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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 18:14

 

rue89.com

 

Tribune 07/11/2013 à 16h14
A Fukushima, les autorités prescrivent un retour au « pays natal »
Thierry Ribault | Economiste au CNRS

 

 

Les administrateurs du désastre de Fukushima – Etat, réseaux interlopes, scientifiques, experts, contre-experts, mouvements citoyens et organisations non gouvernementales – sont devenus les cogestionnaires de dégâts en chaîne, chacun œuvrant au nom d’un intérêt supérieur hautement revendiqué : protéger.

L’auteur
Thierry Ribault est co-auteur avec Nadine Ribault de « Les Sanctuaires de l’abîme : chronique du désastre de Fukushima » aux éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2012.

Que s’agissait-il de protéger cependant lorsque, en mai 2013, les décideurs ont achevé la réouverture des zones interdites ? Que protège-t-on en incitant les populations à revenir vivre sur des terres contaminées où le seuil d’inacceptabilité, fixé à 20 milliesieverts par an, est quatre fois supérieur à celui fixé à Tchernobyl – sans compter les « points-chauds » à plus de 50 millisieverts – et vingt fois plus élevé que le seuil internationalement recommandé ?

Que protège-t-on en appelant à retrouver une « vie normale » à proximité d’un complexe nucléaire hautement dangereux : inondations, fuites d’eau contaminée, démarrage imminent d’opérations d’extraction des 400 tonnes de combustibles de la piscine du réacteur n°4, dont les produits de fission représentent 14 000 fois ceux de la bombe de Hiroshima ?

Quelle est donc la nature de cette « protection » ici mise en œuvre par l’ensemble de la société ?

Quelles relations incestueuses la lient pour longtemps à la soumission ?

Associations de victimes déboutées

Soulignant les nuisances et les limites des sociétés industrielles à l’aube du XXIe siècle, ce désastre a démontré, si besoin était encore, à quel point l’Etat, qui ne peut plus gérer les accidents de son développement, délègue à d’autres le soin de le faire. A l’intérieur de ce cadre établi et à leur corps défendant, de multiples « mouvements citoyens » ont dû faire le constat de leur impuissance.

Les « All Stars Demo », avec à leur tête le haut du panier de la contestation anti-nucléaire nobélisée, usent plus les semelles de la piétaille manifestante que les nerfs du gouvernement. Les associations de victimes, qui mènent Tepco et l’Etat devant les tribunaux, viennent d’être déboutées. Les agriculteurs avouent ne pas consommer les aliments irradiés qu’ils mettent cependant sur le marché.

Quant aux populations restées sur place, tétanisées par la propagande qui les condamne, incapables de décider de sauver leur vie, elles attendent une mort déclarée statistiquement probable, mais non certaine, et se font les cobayes d’une « science » eugéniste et radio-négationniste, puisque niant les effets de la radioactivité, pourtant, préalablement et scientifiquement, établies.

Les populations fuient hors de la réalité

Les populations, ainsi sommées de considérer la contamination radioactive telle une « mauvaise rumeur », tombent dans l’apathie, le découragement et fuient hors de la réalité. Pendant ce temps-là, ladite rumeur embauche 20.000 personnes pour la seule décontamination extérieure à la centrale, et, contrairement à ce qu’annoncent les pouvoirs publics, serait, dans ce même but, dans l’obligation de dépenser 210 milliards d’euros.

Pendant ce temps-là, le 7 septembre 2013, à Buenos Aires, lors de son discours devant le Comité olympique international, le Premier ministre Shinzo Abe « donne la garantie absolue que les questions sanitaires ne constituent pas un problème jusqu’à présent, et qu’elles n’en constitueront pas plus à l’avenir. »

Représenter la réalité tel un enfer n’est pas suspect ; exhorter systématiquement à la fuir l’est. Voilà pourtant le premier fondement de la protection à l’œuvre, à Fukushima, aujourd’hui.

Une science d’ascenseur

Le second fondement a consisté en la mise en place insidieuse d’une science d’ascenseur qui s’est construite précisément par renvois entre ses protagonistes avec, pour principale visée, l’accès optimisé à de non moins ascendantes carrières. C’est à la science ce que la « musak » est à la musique : un ersatz apparemment insignifiant, aux finalités répressives.

Ainsi Shinobu Goto, spécialiste des sciences de l’environnement à l’université de Fukushima, dénonce-t-il la partition entre d’un côté, des citoyens, qui ne seraient qu’irrationnels et émotifs, et de l’autre, des experts scientifiques dont le jugement serait le plus pertinent dans une situation comme celle de Fukushima.

De fait, on a vu, à travers l’exemple du désormais trop fameux professeur Shunichi Yamashita, médecin promptement nommé dès avril 2011 à la tête de l’enquête sanitaire menée par l’université de médecine de Fukushima et défenseur zélé de l’innocuité des radiations en deçà de 100 millisieverts par an, combien certains experts scientifiques savent établir des zones d’ignorance là où des certitudes avaient enfin fini par apparaître.

Des scientifiques transformés en experts

Les dix-neuf cas de cancer de la thyroïde jusqu’à présent officiellement détectés et opérés, parmi les enfants de Fukushima et les 25 autres cas en attente d’une intervention chirurgicale, sont ainsi considérés, par ces fossoyeurs de vérité, comme s’étant trop rapidement déclarés pour que l’on puisse considérer qu’ils aient un lien quelconque avec l’accident nucléaire.

Pour le radiobiologiste Keith Baverstock, ancien responsable du programme de protection contre les radiations au bureau européen de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), une telle imposture renvoie précisément à la transformation de nombre de scientifiques en « experts » qui, sous couvert de s’inscrire dans le consensus établi par leur « communauté », évitent de véritables confrontations scientifiques avec leurs « pairs ».

Obligeant chacun à ralentir le pas pour paître en toute quiétude dans les prairies des dangers avérés, et gommant les désagréables rumeurs que font circuler quelques émotifs inquiets, parce que mal informés, on a laissé épandre une science de l’oubli dont l’objectif, tel un pesticide sélectif destiné à anéantir le souvenir, est de produire les conditions psychologiques censées améliorer le bien-être et la protection de tous, menant ainsi à un niveau jamais égalé la soumission volontaire.

Les chœurs de l’internationale nucléariste

A qui, à quoi s’agit-il exactement de se soumettre ?

Visant à réduire à néant une loi humaine qui veut que, paradoxalement, les contextes d’insécurité seuls permettent aux populations de penser, de décider et d’agir avec une relative liberté d’esprit, les autorités japonaises, encouragées en cela par les chœurs de l’internationale nucléariste, ont établi en pierre de touche la sécurité, quitte à lui faire prendre, dans le contexte de mise en auto-expérimentation qui caractérise désormais la situation à Fukushima, des allures d’inhumanité.

Juan Carlos Lentijo, directeur à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) de la division Cycle du combustible et technologie des déchets – donc manifestement rompu aux questions de l’humain et de sa destinée dans la société nucléaire – rendait récemment les conclusions de sa mission, « encourageant les institutions japonaises à accroître leurs efforts de communication relative à l’acceptabilité d’une dose allant de 1 à 20 millisieverts par an, dose qui est en conformité avec les normes internationales ».

 

Un ouvrier nucléaire sur le site de Fukushima Daiichi, le 12 juin 2013 (Toshifumi Kitamura/AP/SIPA)

 

Trois jours plus tard, Olivier Isnard, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), entonnait la même berceuse :

« Dans cette étape intermédiaire, et selon les recommandations internationales en vigueur, on peut revivre dans la zone contaminée à condition que le niveau d’exposition externe et de contamination interne combinés n’excède par 20 millisieverts par an. »

Le perroquet équilibriste de l’IRSN, toutefois, nous alerte :

« Près des maisons, les niveaux sont peut-être par endroits redevenus tolérables, mais inutile de songer à aller dans les bois cueillir des champignons alentour et les manger, car ce sont des éponges à radioactivité. »

Autant dire – quand on sait que la périphérie de la zone de décontamination (cette dernière n’étant jamais définitive) n’excède pas les 20 mètres pour les habitations situées en bordure de forêt – que cette survie en zone contaminée, qui nous est, dans un premier temps, présentée comme « transitoirement » vivable, est dans les faits, à court comme à long terme, invivable, bien que recommandée par ceux qui prennent soin de laisser aux autres le risque de l’expérimenter.

