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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 14:47

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

« Trepalium » : l’apartheid riches-pauvres a salement de l’avenir

 

 

 

 

A ceux qui croient que la science-fiction n’est qu’un prétexte à évasion et gros effets spéciaux, Arte offre à nouveau un beau démenti. La chaîne avait programmé la stimulante série « Real Humans », où la coexistence entre humains et robots trop proches de nous posait maintes questions : elle diffuse, à partir de ce jeudi, une mini-série en six épisodes, « Trepalium ».

Son nom fait référence à l’étymologie de « travail », qui vient de « trepalium », déformation de « tripalium », un instrument de torture antique à trois poutres, où était attaché le sujet.

Réalisée par Vincent Lannoo, « Trepalium » se déroule dans un avenir non précisé. L’urbanisme y est simple  : la Ville, tirée au cordeau, avec des gratte-ciel et des bâtiments énormes et nickels, ceinte d’un mur démesuré. Et tout autour, un monde grouillant de bidonvilles, dont les habitants, les « zonards », survivent avec une maigre distribution de rations alimentaires.

 

« Trepalium », bande-annonce

 

A l’origine de ce monde radicalement scindé, le chômage qui n’a cessé d’augmenter, jusqu’à atteindre 80% de la population, et à amener des politiciens à séparer les privilégiés des autres, à l’abri d’une muraille géante.

 

Ambiance glaciale

Au début, un ministre, qui est aussi l’époux de la Première ministre, séquestré depuis des mois dans la Zone, est relâché. En échange, la Première ministre fait recruter 10 000 zonards, pour occuper en journée un emploi dans la ville.

Outre les décors et l’ambiance (glaciale, avec un zeste de « Brazil » dans un côté rétro-futuriste), « Trepalium » n’est pas si binaire que le résumé pourrait le laisser croire  : la vie est rude même côté Ville. Chacun, fut-il haut placé, vit dans la terreur de déchoir et d’être éjecté dans la Zone.

Les relations en apparence insensibles montrent un univers mis en coupe par des multinationales, où le conformisme étouffe toute joie et tout échange affectueux. L’acteur Aurélien Recoing, père déshumanisé d’un des principaux personnages, est saisissant.

 

La Ville derrière le mur de

La Ville derrière le mur de « Trepalium » - Arte France/Kelija
 

Les auteurs ont regardé nombre de films et de références pour en faire leur miel. Vincent Lannoo explique la conception de cet univers de ségrégation où l’avenir est en impasse :

« L’esthétique rétro-futuriste de la série fait écho à cette régression : les décors, les costumes, les accessoires, les vieilles voitures. On a regardé comment certains architectes du passé, des années 30 aux années 80, comme Le Corbusier, Oscar Niemeyer ou Ricardo Bofill, avaient imaginé l’avenir. »

Les riches à part  ? En 2154, en 2293...

Un monde coupé entre une poignée de privilégiés et tous les autres  ? La SF prolonge des tendances déjà marquées  : les villes privées, gérées comme des entreprises et protégées de l’insécurité extérieure, sont à la mode, et des géants ambitionnent de construire leur propre cité, comme Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, et son projet Zee-ville qui réinvente les corons.

« Zardoz », de John Boorman, montrait dès 1974 une Terre ravagée en 2293. Les Eternels, une poignée de privilégiés immortels, vivent dans une oisiveté décadente, derrière une barrière invisible ; à l’extérieur de leurs enclaves de luxe, des hordes d’humains dans la misère, les Brutes, travaillent sur une planète semi-détruite, pour alimenter les Eternels. Et un de ces derniers arme des exterminateurs, chargés de massacrer et réduire en esclavage les Brutes.

 

 

 

 

« Zardoz », bande-annonce

 

Récemment, dans « Elysium » (2013), Neill Blomkamp – qui prépare le prochain « Alien » – a mis en scène une Terre polluée et surpeuplée, en 2154, laissée aux pauvres, en proie à la violence et la maladie. Les plus riches, eux, ont pris le large en s’installant dans une énorme station spatiale luxuriante, dont les équipements médicaux guérissent n’importe quelle maladie.

 

« Elysium », bande-annonce

 

Tous contre tous

Dans le premier épisode de « Trepalium », on voit dans une scène un personnage trouver un mort, gisant dans un couloir de sa multinationale, et il réagit en pensant immédiatement à prendre le poste laissé vacant par le mort.

Un passage qui, en dehors de la science-fiction, évoque la compétition meurtrière du chômeur joué par José Garcia dans « Le Couperet » (2005) de Costa-Gavras  : désespérant de retrouver un emploi dans son domaine spécialisé, il assassine ses concurrents potentiels pour être sûr d’être embauché. Polar ou SF, l’avenir du chômeur s’annonce radieux.

 

« Le Couperet », bande-annonce

 

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

 

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 14:37

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Grands chantiers

De Notre-Dame-des-Landes à Roybon, des grands projets créateurs d’emplois ou fauteurs de chômage ?

par

 

 

Les créations d’emploi servent d’argument ultime aux promoteurs des grands projets jugés « inutiles et imposés » par leurs détracteurs. Le nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, les centres commerciaux géants en Île-de-France, ou encore le Center Parcs de Roybon en Isère, seraient un moyen de lutter contre le chômage. Focalisé sur la quantité d’emplois créés, le débat occulte certaines questions incontournables, comme le devenir des terres agricoles, la qualité et la durabilité des emplois de demain, mais aussi et surtout la pertinence d’un modèle économique à bout de souffle. Basta ! s’est penché sur la réalité des chiffres avancés.

Dans un contexte de chômage de masse, le nombre d’emplois créés est souvent le premier argument dans les plaidoiries des promoteurs de grands projets contestés, qualifiés d’« inutiles et imposés » par leurs opposants. C’est le cas à Notre-Dame-des-Landes, où l’État et son prestataire, le géant du BTP Vinci, tiennent, plus que jamais, à installer un nouvel aéroport. Également en Isère, où Pierre & Vacances projette la construction d’un Center Parcs en pleine zone humide. Ou encore à Gonesse, en région parisienne, cible d’un projet immobilier pharaonique du groupe Auchan. Et en Savoie pour la future ligne à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin. Face aux critiques et aux coûts exorbitants de ces projets, le nombre d’emplois qu’ils sont censés générer sert souvent d’argument ultime à leurs défenseurs.

La taille hors norme de ces infrastructures destinées au transport, au commerce ou aux loisirs de masse facilite il est vrai les effets d’annonce, quitte à revoir les chiffres à la baisse sous le feu des critiques déployées par leurs adversaires, au fur et à mesure que ces derniers s’approprient les dossiers et constituent leur propre expertise. Données artificiellement gonflées, emplois précaires et sous-rémunérés, destruction d’emplois chez les concurrents du même secteur..., de Notre-Dame-des-Landes à Roybon, les subterfuges dénoncés sont nombreux. Et mettent à mal la vision de grandes infrastructures nécessairement favorables au développement économique et à l’emploi. Travail illégal ou emploi de travailleurs détachés très bon marché sont monnaie courante sur ces grands chantiers, comme l’a déjà illustré ce qui s’est produit pour la construction du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (lire notre reportage « Comment Bouygues exploite ses salariés du nucléaire »).

À Notre-Dame-des-Landes, un impact incertain sur l’économie locale

Le projet d’installation d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (NDDL), en Loire-Atlantique, est un cas emblématique. Aéroports du Grand Ouest (AGO), la filiale de Vinci censée construire et exploiter l’aéroport, avance le chiffre de 5,4 millions d’heures de travail mobilisées pour réaliser le chantier. Présenté de cette manière, cela paraît beaucoup. Les opposants ont traduit les chiffres de Vinci en équivalent temps plein : 750 emplois, si l’on estime la durée des travaux à quatre ans. Des emplois provisoires, puisque limités à la durée du chantier, potentiellement précaires et mal rémunérés, d’autant plus si le recours à la sous-traitance ou au travail détaché s’avère important.

Autre facette du débat : l’impact de l’aéroport sur le dynamisme économique de la région. Un argument largement spéculatif, difficile voire impossible à démontrer, comme le reconnaît à demi-mot le rapport de la « commission du dialogue », remis le 9 avril 2013 à Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre [1]. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la construction de l’aéroport en plein bocage, sur 1 220 hectares, condamnerait des emplois agricoles. D’après la commission, qui relativise cet impact, 40 exploitations seraient touchées. Le nouvel aéroport aurait également un impact sur l’activité de ceux de Rennes et d’Angers, déjà bien à la peine.

Un aéroport low-cost ?

