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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 17:10

 

 

Source : mediapart.fr

« Killstarter », la nouvelle campagne de Greenpeace

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

Détournant l’imagerie et la dénomination du site américain de crowdfunding « Kickstarter », l’ONG environnementale Greenpeace a lancé une nouvelle campagne de collecte de dons pour financer des « projets utiles ».

Imaginée sur le modèle du site américain de crowdfunding « Kickstarter », l’ONG environnementale Greenpeace a détourné le principe du site américain de financement de projet pour inviter les internautes à financer l’organisation.

Appelé « Killstarter », le site factice de Greenpeace propose ironiquement de financer une centrale nucléaire au Mozambique ou d'investir dans la construction d'un laser géant pour faire fondre la banquise, avant que la page ne se brouille pour laisser apparaître un appel aux dons en faveur de l'organisation.

 

Découvrir le site « Killstarter »

 

 

 

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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 17:02

 

 

Source : mediapart.fr

Nelson Mandela ou le triomphe des principes

|  Par Thomas Cantaloube

 

 

Le président sud-africain Jacob Zuma a annoncé jeudi 5 décembre au soir la mort de Nelson Mandela, à l'âge de 95 ans. Le grand homme sud-africain a eu plusieurs vies, mais c'est lors de sa transition de prisonnier à président qu'il a montré ce qui faisait de lui une personnalité exceptionnelle : son intégrité non dénuée de réalisme politique.

La mort de Nelson Mandela, annoncée jeudi 5 décembre, n’est rien de moins que la mort d’un des plus grands hommes du XXe siècle, sinon le plus grand dans la sphère politique. Pas seulement parce que ses combats ont épousé les luttes majeures de son époque (égalité des droits, anticolonialisme, antiracisme), mais parce qu’à chacune des étapes de sa vie, il a fait triompher ses principes, même quand il les a trempés dans le réalisme politique. Il a eu des pairs dans ses luttes – combat révolutionnaire, leader syndical et politique, emprisonnement, pouvoir, retraite –, des personnalités qui ont marqué leur temps sur les cinq continents, mais aucun n’est parvenu à franchir toutes ces phases avec autant de réussite et surtout d’intégrité.

Gandhi et Martin Luther King sont les deux noms que l’on associe le plus souvent à celui de Nelson Mandela – le premier l’a inspiré, le second a porté le combat pour l’égalité dans la nation majeure du XXe siècle – mais aucun des deux n’a gouverné. Leurs parcours restent donc « purs » et leur assassinat a grandi leur légende. Quant aux grands révolutionnaires ou « libérateurs » de cette ère, la plupart ont grossi les rangs des dictateurs (Lénine, Staline, Castro, Mao…) ou fini précipitamment au cimetière (Guevara, Lumumba…). Du côté de ceux qui ont gouverné dignement (Nehru, Havel, Walesa), aucun n’avait un passé de résistant aussi marquant que celui de Mandela et, de toute manière, aucun n’est parvenu à s’affranchir des basses querelles internes, ni à organiser de succession réussie. Et puis il y a tous ceux qui ont brillé à un moment charnière du siècle, mais n’ont guère été des inspirateurs au-delà de leurs frontières (Churchill, de Gaulle, Roosevelt).

 

Le musée de l'Apartheid à Johannesburg 
Le musée de l'Apartheid à Johannesburg © TC

La grandeur de Mandela passe évidemment par son activisme de jeunesse et ses vingt-sept années d’emprisonnement durant lesquelles il n’a rien cédé. Mais elle se niche surtout dans sa transition réussie de résistant héroïque à chef d’État. Dès le début des années 1980, le pouvoir sud-africain lui avait fait des offres de libération assorties de différentes conditions (ayant généralement trait au comportement de l’ANC, le parti qu’il avait dirigé). Mais il les a toutes refusées, préférant sortir de prison selon ses propres termes. Ce qui ne l’a pas empêché de commencer à négocier avec des représentants du gouvernement d’apartheid pendant plusieurs années depuis sa cellule. Au nom du pragmatisme, mais aussi parce qu’il savait qu’une fois libre, le régime de ségrégation s’effondrerait et qu’il lui faudrait alors gouverner. Mandela ne voulait pas être pris en défaut ni se retrouver à la tête d’un pays sans avoir rien préparé.

Ces négociations se sont poursuivies pendant trois ans après son affranchissement. Trois années durant lesquelles Mandela a pu prendre la mesure du monde qu’il rejoignait pleinement – un monde où le communisme, auquel l’ANC était associé, s’effondrait –, éviter les erreurs et préparer la réconciliation nationale.

S’il a toujours su composer avec la réalité politique, il n’a jamais trahi ses principes ni ses amis

 

 

En 1990, lorsqu’il sort de prison, Mandela n’est pas la figure révérée et consensuelle qu’il est devenu par la suite. Mais ses premiers gestes et ses premières paroles sont à mille lieues de tout esprit de revanche. Il va même jusqu’à qualifier Frederik de Klerk, le président afrikaner qui l’a fait sortir de prison, d’« homme intègre » (il le regrettera plus tard), et à pousser un soupir de soulagement lorsque l’ANC, aux élections de 1994, n’obtient pas la majorité des deux tiers qu’elle espérait et qui lui aurait permis de rédiger seule la nouvelle Constitution.

