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Démocratie Réelle Maintenant des Indignés de Nîmes

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 20:44

Podemos, le parti qui bouscule l’Espagne

 

Source : http://www.monde-diplomatique.fr

 

 

Lundi 25 mai 2015. Podemos est devenu dimanche 24 mai, lors des élections locales en Espagne, la troisième force politique du pays, mettant fin au bipartisme en vigueur depuis quarante ans. Les coalitions qu’elle soutient sont aux portes des mairies de Madrid et Barcelone. L’affaissement du Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) est de bon augure pour cette formation anti-austérité, avant des élections législatives (en novembre) qui pourraient changer la donne en Europe.

A quoi servent les formations politiques ?

 

Podemos, le parti qui bouscule l’Espagne

 

 

La perspective d’une victoire de la formation de gauche radicale Syriza lors d’élections législatives anticipées en Grèce a suffi à alarmer la Commission européenne. Ailleurs en Europe, la résistance aux politiques d’austérité s’organise loin de structures partisanes soupçonnées de faire partie du problème plutôt que de la solution. Ce fut longtemps le cas en Espagne, jusqu’à la création d’un parti qui semble changer la donne.

par Renaud Lambert, janvier 2015
 
 

Madrid, 15 mai 2011. Des milliers, puis des centaines de milliers de manifestants, bientôt rebaptisés « indignés » par la presse, se rassemblent à la Puerta del Sol, au cœur de la capitale espagnole. Ils dénoncent la mainmise des banques sur l’économie et une démocratie qui ne les « représente pas ». Enfiévrées, leurs assemblées interdisent drapeaux, sigles politiques et prises de parole au nom d’organisations ou de collectifs. Un slogan émerge bientôt de leurs rangs : « Le peuple, uni, n’a pas besoin de partis. »

Trois ans plus tard, la place de la Puerta del Sol est vide. L’ambition que les choses changent n’a pas disparu, elle a muté. De façon inattendue, l’espoir se cristallise désormais sur une nouvelle formation politique, Podemos (« Nous pouvons »). Alors que, dans la plupart des pays européens, les partis se heurtent à un discrédit croissant, elle rencontre au contraire un succès inattendu.

« On peine à y croire », sourit l’eurodéputé Pablo Echenique lors d’une rencontre organisée par le « cercle » parisien de Podemos en novembre 2014. « Notre parti a été créé en janvier 2014. Cinq mois plus tard, nous remportions 8 % des voix aux élections européennes. Aujourd’hui, toutes les enquêtes présentent notre formation comme la première force politique d’Espagne ! » Les dirigeants de Podemos savent qu’un sondage n’est pas un scrutin. En décembre 2014, de nouvelles enquêtes relèguent d’ailleurs le parti à la deuxième place, derrière le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Difficile toutefois d’exclure tout à fait la possibilité d’une victoire lors des élections générales qui doivent se tenir le 20 décembre 2015 au plus tard.

La création de Podemos naît d’un constat : « A notre avis, le mouvement du 15-Mai s’est enfermé dans une conception mouvementiste de la politique, nous explique le sociologue Jorge Lago, membre du conseil citoyen de Podemos, sa direction élargie. Or l’idée qu’une accumulation progressive de force allait nécessairement conduire à une traduction politique des rassemblements s’est révélée fausse. » Des associations de lutte contre les expulsions de locataires ont été créées, des réseaux de résistance contre la casse de la santé sont apparus, mais le mouvement général s’est essoufflé, avant de se désagréger.

Sur le plan électoral, même déconvenue. « 80 % de la population se disait en accord avec le mouvement, mais les gens ont continué à voter de façon traditionnelle », poursuit Lago. En novembre 2011, les élections générales se soldent par un raz de marée conservateur. D’où la double hypothèse des fondateurs de Podemos : et si, parmi les personnes qui sympathisaient avec le mouvement du 15-Mai, certaines souhaitaient toujours être représentées ? Et si, dans le contexte actuel, le passage par l’Etat représentait une condition sine qua non de la transformation sociale ?

S’il tranche avec les appels à la démocratie directe de la Puerta del Sol, Podemos se veut l’héritier de « l’esprit de mai », notamment à travers ses principes de financement participatif, de transparence et de délibération collective. Mais ses membres semblent avoir tiré un bilan critique de certains pièges de l’assembléisme. Lors du premier congrès du parti, en octobre dernier, la motion de M. Echenique proposait d’accroître la décentralisation, l’horizontalité, la souplesse. Celle de M. Pablo Iglesias, qui l’a emporté largement, propulsant ce maître de conférences au poste de secrétaire général du parti, suggérait au contraire qu’atteindre les objectifs du mouvement impliquait de le doter d’une organisation moins prompte à diluer ses revendications dans une interminable réflexion sur son propre fonctionnement.

Chez les manifestants de 2011 les plus attachés à l’autonomie du mouvement social, on n’est pas loin de hurler à la trahison : le nouveau parti jouerait les idiots utiles du « système ». « Podemos surgit comme moyen d’institutionnaliser l’énergie sociale et le processus d’expérimentation massive » des dernières années, estime Mme Nuria Alabao, militante d’un collectif barcelonais (1). Podemos ne « récupère » pas le mouvement du 15-Mai, il lui propose un nouvel axe de lutte, rétorque-t-on dans l’entourage de M. Iglesias. « Les mouvements sociaux peuvent très bien conserver leur autonomie tout en soutenant, lorsque cela leur semble judicieux, un gouvernement qui leur est plus favorable que ceux qu’a récemment connus l’Espagne », observe Lago. La question du soutien présente cependant moins de difficultés que celle de la critique : que se passe-t-il lorsqu’un gouvernement que les mouvements sociaux jugent trop timide se trouve déjà en proie aux attaques des conservateurs ? Faut-il rejoindre le chœur des contempteurs et faire le jeu de l’adversaire, ou taire ses réserves et trahir ses propres combats ? Comme ailleurs dans le monde, la question reste entière.

S’il n’existe pas de continuité directe entre le mouvement du 15-Mai et l’essor de Podemos, le second n’aurait pas été possible sans le premier qui, selon les dirigeants du nouveau parti, lui a offert un sujet politique rarement aussi constitué en Europe : le peuple. « Ce n’est pas “le peuple” qui produit le soulèvement, c’est le soulèvement qui produit son peuple », écrit dans son dernier livre le collectif anonyme Comité invisible (2). Alors que, sous d’autres latitudes, « peuple » demeure un vocable creux — une puissance politique fantomatique qu’ambitionnent d’agglomérer des discours incantatoires —, en Espagne le terme aurait pris corps lors des longues soirées d’occupation des places.

Et si la gauche se montrait simple, sympathique, voire... drôle ?

L’émergence de ce « nous » collectif s’explique en grande partie par les turpitudes des élites du pays, ceux que Podemos a baptisés « la caste ». A commencer par un niveau de corruption qui donne de la France l’image d’un temple de vertu. Près de deux mille affaires font actuellement l’objet d’enquêtes de justice. Elles concernent au moins cinq cents hauts fonctionnaires, avec un coût pour l’Etat estimé à 40 milliards d’euros par an (3). Réaction des deux principaux partis, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir) et le PSOE : s’entendre pour « limiter la responsabilité pénale aux personnes individuelles qui reçoivent des donations illégales (4) », et maintenir hors de portée de la justice les formations politiques qui en profitent. Même la monarchie, réputée intouchable, ne parvient plus à redorer le blason des élites, puisque les scandales éclaboussent désormais l’infante Cristina de Borbón.

Lorsqu’elle atteint un tel niveau, explique M. Iglesias, la corruption devient « structurelle (5) ». Impossible, donc, de la distinguer d’une conception plus générale de la politique, illustrée par un cri : celui de la députée conservatrice Andrea Fabra, le 11 juillet 2012, lors d’une séance plénière du Congrès au cours de laquelle M. Mariano Rajoy annonça une nouvelle amputation des allocations-chômage. Mme Fabra ne put contenir sa joie. Applaudissant le chef du gouvernement, elle ajouta ce message à l’intention des sans-emploi : « Qu’ils aillent se faire foutre ! »

Alors qu’un chômeur sur deux ne perçoit plus d’allocations, trente-trois des trente-cinq plus grandes sociétés espagnoles fuient l’impôt par le biais de filiales dans des paradis fiscaux (6). Un demi-million d’enfants ont été plongés dans la pauvreté depuis 2009, mais les grandes fortunes du pays prospèrent : leur patrimoine a bondi de 67 % en moyenne depuis l’arrivée de M. Rajoy au pouvoir (7). Et, pour contenir le danger de se voir houspillé par une population ombrageuse, depuis décembre dernier une loi dite « de sécurité citoyenne » interdit méthodiquement tout ce qui avait rendu possible la mobilisation de 2011 : réunion dans des lieux publics, distribution de tracts, occupation des places, etc.

Podemos estime que l’explosion de la bulle immobilière espagnole a brisé les bases matérielles sur lesquelles reposait le « consensus » inauguré par la Constitution de 1978, avec son pacte de transition, sa monarchie — à ce point discréditée désormais que Juan Carlos a dû céder le trône à son fils — et ses espoirs d’ascension sociale. « La crise économique, explique Lago, a provoqué une crise politique — le type de situation exceptionnelle qui constitue le préalable à toute transformation sociale profonde. » Après le processus « destituant » de mai 2011, l’heure serait venue d’engager un processus « constituant » : transformer l’Etat à partir de l’Etat.

La période que traverse l’Espagne serait également celle de tous les dangers. Car, souligne M. Iglesias, l’extrême droite « s’y meut comme un poisson dans l’eau » (mars 2013) (8). Dans ce domaine, toutefois, la gauche espagnole bénéficie d’un atout par rapport à son homologue française : une large frange de l’extrême droite nationaliste se trouve formellement intégrée au PP. Difficile, pour elle, de produire un discours antisystème semblable à celui du Front national, qui n’a jamais gouverné autre chose que des municipalités.

Mais le contexte, dramatique, de l’Espagne ne suffit pas à expliquer l’essor récent de Podemos. Depuis longtemps, la formation Izquierda Unida (IU, Gauche unie) défend un programme politique similaire, sans parvenir à ébranler l’ordre politique. Il est donc également question de méthode.

Pour les dirigeants de Podemos, la gauche a longtemps péché par ses analyses absconses, ses références obscures et son vocabulaire codé. Or, estime M. Iglesias, « les gens ne votent pas pour quelqu’un parce qu’ils s’identifient à son idéologie, à sa culture ou à ses valeurs, mais parce qu’ils sont d’accord avec lui » (30 juillet 2012). Et ils le font d’autant plus que la personne en question sait se montrer normale, sympathique, voire... drôle.

