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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 23:26

 

 

 

mardi 4 août 2015

Ce que dit la hausse de la pauvreté en Allemagne
 
 
J’ai coutume de décrire le choc effrayant et brutal auquel les Grecs se sont soumis depuis plus de cinq ans. Mais en réalité, c’est toute l’Europe qui subit un choc antisocial de force variable, comme le révèlent les chiffres de la pauvreté en Allemagne, en progression constante depuis 15 ans.
 
 

 

Le grand appauvrissement, partout
 
Partout en Europe, l’Allemagne est présentée comme le modèle à suivre. Les partisans de ce « modèle » soulignent ses excédents commerciaux ou son budget équilibré. Mais de nombreux faits contredisent cette vision superficiel de ce qui est en réalité un faux modèle. D’abord, comme le rapporte les Echos, la pauvreté ne cesse de progresser, depuis 15 ans, puisque la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté est passée de 14 à 15,5% depuis 2006, soit 12,5 millions de personnes. La croissance du pays laisse sur le bord de la route un nombre grandissant de citoyens. D’ailleurs, Olivier Berruyer a montré dans son livre le caractère profondément inégalitaire du modèle allemand, avec une baisse des revenus de plus de 15% pour un tiers de la population quand le dernier décile progresse.
 
Guillaume Duval a également démontré dans un livre toutes les failles de ce modèle. On pourrait aussi rappeler les analyses de Jacques Sapir ou Olivier Passet, qui ont démontré le caractère asymétrique de ce modèle, qui repose sur le fait que ses principaux partenaires ne suivent pas la même direction. L’Allemagne s’enrichit au détriment de ses partenaires européens, parce qu’elle accumule des excédents commerciaux colossaux dont la simple existence souligne le caractère insoutenable de cette stratégie car tous les pays de l’UE ne peuvent pas simultanément être en forts excédents commerciaux… Mais ce que révèle la hausse de la pauvreté en Allemagne depuis 15 ans, c’est que le modèle économique de notre Europe ne marche pas car même les résultats du meilleur élève sont mauvais.
 
Des dopants à effets provisoires
 
 

Il ne faut pas oublier cette progression quasiment constante de la pauvreté dans les pays européens car nous pourrions bien rentrer dans une phase de petite reprise économique, aussi illusoire soit-elle, comme le démontrent notamment les chiffres allemands. En effet, même s’il y a une relative reprise, cette reprise pourrait bien ne se retrouver que dans les profits des grandes entreprises multinationales (et très souvent transférés dans des parasites fiscaux) et dans les revenus d’une petite minorité. Alors que la grande majorité continue à souffrir des conséquences d’une mondialisation barbare, qui les met en concurrence avec des pays où les salaires sont 10 à 20 fois plus bas, même si le taux de chômage baisse, comme on le voit en Espagne, même si un demi-million d’emplois ont été créé en 1 an.

 
C’est aux Etats-Unis que les chiffres sont les plus incroyables : de 2009 à 2012, si les revenus moyens ont progressé de 6%, ils ont baissé de 1,6% pour 90% de la population, le 1% le plus riche s’accaparant 93% de la hausse globale ! Bien sûr, une relative reprise économique semble se dessiner, avec la baisse de l’euro et du prix du pétrole, deux facteurs historiques de soutien à l’activité, aidés par la politique de la BCE qui a fait baisser les taux d’intérêt à des plus bas historiques (même Rome et Madrid empruntent à 2%), allégeant les politiques d’austérité, au risque de provoquer de nouvelles bulles financières. Mais si cela pourrait permettre une légère baisse du taux de chômage, il y a fort à parier que la reprise sera inégale, mais aussi seulement temporaire, tant se forment les ferments de la prochaine crise.
 

 

Dans le brouillard des chiffres et des statistiques, il est essentiel de montrer les déséquilibres de ce modèle, qui privilégie tellement une petite minorité, au détriment d’une grande majorité. Car à la prochaine crise, il ne faudra pas perdre l’occasion de repartir dans la bonne direction, contrairement à 2009.
 

à

 

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 21:55

 

Source : http://www.marianne.net

Varoufakis et le plan “B”

Le fameux plan « B » de Yanis Varoufakis n’a pas cessé de faire parler de lui. Le 16 juillet 2015, soit le lendemain du vote au Parlement grec de l’accord signé le 13 juillet, et on rappelle que Varoufakis avait voté contre cet accord, il a donné un téléconférence à l’OMFIF ou Official Monetary and Financial Institutions Forum[1]. Il s’agit en fait d’une conversation de 25 minutes avec deux responsables de l’OMFIF, David Marsh, le directeur exécutif de l’OMFIF et Norman Lamont. Cette conversation téléphonique a été installée sur le site web de l’OMFIF le 27 juillet 2015 et la transcription écrite a été installée sur le site le 28 juillet 2015, avec l’accord de Yanis Varoufakis. Cette transcription précise le statut de ce plan « B ». Quel que soient les points de divergences avec Yanis Varoufakis, il est important de l’écouter, et de le lire. On verra d’ailleurs que s’il est, en principe, pour l’Euro il est arrivé à la conclusion, qui est partagée par ses collaborateurs, qu’une sortie de l’Euro était envisageable.

 

Le but du plan « B »

Yanis Varoufakis commence par dire : «Je dois admettre que nous n’avions pas de mandat pour sortir la Grèce de l’Euro. Ce pour quoi nous avions un mandat était pour négocier un arrangement avec l’Eurogroupe la Banque Centrale Européenne qui rende la position de la Grèce viable dans le cadre de la zone Euro. Le mandat allait cependant un peu plus loin – au moins dans mon estimation. Je pense que le peuple grec nous avait autorisé à poursuivre cette négociations avec énergie et vigoureusement au point de dire que si nous ne pouvions avoir un accord viable nous devrions considérer une sortie (de la zone Euro) ». C’est une position très claire, et entièrement cohérente avec la logique des négociations menées depuis plusieurs mois. Varoufakis dit bien que le mandat, en tant que tel, ne portait pas sur une sortie de l’Euro, ce qui était explicite depuis la campagne électorale de janvier 2015 mais que, et en particulier à la suite du referendum du 5 juillet, implicitement, ce mandat s’étendait à une sortie si aucun accord viable pour la Grèce, autrement dit respectant le programme sur lequel Syriza avait gagné les élections n’était possible. L’accord que la Grèce a été contrainte d’accepter n’est pas viable. Varoufakis insiste sur ce point à de nombreuses reprises. Et, il laisse entendre que, effectivement, son choix aurait alors été plutôt une sortie de la zone Euro. Pourtant, il ne s’en cache pas les difficultés. Il ajoute ainsi peu après : « Le problème est que, quand vous êtes à l’intérieur d’une Union Monétaire, il est toujours très dur de créer le type de dialogue public, qui est nécessaire afin de préparer les gens pour ce qui arrive, pour un processus de désengagement de cette union monétaire tout en ne précipitant pas en même temps un effondrement ». On peut comprendre cette phrase comme la reconnaissance du fait que Syriza a fait une erreur stratégique en n’ouvrant pas un dialogue public, il vaudrait d’ailleurs mieux dire un débat, sur cette question très en amont. Peut-être cela aurait-il renforcé la position de négociation du gouvernement grec.

