50% de vos économies ? Que l’ensemble des utilisateurs décide de réduire de moitié la valeur donnée au Bitcoin. Aujourd’hui, la demande augmente beaucoup plus vite que l’offre : la valeur de chaque Bitcoin devrait donc augmenter, sauf si quelque chose entraînait une diminution de la demande, comme un problème de sécurité dans le réseau ou une menace quelconque pour les utilisateurs.

Chacun est responsable de la sécurité de son argent

Le réseau et le protocole utilisés par Bitcoin sont robustes. Personne n’a réussi à les attaquer avec succès, même si trois bugs ont eu lieu en 2009, 2010 et 2013. Ils ont été rapidement résolus par les participants et le logiciel a été mis à jour sans qu’aucun Bitcoin ne soit perdu ou détruit.

Chaque client est responsable de la sécurité de son argent. Si vous gardez vos Bitcoins (en fait les clefs secrètes associées avec votre compte) sur un ordinateur personnel, vous devriez vous assurer d’avoir une méthode de recouvrement (une copie sur clé USB ou sur un service « cloud ») et de bien crypter vos données avec un mot de passe efficace.

Si vous oubliez votre mot de passe, personne ne pourra le retrouver pour vous. Comme avec les banques, vous pouvez faire confiance à une organisation pour garder votre argent (un service spécialisé dans les transactions monétaires, un compte dans une banque ou un portefeuille « en ligne » comme coinbase.com), mais celle-ci pourrait être piratée et votre argent, volé.

Aujourd’hui, il n’y a pas une tonne de solutions dignes de confiance. Ça s’améliorera avec le temps, mais en attendant vous devriez être très vigilants et ne pas trop investir d’argent dans les Bitcoins.

Evitez aussi d’utiliser Windows car à ce jour, tous les vols de Bitcoins ont été faits sur des ordinateurs utilisant Windows. Utilisez plutôt un Mac ou Linux. J’ai d’ailleurs écrit un article sur comment garder des réserves de Bitcoins de manière sûre.

Valeur du marché : 1 milliard de dollars

Le taux de change n’est pas fixe et déterminé par le marché. En janvier, 1 Bitcoin valait environ 10 euros, puis à la mi-avril il en valait 200 avant de diminuer et de se stabiliser autour de 80-90 euros avec de légères variations.

La valeur total du marché Bitcoin est d’environ un milliard de dollars (760 millions d’euros), l’équivalent d’une petite société cotée en bourse.

A ce niveau, la valeur d’un Bitcoin n’est pas stable et peut varier significativement à cause d’acheteurs ou de vendeurs occasionnels. Si vous voulez utiliser Bitcoin comme mode de paiement mais que vous ne voulez pas risquer une variation de sa valeur, vendez vos Bitcoins contre des devises locales après vos transactions. Des entreprises comme Bitpay proposent ce service et assument tous les risques contre une commission de 1% sur la valeur de la transaction.

Merveilleuse technologie ou l’apanage des marchés noirs

Concernant les risques légaux, je ne suis pas un juriste, mais j’ai l’impression qu’il y a davantage de certitudes autour du Bitcoin qu’il y en avait il y a un an. Il y plus de vérifications possibles. Bien entendu, si une partie de votre salaire est gagné en Bitcoin, il est imposable comme tous vos autres revenus.

Dans dix ans, le Bitcoin pourrait être une merveilleuse technologie qui va de pair avec Internet, ou il pourrait être l’apanage des marchés noirs s’il est censuré par les autorités publiques. Comme n’importe qui peut acheter un Bitcoin et que ceux-ci sont produits en nombre limité, il y a un énorme potentiel de retour sur investissement pour tous les acheteurs actuels. Si tout le monde se met à acheter un Bitcoin, ce ne sera plus possible de l’interdire et il remplacera instantanément tous les autres modes de paiements et devises, car il est mieux sur plusieurs aspects.

 

MERCI RIVERAINS ! raudi
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3 août 2013 6 03 /08 /août /2013 15:23

 

courrier-picard.fr

 

Publié le 26/07/2013

Par KEVIN BADEAU

 

Une dizaine de familles beauvaisiennes en difficulté apprennent à jardiner et préparer le fruit de leurs récoltes.

 

 

 

Les familles en difficulté peuvent ainsi accéder à de la nourriture de qualité.