Le premier travail de Podemos consiste à « traduire » le discours traditionnel de la gauche à partir d’axes discursifs capables d’emporter l’adhésion la plus large : les questions de la démocratie, de la souveraineté et des droits sociaux. « Concrètement, précise Lago, nous ne parlons pas de capitalisme. Nous défendons l’idée de démocratie économique. » Oubliée, donc, dans les discours, la dichotomie « gauche-droite » : « La ligne de fracture, explique M. Iglesias, oppose désormais ceux qui comme nous défendent la démocratie (...) et ceux qui sont du côté des élites, des banques, du marché ; il y a ceux d’en bas et ceux d’en haut ; (...) une élite et la majorité » (22 novembre 2014).

Les gardiens de l’orthodoxie marxiste dénoncent ce type d’analyse sociale indifférenciée. Le 24 août 2014, un militant interpelle M. Iglesias lors d’une conférence. Pourquoi ne jamais utiliser le terme « prolétariat » ? Le jeune dirigeant politique répond : « Lorsque le mouvement du 15-Mai a débuté, des étudiants de ma faculté — des étudiants très politisés, qui avaient lu Marx et Lénine — ont pour la première fois participé à des assemblées avec des gens “normaux”. Et ils se sont vite arraché les cheveux : “Mais ils ne comprennent rien !” Ils hurlaient : “Tu es un ouvrier, même si tu ne le sais pas !” Les gens les regardaient comme des extraterrestres, et mes étudiants rentraient chez eux dépités. (...) Voilà ce que l’ennemi attend de nous. Que nous employions des mots que personne ne comprend, que nous restions minoritaires, à l’abri de nos symboles traditionnels. Il sait bien, lui, que tant que nous en restons là, nous ne le menaçons pas. »

Fondé, au moins en partie, par des militants d’extrême gauche, pour certains issus de la formation Izquierda Anticapitalista (IA, Gauche anticapitaliste), Podemos se félicite de ce que 10 % de ses électeurs aux européennes de mai 2014 votaient auparavant pour la droite. Le recrutement social du parti s’est également élargi à travers la création de plus de mille « cercles » dans tout le pays. Les jeunes surdiplômés et urbains du début ont été rejoints par des ouvriers, des employés, des résidents des campagnes.

L’histoire montre toutefois qu’une telle alliance de classes tend à se briser dès lors que les aspirations des mieux lotis ont été satisfaites (9). Comment garantir que Podemos ne se heurtera pas au même écueil ? « Nous ne le pouvons pas, concède Lago. Mais c’est une question qui ne se pose qu’à ceux qui sont en mesure de gagner. Je préfère avoir à y faire face plutôt que me protéger derrière la marginalité traditionnelle de la gauche. »

Pétris des analyses d’Antonio Gramsci, les dirigeants de Podemos considèrent que la bataille politique ne saurait se limiter au renversement des structures économiques et sociales existantes, qu’elle doit également se livrer sur le plan culturel, celui de l’« hégémonie » qui légitime la domination des puissants aux yeux des dominés. Or, dans ce domaine, l’ennemi impose ses codes, son vocabulaire, sa dramaturgie. Et il existe un outil plus puissant que les autres pour forger le « sens commun » : la télévision.

Un système électoral pensé pour que rien ne change

Dès 2003, M. Iglesias et ses amis (dont l’universitaire Juan Carlos Monedero, que l’on retrouve aujourd’hui à la tête de Podemos) créent leurs propres programmes audiovisuels, dont « La Tuerka ». Emission de débat politique diffusée par diverses chaînes de télévision locales et sur Internet, elle joue également le rôle de centre de réflexion « pour, dans une perspective léniniste, essayer de comprendre le monde afin d’être prêts, le moment venu » (M. Iglesias, mars 2013). Invitant à l’occasion des personnalités marquées à droite, les jeunes compères acquièrent une notoriété qui leur permet d’intervenir lors de débats politiques organisés par les grandes chaînes, le second élément de leur stratégie consistant à « ne pas laisser le terrain à l’ennemi ».

Pour l’heure, cela ne se traduit pas par des entretiens aux équivalents ibériques de Closer, ni par une docilité démesurée... Le 6 décembre 2014, « La noche en 24 horas », l’une des principales émissions politiques de TVE (la première chaîne de télévision publique du pays), reçoit M. Iglesias. D’emblée, celui-ci souligne qu’il ne considère pas l’invitation comme une faveur : « Il aura fallu batailler pour que je passe ici, observe-t-il devant le journaliste et producteur de l’émission Sergio Martín, penaud. Vous me permettrez de remercier les travailleurs de cette maison, car, comme vous le savez, sans la pression qu’ils ont exercée, vous ne m’auriez jamais reçu sur votre plateau. »

La classe dirigeante espagnole dispose d’un système électoral favorable aux deux formations dominantes et aux partis recrutant sur un territoire restreint, comme les nationalistes. « L’arithmétique est simple, expliquait le sociologue Laurent Bonelli en novembre 2011. Il faut 42 411 voix aux nationalistes navarrais de Geroa Bai pour obtenir un siège, 60 000 au PP, 64 000 au PSOE et 155 000 à IU (10)... » Sans compter que la stratégie de Podemos visant à refuser tout front commun — une « soupe de sigles » qui risquerait de réinscrire la formation dans le traditionnel clivage gauche-droite — pourrait priver le parti des voix des nationalistes de gauche ou des militants d’IU, qui dénoncent l’« irresponsabilité historique (11) » de Podemos. L’élite ibérique semble toutefois inquiète : le 1er décembre 2014, le patron des patrons espagnols Juan Rosell appelait à une grande coalition « à l’allemande » entre le PP et le PSOE.

« Le programme de Podemos n’a rien de maximaliste (12) », souligne M. Iglesias. Assemblée constituante dès l’arrivée au pouvoir, réforme fiscale, restructuration de la dette, opposition au recul de l’âge de la retraite à 67 ans, passage aux trente-cinq heures (contre quarante actuellement), référendum sur la monarchie, relance industrielle, récupération des prérogatives souveraines de l’Etat concédées à Bruxelles, autodétermination des régions espagnoles... Prévoyant d’emblée une alliance avec des forces similaires du sud de l’Europe (notamment Syriza, en Grèce, dont la Commission européenne redoute une victoire prochaine), les projets de Podemos menacent toutefois les pouvoirs financiers, ce que M. Iglesias appelle « l’Europe allemande » et « la caste ».

Laquelle montre déjà les dents. Une tribune du journaliste Salvador Sostres parue dans le quotidien El Mundo le 2 décembre compare M. Iglesias à l’ancien dirigeant roumain Nicolae Ceausescu, le soupçonnant de n’avoir qu’une idée en tête : « faire couler le sang des plus pauvres, jusqu’à la dernière goutte (13) ». Quelques semaines plus tôt, un élu du PP était encore plus direct : « Qu’on lui mette une balle dans la nuque (14)  ! »

 

Renaud Lambert

 

 

Source : http://www.monde-diplomatique.fr

 

 

 

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 20:30

A Barcelone, la liste citoyenne et écolo est arrivée en tête des élections

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

A Barcelone, la liste citoyenne et écolo est arrivée en tête des élections

23 mai 2015 / Marie Astier (Reporterre)
 

 

 

 

Les élections municipales de ce dimanche 24 mai à Barcelone ont placé en tête la liste Barcelona en comu. Particularité : elle est composée de mouvements citoyens et écologistes, et issue du mouvement des Indignés. La prochaine maire de la deuxième plus grande ville espagnole s’appelle Ada Colau. C’est presque comme si un zadiste devenait maire de Marseille...


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Résultats en % de l’élection de dimanche 24 mai à Barcelone

 

Succès à Barcelone, et aussi à Madrid, la liste Ahora Madrid, soutenue par Podemos et menée l’ex-juge Manuela Carmena est deuxième, avec un siège de moins que le Parti Populaire. En s’alliant avec le PSOE, elle pourrait gouverner. C’est comme si Eva Joly devenait maire de Paris avec derrière elle plein de mouvements sociaux, les Verts et le Front de Gauche, en alliance avec le PS et après avoir élaboré son programme à partir de réunions de quartier qui auraient eu un énorme succès.


- Barcelone, reportage

- Ce reportage a été publié samedi 23 mai

La foule a le sourire et les enfants jouent avec les ballons rouges et blancs aux couleurs de « Barcelona en Comú » – « Barcelone en commun ». La liste est candidate aux municipales de Barcelone qui ont lieu dimanche 24 mai. A quatre jours des élections, l’équipe a décidé de jouer gros sur ce meeting de fin de campagne : grande scène, interventions d’artistes, suivi en direct sur les réseaux sociaux, et stands des assemblées de quartier qui soutiennent la candidature. Le tout sur la Plaça Catalunya, la place de la Catalogne, l’équivalent à Barcelone de la place de la République à Paris.

Le lieu est symbolique : c’est là qu’a commencé le mouvement des Indignés dans la capitale catalane. Là que, le 15 mai 2011, des citoyens ont commencé à manifester des jours durant pour protester contre les politiques d’austérité et la corruption de la classe dirigeante et réclamer une « véritable » démocratie. Beaucoup de candidats de Barcelona en Comú y étaient. « Le 24 mai, nous allons récupérer la plaça Catalunya et la démocratie », commence Gala Pin, l’une d’entre eux. « Nous avons une opportunité historique. Le peuple peut gagner », reprend d’une voix émue la tête de liste Ada Colau. « Si, se puede », « Oui, nous pouvons », scande la foule en réponse.

 

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Ada Colau durant le meeting
 

Ada Colau incarne l’immense l’espoir d’un renouveau politique. Dans l’assistance se mélangent les jeunes, les vieux, les familles. Quatre mille personnes sont présentes, c’est l’événement de la campagne municipale qui a réuni le plus de monde. « Cela fait plusieurs années qu’on subit une crise très mal gérée. Nous sommes restés soumis pendant trop d’années, maintenant, le changement de système est inévitable », espère Francesca, 59 ans. Avec son amie Maria-Antonia, elles ont connu la transition démocratique après le régime de Franco. Elles ont cru de nombreuses années à cette nouvelle démocratie. « Mais aujourd’hui les gens sont de plus en plus pauvres, poursuit la seconde. Sur trois enfants, j’en ai deux au chômage. On ne peut pas continuer comme ça. »

 

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Francesca et Maria Antona
 

Ainhoa et Sergi sont eux venus avec leurs deux petites filles : « On avait envie que nos enfants voient ça. » Leur discours est moins revendicatif que celui de leurs aînées. « On veut que ça change, ces dernières années la mairie a plus travaillé pour l’image de la ville à l’international que pour ses habitants. »

La liste est au coude à coude avec celle du maire sortant, un indépendantiste de centre droit, pour arriver en tête dimanche. Elle prendrait alors le pouvoir d’une ville de 1,6 millions d’habitants, connue partout dans le monde. L’impact symbolique serait plus fort que celui de la victoire d’Eric Piolle à Grenoble l’année dernière en France..