 

Les raisons de sa non application

Sur le plan « B », il est très précis. Il dit : « Le travail (de mise au point du plan « B ») était plus ou moins achevé, nous avions un plan B, mais la difficulté venait du passage des 5 personnes qui l’avaient planifié aux 1000 personnes qui auraient eu à le mettre en œuvre. Et pour cela je devais recevoir un autre autorisation qui n’est jamais venue ». Ce passage est très important. Il montre qu’il y avait bien une alternative, mais que cette alternative fut rejetée pour des raisons politiques et non pour des raisons de faisabilité. Alexis Tsipras, celui qui aurait dû donner la dernière autorisation, ne le fit pas. On peut comprendre les raisons politiques de ce geste. Mais, ce geste fut le produit d’une raison politique, la volonté de rester quoi qu’il en coûte dans la zone Euro, et non d’une raison technique. De ce point de vue, cela éclaire la position de ceux qui en France prétendent que le choix d’Alexis Tsipras était dicté par la nécessité, comme par exemple Pierre Laurent dans son entretien à Marianne du 25 juillet[2]. C’est une tout autre histoire que fournit Varoufakis. Elle dément complètement la thèse de Laurent, ce que l’on pouvait discerner dans les nombreux articles de presse qui ont été publiés du 14 au 24 juillet[3]. Et, cela éclaire aussi le mensonge qu’a proféré Laurent dans cet entretien à Marianne quand il prétend, contre toute évidence, qu’il n’y avait pas d’autre choix possible.

Varoufakis alors ajoute une phrase, celle qui a « fuité » et qui lui a été beaucoup reproché, mais dont le sens devient alors très clair dans le contexte de la conversation téléphonique qu’il a avec ses correspondants de l’OMFIF : «C’était très bien développé et je pense que cela aurait fait une très grande différence, car très vite nous aurions put l’étendre (le système de paiements parallèle) en utilisant des applications sur des Smartphones et il serait devenu une fonction du système parallèle. Et, bien entendu, ceci aurait été en Euro mais aurait pu en un coup de chapeau être converti en nouvelle Drachme ». Varoufakis explique ainsi en quoi le plan « B », qui impliquait un système assez sophistiqué mais en réalité assez simple de système parallèle de paiements, aurait permis, s’il l’avait fallu – et il faut bien insister sur cela – un basculement hors de l’Euro. Ce basculement n’était pas prémédité, mais il devenait possible si le gouvernement grec en prenait la décision. Là encore, nous pouvons constater que cette décision était politique et non technique. Ici encore, le mensonge de tous ceux qui, en France, continuent de prétendre qu’il n’y avait pas d’autre solution que d’accepter l’accord du 13 juillet est clairement dévoilé.

 

La France dans le viseur de l’Allemagne

Mais, il y a une autre chose importante dans cette conversation entre Yanis Varoufakis et les deux responsables de l’OMFIF. Parlant de ce que voulait le Ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, il fait une référence très précise à la France : « Et il (i.e. Schäuble) me dit explicitement qu’un GREXIT, une sortie de la Grèce, aller lui donner assez de pouvoir de négociation, avec suffisamment de pouvoir terreur, dans le but d’imposer à la France ce à quoi Paris résistait. Et de quoi était-il question ? Du transfert du pouvoir de décision budgétaire de Paris à Bruxelles ». Autrement dit, le plan mis en place par Schäuble ne visait pas prioritairement la Grèce, mais avait comme objectif, à travers la Grèce, d’aboutir à une capitulation totale de la France qui devrait, et devra sans doute, accepter le transfert de la totalité de son pouvoir de décision budgétaire à une instance étrangère. Autrement dit, c’est bien la mise en tutelle de la France que visait Schäuble à travers sa position sur la Grèce. Il faut en avoir conscience.

C’est pourquoi les mensonges, que ce soit ceux de François Hollande sur un « gouvernement » de la zone Euro ou ceux de Pierre Laurent, justifiant l’accord léonin, le diktat, auquel Tsipras a consenti, prennent ici une autre dimension. Ils deviennent des actes de connivences dans un transfert décisif de souveraineté vers une puissance étrangère, un transfert sur lequel le peuple français ne sera, et c’est l’évidence, jamais consulté. Il y a un mot par lequel on appelle tout cela…

 

 

[1] http://www.omfif.org/media/1122791/omfif-telephone-conversation-between-yanis-varoufakis-norman-lamont-and-david-marsh-16-july-2015.pdf

[2] http://www.marianne.net/pierre-laurent-sortie-zone-euro-n-empeche-pas-pression-marches-100235637.html

[3] En particulier l’interview de James Galbraith, qui a travaillé avec Varoufakis (http://www.socialeurope.eu/2015/07/syriza-was-in-a-lose-lose-situation/ ) ou encore celui de Daniel Munevar, un autre des collaborateurs de Varoufakis (http://www.socialeurope.eu/2015/07/why-ive-changed-my-mind-about-grexit/ ).

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 21:39

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Pendant ce temps, les entreprises du CAC 40 engrangent des profits en nette hausse
fonds publics
Yves Housson
Jeudi, 6 Août, 2015
L'Humanité

 

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AFP
 
Au premier semestre 2015, selon un bilan partiel, les groupes 
du CAC 40, qui perçoivent aussi le CICE, ont engrangé 35 milliards d’euros 
de bénéfices nets.