« Je voulais une constitution sud-africaine, pas une constitution de l’ANC. Je voulais un gouvernement d’union nationale », écrira-t-il dans ses superbes mémoires, Un long chemin vers la liberté. Dans les dernière pages de cet ouvrage, il ajoute : « Quand j’ai franchi les portes de la prison, telle était ma mission : libérer à la fois l’opprimé et l’oppresseur. »

Une fois élu président en 1994, Mandela mettra en place la commission Vérité et réconciliation, qui sera considérée comme LE modèle du genre. Beaucoup de Noirs sud-africains reprocheront à cette instance l’absence de sanctions et le sentiment qu’ils ont parfois eu que les bourreaux s’en sortaient avec une légère réprimande. Mais dans la tête de Mandela et du président de la commission, l’archevêque Desmond Tutu, l’accent a toujours été mis sur le second terme de l’intitulé : la réconciliation. Et même si, vingt ans après la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud demeure un pays complexe, torturé et occasionnellement violent, la nation arc-en-ciel n’est pas qu’un vain mot. C’est le pays le plus riche du continent, mais aussi un des plus démocratiques et des mieux intégrés.

En tant que président, Mandela fera ce que peu de ses pairs ont su faire : il abandonnera le pouvoir après un unique mandat. Il aurait aisément pu devenir « président à vie », mais très peu pour lui. Là encore, il sera exemplaire. Il ne se battra même pas pour imposer son héritier préféré, Cyril Ramaphosa, laissant Thabo Mbeki, le favori de l’ANC, prendre sa place. Enfin, une fois la vieillesse devenue trop débilitante, il saura s’éloigner de la vie publique avec ces mots élégants : « Je me retire de ma retraite. Ne m’appelez pas, je vous contacterai. » Les dernières années de sa vie se dérouleront à l’abri des regards – sauf ceux de ses proches – laissant son image intacte et intouchable.

Nelson Mandela a commis des faux pas durant sa longue vie politique : de son acceptation de la violence comme outil politique, à son soutien persistant à des dirigeants peu recommandables mais qui l’avaient aidé dans son combat contre l’apartheid (Kadhafi ou Mugabé). Il n’a jamais été irréprochable, comme il était le premier à l’admettre avec sincérité, ce qui rend ses réussites encore plus remarquables. S’il a toujours su composer avec la réalité politique du moment, il n’a jamais trahi ses principes ni ses amis, et il n’a jamais perdu de vue le cap qu’il s’était fixé.

« J’ai parcouru ce long chemin vers la liberté », écrit-il au dernier paragraphe de ses mémoires. « J’ai essayé de ne pas hésiter ; j’ai fait beaucoup de faux pas. Mais j’ai découvert ce secret : après avoir gravi une haute colline, tout ce qu’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l’admirable paysage qui m’entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j’ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu’un instant ; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n’ose m’attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin. »

Les dernières mois de sa vie ont été étonnants : toute la nation sud-africaine est restée suspendue, jours après jour, à ses bulletins de santé. Non pas pour attendre une improbable rémission, mais plutôt comme s’il s’agissait de profiter des derniers instants de vie du grand homme, de partager encore un bout d’existence avec lui sur cette Terre. Car rares sont les personnalités politiques qui ont eu autant de vies en une seule et qui les ont toutes menées avec succès, élégance et dignité.

 

 

 

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6 décembre 2013 5 06 /12 /décembre /2013 16:54

 

 

Source : mediapart.fr

Le poing et l'amour

|  Par Antoine Perraud

 

 

 

Il y avait chez Nelson Mandela une puissance, une finesse, une beauté politiques, morales, voire métaphysiques. Rendre hommage à cet homme parmi les hommes relève donc de l'ardente et légitime nécessité.

Prisonnier d'août 1962 à février 1990 d'une République d'Afrique du Sud qu'il devait présider de 1994 à 1999, Nelson Mandela est mort jeudi 5 décembre 2013. Impossible, en ce jour, de se dire : mieux vaut en rire qu’en pleurer. Telle fut pourtant la force de l'humoriste sud-africain Pieter-Dirk Uys, qui crève l’écran dans la vidéo ci-dessus. Écœuré par la répression des émeutes de Soweto en 1976, il surgit alors sur scène, pour railler le pouvoir afrikaner raciste du parti national, avec une redoutable force comique. Plus tard, il ne ménagera pas le côté obtus du président Thabo Mbeki (le successeur de Mandela), bêtement buté sur la question du sida.

Pieter-Dirk Uys vise tous les tabous de la société sud-africaine. Mais il épargnait Mandela, comme on protège un être cher et fragile. Certes, au Théâtre du marché de Johannesburg, on a pu l’entendre moquer gentiment le vieil homme, imitant son accent nasillard en roulant les “r” : « We are all children of God ! » Cependant, “Madiba” ne pouvait que susciter l’affection plutôt que le sarcasme, même si le culte dont il était l’objet frôlait parfois le ridicule.

Pieter-Dirk Uys, en se travestissant, avait créé le personnage d’Evita Bezuidenhout, une activiste afrikaner progressiste et foldingue, qui lui permit de lâcher toutes les vérités possibles, imaginables et nécessaires. Or la disparition de Mandela signe l’acte de décès d’une certaine « cause commune » entre Juifs et Noirs, lorsque régnait l’apartheid (lire ici la critique du livre de Nicole Lapierre consacré à ce sujet).

 

Nelson Mandela et Pieter-Dirk Uys (alias Evita Bezuidenhout)... 
Nelson Mandela et Pieter-Dirk Uys (alias Evita Bezuidenhout)...

Le satiriste Pieter-Dirk Uys (né en 1945), le communiste Joe Slovo (1926-1995), la libérale (au meilleur sens du terme) Helen Suzman (1917-2009) : la liste est longue de ces Juifs engagés aux côtés des Noirs, des métis, des Indiens, afin que la radicalisation de la lutte ne fût pas synonyme de “racialisation”. Du côté de l’ANC, l’oreille la plus attentive à cette question était bien Nelson Mandela. Sa fin sonne symboliquement le glas d’une certaine idée de l’arc-en-ciel sud-africain, alors que les élections législatives de l’an prochain s’annoncent tendues.