L’argument des emplois directement créés sur le site du nouvel aéroport peine également à convaincre. « Chaque million de passagers supplémentaire génère en moyenne 600 nouveaux emplois directs », explique volontiers AGO. Ce ratio est calculé à partir du fonctionnement de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, qui devra donc fermer. Or, « si le trafic progresse, le nombre d’emplois augmentera, que ce soit à Notre-Dame-des-Landes ou à Nantes-Atlantique », relèvent les opposants. Comme alternative au projet, ces derniers réclament, études à l’appui, une modernisation de l’actuel aéroport, opération selon eux plus adaptée et bien moins coûteuse.

Surtout, les opposants mettent le doigt sur une contradiction épineuse. Censée générer des emplois, la dernière mouture du projet d’aérogare s’avère en fait sous-dimensionnée par rapport à l’infrastructure actuelle. Exemple : tandis que les halls d’arrivées et de départs occupent 4 200 mètres carrés à Nantes-Atlantique, ils s’étaleront sur 2 600 mètres carrés sur le nouvel emplacement. « L’aéroport a été pensé pour réduire le nombre d’emplois, avec moins de passerelles d’embarquement, moins de guichets d’enregistrement, relèvent les opposants. Sa conception le rapproche d’un aéroport low cost. » Pour eux, le nombre d’emplois créés par million de passagers y serait plus proche des 250 que des 600 avancé. Autant d’arguments qui pèseront dans le débat en cas de référendum sur le projet.

 

À Roybon, emplois précaires et salaires de misère

À Roybon, en Isère, c’est un autre projet d’envergure qui suscite une forte opposition, jusqu’à entraîner la création d’une nouvelle « zone à défendre » (ZAD), depuis fin 2014. En cause ? Le groupe Pierre & Vacances, 1,18 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, veut y implanter un Center Parc : 200 hectares et 1 000 cottages, au cœur du bois des Avenières, en pleine zone humide (lire notre article « Subventions indécentes, destruction de l’environnement, précarité de l’emploi : un “Center Parc” suscite la colère »). Largement soutenu par la collectivité, à hauteur de 113 millions d’euros d’après les calculs de l’association Pour Chambaran sans Center Parcs (PCSCP), le projet doit entraîner l’embauche de 700 personnes pour faire tourner les installations, dont une bulle tropicale de 9 000 mètres cubes « à 29 degrés toute l’année ».

Sauf qu’une grande partie des emplois s’annoncent précaires et très mal payés. Temps partiel oblige, les 700 embauches équivaudraient à 468 emplois à temps plein, dont 48 % dans le secteur du nettoyage. Une étude est souvent citée par les opposants. Menée en 2011 par l’INSEE Lorraine, elle passe au crible le Center Parc des Trois-Forêts (près de Metz), pionner du genre. « Si le nombre d’emplois créés est important, note l’institut de recherche, un sur quatre est en CDD et, surtout, les salaires offerts sont faibles. […] 60 % touchent le Smic horaire, dont près de la moitié seulement 319 euros par mois, du fait d’un contrat de travail hebdomadaire de neuf heures. […] Au final, seuls 6 % des salariés touchent un salaire supérieur de 20 % au Smic. »

240 000 euros d’argent public par emploi créé

À Roybon, la durabilité des emplois est aussi sujette à caution. La santé financière de Pierre & Vacances, déficitaire sur les quatre dernières années, paraît précaire. Crise oblige, les activités touristiques sont mises à mal par une baisse de la demande. Solution trouvée par l’entreprise : compenser le manque à gagner des activités touristiques par les bénéfices de sa filiale immobilière chargée de la construction et de la revente des cottages à des particuliers ou à des investisseurs qui les relouent ensuite à Pierre & Vacances ! Ce sont les marges réalisées dans l’immobilier, combinées aux généreuses subventions et niches fiscales dont bénéficie le groupe, qui tirent aujourd’hui son activité.

Pour combien de temps encore ? Pierre & Vacances semble engagé dans une fuite en avant : pour compenser le déficit des activités traditionnelles et se maintenir hors de l’eau, le groupe est condamné à une extension de son offre immobilière, c’est-à-dire à la construction de nouveaux Center Parcs. En attendant, à Roybon, suite à l’action des opposants, le projet est provisoirement suspendu. Le 16 juillet 2015, le tribunal administratif de Grenoble a invalidé l’arrêté préfectoral autorisant la destruction de la zone humide. Pierre & Vacances a fait appel de cette décision. Avec 240 000 euros d’argent public pour chaque emploi créé, pas très surprenant ! [2]

Europa City, ou la course au gigantisme

Sur le triangle de Gonesse, dans le Val-d’Oise, c’est le dernier grand espace agricole de la périphérie parisienne qui menace d’être bétonné au nom du développement économique. À l’horizon 2022, Immochan, filiale du groupe Auchan, compte y installer Europa City, un gigantesque complexe de 80 hectares, comptant pas moins de cinq cents boutiques, dix hôtels, un pôle culturel, un cirque, un parc à thème, et même une piste de ski d’intérieur ! Ici, outre les travaux de construction, on promet la bagatelle de 11 500 emplois directs et de 6 000 emplois indirects. De quoi faire saliver de nombreux élus locaux, du député-maire de Gonesse Jean-Pierre Blazy (PS) jusqu’au conseil régional d’Île-de-France.

Le nombre d’emplois créés a-t-il été surestimé par les promoteurs du projet, Immochan et l’Établissement public d’aménagement de la Plaine de France (EPA-PDF) ? Plus que sur les chiffres avancés, le débat porte sur le risque de destruction du tissu économique préexistant. Le projet va-t-il créer des emplois, ou les déplacer en les concentrant sur un site de plus grande taille, augmentant les temps de transport des salariés et des clients ? À ce jour, le projet n’inclut pas d’hypermarché, mais les commerces y occuperont 230 000 mètres carrés. Pour ses partisans, sa vocation internationale et la diversité de son offre, en particulier sur le plan culturel, le positionnent sur un créneau distinct des complexes voisins.

La question est décisive, car, à proximité immédiate de la zone concernée, de grands centres commerciaux se livrent déjà une à concurrence effrénée. À quelques centaines de mètres du triangle de Gonesse, O’Parinor, sur la commune d’Aulnay-sous-Bois, compte déjà 200 boutiques, dont un hypermarché Carrefour. Le complexe a fait peau neuve il y a deux ans, mis sous pression par l’ouverture en 2013 d’un autre grand temple de la consommation, Aéroville, en bordure de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, c’est-à-dire à dix minutes de Gonesse. Bref, dans les parages, bonjour les embouteillages ! Ces grands complexes pourront-ils cohabiter, et leurs emplois, perdurer ?

Les terres et les emplois agricoles, victimes collatérales des grands projets

Dans la famille des grands projets inutiles, la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin est souvent présentée comme la sœur jumelle de Notre-Dame-des-Landes. Pour son ancienneté d’abord : initié par François Mitterrand, le projet remonte au début des années 1990. Mais aussi pour un coût faramineux au regard d’une utilité discutée : au moins 26 milliards d’euros, dont 11 milliards dépensés par l’État français ! Le tout pour gagner une ou deux heures sur un trajet entre Paris et Milan [3]. Au prix, ici encore, d’un « impact important sur l’agriculture », comme le reconnaissait en 2012 une commission d’enquête publique, concluant cependant à l’utilité du projet.

Sur le dossier Lyon-Turin, l’emploi figure pourtant en bonne place dans les arguments utilisés. Louis Besson (PS), ancien maire de Chambéry et grand artisan du projet, promettait 10 000 emplois pour la réalisation des travaux. Un chiffre manifestement peu réaliste : les bénéfices attendus ont depuis été revus à la baisse, autour de 3 000 emplois créés, et même, plus récemment, à 2 000 ! La calculatrice des défenseurs de la LGV a-t-elle connu des ratés ? Pour Daniel Ibanez, opposant historique au projet, il s’agit là encore d’une présentation optimiste : « 2 000 emplois, c’est au plus fort du chantier, c’est-à-dire s’ils construisent quatre ou cinq tronçons en même temps ! »

 

Les grands projets contre l’emploi ?

De Notre-Dame-des-Landes à Roybon, ces grands projets, au nom de la compétitivité et d’un modèle de développement tourné vers l’international – au mépris de l’impératif de réduction des émissions de CO2 – centralisent les activités sur de grosses infrastructures consommatrices de terres, tout en les concentrant sur un nombre d’opérateurs de plus en plus réduit. L’emploi peut-il en sortir gagnant ? La ferme des Mille Vaches, dans la Somme, constitue le contre-exemple parfait. Véritable usine tournée vers la recherche d’une rentabilité économique optimale, la ferme industrielle doit employer 18 salariés [4], quand un nombre équivalent d’animaux répartis sur plusieurs fermes de plus petite taille ferait vivre environ 40 personnes. Question progrès social et répartition du travail, on a vu mieux !