Cellule de protection contre le suicide

Tout à leur recherche de la croissance perdue, les pouvoirs publics, faisant ample usage de l’oxymore du retour à la vie dans les zones contaminées, ne reculent devant rien pour établir, entre la protection et la soumission, un lien incestueux indestructible et incontournable. Ainsi, en guise d’explication aux cent suicides liés au désastre nucléaire dans les départements de

Fukushima, d’Iwate et de Miyagi, entre juin 2011 et août 2013, notamment parmi les personnes habitant des logements provisoires, le ministère de l’Intérieur met en cause « la charge nerveuse que représente l’allongement de la période de refuge loin du pays natal ».

Protéger les populations psychologiquement défaites, en leur prescrivant un retour au « pays natal », indispensable à leur survie, tel est l’objectif. Ramenés à l’état de tragiques dépressifs, pris en charge à la va-comme-je-te-pousse, les habitants seront, à Fukushima, soulagés de pouvoir faire appel à une cellule de protection contre le suicide, pompeusement baptisée, dans le flot des grandes ambitions qui suivent les désastres, « Centre de soin pour l’esprit ».

750 euros pour « préjudice psychologique »

Ne nous y trompons pas, cependant : chacun des 80 000 habitants des municipalités évacuées, proches de la centrale, pouvant prétendre à une allocation mensuelle de 750 euros pour « préjudice psychologique » – il convient de replacer cet apparent sursaut heidegerrien des autorités dans son contexte budgétaire.

C’est d’ailleurs au nom d’une protection tout aussi trébuchante que le seuil de 20 millisieverts par an « autorisant » le retour des populations évacuées, a été prescrit par le gouvernement en décembre 2011.

Un ministre d’Etat ayant participé aux réunions préparatoires à l’époque, confiait en mai 2013, qu’un seuil à 5 millisieverts – qui a prévalu à Tchernobyl – aurait impliqué l’évacuation d’une partie des deux plus grandes villes du département, Fukushima et Koriyama, plus de 300 000 habitants chacune, « rendant impossible le fonctionnement du département », sans compter « les inquiétudes relatives aux dédommagements supplémentaires ». Voilà qui a le mérite d’être clair.

Rappelons, d’autre part, qu’une partie des travailleurs de la centrale de Fukushima Daiichi était, avant l’accident, recrutée parmi les habitants qui l’avoisinaient. Or, depuis le 11 mars 2011, 29 000 personnes y ont officiellement travaillé, dont 87% pour le compte de 800 sous-traitants, payées entre 4 et 8 euros de l’heure, tandis que 20 000 autres intervenaient, comme nous l’avons dit, pour la décontamination à l’extérieur du site.

Ce pharaonique besoin de main-d’œuvre, qui ira croissant pour au moins le prochain demi-siècle, et la nécessité financière, pour Tepco, de ramener à leur niveau antérieur les salaires provisoirement relevés peu après l’accident, peuvent expliquer le recours à la noble, mais peu poétique, rhétorique du « retour au pays natal » qui, soudain, semble avoir bon dos.

Seriner aux gens de rentrer « chez eux » est en contradiction absolue avec ce que nombre d’entre eux réclament depuis plus d’un an. Dans le cadre de la Loi de protection des enfants et des autres victimes du désastre de Fukushima, votée en juin 2012, dont les décrets d’application n’ont pas encore vu le jour, la population exige un accès plus facile et moins coûteux aux examens médicaux, et la garantie du droit au refuge et à la migration, promu par le haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Arnand Grover. Son rapport, présenté en avril dernier à Genève, a été superbement piétiné par un gouvernement japonais accaparé à mettre en œuvre un plan de protection des populations, d’une toute autre nature. Et pour cause.

Des cuves et des hommes

Il règne à Fukushima une atmosphère d’obsolescence programmée.

Les cuves de stockage d’eau contaminée n’ont jamais été prévues pour durer au-delà de cinq ans et cela fera bientôt trois ans que personne ne l’ignore.

Dès le mois de décembre 2011, Tepco avait déclaré que, compte tenu des 200 à 500 tonnes d’eau affluant chaque jour dans les bâtiments qui abritent les réacteurs, la capacité maximale de stockage de l’eau contaminée – à l’époque 155 000 m3 – serait atteinte en mars 2012 et que l’entreprise serait alors contrainte d’effectuer des rejets massifs dans l’océan.

Dès avril 2011, Sumio Mabuchi, ministre de l’Aménagement du territoire, avait lancé un appel pour la construction d’un mur souterrain afin d’arrêter le flot d’eau sous la centrale.

Deux ans et demi plus tard, Tepco s’oriente, pour la rondelette somme de 340 millions d’euros, vers la construction d’une « barrière de glace » de 1 400 mètres dont la seule maintenance coûterait annuellement 10 millions d’euros (hors coûts de consommation massive d’électricité). Efficacité et faisabilité d’un tel projet désormais considérées comme douteuses par les spécialistes eux-mêmes, le responsable de l’entreprise la plus au fait des techniques de congélation des sols déclarait récemment :

« La mise en place d’une telle technologie ne peut être envisagée avant l’horizon 2015. »

Une « situation de guerre »

L’expertise scientifique, occupée une fois de plus à faire le jeu de la soumission par la tranquillisation des populations voulue par les autorités politiques, plutôt qu’à prouver son intelligence, Paul Reuss, ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique, déclarait voici peu :

« La mer est spontanément et naturellement radioactive, à cause de l’uranium qu’elle contient. Donc si on en rajoute un petit peu, évidemment ce n’est pas agréable, mais ce ne sont pas des quantités considérables. »

Moins relativiste et sans doute spontanément et naturellement plus concerné, un officier des Forces japonaises d’auto-défense évoque une « situation de guerre », tandis qu’un éditorialiste compare les fuites radioactives aux plans de l’armée impériale lors de la bataille de Guadalcanal :

« 20 000 officiers et soldats ont péri de faim sur cette île du Pacifique, car ils ont été privés d’approvisionnement. »

Sous-estimation des forces adverses, excès de confiance en soi, incapacité des officiers à comprendre la situation de terrain.

Pression inhumaine sur les ouvriers

Les décideurs sous-estimant les problèmes liés aux fuites d’eau contaminées, leur confiance dans des réservoirs de stockage et un système de décontamination dont on connaît toutes les défaillances depuis plus de deux ans, s’avérant excessive, les ouvriers de Fukushima se retrouvent à travailler sous une pression inhumaine.

Nombre d’entre eux reversent un tiers de leur paie journalière à l’un des cinquante gangs de yakuza qui sévissent dans le département et 68% de leurs employeurs inspectés entre janvier et juin 2013, ont été pris en flagrant délit de violation du code du travail.

Le « secrétariat d’Etat à la politique spéciale en matière d’eau contaminée », nouvelle trouvaille des autorités, aura sous peu, n’en doutons pas, des solutions à proposer.

L’administration du désastre de Fukushima achève de sceller l’unité inextricable de la soumission et de la protection dans les sociétés industrielles et fait de cette unité une nécessité objective contre laquelle chacun se croit impuissant. Ce désastre apporte la preuve criante que la part de soumission gigantesque qu’implique désormais la citoyenneté ne garantit en retour que d’une protection feinte.

A Fukushima, il en va désormais des hommes comme des cuves : on connaît leur durée de vie, mais on parie sur une relative élasticité de leur résistance, les uns comme les autres n’étant rien de plus que des ressources matérielles à disparition programmable, en attente de remplacement.

Avec la collaboration de Cécile Asanuma Brice, chercheur associée à la Maison franco-japonaise de Tokyo

 

 

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 17:58

 

 

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Grèce: la télé publique sur le trottoir

Athènes, jeudi soir. 
Athènes, jeudi soir. © Marios Lolos

C'est une photo de Mario Lolos, prise jeudi soir sur le trottoir qui fait face au bâtiment de la télévision publique grecque gardée par les forces anti-émeutes. C'est là que les journalistes ont présenté le journal télévisé de 21 heures, avec des moyens de fortune. Les émetteurs ayant également été coupés par le pouvoir, le journal a été diffusé par Internet et aurait été regardé par environ 1,2 million de personnes.