À l’heure où la globalisation planétaire brouille les combats désormais difficiles à identifier, en ces temps de capitalisme effréné aux allures d’hydre de Lerne, le monde pleure, en Nelson Mandela, la perfection d’un engagement clair et net : intransigeance illimitée sans violence extrême. L'idéal du Tchèque Vaclav Havel ou de la Birmane Aung San Suu Kyi. Un Jaurès ou un Gandhi qu’on n’aurait pas tué. Mandela réussit à se dégager d’un double piège : d’une part celui des racistes blancs qui lui enjoignaient de se soumettre au nom de sa tolérance, d’autre part celui des boutefeux surchauffés, toujours prêts à mourir jusqu’au dernier pacifiste !

Vaincre un objet de haine (le “développement séparé”) et la haine elle-même. Pardonner au bourreau une fois qu’il n’est plus en mesure de passer à l’acte. Retrouver la fraternité agissante prônée par diverses religions comme par la Révolution française. Voilà l’Ubuntu (humanité, bienveillance, mansuétude, solidarité, altruisme discuteur et discutant…) ; cette forme de philanthropie érigée en politique, sans doute le principal legs de Nelson Mandela, prix Nobel de la paix (partagé, en 1993, avec l’ultime représentant du régime de l’apartheid, Frederik de Klerk).

Échapper à un destin tout tracé dans la province du Transkei, où il naquit en 1918. Échapper au rôle de simple caution en accédant aux études supérieures. Échapper à la marginalisation broyeuse après une exclusion de l’université, en 1940, pour fait de grève, avec son condisciple Oliver Tambo (1917-1993) – associés, ils seront les premiers avocats noirs de Johannesburg en 1951. Échapper au bain de sang tout en poussant le Congrès national africain (ANC, rejoint en 1944) à se lancer dans une campagne de désobéissance civile, puis de sabotage, puis de lutte armée pour abattre le régime d’apartheid mis en place, à partir de 1948, par le parti national au pouvoir. Échapper à la paranoïa du dirigeant clandestin pourchassé, avant la capture et le procès de Rivonia (1963-1964). Échapper à la mort que lui souhaitait âprement le ministre de la justice John Vorster. Échapper aux dislocations provoquées par vingt-sept années de captivité.

Sortir pour construire, sourire, absoudre, aimer et tenter d’harmoniser. Chacun pourra toujours chipoter : lui diagnostiquer une complicité fâcheuse avec Kadhafi ou d’autres dictateurs africains ; une faiblesse à l’égard d’obligés qui parlèrent ou agirent en son nom. Nelson Mandela n’était pas un saint. C’était une référence, un phare, un héros. Nous serons des millions à faire pour lui ce que nous ne ferions pour aucune autre sommité : signer un registre, déposer une fleur, envoyer un message, témoigner du respect…

L’enterrement de Margaret Thatcher, en avril dernier à Londres, recélait quelque chose d’odieux : ce fut comme l’ultime manifestation d’une prétendue suprématie de la race blanche. Les obsèques de Nelson Mandela auront sans doute la grandeur, le charme, la puissance et la finesse de ce personnage hors du commun, dont la disparition nous affecte et nous ampute, tous autant que nous sommes.

Ce magnétisme de Nelson Mandela, la vidéo ci-dessous vous en propose une remembrance. Un homme parmi les hommes s’est attardé sur terre, dédaignant l’ingratitude, s’égayant des évolutions, revendiquant l’amélioration et dansant une dernière fois en guise de transmission…

 

 

 

 

 

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 19:08

CADTM

 

Source : cadtm.org

 

Punir les crimes des multinationales à travers d es mécanismes internationaux !

Traité international des peuples : « Défendre les droits des peuples contre le pouvoir des entreprises »

5 décembre par Stop corporate impunity

 


Genève (Suisse), Bali (Indonésie) – Des mouvements sociaux, réseaux et organisations impliqués dans la Campagne mondiale pour démanteler le pouvoir des multinationales et mettre fin à leur impunité, qui ont manifesté aujourd’hui à Bali et à Genève contre la mainmise des multinationales sur les négociations commerciales de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le système sur les Droits Humains des Nations Unies (ONU), exigent des règles contraignantes pour punir les crimes du secteur privé.

« Aujourd’hui, à Bali, alors que les gouvernements se réunissent pour les négociations ministérielles de l’OMC, des centaines de militants du monde entier sont dans la rue pour dénoncer le système de libre-échange qui a facilité les profits du secteur privé, tout en sapant les lois qui protègent les droits humains et environnementaux des crimes des entreprises » selon Lyda Fernanda du Transnational Institute. « Les populations ont montré qu’il existe de véritables alternatives, et ont exprimé la nécessité de réglementation contraignantes à la place d’accords commerciaux toujours plus destructeurs et contre la collusion entre le secteur privé, les gouvernements et les institutions » a-t-elle ajouté.

En plus de dominer les négociations commerciales, le secteur privé a également réussi à mettre la main sur le Forum des Nations Unies sur les entreprises et les droits de l’homme qui se tient à Genève du 2 au 4 décembre. Plusieurs entreprises multinationales, comme Vale, Rio Tinto, Barrick Gold Corporation et d’autres ne participent pas seulement de manière active au forum, mais travaillent avec l’ONU pour maintenir le caractère volontaire des directives basées sur la Responsabilité sociale des entreprises (RSE), qui ne sont pas conçues pour mettre fin ou punir les violations des droits de l’homme menées par les entreprises multinationales. « Ce sont des normes non contraignantes, qui ne comprennent pas de mécanisme d’application et qui sont fondées sur les propres rapports de ces mêmes multinationales sur leurs prétendus résultats en matière de responsabilité, alors que les crimes et atteintes aux droits humains du secteur privé sont systématiques, comme le montrent les tragédies du Rana Plaza (Bangladesh) et Marikana de (Afrique du Sud) » selon Juan Hernandez de l’Institut Hegoa, Pays Basque, alors qu’il rejoignait la manifestation devant le Palais des Nations à Genève. « Les règles non contraignantes de RSE ont permis aux entreprises d’opérer en toute impunité. Pendant des décennies, le lobby des entreprises multinationales sur les institutions des droits de l’Homme a consisté à démanteler toutes les initiatives visant à établir un Traité contraignant et une Cour internationale pour juger les crimes du secteur privé. Les crimes opérés à travers le monde prouvent l’urgence d’un tel traité et d’une telle Cour », a ajouté le professeur Hernandez .