Alors, création d’emplois, ou « destruction créatrice » aboutissant à leur réaffectation – en nombre parfois plus restreint – sur des infrastructures générant des emplois intensifs et mal rémunérés ? La technicité du débat sur la création d’emplois dans les grands projets escamote des questions essentielles pour sortir de la crise écologique et sociale : comment protéger les terres et promouvoir une agriculture réellement écologique ? Comment développer des emplois durables et de qualité ? Que voulons-nous produire, et de quelles ressources disposons-nous pour le faire ? Après les promesses de la COP21, c’est la pertinence même de notre modèle de société qui est questionnée par les grands projets inutiles.

 

@Thomas_Clerget

Photo : © Myriam Thiébaud / Basta !

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 14:28

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

Quand les amis de Sarkozy voudraient faire croire que sa mise en examen prouve son honnêteté

 
 
 
 
À en croire les proches de l’ancien chef de l’État, la mise en examen de Nicolas Sarkozy tiendrait presque du soulagement, voire d’une séquence positive pour le probable futur candidat à la présidentielle de 2017. Plus c’est gros, plus ça passe ?
 
Mises en examen ? Témoin assisté ? Les amis de Nicolas Sarkozy trouvent ça super ! - WITT/SIPA -
 

Pour un peu, être mis en examen serait cool.  Et ouvrirait une voie royale pour tout (re)présidentiable en puissance. C’est peu ou prou le message que tentent de faire passer les proches de Nicolas Sarkozy sur les réseaux sociaux depuis pour le chef de "financement illégal de campagne électorale (la présidentielle de 2012, ndlr), pour avoir en qualité de candidat dépassé le plafond légal de dépenses électorales". L’ex-chef de l’Etat, entendu toute la journée par le juge financier Serge Tournaire, est en effet mis en cause pour avoir pulvérisé ce montant autorisé de 22,5 millions d’euros.

Gros coup dur pour celui qui ne cache guère sa volonté de se représenter en 2017 ? Non, bien au contraire, tweetent en cœur ses soutiens, à l’aide d’éléments de langage d’ailleurs directement postés en ligne – pourquoi se fouler – par le sénateur de Paris Pierre Charon : 

Avec un poil moins gros dans la main, Edouard Courtial, député de l’Oise et fidèle sarkozyste, prend la peine de recopier le texte dans son tweet : 

Tout va bien donc pour le futur candidat dont la "probité " et "l’honnêteté" seraient, alors même qu'il est passible d'un procès en correctionnelle, "très justement rétablies". Du coup, la mer s’ouvre comme par miracle pour l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, avec vue dégagée sur 2017 ! 

Dans un grand numéro de contorsionnisme, les proches de Nicolas Sarkozy veulent absolument marteler le fait que leur poulain n’a été mis en examen que pour dépassement de compte de campagne, hors de tout lien avec la fameuse et infamante affaire Bygmalion. Comme si l'un valait bien mieux que l'autre et surtout, comme s'il n'y avait aucun rapport entre les fausses factures de Bygmalion et le fait, justement, de devoir financer par des biais présumés crapuleux une campagne dont le plafond a (illégalement) été explosé

Autre technique de com’ : faire croire que le statut de témoin assisté blanchit celui qui en fait l'objet. Quand bien même on parle, comme dans le cas de l’ancien président de la République, des chefs d’usage de faux, escroquerie et abus de confiance. Mais le témoin assisté est celui "à l’encontre duquel il existe des indices rendant vraisemblable qu’il ait pu participer à la commission des infractions dont le juge est saisi". Pas des indices suffisants, certes, pour le mettre en examen, mais assez pour s'en garder la possibilité.

Faisant fi de tous arguments juridiques, d'autres jugent indispensable de rappeler que Nicolas Sarkozy, forcément, est victime d’une vaste machination juridico-politique. Pour cela, l'ex-chef de l'Etat peut toujours compter sur le fidèle député et président du département des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti. Une théorie du complot validée par le patron de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel :

En dernier recours, le secrétaire général adjoint des Républicains Sébastien Huyghe tente tout simplement d’éclabousser la concurrence avec le scandale de son parti, en balançant tranquillement de accusations purement gratuites, et diffamantes :

Ce "non-événement" passé, donc, et en attendant les développements futurs de la procédure, les proches de Nicolas Sarkozy peuvent déjà commencer à rédiger de nouveaux éléments de langage pour la prochaine étape judiciaire de leur grand persécuté : le 22 mars, la Cour de cassation doit se prononcer sur . Si la procédure est validée, un procès pourrait avoir lieu dans les mois à venir. On a hâte de lire en quoi cela prouverait que Nicolas Sarkozy est blanc comme neige…

 

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 14:18

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

La Sarkozie vue du code pénal: 32 personnes mises en cause
16 février 2016 | Par Fabrice Arfi
 
 
 

Outre les deux mises en examen qui visent l’ancien président de la République, 32 proches de Nicolas Sarkozy sont mis en examen ou condamnés par les juges anticorruption dans une douzaine de dossiers politico-financiers différents.

Nicolas Sarkozy est un homme en bande organisée. Et la bande est grande, de plus en plus grande. Outre les deux mises en examen qui visent actuellement l’ancien président de la République à titre personnel (dans l'affaire Bismuth et pour financement illégal de campagne électorale), 32 de ses proches sont également mis en cause par les juges anticorruption dans une douzaine de dossiers politico-financiers différents, selon le dernier décompte de Mediapart.

Il y a, dans la liste, de tout : d'anciens ministres, des avocats, des policiers, des conseillers, des hommes d’affaires… Au fil des dossiers d’instruction, ballotés entre les concepts juridiques de « corruption », « trafic d’influence », « blanchiment », « favoritisme » ou « escroquerie en bande organisée », jaillit la description d’un système politico-financier d’une ampleur inégalée sous la Ve République.

 

Nicolas Sarkozy au Trocadéro, le 1er mai 2012 © Reuters Nicolas Sarkozy au Trocadéro, le 1er mai 2012 © Reuters

 

De deux choses l’une : soit Nicolas Sarkozy et tous ceux qui composent ou ont composé à un moment donné la Sarkozie sont victimes du plus grand complot judiciaire de l’histoire de France ; soit le sarkozysme peut s’entendre dans les mots de Jean Gabin, dans Le Président : « Ce n’est pas un parti, c’est un syndicat d’intérêts. » Celui-ci fut à la tête du pays pendant cinq ans.  

Voici, par ordre d’affinités, la liste des 32 :

Dans l’affaire Bygmalion, qui porte sur un système de fausses factures ayant permis de masquer l’explosion des comptes de campagne de Nicolas Sakrozy en 2012, on trouve le préfet Guillaume Lambert (directeur de campagne), le député européen Jérôme Lavrilleux (directeur adjoint de la campagne), l’avocat Philippe Blanchetier (président de l’association de financement de la campagne), Philippe Briand (trésorier de la campagne), Éric Césari (ancien directeur général de l’UMP), Fabienne Liadzé (ancienne directrice financière du parti), Pierre Chassat (directeur de la communication du parti).

Dans le volet non ministériel de l’affaire Karachi, qui porte sur un vaste système de commissions occultes sur les ventes d’armes de l’État français, on trouve Thierry Gaubert (ancien conseiller ministériel de Sarkozy à Bercy), Nicolas Bazire (ancien directeur de cabinet de Balladur à Matignon et témoin de mariage de Sarkozy), Ziad Takieddine (marchand d’armes préféré des balladuriens). 

Dans l’affaire des sondages de l’Élysée, qui porte sur des marchés dispendieux sans mise en concurrence, on trouve Patrick Buisson (ancien conseiller à l’Élysée), Emmanuelle Mignon (ancienne directrice de cabinet à l’Élysée), Julien Vaulpré (ancien conseiller “opinion” du président), Pierre Giacometti (sondeur chouchou de Sarkozy), Jean-Marie Goudard (publicitaire, inventeur du slogan sarkozyste “Ensemble, tout devient possible”).

Dans le dossier du Kazakhgate, une affaire de corruption et de trafic d’influence sur fond de vente d’hélicoptères au Kazakhstan supervisée par l’Élysée, on trouve l’ex-sénateur Aymeri de Montesquiou (ancien représentant personnel de Sarkozy) et Jean-François Étienne des Rosaies (ancien conseiller diplomatique du président).

Dans l’affaire Bismuth, qui porte sur des faits de corruption et de trafic d’influence, on trouve Me Thierry Herzog (l’avocat personnel de Nicolas Sarkozy) et le magistrat de la Cour de cassation Gilbert Azibert.

Dans l’affaire de l’arbitrage truqué ayant alloué plus de 400 millions d’euros à Bernard Tapie, on trouve, outre le célèbre homme d’affaires, l’ancienne ministre de l’économie et actuelle présidente du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, renvoyée depuis pour être jugée devant la Cour de justice de la République.