La photo nous a été transmise par une de nos lectrices, Anastassia Tsoukala. Jeudi matin à l'aube, des dizaines de policiers anti-émeute ont entrepris d'évacuer le bâtiment de l'audiovisuel public ERT, occupé depuis le 11 juin lorsque le premier ministre conservateur Samaras décidait brutalement et sans concertation de fermer l'audiovisuel public et de licencier ses 2.700 employés pour se plier aux exigences des plans d'aide accordés par la Troïka. Ce choix avait déclenché une vague d'indignation en Grèce mais aussi en Europe.

Par solidarité, Mediapart avait organisé le 18 juin une grande soirée pour la défense du service public d'information. Cette intervention policière intervient alors qu'une délégation de l'Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI), chargée de vérifier la mise en place des réformes promises aux créanciers du pays, est justement à Athènes.

Jeudi matin, plusieurs responsables syndicaux de l'ERT et des journalistes ont été arrêtés lors de l'évacuation du bâtiment. Depuis juin, quelques dizaines de techniciens et journalistes continuaient à assurer une programmation en diffusant sur Internet les contenus de la télé publique. Le gouvernement entend désormais récupérer les locaux pour y installer la «nouvelle télévision» qu'il a mis en place depuis cet été, en reprenant quelques centaines d'employés de l'ancien ERT. «C'est comme ça que le fascisme fonctionne, sournoisement et dans la nuit», a déclaré Adrianna Bili, une ancienne employée, chassée du bâtiment, citée par l'AFP. Un porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, a évoqué une «occupation illégale», expliquant que la police était intervenue pour «faire respecter la loi».

 

Ci-dessous, une vidéo de l'évacuation de jeudi: ici

 

Ci-dessous, retrouvez la vidéo intégrale de notre soirée de solidarité avec la Grèce (et ici l'article):

 

 

 

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 17:49

 

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Marine Le Pen non grata aux Antilles

En Martinique, un appel de personnalités, parmi lesquelles Ina Césaire, Patrick Chamoiseau, Gilbert Pago et Philippe Pierre-Charles, fait savoir à Marine Le Pen, présidente du Front National, qu'elle n'est pas bienvenue aux Antilles, notamment après la récente banalisation de la parole raciste en France.


Cette fois, la rejeton Le Pen n'a pas choisi la méthode discrète. Confortée par une atmosphère nauséabonde de montée des groupes néonazis dans divers pays européens, elle annonce urbi et orbi qu'elle visitera les colonies avant la fin de l'année. Elle pousse la provocation jusqu'à prétendre que les problèmes des Le Pen avec nous seraient de l'histoire ancienne à ranger dans les souvenirs désuets.

Nous, soussigné-e-s, répondons au contraire que tout dans le contexte prouve la malfaisance des thèses et des pratiques développées par les groupes d'extrême droite : aux assassinats odieux de Grèce s'ajoutent ceux de Paris ou d'ailleurs.

Aux propos racistes de telle lepéniste même désavouée pour outrance maladroite, s'ajoutent les dérives des personnages contaminés par la vague bleu marine. Il y a quelque chose de pourri dans le monde du capitalisme en crise et Marine Le Pen en est la sécrétion caricaturale.

Sur les côtes italiennes, des milliers de victimes de la faim et de l'oppression prennent le risque de perdre la vie, et les institutions et forces dominantes européennes n'ont, au-delà de l'hypocrisie de la pitié, qu'une réponse : rendre plus imperméables les frontières pour barrer la route aux plus démuni-e-s. Plus près de nous, quand ce n'est pas l'ONU qui sème le choléra par ses troupes d'occupation en Haïti, c'est la cour suprême de République dominicaine qui jette dans le néant juridique des centaines de milliers de Dominicain-e-s qui ont le malheur d'être d'ascendance haïtienne.

La venue de Le Pen chez nous serait un coup de pouce donné à ces manifestations de la honte sans frontières.

Marine Le Pen prétend faire oublier les déconvenues de son père en Martinique et en Guadeloupe, mais n'a jamais dénoncé son racisme éhonté. Elle n'a jamais désavoué son approbation de la torture pratiquée contre nos frères et sœurs algérien-e-s pendant la guerre de libération. Elle ne s'est jamais démarquée de ses propos scandaleux sur le génocide des juifs, un détail dans l'histoire de la deuxième guerre mondiale. Elle prétend fouler le sol martiniquais, mais n'a jamais daigné reconnaître le peuple qui l'habite comme un peuple spécifique. Elle refuse de dénoncer l'esclavage comme un crime contre l'humanité appelant réparations.

La démagogie « sociale » dont elle s'affuble ne trompera que les naïfs. Elle prétend défendre les travailleurs, mais ses deux députés n'ont jamais fait un seul geste politique en ce sens. L'histoire nous a montré les nazis hitlériens et les fascistes mussoliniens se déguisant en national-socialistes, amis des pauvres contre la ploutocratie apatride. En réalité, les Le Pen et autres apprentis fascistes servent toujours les intérêts du grand capital. Pour cela, ils veulent tromper les plus crédules en divisant les peuples, en dressant les travailleuses et les travailleurs les uns contre les autres au nom du rejet de l'immigré, de l'étranger, du Röhm, du musulman et finalement, quoi qu'ils disent, du rejet du nègre.

Le Pen c'est pas la peine ! Fou kan avan'w rivé !

Signataires :

Arnaud Christian, GRS, Fort-de-France
Arnauld George, GRS
Augusty Alex, Sainte-Marie
Balland Didier, restaurant La Lanterne
Bonheur Rita, présidente UFM
Bonheur Rose, So.Li.D, François
Bouhot Gérard, Morne Rouge
Bourgade Jacqueline
Bourgeois Jean-Claude, citoyen martiniquais
Branchi Michel, économiste, rédacteur en chef de Justice 
Cage Nicole, poétesse, GRS, Schoelcher
Cassildé David, CNCP
Célia, artiste, professeur de chant
Césaire Ina, ethnologue
Chamoiseau Patrick, écrivain
Charles-Hélène Christian
Choux Florent
Cidalise-Montaise Murielle, cadre fonction publique d'État
Clément Emmanuelle, enseignante
Cossou Claude, Sainte Marie
de Vassoigne Christian, géographe
Dorléans Max, Collectif martiniquais pour la santé
Fontaine Alfred
Fortuné Martine
Grandjean Frederic, délégué du personnel, Carbet
Hemart Catherine, ingénieur
Jean-François Anne-Marie, Éducation nationale, Case-Pilote
Joseph-Auguste Lucien, CNCP
Login Frédéric, CDMT
Louison Lucien, ancien responsable Snetaa, artiste, Trinité
Louzé Véronique, enseignante, Fort-de-France
Monthieux Miguel, So.Li.D., Lamentin
Pago Gilbert, historien, GRS
Permal Victor, Cercle Frantz Fanon, artiste, sociologue
Perutin Dany, antiraciste, antifasciste, anticolonialiste
Petro-Patrice Claudinette, ancienne secrétaire académique Snetaa, Morne-Vert
Philippy Pierre, philosophe
Pierre-Charles Philippe, historien, GRS, CDMT
Pierrodé Manuela, enseignante, Fort-de-France
Ratenan Marie-France, Diamant
Ravoteur Renée, GRS
Raymond Franck, CDMT
Relautte Félix, GRS, CDMT
Renard Thierry
Rosier-Coco José, GRS, Robert
Rustal Max, GRS, Fort-de-France
Sellaye Marcel, GRS, Ajoupa
Sellaye Marie-Josèphe
Seveur Léon, CNCP  
Tally Jacqueline, GRS, CDMT, Fort-de-France
Tournier François, anticapitaliste
Zénoki Hervé, secrétaire général adjoint CSTM.

 

 

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 17:35

 

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L’inspecteur du fisc Rémy Garnier demande la révision du rapport d’enquête Cahuzac

|  Par Fabrice Arfi

 

 

 

Celui qui avait lancé l’alerte dès 2008 sur l’existence d’un compte suisse de Jérôme Cahuzac, réclame officiellement la révision du rapport de la commission d'enquête parlementaire. Il dénonce des passages « mensongers » et « diffamatoires » à son encontre. « Si j’ai fait des erreurs, je suis tout à fait prêt à les reconnaître », assure le rapporteur de la commission.