Pour répondre à la mainmise grandissante du secteur privé sur les institutions internationales, les mouvements sociaux, les réseaux et les organisations de la Campagne mondiale pour démanteler le pouvoir des entreprises et mettre fin à leur impunité, sont en train d’élaborer un Traité international des peuples qui « mettra en avant une vision alternative des populations sur le droit et la justice » et où « les populations sont les protagonistes, les acteurs politiques et les auteurs des lois et des normes d’un système politique, économique et juridique qui mettra fin aux privilèges extraordinaires et à l’impunité dont jouissent les entreprises multinationales ».

Le processus d’élaboration de ce Traité des Peuples comprend des discussions avec plusieurs gouvernements qui ont envoyé une requête auprès du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU pour instaurer des règles contraignantes sur les multinationales. Richard Girard, de l’Institut Polaris au Canada affirme que « nous allons continuer à mobiliser jusqu’à ce que ces normes contraignantes soient en place et jusqu’à ce que les populations qui ont subi des crimes du secteur privé soient indemnisées ».

 

Pour plus d’information, merci de contacter :
A Bali (Indonesie) :
- Lyda Fernanda (espagnol et anglais) - lydafernanda@tni.org / +62 082236635857
- Brid Brennan (anglais) - bridbrennan@tni.org
- Richard Girard (anglais et français) - richard@polarisinstitute.org
A Genève (Suisse) :
Diana Aguiar (anglais, espagnol et portugais) – dianaguiar@gmail.com / +41 787985059
Gonzalo Berron (espagnol) - g.berron@gmail.com

 

Ressources complémentaires :
- www.stopcorporateimpunity.org
- Traité international des peuples – « Défendre les droits des populations du secteur privé » : http://www.stopcorporateimpunity.or...
- Impunité INC : Reflexions sur les “Super-Droits” et les “Super-Pouvoirs” du secteur privé : http://www.stopcorporateimpunity.or...
- Déclaration pour le Conseil des Droits de l’Homme en soutien de l’initiative d’une groupe d’Etats pour un instrument légalement contraignant sur les multinationales : http://www.stopcorporateimpunity.or...

 

 

 

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 16:58

 

Source : wedemain.fr

 

À Amsterdam, des toilettes publiques changent l’urine en engrais
Rédigé par Côme Bastin le Mardi 3 Décembre 2013 à 16:52

 

La municipalité à installé dans les rues des toilettes qui permettent de générer un produit fertilisant en récupérant le phosphore contenu dans l'urine.

 

Crédits : Cris Toala Olivares
Crédits : Cris Toala Olivares
Aux Pays-Bas, faire ses besoins dans la rue participe à l’économie circulaire. La municipalité d’Amsterdam vient d’installer des pissotières urbaines qui récupèrent l’urine… afin d’en faire de l’engrais. À l’origine du projet : les importants dégâts causés par l’accumulation du phosphore contenu dans l’urine sur les canalisations. « Quitte à l’enlever, nous nous sommes demandés si nous ne pouvions pas en faire quelque chose », raconte Peer Roojiman, responsable du traitement des eaux usagées de la ville. Le phosphore, qui fait partie des éléments de base de la plupart des engrais, est nécessaire à tout ce qui vit sur Terre, mais ses réserves sont limitées, et commencent à s'épuiser.
 
[Vidéo] Présentation du projet

 

« Comme tout le monde en rejette chaque jour en allant aux toilettes, nous avons envisagé le récupérer. » Plutôt que de terminer aux égouts, le réseau de traitement installé sur ces urinoirs écologiques passe par un collecteur qui extrait phosphores et nitrates du précieux liquide. Ces éléments permettent de fabriquer du struvite, un cristal blanc dont les propriétés fertilisantes sont éprouvées depuis le XIXè siècle. L’engrais est ensuite distribué à des fermes locales.
 
La mairie estime que l’équivalent de 10 000 stades de foot de terres agricoles pourrait être fertilisé si la pratique se généralisait dans la ville. Aller au petit coin sera demain un acte écologique.

Source : FastCoexist
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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 16:27

 

Source : lhumanite.fr

 

Social-Eco - le 5 Décembre 2013

Enquête

 La Redoute: un rapport montre comment Pinault a vidé les caisses

 

 

 

Pendant des années, La Redoute a fait la fortune de la famille Pinault avant d’être délibérément abandonnée au profit du luxe.

Née dans les années 1820, l’entreprise de filature de laine s’est transformée en leader de la vente à distance (VAD) dans l’habillement et l’ameublement. Véritable pilier de l’empire PPR (Pinault Printemps Redoute) depuis 1994, date à laquelle la famille Pinault a repris une enseigne florissante, l’entreprise présente aujourd’hui de lourdes pertes (– 44 millions d’euros fin 2012). Si le marché de l’habillement, y compris dans le circuit très concurrentiel de la VAD, connaît un repli continu depuis 2008, c’est surtout la stratégie poursuivie par le groupe PPR, devenu Kering, qui a vidé les caisses de La Redoute. Un rapport d’expertise commandé par le comité d’entreprise de La Redoute à un cabinet extérieur, rendu en octobre dernier, met en lumière l’opération financière réalisée par la famille Pinault. « La Redoute a fortement contribué à la croissance de PPR », analyse le rapport, qui comptabilise 256 millions d’euros de dividendes et 113 millions d’euros de redevance de marques versés par La Redoute à PPR, puis Kering, entre 1997 et 2012.