Dans l’affaire Bettencourt, qui, elle, a été jugée (voir notre analyse après la relaxe d'Éric Woerth), on trouve les homme d’affaires Stéphane Courbit (proche de Sarkozy) et Patrice de Maistre (ancien membre du Premier cercle de l’UMP).

Dans l’affaire Balkany, qui porte sur un système de dissimulation fiscale et de corruption, on trouve outre les élus de Levallois-Perret Patrick et Isabelle Balkany, l’avocat Me Arnaud Claude, associé historique de Nicolas Sarkozy, soupçonné par les juges d’avoir participé aux montages frauduleux dans les paradis fiscaux.

On peut également citer l’ancien secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant, condamné avec le préfet Michel Gaudin dans l’affaire des primes en liquide du ministère de l’intérieur et actuellement mis en examen dans l’affaire Kadhafi. Mais aussi Bernard Squarcini, qui a été condamné dans l’affaire des fadettes d’un journaliste du Monde, le sénateur et industriel Serge Dassault, mis en en examen dans l’affaire de corruption électorale à Corbeil-Essonnes, le préfet Alain Gardère, mis en examen dans une autre affaire de corruption, ou encore Guy Wildenstein, ancien représentant de l’UMP mis en examen et renvoyé pour être jugé dans une gigantesque affaire de fraude fiscale.

Sans parler de l’ancien conseiller diplomatique de l’Élysée Boris Boillon qui, bien que non mis en examen, avait été arrêté avec plus de 350 000 euros en liquide gare du Nord en juillet 2013 – nous ne l’avons pas comptabilisé dans les 32.

En 1995, dans Au bout de la passion, l’équilibre (Albin Michel), un livre d’entretiens avec le journaliste Michel Denisot, Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, faisait part de ses graves préoccupations sur les questions de moralité publique. À l’époque, la chronique de France était déjà rythmée par le bruit des “affaires” (Carrigon, Noir, HLM de Paris…). « Pour la première fois depuis très longtemps dans l’histoire politique française, les affaires sortent », affirmait alors Sarkozy. Il ajoutait : « Jamais un gouvernement n’a laissé agir la justice dans une telle indépendance. Nous sommes en train de purger le système. Il devrait en résulter une plus grande confiance dans nos institutions. » Pas si sûr.

 

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 19:09

 

Source : http://reporterre.net

 

 

L'agro-industrie veut confisquer le mot « bio »

15 février 2016 / Éliane Anglaret, Jean-Marie Defrance, Alain Delangle et Thierry Thévenin
 


 

 

Après avoir étouffé au maximum les pionniers de l’agriculture biologique, les industriels et les autorités leur dénient maintenant l’emploi du qualificatif « bio ». Derrière les mots, c’est une bataille de fond qui se joue.

D’un côté, certains mouvements historiques de l’agriculture biologique, résolument opposés à l’agriculture chimique industrielle, sont enquêtés sur l’usage qu’ils font dans leur communication des préfixes « bio », et « éco ». De l’autre, les plus gros pourvoyeurs de pesticides toxiques – Bayer, BASF, Dow, Syngenta, et autres [1] s’apprêtent en toute impunité à s’offrir une virginité en devenant les leaders du « biocontrôle ».

Au cours de l’année 2015, certaines structures historiques de la Bio, le syndicat des Simples, Demeter, Nature & Progrès (N&P), et BioCohérence, ont subi des enquêtes de la part des services régionaux de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des Fraudes). Les contrôles ont porté sur l’usage des termes de l’agriculture biologique au sein de ces différentes organisations. Objectif : « protéger » le consommateur contre d’éventuelles ambiguïtés ou confusions, voire tromperies, que pourrait générer la communication de ces structures.

Il a été demandé aux Simples (homologués en 1988) et à N&P (homologuée en 1986), d’éviter toute confusion entre leurs marques et le label bio européen (né en 1991) dans leurs outils de communication commerciale. Comme ces mouvements n’obligent pas leurs adhérents à être labellisés dans le cadre du Règlement bio européen (n° 834/2007, mis en application en 2009), ils ont particulièrement été mis en garde sur l’utilisation des termes réservés à la certification biologique, les préfixes et suffixes « bio », « éco » et « biologique », « écologique ».

Ces demandes sont d’autant plus paradoxales que l’on doit à ces mouvements historiques de la bio l’émergence de cette agriculture spécifique !

La bio : un mouvement citoyen agro-écologique avant d’être un label

Bien avant d’être réduite à un label, fût-il de qualité, l’agriculture biologique est un concept pratique et philosophique hérité d’une vision de l’agriculture respectueuse de la nature et des êtres vivants. Elle est née au cours du XX° siècle de la pensée de ses pionniers : Albert Howard, Hans et Maria Müller, Ehrenfried Pfeiffer, Rudolf Steiner et Masanobu Fukuoka…

Sur les traces de ces précurseurs, les organisations Demeter (marque créée dès 1930 par le mouvement biodynamiste allemand), Nature & Progrès (créée en 1964, Nature & Progrès est à l’origine, en 1972, de l’écriture des cahiers des charges qui serviront de base aux cahiers des charges bio français, puis européens), Simples, puis BioCohérence (fondée en 2010) ont fondé leur existence sur un objectif commun : une agriculture écologique à échelle humaine, ancrée dans les territoires pour une alimentation saine à la disposition des citoyens. Créées respectivement en 1930, 1964, 1978 s’agissant de ses organisations les plus anciennes, les valeurs qu’elles portent sont présentes depuis toujours dans leurs cahiers des charges :
- le respect du vivant (sol-végétal et animal) par des techniques respectant les écosystèmes, la biodiversité sauvage et cultivée, garantissant le bien-être des générations futures :
- le refus de l’industrialisation et de la financiarisation de l’agriculture en prohibant l’utilisation des produits chimiques de synthèse, des nanoparticules, des organismes génétiquement modifiés qui mettent en danger les équilibres de la biosphère et compromettent l’existence du vivant ;
- le développement d’une agriculture familiale, à taille humaine assurant une vie économique et sociale des territoires, l’autonomie et une vie digne des paysans.

Ces valeurs sont en train de disparaître du règlement européen de la Bio. Graduellement vidé des exigences écologiques, des finalités globales et citoyennes qui ont présidé à sa création en 1991, le label AB pourrait bientôt se résumer à un simple contenu technique.

 

 

La finalité des contrôles de la DGCCRF serait-elle d’éjecter les "moutons noirs" ? Il est souvent avancé que l’agriculture biologique est impossible à pratiquer, que les produits alimentaires qu’elle fournit sont trop chers, etc. C’est ignorer le prix considérable des « externalités » liées aux dégâts écologiques et sanitaires de l’agriculture chimique et de l’alimentation industrielle. L’étude réalisée en 2013 par l’Inra, intitulée Analyse des performances de l’agriculture biologique et qui se questionne sur : « Comment rendre l’agriculture biologique plus productive et plus compétitive ? » en dit long sur la pente qu’on entend faire suivre à la bio [2] .

Dans ce contexte, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, souhaite faire de la France un leader de l’agroécologie et du « biocontrôle ». Une vision pour le moins intéressante au regard des adhérents de l’association française des entreprises du biocontrôle (IBMA France) parmi lesquels BASF, Bayer, Dow, Syngenta…

Les mouvements Simples, Demeter, BioCohérence et Nature & Progrès ont une vision très différente de l’agroécologie. Est-ce pour cela que les pouvoirs publics auraient voulu, cette année, « dépoussiérer » la mouvance historique de l’agrobiologie de certains de ses éléments minoritaires, critiques, en allant les « visiter » et les positionnant au rang de hors-la-loi ?...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 18:21

 

Source : http://reporterre.net

 

 

 

Le succès surprenant de la marche anti-pesticides à Bordeaux

15 février 2016 / par Baptiste Giraud (Reporterre)
 


 

Suite à la diffusion d’un documentaire télévisé sur les pesticides, les militants pour l’interdiction de ces molécules ont rassemblé un millier de personnes à Bordeaux. En Gironde, l’inquiétude se répand au sujet d’écoles installées au bord des vignes et du danger pour les enfants ainsi exposés.

- Bordeaux, correspondance

L’appel à marcher dans les rues de Bordeaux n’avait été lancé que le 6 février, sur les réseaux sociaux. Pourtant, en à peine plus d’une semaine, l’invitation des associations locales (Confédération paysanne Gironde, Générations futures Bordeaux, Vigilance OGM33, Allassac ONGF, les Amis de la Terre Gironde, Collectif Alerte Léognan et Info Médoc Pesticides) a bien été reçue. Et dimanche 14 février, tout le monde a été surpris par le nombre de personnes venues réclamer l’arrêt de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture.