 

L’inspecteur du fisc Rémy Garnier, qui avait lancé l’alerte dès 2008 sur l’existence d’un compte suisse de Jérôme Cahuzac, n’a pas de mots assez durs contre le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire consacrée à l’affaire, le député socialiste Alain Claeys. Dénonçant des passages « mensongers » et « diffamatoires » le concernant dans le rapport publié le 8 octobre, l’ancien enquêteur de Bercy a saisi par écrit la semaine dernière le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, d’une requête en révision. Sa demande a été transmise par la présidence de l’Assemblée, jeudi 7 novembre, au rapporteur de la commission, qui confirme l’information.

 

Rémy Garnier, chez lui dans le Lot-et-Garonne. 
Rémy Garnier, chez lui dans le Lot-et-Garonne. © FA

Le fait est rare. Celui que ses pairs surnommaient “Columbo” pour la pugnacité dont il savait faire preuve, l’air de rien, dans ses enquêtes au scalpel, réclame ni plus ni moins que la suppression et la réécriture des passages incriminés du rapport, adopté par la seule majorité socialiste. La droite, le centre et les écologistes n’avaient pas approuvé les conclusions du rapporteur Alain Claeys, qui avait exclu tout dysfonctionnement du gouvernement dans la gestion du scandale Cahuzac en dépit d’éléments pourtant embarrassants pour le pouvoir exécutif.

« Le rapport Claeys porte gravement atteinte à mon honneur et à ma réputation. J’attends donc une décision rapide compte tenu du préjudice moral que je subis du fait de cette intolérable diffamation (…). Les quelques pages qui me concernent portent le sceau du mensonge, du parti pris et de l’incompétence », a écrit Rémy Garnier à l’adresse du président de l’Assemblée nationale.

L’agent du fisc, qui avait tenté d’enquêter dès 2007 sur la fortune cachée de Jérôme Cahuzac, avant d’être mis au ban par son administration, formule à l'encontre du rapport Claeys plusieurs reproches circonstanciés, mais qui, tous, recouvrent la même impression qui ne passe pas : celle d’être considéré comme un illuminé des impôts, peu fiable et obsessionnel.

Pourtant, Rémy Garnier fut bien l’un des premiers, au sein de l’administration fiscale, à avoir tenté d’alerter le ministère sur les soupçons récurrents de fraude fiscale à l’encontre de Jérôme Cahuzac, cinq ans avant les révélations de Mediapart sur ses avoirs dissimulés en Suisse et à Singapour.

Le 11 juin 2008, Rémy Garnier avait en effet rédigé un rapport à l’attention du ministre du budget de l’époque, Éric Woerth (UMP), dans lequel il avait demandé − sans succès − l’ouverture d’une enquête digne de ce nom sur Jérôme Cahuzac, alors député. Un an plus tôt, informé de la possible existence d’un compte suisse non déclaré, Rémy Garnier avait consulté le dossier fiscal de Jérôme Cahuzac, ce qui lui vaudra les foudres de sa hiérarchie.

C’est pour se défendre des accusations dont il était la cible en interne qu’a été rédigé le rapport de juin 2008. Celui-ci sera qualifié de « allusif », « excessif » et même « fantaisiste » par la commission d’enquête parlementaire. Le rapporteur Claeys a ainsi évoqué une « note, très allusive, produite par un agent aujourd’hui à la retraite, à l’appui des onze instances qui l’opposaient ou l’avaient opposé à l’administration ».


Le député Alain Claeys est mis en cause par Rémy Garnier. 
Le député Alain Claeys est mis en cause par Rémy Garnier. © DR

Mais ce qu’a oublié de dire le rapporteur, alors que la commission en avait été informée par le principal intéressé, c’est que les onze procédures en question opposant Rémy Garnier à son ancienne hiérarchie ont toutes été gagnées par le premier. « Le tableau que j’ai remis à la commission le jour de mon audition récapitule pourtant très clairement le bilan du conflit », s’étonne du coup l’inspecteur.

Sur le fond, Rémy Garnier n’accepte pas que sa note puisse être qualifiée de « fantaisiste » dans la mesure où, écrit-il, « une lecture objective permet au contraire d’en apprécier la densité et la véracité puisque la plupart des informations visant Jérôme Cahuzac se sont avérées exactes, qu’il s’agisse du compte suisse, du financement en partie douteux de son appartement, de son important patrimoine, de sa femme de ménage philippine sans papiers et non déclarée ou des anomalies apparentes sur ses déclarations de revenus ». Difficile aujourd’hui de lui donner tort.

En délicatesse avec son administration depuis que l’un de ses contrôles fiscaux visant une coopérative agricole du Sud-Ouest avait été annulé à la suite du lobbying d’un député nommé… Cahuzac − il s’agit de l’affaire France Prune, en 2001 −, Rémy Garnier affirme avoir été, en outre, la victime d’un mensonge juridique de la part de la commission parlementaire. Dans son rapport, le député Alain Claeys écrit en effet que les sanctions administratives dont il avait écopé « à raison de manquements à son obligation de secret professionnel, de discrétion professionnelle et de réserve » ont été confirmées par la justice en octobre 2009 et novembre 2010.

« Les dates des décisions sont exactes, mais M. Claeys, sans vergogne, en a inversé le sens », tempête “Columbo”, qui cite un premier jugement (n° 0702791-5) du tribunal administratif de Bordeaux, lequel avait au contraire établi que les faits reprochés « n’étaient pas, compte tenu du comportement de l’administration dans cette affaire, de nature à justifier la sanction ». Devant la cour administrative d’appel, où il avait été poursuivi à la demande du ministre Éric Woerth, Rémy Garnier avait de nouveau obtenu gain de cause, comme le montre le jugement (n° 09BX02805). Le tribunal avait même décrit Rémy Garnier comme un agent « animé par le souci de défendre une application rigoureuse de la loi fiscale ».

Contacté par Mediapart, le député Alain Claeys affirme être en train de « faire vérifier les dires de M. Garnier pour voir si, en effet, il n’y a pas d’erreurs ». « J’attends de voir ce que mes collaborateurs vont dire. Si j’ai fait des erreurs, je suis tout à fait prêt à les reconnaître, mais on n’en est pas là », glisse-t-il. Il ajoute qu’il considère d’ores et déjà « sans grande importance » et « excessive » la requête de Rémy Garnier, qu’il qualifie volontiers d’« écorché vif ».

 

 

 


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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 17:22

 

mediapart.fr

Les Balkany visés par une enquête pour « blanchiment de fraude fiscale »

|  Par Fabrice Arfi et Mathilde Mathieu

 

 

 

Le parquet de Paris a ouvert une enquête visant le député et maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, et sa femme Isabelle, première adjointe. Cette décision fait suite à l'audition de l’ancien élu des Hauts-de-Seine Didier Schuller qui avait remis à la justice quatre documents accablants sur les montages offshore et la fortune de Patrick Balkany en Suisse, au Liechtenstein et à Saint-Martin.

Une affaire de plus pour les Balkany. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « blanchiment de fraude fiscale » visant le député et maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Patrick Balkany, et sa femme Isabelle, première adjointe de la commune, annonce Le Monde. Les époux sont suspectés d'avoir dissimulé depuis plusieurs décennies une importante fortune au fisc français.

Cette offensive judiciaire est la conséquence directe du témoignage de l'ancien élu des Hauts-de-Seine Didier Schuller, qui avait porté bien seul le chapeau judiciaire dans l’affaire des HLM 92, de laquelle Patrick Balkany était miraculeusement sorti blanchi. Didier Schuller avait remis aux juges anti-corruption Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, mercredi 23 octobre, pluieurs preuves du patrimoine caché et des comptes offshore de Patrick Balkany, comme l'avait rapporté Mediapart.

 

Didier Schuller a été condamné dans l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine. Pas Patrick Balkany... 
Didier Schuller a été condamné dans l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine. Pas Patrick Balkany... © dr

À l’origine, l’ancien conseiller général RPR de Clichy-la-Garenne, où il se présente pour les prochaines élections municipales, était entendu sur des confidences du marchand d’armes Ziad Takieddine dont il a dit, dans le livre French Corruption (Stock), avoir été le destinataire concernant le financement de la campagne d’Édouard Balladur en 1995.