Ce pompage de la trésorerie de l’entreprise de VAD a clairement servi à la famille Pinault à développer son pôle luxe : en passant de 174 à 347 millions d’euros, le montant des investissements de Kering dans le luxe a doublé entre 2011 et 2012, alors que le pôle distribution Redcats, dont fait partie La Redoute, était lui en plein démantèlement. Pour La Redoute, Kering a clairement choisi de diminuer de plus de 10 millions d’euros les investissements commerciaux entre 2011 et 2012. Une stratégie en ligne avec l’option de « décroissance rentable » mise en place par le groupe. « La rentabilité (a été) privilégiée au volume d’affaires », souligne le rapport d’expertise. En décidant de maintenir des prix élevés, la direction de La Redoute a manifestement organisé une baisse du volume d’articles vendus au second semestre 2012, tablant sur la baisse des coûts de fonctionnement qui accompagnent nécessairement une baisse d’activité. Pour le cabinet d’expertise mandaté, une augmentation de capital substantielle aurait été nécessaire pour relancer les investissements.

Concernant le projet de cession de l’entreprise de VAD, le rapport insiste sur la responsabilité de l’employeur à sécuriser ses futurs ex-salariés. « Afin de prévenir les conséquences sociales négatives pouvant résulter de la cession, Kering peut prévoir un accompagnement visant à sécuriser l’avenir des salariés des activités à céder, en amont de la cession », expose le document.

 

 

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 16:13

 

Source : lhumanite.fr

 

Monde - le 4 Décembre 2013

C'est un scandale!

 Au Portugal, les plus riches s’éclatent avec l’austérité

 

 

 

Alors que la pauvreté explose, les 25 Portugais les plus riches ont vu 
leur fortune croître 
de 16 % en 2013.  

Les Bruxelles boys sont de retour aujourd’hui à Lisbonne. Les hommes en noir de la troïka (FMI, Banque mondiale et Commission européenne) vont scruter, à l’euro près, les finances publiques portugaises. Pour s’assurer qu’en contrepartie de « l’aide financière » de 78 milliards d’euros accordée aux autorités en mai 2011, le corset budgétaire est bien serré. Faut-il encore l’écrire, cette aide a été conditionnée à un vaste programme d’austérité aux conséquences dévastatrices pour l’économie nationale et pour l’écrasante majorité des Portugais. Le chômage flambe et près de 18 % de la population est désormais au bord de la pauvreté. Il faut ramener le déficit public à 4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2014, contre 5,5 % en 2013, enjoint la troïka. Alors la poste portugaise est livrée aux spéculateurs avec une mise en Bourse jeudi de 70 % de son capital. Les fonctionnaires subiront des baisses de salaire allant de 2,5 % à 12 % après avoir vu leurs retraites amputées. Les allocations chômage, les salaires, les retraites ont fondu tandis que la TVA, l’impôt le plus injuste, est montée en flèche. Pauvres, serrez-vous la ceinture ! Et pendant ce temps, 
les grandes fortunes s’engraissent.

 

Les plus riches pèsent l'équivalent de 10% du PIB

Les 25 personnes les plus riches ont vu leur fortune croître de 16 % en 2013, selon le palmarès (sic) du magazine Exame. Cette caste cumule à elle seule 16,7 milliards d’euros, pesant l’équivalent de 10 % du PIB, contre 8,4 % l’année passée. « Même en temps de crise, les grosses fortunes continuent à s’accroître », croit bon de rappeler la revue, qui précise que ces gains ont pour origine l’activité en Bourse des plus nantis. Ainsi, l’homme le plus riche du Portugal, Americo Amorim, a vu sa fortune doubler, atteignant désormais 4,5 milliards d’euros, grâce à la flambée des titres du groupe Amorim, premier producteur mondial de bouchons de liège, et du pétrolier Galp Energia. Il coiffe ainsi au poteau le géant de la distribution alimentaire, Alexandre Soares dos Santos, qui devra se contenter de la deuxième place avec 2,2 milliards d’euros. La famille Guimaraes de Mello n’est que sur la troisième marche du podium avec 1,7 milliard d’euros.

 

 

 

Au Portugal, le deux poids, deux mesures est « l’autre » politique de rigueur. Les plus pauvres paient la facture la plus lourde de la crise tandis que les grandes entreprises et les arrogantes fortunes ont bénéficié des généreux cadeaux fiscaux consentis par les gouvernements successifs, de droite ou sociaux-démocrates. Alors que le pays retrouve les pics d’émigration des années soixante, Lisbonne tente d’attirer investisseurs et retraités étrangers par des promesses fiscales alléchantes. Enfin, l’Union européenne, si pointilleuse sur l’austérité budgétaire, ne s’est jamais préoccupée des paradis fiscaux en son sein. À commencer par l’île portugaise de Madère.

 

 

 

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 16:02

 

Source : lemonde.fr

 

Les supermarchés Casino ne vendront plus de poissons des grands fonds

Le Monde.fr | 03.12.2013 à 10h42 • Mis à jour le 04.12.2013 à 09h07 | Par Martine Valo

 
Etal de poissons dans un supermarché français.

Plus de sabre, de grenadier ni de brosme au rayon poissonnerie des supermarchés Casino : le groupe vient de faire savoir qu'il ne proposerait plus ces poissons d'eau profonde à partir du 1er janvier 2014. Cette décision vient encore renforcer le camp des opposants à la pêche des grands fonds, lancés dans une offensive politico-médiatique tous azimuts à la veille d'un vote du Parlement européen sur cette question devenue sensible. Les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg doivent en débattre et adopter une position les 9 et 10 décembre.