Sous la pluie et dans le froid, environ 600 manifestants (1.000 à 1.500 selon les organisateurs) ont déambulé de l’hôtel de ville à la préfecture de la Gironde, en passant par le Conseil départemental. Dans le cortège, des militants écologistes, mais aussi beaucoup de parents inquiets pour la santé de leurs enfants.

« Électrochoc dans le grand public »

 

 

Cette marche blanche faisait suite à la diffusion sur France 2, le 2 février dernier, du documentaire Cash investigation, « Produits chimiques, nos enfants en danger » (toujours consultable en ligne, où la Gironde est décrite comme premier consommateur de pesticides cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) de France.

À l’initiative, deux femmes qui se battent pour faire reconnaître la responsabilité des pesticides dans la mort de leurs proches et demandent leur interdiction : Valérie Murat (qui avait participé à la Rencontre de Reporterre sur les pesticides donc le père viticulteur est décédé en 2012 d’un cancer lié à l’arsénite de sodium, et Marie-Lys Bibeyran, dont le frère est mort d’un cancer rare en 2009.

« Cela faisait longtemps qu’on voulait organiser une manifestation à Bordeaux. Là, après Cash Investigation, c’était l’occasion de profiter de l’émotion suscitée », explique à Reporterre Valérie Murat. « Car, si beaucoup de gens étaient déjà informés, l’émission a créé un électrochoc dans le grand public. »

 

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Valérie Murat, lors de la Rencontre de Reporterre, avec Générations futures, en mars 2015

Mais pourquoi la mobilisation prend-elle particulièrement en Gironde ? À cause de l’omerta, selon les deux femmes : « Il y a un déni profond entretenu par les institutions. Dès le lendemain de la diffusion du documentaire, Bernard Farges, président du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), ainsi que la Chambre d’agriculture, ont lancé la machine à désinformer, avec un discours cosmétique » rappelle Valérie Murat.

 

Grosse inquiétude sur les enfants

C’est principalement la mise en danger des enfants, par le biais des écoles, qui fait réagir. Dans le département, pas moins de 130 écoles sont exposées aux pesticides car enclavées dans les vignes. Or, si des études épidémiologiques commencent à pointer la corrélation entre ces zones et des cancers pédiatriques, notamment des leucémies, aucune étude toxicologique ne permet pour l’instant d’établir de causalité directe.

« Arriver à rassembler autant, c’est pas anodin. Cela fait trois ans que je sollicite le CIVB, la Chambre d’agriculture, le président de région Alain Rousset, en leur disant : ’Attention, ça va vous péter à la gueule’. Ce soir, ils font moins les malins. Car quand les gens descendent dans la rue, c’est bon pour le rapport de force » assure Valérie Murat. « Et je crois que ça va essaimer » poursuit-elle.

Marie-Lys Bibeyran fait également preuve d’optimisme : « Je pense qu’il y aura un avant et un après 14 février, au niveau local. Les gens ont montré qu’ils étaient informés et capables de se mobiliser. Maintenant je ne vois pas comment les institutions pourraient ne pas bouger. »

Dimanche, par la voix de Dominique Techer de la Confédération Paysanne Gironde, les manifestants ont d’abord demandé la protection des écoles. « Nous voulons que les vignes situées à proximité des établissements scolaires soient obligées de passer en bio, dès maintenant » explique Marie-Lys Bibeyran. « On ne peut pas imaginer une nouvelle saison comme ça, avec des épandages autour des écoles. »

 

La région et la préfecture sommées de prendre des mesures

 

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 18:01

 

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Lobbies du tabac : comment la Commission européenne nous enfume

La médiatrice européenne regrette que la Commission ait refusé de lever le voile sur ses relations avec les lobbies du tabac.
 
Jean-Claude Juncker et ses équipes ont balayé la demande de la médiatrice européenne. - Sipa
 

Jean-Claude Juncker, chain-smoker notoire, aurait-il cédé aux sirènes des lobbies du tabac ? La médiatrice européenne Emily O'Reilly, chargée d'enquêter sur les cas de mauvaise administration des institutions communautaires, avait réclamé le 5 octobre dernier plus de transparence sur les relations qu'entretiennent les fonctionnaires de la Commission avec les lobbyistes du tabac. L'Irlandaise exigeait plus précisément que toutes les rencontres effectuées dans ce cadre soient minutées puis publiées sur Internet. Le refus opposé lundi dernier par Bruxelles démontre à quel point les industriels de la cigarette influencent les décisions communautaires, ce que "regrette profondément"  Emily O'Reilly.

Mais pourquoi est-ce que Bruxelles se borne à refuser cette transparence ? La Commission européenne affirme agir conformément aux dispositions de la Convention-cadre de l'OMS de lutte anti-tabac (CCLAT), texte qui exige de la transparence dans les relations qu'entretiennent les organisations internationales avec les lobbies. Mais voilà, seule la direction générale Santé de la Commission a en fait adhéré à cette convention, qui stipule pourtant que "toutes les branches de la gouvernance" sont concernées. Une décision qui navre une Emily O'Reilly désabusée : "La Commission Juncker loupe une réelle occasion de faire preuve de leadership mondial face au lobbying du tabac. Il semblerait que la puissance du lobbying de l’industrie du tabac continue d’être sous-estimée".

Des lobbies puissants qui "ne cessent de faire retarder l'avancée de la santé publique", dénonce l'organisation altermondialiste Attac France par la voix de son porte-parole, Thomas Coutrot. Le refus de la Commission de communiquer sur ses relations avec les lobbies de la cigarette "n'étonne pas" l'économiste français, qui a déjà constaté dans les négociations sur le TAFTA (Traité de libre-échange transatlantique) que "90% des rencontres entre les fonctionnaires européens et la société civile s'effectuaient en présence des lobbies industriels et financiers". La société civile européenne, victime passive du tabagisme de sa Commission ?

 

 

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 17:47

 

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OS souverain et Notre-Dame-des-Landes : même combat
 
 

Le gouvernement a affirmé dans la loi numérique sa volonté de développer un système d’exploitation souverain. Une décision qui a immédiatement suscité l’hilarité des milieux spécialisés, tant son projet semble irréalisable.

Pourtant, ce n’est pas par l’humour qu’il faudrait répondre, mais par des actes. Ce projet technique, comme de nombreux autres avec lui, n’est qu’un énième « grand projet inutile et imposé », dangereux dans sa vision du monde, coûteux pour les contribuables, et voué à un échec aussi cinglant que prévisible. Et si, contre toute attente, il fonctionne, alors des jours sombres seront à craindre.

 
 

1 La longue tradition des échecs techniques inutiles et imposés

 

S’il est de la compétence de l’Etat d’aménager le territoire pour servir l’intérêt général, cela ne signifie pas pour autant développer une politique de prestige basée sur des développements techniques nationaux qui enferment la population dans des choix techniques autarciques qui ne font que nuire à tous, sauf à ceux qui se sont engraissés en monnayant cher la conception d’un produit inutile ou qui aurait coûté beaucoup moins sous l’égide d’une entreprise ou d’une communauté volontaire.

Pourtant, cette décision stupide de l’Etat français n’est pas la première tentative d’imposer une vision techno-politique franchouillarde au reste du monde. Nous avons même plutôt une longue tradition en la matière.

Du réacteur à eau lourde au Rafale

Que l’on remonte aux années 50 avec les différents échecs nucléaires (les neuf réacteurs graphite gaz, le réacteur à eau lourde ou encore le réacteur à eau légère pressurisée), mais aussi les programmes aéronautiques (le supersonique Concorde aux coûts d’entretien faramineux, l’avion de chasse Rafale resté invendable pendant des années), l’histoire technique française ne manque pas d’exemples de politiques d’innovation aux succès discutables.

Et en informatique, c’est pire. La France est la spécialiste des plantages complets en la matière. Si tout a commencé avec le tristement célèbre Plan Calcul, qui n’a jamais réussi à faire émerger les champions nationaux dont le gouvernement français croyait avoir besoin, suivi peu après par le Minitel, la gauche mitterrandienne a enchaîné par la suite avec le plan informatique pour tous, qui n’a guère eu plus de succès.

Deux échecs successifs qui n’ont pas découragé l’Etat, puisque sous Nicolas Sarkozy, le projet de cloud souverain dit Andromède fut lui aussi un four retentissant dans lequel des centaines de millions d’euros furent investis pour rien, les deux entreprises nées de cette initiative malvenue ayant finalement disparu fin 2015.

Et maintenant, le gouvernement nous ressort de son chapeau l’idée d’un système d’exploitation informatique souverain, c’est-à-dire développé en France – ou plutôt contrôlé par le gouvernement français.