Mais n’étant qu’un témoin très indirect dans ce dossier, c’est sur une tout autre affaire que Didier Schuller a apporté aux juges des éléments probants, sous la forme de documents bancaires, traces de versements et rapports de police édifiants, que Mediapart publie en intégralité (voir page 2 de cet article). Tous portent sur les montages offshore et la fortune en Suisse, au Liechtenstein ou à Saint-Martin, de l’actuel maire et député de Levallois-Perret, Patrick Balkany (UMP).

Dès le lendemain de cette audition, les juges avaient transmis au procureur de la République de Paris une "ordonnance de soit communiqué", réclamant au parquet de « requérir ce qu'il appartiendra au vu de l'audition du témoin M. Didier Schuller ». La décision est désormais connue : ce sera une enquête pour blanchiment de fraude fiscale. Les investigations ont été confiées à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), basé à Nanterre.

Président de l’Office des HLM des Hauts-de-Seine quand Didier Schuller en était le directeur général (1988-1995), Patrick Balkany, un intime de l’ancien président Nicolas Sarkozy, est aujourd’hui – et plus que jamais – dans le viseur de son ancien complice.

Didier Schuller, qui a connu la prison et le bracelet électronique après avoir été condamné en 2005 puis en 2007 en appel, contrairement à Patrick Balkany, relaxé, n’a pas caché sa rancune devant les magistrats : « J’ai payé ma dette, je constate aujourd’hui que le président de l’office des HLM de l’époque, M. Balkany, a été relaxé. Il s’en est bien mieux sorti que moi. Je n’ai aucun patrimoine si ce n’est un quart d’appartement en indivision, ayant appartenu à ma mère », a-t-il dit sur procès-verbal.

 

Patrick Balkany, le 26 novembre 2007, à Pekin, devant l'œuvre “Suicide Serie" de l'artiste Wei Guangqing 
Patrick Balkany, le 26 novembre 2007, à Pekin, devant l'œuvre “Suicide Serie" de l'artiste Wei Guangqing © Reuters

« Par contre, a-t-il ajouté, M. Balkany, comme la presse le relate et comme semblent le confirmer les documents que je vous ai remis en copie et qui étaient à la disposition de la justice, aurait à sa disposition un palais à Marrakech, une résidence de luxe à Saint-Martin et l’usufruit du Moulin de Giverny. »

Il a terminé sa déposition d’une phrase assassine : « Je suis heureux de voir que ce que je pensais être du financement politique a pu profiter à d’autres fins et sans doute personnelles. » Lui qui fut de tous les secrets de Patrick Balkany dans les années 1980 et 90 sait de quoi il parle. Au terme de l’audition, les juges ont donc annexé quatre documents accablants pour l’actuel député et maire de Levallois, que leur a remis le témoin.

Fait surprenant : tous ces documents sont issus de la procédure judiciaire sur l’affaire des HLM, vieille de quinze ans, mais, étrangement, n’ont pas provoqué la mise en cause de Patrick Balkany sur les faits précis qu’ils révèlent. « C’est extravagant ! Je n’ai jamais été interrogé dessus, ni à l’instruction, ni lors des procès en première instance ou en appel, alors que c’était dans le dossier », s’étrangle aujourd’hui Didier Schuller, interrogé par Mediapart. « C’est évident : Balkany, dont ces documents montrent qu’il a quand même blanchi 33 millions de francs et qu’il possède un patrimoine caché, a été protégé », poursuit-il. Se pose désormais la question de l’éventuelle pérennité d’un tel système ou de sa transformation grâce à d’autres montages, toujours au profit de Patrick Balkany, qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien.

Des preuves deux fois entre les mains de la justice...

Voici le détail des documents remis par Didier Schuller à la justice :

  • 1) UN RAPPORT DE POLICE DE 1998

Après une « série de vérifications bancaires », un officier de police judiciaire résume en juin 1998 ses trouvailles, à l’intention du juge d’instruction Philippe Vandingenen : une holding suisse baptisée “Supo” apparaît avoir versé en trois fois, sur le compte bancaire parisien de Patrick Balkany, quelque 31,5 millions de francs (soit 4,8 millions d’euros entre 1989 et 1991) pour acheter « près de 50 % » de la société de prêt-à-porter familiale des Balkany, Laine et soie Réty.

Une drôle d’affaire pour Supo, puisque l’entreprise d’habillement est « endettée à hauteur de 28 millions d’euros » et ne vaut pas grand-chose – ces actions seront d’ailleurs revendues « un franc symbolique » quelques années plus tard. Conclusion de l’enquêteur : cette belle opération commerciale « peut avoir servi à masquer le versement de fonds à M. Patrick Balkany, alors président de l’Office départemental HLM du 92 ».

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  • 2) UN VERSEMENT DU LIECHTENSTEIN VERS LA SUISSE

Saisi par un magistrat suisse à la demande du juge Vandingenen, ce document inédit révèle un versement de 11,025 millions de francs (soit 1,7 million d’euros), ordonné en 1991 par la société Lecaya basée au Liechtenstein au profit de la société “Supo”, dans une banque suisse de Zurich. Celle-ci semble avoir ensuite transféré l'argent sur le compte parisien de Patrick Balkany, dans le cadre du rachat de Laine et soie Réty.

Dans le livre French Corruption, Didier Schuller assure que « l’ayant droit de Lecaya était… Patrick Balkany ». « C’est par cette discrète société au Liechtenstein que transitaient les fonds issus des marchés publics destinés à Patrick Balkany », affirme-t-il. En clair, l’étrange vente des actions de Laine et soie aurait permis à l’élu UMP de blanchir l’argent détourné sur les marchés publics du 9-2. De fait, ce versement de 1991 doit bien bénéficier indirectement à Patrick Balkany, puisque le juge helvète qui a saisi le document bancaire prend soin de lui communiquer la pièce (voir page 2).

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  • 3) UN RAPPORT DE POLICE DE 2001

En 2001, la police judiciaire s’est déplacée sur l’île antillaise de Saint-Martin, où Patrick Balkany a ses habitudes. Et dans une synthèse destinée à la juge d’instruction Michèle Vaubaillon, jamais publiée, l’officier rapporte que « Monsieur Balkany possède un compte bancaire dans la partie hollandaise de l’île (…) qu’il utilise pour ses besoins personnels ». A-t-il jamais été déclaré au fisc français ? L’enquêteur estime surtout que Patrick Balkany, officiellement locataire d'une villa avec piscine baptisée Maison du soleil, « est dans les faits propriétaire ». Grâce à des informations préalablement recueillies sur une société « paravent » liée à l'élu UMP, Atlas Finanz service, il se permet même « de supposer que M. Balkany est également propriétaire » d'un second bien sur Saint-Martin, la villa Serena.

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  • 4) UN COMPTE EN SUISSE

Déjà publiée par Le Point, cette quatrième pièce atteste de l’ouverture d’un compte en Suisse par Patrick Balkany, au sein de la banque ABN Amro, en juillet 1994. Dès lors, se pose la même question que pour le compte à Saint-Martin : a-t-il bien été déclaré ? Dans le livre French Corruption, Didier Schuller croit se souvenir qu’à un moment, « il y avait au moins 18 millions de francs, il me l’avait dit ».

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Sollicité par Mediapart, Patrick Balkany n’a pas souhaité répondre à nos questions. Dans un communiqué publié sur Twitter après les révélations du Point, il était tout de même revenu sur l’opération concernant Laine et soie Réty, affirmant : « J’ai vendu à un investisseur suisse, en toute légalité, mes actions de l’entreprise familiale de prêt-à-porter, à la fin des années 1980. Le produit de la vente de ces actions a été intégralement transféré à l’époque au CCF de Levallois. »

Les autres affaires Balkany en cours

Plus d’un an après le départ de son ami Nicolas Sarkozy de l’Élysée, Patrick Balkany apparaît désormais de plus en plus cerné par la justice, qui investigue en outre sur plusieurs affaires liées à son mandat de maire de Levallois-Perret.