Démocratie directe et lutte contre les inégalités

 

 

Sur scène, sous les applaudissements, Ada Colau scande : « Nous ne nous résignerons pas à la pauvreté, aux expulsions, à la corruption, aux morts causées par la pollution... » Une façon de résumer son programme : revenu minimum pour les plus pauvres, arrêt des expulsions (courantes en Espagne depuis la crise), création de logements sociaux, transparence de la vie publique, etc.

Les orateurs se succèdent et dénoncent les uns après les autres la politique traditionnelle, soutenus par le public. Parmi eux des universitaires, des avocats, des militants de terrain. Une diversité à l’image de ceux qu’a réussi à réunir autour d’elle Ada Colau : militants du droit au logement, des droits de l’Homme, de l’égalité homme-femme, écolos, anarchistes…

Le lendemain matin, j’ai rendez-vous à neuf heures dans le local encore calme de Barcelona en Comú. A l’origine de cette liste, on trouve des intellectuels et des militants habitués à travailler ensemble depuis de nombreuses années, raconte Gala Pin. Elle vient du « mouvement des voisins », des associations de quartier qui ont été à la pointe de la lutte contre le franquisme et restent très actives aujourd’hui. « Les mouvements sociaux ont fait changer beaucoup de choses à Barcelone, estime-t-elle. Mais quand on milite longtemps, on finit toujours par se cogner au plafond de verre des institutions. »

 

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Gala Pin
 

C’est alors qu’est survenu le mouvement des indignés, qui a cristallisé un ras-le-bol face à la montée des inégalités due à la crise et face à la multiplication des scandales de corruption. L’espoir est revenu. « Le sentiment général était que les gens normaux avaient plus de pouvoir qu’ils n’en avaient jamais eu », poursuit la trentenaire.

C’est à ce moment là qu’est née l’envie de prolonger ce mouvement social dans le champ politique. « Nous avons décidé d’arrêter de résister et de prendre le pouvoir », se rappelle David Llistar. Il nous reçoit sur la terrasse ensoleillée de son bureau. Cet économiste environnemental fait partie de l’équipe depuis le début. Il coordonne le groupe de réflexion de l’équipe sur « économie et écologie ».

« Nous avons pensé qu’il était possible d’utiliser le capital médiatique d’Ada Colau pour prendre d’assaut les institutions publiques, pour les libérer du grand capital et les ouvrir au peuple », explique l’économiste. A l’époque, Ada Colau était la porte-parole ultra médiatisée de la « Plateforme des victimes des hypothèques », un groupe de lutte contre les expulsions né à Barcelone et qui a essaimé dans toute l’Espagne depuis la crise. Militante de longue date, femme de terrain, un sourire franc qui désormais s’affiche sur les murs du métro : sa personnalité fait l’unanimité.

"Décroissant, mais sans le dire, parce que sinon ils vont nous tomber dessus"

A ce mouvement de militants et d’intellectuels qui se connaissent de longue date, viennent s’ajouter des partis politiques : la section barcelonaise de Podemos, le petit parti écolo Equo, ainsi que l’ex-parti communiste Iniciativa per Catalunya Verds ou ICV (Initiative pour la Catalogne Verts). Mais la liste reste citoyenne : les candidats sont tous des nouveaux en politique.

Le renouveau est aussi là du côté du mode de fonctionnement, notamment pour élaborer le programme, qui part des propositions des assemblées de quartier et de groupes de travail ouverts à tous.

Ce programme est-il écolo ? Il est même « décroissant, mais sans le dire parce que sinon ils vont tous nous tomber dessus », soutient David Llistar. Le plus symbolique est la remise en cause du modèle économique de la ville, basé uniquement sur un tourisme étranger qui amène 16 millions de visiteurs chaque année. A la place, Ada Colau propose de créer une monnaie locale pour relocaliser l’économie. Parmi les propositions, on trouve aussi la piétonnisation d’une partie du centre-ville, la création d’un abonnement aux transports en commun à 50 euros pour toute l’agglomération, la création d’une agence locale de l’énergie pour contrer l’oligopole des grandes compagnies du secteur et développer les renouvelables. L’économiste désigne les terrasses qui s’étalent devant nous : « On n’a pas un seul panneau solaire, c’est absurde ! »

Rupture ou politique à l’ancienne ?

« Certes, il y a des propositions intéressantes dans le programme, commente Santiago Vilanova, écolo historique de la ville et journaliste indépendant. Mais dans ces élections l’écologie on n’en parle pas ! Ada Colau ne porte pas ce message. Par exemple, quand elle parle du tourisme elle évoque l’impact social et culturel, mais pas du tout de la pollution énorme qu’il engendre. »

 

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Santiago Vilanova
 

Autre reproche fait à Ada Colau et son équipe, l’alliance avec le parti ICV. Il a déjà fait parti de la majorité municipale, et a permis la privatisation de la gestion de l’eau. « C’est un parti qui fait de la politique à l’ancienne, alors que nous voulons une rupture, regrette l’un des membres de l’équipe de Barcelona en Comú. Mais des personnes en qui j’ai vraiment confiance participent, alors j’ai décidé de me joindre à eux. »

« Avant d’accepter ICV dans la coalition, nous lui avons demandé des changements, tempère Marc Bertomeu, secrétaire général de Podemos à Barcelone. Ils ont accepté de présenter des candidats nouveaux en politique, nous l’avons forcé à se régénérer. »

 

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Marc Bertomeu
 

« Cette alliance est une stratégie médiatique, c’est de l’électoralisme », tempête Santiago Vilanova. En Espagne, le temps de parole attribué à un parti dans les médias est plus important lorsqu’il a déjà gouverné. ICV a permis à Barcelona en Comú d’avoir une plus grande exposition médiatique.

Mais, autre conséquence de cette alliance, un parti politique au programme pourtant proche de celui de Barcelona en Comú a refusé de se joindre à la coalition. La CUP – Candidatura d’unitat popular – est un petit parti de gauche indépendantiste qui veut « changer la société en partant du niveau local », explique sa porte-parole Maria Jose Lecha. Contrairement à Ada Colau, elle a encore le temps d’accorder des interviews aux journalistes étrangers...

 

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Maria Jose Lecha
 

« Nous sommes pour une candidature de rupture, détaille-t-elle. Or ICV n’a jamais fait la critique de sa politique quand il était à la mairie. Il ne peut pas y avoir de changement avec ce parti. » Autre point de divergence : Barcelona en Comú ne se prononce pas sur l’indépendance de la Catalogne, quand la CUP est résolument pour.

« Pour le reste, c’est vrai qu’on a des discours très similaires, reconnaît la candidate, mais dans les faits on est différents. La tête de liste Ada Colau était déjà choisie. A la CUP, du premier au dernier de la liste, tous ont été désignés en assemblée. Je travaille dans l’administration d’un hôpital, je ne suis même pas membre du parti, et je me suis rendue compte que j’étais tête de liste qu’à la toute fin du processus de désignation, il y a seulement deux mois ! »

Reste que la recette médiatique de Barcelona en Comú porte ses fruits. La liste citoyenne espère terminer première ou deuxième et gagner un peu plus d’une dizaine de conseillers, sur les quarante du conseil municipal.

 

« Les institutions sont dangereuses »

Mais en cas de victoire, la liste saura-t-elle être à la hauteur de l’espoir de renouveau qu’elle suscite ? Depuis le début, avant même d’élaborer le programme, les fondateurs ont rédigé un « code éthique ». Le salaire maximum est fixé à 2 200 euros, interdiction de travailler dans des entreprises qui reçoivent de l’argent public pendant cinq ans après la fin du mandat, publication détaillée des comptes, limitation à deux mandats consécutifs.....

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 20:24

Alternativons ! Le premier livre de la collection Reporterre vient d’être publié. Un voyage enthousiasmant à travers la France qui bouge et prépare le nouveau monde

 

Source : http://www.reporterre.net

 

Alternativons !

23 mai 2015 / Hervé Kempf (Reporterre)
 


 

Le premier livre de la collection Reporterre vient d’être publié. Un voyage enthousiasmant à travers la France qui bouge et prépare le nouveau monde.

 

Voici comment commence le livre d’Emmanuel Daniel :

“Vous n’en avez pas entendu parler à la télévision, pourtant, la prochaine révolution a déjà commencé. Partout en France, dans l’angle mort des médias, des gens ordinaires sont en train de prouver que la transformation sociale n’est pas le privilège des puissants. Ils ne croient plus au Grand soir et n’attendent pas de sauveur providentiel pour agir. Partant du constat que l’État et le marché n’ont pas la capacité, la volonté, voire la légitimité, pour organiser efficacement et durablement nos existences, ils ont décidé d’œuvrer eux-mêmes pour transformer leur vie et celle des autres autour d’eux.

“Ces femmes et ces hommes ne proposent pas un modèle de sortie du capitalisme clé en main mais apportent des réponses viables et applicables à court terme à des problèmes du quotidien : se nourrir, se loger, travailler, éduquer les enfants, produire de l’énergie, fabriquer et réparer des objets, faire vivre son quartier... Leurs actions sont ancrées dans le réel et visent à transformer l’ici et le maintenant : Ils créent des monnaies locales, des banques villageoises, des entreprises coopératives, des parcs éoliens citoyens, des zones de résistance créative, des habitats groupés, des ateliers d’auto réparation de vélo, des circuits courts producteurs-consommateurs...

“À l’heure où les urgences écologique et sociale frappent chaque jour avec plus d’insistance aux portes de nos consciences, ces citoyens croient en la possibilité d’un avenir meilleur et le mettent en œuvre dès aujourd’hui. En inventant de nouveaux rapports aux autres, à la politique, à l’économie, à la propriété et à la nature, ils luttent contre le fatalisme – « de toute façon on n’y peut rien » – en prouvant que chacun a sa place dans le changement social. Ils font renaître l’espoir et nous invitent à prendre part à la révolution en cours.

“Quand j’ai découvert ces initiatives, je n’y ai d’abord vu que des projets enthousiasmants mais anecdotiques. Des pansements humanistes incapables de juguler le cancer capitaliste. Mais, au fil de mes recherches, je me suis rendu compte que des oasis d’humanité surgissaient dans toutes les régions de France, dans tous les domaines de notre vie. Pas un jour ne passait sans que je découvre une nouvelle action citoyenne, concrète et locale qui propose une alternative au mode de vie, d’organisation, de consommation et de production contemporain. J’avais le sentiment de voir apparaître, sous mes yeux, un mouvement de fond, la traduction en actes d’une volonté partagée de rompre avec le vieux monde (consumériste, individualiste, productiviste, détaché de la nature) et d’en bâtir un nouveau.