 
 

2 Une mauvaise idée inéluctable

 

Immédiatement, les experts du sujet s’en sont donnés à cœur joie (tout comme ils l’avaient déjà fait pour le cloud souverain, en vain) comme Stéphane Bortzmeyer, qui esquisse différents scénarios pour cet OS, ou Numerama qui en calcule l’hypothétique et énorme coût minimal, ou encore le directeur de l’Anssi qui soppose à un OS truffé de backdoors et de mécanismes de surveillance alors même que son organisation gouvernementale a elle-même développé Clip, un OS français ultra-sécurisé...

Il n’y a guère que les parlementaires qui soutiennent publiquement un tel projet, ce qui n’a en soi rien d’étonnant. Non pas qu’ils soient incompétents ou souffrent eux-mêmes d’une fracture numérique irréconciliable, mais plutôt qu’ils sont victimes de la logique technicienne à l’œuvre en France depuis des dizaines d’années.

 

Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif lors d'une visite d'un site Airbus, le 25 janvier 2013

Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif lors d’une visite d’un site Airbus, le 25 janvier 2013 - REMY GABALDA/AFP
 

C’est déjà ce que dénonçait Jacques Ellul il y a presque 30 ans dans son célèbre ouvrage «  Le Bluff technologique  » (1988), qui recensait toutes les aberrations techniques conduisant à la société technicienne  :

«  Les intérêts engagés dans les opérations techniques ont une telle importance, que toutes les prises de conscience sont vaines et considérées comme le fait d’esprits rétrogrades. »

Les technocrates monopolisent l’espace de l’innovation

La collusion atavique entre l’administration française et l’élite technicienne, notamment parce que les hautes écoles administratives conduisent d’abord dans l’administration avant que – par l’entremise de la pantoufle – les hauts-fonctionnaires ne se transforment en dirigeants de grandes entreprises, qui comptent évidemment sur leurs anciens confrères pour obtenir de juteux contrats de développement de nouvelles technologies, d’exploration de marchés impossibles sans un soutien souverain.

Dès lors, la technique se développe quasiment par sa volonté propre. Une innovation non rentable économiquement mais possible sur le plan technique se présente et, dans un état technocratique, le sujet va fatalement donner lieu à une politique publique de soutien de cette possibilité technique. Aucune volonté populaire, aucune démonstration académique, rien ne peut s’y opposer, le développement se fera.

Ainsi, peu à peu, la structure technocratique grignote les moindres aspects possibles, occupant l’espace de l’innovation – ou plutôt de l’imagination. Tout ce qui peut être recherché doit exister.

 
 

3 Un parallèle osé mais nécessaire avec les ZAD

 

Si, à l’instar de Boris Beaude, nous considérons que l’Internet est un espace, et que par extension le Web est une société particulière avec ses codes et modes de vie, alors nous devons voir les OS comme des régimes politiques qui, en régissant les serveurs sur lesquels reposent l’infrastructure de l’Internet et grâce auxquels chacun peut accéder facilement à l’Internet, nous fournissent un cadre réglementaire, un espace de gouvernance collective de nos pratiques, le collectif n’étant pas ici synonyme de participatif. N’oublions pas, hélas, que dans l’esprit de l’Internet, le code est la loi.

C’est pourquoi après s’être attaqué à de nombreux aspects de la technique, la décision du gouvernement de favoriser le développement d’un OS souverain est si symbolique aussi bien auprès de la communauté informatique que des technosceptiques.

Un OS souverain, si l’Etat le dispose dans un cadre juridique soigneusement conçu pour étendre son influence et le légitimer, peut devenir une arme dévastatrice pour les libertés publiques et, par extension, pour tout ce qui fait la force de l’Internet en tant qu’espace virtuel. 

Des ZAD numériques pour défendre un Internet libre

Développer un tel logiciel revient à traquer ceux qui pensent qu’une autre vision de la technique est possible, que les logiciels peuvent être open source, que les œuvres peuvent échapper à la propriété intellectuelle sous certaines conditions, que les individus ont droit à une vie privée, que la société ne doit pas être un simple jouet entre les mains d’un tyran inaccessible.

Ainsi, comme Jacques Ellul dans les années 60 et 70, lorsqu’il combattait les projets de bétonnisation du golfe de Gascogne, dénonçant les gaspillages technoscientifiques qui en découlaient, nous devons porter le combat contre l’excès de technique dans la sphère numérique, et y constituer des ZAD. Les armes ne seront pas les mêmes, mais la lutte n’en sera pas moins âpre tant le gouvernement français a compris que l’Internet est un des enjeux clés de sa souveraineté future.

C’est pourquoi, si l’Etat mène un projet ambitieux d’OS souverain qui n’est ni une pompe à fric pour des grandes entreprises aux élites pantouflardes, ni un effet d’annonce, alors nous nous engagerons dans une bataille qui, bien que virtuelle, n’en aura pas moins des effets bien réels. Et si nous la perdons, alors tout espoir d’un Internet libre sera perdu.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com/blog/technoverdose

 

 

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 17:33

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Tour du monde
Vers de farine, four solaire : sur son bateau de jute, Corentin teste les low-tech

 

 

 

 

Produire des légumes, élever des poules, faire tourner une éolienne, le tout sur un bateau construit en jute, pendant un voyage autour du monde. C’est le défi de Corentin pour les trois ans à venir.

Il est jeune, motivé, diplômé et voyage pour changer le monde. Vous pensez déjà connaître l’histoire  ? Détrompez-vous : ce que fait Corentin de Chatelperron est unique.

En 2010, il a rejoint La Ciotat (Bouches-du-Rhône) depuis Dacca (Bangladesh), à bord d’un bateau fabriqué à 40% en fibre de jute. Ce voyage a montré que ce matériau local et abondant peu remplacer la très coûteuse et peu durable fibre de verre. Depuis, un autre navire et de nombreux objets composés à 100% de jute sont nés.

En 2014, nous vous racontions sa deuxième aventure, dans le Golfe du Bengale. Pendant six mois, Corentin avait voyagé d’île déserte en île déserte et tentant de vivre grâce à une sorte d’«  écosystème  » inventé sur son bateau  : des poules, des plantes, des technologies simples.

Il a essuyé pas mal d’échecs mais cette expérience a fait naître un film et beaucoup d’espoirs sur l’utilité des « low-tech », ces technologies économiques qui répondent à des besoins primaires  : manger, boire, se chauffer ou se déplacer.

 

Un tour du monde des low-tech

Dans quelques jours, Corentin va partir avec trois navigateurs, dont Roland Jourdain, à bord de son bateau, Nomade des mers. Il nous a expliqué son projet :

«  Pendant mon dernier voyage, j’étais isolé. Là, ce sera complètement différent. Pendant deux ans, on a tout préparé pour aller rencontrer des experts et tester plein de low-tech tout autour du monde. On va aussi tout faire pour partager au maximum nos découvertes, en faisant des tutoriels et grâce au site Low-tech Lab. Nous avons déjà 1 200 inscrits, on espère qu’il y a en aura beaucoup plus au cours du voyage. »

Le navire comme les escales seront toutes organisées autour des low-tech que voici :

 

Une carte Arduino

Une carte Arduino - Franky47/Wikimedia Commons/CC
 

« Ce sont des microcontrôleurs, qui ne coûtent presque rien.

On peut les programmer pour piloter tout un tas de choses. Par exemple, dans notre serre, on a utilisé une carte avec un petit capteur pour que la ventilation ne démarre que quand la température y dépasse 30°C.

On gagne beaucoup de temps et d’énergie. On va utiliser ces cartes pour essayer d’améliorer nos technos. »

  • Les éoliennes DIY

«  On utilise une éolienne construite entièrement grâce à une imprimante 3D, avec un générateur de type Piggott qu’on fabrique à partir d’aimants et de bobines de cuivre. On peut s’en servir comme hydrolienne ou produire de l’électricité en pédalant si besoin, elle sera très flexible. »

(Pour en savoir plus sur ces éoliennes inventées par un ingénieur fou isolé sur une île écossaise et développées depuis grâce au bouche à oreille et aux stages d’auto-construction, c’est par ici.)

 

 

  • Les vers de farine

« Notre nutritionniste nous a recommandé de manger 60 grammes de protéines par jour. Nous allons cultiver de l’algue spiruline dans des bouteilles et manger les œufs de nos quatre poules.

Pour compléter ce menu, nous allons aussi lancer un élevage de vers de farine. C’est un processus qui prend seize semaines, donc nous allons élever plusieurs milliers de vers dans seize boîtes différentes pour chaque stade. Au total ça fait plus de 120 000 vers en permanence. »

  • Le four solaire

 

Un four solaire

 

La lumière du soleil qui passe à travers une vitre peut cuire des aliments dans un récipient isolé. Corentin l’avait déjà testé sur son bateau mais espère l’améliorer :

« C’est plutôt bien rodé comme technologie, mais on va faire beaucoup de tests, pour affiner le plus possible. »

 

  • Le désalinisateur

C’est une sorte de four solaire, dans lequel l’eau s’évapore, se condense contre une vitre et coule dans une gouttière.