Le procureur de Nanterre, Robert Gelli, vient certes de classer sans suite l’enquête ouverte en 2012 sur certaines dérives au sein de la police municipale, en particulier sur les écoutes illégales mises en place par la ville à l’insu des agents – « la régularisation de la situation est intervenue », a bien voulu considérer le parquet. Mais deux autres dossiers plus encombrants, explorés par la police judiciaire parisienne, ont de quoi donner des sueurs froides à l’élu UMP.

Dans le cadre d’une enquête préliminaire, les enquêteurs de la PJ s’intéressent en effet aux chauffeurs du maire (des policiers municipaux pour la plupart), que Patrick Balkany a embarqués lors de plusieurs vacances à Saint-Martin. Ils cherchent à savoir qui a payé leurs billets (de l’élu ou de la municipalité), si les agents ont conduit sur place ou fait bronzette, s’ils ont voyagé sur leur temps de travail (en clair aux frais de la collectivité) ou bien posé des vacances.

Début octobre, lors d’une visite surprise à la mairie de Levallois, les policiers ont ainsi saisi plusieurs documents administratifs, plannings et feuilles de congés, susceptibles d’étayer – ou non – le scénario d’une prise illégale d’intérêts. (Voir notre enquête ici.)

Par ailleurs, comme l’a révélé Le Parisien le 17 octobre, une information judiciaire a été discrètement ouverte en 2012 par le parquet de Paris, qui vise l’emploi présumé fictif d’un certain Jean Testanière, recruté par la ville de 2006 à 2010, bizarrement injecté dans l’organigramme du Levallois Sporting Club en 2009, avec pour mission officielle la préparation psychologique des athlètes du pôle olympique. Surnommé « Le Mage » pour des dons supposés de guérisseur (dont il aurait fait profiter Isabelle Balkany), Jean Testanière s’est surtout retrouvé accusé d’« abus de confiance » et d’« association de malfaiteurs » au récent procès du cercle Wagram, cet établissement de jeux parisien lié au grand banditisme corse.

Si l’instruction a été prudemment ouverte « contre X... », elle menace aujourd'hui le maire, qui a défendu lui-même cette embauche devant son conseil municipal. 

 

 

Lire aussi

 

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 17:06

 

 

rue89.com

 Des emplois verts pour faire baisser le chômage : ça marche

Karima Delli

Publié le 08/11/2013 à 15h53

 

 

De l’Organisation internationale du travail [PDF] à la Commission européenne, en passant par Barack Obama, chacun a conscience qu’un développement réellement soutenable passera par une transformation profonde de notre économie et de notre industrie. La relocalisation d’activités industrielles faiblement émettrices de carbone et la production d’énergies renouvelables sont les deux moteurs de cette transformation.

A rebours des politiques d’austérité qui nous emmènent dans le mur, nous devons dès aujourd’hui mener la transition écologique.

Avec l’enracinement de la crise, les secteurs économiques en bonne santé se font rares, y compris dans les filières vertes. Mais la crise n’est pas seule responsable : le soutien des pouvoirs publics à la transition écologique est instable et défaillant. Les filières éoliennes et solaires ont ainsi souffert des politiques d’austérité, mais aussi et surtout, d’un manque de vision politique à long-terme.

Une opportunité d’emploi durable

Selon l’OIT, des emplois sont « verts » lorsqu’ils réduisent les retombées environnementales et aboutissent à des entreprises et des systèmes économiques qui soient durables en termes économiques, mais aussi sociaux. Ils contribuent notamment à réduire la consommation d’énergie et de matières premières, à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à réduire au minimum les déchets et la pollution. Ce sont des emplois non-délocalisables, car la production et la distribution d’énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments ou encore le tri des déchets sont des activités locales par essence.

En somme, pas de grande révolution en vue : les métiers verts de demain seront en grande partie les métiers d’aujourd’hui. Nous parlons ici d’ingénieurs, de cadres administratifs et commerciaux, d’enseignants, de cuisiniers, de comptables, de chauffeurs routiers... Pour la production d’éoliennes par exemple, les techniques et les métiers existent depuis longtemps, même s’il faut développer de nouvelles formations.

En matière de qualifications, il n’y a pas de crainte à avoir sur la mise à l’écart des travailleurs peu qualifiés, car tous les niveaux de qualification seront concernés : architectes formés au « zéro émission »..., installateurs de matériel isolant ou encore opérateurs de tri des déchets.

En Europe et en France, des exemples qui marchent !

Quel bilan des emplois verts peut-on dresser aujourd’hui ? Chez nos amis autrichiens par exemple, le secteur de l’environnement et de la protection des ressources naturelles représente 7 % des emplois, avec un volume d’activité en forte hausse et un chômage quasi-inexistant.

L’Allemagne de son côté, s’est engagée dans la sortie du nucléaire et est en pointe dans le domaine du renouvelable avec plus 330 000 emplois verts dès 2009.

En France, on en comptait seulement 136 000 emplois en 2008, soit moins de 1% des emplois, même si les métiers « verdissants », c’est-à-dire dont les compétences intègrent progressivement une dimension de protection de l’environnement, atteignent 3,6 millions de personnes (selon une publication conjointe de la Dares et du SoeS de mars 2012). Et que des secteurs comme celui de l’éolien connaissent un bel essor dans différentes régions comme en Picardie ou en Champagne-Ardenne.

Dans cette optique, le Conseil d’analyse stratégique envisageait début 2012, une baisse structurelle du chômage à 6,3% grâce, notamment, à la « transition verte ». Celle-ci s’appuierait sur des « gains d’efficience » (notamment énergétiques), sur « l’éclosion de nouveaux besoins et services », et « des investissements publics spécifiques » (infrastructures de transports…).

Au vu des engagements internationaux de réduction des émissions de gaz carbonique, la dynamique ne peut que s’emballer. Avec l’Accord de Copenhague, les pays industrialisés se sont engagés à réduire d’ici 2050, leurs émissions de CO2 de 80 à 90 % par rapport au niveau de 1990. C’est sans doute la raison pour laquelle le ministère fédéral allemand pour l’Environnement laisse entendre que 6 millions de nouveaux emplois pourraient être créés dans l’UE si l’on renforçait l’objectif contraignant de réduction d’émissions de 20 à 30 % d’ici à 2020….

Mettre l’humain au centre

La transition écologique ne pourra se faire que si l’on remet l’humain au premier plan. Les activités qui dégradent fortement l’environnement et la santé publique (extraction et production d’énergies fossiles, transport routier de marchandises…) sont appelées à diminuer dans le futur, ce qui poussera de nombreux travailleurs à changer d’emploi. Il faut donc sécuriser les parcours professionnels en s’appuyant sur le Fonds social européen dont la mission est de jouer un rôle en matière d’insertion sociale, de formation, et d’accompagnement vers l’emploi. Et au-delà, il faut garantir des salaires décents et équitables à ces nouveaux travailleurs. C’est la raison pour laquelle, nous écologistes, nous nous battons pour instaurer un revenu minimum européen.

Les organismes d’insertion sont un rouage essentiel de la transition écologique, puisqu’ils proposent à leurs membres des qualifications et des compétences durables (dans l’efficacité énergétique, les rénovations thermiques, le recyclage, l’agriculture biologique…). De plus, avec l’explosion du chômage, les projets de reconversion professionnelle sont voués à se multiplier.

Si l’on s’assure que les nouveaux emplois verts soient décents, qu’ils garantissent des revenus adéquats, la protection sociale, le respect des droits des travailleurs, et la possibilité de participer à des décisions affectant leurs vies grâce au dialogue social, alors les emplois verts permettront de réconcilier nos aspirations sociales et environnementales les plus élémentaires. Il est temps de donner une impulsion majeure en France et en Europe !

 

 

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8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 16:32

 

 

 

 

SEREZ-VOUS LA PROCHAINE VICTIME DU GAZ DE SCHISTE ?

 

Réflexion sur la valeur d’une maison sans eau

 

 

Lisez cette histoire qui peut bientôt devenir la vôtre. Vous n’êtes pas un agriculteur qui s’est laissé embobiner par la propagande du gouvernement polonais vénal. Vous n’avez pas signé un contrat de location de votre sol avec une petite société qui peut à tout moment faire faillite, mais qui sert d’écran à une puissante multinationale.