 


- La fête de Nature et progrès, août 2014 -

(...)

 

« Fort de mon optimisme retrouvé, je suis parti à la rencontre de ces femmes et de ces hommes qui écrivent au présent l’histoire de notre futur afin de (me) prouver que le changement était encore possible. Pendant six mois, j’ai sillonné les routes de France. J’ai regardé se bâtir ou fonctionner une cinquantaine de projets alternatifs, rencontré leurs inventeurs et tous ceux qui s’y consacrent et qui nous donnent un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler un monde basé sur le partage, l’entraide, la coopération et la démocratie. Cette virée en utopie de plus de trois mille km m’a conduit du bocage de Notre-Dame des Landes aux quartiers populaires de Marseille, d’un village du Doubs aux beaux quartiers parisiens, des squats toulousains au parc régional du Lubéron. Partout, j’ai pu observer une même envie des habitants de reprendre en mains leur existence. Ce livre est l’aboutissement de ce voyage. »

Et viennent ensuite, racontées avec entrain autant d’histoires vraies qui racontent le monde en devenir, celui qui pourrait être si nous parvenons à bousculer l’ordre établi du capital et du productivisme.

 


- A la Grole Bagnade -

 

La démarche d’Emmanuel Daniel est aussi, en soi, une alternative. Il a choisi de pratiquer un journaliste "engagé", au sens où il a mis en pratique dans sa vie et dans ses reportages les modes d’existence des groupes qu’il allait visiter, voyageant en stop ou en co-voiturage, pratiquant la sobriété, s’installant avec son sac de couchage dans les Zad le temps qu’il fallait (encore récemment, pour Reporterre, au Testet). Participant, mais conservant aussi ce regard de journaliste, décalé, en retrait, qui est indispensable à une relation pertinente du monde.

Il s’est retrouvé naturellement avec Reporterre, à moins que ce ne soit l’inverse, parce que nous sommes aussi une "alternative", tant il est vrai que le champ de l’information doit être bousculé par des pratiques indépendantes des grands capitaux qui y règnent en maître et qui asservissent, disons-le, la majorité des journalistes.

Et puis, tous les jours, Reporterre raconte une alternative, et nous avons eu envie, avec Emmanuel, de prendre du champ : à la fois en prenant le temps de l’écriture et du récit, qu’il a mené - vous le lirez, j’espère - brillamment, et puis aussi en réfléchissant au sens que prenaient ces alternatives. Car le mouvement pour changer le monde prend maintenant une dimension de plus en plus ample, que marquent le succès des Alternatiba ou les reportages tels que ceux de Philippe Borel (L’urgence de ralentir) ou d’Eric Dupin (Les défricheurs), ou encore le film que sort prochainement Marie-Monique Robin, Sacrée croissance....

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

 

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 19:12

Les « indignés » remportent Barcelone, le PP dégringole

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

  • Le mouvement des Indignés
Les « indignés » remportent Barcelone, le PP dégringole

25 mai 2015 |  Par Ludovic Lamant

 

 

Les candidatures citoyennes, héritières de l'esprit « indigné », sont les grandes gagnantes des municipales de dimanche, avec, en particulier, une victoire nette à Barcelone d'Ada Colau. La mairie de Madrid pourrait aussi basculer, à l'issue de négociations avec les socialistes. Ces succès vont relancer la dynamique Podemos d'ici aux législatives de la fin d'année.

Barcelone va devenir, avec une poignée d'autres villes, le laboratoire d'une autre manière de faire de la politique en Espagne. Quatre ans après le surgissement des « indignés » sur les places du pays en mai 2011, la candidature citoyenne emmenée par l'activiste Ada Colau, mêlant acteurs des mouvements sociaux et membres de syndicats et de partis politiques de gauche, est arrivée en tête des municipales dimanche à Barcelone, avec plus de 25 % des voix.

« Je veux devenir maire, pour qu'il n'y ait plus de citoyens de première et de seconde zone », a déclaré Colau dans la soirée, devant des centaines de personnes scandant « Si, se puede » (« C'est possible »), l'un des slogans du mouvement du 15-M (en référence au 15 mai 2011, date de l'occupation des places). « C'est une victoire collective », a rappelé celle qui vient de « sortir » le maire de Barcelone, Xavier Trias (CiU, nationalistes catalans de droite), qui obtient 22,7 %.

 

La une du « Periodico de Catalunya » dimanche soir.La une du « Periodico de Catalunya » dimanche soir.

 

Le succès de Barcelona en Comu, qui s'explique en partie par une forte mobilisation des quartiers populaires de la ville (progression de 6 % de la participation par rapport à 2011), n'est pas isolé. Dans la capitale, la candidature de Ahora Madrid, une autre de ces plateformes citoyennes, emmenée par la juge Manuela Carmena, longtemps donnée en tête pendant la soirée, décroche la deuxième place (31,9 %). Mais celle qui arrive première, l'ultra-droitière Esperanza Aguirre (34 %), au cœur de plusieurs scandales de corruption, est isolée et devrait avoir du mal à former une majorité absolue sur son nom.

Si bien que Carmena, 71 ans, reste la mieux positionnée pour s'emparer de la mairie de Madrid, dans le sillage de Colau à Barcelone. Elle devrait aller chercher le soutien des socialistes du PSOE, arrivé troisième, ce qui lui suffirait pour devenir maire et barrer la route d'« Espe ». « Nous devons continuer à convaincre tous ces gens qui n'ont pas voté pour le changement, parce que le changement est nécessaire à Madrid », a réagi Manuela Carmena dans la soirée.

 

Ailleurs dans le pays, d'autres plateformes citoyennes, en chantier depuis le début d'année, ont aussi réalisé de très bons scores. Par exemple à Saragosse, la capitale de l'Aragon (deuxième position de Zaragoza en Comun, à un cheveu du PP, et avec des chances de gouverner), à la Corogne (légère avance de la « marée Atlantique », devant le PP) ou encore à Santiago, en Galice (courte victoire devant le PP). « Il y a un nouvel acteur sur l'échiquier, qui s'appelle le peuple », s'est félicité Iñigo Errejon, numéro deux de Podemos, lors d'un acte à Madrid dans la soirée. « Les grandes villes ont démontré qu'elles étaient le moteur du changement. Félicitations, Barcelone, Madrid et toutes les autres », s'est enthousiasmé, de son côté, Pablo Iglesias.

Podemos avait choisi de faire l'impasse sur les municipales. Mais la formation d'Iglesias a soutenu les campagnes de Colau et Carmena (avec des candidats Podemos présents sur les listes), et des actes communs ont été organisés en mai. À l'inverse, Podemos a choisi de se présenter sous sa propre « marque » pour les 13 scrutins régionaux, qui se tenaient également dimanche.

La nouvelle maire de Barcelone, Ada Colau, est une activiste de 41 ans, dont l'engagement remonte aux mouvements anti-G8 à partir de la fin des années 90, puis aux luttes pour le droit au logement dans les années 2000. Elle s'est fait connaître du grand public après avoir cofondé la PAH, la plateforme anti-expulsion, dès 2009 en Catalogne, peu après l'éclatement de la bulle immobilière. Ce réseau militant, fort de son expertise juridique, a permis de bloquer des centaines d'expulsions sur tout le territoire.

Ada Colau dimanche soir: « Les villes, espaces de rébellion démocratique »


« De cette crise, personne ne sortira comme avant. Ce qui nous attend, c'est, au choix, un horizon féodal, avec une augmentation brutale des inégalités, une concentration sans précédent des richesses, de nouvelles formes de précarité pour la majorité des citoyens, expliquait Ada Colau dans un entretien à Mediapart en 2014. Ou alors, une révolution démocratique, où des milliers de personnes s'engagent, pour changer la fin du film. Cette opportunité, certains, comme Podemos, l'ont saisie à l'échelle nationale. Nous, il nous a semblé que Barcelone était le cadre idéal pour lancer cette démocratisation. »

Tout au long de sa campagne, Colau a su se tenir à distance des débats passionnés sur l'indépendance de la Catalogne (les élections régionales en Catalogne n'auront lieu qu'en septembre). On trouve, dans la plateforme de Barcelona en Comu, des défenseurs acharnés de l'indépendance comme le Proces Constituent, et des figures moins « nationalistes » (à commencer par Colau elle-même). À la gauche du parti socialiste, seule la gauche indépendantiste plus radicale, la CUP, avait refusé de participer à cette plateforme citoyenne, qui englobe les écolos d'ICV, Podemos, et nombre d'associations et de mouvements catalans (lire notre reportage avec Ada Colau en octobre 2014).

 

Affiche de campagne pour Ahora Madrid.
Affiche de campagne pour Ahora Madrid.
 

Si la victoire de Colau face à Xavier Trias n'est pas une véritable surprise pour les observateurs (Colau était partie en campagne très tôt, en juin 2014, et sa campagne « prenait » depuis longtemps), le très bon résultat de Manuela Carmena, à Madrid, paraissait il y a encore un mois totalement hors de portée. Cette juge de 71 ans, connue pour ses combats pour les droits de l'homme, de la fin du franquisme jusqu'à la crise d'aujourd'hui, n'avait pas prévu de se lancer en politique, après avoir pris sa retraite. Mais elle s'est prêtée au jeu, inventant une forme de campagne inédite, faites de conversations à travers lesquelles elle a cassé un à un les codes de la « vieille politique » (lire notre reportage avec Manuela Carmena en mai 2015). Son score est d'autant plus remarquable qu'elle était aussi confrontée à une candidature d'une partie des écolo-communistes d'IU (4,1 %), désireux de conserver quelques sièges pour les barons locaux.

Au-delà de ces succès « indignés », quelles leçons tirer de ces scrutins ? Le Parti populaire (le PP de Mariano Rajoy, chef du gouvernement) perd beaucoup de terrain (en recul de dix points par rapport aux municipales de 2011), sans s'effondrer tout à fait (il reste le premier parti, avec 27 % des voix). Il essuie de sévères revers dans des territoires clés, notamment Valence, où il devrait perdre la mairie, et aura du mal à conserver la communauté autonome. Il pourrait aussi perdre l'Aragon, si le PSOE, Podemos et Ciudadanos s'entendent. Tout comme la mairie de Madrid. Il se maintient plutôt en Castille-La Manche, la région de sa secrétaire générale, Maria Dolores de Cospedal, mais le jeu des pactes pourrait, là encore, l'écarter du pouvoir.
 

La « Une » de notre partenaire InfoLibre, sur la « débâcle » du PP.
La « Une » de notre partenaire InfoLibre, sur la « débâcle » du PP.