« C’est très lent, sur 1 m2 de surface, on obtient 5 litres d’eau par jour. Ce n’est pas du tout suffisant mais on va essayer d’augmenter la surface de contact entre l’air et l’eau en plongeant par exemple des tissus dans l’eau. J’ai essayé de lancer un concours sur Youtube aussi, pour appeler aux bonnes idées. »

 

  • Le réchaud à économie de bois (ou « rocket stove »)

Sur son bateau, Corentin avait testé le rocket stove. Il nous expliquait en 2014 :

«  On récupère deux boîtes de conserve de tailles différentes. On perce la plus petite de plusieurs trous et on emboîte l’autre par-dessus. On brûle un peu de bois dans la petite boîte et, au bout d’un moment, du gaz s’échappe par les trous, remonte la paroi et entre en combustion dans la grande boîte. C’est impressionnant à quel point c’est efficace, on consomme jusqu’à sept fois moins de bois. Tous les jours, des gens utilisent du bois pour la cuisson, c’est très simple, ça pourrait être utilisé partout dans le monde. »

Ils vont chercher à aller plus loin :

« Nous allons rencontrer des experts de cette low-tech au Sénégal, où elle a été beaucoup développée parce qu’il y a de gros problèmes de déforestation. C’est un bon exemple de low-tech qui prend de l’ampleur parce qu’elle apporte une réponse à une problématique locale. »

 

 

 

« C’est un savoir-faire qui est pour l’instant industriel mais qui peut être approprié par beaucoup de gens, cela peut être intéressant pour toutes les personnes qui n’ont pas accès à la terre ou à l’eau.

Le challenge pour nous était de trouver des plantes pas trop exigeantes, qui peuvent pousser dans peu d’espace, être très nourrissantes, et en plus dont on mange une grande partie. Pour ce faire, on a fait travailler ensemble un nutritionniste, un ethnobotaniste et un spécialiste de l’hydroponie.

On a vraiment réussi à trouver des choses en faisant travailler ensemble des gens qui n’en ont pas l’habitude. Nous allons notamment cultiver des blettes, ce sont des plantes qui poussent en permanence et qui sont très nourrissantes.

Nous allons nourrir les plantes avec un liquide à base de jus de compost. Nous ferons des mesures très précises de son électroconductivité avec des capteurs, pour être très efficaces. Le but est de se passer ensuite de ces capteurs, bien sûr. »

 

Corentin et son frère en plein atelier d'hydroponie

Corentin et son frère en plein atelier d’hydroponie - DR
 
 
 
 
 
 
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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 17:21

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Habitat

Une maison de retraite coopérative et écologique pour que « les vieux » ne deviennent pas « des marchandises »

par

 

 

 

Ils ne voulaient pas terminer en traditionnelle maison de retraite mais être acteurs de leurs vies. Sept ans après leurs premières discussions sur le bien-vieillir, un groupe de retraités entame les travaux de la première coopérative d’habitants pour personnes vieillissantes. La non-spéculation, la démocratie et l’écologie sont au fondement du projet « Chamarel - Les Barges », situé dans un quartier de Vaulx-en-Velin à l’est de Lyon. Un projet tellement inspirant que la banque a même accordé à ces sexagénaires un prêt sur cinquante ans ! Rencontre.

Le rendez-vous est donné au quinzième étage d’une des tours de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue est de Lyon. C’est là que se trouve le siège de l’association Chamarel, créée en 2010, à l’initiative de la première coopérative d’habitants pour personnes vieillissantes [1]. Patrick, Janine, Hélène, Luc et Jean achèvent leur rendez-vous avec un couple de retraités intéressés par leur projet d’habitat coopératif. À dix minutes à pied se trouve le terrain où les travaux ont commencé début décembre 2015. Les seize logements et espaces mutualisés devraient être achevés à la mi-2017. Ce sera l’une des premières coopératives de retraités.

Tout est parti, sept ans plus tôt, d’une discussion entre deux amies sur les difficultés de proches n’ayant pas anticipé leurs vieux jours. « Rapidement, nous avons été plusieurs à nous réunir en se disant qu’il faudrait peut-être en parler pour ne pas emmerder nos enfants », se remémore Patrick, instituteur à la retraite.

 

« Les vieux deviennent des marchandises »

Autour de la table, tous pointent l’absence de financement pour les foyers-logements et les longues listes d’attente des maisons de retraite. « Ne restent que les “senioriales” (des résidences pour les seniors), inabordables pour la plupart des gens », dénonce Luc. « Les vieux deviennent des marchandises et certains s’en mettent plein les poches », appuie Jean, désireux de trouver une solution pour enrayer le phénomène. « Tous les soins échappent à la décision de la famille, on devient assistés, complète Hélène. Alors que, nous, on veut être acteurs de nos vies. » Ensemble, ils ont entamé une réflexion sur le bien-vieillir. Le groupe s’est progressivement agrandi autour de valeurs communes, afin de vivre au mieux leur vieillesse, avant de se lancer dans la création d’un lieu de vie commun.

Premier défi : trouver le bon statut pour leur projet d’habitat. Une rencontre avec la Fédération française des coopératives d’habitants [2] les convainc de choisir la coopérative d’habitants, une troisième voie entre propriété privée et location. Le principe : regrouper des personnes voulant gérer et améliorer ensemble les logements qu’elles occupent dans un même immeuble. « Nous leur avons présenté les valeurs piliers de la coopérative d’habitants, que sont la propriété collective, la non-spéculation immobilière et la gouvernance démocratique », explique Valérie Morel de la Fédération Auvergne-Rhône-Alpes. « C’était les valeurs que nous défendions, et nous avions là le statut pour les mettre en pratique », se réjouissent les coopérateurs.

Illustration sur la non-spéculation. « Quand vous tapez EHPAD [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, Ndlr] sur Internet, on vous invite à investir et on vous promet la rentabilité et des défiscalisations », note Patrick, agacé par cette surenchère. « Dans notre projet, la valeur des parts sociales est indépendante de la valeur immobilière. » Les coopérateurs sont propriétaires collectifs de l’immeuble : chacun amène des parts sociales. Mais si l’un d’entre eux quitte le logement, il part avec la valeur de la part sociale détenue au départ, quelle que soit la plus-value prise par l’immeuble. « Notre slogan est plutôt : investissez en parts sociales avec la certitude de ne pas faire de bénéfices ! », plaisante Patrick.

 

« Une personne égale une voix »

Le projet associatif des Babayagas à Montreuil, une maison de retraite autogérée, citoyenne et écolo, les fait réfléchir sur le mode de fonctionnement à adopter [3]. Ils font le choix de l’autogestion et privilégient les valeurs démocratiques. Accompagnés et conseillés par Habicoop, les adhérents de Chamarel créent en décembre 2012 la société par actions simplifiées (SAS) « Chamarel-Les Barges », du nom du quartier dans lequel se trouve le terrain proposé par la ville de Vaulx-en-Velin.

La SAS – statut également adopté par les résidents du Village Vertical à Villeurbanne – permet de gérer le bâtiment dans l’attente de la légalisation du statut des coopératives d’habitants en France [4]. Par exemple, le vote n’est pas proportionnel au nombre de parts sociales détenues, mais basé sur le principe « une personne égale une voix ». « En général, la décision est plutôt prise au consensus, et ça marche bien, observe Luc. Le consensus, ce n’est pas le plus petit dénominateur commun, mais souvent une troisième solution qui apparaît. »

« On a fait une sorte de pari, poursuit Patrick. Quand il y a un chef, les décisions peuvent se prendre plus rapidement. Nous, on prend un peu de temps pour arriver au consensus, mais avec la volonté que le résultat soit plus solide dans la durée. » « Quand on m’a dit qu’il n’y avait pas de chef, ça m’a tout de suite plu ! » sourit Janine, qui rappelle que toutes les décisions sont prises lors des assemblées générales (AG) mensuelles de l’association. Entre chaque AG, les membres s’investissent dans des commissions – « bâti », « communication », « recherche de subventions », « éducation populaire », etc. « Normalement, je n’aime pas les réunions car c’est toujours les mêmes qui parlent, relève Hélène. Mais là, il y a des demandes de prise de parole, une écoute, ça donne confiance et on peut trouver sa place. »


Des murs en paille plus résistants au feu que du béton

En ce début d’année 2016, les réunions se multiplient. « C’est la course avec le chantier et les rencontres avec les artisans pour les devis », confirme Janine. Plutôt que de confier leur projet à un promoteur immobilier, les coopérateurs ont décidé d’être eux-mêmes les maîtres d’ouvrage. Ils ont choisi leur bureau d’études et les architectes, en fonction de leurs capacités d’écoute et de leur sensibilisation à l’écologie. Pour pouvoir peser sur les décisions techniques, les adhérents de Chamarel se sont formés à l’éco-construction, aux côtés de l’association Oïkos. « Nous avons compris que la base d’un bâtiment écologique était l’enveloppe (l’isolation) du bâti, son orientation et le réel savoir-faire des professionnels », résument-ils [5]. L’abonnement à des revues spécialisées comme La Maison écologique et des visites de chantier – parmi lesquels Le Toit vosgien, un bâtiment de sept étages en isolation paille – ont complété leurs connaissances.