 

Vous êtes simplement propriétaire d’une résidence principale ou secondaire, avec un

modeste verger, située dans un endroit bucolique, et vous vous sentez à l’abri de tout aléa de l’industrie des gaz et pétrole de schiste.

 

Pourtant tout peut basculer, comme le montre cette histoire est arrivée à Ugoszcz, un petit village de Mazovie a quatre-vingt-dix kilomètres de Varsovie.

 

 

TEMOIGNAGE

 

Je suis propriétaire d’une chalet dans la forêt au bord de la rivière Bug. En 2011 déjà, je m’étais aperçu que, chaque fois que je m’absentais quelques semaines, l’eau qui s’écoulait du robinet était brunâtre et grasse durant une demi-heure. Ensuite la cuisine sentait longtemps le gaz. Tout d’abord, j’ai pense que ma bouteille de gaz n’était plus étanche. Mais comme on pouvait sentir la même odeur à différents endroits dans la forêt alentour, j’ai commence a penser au gaz de schiste et j’ai cherché des renseignements.

 

Au printemps 2012, lorsque j’ai mis en marche la pompe qui puisait l’eau à dix-huit

mètres de profondeur, une détonation s’est produite, déchirant le tuyau en caoutchouc armé. On sentait le gaz partout. J’ai décidé d’acheter une nouvelle installation.

 

En été de la même année, j’ai assisté à un autre phénomène étrange. J’étais à l’intérieur, assis sur un escabeau lorsqu’une secousse s’est produite, suffisamment forte pour me faire tomber par terre. Ma maison est construite en bois, donc elle a résisté ; une construction en dur se serait certainement fissurée. A partir de ce moment le filet d’eau n’a cessé de s’amenuiser pour disparaître complètement au printemps 2013. Mon installation ne fonctionnait plus. Visiblement la nappe souterraine dont je puisais l’eau depuis quinze ans à la profondeur de dix-huit mètres a cessé d’exister. Plus tard j’ai appris que les entreprises effectuant l’exploration du gaz de schiste utilisent des explosifs à une grande profondeur.

 

Depuis des années j’avais le projet de emménager définitivement dans ma maison

d’Ugoszcz. Mais, n’ayant plus d’accès à l’eau, je suis obligé de demander un

branchement sur le réseau de distribution du village. Comme mon terrain est assez

éloigné du centre du village, cela va être très coûteux. La mairie a refusé toute participation aux frais de ce branchement.

 

Il y a quelques années, dans le ruisseau à proximité on avait introduit plusieurs familles de castors, qui ont tous disparu l’été dernier, tout comme les poissons et les écrevisses. J’observe aussi la disparition des abeilles - mes arbres n’ont pas donné de fruits cette année : pas une seule prune, pas une seule pomme dans le verger. Jamais encore une telle chose ne s’était produite.

 

Le puits de forage se trouve à quelques 4 kilomètres de ma maison et il n’est plus en action. Il est situé en pleine forêt, dans le triangle formé par les villages de Treblinka – Maliszewa – Lipki. Les chemins forestiers y sont défoncés par les passages de lourds engins et on avait déversé des centaines de tonnes de boue parmi les arbres. Je ne pouvais pas pénétrer sur le terrain : les roues de ma moto s’y enfonçaient jusqu’aux essieux. Et il y a peu de temps cet endroit était si beau et si propre…

 

J’ai découvert aussi un deuxième puits, pas loin du lieu-dit Zlotki Kolonia. Des engins

foraient le sol en rejetant une boue sale qui coulait sur le sentier dans la forêt.

Il y a trois ans, les agriculteurs du lieu ont essayé de chasser l’équipe dont les gros

camions se déplaçaient lentement près du village en émettant de puissantes vibrations vers le sol.

 

Je me demande aussi comment cet empoisonnement influe sur les animaux des fermes. Les vaches pour la plupart boivent l’eau du ruisseau Ugoszczanka, et les cochons sont abreuvés avec l’eau des puits, et non celle du réseau commun.

 

Enfin, je ne comprends pas pourquoi le pouvoir autorise une destruction aussi barbare de l’environnement et des gens. L’appât du gain les aurait-il rendus complètement aveugles ?

 

Z.S.

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La situation décrite met en exergue tous les signes d’une catastrophe écologique à une échelle encore non estimée. Ni l’eau des puits, ni celle du réseau, n’a été analysée. Ceci illustre bien comment les entreprises négligent les régulations en place.

 

De très importants dédommagements auraient dû être versés à l’auteur de ce

témoignage, comme aux agriculteurs des environs de Zamosc, privés depuis 2 ans d’eau potable... Comme à de très nombreuses autres personnes, victimes de forages

d’exploration, sans même parler d’exploitation ! Il semble acquis que ce sont les Polonais qui paieront les frais de cette catastrophe, et non les multinationales coupables qui ont obtenu la bénédiction du gouvernement de M.Tusk et de la Diète.

 

Les concessions pour les forages gazier dans le shale ont été attribuées sans aucune procédure, sans appel d’offre. Les bénéficiaires en sont non pas des multinationales connues, mais de petites sociétés-écrans, enregistrées en Pologne pour la circonstance : elles ont toutes un nom à rallonge (avec celui de la multinationale disparaissant au milieu) et un capital social réduit au minimum, ceci pour ne pas avoir à répondre aux demandes de dédommagements.

 

C’est une nouvelle colonisation du pays, encore une, après l’industrie et le système

bancaire. La plus dangereuse pourtant, puisqu’elle détruit l’essence même du pays : son environnement, son eau potable, la santé de ses habitants.

 

Inutile d’ajouter qu’AUCUNE compagnie d’assurances ne consentira à prendre en charge vos risques liés aux forages, tout comme ceux liés à l’énergie nucléaire.

 

Teresa Jakubowska

 

 

Octobre 2013

 

 

 

 

                                                      ***********************************

 

 

 

A écouter :

 

Dernière émission du "Carrefour des Résistances" sur  Radiosystème avec Alain Roubinot du collectif Garrigue Vaunage contre le gaz de schiste c'était Mercredi. Intervention remarquable où Alain démontre l'implication du traité europe états unis dans la guerre contre l'exploitation du gaz de schiste. C'est très mal barré aussi pour la France!
https://soundcloud.com/radio-systeme/carrefour-des-r-sistances-6


 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 18:12

 

lemonde.fr

 

Nigeria : Amnesty accuse Shell de "manipuler" les études sur les fuites de pétrole

Le Monde.fr avec AFP | 07.11.2013 à 03h41 • Mis à jour le 07.11.2013 à 08h43

 

Au Nigeria, des milliers de personnes ont fait du trafic de pétrole un sport quotidien. La pratique consiste à pirater des pipelines de pétrole brut afin de le raffiner ou de le revendre à l'étranger.

Crédits : REUTERS/AKINTUNDE AKINLEYE


 

Amnesty International accuse le pétrolier Shell de nier ses responsabilités dans les fuites de pétrole au Nigeria, rejetant la faute sur les gangs criminels, dans un rapport publié jeudi 7 novembre. "La corrosion et le manque de maintenance des infrastructures pétrolières" sont les principales sources du problème, au même titre que le sabotage criminel, selon le rapport.

Le géant pétrolier anglo-néerlandais a lui rejeté l'accusation, la considérant "sans fondement". "SPDC [Shell Petroleum Development Company] regrette que certaines ONG continuent à avoir une démarche militante au lieu de se concentrer sur des solutions sur le terrain", a estimé le porte-parole de la filiale nigériane de Shell.

Le nombre de fuites, dans la région pétrolifère du delta du Niger, dans le sud du Nigeria, premier producteur de brut africain, est "stupéfiant", a déclaré l'organisation de défense des droits de l'homme dans son rapport intitulé "Mauvaises informations : enquêtes sur les fuites de pétrole dans le delta du Niger".

 

DES INFORMATIONS "PAS FIABLES"

Shell, qui a le plus grand nombre d'exploitations onshore dans cette région, a annoncé 348 fuites depuis début 2012, alors que la filiale nigériane de la société italienne AGIP a rapporté plus de 1 000 fuites sur la même période. "Les déclarations de Shell sur les fuites de pétrole ne sont pas fiables", a déclaré Audrey Gaughran, responsable des questions internationales au sein de l'ONG (voir aussi ses explications sur le site d'Amnesty).