 

Le PSOE de Pedro Sanchez, lui, limite la casse face au surgissement des nouveaux partis, Podemos mais aussi Ciudadanos. Il obtient 25 % du total des votes aux municipales, contre 28 % environ lors du scrutin de 2011. Malgré ses échecs cinglants aux municipales à Madrid ou Barcelone, il reste devant Podemos dans les 13 communautés autonomes – un bon point qui devrait conforter l'autorité de Sanchez, un temps contestée, au sein du PSOE.

Quant à Ciudadanos, le parti centriste d'Albert Rivera, il confirme son ancrage dans le paysage (6,4 % des voix pour les municipales, avec de bons scores à Madrid ou Barcelone, par exemple). Mais il jouera un rôle moins décisif que prévu dans la formation des exécutifs régionaux parce que, dans bien des cas, le PP a chuté plus qu'attendu, et qu'une alliance PP-Ciudadanos ne suffira pas à trouver une majorité.

 

 

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Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 17:56

Enseignement de Barcelone : «Leur récession n'est pas notre décroissance»

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart

 

 

Enseignement de Barcelone : «Leur récession n'est pas notre décroissance»

25 mai 2015 |  Par Les invités de Mediapart

 
 

Selon Federico Demaria, chercheur en économie écologique à l’Université autonome de Barcelone (Espagne) et membre de Recherche & Décroissance (www.degrowth.org; @R_Degrowth), la ferveur politique qui embrase l'Espagne aujourd'hui fait souffler un vent d'espoir pour les tenants de la décroissance. 


La stagnation séculaire (ou systémique), qui se traduit par une baisse du potentiel de croissance dans les économies avancées, constitue la « nouvelle norme » (ou le « nouvelle médiocrité » comme l’appelle Christine Lagarde). C’est l’idée qui avait déjà été avancée par Lawrence Summers en 2013 et qui a récemment été reproposée dans le rapport Perspectives de l'économie mondiale du FMI, paru en avril 2015. Si la nouvelle a de quoi déconcerter une partie de l’opinion américaine, en Europe, les mérites de la (dé)croissance font l’objet d’un débat bien établi qui remonte au moins aux années 1970 et qui a récemment été ravivé par le mouvement pour la décroissance. En septembre dernier, dans une chronique du New York Times signée Paul Krugman, l’auteur relevait : « L’environnementalisme anti-croissance relève d’une position marginale, même à gauche, mais qui est néanmoins suffisamment généralisée pour être revendiquée ».

 

Il y a peu, la revue The Economist accusait les leaders du parti de gauche espagnol Podemos de soutenir des politiques fantaisistes comme la décroissance. Or ce qui est intéressant c’est que Podemos n’est pas le seul parti en Espagne à le faire. Le ministre catalan de l'Aménagement territorial et du Développement durable, Santi Vila Vicente, du parti libéral CiU, a lui aussi ouvert un débat sur la décroissance au sein du parlement catalan. Mais qu’entend-t-on exactement par « décroissance » ? Pour tenter d’expliquer, ci-après, les grandes lignes du concept de décroissance, nous nous baserons sur l’ouvrage récemment publié intitulé  «Décroissance : Vocabulaire pour une nouvelle ère » (maintenant disponible en anglais, mais qui sera bientôt publié en français par Le Passager Clandestin et Écosociété).

 

La croissance économique est nécessaire – c’est du moins l’idée que tiennent pour acquise nos intellectuels, politiciens et économistes. Ces dernières années ont, toutefois, vu la « décroissance » faire son émergence en tant que terme provocateur qui remet en question le faux consensus sur la nécessité d’une croissance. La croissance économique comporte un prix élevé, un prix qui ne vaut pas les sacrifices qu’elle exige. Une alternative plus judicieuse consisterait à concentrer nos efforts politiques sur la redistribution et la démocratie réelle, sur la prospérité sans croissance.

 

Proposé par Paul Ariès en 2008, “Leur récession n'est pas notre décroissance!” est un slogan, qui a retenti tout au long des manifestations contre l’austérité dans les pays du sud de l’Europe. La décroissance part de l’hypothèse qu’il est possible de vivre mieux avec moins, à travers une mise en commun des biens, une transformation rendue possible par une société et une économie où la priorité est accordée à la redistribution des ressources, à des modes de vie durables et à une démocratie réelle. Ce que nous proposons n’est pas nécessairement de réduire le PIB (un indicateur arbitraire), mais bien de poser de nouvelles questions et d'explorer des alternatives au modèle de société actuel fondé sur un système économique capitaliste prédateur, injuste et non durable.

 

Là où la récession se traduit par un déclin progressif du modèle existant, la décroissance propose quelque chose de totalement neuf. Elle propose l’abandon de l’obsession pour une croissance économique qui ne profite qu’à une infime minorité et porte préjudice à la majorité. Comme alternative, nous pourrions envisager d’établir des politiques et des modes de vie générateurs de bien-être, de justice sociale et de durabilité environnementale.

 

Des objectifs que la croissance a manqué d’atteindre. Les études relèvent que la croissance n’est pas corrélée au bien-être individuel (cf. le Paradoxe Easterlin), qu’elle est injuste et non-viable du point de vue écologique. Or il est tout-à-fait possible d’atteindre la prosperité sans croissance.

 

La croissance, qui en théorie devrait uniquement générer du progrès et accroître le bien-être, est en réalité porteuse d’une foule d'effets secondaires néfastes. La croissance économique comporte inéluctablement certains coûts, et ces coûts ont commencé à surpasser ses bienfaits. Les peuples ont dû faire des sacrifices même avant la crise financière. Par exemple, en Espagne, le paysage a littéralement été englouti par la bulle de l’immobilier et le pays se retrouve aujourd’hui avec 5 millions de logements inoccupés et plus de 200.000 personnes expulsées de leurs foyers car se trouvant dans l’impossibilité de rembourser leurs crédits hypothécaires, sans pour cela que leurs dettes ne soient annulées. Or aujourd’hui, de nouveaux sacrifices sont exigés des citoyens espagnols. Nous nous sommes tour à tour vus confrontés aux coupes budgétaires et à la réforme de l’emploi, à savoir les réductions salariales (la dévaluation interne qui, par euphémisme, est décrite comme « la croissance de la compétitivité nationale »). Autant de préjudices qui ont été justifiés par l’objectif supposé de la relance de la croissance. On nous soutient que l’économie est sur la voie de la reprise, or rares sont les Espagnols qui ont vu leur situation s’améliorer. Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a reconnu que « la reprise [espagnole] n’a pas été égale pour tout le monde ». En réalité, ces réformes n’ont profité qu’à 1% de la population. Ceci est l'histoire de l'Espagne, mais semblable dans tous les pays du Sud (et non seulement) européenne. La vraie crise ne sera enterrée qu’à partir du moment où elle aura enterré le chômage, l’inégalité et le changement climatique.

 

Si nous ne pouvons (ou si nous choisissons de ne pas) échapper à l’actuelle stagnation systémique par la voie de la croissance, quelles autres options avons-nous à notre disposition ? L’Espagne est une économie avancée, et aussi une économie qui a peu de probabilité d’atteindre les taux de croissance de 3 à 4% qu’elle affichait naguère. De fait, la bulle immobilière a montré qu’il était uniquement possible de croître en dopant les niveaux d’endettement. Et à présent, emportée par cette logique perverse, l’économie espagnole doit continuer de croître pour que nous puissions rembourser nos dettes. Il est grand temps de sortir de ce cercle vicieux.

 

Notre préoccupation première doit être non pas de générer davantage de richesse, mais bien de redistribuer la richesse dont nous disposons déjà. En réalité, conséquemment à la crise, les disparités économiques en Espagne se sont accrues plus que dans n’importe quel autre pays de l’OCDE. Le moment est venu de renverser cette tendance. Une priorité, par exemple, pourrait être de nous attaquer au chômage à l’aide de politiques telles que la réduction du temps de travail ou l’instauration d’un revenu de base universel.

 

Encore récemment, il aurait semblé impensable de pouvoir persuader les gouvernements d’éviter de tomber dans le piège de la croissance. Mais les gouvernements changent au gré des élections. Et la ferveur politique qui embrase l’Espagne aujourd’hui fait souffler un vent d’espoir. La décroissance figure déjà depuis un certain temps à l’ordre du jour de partis politiques comme Equo (les verts) et le parti Candidatura d'Unitat Popular (CUP), alors que Podemos a ouvertement critiqué l’obsession pour la croissance économique entretenue par les courants dominants. De plus en plus de gens sont montés aux créneaux, individuellement ou collectivement, pour dénoncer la croissance débridée et ses conséquences. Il est pas par hasard que, a Barcelone, la liste citoyenne et écolo (même decroissant, nous pourrions dire), Barcelona En Comú, a gagné les élections. La militant du droit au logement, Ada Colau, sera la première femme maire dans l'histoire de cette ville.

 

Sans oublier les efforts entrepris par les intellectuels et les universitaires en quête d’alternatives, comme les près de trois mille participants à la Quatrième conférence internationale sur la décroissance. Research & Degrowth a dressé une liste de 10 propositions politiques – conçues pour l’Espagne mais adaptables à n’importe quel autre pays – qui visent à créer la prospérité sans croissance et qui, nous en sommes convaincus, peuvent servir de base à une transition vers la décroissance. Qualifiée d'"excellente" par Naomi Klein, la liste inclut, notamment, l’abandon du PIB en tant que mesure de progrès économique, l’établissement de limites environnementales sur la consommation et les émissions, l'instauration d’un revenu de base inconditionnel, la restructuration et l’élimination d’une partie de la dette publique, l’optimisation du parc immobilier, la limitation de l’activité publicitaire, la transformation du système d’imposition et la suppression des aides publiques aux activités polluantes en vue de leur réaffectation à des activités durables.

 

Dans « Décroissance : Vocabulaire pour une nouvelle ère », nous nous livrons, mes coéditeurs et moi-même, à une analyse beaucoup plus approfondie. Nous espérons que cet ouvrage contribuera à alimenter le débat public et à mobiliser à la fois l’opinion publique et le secteur privé vers la création d’une société plus juste au plan économique, fondée sur la solidarité et le respect pour notre environnement.

 

Certains détracteurs reprocheront à la décroissance d'être peu réaliste. Cependant, les vrais fantaisistes sont ceux qui croient que l’économie mondiale peut croître indéfiniment dans un monde fini. Nous avons déjà pu voir que la croissance comporte un prix extrêmement élevé qui affecte le fondement-même de notre vie. La croissance est non seulement impossible, mais elle est de surcroît inutile et indésirable. En 1977, André Gorz, le fondateur de l’écologie politique qui fut aussi le premier à utiliser le terme « décroissance » proclamait : « Le manque de réalisme consiste à imaginer que la croissance économique est encore capable d’engendrer un bien-être humain accru. » Le moment est venu de regarder la réalité en face.