« Ils sont motivés et motivants ! », confirme l’architecte Stéphane Peignier, de la société Arketype. Aux côtés de son collègue Clément Bel, doté de plusieurs expériences en habitat participatif, ils se lancent, avec Chamarel-Les Barges, dans le plus haut bâtiment isolé en paille en région Rhône-Alpes. Plusieurs obstacles ont déjà été surmontés. Un bureau de contrôle a par exemple refusé de valider comme coupe-feu des enduits terre sur paille, faute d’homologation française. Au terme de nombreuses heures de réunion, un nouveau bureau de contrôle a finalement accepté une homologation anglaise. « Les tests ont révélé une tenue au feu de 130 minutes, plus que n’importe quel mur en béton ! » pointe l’architecte Stéphane Peignier. Une ténacité récompensée.

Une construction écologique adaptée aux personnes vieillissantes

Outre l’isolation paille dans la majorité du bâti, les futurs résidents ont choisi des appartements traversants, de la lumière naturelle dans toutes les pièces et dans l’escalier pour inciter à l’emprunter, et une façade principale au sud. Le résultat transparaît sur les plans affichés à l’entrée de l’association. L’immeuble de quatre étages comprendra quatorze T2 de 45 mètres carrés, deux T3 de 63 mètres carrés ainsi que des espaces collectifs au rez-de-chaussée, dont deux chambres d’amis, une salle commune avec cuisine, un atelier bricolage, une buanderie, un bureau pour l’association Chamarel. « On a même prévu un local à vélos que l’on appelle entre nous “garage à déambulateurs” », lance, amusé, Patrick. Les coopérateurs ont également décidé que tous les appartements seraient identiques (double orientation, équipement cuisine similaire, etc.) dans un souci d’équité.

« Les coopérateurs se sont tout de suite posé la question de l’adaptabilité du logement aux problématiques du vieillissement et du handicap », ajoute Valérie Morel d’Habicoop. Ils ont notamment prévu des portes larges et coulissantes, et des facilités d’adaptation dans le temps... « On veut faire quelque chose qui puisse être fonctionnel pour les personnes vieillissantes », confirme Janine. L’emplacement du bâti garantit également une facilité d’accès aux transports en commun, commerces et services. En revanche, les contraintes budgétaires les ont amenés à différer la mise en œuvre de certains choix qui leur tenaient à cœur, comme la récupération de l’eau de pluie ou l’installation de panneaux photovoltaïques pour l’électricité.

 

Quand une banque accorde un emprunt sur 50 ans à des personnes âgées...

De la ténacité, il en aura aussi fallu pour le montage financier du projet, d’un coût total de 2,46 millions d’euros [6]. Chaque futur résident doit apporter entre 25 000 et 30 000 euros [7]. À ces apports personnels s’ajoutent quelques subventions, notamment de la région, et trois emprunts d’un montant total de 1,7 million d’euros [8]. « C’est fabuleux comme montage, s’enthousiasme Luc. Des personnes âgées ont réussi à emprunter 75 % du coût total sur 50 ans ! Les bailleurs ont fini par accepter car ce projet leur fait de la pub. » « Je me souviens de la première fois où j’ai parlé du projet à mon banquier, renchérit Patrick, la soixantaine. Je lui ai dit qu’on avait un super projet, mais qu’il fallait emprunter 2,5 millions d’euros sur 50 ans... Le mec a toussé ! »

Les sociétaires anticipent également l’avenir. La redevance mensuelle (environ 800 euros pour un T3 et 600 euros pour un T2), sert à rembourser les prêts contractés par la société coopérative. Une partie de cette redevance (environ 30 %) est récupérable à terme, c’est en quelque sorte une épargne obligatoire qui permet à la coopérative d’équilibrer l’opération dans le temps, en intégrant des réserves de trésorerie permettant de maintenir le bâtiment en bon état, de faire face à d’éventuels non-paiement de loyer, à la vacance prolongée d’un logement par exemple. « Cette redevance assure une sécurité pour les bas revenus, sans mauvaise surprise dans les vingt ans qui viennent », précisent les coopérateurs.

 

Un lieu ouvert, empreint d’éducation populaire

À mesure que les travaux avancent, les coopérateurs envisagent de faire de leur bâtiment une vitrine. « Nous voulons proposer des visites à nos futurs voisins, à des écoliers, des lycéens, des étudiants, des enseignants, des élus », confient-ils. Leurs yeux brillent lorsqu’ils évoquent leur rencontre avec les étudiants d’architecture de Vaulx-en-Velin, ainsi qu’avec les enfants d’une école primaire avec lesquels ils ont échangé (voir la vidéo ci-dessous). Ces derniers mois, ils ont multiplié leur participation à des ciné-débats et des conférences. « On a vraiment envie que notre expérience puisse servir d’appui à d’autres, que ce lieu fasse réfléchir. » Ils sont également à l’initiative des deuxièmes « rencontres nationales du vieillir ensemble, mieux et autrement », qui se sont tenues en mars 2015 [9].

 

                   

 

Pour l’heure, huit coopérateurs se sont engagés à devenir de futurs habitants. Une vingtaine d’autres sont sociétaires et soutiennent le projet, comme Hélène, qui a encore besoin de mûrir sa décision. « Pour habiter ici, il faut être adhérent de l’association pendant au moins six mois, et que chaque partie se connaisse », tient à préciser Patrick. Personne ne doute de l’intérêt que suscitera leur projet.

En Suisse, en Norvège et au Québec, les coopératives d’habitants sont légales, et les listes d’attente s’allongent. « Plus on avance et plus ça devient concret, plus les gens nous disent qu’ils en ont marre d’être des anonymes dans un bâtiment », observe Jean. Alors que quatorze des seize logements seront en prêt locatif social (PLS), une discussion s’amorce autour de la mixité sociale de leur futur lieu de vie. « Notre problème à Vaulx-en-Velin, ville la plus pauvre du département du Rhône, c’est de faire venir des riches. D’ailleurs, vous en avez déjà rencontré, vous, des coopératives de riches ? »

 

@Sophie_Chapelle

 

Photo de une : plans de Chamarel-Les Barges / © Arketype Studio
Photo de membres de l’association Chamarel lors d’un repas coopératif en janvier 2016.

Si vous êtes intéressé(e) par le projet, vous pouvez envoyer un email à patrickchretien(at)hotmail(point)com ou téléphoner au 04 72 04 32 31, et l’association Chamarel vous proposera une date de rendez-vous (voir leur site).

Notes

[1Chamarel est l’acronyme de Coopérative HAbitants Maison Résidence de l’Est Lyonnais. En savoir plus sur le site.

[2Autrefois Habicoop.

[4Le statut des coopératives d’habitants, né à la Libération, a été cassé en 1971 par la loi Chalandon, au prétexte que chaque Français devait devenir propriétaire. En 2014, les coopératives d’habitants obtiennent un statut légal avec la loi ALUR (loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové) mais les décrets d’application se font toujours attendre. « La société par actions simplifiées devrait permettre de basculer facilement vers le nouveau statut des coopératives d’habitants », espèrent les sociétaires de Chamarel-Les Barges.

[5Extrait d’un article sur Chamarel paru dans L’Encyclopédie internationale de l’autogestion (Syllepse, novembre 2015).

[6Ce coût comprend les charges foncières, la construction, les honoraires, des frais divers (comme l’accompagnement par Habicoop).

[7Ce montant correspond à des parts sociales qui sont donc récupérable à terme. Le plafond pour l’apport personnel a été fixé à 40 000 euros maximum par personne, de manière à ce que le montage financier ne soit pas mis en péril par le départ d’un habitant.

[8Le Crédit agricole a accordé un prêt de 275 000 euros remboursable sur 50 ans pour le foncier et un prêt d’un peu plus de un million d’euros pour le bâti sur 40 ans. 612 000 euros ont par ailleurs été empruntés à taux zéro sur 20 ans à la CARSAT (caisse d’assurance retraite et de la santé au travail).

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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