LEMONDE.FR avec AFP | 12.10.11 | 09h29
Plus de 70 prisonniers politiques sont inclus dans l'amnistie décrétée par le régime birman, a indiqué mercredi une organisation non gouvernementale installée en Thaïlande, selon laquelle ce chiffre n'est pas encore définitif. "Je pense que nous allons en voir d'autres", a déclaré Aung Khaing Min, de l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Parmi ces prisonniers, le truculent comédien et humoriste Zarganar a pu sortir de sa cellule tôt dans la matinée de mercredi. Il avait été arrêté en 2008 après avoir organisé l'aide aux victimes du cyclone Nargis (138 000 morts et disparus) et critiqué la gestion du drame par le pouvoir. Il avait été condamné à un total de cinquante-neuf ans de prison, ensuite réduit à trente-cinq.
Les autorités avaient annoncé mardi une amnistie de plus de 6 300 prisonniers. Elles n'ont pas diffusé de liste nominative officielle. Mais les informations se multiplient dans tout le pays de la sortie de dizaines de militants de nombreuses prisons. Un responsable birman a ainsi affirmé que l'amnistie concernerait, rien qu'à Rangoun, une trentaine de détenus politiques, "pour la plupart membres de la Ligue nationale pour la démocratie" (LND) d'Aung San Suu Kyi. Un cadre de la LND a par ailleurs évoqué la libération de 23 membres du parti dissous dans deux autres établissements du pays. Et Zetha Thaw, un militant de Generation Wave, a fait état de la libération de deux membres de l'organisation ainsi que de participants aux émeutes de 1988. L'AAPP, basée en Thaïlande, a fait état pour sa part d'au moins 48 prisonniers politiques amnistiés, tout en précisant que le chiffre était susceptible d'augmenter.
DES AVANCÉES SALUÉES PAR LES ÉTATS-UNIS
Les chancelleries occidentales estimaient jusqu'à aujourd'hui à environ 2 000 le nombre total de prisonniers politiques en Birmanie : opposants, journalistes, avocats, artistes. Le président Thein Sein, entré en fonction en mars suite à la dissolution de la junte militaire, tente depuis quelques semaines de prouver qu'il est décidé à s'engager vers de profondes réformes. Les gestes symboliques se sont multipliés à un rythme effréné dans un pays habitué jusqu'à mars dernier au conservatisme répressif du généralissime Than Shwe, chef de la junte au pouvoir à partir de 1992, et qui a depuis pris sa retraite.
Le nouveau patron du pays a notamment entamé le dialogue avec Mme Suu Kyi, que la junte avait maintenue en détention pendant plus de quinze des vingt dernières années. Et il a annoncé fin septembre la suspension d'un projet de barrage financé par les Chinois pour "respecter la volonté du peuple". La session en cours de l'Assemblée nationale a été ouverte pour la première fois à la presse, et le patron de la censure a estimé que les médias devraient être libérés de toute contrainte. Des avancées que les Etats-Unis avaient saluées lundi.