 

Traduit par Salman Yunus

 

 

Source : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart

 

 

 

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25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 01:35

Elections - Séisme politique en Espagne : fin du bipartisme et percée historique des « indignés » - Sur les places publiques de Madrid et Barcelone, des centaines de personnes dansent de joie

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

Séisme politique en Espagne

Le Monde.fr | 25.05.2015 à 02h52 • Mis à jour le 25.05.2015 à 03h29 | Par Sandrine Morel (Madrid, correspondance)

 
 
À Barcelone, la liste citoyenne menée par Ada Colau a remporté la mairie, dimanche 24 mai.

 

Sur les places publiques de Madrid et Barcelone, des centaines de personnes dansaient de joie dimanche 24 mai. Les élections municipales et régionales en Espagne font figure de véritable séisme politique. Elles marquent la fin du bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la Transition démocratique (1975-1982).

Après quatre ans au pouvoir en Espagne, le Parti populaire (PP, droite, au pouvoir), marqué par la politique d’austérité menée durant la crise et une succession de scandales de corruption, s’effondre. Il perd 40 % des voix par rapport à 2011, permettant au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de remporter la victoire dans de nombreuses régions et mairies, malgré une nouvelle chute de 12,5 % des voix. L’entrée en force du parti de gauche radicale Podemos, qui ne se présentait avec sa marque que pour les élections régionales, et du parti de centre droit Ciudadanos, va obliger les deux grands partis à sceller des accords avec ces nouvelles formations s’ils veulent gouverner.

Les clefs de Barcelone à Podemos

À Barcelone, la liste citoyenne menée par Ada Colau, figure de la plateforme de lutte contre les expulsions immobilières (PAH) et du mouvement des « indignés », qui regroupe Podemos, les écologistes catalans et des activistes, a remporté la mairie avec une courte majorité de 21 conseillers municipaux, devant les nationalistes de droite de Convergence et Union (CiU, 20 conseillers). Les « indignés » devraient obtenir, grâce à l’abstention probable des autres forces politiques, les clefs de la capitale catalane avec un programme centré sur la lutte contre les inégalités sociales et la corruption. « Sans pouvoir médiatique, économique, judiciaire, nous avons démontré que l’on peut faire les choses autrement et (…) que le rêve et l’espoir peuvent l’emporter, » a déclaré, émue, Ada Colau, en séchant des larmes de joie devant une foule de sympathisants. La mobilisation des abstentionnistes à Barcelone, où la participation a augmenté de huit points par rapport aux dernières élections a été la clef du scrutin.

 

Sandrine Morel @sandrinemorel

Très forte hausse de la participation dans les quartiers populaires de Madrid et Barcelone... Tremblement de terre politique en vue en Esp.

8:30 PM - 24 Mai 2015

 

Avec des moyens réduits, mais beaucoup d’enthousiasme et une imagination débordante, la plateforme Ahora Madrid menée par l’ancienne juge de 71 ans, Manuela Carmena, soutenue par Podemos, les écologistes d’Equo et des membres critiques du parti des écolo-communistes de la Gauche unie, est parvenue à se hisser à la seconde position dans la capitale espagnole, à un siège du Parti populaire qui gouvernait Madrid avec majorité absolue depuis 1991. Il ne fait pas de doute qu’elle sera la prochaine maire de la capitale, grâce au soutien attendu du PSOE qui a besoin de Podemos pour prendre le pouvoir dans de nombreuses régions. C’est donc en vainqueur que Manuela Carmena s’est présentée devant une foule déchaînée qui scandait son nom.

« Le plus singulier, spécial et extraordinaire de cette campagne est que notre unique monnaie pour la faire a été l’imagination, la joie et la créativité, » a-t-elle déclaré, faisant référence aux multiples initiatives nées en dehors de la plateforme autour de sa candidature. Des graphistes ont créé bénévolement des centaines de logos à partir de son image et les ont diffusés sur les réseaux sociaux, des artistes ont composé des chansons, écrit des poèmes, créé des tee-shirts et des autocollants que des chauffeurs de taxi de la capitale arboraient sur leurs véhicules. « Cette victoire est la vôtre, » a-t-elle conclu, la voix couverte par les cris de joie de ses sympathisants, réunis devant le musée du Reina Sofia.

Changement « irréversible »

La mine déconfite, Esperanza Aguirre, la candidate du Parti populaire n’a pas vraiment cherché à démentir la victoire que s’est attribuée Manuela Carmena, se contentant de rappeler sans conviction qu’« en tant que parti qui a reçu le plus de voix nous devrions avoir la mairie si les autres partis ne scellaient pas d’accord. »

 

Sandrine Morel @sandrinemorel

Aguirre (PP) fait une tête d'enterrement, c'est bon pour Manuela Carmena, ancienne juge de 71 ans indépendante qui va avec Podemos, verts...

9:02 PM - 24 Mai 2015

 

L’ampleur de la débâcle du PP se mesurera plus clairement durant les prochains jours ou semaines. Bien qu’il soit le parti qui a recueilli le plus de suffrages en Espagne, avec 27 % des voix, il perd les majorités absolues qu’il avait arrachées en 2011 et ses principaux barons devraient se retrouver dans l’opposition. C’est d’autant plus dramatique pour le PP que les régions espagnoles disposent d’un fort degré d’autonomie et contrôlent par exemple les dépenses en matière d’éducation et de santé.

En tête dans la région de Valence, en Aragon ou en Castille-La Manche, le PP ne devrait pas pouvoir gouverner si Podemos soutient l’investiture des socialistes, comme tout porte à le croire. Dans la région de Madrid, où il gouverne depuis 1995, c’est Ciudadanos qui jouera les arbitres, comme à Murcie, La Rioja ou Castille-et-Léon.

Pour Pablo Iglesias, le chef de file de Podemos, il ne fait guère de doute que la victoire de la gauche dans les grandes villes augure une défaite du PP lors des élections générales de cet automne. « Nous aurions aimé que l’usure des vieux partis soit plus rapide, » a avoué Pablo Iglesias tout en soulignant que « les grandes villes sont le moteur du changement politique » et que ce changement est « irréversible ».

 

 

 Sandrine Morel (Madrid, correspondance)
Journaliste au Monde

 

 

Source : http://www.lemonde.fr

 

 

                                                      **********************************

 

 

Source : http://www.francetvinfo.fr

 

 

Espagne : la percée de la gauche radicale est acquise

 

 

Depuis quelques mois déjà, les sondages avaient pronostiqué la montée en puissance de Podemos. Ce dimanche 24 mai, lors des élections régionales et locales en Espagne, la tendance semble s'être confirmée.

 

(FRANCE 3)

Francetv info

Mis à jour le 25/05/2015 | 02:26 , publié le 25/05/2015 | 02:26

 

 

Dimanche 24 mai se sont tenues des élections locales et régionales en Espagne. À Madrid comme à Barcelone, les deux principales villes du pays, Podemos est sorti grand vainqueur de ces élections. "C'est un signe politique fort que les Espagnols veulent du changement, veulent du nouveau", affirme Aude Soufi, correspondante de France 3 en Espagne. Les Espagnols ont voté ce dimanche pour un parti antisystème, un parti qui veut lutter contre la corruption des élites politiques et contre l'austérité.

 

Podemos va maintenant devoir se frotter au pouvoir

Le parti qui a un peu plus d'un an n'a jamais été aux manettes et il va devoir montrer qu'il peut diriger. Mais les deux grands partis politiques traditionnels en Espagne doivent eux tirer les leçons de ces élections pour que ce scénario de ce dimanche ne se renouvelle pas à la fin de l'année lors des élections parlementaires.

 

Source : http://www.francetvinfo.fr

 

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 21:54

Autoroutes : ce week-end encore, les Français seront rackettés ! les autoroutes rapportent deux milliards d’euros de profits annuels, spoliant le porte-monnaie des Français pour renflouer celui des actionnaires

 

Source : http://www.marianne.net

 

Autoroutes : ce week-end encore, les Français seront rackettés !

Samedi 23 Mai 2015 à 5:00

Nicolas Dupont-Aignan

Député de l'Essonne et président de Debout la France.

 

 

 

Pour le député de l'Essonne et président de Debout la France, "il faut réclamer la renationalisation immédiate du réseau autoroutier". "Le prix de rachat par l’Etat des sociétés d’autoroutes, écrit-il, doit être au prix exact auquel elles ont été vendues, diminué des recettes perçues depuis cette date."
 
FRANCK LODI/SIPA
 

Lors de ce week-end de Pentecôte, ce sont bien des millions d'automobilistes qui vont être rackettés par les sociétés d'autoroute, une nouvelle fois. Depuis leur privatisation en 2006, ces sociétés profitent de leur situation de monopole, avec la bénédiction des gouvernements, pour augmenter sans cesse les tarifs au détriment des usagers.

J’avais dénoncé à l’époque le prix de vente en 2006 de 14,8 milliards d’euros, sous-évalué au minimum de 10 milliards selon la Cour des comptes, pour une opération qualifiée même « d’absurde » par le Financial Times.

Aujourd’hui, les autoroutes rapportent deux milliards d’euros de profits annuels (jusqu’à 25% de rentabilité !), spoliant le porte-monnaie des Français pour renflouer celui des actionnaires.

Comble du comble, le rapport de l’Autorité de la concurrence de septembre 2014 démontre que l’État a privatisé les autoroutes au moment même où leur rentabilité a commencé à croître fortement jusqu’à atteindre les niveaux actuels !

Ce rapport montre également que les bénéfices de ces sociétés ont doublé depuis 2004 et que la politique de distribution des dividendes a radicalement changé après la privatisation.

Alors que ces sociétés d’autoroutes distribuaient en moyenne 56 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires entre 2003 et 2005, cette part a atteint 136 % en moyenne les huit années suivantes. Elles ont donc, globalement, distribué à leurs actionnaires plus que la totalité de leurs bénéfices ! Elles privilégient ainsi l'endettement à l'autofinancement pour leurs nouveaux investissements, endettement scandaleusement financé par les Français !

Or, il est nécessaire de rappeler qu’à l'instar de tous les moyens de transport, ceux-ci devraient être au service de l’intérêt général et non au service de quelques intérêts particuliers.

Le gel des tarifs des péages des autoroutes en 2015 n’est qu’un pansement provisoire qui maintient un système insupportableBref, les sociétés concessionnaires privées exploitant les autoroutes (construites depuis soxiante ans avec l’argent du contribuable) s’inquiètent prioritairement de leur profitabilité tout en cherchant à oublier les servitudes de service public liées à leur activité. Tout pour l’actionnaire, rien ou le moins possible pour le consommateur !