Les anti-chalutage profond – Claire Nouvian en tête – sont en train de récolter les fruits de leurs efforts. La fondatrice de l'association Bloom qui milite vigoureusement sur ce thème depuis des années a remis, mardi 3 décembre au cabinet de François Hollande, une pétition exhortant le président de la République « à soutenir la proposition européenne d'interdire le chalutage en eaux profondes, qui est reconnu comme l'une des méthodes de pêche les plus destructrices de l'histoire. »

Mardi 3 décembre au matin, cet appel qui a pour ambition d'atteindre 700 000 signatures, en avait réuni 698 942. Une autre pétition circule, lancée conjointement avec l'association anglaise Fishlove, adressée cette fois aux parlementaires européens.

 

BANDE DESSINÉE ET MOINE BOUDHISTE

Mais, la bande dessinée humoristique et pédagogique de Pénélope Bagieu qui a fait le tour du Net, a manifestement stimulé les ardeurs du public, davantage que tous les appels réunis par Bloom de personnalités emblématiques comme le millionnaire Richard Branson, le moine boudhiste Matthieu Ricard ou l'écologiste Nicolas Hulot. Elle a aussi produit plus d'effets que le texte coordonné par la même association et signé par 300 scientifiques internationaux, mobilisés contre les « pratiques de pêche destructrices ».

C'est en effet d'abord contre une technique de capture, le chalutage profond, que se cristallise cette mobilisation, plutôt que sur la défense de telle ou telle espèce vivant quelques centaines de mètres sous la surface. La Commission européenne a proposé d'en finir avec cette pratique en juillet 2012. Depuis, de reports en tergiversations, le texte n'a guère avancé. Il arrive fortement amendé au Parlement européen.

Ensuite, il va devoir convaincre le conseil des ministres européens de la pêche de son bien-fondé. Or, au Parlement comme chez le ministre Frédéric Cuvillier, les Français freinent des quatre fers contre toute mesure qui pourrait avoir des conséquences sur l'emploi en Bretagne, alors que la région est frappée par une violente crise économique. L'Espagne est sur la même ligne.

 

UN POISSON VÉTÉRAN DE 120 ANS

En plus d'abîmer les habitats sous-marins – de détruire coraux et éponges lorsqu'il y en a, mais aussi de déplacer les sédiments contenus dans les fonds sableux –, le chalutage profond a pour autre gros défaut de manquer de sélectivité. Pour trois espèces les plus communément ciblées, des dizaines d'autres sont pêchées puis rejetées. Or, la faune profonde est particulièrement vulnérable. Elle a d'autant plus de mal à se régénérer qu'elle vit plus longtemps et se reproduit plus lentement. Du moins pour ce que l'on sait des populations d'espèces profondes : on n'en connaît guère que ce que révèlent les contenus des filets.

Même sommaires, ces estimations n'incitent pas à l'optimisme. En 2010, l'interdiction de la pêche de l'empereur – un vétéran fragile dont la durée de vie peut atteindre 120 ans – s'est imposée tant sa population avait fondu. Trois ans auparavant, le groupe Casino avait déjà décidé de le retirer de ses étals par souci d'encourager une pêche durable et responsable. L'enseigne avait aussi cessé de commercialiser la lingue bleue dès 2007.

Martine Valo
Journaliste au Monde

 


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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 15:53

 

Source : ptb.be

 

3 décembre 2013 16:07 | Il y a : 2  jour(s)

Espagne :: Le maire de Marinaleda sous les verrous

 

 

 

Quatre dirigeants du syndicat des travailleurs andalous SAT ont été condamnés à sept mois de réclusion. Parmi eux, le charismatique maire de Marinaleda, Juan Manuel Sánchez Gordillo, qui est aussi élu au Parlement.

Carmela Negrete

 

 

Le maire révolutionnaire de Marinaleda, connu chez nous suite à un reportage diffusé sur TerZake et une interview de L’Humanité publiée dans Solidaire est, pour reprendre les termes du quotidien britannique The Guardian, l’homme qui a transformé le petit village défavorisé de Marinaleda en « utopie communiste ». En 2012, le village connaissait un taux de chômage de 5 %, alors qu’à la même époque le reste de l’Espagne affichait un taux de 25 %.
    La semaine dernière, la Cour suprême d’Andalousie a également condamné le secrétaire général du syndicat SAT, Diego Cañamero. Les deux hommes sont poursuivis pour avoir occupé le domaine Las Turquillas durant l’été 2012. Cette finca est une propriété publique, le ministère de la Défense n’utilise que 20 des 1 200 hectares de cette propriété pour un haras, le reste est laissé en friche. En 2010 déjà, même le parti de droite Partido Popular (PP) avait reproché que seules 25 personnes étaient employées sur cette propriété, alors qu’une gestion saine et efficace générerait au moins 800 emplois. L’Andalousie est l’une des régions les plus touchées par le chômage en Espagne, avec un taux de 35,9 % selon les derniers chiffres officiels.
    « Nous avons un problème, et ce problème c’est le capitalisme », a déclaré le maire Sánchez Gordillo le 11 novembre dernier lors d’une assemblée à Grenade, à l’ouverture du procès. « Ce qu’il faut c’est une véritable lutte anticapitaliste, à la fois révolutionnaire et capable d’ébranler le système. » Sur les 54 membres du syndicat assignés à comparaître, quatre ont été condamnés à une peine, les cinquante autres ont été acquittés.
    Le SAT est connu pour ses actions spectaculaires. L’an dernier, le syndicat a fait la Une des journaux espagnols pour avoir mené dans les supermarchés une action de confiscation symbolique et avoir redistribué les aliments aux familles démunies. A plusieurs reprises, le syndicat a occupé des terres agricoles à l’abandon pour réclamer leur redistribution aux paysans sans terre. Depuis mai 2012, le syndicat occupe le domaine Somontes à Cordoue et y a créé une coopérative qui cultive des fruits et des légumes revendus sur les marchés locaux des alentours.