L’activité économique frémit tout juste (+ 0,6 % de croissance au premier trimestre, 1,1 % prévu sur l’année), cette reprise reste fragile de l’avis général, mais les profits, eux, redémarrent en fanfare. Selon un premier bilan établi il y a quelques jours par les Échos, portant sur les résultats de 28 groupes du CAC 40, ces sociétés ont réalisé un total de plus de 25 milliards d’euros de bénéfices nets au premier semestre 2015, en hausse de 8 % sur la même période de 2014. Si l’on y ajoute les résultats, publiés depuis, des groupes Axa, Société générale et BNP Paribas, la moisson atteint les 35 milliards. Parmi les plus fortes progressions, mentionnons Orange (+ 89,2 %, à 1,1 milliard d’euros), Kering (+ 129,3 %, à 423 millions), Renault (+ 86,4 %, à 1,4 milliard), Safran (+ 89 %, à 1,1 milliard), Publicis (+ 39,6 %, à 363 millions). En valeur absolue, Total garde le pompon du CAC, avec un résultat net de 5 milliards d’euros, en augmentation de 7 %, devant BNP Paribas (4,2 milliards, + 14,1 %), EDF (2,5 milliards, – 0,2 %), Sanofi (2,3 milliards, + 24,9 %). Même si les chiffres d’affaires sont en augmentation (de près de 3 %), ces profits semblent être, pour une large part, la résultante de restructurations internes, qui ont conduit les groupes à sabrer dans leurs effectifs et faire pression sur les salaires.

Ces chiffres viennent en tout cas souligner, si besoin était, l’aberration de la politique gouvernementale qui conduit à verser, sans conditions, de substantielles aides publiques à ces groupes archi-
bénéficiaires et qui ne changent rien à leurs priorités : la rentabilité pour 
l’actionnaire, avant l’emploi, les salaires et l’investissement. Le laboratoire 
pharmaceutique Sanofi, par exemple, bien parti pour engranger cette année un 
bénéfice supérieur à celui de 2014 (4,4 milliards), perçoit ainsi 11 millions d’euros au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice) et 125 millions au titre du crédit d’impôt recherche (CIR). Cela ne l’empêche pas de supprimer des centaines d’emplois dans la recherche en France. Et d’arroser outrageusement ses actionnaires de dividendes (3,4 milliards d’euros sont allés dans leur poche au titre des résultats 2014).

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 21:21

 

 

Sur la traite, la France bat en retraite

|  Par Michaël Hajdenberg

 

 

 

Dans les salons de coiffure et de manucure du Xe arrondissement de Paris, des salariés, souvent sans papiers, sont exploités et humiliés. Mediapart a eu accès à un procès-verbal de l'inspection du travail édifiant, signalant une « traite des êtres humains » par un réseau constitué. La justice n'a pourtant pas retenu cette qualification, de peur de créer un précédent. 

 

Où s’arrête le droit et où commence la politique ? C’est la question que se posent les défenseurs de 18 salariés du salon de coiffure New York Fashion, du Xe arrondissement de Paris. Ces sans-papiers, généralement des femmes, ont été exploités, maltraités, sous-payés pendant six mois. Soutenus par la CGT, ils ont eu le courage de faire grève puis de porter plainte, comme les médias l’ont abondamment relayé à la fin de l’année 2014 (voir sous l’onglet Prolonger). Mais selon nos informations, le parquet de Paris a décidé de ne pas renvoyer les gérants des salons devant le tribunal correctionnel pour la qualification la plus lourde, celle de « traite d’êtres humains ». Selon l’inspection du travail, dont Mediapart a pu consulter le procès-verbal en intégralité (lire ici), les éléments étaient pourtant réunis pour un renvoi de ce type, qui aurait constitué une première judiciaire. Mais des considérations d’ordre politique ont visiblement primé. Le système mafieux, à l’œuvre depuis tant d’années dans le quartier, a donc toutes les chances de perdurer.

Le rapport de l’inspection du travail, rendu à l’automne 2014, est pourtant très définitif dans sa formulation : « En conclusion, il nous apparaît que le délit de traite des êtres humains est constitué. » La sentence vient clore une enquête fouillée, qui va au-delà des témoignages publiés dans la presse, et dresse un état des lieux lugubre des pratiques à l’œuvre dans des salons afro du boulevard de Strasbourg et de ses alentours, hyper fréquentés depuis les années 90.

 

Des salariés du salon de coiffure du 57, boulevard de Strasbourg, à ParisDes salariés du salon de coiffure du 57, boulevard de Strasbourg, à Paris © DR
 

Même si l'on peut subodorer un système qui touche l’ensemble du quartier, l’enquête se concentre sur le 57, boulevard de Strasbourg. 18 salariés, dont 14 sans-papiers, y ont longtemps travaillé en touchant un salaire de misère. L’inspection du travail s’est rendue sur place et observe : dans le salon, elle découvre « plusieurs enfants en bas âge et des nourrissons », « les salaires particulièrement bas ne permettant pas de les faire garder ».

Au rez-de chaussée, une pièce d’environ 15 m2 pour 8 postes de travail. Au 1er étage, une salle réservée à la manucure, avec des travailleurs d’origine chinoise. Au sous-sol, la coiffure pour hommes. Partout, les « salariés » sont présents de 9 heures à 21 heures, parfois jusqu’à minuit. Ils sont payés à la tâche : sans clients, pas de rémunération. L’inspection du travail a calculé un taux horaire variant de 1,30 à 4,70 euros (contre 9,53 euros brut pour le SMIC), et des émoluments versés sporadiquement.

Pour le reste ? Pas de congés. Pas de pause déjeuner. Pas de ventilation. Partout, une atmosphère humide, « irrespirable », une odeur désagréable et l’utilisation, toute la journée, de produits chimiques dont certains potentiellement dangereux. Les patrons ? Agressifs, insultants, menaçants. Si les salariés se plaignent, il leur est rétorqué qu’ils peuvent à tout moment être livrés à la police.

En juin 2014, certains l’ont pourtant fait. Ils ont rompu l’omerta en vigueur depuis tant d’années. Épaulés par la CGT, leur grève leur a permis d’obtenir un titre de travail et des autorisations temporaires. Sans garantie définitive ni protection assurée.

Très vite le salon a été liquidé, sans que le système soit ébranlé. Partout, les gérants de paille continuent de se succéder. Certains passent par la prison, reviennent, changent de salon. Tandis que les gérants nigérians et ivoiriens amassent l’argent des clients.