Les études cherchant à déterminer les responsabilités de ces fuites sont souvent financées et contrôlées par la compagnie pétrolière, selon Amnesty et le Centre pour l'environnement, les droits de l'homme et le développememnt, coauteur du rapport. Et l'Agence nigériane de détection et de réponse aux fuites pétrolières (NOSDRA), chargée de mener des études indépendantes, n'a ni les ressources ni l'expertise nécessaires, selon Amnesty.

Selon les spécialistes indépendants, le sabotage d'oléoducs est un des principaux facteurs de pollution dans le delta du Niger. Les voleurs de pétrole installent des robinets sur les conduits et siphonnent du brut, très lucratif au marché noir. Ce trafic représente un manque à gagner de 6 milliards de dollars annuels (4,5 milliards d'euros) au Nigeria, selon les estimations officielles.

Lire aussi : Pollution pétrolière au Nigeria : la justice néerlandaise condamne la filiale de Shell

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:52

 

 

Des militants de Greenpeace, sur la Moskova, à Moscou, arborent une banderole pour la « libération des 30 », mercredi 6 novembre.

 

 

 

lamontagne.fr

06/11/13 - 11h52

  Arctic Sunrise: les Pays-Bas plaident la cause de Greenpeace devant la justice

 

 
Patrick Lux/AFP  
Les sièges de la délégation russe restent vides au tribunal international de la mer qui doit examiner l'affaire de l'équipage du bateau de Greenpeace, l'Arctic Sunrise, détenu en Russie, le 6 novembre 2013 à Hambourg

Les Pays-Bas ont plaidé mercredi la cause de Greenpeace devant le Tribunal international du droit de la mer qui décidera le 22 novembre s'il ordonne à la Russie de libérer l'équipage d'un bateau de l'organisation détenu depuis fin septembre.

Le navire "Arctic Sunrise", qui bat pavillon néerlandais, a été arraisonné en mer de Barents le 19 septembre par un commando des garde-côtes russes et l'équipage - 30 personnes dont 28 militants de l'ONG, de 18 nationalités différentes - est actuellement détenu à Mourmansk (nord-ouest de la Russie).

Les militants avaient été interceptés alors qu'ils tentaient de déployer une banderole sur une plate-forme pétrolière du géant russe Gazprom pour protester contre l'exploitation énergétique de la région arctique.

 

 
Patrick Lux/AFP Les juges du tribunal international de la mer, le 6 novembre 2013 à Hambourg

Les Pays-Bas ont saisi le Tribunal international du droit de la mer, juridiction des Nations Unies compétente pour régler les litiges maritimes internationaux, afin qu'il prenne plusieurs "mesures provisoires", dont la libération de l'équipage et le rétablissement de la liberté de navigation du navire.

La Russie a décidé de ne pas participer à cette procédure et les sièges de sa délégation sont restés vides, lors de l'audience tenue à Hambourg (nord de l'Allemagne) où siège la juridiction.

Le président du tribunal, le juge japonais Shunji Yanai, a annoncé qu'une décision interviendrait le 22 novembre.

A l'issue de l'audience, Liesbeth Lijnzaad, conseillère juridique du ministère néerlandais des Affaires étrangères, s'est déclarée "confiante de voir la décision des juges refléter de nombreux points de l'argumentation que nous (les Pays-Bas) avons présentée".

Devant les juges, elle a affirmé que la Russie avait "enfreint la liberté de navigation" du navire et "violé les droits de l'homme de cet équipage", tandis que son adjoint, René Lefeber, a martelé que "l'arraisonnement du navire par les autorités russes sans le consentement des Pays-Bas constitue une violation de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM)".

Cela "engage la responsabilité internationale de la Fédération de Russie", a-t-il souligné, rappelant que l'équipage n'avait commis "aucun acte de violence ou de dégradation".

"Nous avons considéré que l'action de protestation pouvait se faire en toute sécurité", a déclaré Daniel Simons, avocat de Greenpeace, auditionné comme témoin.

Ces militants devraient être "célébrés comme des héros", plutôt que d'être emprisonnés "dans des conditions extrêmement dures", a déclaré à l'AFP le directeur exécutif de Greenpeace, Kumi Naidoo, avant l'audience.

L'équipage pourrait être prochainement transféré à Saint-Pétersbourg. "Cela devrait se faire mais nous n'avons pas reçu de confirmation officielle", a dit M. Naidoo.

 

Milla Takala/AFP Kumi Naidoo, directeur exécutif de Greenpeace International, le 15 octobre 2013 à Helsinki

Les militants doivent répondre des accusations de "piraterie" (passible de 15 ans d'emprisonnement) et de "hooliganisme" (passible de 7 ans). La première accusation devait être abandonnée pour laisser place à la seconde mais, selon le directeur de Greenpeace, les deux accusations sont toujours valables.

La représentante des Pays-Bas a parlé d'une "position juridique indécise de la Russie" et regretté que "les actes illicites se poursuivent". "Le différend s'aggrave et s'étend", a-t-elle insisté.

Interrogée par l'AFP, elle n'a pas souhaité s'exprimer sur les suites juridiques qu'aurait une décision favorable du tribunal.

Dans un communiqué, Greenpeace International a dit "espérer que la Russie respectera la CNUDM et les décisions de la Cour".

Depuis septembre, l'affaire "Arctic Sunrise" a suscité une vague de protestation dans plusieurs pays du monde. Le 5 octobre, plusieurs milliers de personnes, à Londres, Helsinki, Paris, Stockholm ou Vienne avaient manifesté leur soutien aux trente membres d'équipage de l'"Arctic Sunrise".

Onze Prix Nobel de la Paix ont écrit au président Vladimir Poutine pour prendre leur défense, et des chefs de gouvernement, comme la chancelière allemande Angela Merkel ou le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault ont évoqué le dossier avec les autorités russes.

 

AFP

 

 

 

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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 17:42

 

 

lemonde.fr

Le directeur financier d'Ikea France en garde à vue

Le Monde.fr | 07.11.2013 à 12h56 • Mis à jour le 07.11.2013 à 18h25 | Par Bertrand Bissuel

 
 
Ikea compte aujourd'hui 298 magasins dans le monde.

Le siège social d'Ikea France, à Plaisir (Yvelines) est perquisitionné depuis jeudi 7 novembre au matin par des policiers, d'après un salarié.

Cette opération, confirmée par la direction et par une source judiciaire, s'inscrit dans le cadre de l'enquête ouverte début mars 2012 contre le distributeur de meubles, accusé de s'être renseigné illégalement sur les éventuels antécédents judiciaires de ses salariés.

D'après un membre du personnel, présent sur les lieux, les officiers de police judiciaire interviennent à l'étage de la direction générale et du contrôle de gestion. Ils s'étaient déjà rendus sur place mardi 5 novembre.

Selon nos informations, Dariusz Rychert, directeur financier d'Ikea France, a été placé en garde à vue dans les locaux de l'enseigne à Plaisir.

 

UNE DIZAINE DE MISES EN EXAMEN

Depuis le début de l'affaire, une dizaine de mises en examen ont été prononcées par le juge d'instruction Alain Gallaire : après celles, le 22 janvier, de l'ancien responsable sécurité de l'enseigne, Jean-François Paris, et de son ex-adjointe, huit autres personnes ont subi le même sort. Parmi elles figurent quatre policiers.

Selon les procès-verbaux d'audition que Le Monde a pu consulter, il apparaît que c'est un vaste système de contrôle illégal qui avait été mis en place par la direction.

Lire aussi : Chez Ikea, l'espionnage des salariés était un système généralisé (édition abonnés)

La déposition de M. Paris, recueillie le 9 avril par le juge Gallaire, a montré que ce tamisage à grande échelle s'est produit dans un grand nombre établissements : aux points de vente de Brest, Rouen, Reims et Avignon, cités au début, se sont ajoutés ceux de Tours, Rennes, Grenoble, Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et Thiais (Val-de-Marne).

"C'est quelque chose qui fonctionnait comme ça chez Ikea, en collaboration avec le responsable sécurité, a par exemple expliqué l'ex-directeur du magasin d'Avignon durant sa garde à vue. J'ai suivi les pratiques qui étaient en place (...). C'était informel."

Bertrand Bissuel
Journaliste au Monde

 

 


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