Photographier des agents de police : interdit !

Le gouvernement espagnol et le parlement, dominé par une majorité absolue du Partido Popular (PP), ont décidé de durcir le Code pénal contre ce type d’actions en particulier, mais aussi contre les simples manifestations. Ils ont proposé l’insertion d’au moins 16 nouveaux délits dans le Code pénal pour réprimer la protestation sociale. Ainsi, photographier des agents de police lors d’une manifestation sera désormais passible d’une amende d’un demi-million d’euros. Participer à une manifestation non autorisée devant le Congrès ou tout autre bâtiment public sera puni d’une amende pouvant aller jusqu’à 600 000 euros, même si cette manifestation est pacifique.
    Avec ces nouvelles mesures, le gouvernement espagnol espère empêcher que d’autres manifestations comme celle du 25 septembre 2012 puissent avoir lieu. Pour rappel, ce jour-là, des milliers de personnes ont participé à un blocage symbolique du Congrès et réclamé la démission du gouvernement. L’intervention brutale de la police a été filmée par de nombreuses caméras de télévision et téléphones portables. Des images choquantes montrent les forces de l’ordre poursuivant des manifestants dans la gare Atocha et tirant sur eux des balles en caoutchouc à l’intérieur du bâtiment. Plusieurs plaintes ont été déposées, mais, plutôt que d’enquêter, le ministre de l’Intérieur, Jorge Fernández Díaz, a invité un inspecteur des forces de l’ordre à se pencher sur un durcissement du droit pénal.
    A l’avenir, ce ne sont plus les brutalités des agents qui seront punies, mais les journalistes et les manifestants qui les photographient.
    A l’avenir, toute manifestation sur un monument ou un immeuble public sera interdite. Greenpeace, connue pour ce genre d’actions spectaculaires, a déjà réagi. La semaine dernière, les activistes de l’ONG ont déployé sur l’immeuble de l’entreprise pétrolière Shell à Madrid une banderole de 315 m2  pour protester contre « la limitation du droit de protester pacifiquement ».

 

 

 

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5 décembre 2013 4 05 /12 /décembre /2013 15:47

 

 

Source : mediapart.fr

La lutte contre la fraude fiscale revue à la baisse

|  Par Michel Deléan et Dan Israel

 

 

 

Le Conseil constitutionnel, qui avait été saisi par des parlementaires UMP, a censuré mercredi matin plusieurs dispositions de la loi anti-fraude fiscale qui avait été adoptée à la suite de l’affaire Cahuzac. Plusieurs dispositions visant à faciliter les enquêtes ont été supprimées. Le procureur financier, lui, a survécu. Analyse détaillée d'un texte qui perd beaucoup de ses ambitions initiales.

En quelques coups de rabot, donnés un an pile après le début de l’affaire Cahuzac, le Conseil constitutionnel a invalidé, ce mercredi 4 décembre, plusieurs dispositions de la loi « relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière » adoptée le 6 novembre dernier. À l'origine de cette saisine, une soixantaine de sénateurs UMP et centristes, qui estimaient non conformes à la Constitution 11 des 73 articles de loi adoptés par les députés PS et écologistes, ces derniers s’étant montrés soucieux de faire oublier la chute de l’ex-ministre du budget en durcissant la législation.

Au bout du compte, le Conseil constitutionnel n’a pas été aussi loin que ces sénateurs d’opposition l’espéraient (on peut lire l’intégralité de la décision ici). Il a toutefois envoyé quelques signaux qui indiquent que la délinquance en col blanc n’a pas la même gravité pour tout le monde, alors que, selon l’économiste Gabriel Zucman, 350 milliards d’euros français dorment dans des paradis fiscaux.

Les « sages » autoproclamés de la rue Montpensier ont ainsi censuré une mesure avant tout destinée à frapper les esprits : la garde à vue de 96 heures en matière de fraude fiscale dans des cas exceptionnels (elle existe déjà en matière de terrorisme et de criminalité organisée). Ce faisant, le Conseil constitutionnel a mis en avant les principes de liberté individuelle et de respect des droits de la défense, croyant devoir préciser au passage que les délits « de corruption et de trafic d’influence ainsi que de fraude fiscale et douanière constituent des délits qui ne sont pas susceptibles de porter atteinte en eux-mêmes à la sécurité, à la dignité ou à la vie des personnes ».  

 

Jérôme Cahuzac 
Jérôme Cahuzac

D’autres dispositions – plus importantes en terme d’efficacité de l’enquête – ont néanmoins été conservées : ainsi en est-il de la possibilité, pour la justice, d’autoriser « l’interception, l’enregistrement et la transcription des correspondances émises par la voie des télécommunications », ainsi que la sonorisation « des lieux ou véhicules privés ou publics », et l’accès aux données informatiques « sans le consentement des intéressés ». Des « techniques spéciales d’enquête » qui sont déjà utilisées en matière de terrorisme et de criminalité organisée.

Le Conseil constitutionnel a, par ailleurs, censuré une disposition qui avait tout pour déplaire aux milieux d’affaires : elle prévoyait, dans certains cas, d’aggraver les peines encourues par les personnes morales, en les portant soit au « quintuple du taux maximum de l’amende prévu pour les personnes physiques », soit au « dixième du chiffre d’affaires moyen de la personne morale », voire à un million d’euros dans des circonstances particulières.

Les « sages » ont estimé que le fait de prendre en compte le chiffre d’affaires de la personne morale condamnée est un critère qui ne dépend pas de l’infraction, et « est susceptible de revêtir un caractère manifestement hors de proportion avec la gravité de l'infraction constatée », et est donc contraire à « l'article 8 de la Déclaration de 1789 ».