L’idée de la CGT, qui a mené une initiative avec le syndicat de la magistrature et des associations comme la Cimade, le Gisti, ou encore RESF, était d’attaquer le système dans sa structure, de mettre à mal la bande organisée. Au moins 80 salons de coiffure et d’esthétique sont en effet répertoriés dans le quartier, sans compter les magasins « de mèche » (dans tous les sens du terme).

Des politiques ont pris le relais, jusqu’à la mairie de Paris, via un vœu. Avec un angle d’attaque bien ciblé : « la traite », définie par l’article 225-4-1 du code pénal et dont on peut extraire les passages suivants : « la traite des êtres humains est le fait de recruter une personne (...) à des fins d’exploitation (...) en échange d’une rémunération ou d’une promesse de rémunération. L’exploitation (...) est le fait de mettre la victime à sa disposition ou à la disposition d’un tiers (...) afin (...) de permettre la commission contre la victime des infractions de (...) conditions de travail ou d’hébergement contraires à sa dignité. »

« La traite, ce serait forcément aller chercher des filles sur les trottoirs de Lagos »

En effet, dans la rue ou à la sortie du métro, les gérants visaient des sans-papiers. « Ils déplaçaient la main-d’œuvre à leur convenance, en les déplaçant d’un salon à l’autre, sans recueillir leur consentement », explique l’inspection. Par ailleurs, « les salariés étaient de fait contraints de rester au service des gérants, dans la mesure où ils espéraient percevoir leurs arriérés de salaire ». Les salariés étaient ainsi en situation de « soumission » ; les gérants leur octroyant, selon leur bon vouloir, 50 ou 100 euros une fois de temps en temps. « Les gérants avaient donc un pouvoir démesuré sur les salariés, contraire aux libertés individuelles et ont fait travailler ces 18 personnes dans des conditions contraires à la dignité. » L’inspection conclut en dénonçant tout « un système organisé dans le quartier Château d’eau ».

 

Dans le quartier Château-d'eauDans le quartier Château-d'eau
 

Dans un courrier dont Mediapart a pu prendre connaissance, le procureur de Paris, François Molins, a pourtant indiqué le 10 avril aux plaignants que, s’il envisageait de renvoyer les gérants des salons devant le tribunal correctionnel pour les faits de « travail dissimulé », « emploi d’étrangers sans titre de travail », ou encore des infractions en matière d’hygiène et de sécurité, il ne comptait pas faire de même sur l’infraction de « traite des êtres humains ».

En effet, selon le parquet de Paris, « les salariés ont toujours la possibilité de quitter leur emploi pour changer d’employeur et le font effectivement, lorsqu’ils sont en situation régulière ». Par ailleurs, « les salariés ne dépendent pas de leur employeur pour obtenir un logement puisque la plupart d’entre eux sont hébergés dans des hébergements familiaux, ou dans une chambre en hôtel social ». Contacté, le parquet précise : « On ne peut pas parler de soumission. Même les sans-papiers pouvaient partir. Ils n’étaient pas complètement dépendants de leur employeur. »

Des arguments qui ne convainquent pas Marilyne Poulain, qui a porté le dossier pour le compte de la CGT. « Ceux qui étaient en situation irrégulière étaient les plus nombreux. Et ils ne pouvaient pas partir, vu qu’ils attendaient en permanence d’être payés. Il y avait un asservissement par la dette. Quant à dormir sur son lieu de travail, ce n’est pas une condition indispensable pour que la traite soit reconnue… »

Marilyne Poulain estime que « dès le début, on a senti qu’il n’y avait pas de volonté d’enquêter sur les personnes qui tiennent le réseau. Les sans-papiers sont vus comme des délinquants, pas comme des victimes. Pourtant, je n’ai jamais vu de telles conditions de travail, avec une telle violence, un tel isolement. Des salariées étaient dans de telles situations de vulnérabilité qu’elles ont dû se prostituer. »

Pour la CGT, il aurait été logique que l’Oclti (Office central de lutte contre le travail illégal) soit saisi, avec des possibilités d’investigation, d’écoutes, et des moyens bien plus importants. Cela n’a pas été le cas. L’enquête, selon le syndicat, s’est faite a minima, sans volonté de démanteler un réseau.

Au sein des associations mais aussi de l’institution policière, des personnes interrogées ayant suivi le dossier au plus près évoquent une « volonté politique ». Car la circulaire Valls du 28 novembre 2012 invite à la régularisation des sans-papiers victimes de traite qui coopèrent avec les autorités  administratives et judiciaires. Du coup, ce serait pour ne pas avoir à régulariser que la traite ne serait pas reconnue. Pour ne pas « ouvrir la boîte de Pandore ».

L’avocat de la CGT, Maxime Cessieux, développe : « Le parquet a une vision extrêmement restrictive de la traite des êtres humains. Ce serait forcément un réseau de prostitution, des filles qu’on irait chercher sur les trottoirs de Lagos pour qu’elles viennent faire le tapin sur les trottoirs de Paris. Ou alors, la bonne Philippine de 16 ans qui travaille chez un diplomate, qui a été privée de passeport et qui est attachée à un radiateur la nuit. Mais cette vision va à rebours du texte du législateur, voté en 2013 en application d’une directive européenne, et qui voulait aller au-delà de ces situations. La loi doit être une arme contre les comportements criminels. Cela n’empêche pas une discussion devant le tribunal. Mais si le parquet s’autocensure déjà, c’est un message de tranquillité envoyé aux organisations criminelles. Il faut appliquer la loi. Mais certains ont visiblement peur que derrière, 500 coiffeurs ne demandent leur régularisation. » Puis le lendemain, les sans-papiers exploités dans la confection ou le BTP ?

Le Parquet ne cache pas que la question se pose. Mais il en fait une lecture diamétralement opposée : les sans-papiers pourraient se servir de la qualification de « traite » pour obtenir des papiers. Par ailleurs, estiment les services du procureur, « la traite des êtres humains est une infraction compliquée à caractériser. Il faut être très solide pour aller devant le tribunal ».

Pour Sylvie O’Dy, l’ancienne présidente du comité contre contre l’esclavage moderne, « la lecture française est extrêmement restrictive sur la traite à des fins économiques ». D’ailleurs, la circulaire Taubira du 22 janvier 2015 sur la traite ne l'évoque pas.