 

À l'Ecospace de la Mie au Roy, dans un jardin partagé de 1 500 m², près du plan d'eau du Canada, une dizaine de familles beauvaisiennes en difficulté sont sensibilisées à l'amélioration de leurs pratiques alimentaires par la culture de produits maraîchers et l'apprentissage de recettes culinaires. En échange de quelques heures de jardinage, ils récupèrent une partie de la récolte. « Je viens jardiner depuis deux semaines, témoigne Yohan, 34 ans. Sans emploi, ça me permet de passer le temps. »

Dans le cadre du projet Cuisine et jardin nourriciers, estimé à 51 000 €, ces familles ont nettoyé le terrain, amendé la terre, semé et planté... Un travail de longue haleine, récompensé par la récente récolte d'une pléiade de fruits et légumes : choux, fraises, salades, haricots verts et courgettes. Les surplus de la récolte sont distribués à L'épicerie du cœur. « Cette opération permet à des familles en difficulté d'accéder à une offre alimentaire de qualité, explique Agnès Pozo, chef du projet. L'objectif est la consommation de cinq fruits et légumes biologiques par jour. » En ligne de mire, lutter contre l'absorption de « plats préparés ».

Initié notamment par Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAFF) et la Ville de Beauvais, le travail de la terre est encadré par un jardinier, Mathieu Vicente, étudiant à l'Institut polytechnique LaSalle. Il inculque aux bénéficiaires les techniques de jardinage et les familiarise avec les variétés de fruits et légumes. « Ici, on vit au jour le jour raconte Mathieu. J'aime travailler la terre et l'aspect social du projet me plaît beaucoup. » Pédagogue, le jeune homme n'est pas avare de conseils et valorise le travail de ses protégés.

Un accompagnement du lopin de terre à l'assiette, puisque les bénéficiaires reçoivent des cours de cuisine, dispensés par l'Institut polytechnique LaSalle. « Ils apprennent à cuisiner les produits qu'ils savent désormais semer et récolter », précise Agnès Pozo. À l'avenir, Cuisine et jardin nourriciers pourrait se développer et accueillir d'avantage de familles.

KEVIN BADEAU

 

 

 

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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 14:52

 

midilibre.fr

 

LUDOVIC TRABUCHET
01/08/2013, 06 h 00
Michel et Jacques sont fiers de leur invention. Le coût ? "Même pas 900 €", assurent-ils.
Michel et Jacques sont fiers de leur invention. Le coût ? "Même pas 900 €", assurent-ils. (© D.R)

                                                                                                                                                                                                                       Jacques et Michel, deux amis un peu "Géo Trouvetout" dans l'âme ont bricolé un système ingénieux qui permet de recharger un scooter électrique sans se brancher sur le courant. 

Rouler à la seule énergie solaire, "gratuitement", des millions de personnes en rêvent, Jacques Calvet le fait. Depuis quelques jours, il arpente les rues de Valras et les petites routes de la campagne biterroise, juché sur un scooter électrique dopé aux rayons du soleil.

 

Face au précieux astre

Au quotidien, cet architecte de métier est sensibilisé aux questions environnementales. Il conçoit régulièrement des maisons à basse consommation. Avec son ami Michel Goussopoulos, qui s’est aménagé au milieu des vignes une maison entièrement alimentée par les énergies naturelles, soleil et vent, Jacques Calvet s’est décidé à concevoir un système qui lui permettrait de réduire sa consommation électrique, pour recharger le scooter qu’il venait d’acquérir quelques semaines plus tôt. "Et voilà", montre-t-il, présentant... deux panneaux solaires posés dans le jardin face au précieux astre.

 

Les explications en vidéo : 

 

 

Ce système permet notamment de profiter du soleil de la journée pour remplir la batterie de cette énergie propre et gratuite, puis de recharger le scooter dans la nuit. "Même si une heure suffit pour avoir une autonomie de 35 km environ. Ce système est surtout conçu pour rouler en ville", reprend Jacques Calvet.

Prendre le relais sous les nuages

Lui, imagine même améliorer cet ingénieux bricolage en concevant une mini-remorque, "pour transporter les panneaux solaires et être ainsi relié en permanence avec notre source". La batterie restera connectée, pour prendre le relais sous les nuages ou les rangées de platanes. Ingénieux, non ?

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