Autre coup de rabot, le Conseil a sensiblement restreint l’utilisation espérée des listes de fraudeurs fiscaux. La loi établissait que le fisc aurait le droit de s’appuyer sur des informations de tout type, et quelle que soit leur origine. Autrement dit, qu’il lui serait possible de piocher dans des listes de fraudeurs transmises par des employés de banques à l’étranger, même si elles sont volées. 

L’Allemagne n’hésite pas à acheter de telles listes, comme l'a par exemple indiqué en avril le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie. En France, le seul cas connu date de 2009, quand Hervé Falciani, l’informaticien de HSBC Genève, avait fourni à Bercy la fameuse liste de 3 000 contribuables français disposant de comptes en Suisse (lire l’entretien que Hervé Falciani a accordé à Mediapart).

Or, si le Conseil constitutionnel ne censure par cette disposition à proprement parler, il indique tout de même (au détour d’une « réserve ») que le fisc et les douanes ne pourront se servir de telles listes si elles sont déclarées illégales par la justice, y compris a posteriori.

Autre bâton dans les roues des enquêteurs travaillant sur ces précieuses listes : la loi prévoyait qu’ils pourraient demander au juge l’autorisation d’aller effectuer des « visites domiciliaires », c’est-à-dire des perquisitions ou contrôles à domicile, sur la base des informations contenues dans ces listes. Cette disposition est elle aussi censurée, toujours au nom du respect de la vie privée et des droits de la défense.

Le Conseil constitutionnel rétablit donc du même coup la jurisprudence de la Cour de cassation : en 2012, elle avait annulé des perquisitions du fisc reposant sur la liste Falciani, au motif que les données avaient été soustraites de manière illicite. Autrement dit, le fisc en possession de listings volés désignant des fraudeurs pourra leur demander de s’expliquer, mais ne pourra pas aller plus loin si ces mauvais payeurs refusent de coopérer.

Un expert nommé Eric Woerth

Mais c’est sur un dernier point que le Conseil constitutionnel souligne son décalage avec la volonté politique du gouvernement français et de ses partenaires du G20. La loi stipulait qu’à partir du 1er janvier 2016, tous les États n’ayant pas signé d’accord d’échange automatique d’informations fiscales avec la France seraient inclus dans la liste noire française des États non coopératifs. La présence sur cette liste, qui comporte aujourd’hui huit minuscules territoires reconnus comme des paradis fiscaux, entraîne notamment de lourdes surtaxes sur toutes les sommes d’argent partant vers ces territoires.

 

Hervé Falciani 
Hervé Falciani © Reuters

Or les « sages » ont décidé de censurer cet article de loi, sur un motif quelque peu biscornu : « Selon les informations communiquées par le Gouvernement, la France n'a conclu à ce jour aucune convention bilatérale comportant une clause d'échange automatique de documents. De très nombreux États auraient donc été susceptibles d'être inclus dans la liste des États et territoires non coopératifs au 1er janvier 2016 », écrit le Conseil.  

Seul problème, la France, comme tous les pays du G20, s’est engagée à faire entrer en vigueur avec tous ses partenaires l’échange automatique avant la fin 2015 ! C’est encore ce que confirmait à Mediapart début novembre Pascal Canfin, le ministre délégué au développement.

Par ailleurs, cet échange automatique est déjà en place, pour un nombre très restreint de données, comme les intérêts générés par les comptes en banque, au sein de l’Union européenne (sauf avec le Luxembourg et l’Autriche).

Reste que le Conseil constitutionnel a validé une bonne partie du texte de loi, reconnaissant notamment le droit des associations de lutte contre la corruption de se constituer partie civile, ainsi que la création d’un procureur de la République financier (pourtant critiqué dans la magistrature).

Le Conseil a également confirmé le durcissement de certaines condamnations. La fraude fiscale aggravée sera maintenant passible d’une peine maximum de 7 ans de prison et 2 millions d’euros d’amende, « lorsque les faits ont été commis en bande organisée », ou encore « réalisés ou facilités » au moyen de comptes ouverts à l’étranger, de personnes physiques ou morales établies à l’étranger, d'une domiciliation fictive à l'étranger, ou encore d’une société écran.

Pour sa part, la garde des Sceaux Christiane Taubira « se félicite de la décision rendue ce jour par le Conseil constitutionnel qui valide, très largement, la loi relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière », fait-elle savoir mercredi par communiqué. Même satisfaction affichée du côté du député (PS) Yann Galut, le rapporteur du texte de loi.

Cette loi, qui devrait entrer en vigueur au deuxième trimestre 2014, a déjà un impact certain, qui se combine avec l'annonce par la Suisse de la mise en place prochaine de l'échange automatique d'informations fiscales. Le ministre du budget Bernard Cazeneuve, a indiqué (le 2 décembre sur France Inter) qu’en trois mois, quelque 8 500 contribuables s'étaient déjà signalés au fisc pour régulariser leur situation avant que les nouvelles sanctions ne s'appliquent. C'est plus que pour les quatre années précédentes. 

Malgré cela, tout le monde ne semble pas intimement persuadé des bienfaits de la lutte contre la fraude fiscale. Il est un ancien ministre du budget qui, alors même que le Conseil constitutionnel rendait sa décision, a fait entendre une voix discordante. Le député (UMP) Éric Woerth, bien qu’étant aux prises avec la justice dans les affaires Bettencourt et Compiègne, a délivré sans désemparer des leçons de bonne gestion au gouvernement, demandant notamment sur son compte Twitter (voir les captures d'écran ci-dessous) un « moratoire d’un an » sur les contrôles fiscaux, ainsi que de l’Urssaf et de l’inspection du travail...

 

 

 

 

 

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