Une évolution qui va à rebours de ce qui se passe à l’étranger. Aux États-Unis, la situation de salariées travaillant dans des salons de manucure a provoqué la réaction des pouvoirs publics qui les ont défendues. En Grande-Bretagne, une loi anti-esclavage vient d’être votée, qui vise aussi à renforcer les droits liés au travail effectué dans des conditions contraires à la dignité humaine. La Belgique, les Pays-Bas et d’autres pays de l’Union européenne ont décidé d’emprunter le même chemin. La France, elle, attendra.

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 21:07

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

«Tsipras était découragé»: le récit de Varoufakis après la victoire du non au référendum du 5 juillet

|  Par La rédaction de Mediapart

 

 

« Alexis Tsipras était soumis à une pression des figures importantes du gouvernement pour transformer le non en oui, pour capituler. »  L’ancien ministre des finances raconte les circonstances dramatiques de sa rupture avec le premier ministre grec, au soir de la victoire du non lors du référendum du 5 juillet.

 

La démission de Yanis Varoufakis de son poste de ministre des finances au soir du référendum du 5 juillet, marqué par une large victoire du non, suivie par son vote contre le troisième plan de sauvetage européen et par ses déclarations sur la préparation d’un plan B pour permettre à la Grèce de faire face à une exclusion de fait de la zone euro, laissait entendre de graves désaccords avec le premier ministre Alexis Tsipras. Mais jusqu’alors, l’ancien ministre grec des finances, menacé d’une grotesque plainte pour haute trahison pour avoir justement préparé ce plan d’urgence, n’avait jamais raconté dans le détail les raisons et les conditions de son opposition avec le premier ministre grec. Il a réservé ses confidences à un journaliste australien, d’origine grecque, qu’il connaît de longue date. L’article, « Une tragédie grecque », vient de paraître dans la revue The Monthly.

« Laisse-moi juste te décrire le moment après l’annonce du résultat du référendum », lui explique Yanis Varoufakis. « J’ai fait une déclaration au ministère des finances puis je suis allé au Maximos (les bureaux du premier ministre) pour rencontrer Alexis Tsipras et le reste du gouvernement. J’exultais. Cette victoire du non, inattendue, était comme un rayon de lumière qui traversait une nuit noire, épaisse », raconte l’ancien ministre des finances, confirmant que le gouvernement de Syriza s’attendait à une victoire du oui et à démissionner pour sortir par le haut. « Je marchais dans les bureaux, heureux, le cœur léger, portant avec moi l’incroyable énergie du peuple au-dehors. Ils avaient surmonté leur peur. Et c’était comme si je flottais dans l’air. Mais dès que je suis arrivé au Maximos cette sensation s’est totalement évanouie. Il y avait aussi une atmosphère électrique mais chargée d’ondes négatives. C’était comme si le gouvernement avait été dépassé par le peuple. Et la sensation que j’ai perçue était de la terreur : qu’allons-nous faire maintenant ? », poursuit-il.

« Tsipras était découragé. C’était une victoire majeure. Je crois qu’au fond de lui-même il la savourait mais en même temps, il ne pouvait s’en saisir. Il savait que le gouvernement ne pouvait s’en saisir. Des membres du gouvernement faisaient pression sur lui. Dès ces premières heures, il était soumis à une pression des figures importantes du gouvernement pour transformer le non en oui, pour capituler », raconte l’ancien ministre des finances.

Yanis Varoufakis raconte alors leur rupture : « Quand j’ai compris la situation, je lui ai dit qu’il était devant un choix très clair : soit utiliser les 61,5 % de non comme un levier, soit capituler. Avant même qu’il réponde, je lui ai dit : "Si tu prends la dernière solution (la capitulation), je m’efface. Je démissionne si tu choisis la stratégie de l’abandon. Je ne te nuirai pas mais je disparaîtrais" », rapporte-t-il.

« Tsipras m’a regardé et m’a dit : "Tu réalises qu’ils n’accepteront jamais un accord avec toi et moi. Ils veulent se débarrasser de nous." Alors il m’a dit la vérité, que d’autres membres du gouvernement le poussaient dans la voie de la capitulation. Il était déprimé. Je lui ai répondu : "Tu fais au mieux avec le choix que tu as fait. Je le désapprouve totalement mais je ne suis pas ici pour déstabiliser" », raconte-t-il.

« Alors je suis rentré à la maison. Il était 4 heures et demie du matin. J’étais anéanti, pas personnellement. Je m’en foutais de quitter le ministère. En fait, c’était plutôt un grand soulagement. Entre 4 h 30 et 9 heures du matin, j’ai rédigé ma démission. Je voulais être précis parce que d’une part, il fallait soutenir Alexis et ne pas lui porter préjudice mais d’autre part, il fallait que les raisons pour lesquelles je démissionnais soient claires, que je n’abandonnais pas le bateau. C’était le bateau lui-même qui avait abandonné la course. »

Lire cet entretien dans lequel Varoufakis revient aussi sur la politique de l’Eurogroupe, de la Troïka, sur les maux du système oligarchique grec dans The Monthly.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 20:58

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

Hollande en Egypte, un voyage à la gloire de Sissi et des Rafale

|  Par Lénaïg Bredoux

 

 

 

Le président français est l’invité d’honneur de l’inauguration en grande pompe du nouveau canal de Suez. Un projet porté par le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, à qui la France est parvenue à vendre ses Rafale. Tant pis pour les droits de l’homme et la démocratie.

 

Les avions de chasse et le navire de guerre ont été livrés à temps. Jeudi 6 août, le président-maréchal égyptien Abdel Fattah al-Sissi va contempler, avec François Hollande à ses côtés, sa grande œuvre : le nouveau canal de Suez, pour lequel trois des Rafale et la frégate multimissions Fremm, achetés par l’Égypte à la France, vont parader. Une cérémonie qui symbolise le « partenariat stratégique » noué entre les deux pays, en dépit de la violente répression organisée par le régime égyptien.

Il s’agit de la première visite de François Hollande en Égypte depuis son élection. Outre le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, et Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA), le président français sera accompagné d’industriels : le PDG de Dassault Aviation (les Rafale), celui de DNCS (la frégate), celui de MBDA (les missiles), le directeur général de Safran et le PDG de Thales seront du voyage.