Le Parti socialiste joue d’ailleurs un double jeu sur ce sujet. Opposé à cette privatisation en 2006, il a depuis capitulé en rase campagne.

La vraie question était de savoir si le gouvernement socialiste oserait s'opposer aux grands groupes détenant les concessions d'autoroutes. Comme sur beaucoup d’autres sujets, il a renoncé. Le gel des tarifs des péages des autoroutes en 2015 n’est qu’un pansement provisoire de plus qui maintient un système insupportable, car la hausse reprendra en 2016.

Exiger de ces sociétés un tarif juste est insuffisant tant elles affichent une rentabilité exceptionnelle qui ne se justifie ni par leurs coûts ni par les risques auxquels elles sont exposées.

Et le résultat est toujours là : la hausse continue des prix des péages incite beaucoup d’automobilistes à privilégier les routes nationales avec les conséquences que l’on connaît : davantage d’insécurité, allongement de la durée des trajets, pénibilité accrue, temps de vacances perdu, stress plus grand.

Tout ceci ne peut plus durer. Si le scandale du racket autoroutier est insupportable en soi, il dépasse toutes les bornes en période de crise, à l’heure où chacun (surtout les moins favorisés) est appelé à se serrer la ceinture.

Il faut réclamer la renationalisation immédiate du réseau autoroutier. Le prix de rachat par l’Etat des sociétés d’autoroutes doit être au prix exact auquel elles ont été vendues, diminué des recettes perçues depuis cette date.

Ces autoroutes renationalisées, l’Etat pourra en fonction de l’amortissement des différents tronçons rendre aux Français soit par la gratuité des autoroutes le week-end, soit par la baisse des tarifs, une grande partie de la rente.

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

 

 

 

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 21:34

Revenu de base - Bernard Friot, sociologue et économiste français nous expose son travail sur le "salaire à vie" qui nous sortirait du système capitaliste actuel, mortifère. A voir !

 

 

Source : https://www.youtube.com/watch?v=eIkpFxO14kc#action=share

Revenu de base

 

Ajoutée le 26 janv. 2014

Mr Bernard Friot, sociologue et économiste français nous expose son travail sur le "salaire à vie" qui nous sortirait du système capitaliste actuel, mortifère.
C'est peut être utopique mais ne croyez-vous pas que mr Maurice Kriegel-Valrimont quand il disait « Ils nous ont dit :
Vous êtes fous ! » et que mr Ambroise Croizat dans son application à œuvrer à l'installation de la Sécurité Sociale, n'ont pas été traité d'utopique, voyez actuellement comme c'était révolutionnaire et ouvrait la voie à l'émancipation.
A comparer cette utopie à ce système capitaliste nocif que aucun pouvoir politique n'arrive à juguler ou réguler, mon choix est clair,
"le salaire à vie".

à voir: http://www.ies-salariat.org/ http://www.reseau-salariat.info/

 

 

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 21:21

Affaire Kerviel - Société générale - Les banques et la nouvelle doctrine « Too Big to Jail »

 

Source : http://cadtm.org

 

Affaire Kerviel - Société générale - Les banques et la nouvelle doctrine « Too Big to Jail »

24 mai par Eric Toussaint

 

 

 

Rebondissement dans l’affaire Kerviel, l’ancien trader qui avait fait perdre près de 5 milliards d’euros à sa banque, la Société générale. Selon le témoignage d’ une ancienne enquêtrice, la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions qu’il avait prises. Or, l’ancien trader a été condamné à cinq ans de prison dont trois ans ferme en étant tenu comme seul responsable. Dans une série d’articles publiée il y a un an, Eric Toussaint témoignait de l’impunité dont bénéficient les grandes banques devant les autorités judiciaires. En effet, les nouvelles révélations dans cette affaire montrent comment la justice a pris parti en faveur de la banque. L’enquêtrice qui a témoigné à découvert a notamment confié son « sentiment d’avoir été instrumentalisée par la Société Générale ».


Suite à ces nouveaux éléments, nous republions le premier article de cette série Too big to jail.

 

On connaît la maxime : « Trop grandes pour faire faillite » (’Too Big To Fail’). La manière dont les gouvernants ont géré la crise provoquée par les banques a débouché sur une nouvelle doctrine qui peut être résumée par : « Trop grandes pour être condamnées » |1|. Ou « Trop grandes pour être emprisonnées » si on traduit littéralement le nouvel adage qui fait florès aux États-Unis et au Royaume-Uni : « Too Big to Jail » |2| qui rime avec « Too Big to Fail ». En effet, alors que le gouvernement des États-Unis a laissé Lehman Brothers faire faillite en septembre 2008, aucune banque n’a été fermée |3| ou démantelée par décision de justice, aucun dirigeant de banque n’a été condamné à une peine de prison. L’unique exception dans le monde occidental concerne l’Islande où la justice a condamné à des peines de prison ferme trois dirigeants de banque. Larus Welding, principal dirigeant de la banque Glitnir, qui a fait faillite en 2008 quand elle était encore la troisième banque du pays, a été condamné fin décembre 2012 à 9 mois de prison. Sigurdur Einarsson et Hreidar Mar Sigurdsson les deux principaux dirigeants de la banque Kaupthing |4| ont été condamnés respectivement à cinq ans et cinq ans et demi de prison en décembre 2013 |5|.

 

Pourtant, la justice des États-Unis et d’Europe est confrontée à de très graves délits commis par les plus grandes banques : escroquerie en bande organisée à l’encontre des clients, des (petits) actionnaires et des actionnaires publics, blanchiment d’argent du crime organisé, organisation systématique de la fraude fiscale à très grande échelle, manipulation en bande organisée des taux d’intérêts (Libor, Euribor…), manipulation en bande organisée des marchés de change, faux et usage de faux, délits d’initiés, destructions de preuves, enrichissement abusif, manipulation en bande organisée du marché des CDS, manipulation du marché physique des commodities, complicité dans des crimes de guerre |6|… La liste n’est pas exhaustive.

 

Eric Holder, procureur général des États-Unis, interrogé en juin 2013 par une commission du Sénat de son pays, a résumé clairement le fond de la doctrine « Trop grandes pour être condamnées ». Il a déclaré en substance à propos des grandes banques que « ces institutions sont si grandes qu’il est difficile de les poursuivre en justice, et si on le faisait, on se rendrait compte qu’effectivement, les inculper pour activités criminelles pourrait avoir des répercussions négatives pour l’économie nationale, voire mondiale » |7|.

 

Les retombées de cette position sont claires. Le fait que la spéculation et les crimes financiers ont causé la pire crise économique depuis le siècle dernier pèse fort peu dans la balance de la justice. Bien que de tels excès soient associés à une épidémie de fraudes |8|, à tous les niveaux des opérations des banques des États-Unis, ces institutions sont autorisées à poursuivre leurs opérations. Il leur suffit de passer un accord avec la justice afin de payer une amende pour éviter une condamnation. Imaginez la situation suivante : après un mois d’enquête, la police retrouve une personne qui a commis un vol d’un million d’euros. Au moment d’être appréhendée, la personne en question déclare au juge d’instruction et à la police : « Je propose de payer deux mille euros d’amende, vous me laissez en liberté et vous n’entamez pas de poursuite. D’accord ? ». Le juge et la police lui disent : « Ok, pas de problème, excusez du dérangement. Bonne continuation. Essayez de ne pas vous faire prendre une prochaine fois, ce serait dommage ». Le traitement de faveur auquel ont droit les banques responsables de délits et de crimes financiers n’est pas très différent de cette situation imaginaire et Bertold Brecht avait pleinement raison de poser la question : « Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? » |9|.

 

Les conséquences directes des méfaits des banques sont particulièrement graves : 14 millions de familles aux États-Unis ont été expulsées de leur logement entre 2007 et 2013 (voir tableau ci-dessous), parmi elles, il est avéré qu’au moins 495 000 familles l’ont été de manière parfaitement illégale |10|, des millions de personnes ont perdu leur emploi, une partie d’entre elles sont tombées sous le seuil de pauvreté, le taux de suicides a augmenté parmi les personnes affectées, la dette publique a explosé et les fonds de pensions des pays développés ont perdu près de 5 400 milliards de dollars |11|.

 

Saisies immobilières aux États-Unis et en Espagne
Année États-Unis Espagne
2005 532 833  
2006 717 522  
2007 1 285 873  
2008 2 330 483 49 848
2009 2 824 674 59 632
2010 2 871 891 81 747
2011 1 887 777 94 825
2012 1 836 634 76 724
Total 14 287 687 362 776

Source : États-Unis, Espagne

 

Le rôle des banques privées est manifestement si important et indispensable au système capitaliste que leur fonctionnement transcende les contraintes légales et constitutionnelles des sociétés modernes. Dès lors, la justice se voile la face devant les délits et crimes commis par les banques et leurs dirigeants afin de leur éviter de passer ne serait-ce qu’un jour en prison. En fin de compte, on ne peut tout de même pas poursuivre en justice un dirigeant d’une institution bancaire qui « ne fait que le travail de Dieu » |12| , pour citer Lloyd Blankfein, patron de Goldman Sachs.

 

La déclaration ci-dessus pourrait prêter à sourire si des transactions entre banques et autorités judiciaires ou de contrôle ne venaient pas régulièrement confirmer l’application de la doctrine « trop grandes pour être condamnées » des deux côtés de l’Océan Atlantique. Les affaires se suivent et la justice se borne à des amendes qui représentent bien souvent une maigre fraction des bénéfices issus d’activités illégales, sans qu’aucun dirigeant ne soit inquiété. Tout au plus comparaissent devant des tribunaux et sont condamnés des lampistes comme Jérôme Kerviel, jamais les patrons qui les ont poussés à augmenter les bénéfices de l’entreprise en utilisant toutes les entourloupes possibles et imaginables.

 

Six exemples suffisent pour témoigner de la situation actuelle :

 

  • 1. les accords passés entre les banques des États-Unis et différentes autorités du pays afin d’éviter une condamnation en justice dans l’affaire des prêts hypothécaires abusifs et des expulsions illégales de logement (foreclosures) ;
  • 2. HSBC (1e banque britannique) mise à l’amende aux États-Unis pour blanchiment d’argent des cartels mexicains et colombiens de la drogue ;
  • 3. la manipulation des taux d’intérêt interbancaire et des taux sur les dérivés connue comme l’affaire du LIBOR ;
  • 4. le scandale des « prêts toxiques » en France ;
  • 5. les activités illégales de Dexia en Israël ;
  • 6. l’évasion fiscale internationale organisée par la principale banque suisse UBS.
  •  

Dans cette série ces 6 exemples seront analysés.