De son côté, l’Égypte a fait de la France l’invitée d’honneur d’une cérémonie tout à la gloire de Sissi, à laquelle participeront plusieurs chefs d'État africains, ainsi que le premier ministre grec, Alexis Tsipras. Le nouveau canal de Suez, dont le premier tronçon a été inspiré, à la fin du XIXe siècle, par le Français Ferdinand de Lesseps, a été réalisé en un temps record – un an seulement – à grand renfort d’exaltation nationaliste. Pour Abdel Fattah al-Sissi, c'est une consécration et le symbole de son retour en grâce sur la scène internationale.

Il y a deux ans, il faisait encore figure de paria. En juillet 2013, François Hollande se rend à Tunis pour la première fois depuis son élection dans la capitale du pays qui a lancé les « printemps arabes ». Au palais de Carthage, c’est un ancien militant des droits de l’homme, Moncef Marzouki, qui l'accueille. À l’issue de leur entretien, les deux dirigeants sont interrogés sur l’Égypte. Au Caire, la situation est chaotique : le premier président démocratiquement élu de l’histoire de l’Égypte (et le seul à ce jour) Mohamed Morsi vient d’être destitué après d’imposantes manifestations populaires. Mais c’est l’armée et Sissi qui en profitent.

 

 

Hollande est prudent dans son expression, mais il condamne la prise de pouvoir par l’armée : « Ce qui se passe en Égypte est un processus qui s’est arrêté et qui doit donc recommencer. Nous avons l’obligation de faire que le peuple égyptien puisse de nouveau retrouver espoir, dans la démocratie, dans le pluralisme, dans des élections libres. » Avant d’ajouter : « Pour dire les choses franchement, quand il se passe ce qui se passe en Égypte, c’est forcément un aveu d’échec. » En off, ses conseillers expliquent aux journalistes présents que la France considère qu’il s’agit bien d’un coup d’État mais que le président évite d’user du mot en raison de la législation américaine empêchant de soutenir financièrement les gouvernements qui en seraient issus. Le PS continue, lui, de parler d’un « coup d’État militaire ».

À l’Élysée, tout a changé. « Nous considérons que Sissi est légitime », explique-t-on désormais dans l’entourage du chef de l’État. Le maréchal a été reçu en visite officielle à Paris, en novembre 2014. Devant la presse, François Hollande a rendu un hommage appuyé à l’Égypte, sans souffler mot des droits de l’homme : il s’agit d’un « grand pays ami de la France. Un pays avec lequel nous sommes liés par l’Histoire, liés aussi par une commune appréciation de ce que peut être l’équilibre du monde ». Et le chef de l’État d’aller jusqu’à laisser croire que le processus révolutionnaire est toujours à l’œuvre : « Nous souhaitons que le processus de transition démocratique se poursuive, qui respecte la feuille de route, et permettant pleinement la réussite de l’Égypte. »

 

 

Quelques mois plus tard, c’est avec une fierté non dissimulée que François Hollande annoncera la vente de 24 Rafale à l’Égypte, ainsi que d’une frégate multimissions et de missiles pour un montant total de 5 milliards d’euros. C’est la première fois qu’un président français parvient à exporter l’avion de chasse de Dassault – depuis, le Qatar s’est lui aussi porté acquéreur et l’Inde continue de négocier. Le contrat a été signé en février au Caire en présence de Jean-Yves Le Drian, le ministre de la défense, qui ne tarit pas d’éloges sur le régime égyptien. Fin juin, lors de la cérémonie de transfert de la frégate Fremm à Lorient, il a de nouveau salué « une relation privilégiée qui s’est construite au plus haut niveau de nos pays, directement de nos deux chefs d’État », évoquant le « partenaire stratégique égyptien ».

Pour Paris, c’est bien sûr une affaire de gros sous. Mais pas seulement. La lutte contre le terrorisme est devenue l’obsession des autorités françaises – Hollande a engagé les troupes dans trois guerres, au Mali, en Centrafrique et en Irak –, et le prisme à travers lequel la France juge de ses intérêts immédiats. Très vite, depuis son élection, le président français a semblé baigner dans un univers empreint de néoconservatisme, quitte à s’empêtrer dans les contradictions.

S’il a salué la transition démocratique en Tunisie en 2013, il n’a eu de cesse de vanter la « stabilité » du Maroc et de l’Algérie (où il s’est rendu à deux reprises). Et si Paris continue de juger que Bachar al-Assad n’a plus aucune légitimité, l’Égypte, l’Arabie saoudite ou le Tchad sont de précieux alliés de la France. À Paris, l’idée qu’une bonne vieille dictature est certes peu fréquentable, mais bien pratique pour assurer la sécurité régionale est de nouveau en vogue. Elle n’avait jamais disparu mais les printemps arabes l’avaient temporairement démodée.

« Notre relation de défense symbolise enfin la reconnaissance par la France du rôle central que joue l’Égypte pour la sécurité de la région, expliquait Jean-Yves Le Drian le 23 juin dernier. Tandis que se développent, en Afrique et au Proche et Moyen-Orient, des menaces terroristes sans précédent, les forces armées égyptiennes apparaissent comme un facteur de stabilité incontournable. » Et le ministre de la défense de citer la Libye, « aux frontières occidentales de l’Égypte, où l’extension de Daech et des autres groupes terroristes constitue une source d’inquiétude grave, pour les deux rives de la Méditerranée », l’Irak et la Syrie.

« Une répression qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de l’Egypte moderne »

La visite présidentielle du 6 août est dans la droite ligne : « La participation du chef de l’État à cet événement majeur pour l’Égypte revêt un caractère historique fort et traduit l’attachement des deux pays à la qualité de la relation franco- égyptienne », explique l’Élysée. Avec deux arguments : « L’Égypte reste un acteur régional de premier plan dans la gestion des conflits au Moyen-Orient : conflit israélo-palestinien et situation à Gaza, crises syrienne et libyenne, intervention militaire au Yémen au sein de la coalition régionale… (…) D’autre part, l’Égypte a opéré un retour sur la scène africaine, notamment dans la lutte contre le dérèglement climatique. » Pour Paris, « l’Égypte est, comme la France, victime du terrorisme », un terme pourtant utilisé au Caire pour caractériser toute l’opposition à Sissi, notamment les Frères musulmans.

En février, le porte-parole du Quai d’Orsay, interrogé sur les violations des droits de l’homme, tenait le même raisonnement : « L'Égypte joue un rôle majeur pour la stabilité de la région. Nous sommes solidaires face au terrorisme qui est notre ennemi commun. » Avant d’ajouter : « Notre dialogue avec l’Égypte est franc et direct comme il sied entre des pays amis. Nous abordons tous les sujets, y compris la situation des droits de l’Homme. Nous continuerons de le faire chaque fois que nous le jugerons nécessaire. »

Régulièrement, quand la diplomatie française est interrogée, elle condamne les violations les plus flagrantes. « La France condamne les violences qui ont marqué les manifestations à l'occasion du quatrième anniversaire de la révolution du 25 janvier 2011 et rappelle son attachement au respect de la liberté de rassemblement et de manifestation pacifique », expliquait le Quai d’Orsay en janvier dernier, après la mort de plusieurs opposants au régime, dont Chaima al-Sabbagh. Même chose lors de l’annonce de la condamnation à mort de l’ancien président Morsi. « La France rappelle son opposition à la peine de mort, en tous lieux et en toutes circonstances », selon le porte-parole du Quai d’Orsay interrogé par la presse en juin dernier. En novembre dernier, et en off, l’Élysée estimait aussi que « nous sommes conscients des tensions, les journalistes emprisonnés, la répression qui s'exerce bien au-delà de la lutte antiterroriste ». Selon L’Obs, Hollande a fini par glisser quelques mots à ce sujet à Sissi lors de sa visite à Paris. Mais sans en tirer la moindre conséquence.

 

François Hollande et Abdel Fattah al-Sissi en novembre 2014 à l'ElyséeFrançois Hollande et Abdel Fattah al-Sissi en novembre 2014 à l'Elysée © présidence de la République
 

En Égypte, la situation est pourtant dramatique. Balayée par les printemps arabes en 2011, la dictature de Moubarak est réapparue sous les traits du maréchal Sissi. Toutes les ONG, égyptiennes et internationales, ont documenté ces derniers mois les emprisonnements d’opposants, les violences faites aux femmes, les condamnations à la peine de mort, les intimidations de journalistes, etc. « Les autorités égyptiennes ont emprisonné plus de 41 000 personnes, selon des chercheurs indépendants dignes de foi, depuis qu'al-Sissi – alors ministre de la défense – a pris la tête du mouvement qui en juillet 2013 a renversé Mohamed Morsi, le premier président civil librement élu de l'histoire de l'Égypte. Environ 29 000 des personnes emprisonnées sont des membres ou des partisans des Frères musulmans, le plus important mouvement d'opposition d'Égypte », écrit Human Rights Watch dans son dernier rapport (évidemment qualifié de partial et de soutien aux terroristes par les autorités égyptiennes).

« Depuis sa prise de pouvoir en juillet 2013, le général Abdel Fattah al-Sissi orchestre une répression qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de l’Égypte moderne », estime également la FIDH. Karim Lahidji, son président, détaille : « Plus de 670 condamnations à mort ont été prononcées à l’issue de procès de masse dignes d’une mascarade. Toute réunion de plus de dix personnes non autorisée par le ministère de l’intérieur est interdite. Sous le coup de divers ultimatums, amendements pénaux et mesures de rétorsion, les ONG indépendantes, parmi lesquelles plusieurs membres de la FIDH, attendent le couperet qui menace d’envoyer leurs membres en prison à vie au motif qu’ils reçoivent des fonds étrangers dans le but de nuire à “l’intérêt national”. Comme le montre un rapport récent publié par la FIDH, les violences sexuelles perpétrées par les forces de sécurité policières et militaires contre les hommes et les femmes se sont généralisées, à proportion de la multiplication des arrestations. » Même constat pour Amnesty qui avait lancé en novembre une campagne appelant François Hollande à ne plus vendre d’armes à l’Égypte. L’ONG n’a pas été entendue.

Selon Reporters sans frontières, « avec au moins 15 journalistes derrière les barreaux en raison de leurs activités professionnelles, l’Égypte est l’une des plus grandes prisons du monde pour les professionnels des médias après la Chine, l’Érythrée et l’Iran ». Le pays figure à la 158e place sur 180 du Classement mondial 2015 de la liberté de la presse. Le procès des journalistes d’Al-Jazeera vient une nouvelle fois d’être reporté. Comble de l’ironie, la France s’est elle aussi prêté au jeu de la répression égyptienne : en février dernier, les journalistes du Monde n’avaient pas été accrédités par le service de presse du ministère français de la défense pour assister au Caire à la signature de l’accord signant la vente des Rafale à l’Égypte. « Une décision injustifiable », avait protesté le quotidien, qui avait rappelé les violations des droits de l’homme en Égypte dans un éditorial intitulé « Vendez des Rafale, pas des salades ». Trois Rafale ont été livrés le 21 juillet à l’Égypte. Les trois prochains le seront début 2016.

 

 

 

Source : http://www.mediapart.fr

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 20:47

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Manipulations et fantasmes
Maurice Ulrich
Mercredi, 5 Août, 2015
L'Humanité

DR
 
L'éditorial de Maurice Ulrich. Combien de temps encore va-t-on accepter que la France, notre France, condamne de fait des hommes et des femmes à vivre dans ce que l’on appelle « la jungle », comme si cela allait de soi  ?

Combien de temps allons-nous accepter que ces mêmes hommes et femmes qui ont fui la misère, la guerre, les dictatures soient devenus comme les otages des débats politiciens et des surenchères ? Combien de temps encore pouvons-nous accepter que l’accueil de quelques milliers de personnes sur le sol national n’appelle que des mesures sécuritaires, des barbelés, des zones de non-droit, des campements infâmes ? Combien de temps encore allons-nous accepter que la question des migrants ne soit que mensonges et manipulations de fantasmes, instrumentalisation des peurs, mise en condition de l’opinion, régression intellectuelle et défaite morale.

Oui, sans doute, il y a à Calais une situation critique, mais si 3 000 migrants décidés à passer coûte que coûte en Grande-Bretagne s’y retrouvent c’est parce que la France, la Grande-Bretagne, l’Europe ont failli. Alors il faut rappeler des chiffres. Les mettre sur la table et dans le débat public. Les migrants qui arrivent illégalement en Europe chaque année ne représentent que 0,05 % de la population. Si la France accueillait, clairement, dignement, à la mesure d’une démocratie moderne et ouverte, 10 000 migrants, cela ne représenterait qu’une personne en plus pour 6 000 habitants ! Et c’est avec de tels chiffres que l’on entend les clameurs des cassandres sur les remparts de l’Europe forteresse !… 57 % des immigrés en France viennent des pays d’Europe, les deux tiers ont au moins le niveau du bac ? à Calais, plus d’un tiers viennent de profession intellectuelle, sont des cadres moyens ou supérieurs… Dire cela, ce n’est pas « rassurer l’opinion », c’est en finir avec les mensonges. La France et l’Europe ne subissent pas une intolérable pression de déshérités du Sud avides de notre pain et de notre niveau de vie. Ce qui ne va pas, ce sont les choix politiques de l’Europe et de la France.