 

Conclusion

Il apparaît clairement que les banques et autres grandes institutions financières de dimension mondiale, agissant souvent en bande organisée (en cartel), font montre d’un niveau rarement observé à ce jour de cynisme et d’abus de pouvoir. Aujourd’hui, après que les États aient mis l’argent public à disposition des entités financières dont les paris spéculatifs ont mal tourné, les magistrats en charge de faire appliquer la loi s’emploient à protéger les responsables de ces entités et banalisent ainsi, voire justifient a posteriori la conduite illégale ou criminelle dont ils se sont rendus coupables.

 

Un tel contexte, où règne l’impunité, encourage les dirigeants des firmes financières à davantage d’abus et de prises de risque. Les banques en tant qu’institutions ne sont pas condamnées, et le plus souvent ne sont même pas convoquées devant un tribunal.

 

Ces banques font porter l’entière responsabilité à des traders comme Jérôme Kerviel et quelques dizaines d’autres et obtiennent que la justice les condamne pour leur avoir porté préjudice.

 

La situation des principaux dirigeants des banques est bien différente : le montant de leurs bonus croît suite à l’augmentation des revenus de la banque (il n’est pas rare de voir que le bonus augmente même en cas de baisse de la rentabilité de la banque), indépendamment de l’origine illégale des ressources ou du fait qu’elles soient issues d’activités financières spéculatives extrêmement risquées. Dans le pire des cas, s’ils sont découverts, ils n’ont qu’à quitter l’institution (souvent avec un parachute doré), ils ne seront pas poursuivis par la justice et conserveront sur leurs comptes bancaires l’entièreté des bénéfices obtenus.

 

Tant que ce genre de dispositif pervers est maintenu, les abus et le pillage des ressources publiques de la part du système financier ne peuvent que se prolonger au fil du temps.

 

Au-delà des hauts dirigeants, il faut souligner l’impunité des banques elles-mêmes à qui les autorités appliquent la doctrine « Too Big To Jail ». Il s’agit surtout de la démonstration de l’imbrication étroite entre les directions des banques, leurs grands actionnaires, les gouvernants et les différents organes vitaux des États.

 

En cas de graves manquements, il faut mettre en pratique une solution radicale : retirer la licence bancaire aux banques coupables de crimes, bannir définitivement certaines de leurs activités, poursuivre en justice les dirigeants et les grands actionnaires. Il faut aussi obtenir des réparations de la part des dirigeants et des grands actionnaires.

Enfin, il est urgent de diviser chaque grande banque en plusieurs entités afin de limiter les risques, de socialiser ces banques en les plaçant sous contrôle citoyen, et de créer ainsi un service public bancaire qui donnera la priorité à la satisfaction des besoins sociaux et à la protection de la nature.

 

Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4
Partie 5
Partie 6
Partie 7
Partie 8
Partie 9

 

 

 
Notes

|1| L’auteur remercie Daniel Munevar, économiste du CADTM, qui a produit une première synthèse concise très utile sur le sujet et l’a autorisé à s’en inspirer librement. L’auteur a ensuite largement complété la recherche. Voir l’article original de Daniel Munevar, « La doctrine « trop grandes pour être condamnées » ou comment les banques sont au-dessus des lois », 20 septembre 2013, www.cadtm.org/La-doctrine-trop-grandes-pour-etre

|2| Les médias anglo-saxons utilisent régulièrement cette expression depuis 2 ans : voir par exemple : Abcnews, « Once Again, Is JPMorgan Chase Too Big to Jail ? », 7 Janvier 2014, http://abcnews.go.com/Blotter/madoff-ponzi-scheme-prosecutors-find-jpmorgan-chase-big/story?id=21448264 ou Forbes, « Why DOJ Deemed Bank Execs Too Big To Jail », 29 juillet 2013, http://www.forbes.com/sites/tedkaufman/2013/07/29/why-doj-deemed-bank-execs-too-big-to-jail/

|3| Autre manière d’écrire qu’aucune banque ne s’est vu retirer la licence bancaire. En effet, pour mener les opérations bancaires, une institution financière doit obtenir une licence bancaire.

|4| La faillite de sa filiale nommée Icesave au Royaume-Uni et aux Pays-Bas a provoqué une crise internationale entre ces deux pays et l’Islande. Cette crise se poursuit encore en 2014 car le R-U et les Pays Bas vont en appel contre la sentence de la cours d’arbitrage qui a donné raison à l’Islande en janvier 2013. Voir Financial Times, « Iceland premier repels Icesave lawsuit », 12 février 2014.

|5| Comme l’écrit le Financial Times : “Iceland, almost uniquely in the western world, has launched criminal cases against the men who used to lead its three main banks that collapsed after the global financial crisis in 2008 after collectively becoming 10 times the size of the island’s economy.” 13 décembre 2013. Voir : http://www.ft.com/intl/cms/s/0/eab58f7e-6345-11e3-a87d-00144feabdc0.html#axzz2thdbsViQ

|6| Voir plus loin l’action de Dexia dans les territoires palestiniens occupés par Israël.

|7| Huffingtonpost, “Holder admits some Banks too big to jail”, disponible sur : http://www.huffingtonpost.com/2013/03/06/eric-holder-banks-too-big_n_2821741.html Sur ce site, on peut voir et écouter la partie du témoignage du procureur général des États-Unis où il déclare : « I am concerned that the size of some of these institutions becomes so large that it does become difficult for us to prosecute them when we are hit with indications that if you do prosecute, if you do bring a criminal charge, it will have a negative impact on the national economy, perhaps even the world economy… ». Durée de la vidéo : 57 secondes. Cela vaut la peine.

|8| Une étude récente sur les pratiques de crédits des banques aux États-Unis signale qu’en dépit de leur hétérogénéité, les irrégularités et les faux sont présents à divers degrés dans toutes les institutions financières analysées. Voir “Asset Quality Misrepresentation by Financial Intermediaries : Evidence from RMBS Market”, disponible sur : http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2215422

|9| Bertold Brecht, L’Opéra de quat’sous. L’Opéra de quat’sous est une comédie musicale de Bertolt Brecht (musique de Kurt Weil), présentée pour la première fois le 31 août 1928 au Theater am Schiffbauerdamm de Berlin, puis en version française le 14 octobre 1930 au théâtre Montparnasse.

|10| The New York Times, “Banks to pay $8,5 billion to speed up housing relief”, 7 janvier 2013, http://dealbook.nytimes.com/2013/01/07/banks-to-pay-8-5-billion-to-speed-up-housing-relief/?_php=true&_type=blogs&_php=true&_type=blogs&_r=1

|11| OECD (2010) “The Impact of the Financial Crisis on Defined Benefit Plans and the Need for Counter-Cyclical Funding Regulations”, http://www.oecd.org/pensions/private-pensions/45694491.pdf

|12| The Wall Street Journal, “Goldman Sachs Blankfein : Doing Gods work”, 9 novembre 2009, http://blogs.wsj.com/marketbeat/2009/11/09/goldman-sachs-blankfein-on-banking-doing-gods-work/

Auteur

Eric Toussaint

est maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège Dernier livre : Bancocratie ADEN, Brussels, 2014.

 

Autres articles en français de Eric Toussaint (511)

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    22 avril, par Eric Toussaint , TV Parlement Grec

 

Source : http://cadtm.org

 

 

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 20:58

La Grèce ne remboursera pas le FMI en juin - les aides liées au plan de sauvetages étant bloquées, Athènes est pratiquement à court de fonds pour honorer sa dette et payer les salaires et les pensions de ses fonctionnaires

 

Source : http://www.latribune.fr

 

La Grèce ne remboursera pas le FMI en juin

Dette grecque

latribune.fr  |  24/05/2015, 11:44

 

 

 

Athènes est pratiquement à court de fonds pour honorer sa dette et payer les salaires et les pensions de ses fonctionnaires.

Athènes est pratiquement à court de fonds pour honorer sa dette et payer les salaires et les pensions de ses fonctionnaires. (Crédits : MonFinancier.com)

 

 

Faute d'argent, le pays ne remboursera pas au FMI le 1,6 milliard d'euros prévu pour le mois prochain, a prévenu dimanche le ministre de l'Intérieur, Nikos Voutsis.

 

La Grèce n'effectuera pas les remboursements au Fonds monétaire international prévus le mois prochain parce qu'elle n'a pas l'argent, a annoncé dimanche le ministre de l'Intérieur.

"Les quatre versements au FMI en juin représentent 1,6 milliard d'euros. Cet argent ne sera pas donné et il n'y en a pas à donner", a déclaré Nikos Voutsis à la chaîne de télévision grecque Mega.

Privée d'accès aux marchés obligataires, alors que les aides liées au plan de sauvetages sont bloquées, Athènes est pratiquement à court de fonds pour honorer sa dette et payer les salaires et les pensions de ses fonctionnaires. Après quatre mois de discussions avec ses partenaires de la zone euro et le FMI, le gouvernement de la gauche radicale d'Alexis Tsipras est toujours à la recherche d'un accord qui permettrait de débloquer 7,2 milliards d'euros d'aides encore dus à la Grèce, ce qui lui permettrait d'éviter la faillite.

Prié de dire s'il craignait un incident de crédit si Athènes venait à manquer une échéance, le ministre a répondu : "Ce n'est pas ce que nous recherchons, nous ne le voulons pas, ce n'est pas notre stratégie. La situation est mûre pour un accord fondé sur la logique." "Nous sommes en train de discuter, sur la base d'un optimisme prudent, pour qu'il y ait un accord solide (avec les créanciers), de sorte que le pays puisse respirer; c'est le pari", a ajouté Nikos Voutsis.

Le gouvernement, a dit le ministre de l'Intérieur, est déterminé à lutter contre la stratégie d'"asphyxie" menée par les créanciers de la Grèce. "Cette politique d'austérité extrême et de chômage en Grèce doit être combattue", a-t-il dit. "Nous ne ferons pas l'économie de ce combat."

Les discussions, menées avec la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI sur les réformes à mener en contrepartie, ont notamment achoppé sur la question des retraites et de la réforme du marché du travail.

La Grèce a fait "un pas énorme" dans la négociation d'un accord avec ses créanciers internationaux pour éviter la faillite, a estimé de son côté dimanche le ministre des Finances Yanis Varoufakis, en soulignant qu'il serait "catastrophique" pour son pays de quitter la zone euro.

"C'est maintenant aux institutions de faire leur part. Nous les avons rejointes aux trois quarts du chemin, elles doivent nous rejoindre sur un quart du chemin", a déclare le ministre lors d'une émission à la BBC.

Yanis Varoufakis a estimé qu'il serait "catastrophique" pour la Grèce de quitter l'euro. Ce serait, a-t-il affirmé, "le début de la fin du projet d'une devise commune" (Reuters).

 

 

Source : http://www.latribune.fr

 

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