 

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 20:35

 

Info reçue par mail

 

 

Saillans : Une révolution participative en marche.
Conférence articulée le 12 Août.
 
 
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A Saillans, dans la Drôme, une liste collégiale a remporté les municipales en mars 2014. Les habitants ont entièrement repensé le fonctionnement de la mairie, en s’appuyant sur des méthodes d’animation issues de l’éducation populaire. Depuis plus d’un, le projet municipal se co-construit entre élus et habitants. Une petite révolution participative !
 
Une conférence articulée quésaco ?
 
1. Une présentation d’environ une heure qui vous retrace les différentes étapes qui ont amené un petit village drômois vers l’expérimentation d’une démocratie réelle.
2. Des échanges avec le public pour interroger votre contexte local et envisager comment vous mettre en route vers une dynamique participative dans votre ville, village, quartier (…)    3. Une form’action à l’animation pour construire votre première réunion publique participative
 
Pour qui ?
 
Vous êtes élus (majorité ou opposition), une association, un collectif de citoyens et vous souhaitez vous mettre en route.
 
Qui suis-je?
 
Engagé dans différents mouvements d’éducation populaire depuis 25 ans, directeur de centre social, formateur en intervention sociale, formé au développement du pouvoir d’agir des habitants, co-initiateur et co-animateur de la liste collégiale et participative de Saillans durant les élections municipales de mars 2014, membre du Conseil des Sages.
 
Participation au chapeau pour les frais de route
 

 

 

 

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 20:19

 

Source : http://lesouffledureve.com/

BIENVENUE !  
Pour calculer votre itinéraire, trouver les bus, les trains : Cliquez ici
Le camping est ouvert à tous, sans réservation,  à prix libre.
( 5-6-7 Aout ) Création du Village
 ( 8 au 16 Aout ) Programme
( 17 au 20 Aoutdémontage festif !

Rencontre participative où chacun est invité à être acteur du bon déroulement de la rencontre. Rdv à la MamaYourte pour vous inscrire.     

    Cliquez sur les images pour en savoir +

La rencontre est à prix libre et conscient, ce qui veut dire que nous vous laissons le soin d’estimer le montant de votre participation financière, comprenant l’usage du camping, des douches, des structures collectives et autres logistique mise à disposition, ateliers, animations, … en fonction de vos possibilités, de votre contentement, de la valeur de l’échange.

Quelques urnes aux couleurs du Souffle seront valorisées, et comme toujours, le décompteur du possible vous permettra de suivre pas à pas l’auto-financement de notre convergence.

Les stands cuisines et artisans auront en revanche leur propre caisse. Les artistes et animateurs d’ateliers sont quant à eux autorisés à passer le chapeau.

 

Guia del soplador               Blower’s manual

 

 

Qui sommes-nous ?

BILANL’association loi 1901 « les souffleurs de rêve » a été créée en 2012, pour la 1ère édition de son éco-rassemblement en Cévennes. Gérée de manière collégiale, les Gardiens sont invités chaque mois à participer à une réunion plénière afin d’apporter leurs idées et leurs compétences pour la préparation de l’évènement. Deux coordinateurs suivent le fil, les référents posent le cadre, les partenaires co-créent, les volontaires renforcent les axes, prennent le relais. Nous étions une cinquantaine de Gardiens en 2013, puisse cette nouvelle édition rayonner autant de participation:  Devenir Gardien du Souffle

Dossiers de presse en cliquant sur l’affiche…

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 20:05

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

Du 7 au 9 août, les nuits des étoiles
Valentin Breuil
Jeudi, 6 Août, 2015
Humanite.fr
Ciel et Espace
 
La 25ème édition des Nuits des étoiles aura lieu cette année du 7 au 9 août. Des centaines de manifestations sont prévues partout en France, ainsi qu’en Belgique, Suisse, Italie, et Afrique du Nord, pour observer la voûte céleste.

Organisée par l’Association Française d’Astronomie (AFA), la nuit des étoiles mobilise cette année près de 285 sites, répartis dans toute la France, mais également en Europe et en Afrique du Nord, pour 416 manifestations. L’occasion pour les passionnés, familles ou curieux d’aller observer pendant trois soirées un ciel riche : constellations, apparition des planètes Jupiter et Saturne, galaxie d’Andromède et surtout pluie d’étoiles filantes sont au rendez vous.

En région parisienne, la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette organise pour l’occasion des animations ludiques ainsi que des ateliers. La Tour Montparnasse transforme quant à elle son toit en observatoire : 6 pôles d’observation sont installés à son sommet, et une conférence ainsi qu’une exposition photo sont au programme. Haut lieu de l’astronomie, la cité de l’espace à Toulouse propose de son côté de nombreuses activités : observations aux télescopes, projections de films ou encore séances de planétariums.
Ailleurs, des sites d’observations, tenus par des clubs d’astronomes amateurs locaux régionaux sont disséminés sur tout le territoire. Pour les trouver, il suffit de consulter la carte interactive sur le site de l’Association Française d’Astronomie. 

La 25ème édition des Nuits des étoiles célèbre cette année les 20 ans de la découverte de la première exo planète, 51 Pegasi, ainsi que le récent survol de Pluton par la sonde New Horizons. A quelques mois de la conférence climat organisée en décembre à Paris (COP21), la Nuits des étoiles est également placée sous le signe de la biodiversité et climat. L’événement a d’ailleurs reçu cette année le label COP21. L’occasion de ne pas oublier les enjeux de la protection de l’environnement.

  • Arte, la tête dans les étoiles
    Sommes-nous seuls dans l’univers ? A l’occasion de la 25ème édition de La Nuit des étoiles, organisée du 7 au 9 août, Arte se penche sur la question. Au programme, étoiles, xploration spatiale et mystères cosmiques.

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

 

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